Bonjour à tous !

Je suis heureuse de l'accueil que vous avez fait à cette fic. Elle sera longue. Combien de chapitres, je l'ignore, mais on va dépasser les vingt chapitres. Merci à sebfrega et Yuwine pour les reviews et à tout ceux et celles qui ont lâché un sub/follow sur l'histoire. Je vous aime tous ! Bisouuuus !

Alors, en avant pour l'histoire !

Disclamer : Dear Hearts and Gentle People est la propriété intellectuelle de Sammy Fain et Bob Hilliard. Les versions de Fallout 3 et Fallout 4 sont interprétées par

Bob Crosby and the Bobcats.

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Le blanc commençait à se dissiper.

Adara toussa. Une toux et une respiration haletante, comme si elle respirait après une longue session en apnée.

- Erreur critique dans le programme cryogénique. Tous les résidents doivent évacuer immédiatement.

Elle devait garder la tête froide. Agir intelligemment pour trouver un moyen de sortir d'ici, de ce compartiment, pour partir en quête de Shaun et venger Nate. Et alors qu'elle arrangeait sa position pour essayer de repousser le couvercle de sa prison de métal avec ses pieds, il s'ouvrit tout seul, comme s'il avait compris ses intentions. Elle ne s'attarda pas plus et quitta en vacillant son caisson. Elle tomba à quatre pattes sur le sol de béton et toussa à nouveau, essayant de réprimer le frisson qui la traversait. C'était un choc de température, presque. Un peu difficilement, elle se releva, s'appuyant sur le sol puis sur ses cuisses pour se mettre debout.

Et là, juste en face d'elle, il y avait Nate dans son caisson.

L'avocate déglutit, souffla un instant pour se donner la force mentale de faire ce qu'elle allait faire, puis avança. Un pas après l'autre, légèrement chancelante. Ce n'était que deux trois mètres qui la séparait du caisson de son époux, mais cela lui semblait comme des milliers de kilomètres.

Finalement, elle y était. Devant la capsule de métal avec sa petite fenêtre rétroéclairée qui permettait de voir l'intérieur et la dépouille de l'ancien soldat. Sur le côté, un petit panneau de commande brillait. Il ne faisait pas sombre, mais les faibles projecteurs qui éclairaient les environs étaient partiellement masqués par les gigantesques bonbonnes de gaz auxquelles les pods de cryogénisations étaient reliés, ce qui faisait qu'on voyait clairement l'éclairage des boutons des commandes.

- Erreur critique dans le programme cryogénique. Tous les résidents doivent évacuer immédiatement.

Adara nota la manivelle rouge des commandes et s'en saisit pour la pousser vers le haut. Elle savait très bien que c'était sans espoir, que son époux était mort, mais elle devait le voir, le toucher… c'était nécessaire, elle en avait besoin pour elle. Immédiatement, de la vapeur sortit du caisson devant elle et elle dû reculer pour ne pas s'assommer quand la porte se souleva.

Sa moitié était là, couverte de givre. Le froid avait empêché le sang de couler. Pour le coup, Nate était propre et très loin de la décomposition. Comme s'il était entré juste à l'instant dans l'appareil. L'arrière du crâne avait sauté quand l'impact avait fait une parfaite perforation entre les deux yeux.

Avec une main tremblante, elle prit celle de son compagnon. Si froide, si rigide.

- Je…

Elle soupira. Sa voix se répercutait en écho dans les environs si calme et immobile de la salle.

- Il y a… beaucoup de choses que j'aurais voulu te demander. Des soupçons que je voulais confirmer. Des doutes qui m'ont taraudé des mois durant. Mais c'est trop tard.

Elle essuya ses larmes avec l'articulation de son pouce.

- Je t'aime. Je t'ai aimé. Si la réciproque était vraie, je l'ignore, mais une chose est sûre… ta mort ne restera pas impunie. Je trouverai celui qui a fait ça, et je le butterai. Et je sauverai notre enfant.

Sa prise sur la main gelée de son défunt époux trembla.

- Je retrouverai Shaun, même si ça doit être la dernière chose que je dois faire dans cette vie.

Les lèvres pincées, elle retira l'alliance du doigt de son époux et l'enfila sur son pouce, seul doigt assez gros pour le porter. Cette tenue n'avait pas de poche, à son plus grand regret. Elle devrait retrouver ses vêtements d'origine.

Elle referma le caisson, relançant automatiquement son refroidissement. Autant garder la dépouille intacte jusqu'à ce qu'elle puisse l'enterrer. Elle devait retrouver leur bébé d'abord.

Adara se tourna vers l'entrée de la salle et carra les épaules.

- Je ne sais pas pourquoi vous nous avez fait ça, Vault-Tec, mais vous allez me le payer.

Avec un pas déterminé, elle traversa la pièce, s'arrêtant au niveau des autres caissons pour regarder dedans. Tout le monde était mort, il semblerait que parmi les victimes de cette machination, elle soit la dernière survivante. Ils ne l'étaient pas par balle, mais il était clair que quelque chose s'était mal passé durant le processus, parce que certains avaient l'air momifiés. Et ce point n'était pas rassurant. Il fallait un certain temps pour qu'un corps se momifie… depuis combien de temps avait-elle dormi, par faute de meilleur terme ?

En silence, elle arriva au niveau des petites marches menant à la sortie de la pièce, regardant autour d'elle. Pas de caméra de surveillance, pas de poste de garde, pas de chercheurs, pas un rat dans les environs. Si Vault-Tec les avait abandonnés volontairement, elle traînerait leur cul en prison jusqu'à perpétuité.

Alors qu'elle allait traverser la porte automatique de métal si épaisse qu'elle devrait résister à une explosion, elle nota quelque chose. Au sol, à ses pieds, juste à sa gauche, sur le sol de béton, il y avait des bouteilles, certainement d'oxygène. Ou peut-être pas, mais la structure à laquelle les deux bonbonnes métalliques étaient intégrées faisait penser à un usage médical. Ce qui en faisait logiquement un objet important. Alors pourquoi est-ce que l'appareillage était renversé au sol, comme ça, à l'abandon ? Était-elle vraiment la dernière ici ? Elle craignait que la réponse soit positive. Parce qu'elle avait tellement de questions. Elle voulait des explications sur pourquoi ils leur avaient fait ça. Et comment ils avaient pu laisser des intrus pénétrés. Comment avaient-ils pu laisser des gens lui prendre son enfant !

Avec appréhension sur ce qui pouvait l'attendre derrière, elle toucha la porte de métal qui coulissa très vite vers le haut, disparaissant dans le mur dans un discret bruit de piston. Elle était à présent dans un couloir vide.

Bon, au moins, elle ne risquait pas de tomber immédiatement sur la sécurité, ça lui laissait un peu de temps pour trouver des informations, un début d'explication sur cette situation ubuesque dans laquelle elle se trouvait.

La lumière blanche des néons se reflétaient sur les murs jaunâtres et vaguement arrondis du tunnel. Certaines lumières étaient littéralement dans des renfoncements du sol bétonné. Ses bottes aux semelles fines ne faisaient pas de bruit sur le sol, sans compter que l'alerte continuait de se répercuter dans l'abri, ce qui pouvait couvrir beaucoup de bruit. C'était rassurant, mais aussi déstabilisant, dans un sens. Certes, elle se sentait moins seule, pour le coup, mais à côté… il n'y avait que ça. Pas de mouvement, pas de cri et d'éclat de voix, pas de présence humaine ou même robotique.

Rien.

A pas lent, prudent et silencieux, elle avança dans le couloir. Pas bien grand, mais tout de même assez long pour qu'elle se demande son utilité s'il n'y avait que la salle cryogénique à un bout. Cette marche seule la faisait se sentir mal, vulnérable, isolée. Certes, elle n'était pas la nana la plus sociable, mais être seule dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, ce n'était pas rassurant. Il y avait solitude et solitude. Finalement, la porte par laquelle elle était arrivée en premier lieu apparut. Elle pouvait l'emprunter et remonter directement, mais dehors, des bombes étaient tombées. Et après ce passage au congélo, elle n'avait aucune idée de ce qu'il se passait à la surface. Elle devait se renseigner et s'équiper avant de partir comme ça à la recherche de Shaun. Notant un court escalier descendant sur sa droite, elle changea de trajectoire.

D'abord trouver des informations sur la situation à la surface avant de sortir.

