Bonjour
J'ai décidé de tous publier a la suite parce que j'oublie de publier chaque semaine donc... tous les chapitres vont suite !
Ici Daryl et Beth se retrouve seul !
Ce sont les cahots de la voiture qui la réveillent, tandis que Daryl s'engage dans un petit chemin le long d'une forêt. Quand la voiture s'immobilise, il se tourne vers elle.
-"Y a plus d'essence. A partir d'ici on va marcher pour rejoindre le premier point d'rendez vous."
-"D'accord."
Il semble surprit que Beth ne pose pas plus de question, ou qu'elle ne proteste pas. Elle se contente de lui faire un grand sourire, avant de sortir de la voiture et de s'étirer. Un instant, il lui semble surprendre le regard de Daryl sur son ventre dénudé par le mouvement, mais c'est tellement furtif qu'elle se convainc d'avoir rêvé. Se chargeant de son sac, elle rejoint l'homme et ils se mettent en route.
Daryl est dans son élément, il avance sans hésiter, ne faisant presque pas de bruit. Son arbalète à la main, il observe les environs et le sol, à la recherche de traces de gibier ou de rôdeur, Beth le sait. Elle met plus de temps à retrouver un pas léger, elle a perdu l'habitude de marcher sur un sol inégale. Bien sûr elle n'est pas aussi silencieuse que Daryl, mais elle sait qu'elle s'est améliorée pendant leur fuite après la prison.
Retrouver la forêt est plus agréable que ce qu'elle pensait. Ses pas bruissent agréablement sur l'épais tapis de végétation, c'est un plaisir d'entendre les branches mortes craquer sous ses pieds, et de sentir le sol inégal. Elle savoure la sensation du vent dans ses cheveux et sur sa peau, rendue moite par l'exercice et la chaleur ambiante. Ici, pas d'odeur de médicaments ni de complainte de malade, juste le chant des oiseaux et le parfum chaud des sous-bois. Beth ne peut pas s'empêcher de sourire et de respirer à fond. Daryl se retourne et la regarde, essayant sans doute d'analyser si son soupire est un signe de fatigue. Elle le rassure d'un grand sourire, le plus grand et le plus joyeux qu'elle ai fait depuis longtemps. Ca semble le déstabiliser encore plus, et elle pouffe avant de rire franchement quand elle l'entend grogner dans son coin.
-"Me cherche pas gamine."
-"Daryl, tu n'imagines pas comme ça me fait du bien. Je n'ai pas été aussi heureuse depuis longtemps."
-"Mmh"
Le silence s'installe de nouveau, mais c'est un bon silence, quelque chose d'agréable et de familier. Quand Daryl siffle et fait signe à la jeune fille de s'approcher, elle le rejoint rapidement, cherchant du regard ce qu'il veut lui montrer. Il lui désigne le sol.
-"Vas-y gamine, montre moi qu't'as pas oublié c'que j't'ai appris."
Son ton est doux, rauque, presque affectueux. Ça réveille des papillons dans le ventre de Beth, qu'elle n'avait plus eu depuis leur séjour dans la maison funéraire. Elle s'accroupit et inspecte le sol.
-"C'est petit. Pas un rôdeur, pas un humain. Un lapin ?"
A mi -chemin entre l'affirmation et la question, elle lève son visage vers Daryl.
-"C'est une question ? J'ai l'impression qu't'as oublié."
Elle se relève et se rapproche du corps de son compagnon, sa main s'enroulant autour de son poignet avant même qu'elle ait le temps d'y penser. Elle sent les muscles rouler sous la peau douce et chaude.
-"J'ai pas oublié ! J'ai rien oublié…"
Elle finit sa phrase dans un chuchotement, comme un secret. Ils se fixent, bleu contre bleu. Beth ressent la tension du moment, elle attend quelque chose. C'est une sensation qu'elle a déjà ressenti, mais elle n'arrive plus a savoir quand ni pourquoi. Elle ne sait pas ce qu'elle attend. Puis Daryl se détourne et elle reprend ses esprits.
-"Un lapin. Le dîner d'ce soir si tu l'trouve.
Beth se penche à nouveau sur la piste, expirant un souffle qu'elle n'avait pas réalisé avoir retenu. Elle est déterminée à prouver qu'elle est capable de retrouver ce lapin, et c'est ce qu'elle fait. Elle suit la piste sur quelques mètres, Daryl a ses côtés. Quand elle aperçoit le petit animal, il est déjà en train de viser avec son arbalète. Elle le regarde tandis qu'il s'approche de leur repas transpercé par sa flèche, et qu'il l'accroche à sa ceinture.
-"Tu vois Daryl Dixon ! Je n'ai pas oublié !"
Il l'a regarde un instant, l'expression indéchiffrable, puis lui fait signe, poursuivant sa route.
-"On est encore loin ?"
Beth doit avouer que même si marcher dehors, dans la nature, lui fait du bien, elle est aussi épuisée. Une bonne fatigue, qui ne prend pas encore le pas sur sa joie d'être ici plutôt qu'au Grady, mais elle sent ses jambes commencer à protester.
-"Mmh. Une heure ou deux. On va faire une pause si t'es fatigué. Y'a une rivière plus loin."
Daryl ne se trompe pas. Il leur faut peut-être dix minutes pour gagner le cours d'eau clair, et Beth s'empresse de se pencher pour se désaltérer et s'asperger d'eau. Le temps s'est réchauffé et elle est moite de sueur après cette petite balade. Elle sent confusément Daryl près d'elle. Il boit un peu avant de s'installer sur un rocher en hauteur, et d'allumer une cigarette. Elle se laisse envelopper par l'odeur familière. Ce n'est pas une odeur de tabac habituelle, il y a quelque chose en plus, comme une épice. C'est piquant et réconfortant.
Elle se rafraîchit encore un peu, avant de s'asseoir au bord de l'eau et de tremper ses pieds. Ils sont comme en feu et Beth sait qu'elle aura bientôt des ampoules. C'est juste une question d'habitude. Elle remarque que Daryl la regarde encore d'un drôle d'air.
-"Qu'est ce qu'il y a ?"
De sa position elle n'est