Elle posa sa main sur la rambarde de métal, et descendit les quatre marches un pas à la fois, veillant à ne faire aucun bruit. Elle traversa une autre porte automatique, dévoilant un autre couloir, plus sombre que le précédent. Moins d'éclairage, moins de jaune sur les murs et avec un sol de béton bleu mat qui semblait absorber la lumière. Cela ressemblait à un couloir de service qu'elle emprunta avec la même vitesse et précaution. Un peu plus bas, quatre petites marches la conduisirent encore dans une nouvelle zone. Une zone avec des murs couleur rouille et des caisses arrondies de métal rouge et blanc dans un coin, elles aussi attaquées par la rouille.

Combien de temps s'était-il donc passé depuis la chute des bombes ? Plus elle avançait, plus elle se sentait perdue et inquiète. Elle avait vraiment besoins d'informations pour mettre un terme à son questionnement.

La suite du couloir partait en angle droit vers la droite de la porte qu'elle avait prise en dernier.

Elle fit un bond en arrière alors qu'un cri de surprise resta coincé dans sa gorge. Par une maigre fenêtre, elle voyait ce qui devait être la salle avec les générateurs d'énergie qui conservaient les lieux en activité. Et sur la vitre, un cafard. Un foutu cafard de la taille de son torse. Elle voulut se rapprocher pour mieux le voir, mais dès qu'il sembla percevoir sa présence, il se laissa tomber à terre, se retrouvant caché du regard d'Adara par le mur.

Il n'y avait toujours personne et il y avait étrangement pas mal de poussières sur le rebord de la fenêtre. Elle s'arrêta un instant dans son exploration pour regarder le sol autour d'elle. Oui, ici il y avait de la poussière, mais moins, et dans des zones irrégulières, comme s'il y avait du passage, mais pas celui qu'aurait une structure avec des employés.

Un nouveau frisson la secoua.

Elle n'aimait pas l'ambiance des environs et honnêtement, elle n'était pas contente du voisinage. Cadavres et cafards, non, très peu pour elle, ce n'était clairement pas sa tasse de thé.

Une pensée malaisante la traversa. Et si ces… trucs, étaient agressifs ? Elle les voyait presque ramper sur elle avec leurs pattes et leurs antennes infectes. Cette idée la répugnait. Sans compter que vu leur taille, ils pourraient presque être capable de la manger…

Trouver une matraque de sécurité sur un banc à côté fut une bénédiction. Elle s'en empara avec des yeux plissés. Elle ne savait pas qui l'avait laissé là, ni pourquoi, mais elle n'en avait strictement rien à faire. Entre elle et son gosse, il y avait des cafards géants, vu qu'apparemment, il n'y avait plus personne de Vault-Tec. Donc, elle avait besoin de se défendre. Dehors, elle pourrait retourner chez elle et récupérer l'arme de service de Nate, mais là, dans l'immédiat, la matraque ferait l'affaire.

Elle reprit sa marche, mais pas longtemps. Il y avait un renfoncement dans le couloir à sa droite, avec des casiers et miracle, un terminal.

Elle n'hésita pas, elle devait récupérer un maximum d'information contre Vault-Tec et sur la situation à la surface, parce que rien ne lui dirait quand elle pourrait revenir. Elle fouilla les divers casiers, mais elle ne trouva qu'une sacoche. Elle l'ouvrit pour voir ce qu'il y avait d'intéressant dedans, mais il était vide, alors, elle le referma et le laissa derrière. Elle avait besoin de preuves et d'informations, pas de s'encombrer inutilement. Cependant, quand elle trouva une énorme seringue blanche et rouge qu'elle reconnut comme un stimpak, elle hésita. Elle ne savait rien de la situation au dehors, ni même de l'état de son fils… pouvait-elle se permettre de le laisser derrière ? Cela pouvait soigner n'importe quelle blessure, même les membres abîmés. Mais son usage restait dangereux. Sans précaution, on pouvait rapidement développer une addiction. Certes, rien ne disait que son fils ne serait pas blessé quand elle le retrouverait. Mais pouvait-elle décemment injecter cela à son enfant sans savoir les risques encourus sur un bébé ?

Finalement, elle s'en empara. Elle reprit le sac dans le casier précédent pour le ranger dedans. Elle se mettait sur la traque d'individus de nombre et d'intentions inconnus qui n'avaient pas hésité à tuer son époux. Elle passa le sac à son épaule. Elle devait se préparer.

Pour le coup, elle fit main basse sur la liasse de cinquante dollars. Après ce qui s'était passé, Vault-Tec lui devait bien ça et s'ils avaient un problème, qu'ils viennent, elle les attendait.

Ceci fait, elle prit la chaise devant le bureau avec le terminal électronique et s'installa. Elle se rapprocha au mieux de l'écran et passa sa manche sur celui-ci pour en chasser la poussière pendant qu'il s'allumait. Elle croisait les doigts. Elle espérait trouver des informations sur ce qu'il se passait ici. Sur pourquoi il n'y avait plus personne. Sur ce qu'il se passait à la surface. Sur comment on était parvenu à entrer dans cet abri sécurisé pour lui voler son fils.

Enfin, l'écran noir afficha son écriture verte si caractéristique avant le même message d'accueil que l'on avait toujours de l'entreprise RobCo. La ligne suivante confirmait qu'il était question d'un terminal de sécurité et de la violation que cela représentait pour elle de lire ce qui suivrait.

Violation ou non, elle n'en avait rien à faire. Ils les avaient cryogénisés sans leur consentement et à leur insu, alors, elle les attendait s'ils avaient des reproches à formuler.

Usant des flèches directionnelles sur le clavier intégré à l'appareil, elle parvint à sélectionner la première option qui s'offrait à elle sur l'écran : Instruction de Sécurité Abri 111.

Et ce qu'elle lut lui fit bouillir son sang de colère :

« L'Abri 111 a été conçu pour tester l'effet sur le long terme de l'état d'animation suspendu sur des sujets humains non avertis. L'équipe de sécurité est responsable de la maintenance de l'installation dans son intégrité et le suivi des activités du personnel scientifique.

Sous aucun prétexte le personnel n'est autorisé à dévier de la mission qui leur a été assignée. L'insubordination ou toute interférence avec les opérations de l'abri seront sévèrement punies. La sécurité est autorisée à l'emploi de la force létale. »

Une expérience scientifique. Tout cela n'était qu'une expérience scientifique. Voilà pourquoi ils n'avaient pas pris tout le monde dans l'abri à la tombée des bombes. Voilà pourquoi ils avaient construit autant d'abris à travers le pays sans laisser quiconque voir comment ils étaient conçus avant l'instant fatidique. Ils étaient de foutus rats de laboratoire ! Dommage qu'elle ne puisse pas envoyer tout ça au moniteur de son cabinet, elle aurait été ravie de traîner Vault-Tec devant les tribunaux. Comme quoi, elle avait eu raison de se dire que quelque chose ne tournait pas rond dans toute cette histoire.

Elle soupira en revenant au menu pour jeter un œil au protocole de l'expérience. Si Nate n'était pas revenu de la guerre tellement affaibli et traumatisé, il aurait pu comprendre que quelque chose n'allait pas. Mais depuis son déploiement, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Une loque qui restait devant la télévision à regarder le monde se détruire, lui laissant tout gérer.

Son poing trembla.

Nate était mort, ressasser tout cela ne servait plus à rien, elle se devait d'aller de l'avant.

Elle rapporta son attention sur le moniteur. Apparemment, Vault-Tec avait prévu son propre moyen pour avertir les employés de l'abri afin qu'ils puissent venir sur place au bon moment et aider à l'admission des sujets ou résident (l'ironie du terme lui fit grincer des dents). Les forces de sécurité seraient là pour s'assurer du maintien de l'ordre et que personne, aussi bien dans le camp des civils que de Vault-Tec, ne cherche à partir.

C'était les scientifiques qui s'assuraient de l'accueil des résidents et de les placer dans leur caisson cryogénique tout en s'assurant qu'il n'y ait pas d'intrus. Ceux-ci seraient d'abord mis à l'écart avant d'être arrêtés par la sécurité avec usage de la force si nécessaire.

C'est une fois que tout le monde serait dans son caisson que l'entrée de l'abri serait définitivement scellée peu importe les circonstances.

On aurait pu presque croire que Vault-Tec s'attendait au pire. De toute façon, la conclusion de cette expérience était clairement un échec. Elle avait compté quoi… une dizaine de « cobayes ». De tous, elle était la seule vivante, et ça en été rageant.

Elle passa au cas de la tâche des différents employés. D'abord, les scientifiques, qui devaient surtout enregistrer leurs signes vitaux avec interdiction de chercher à sauver l'un des cobayes s'il était sur le point de mourir, sauf s'il restait moins de vingt pour cent des cobayes encore en vie, mais il ne fallait surtout pas mettre fin à la stase. L'œil d'Adara tiqua en notant que les recherches indépendantes étaient encouragées et laissées à la décision du Superviseur.

Elle allait trouver le bureau de ce Superviseur. Vu que personne n'avait l'air d'être là, elle se ferait un plaisir de fouiller dans ses affaires. Et s'il était là, elle lui dirait sa façon de penser en long, en large et en travers.

Pour ce qui était du staff de sécurité, rien de bien exceptionnel. Empêcher les intrusions, surveiller qu'il n'y ait pas de fuite d'oxygène et autres, mettre fin aux discordes et le maintien des règles de Vault-Tec et du Superviseur.

Et comme il l'avait été dit dans la page précédente, à cause du nombre réduit de personnel, tout ce qui relevait de l'entretien était à la charge de tous, et c'était le Superviseur qui décidait de la distribution des tâches.

Rien de plus ne pouvant être apprit, elle passa au menu suivant qui l'intéressait bien plus. Il était question de la fin d'alerte. Apparemment, quand les conditions de vie en surface auraient été jugés correctes par Vault-Tec (quand on parlait d'une entreprise qui avait fait un abri afin d'expérimenter sur des humains, on pouvait s'interroger sur leur définition de « correct »), le personnel pourrait évacuer, mais seulement si Vault-Tec donnait le feu vert. Peu importe ce que dise l'armée ou le gouvernement, ce devait venir de Vault-Tec. Mais sur cette instruction, on avait un twist. Ok, le personnel pouvait sortir, mais pas les cobayes qui ne devaient pas être réveillés. Une fois l'évacuation faite, l'entreprise s'occuperait d'eux à distance.

Le paragraphe suivant disait que l'abri n'était conçu que pour un programme d'étude à court terme, donc, que personne ne devrait procéder à la maintenance de celui-ci. Si jamais Vault-Tec ne se manifestait pas, le Superviseur pouvait choisir de faire évacuer l'abri au bout d'une période de cent quatre-vingt jours.

C'était peut-être ce qu'il se passait. L'abri avait été évacué. D'où la présence de grosses bestioles et de cadavres momifiés.

Elle entra cette fois dans les enregistrements de sécurité.

La première date était octobre vingt-trois, année 2077. Et c'était la chute des bombes.

Puis, le vingt-cinq décembre de la même année.

La date suivante était du mois de mars, et apparemment, il ne restait que quelques semaines avant la fin de leur isolement. Mais pas de signe de Vault-Tec. D'un côté, on avait le stress et la fatigue mentale qui commençait à s'installer chez les occupants de l'abri, de l'autre, les scientifiques et le Superviseur qui leur disaient d'être patients sans leur en dire plus. Mais surtout, le cas de réserves en diminution qui ne leur durerait pas plus de quelques mois dans le meilleur des cas.

L'entrée suivante, datant du vingt-trois avril, parlait d'un dysfonctionnement d'une porte sur le chemin vers la sortie. A présent, pour sortir, il fallait forcément passer par le tunnel d'évacuation du Superviseur. Une porte sous constante surveillance de la part de lui ou d'un scientifique. A ce stade, il y avait clairement deux camps. Et ça sentait la mutinerie.

Et la dernière entrée, elle était là. Pas de date mais des informations concernant le manque de vivres. Apparemment, il y avait eu une confrontation avec le superviseur pour ouvrir l'abri. Une rencontre qui s'était mal passée, puisqu'il s'était enfermé dans son bureau avec l'équipe scientifique, réclamant toutes les armes, tous les vivres et tous les médicaments entre les mains des révoltés avant le soir, sous peine de conséquences.

« J'ai parlé à tout le monde. C'est le moment. D'une façon ou d'une autre, ce soir, nous quitterons cet abri. »

Adara se laissa aller en arrière sur sa chaise. Même quand le monde en lui-même avait disparu, on était capable des pires atrocités. Elle se frotta le visage et se massa le coin des yeux. Bon, au moins, elle savait pourquoi elle n'avait rencontré personne dans son exploration outre ces cafards géants. Il y avait aussi qu'elle connaissait la route pour sortir, et ainsi, la nécessité de faire une escale dans le bureau du Superviseur. Cela l'inquiétait un peu plus. Elle se rappelait de la scène. Ce mercenaire armé et cette femme, certainement une scientifique. Ils avaient su que Shaun était dans l'abri et où il était. Ils avaient eu accès à des informations que seul Vault-Tec possédait. Comment ? Ce ne pouvait pas être Vault-Tec. Ils n'auraient pas procédé comme ça. Ils auraient pu le faire sans mettre en péril l'expérience. Donc, forcément, c'était un groupe extérieur avec les capacités d'accéder aux informations d'une entreprise aussi puissante que Vault-Tec. Il aurait fallu des moyens militaires ou de l'Institut Technologique du Commonwealth pour pouvoir passer outre les protections de l'entreprise.

Mais elle revenait à la même question… pourquoi son enfant ?

Autre chose, en prenant en compte les dates du terminal, elle avait passé pas loin d'un an sous terre. Si ce n'est plus. Un an après les bombes, à quoi pouvait ressembler le monde ?

Toujours dans ses réflexions, elle leva les yeux et haussa ses sourcils. Lentement, elle se leva et se rapprocha de l'affiche de motivation collée au mur abîmée par l'humidité derrière le bureau. Les couleurs bleues et jaunes de Vault-Tec avaient subi le passage du temps, mais il en restait assez pour qu'on puisse reconnaître leur mascotte tout sourire étranglant à deux mains un cafard géant.

« L'extermination est l'affaire de tous. »

Cette simple affiche, là, sur le mur, menait à des conclusions incroyables. L'entreprise avait prévu les dégâts sur les nuisibles de la catastrophe nucléaire (des cafards de cette taille ne pouvait être le fruit que des radiations) et prévu en conséquent, soit c'était eux-mêmes qui les avaient conçus pour, option un, perdre le contrôle sur leur expérience et les voir s'échapper, option deux, les intégrer à leur expérience comme une variable.

Quoique soit la réponse, elle leur ferait payer si les bombes n'avaient pas eu raison d'eux.

Avec plus de questions que de réponses, Adara quitta le poste de sécurité et rejoignit le couloir, traversant d'autres sas… avant de tomber nez à nez avec l'insecte contre lequel l'affiche venait tout juste de la mettre en garde. L'insecte la remarqua, se dressa partiellement sur ses pattes arrière d'un air menaçant, agitant ses ailes, avant de sauter vers elle. Avec un réflexe dû à ses années d'entraînement en art martiaux (son père l'y avait inscrite dans l'espoir de canaliser son comportement erratique et qu'elle sache se défendre et elle avait juste continué une fois indépendante hors du lycée après avoir eu confirmation que cela pouvait lui sauver la vie), la jeune femme frappa l'immondice avec la matraque, pile dans la tête, la faisant exploser dans un jet gluant couleur jaunâtre, presque vert, comme un vomi induit par l'abus de substance douteuses.

- Des cafards géants… comme si j'avais besoin de ça maintenant, cracha-t-elle.

Elle repoussa le cafard du pied pour le glisser sous une table à proximité avec une grimace de dégoût. Elle remarqua sur celle-ci une seconde matraque. Elle la glissa dans le sac qu'elle avait récupéré. Dans une situation inconnue, une arme de secours n'était pas quelque chose sur laquelle on pouvait cracher. Juste sur sa droite, elle remarqua une vasque avec un robinet d'eau. Elle hésita et s'en approcha. Elle appuya sur le bouton sur le dessus qui n'offrit aucune résistance. De l'eau claire se mit à couler. Avec hésitation, Adara glissa un doigt dessus, consciente des risques encourut par cette action suite à une catastrophe atomique. Elle ignorait depuis combien de temps l'abri avait été abandonné, rien ne disait que l'absence d'entretien aurait pu affecter la plomberie. Rien ne se passa. Alors, elle rappuya sur le bouton qui était revenu en place, refaisant couler l'eau et prit un peu d'eau entre ses mains jointes.

C'était du pile ou face.

Elle porta l'eau à ses lèvres et s'abreuva. Pas de goût particulier, pas de sensation autre que celle de l'impression de boire pour la première fois depuis des années. Alors, elle se pencha littéralement sous le jet, rappuya sur le bouton et bu goulûment, essayant de satisfaire un besoin qu'elle venait de découvrir. Une eau fraîche et claire. Dieu cela faisait du bien.

Finalement, elle se releva et continua sa marche, notant que la fenêtre à sa gauche montrait encore la salle de production d'énergie, encore active et dangereuse avec ses arcs électriques et quelques cafards qui se baladaient dans les environs.

Mmmmh, non. Elle n'allait pas s'aventurer par-là pour l'instant. Elle continua sa route vers la droite, entrant dans ce qui semblait être les quartiers de vie. Clairement, cela faisait longtemps qu'ils avaient été abandonnés. La cuisine avec son bras robotique automatisé était rouillée au-delà de tout espoir. Il restait encore un terminal en état de marche, servant apparemment au divertissement des employés. Il y avait un mémo du superviseur rappelant que cela restait un privilège et que toute chute de performance de travail mènerait à la suppression de celui-ci. Ce qui était logique.

Cependant, une ligne attira son attention.

« Nous rappelons que si l'accès à la chambre cryogénique secondaire est restreint, c'est pour une bonne raison. En y mettant les pieds, vous mettez en danger tout le monde. Ceci est mon seul avertissement. »

Chambre cryogénique secondaire ? Vraiment ? Et pourquoi son contenu pourrait-il poser une telle menace ? Non, meilleure question, qu'est-ce qu'il y avait dedans ? Pourquoi en restreindre l'accès ? Et où est-elle ?

Adara regarda autour d'elle. Rien ne laissait présager qu'il y avait une chambre cryogénique secondaire dans les environs. Il n'y avait que de la rouille et des tasses de café abandonnées.

Elle devrait trouver les quartiers du superviseur, c'était une priorité si elle voulait des réponses à quelques questions qui la taraudaient. Elle en avait tellement qu'elle en avait presque la tête qui tourne.

Il n'y avait plus rien à voir par ici. Elle soupira et se dirigea vers la porte en face des quartiers de vie. Même sans l'ouvrir, elle entendait les bruits des générateurs d'énergie, et même le son d'un des cafards qui fut grillé à point par l'un des arcs électriques.

- Quand faut y aller, faut y aller…

Elle activa la porte et prépara sa matraque. Doucement, elle avança sur le chemin qui suivait les murs de la pièce, route de sécurité et platement permettant de circuler et travailler en sécurité dans la pièce en dépit de l'énergie instable produite juste sous son nez. Et c'est ce qui permettrait à des cafards de survivre aussi. Elle en tua deux, dont un qui devait bien faire un mètre de long.

Qu'est-ce qu'il s'était passé pour que des trucs pareils puissent exister ?

Elle se figea en arrivant au niveau de la nouvelle porte.

Elle avait trouvé quelqu'un. Ou plutôt, les restes de quelqu'un. La tenue combinaison bleue avec le sigle 111 sur le dos était tout ce qui gardait ensemble la dépouille du défunt, parce que pour le coup, il ne restait qu'un squelette. Est-ce qu'il était mort suite à la mutinerie ou un des arcs électriques de la pièce avait eu raison de lui ? Vu la chaise à proximité, il devait certainement être un des gardes et peu importe son camp, il était désormais mort.

Elle activa la porte et celle-ci s'ouvrit sur un escalier rouillé avec deux cafards géants tout en haut. Deux cafards qui connurent une fin tragique sous sa matraque. Elle monta les marches et nota qu'elle était dans un grand bureau, la table de travail en bois circulaire était couverte de poussière et de saleté, mais pas suffisamment pour masquer le flingue. Adara posa à côté sa matraque et prit l'arme à feu, l'examinant. Elle engagea une balle dans le canon et visa un mur.

Sans difficulté, le coup partit.

Parfait.

Elle préférait abattre une possible menace à distance, et si possible, discrètement. Moins de risque de mettre son enfant en danger si ses kidnappeurs ne la voyaient pas avant le dernier moment et qu'elle pouvait pour le coup les abattre d'une balle dans la tête.

Elle rangea la matraque dans son sac, conservant le flingue en main et passa de l'autre côté du bureau. Il y avait un autre squelette, ici aussi. La blouse blanche disait que ça avait été un chercheur. Clairement une victime de la mutinerie. Elle pinça les lèvres et ignora de son mieux le cadavre. Elle avait vu des choses biens pires en photos pour les affaires qu'elle avait géré dans son travail, mais c'était autre chose que d'avoir ça juste à côté. Elle alluma le terminal et essuya l'écran.

- Bingo, souffla-t-elle en constatant que ça devait être celui du superviseur.

Elle entra dans les instructions « confidentiel » pour le superviseur et scanna rapidement le contenu. Il n'y avait pas grand-chose de différent par rapport à ce qu'elle avait lu avant, outre qu'ici, même avec une réduction des sujets de tests, il ne fallait pas chercher à sauver les personnes dans les caissons cryogéniques. Ce qui était le plus important dans ces instructions, par contre, était la mention sur le fait que les employés n'étaient pas considérés comme essentiels. Ce qui faisait qu'un cas d'insubordination ou une tentative d'évacuation menaient à une exécution.

« Les caissons cryogéniques non utilisés de la chambre secondaire sont la méthode recommandée pour se débarrasser des corps, tant que cela n'interfère pas avec le fonctionnement du pod principal. »

Adara était partagée entre un sentiment de malaise dans son estomac en lisant jusqu'où Vault-Tec pouvait aller pour le bien-fondé de leur expérience, mais il y avait aussi la curiosité avec encore et toujours cette mention de "chambre secondaire" et "pod principal".

Elle continua sa fouille du terminal pour en apprendre plus. Elle ne s'attarda pas sur le prototype « Cryolator » que l'homme avait conçu dans son temps libre, continuant de chercher des indices sur cette chambre.

Elle scanna rapidement le log. Le superviseur n'avait voulu que sauver des vies, apparemment, en refusant d'ouvrir l'abri. Il ignorait le niveau de radiation extérieur, et Vault-Tec ne leur avait transmis aucun signal supplémentaire. En laissant les gens partir, il y avait une possibilité qu'ils finissent grillés à point une fois à la surface et qu'il mette en danger ceux encore dans l'abri en laissant descendre les radiations.

Elle nota une option étrangement nommée « Top Secret » juste avant la commande d'ouverture du tunnel d'évacuation de l'abri. En entrant dedans, elle nota que l'écran était désormais rempli de codes informatiques. Une protection étrange dans son opinion, surtout quand on prenait en compte ce qu'il se passait déjà dans cet endroit.

Sa curiosité naturelle prit le dessus. Et qui sait, peut-être que dedans, il y avait quelque chose qui disait que contrairement à ce qu'elle pensait, Vault-Tec était responsable de la mort de Nate et de l'enlèvement de son enfant.

Elle fit craquer ses doigts et rouler ses épaules. Elle récupéra la chaise renversée au sol et s'installa devant le moniteur pour se mettre confortable. Elle avait réussi à hacker dans le terminal de son proviseur quelques années en arrière, il fallait espérer que Vault-Tec n'ait pas fait leur propre version du programme qu'utilisait les terminaux de RobCo©, sinon, elle n'aurait aucune chance de pénétrer dans le système.

La chance devait être de son côté, car elle put rapidement contourner la sécurité et arriver sur un nouveau menu. Alors, soit la sécurité de ce terminal en particulier était aux fraises et soit le programme de Vault-Tec n'avait vraiment pas peur de l'espionnage industriel. Pour le coup, elle se devait de revoir à la baisse les moyens que possédaient ceux qui avaient enlevé son enfant… et par la même occasion, ça agrandissait la liste des suspects.

Et elle fut heureuse d'être assise, parce que cela semblait sortit d'un scénario de série B et ça parlait de la chambre cryogénique secondaire.

Si Adara ne l'avait pas encore trouvée, c'est parce qu'elle était masquée par un faux mur ouvrable par le terminal présent dans la chambre cryogénique officielle de l'abri. Outre des pods partiellement vides, il y avait un caisson cryogénique très particulier qu'ils avaient reçu par sécurité depuis la zone 51 dans un but de sauvegarde. Apparemment, ceux qui avaient inscrit les informations pour le superviseur à ce sujet n'avaient pas désiré donner trop de détails, outre disant que la mission était de garder les systèmes en ligne reliés au caisson en question, même si ça devait tuer tout le monde ici. L'occupant de ce pod ne devait pas mourir. Les recherches étaient autorisées, mais il ne fallait pas sortir de son sommeil l'individu, sous peine de mettre en danger l'expérience de l'abri 111 en cours et la survie de toute personne présente.

On disait juste que l'homme dedans était très dangereux et devrait retourner à l'étude scientifique d'un groupe, spécialement conçu dans ce but, une fois les conséquences atomiques écartées. Jamais l'armée ne devait le récupérer.

On parlait de quoi, là ? Une arme humaine ?

Adara n'en avait pas la moindre idée, mais elle voyait une chose très importante.

Si la liaison avec le caisson de l'homme n'était pas endommagée, alors, il y avait de forte chance qu'il soit toujours vivant et congelé.

Une partie d'elle disait qu'elle devait trouver la chambre et le sortir de son sommeil.

Une autre restait sur les remarques concernant la dangerosité du sujet tout en lui rappelant que sa priorité était de retrouver son fils.

Elle se suçota une lèvre, puis fit jouer ses canines gauches entre elles.

Que faire, que faire…

Elle souffla profondément et toussa quand elle souleva de la poussière, avant qu'elle ne finisse par se lever. Curiosity kills the cat, comme on dit. Elle retournerait sur ses pas pour aller voir cette fameuse chambre. Une fois devant le caisson, elle aviserait.

Et honnêtement, dans cette situation, tout était mieux que de rester seule, parce qu'elle allait devenir folle.

Alors, elle se leva, se détournant du terminal. Elle y retournerait plus tard, elle avait après tout vu dessus la commande pour ouvrir la porte menant au système d'évacuation. Elle préférait gérer ce qu'il restait de ce côté de l'abri plutôt que ce qu'il pouvait y avoir de l'autre côté d'une porte de sécurité.

Avec sa marche rapide, ses pas résonnaient plus fort contre les murs, brisant la solitude et le silence des lieux. C'était toujours mieux que le rappel qu'elle était la seule personne vraiment vivante des environs. Elle marchait assez fort pour couvrir le son de sa propre respiration, et si on rajoutait le son des machineries et de l'électricité, c'était plus agréable déjà.

Enfin, elle parvint à sa chambre de cryogénisation. Elle resta un moment sur le seuil, mais son regard fut immédiatement attiré par le pod de son défunt époux. Elle serra ses poings tremblants et s'en détourna de force, se concentrant pour retrouver le terminal qui devait être présent. La forme compacte et cubique du terminal apparut accrochée à hauteurs d'yeux sur un pilier, entre le premier caisson et l'escalier. Doucement, elle descendit. C'était toujours difficile de marcher ici, avec ce qu'il s'était passé. Elle arriva au terminal et l'alluma. Le système cryogénique était hors ligne, apparemment, dû à un échec du programme. Toute l'énergie était pour le coup redirigé en priorité vers le caisson principal mystérieux. Elle sentit son sang se refroidir brutalement dans ses veines. Si elle était toujours vivante, c'était certainement parce qu'elle était l'un des derniers. Sur la rangée de gauche, elle était la dernière, alors qu'à droite, il restait encore Mr Russell après Nate. Comme si on avait fait les caissons pairs, puis impairs. C'est cet ordre qui avait fait qu'elle était encore en vie, très certainement. Ça ou alors, c'était l'enclenchement des commandes manuelles qui l'avait retiré de la ponction d'énergie et l'avait donc épargnée. Ou encore, c'était tout autre chose, mais là, elle ne pouvait qu'ouvrir les bras vers l'infinie. Elle localisa enfin la commande pour ouvrir la chambre secondaire et l'enclencha. Un gros bruit lui répondit dans le couloir. A pas rapide, elle remonta l'escalier et vit que le mur de gauche s'ouvrait pour laisser un espace assez gros pour qu'un tank puisse passer. De la vapeur blanche aveugla momentanément la femme, avant de se diffuser dans le reste de l'abri, laissant une salle froide derrière. En contrebas d'une rampe d'accès et non pas d'un escalier, il y avait des cuves et tuyaux disparaissant majoritairement dans le sol. On avait six caissons, trois sur le mur de droite, trois autres contre celui de gauche. Lequel était le prioritaire ? Lequel était celui qu'ils avaient reçu de la zone 51 ?

Elle posa un pied dans la pièce et ne put retenir un petit cri. Il faisait si froid ici, comment ça se faisait ? Elle regarda les rambardes de métal qui encadraient la rampe d'accès. Avec le froid des environs, elle craignait qu'en y posant sa main, elle ne puisse plus la retirer.

Avec précaution, elle descendit le chemin d'accès et enjamba les tuyaux et divers câblages pour s'enfoncer dans la chambre. Et elle trouva une autre porte tout au fond. Cela devait être derrière que le mystère résidait. Juste à côté, il y avait un levier pour ouvrir cette nouvelle pièce. Et si c'était possible, la température chuta encore plus quand elle ouvrit cette nouvelle porte. Il y avait littéralement de la brume qui s'accrochait au sol. C'était irréel. La lumière grésilla avant de s'allumer au plafond. La pièce était moitié moins grande que la chambre cryogénique principale, mais elle ne contenait que des bureaux, des moniteurs grillés et… une capsule ? Adara se rapprocha en fronçant les sourcils, les mains sous les aisselles pour préserver ses doigts du froid. La capsule était droite contre le mur et elle était lisse, outre les câblages et les tuyaux reliaient à elle, tous recouverts, ironiquement, de mousse ignifugée. Quant à la capsule en soit, elle était faite dans un matériau qu'elle ne connaissait pas. C'était quelque part entre le métal et la pierre, et la taille était parfaite, sans la moindre aspérité, si lisse qu'avec l'influence du froid, elle pouvait voir son reflet sur la surface, avec ses dreads tombant sous ses épaules en tous sens. Malgré le temps qu'elle avait passé dans son caisson, c'était comme si elle venait de fuir les bombes à l'instant. Cela lui permit d'ailleurs de voir la poignée d'ouverture recouverte elle aussi de mousse ignifugée.

Elle tendit la main vers celle-ci, hésita, puis termina son geste. Elle serra les dents avec la température et actionna la commande.

« Alerte. Veuillez évacuer le personnel non-essentiel et procéder au reconfinement du sujet Igni. Fin de la séquence de cryogénisation du caisson de confinement Alpha. Ouverture manuelle du caisson Alpha non-autorisé. »

De la vapeur sortit du même côté par une rainure invisible, signalant une ouverture. Dans le doute, l'avocate recula. Bien lui en prit parce que le caisson s'ouvrit et elle aurait pu se le prendre dans la figure.

Une toux lui parvint avant qu'elle ne puisse voir l'occupant de la capsule. Une toux masculine.

Malgré les risques et le mystère, Adara sentait son cœur se remplir d'espoir. Elle n'était plus la seule personne vivante dans cet abri. Enfin, la "porte" de la capsule du caisson fut totalement ouverte, dévoilant que c'était bel et bien un caisson cryogénique, mais le plus inconfortable possible. Clairement, l'homme, parce que c'était un humain mâle dedans, était un prisonnier qu'on avait souhaité préserver. Du givre fondit rapidement sur l'occupant, permettant à l'avocate de mieux voir celui-ci. Un jeune homme, peut-être dix ans de moins qu'elle. Il avait des cheveux noirs fous tombant sous le menton, un front large et un visage en amande assez anguleux avec des tâches de rousseur qui restaient assez visibles malgré la peau étrangement sombre. Pas autant que la sienne mais presque. La tenue médicale assez fine montrait une très bonne musculature. La manche gauche avait légèrement glissé, dévoilant le début d'un tatouage qui devait couvrir le haut du bras. Mais ce qui alerta la femme, c'était surtout les chaînes. Des chaînes pendaient du haut de la capsule et emprisonné les poignets du jeune homme. A croire que même enfermé dans ce caisson, on craignait qu'il s'en échappe. Elle constata aussi qu'elles étaient du même matériel que la capsule.

- …dare ? souffla l'homme.

Cela fit froncer les sourcils de l'avocate. Ce n'était pas de l'anglais.

- … koko wa doko ? demanda-t-il à nouveau.

Japonais, c'était du japonais, elle en était certaine. Ce qui était étrange, parce que le jeune était typé européen, elle dirait même hispanique. Un espion ? A sa connaissance, le Japon était resté hors du conflit Sino-Américain qui avait mené la catastrophe atomique.

- Parles-tu anglais ? demanda Adara en se rapprochant à nouveau.

Difficilement, l'inconnu ouvrit les yeux. Deux yeux gris cendre à l'expression morte. Quelque chose qu'elle avait vu chez Nate et nombre des camarades de guerre de son compagnon. Est-ce que c'était un vétéran ?

- …oui. Je parle beaucoup de langues.

- Je suis Adara. Adara Vanles.

L'homme garda un instant le silence, plissa légèrement les yeux, comme s'il réfléchissait, avant de demander :

- Prénom ou nom d'abord ?

Adara avait envie de lui dire sarcastiquement que Vanles était trop étrange pour être un prénom, mais avec ce que certains barges avaient fait (elle avait dû apprendre à un gars que non, appeler son gamin 3,141592653589793, ce n'était pas une bonne idée et encore moins d'attaquer l'état qui lui refusait cette possibilité), et le fait que Adara soit un prénom très rare, on pouvait comprendre sa confusion.

- Prénom.

- D'accord, dit le jeune homme. Alors je suis Ace Portgas D, mais je préfère qu'on m'appelle par Portgas.

Pour le coup, elle était mal placée pour parler d'un nom de famille bizarre. Portgas D. ? Et surtout un D tout seul, comme ça ? Une initiale pour un prénom, d'accord, mais pour un nom de famille ? Et surtout, pourquoi ça lui était familier ? Où est-ce qu'elle avait déjà entendu quelque chose de semblable ?

- Noté. Une raison particulière pour autant de sécurité à ton sujet ?

Elle montra d'un geste du nez les chaînes au-dessus de la tête d'Ace. Il fallait aussi compter que l'alarme de l'ouverture de ce caisson était toujours active, et pour le coup, difficile à louper.

- Mon caractère enflammé est en soit une menace. Et mes coups de boules aptes à fissurer le béton. Tu n'as pas la clef de mes fers, pas vrai ?

- Du tout, je viens de te trouver.

Il était doué pour éviter le sujet, mais soit, vu leur situation, elle n'allait pas cracher sur de la compagnie. Le temps lui dirait si elle devait ou pas le signaler à la police.

- Je peux avoir ce que tu as dans tes cheveux ? Je n'ai pas le mot.

Ce qu'elle avait dans ses cheveux ? Elle toucha ses dreads. Elle n'avait pas trouvé quoique ce soit pour se les attacher en sa queue favorite, alors, qu'est-ce qu'elle…

Ses doigts touchèrent l'épingle qui retenait les courtes mèches de sa frange.

- Ceci ? demanda-t-elle en la retirant.

- So desu. L'autre aussi, s'il te plaît.

Il savait forcer les serrures, c'était clair. Sans hésiter, elle retira la seconde épingle de ses cheveux et se rapprocha un peu plus pour les mettre dans les mains d'Ace qui l'en remercia avec un faible sourire. Il les manipula avec expertise entre ses doigts, redressant la tête pour surveiller ce qu'il faisait, avant de les introduire dans la première serrure. En moins de deux, il avait déjà un poignet de libre. Il ne fallut pas longtemps pour qu'il le soit totalement. Il quitta la capsule et immédiatement, Adara sentit la température remonter. Il devait y avoir un détecteur de présence relié au thermostat, décidant s'il fallait ou non monter la température.

- Où sommes-nous ? demanda Ace en lui rendant les épingles qu'il avait replié afin qu'elle puisse les remettre dans ses cheveux.

- Abri 111 de Vault-Tec, répondit la blanchette en les remettant dans ses cheveux.

L'expression d'Ace disait que cela ne l'aidait pas plus.

- Nous sommes dans un abri antiatomique juste derrière le quartier de Sanctuary Hills. Au nord-est de Boston.

Cela ne semblait toujours pas parler au brun qui secoua la tête.

- Et la date d'aujourd'hui ? Je sais qu'on m'a réveillé plus d'une fois depuis que je suis dans ce truc, mais je n'ai pas la moindre idée…

- On est deux.

- Nani ?

Devinant l'interrogation, Adara pointa le plafond et l'alarme toujours active.

- Tu vois quelqu'un qui vient éteindre ça ? Ou qui vient voir ce qu'il se passe ? J'ai été cryogénisée moi aussi, sous l'excuse de conneries médicales suite à l'explosion d'une bombe atomique au sud de Boston. Je me suis réveillée une première fois pour voir ce qui semble être des intrus pénétrer dans la chambre cryogénique, tuer mon mari et voler mon bébé, avant qu'on me remette au frais. Et là, je viens de sortir de mon caisson. Cela doit faire au moins un an que les bombes sont tombées, mais je n'ai pas la moindre idée de la date exacte. On est au moins en 2078. Peut-être plus. Je n'en sais strictement rien.

Ace cligna des yeux.

- 2078… honto ka ?

Il n'attendait certainement pas de réponse vu qu'il se mit à marmonner dans son coin en se prenant la tête dans les mains.

- Tu as dormi énormément, c'est ça ? devina d'un ton aigre la blanchette.

Le reniflement narquois équivalait au mot « euphémisme » et ça en disait long.

- Je vais rejoindre la surface, je dois obtenir des explications de Vault-Tec et retrouver ceux qui m'ont pris ma famille, finit par dire Adara en pointa du pouce la porte.

- Je peux t'apporter mon aide, si tu le souhaites.

- Je suis une avocate, je n'ai pas besoin d'aide pour mettre une entreprise dans les ennuis, aussi puissante soit-elle.

Un éclair d'amusement passa au travers les tâches de rousseurs d'Ace.

- Qu'est-ce que j'ai dit de drôle ?

- Je suis pas ami-ami avec la loi. Sinon, je parlai de retrouver ceux qui t'ont pris ta famille.

Adara fronça les sourcils et pencha légèrement la tête sur le côté, comme pour mieux observer son interlocuteur.

- Ce n'est pas parce que je suis fâché avec les autorités que je suis sans cœur au point de ne pas apporter mon aide si ça peut aider une mère à retrouver son enfant.

- Et tu veux quoi en échange ?

- Tout ce que je pourrais réclamer, mes rêves les plus fou, mes désirs les plus profonds… tout ça, ça reviendrait à ramener des morts à la vie. Tu as ce pouvoir ?

L'avocate se contenta de croiser les bras sans répondre à la question rhétorique.

- C'est bien ce que je pensais. Paie-moi un verre et j'aurai mon salaire, si tu penses vraiment qu'il faut que je gagne quelque chose dans tout ça.

La blanchette regarda le noiraud. Ils étaient des parfaits opposés, ça en était drôle. Elle avait les cheveux blancs comme la neige et la peau sombre avec des yeux vert luisant, sans compter qu'elle travaillait pour la loi, pour l'ordre, pour un monde meilleur. Lui, il avait des cheveux noirs avec une peau claire même si très bronzée et des yeux gris, et pour en rajouter, il venait de lui dire qu'il était très certainement un criminel. Un criminel effrayant si on prenait en compte les précautions pour le garder dans son caisson.

Pourtant, elle avait envie de lui faire confiance… mais jusqu'à un certain point. Au moins, de le laisser l'accompagner. Ou peut-être c'était son désespoir de mère qui parlait.

Mais elle tendit sa main et il la serra.

- Par ici, j'ai trouvé le bureau du superviseur, c'est de là qu'on pourra sortir. J'ai pu explorer un peu avant de trouver cet endroit.

Ace se contenta de faire un geste de la main pour lui dire de passer devant. Même si c'était un homme dangereux apparemment qu'elle avait libéré, Adara n'hésita pas à lui montrer son dos, et en profita même pour dézipper un peu sa combinaison. Il faisait bon à présent, presque chaud, dans l'abri. Elle ne connaissait pas le programme qui dirigeait l'abri, mais elle trouvait ça étrange que cela influence la température.

Ace sembla comprendre d'instinct qu'elle était un poil méfiante puisqu'il lui laissa vraiment de l'avance, assez pour qu'il doive prendre de la vitesse pour qu'il la touche. Et en plus, il se décala contre un mur, ce qui facilitait la vie pour le garder à l'œil.

Durant le trajet, il n'eut aucun commentaire. Il ne réagit pas le moins du monde à quoique ce soit. Il marqua un simple temps d'arrêt devant les générateurs et leurs arcs d'énergie, puis un autre sur le premier squelette, le manipulant avec précaution pour ne pas l'abîmer, se contentant de l'examiner comme pour obtenir des informations.

- Ano…

Adara s'était arrêtée dans l'embrasure de la porte en attendant qu'il finisse son examen. Quand il parla, elle le regarda.

- La date de 2078, tu me l'as donné parce que c'est la dernière dont tu te souviens, ou tu l'as trouvée quelque part ?

- C'est la dernière entrée des terminaux qui remontent à cette année.

- Tu peux rajouter entre cinq et dix ans, alors. Désolé.

C'est comme si un bloc de glace tomba dans son estomac.

- C'est le temps qu'il faut pour qu'un corps devienne un squelette. Vu qu'on est en milieu fermé, j'opte plus pour plus d'une décennie, sans compter que…

Il prit la main du corps et un doigt tomba de lui-même, se brisant immédiatement au contact du sol, appuyant qu'elle était restée plus longtemps qu'elle ne l'aurait voulu dans ce caisson froid.

- T'en as d'autres des mauvaises nouvelles ?

- Oui.

- C'était rhétorique.

Ace soupira, et toujours accroupit, se massa le nez sans s'occuper du fait qu'il venait tout de même de toucher un corps.

- Tu veux retrouver ceux qui ont brisé ta famille, desho ?

- Tu…

- Oui ou non ?

- Oui.

- Alors, soyons logique un instant. Combien de personnes peuvent être retrouvées un mois après un enlèvement ? Un an après ? Dix ans après ? Tu vois mon point ?

Elle le voyait, elle ne voulait pas l'admettre, ça lui faisait peur. Shaun était un bébé, son bébé, tout ce qu'il lui restait. Et là, ce gars qu'elle venait de rencontrer lui disait qu'elle avait encore moins d'espoir de le retrouver. Et il savait ce qu'il faisait en lui disant ça, ça se lisait sur son visage qu'il se haïssait pour être porteur de mauvaise nouvelle. Puis, son esprit eut un autre déclic.

- Peu importe ta mauvaise nouvelle, elle ne change rien.

Les sourcils d'Ace sautèrent sur son front.

- Des intrus sont venus pour attaquer mon époux et prendre Shaun… mais rien ne dit quand ils ont fait ça. Très certainement après la mutinerie qui a pris la vie de cet homme au sol. Mais ça ne nous dit rien sur quand il a été enlevé.

Cela fit réfléchir le brun qui finit par hocher la tête en se relevant.

- Tout ce que cela peut nous dire c'est environ combien de temps s'est passé depuis la mort de cet homme, et donc, une idée de combien de temps s'est passé depuis les bombes. Donc, à quel point le monde dehors a changé.

- Alors, laisse-moi te le dire en premier, Vanles-san.

Une main sur le cœur, un sourire un brin moqueur sur le visage, il lui dit :

- Tu es extrêmement bien conservée pour une quasi centenaire. Parce qu'avec la transformation des aliments et les médicaments jouant sur la décomposition. Je sais que quarante ans après, on peut trouver des corps en bien meilleur état que notre ami ci-présent.

Cela lui valut un coup de pied aux fesses qu'il accepta. Mais au fond, elle appréciait la façon dont il avait glissé l'information, l'enrobage de celui-ci. C'était un choc de se dire qu'elle n'était pas loin d'un siècle dans l'abri, mais cet humour voulait tout dire. C'était une sorte de preuve d'empathie et positivité qui faisait du bien.

- Je dois te rajouter combien de zéro à ton propre âge ? grinça la blanchette en quittant le seuil de la porte pour remonter vers le bureau du superviseur.

- Arg ! Touché !

- Tant de positivité devrait être interdit.

- Si je devais respecter les interdits, je ne serai jamais venu au monde.

Adara se retourna d'un air interrogateur mais Ace agita sa main l'air de dire de ne pas s'y attacher.

- On en rediscutera autour d'un verre quand on aura retrouvé l'enfant. Il a quel âge ?

- Il avait quatre mois la dernière fois que je l'ai vu.

- Raison de plus pour ne pas nous attarder.

- Et je dois faire confiance à un homme qui me parle de décomposition de corps comme s'il parlait de la pluie et du beau temps ?

- Alors, je comprends où tu veux en venir sur ton insinuation, et je te répondrais que je suis un pyromane, nuance.

- Allez on avance, tu me donnes mal au crâne.

- Aye senshô-san.

Et il rejoignit rapidement la femme en haut des escaliers et dans le bureau du superviseur.

- Je peux savoir comment tu m'as appelé ?

- Madame la capitaine, traduisit Ace.

La blanchette lui adressa un regard blasé et retourna au moniteur pour ouvrir la porte, le noiraud fit le tour des environs, finissant par s'arrêter devant le casier de plexiglass transparent contenant le Cryolator qu'il observa avec curiosité.

- La porte est ouverte, annonça l'avocate quand la porte de métal coulissa dans l'intérieur du mur pour dévoiler la suite de l'abri.

- Tu le veux ?

La femme se tourna vers son camarade d'infortune et leva haut les sourcils en voyant qu'il avait dans sa main l'étrange flingue sur lequel le superviseur avait travaillé. Et avec la position d'Ace, impossible de savoir comment il l'avait sorti de son caisson.

- Il ne sera utile qu'un temps. Les munitions seront vite limitées à ce qu'il y a dans le chargeur, lui répondit Adara. Elle est faite main. Si tu la veux, garde-la.

- Non non. Elle ne me servira à rien.

Il rejoignit la femme et fit pivoter adroitement l'arme dans sa main pour la lui présenter correctement. L'avocate hésita et la prit pour la mettre dans son sac. Cela pourrait toujours servir.

- J'ai récupéré deux matraques de sécurité. Tu veux l'une d'elle ?

Il se contenta de hausser des épaules en tendant à nouveau sa main. Bientôt, il se retrouva donc l'heureux propriétaire d'une matraque de sécurité. C'est ainsi qu'ils quittèrent le bureau en prenant la porte nouvellement ouverte. Ace passa devant dans le couloir qui tournait vers la droite. Adara arma son pistolet pour tirer sur un des gigantesques cafards qui se jeta sur eux. Elle ne loupa pas, pas plus que la matraque de son camarade qui en choppa un autre en même temps. Son pied écrasa avec force et simplicité un troisième qui venait vers eux, sans sourciller. Le tout dernier, sur le mur du fond, avait dû voir le spectacle parce qu'il chercha à disparaître dans le couloir qui tournait à droite. Il se prit une balle, lui aussi.

- Joli tir, nota Ace. C'est courant que des civils manient des armes à feu ?

- This is America.

Cela allait de soi, le port d'arme était autorisé dans la constitution américaine depuis 1791. Avant la tombée des bombes, on en était rendue au point que les chiffres officiels disaient qu'on avait en libre circulation quatre armes par habitants. Et avec Nate à la guerre, il fallait bien qu'elle puisse se protéger, surtout avec son métier.

Mais ça la faisait tiquer. S'il y avait bien une chose qu'on connaissait depuis des décennies, c'était bien la législation sur le port d'arme aux États-Unis d'Amérique. Depuis combien de temps avait-il était mis en stase pour ne pas savoir cela, mais pourtant, converser dans sa langue à elle, en dépit de son lourd accent qu'elle soupçonnait japonais. Ce type était un point d'interrogation géant.

Ils continuèrent leur route, passèrent une nouvelle porte, avant d'arriver un nouveau couloir. Là, Ace lui fit signe de garder le silence et s'accroupit à côté de la porte encore fermée qui signalait qu'ils étaient à deux pas de la zone de sortie. Comment avait-il pu sentir une menace derrière une porte fermée ?

Elle s'accroupit elle aussi à côté de la porte. Oui, juste à côté, à présent, elle pouvait percevoir le son d'un autre cafard géant.

- Ouvre, souffla le noiraud.

Adara fit pression sur la porte qui s'ouvrit en silence.

Tout juste ouverte, la matraque d'Ace vola, frappant pile au centre l'insecte, l'explosant immédiatement.

- Strike.

- Tu m'as l'air d'avoir un assez gros égo comme ça, je ne te ferai pas le plaisir de l'attiser en commentant ce tir.

Il se contenta de hausser des épaules en se redressant. Adara se leva à son tour et entra la première dans la nouvelle pièce. Elle reconnaissait l'endroit. L'entrée, la zone de triage, peu importe le nom. A leur gauche, sur le sol, il y avait le marquage au sol blanc qui devait indiquer le chemin à suivre aux arrivant. Il y avait un squelette à proximité des tables renversé de l'entrée, avec des marques vieillies sur le sol de chaque côté du cadavre. Clairement des marques de coup de feu. Et à proximité, il y avait des munitions sur lesquels elle fit main basse. Avec le temps qui semblait s'être écoulé, rien ne disait comment serait le monde au dehors… s'il restait un monde.

Un bruit attira son attention et elle se retourna vers Ace qui avait explosé un autre cafard.

- La blouse blanche à un appareil bizarre au bras, tu peux y jeter un œil ?

La blanchette vint le rejoindre, remarquant au passage un escalier métallique descendant sur de l'eau croupie. Une fuite dans l'abri ? Elle ne s'y attarda pas pour retrouver son camarade d'infortune sur une micro plateforme contenant un poste de commande qui s'était accroupit à côté de la dépouille poussiéreuse d'un scientifique. Il ramassa le bras détaché du squelette et lui montra ce qu'il y avait dessus. Un gros brassard de métal avec la partie intérieur rembourrée de cuir pour en rendre le port confortable. Dessus, un écran assez large était attaché, avec gravé juste au-dessus « Pip-Boy ». En haut à gauche de l'écran, il y avait une molette de contrôle. Il y en avait une autre à droite, plus grosse, crantée, permettant d'accéder à diverses options, dont une pour la lecture d'holotapes, l'accès à la radio, une carte et des informations inclues dans l'appareil et pouvant être enregistré au fur et à mesure de l'utilisation qu'on en faisait. Dessous, encore une molette pour chercher des fréquences spécifiques, et entre, un petit cadran permettant de mesurer des radiations.

En quelques manipulations, l'appareil s'alluma.

- C'est un Pip-Boy. Tu as dû dormir vraiment très longtemps pour louper l'invention des industries RobCo. Pip est l'acronyme pour Personal Information Processor.

L'initialisation terminée, un Vault-Boy vert sur fond noir apparut, toujours souriant et il leva rapidement un pouce au moment où Adara sentit une piqûre dans son bras. Clairement, Vault-Tec avait doté son personnel avec des appareils qu'ils avaient modifiés eux-mêmes. Elle pouvait accéder avec les molettes et les onglets à son état de santé personnel, mais ce qu'elle lança en priorité, c'est la radio. Avec ça, elle espérait avoir des informations sur le monde extérieur. Mais ils étaient trop loin sous terre pour ça. Notant un câblage sur le côté, elle se rapprocha du moniteur de contrôle qui avait clairement souffert du temps.

- D'où vient l'énergie de l'appareil ? demanda Ace.

- Batterie à fission interne. Après, ne m'en demande pas plus, je suis avocate, pas ingénieure.

Elle brancha le câble à la prise correspondante sur le panneau de commande et immédiatement, son Pip-Boy offrit le menu pour ouvrir à distance la porte de sécurité de l'abri.

- Prêt ? demanda Adara à Ace. Pile on survit, face, on se fait tuer par les radiations.

- Si tu n'ouvres pas, on reste ici jusqu'à la fin des temps, lui pointa très justement le noiraud. Et personnellement, j'ai pas mal de mauvais souvenirs associés au simple fait d'être sous terre. Donc, quitte à crever, je préférerai crever à la surface.

- Oh mais je vais ouvrir la porte, c'est pour toi que je dis ça. Moi, je vais retrouver mon bébé.

Elle retira le câble de console de commande et appuya sur le gros bouton d'ouverture avec son poing.

« Séquence de la porte initialisée. Veuillez reculer. »

Des sirènes orange se mirent à luire dans la pénombre et un projecteur s'alluma sur la porte circulaire scellée de l'abri. Un bras métallique accrochée au plafond pendant dans le vide juste devant la plateforme sur laquelle la commande d'ouverture était installée. Et ce bras se mit en mouvement, glissant sur un rail pour rejoindre le chemin métallique qui reliait l'abri à la porte et alla s'enclencher, en vacillant sous son poids, dans l'encoche de la gigantesque porte.

Adara sentait son cœur battre à la chamade dans sa poitrine alors qu'elle jetait des regards fréquents au compteur Geiger de son Pip-Boy. Le moteur arrière du système d'ouverture provoqua des étincelles et pas mal de vapeur alors qu'il accomplissait sa magie pour les libérer.

- Si ce truc continue à prendre son temps, je vais l'ouvrir moi cette porte, grommela Ace.

Adara l'ignora.

Enfin, la porte fut descellée, provoquant une aspiration de quelques feuilles blanches qui traînaient dans le coin, alors que le bras coulissait à nouveau pour se remettre à sa place, la porte toujours accrochée à elle. Il devait y avoir un projecteur de l'autre côté de l'ouverture parce que c'était la seule explication pour la lumière qui les aveugla à moitié. La rampe d'accès métallique se déploya pour relier l'abri à la porte. Ace fut le premier à grimper sur le chemin de métal. Il courut presque pour en rejoindre l'autre bout. A cette occasion, Adara nota qu'il était pieds nus sans que cela ne semble le déranger. Cela lui tira un maigre sourire en se rappelant de comment elle était arrivée ici.

En le rejoignant au bout de la rampe d'accès, c'est comme si elle revoyait son fantôme. Elle se revoyait descendant de l'ascenseur qui était là en contre-bas. Elle se revoyait suivre les survivants, suivre Nate avec Shaun dans ses bras. Elle revoyait même la petite chemisette vert pâle et son pantalon rose délavée. Elle se rappelait presque de la sensation des marches sur ses pieds nues déchirées par les gravillons.

- Vanles-san ?

Ace avait descendu l'escalier et se tenait devant la plate-forme/élévateur, regardant l'avocate encore en haut devant le panneau d'avertissement contre la dépressurisation et les risques de radiations. Sans un mot, elle le rejoignit en descendant à son rythme les marches. Elle était appréhensive. Elle craignait ce que serait le monde en haut. Elle n'était pas la seule nerveuse qui pénétra dans la cage d'escalier. Et vu le regard du noiraud, il ne devait pas avoir de bons souvenirs en tête.

- Tu sais où je vais pouvoir me trouver des vêtements ? Non, parce que j'ai l'air d'un patient en fuite d'un hôpital.

La blanchette appuya sur un bouton tout proche pour enclencher la remontée.

- … Tu as l'air d'avoir la même stature que Nate. Il n'en aura plus besoin et j'habite juste à côté.

- Certaine ?

La blanchette hocha la tête alors que la plateforme les plongeait dans le noir en remontant. Le seul éclairage venait des quelques loupiottes au sol et du Pip-Boy qu'elle se forçait à regarder.

« Profitez de votre retour à la surface et merci d'avoir choisi Vault-Tec. »

Adara ignora le monde pour se concentrer sur le Pip-Boy, cherchant absolument une station qui puisse répondre, pour enfin en trouver une du nom de Diamond City Radio et une autre se désignant comme une radio classique. Comme généralement, les radios classiques étaient surtout de la musique, elle opta pour la première station. Pour l'instant, ce n'était que de la statique et de la friture, mais plus ils se rapprochaient de la surface, plus ils entendaient des mots.

- En quête des nouvelles du monde ? se renseigna Ace.

- Radio Diamond City n'existait pas quand je suis rentrée dans l'abri, donc, il y a toujours de la vie dehors… le tout est de savoir quel genre.

Elle laissa retomber son bras et leva la tête vers l'ouverture en haut. Elle se rappelait encore du son de l'explosion et cette bourrasque de vent qui était remontée jusqu'à eux en hurlant comme l'enfer. C'était à la fois si récent et si lointain. Enfin, une lumière apparut, devenant plus aveuglante et plus grosse à mesure qu'ils se rapprochaient de la fin du voyage. Et le Pip-Boy se mit à jouer des notes qu'elle reconnaissait.

Elle se rappelait de cette chanson et de ce qu'elle avait dit la dernière fois qu'elle l'avait entendu :

« - Et profites-en pour éteindre la musique, je n'entends plus la télévision. »

La lumière les aveuglait et rendait flou le monde autour d'eux.

Et il n'y avait pas un bruit outre la radio.

I love those dear hearts and gentle people,

Who live in my hometown

Il n'y avait pas de mouvement, même pas de vent dans les arbres. Tout était mort, à l'abandon. Il y avait bien un malheureux corbeau sur une caravane de construction, mais rien de plus.

Because those dear hearts and gentle people
Will never ever let you down

Adara se pressa pour se rapprocher du grillage qui séparait la colline du quartier d'habitation et Ace dû se précipiter sur elle pour la rattraper. Il n'y avait que des arbres morts autour d'eux et pas le moindre signe de vie.

They read the good book from Fri till Monday
That's how the weekend goes
I've got a dream house I'll build there one day
With picket fence and ramblin' rows

Les toitures des maisons étaient rouillées voire effondrées pour certaines. Les parfaits petits jardins avaient leur pelouse brûlée.

Là, à cet instant, ils étaient seuls au monde.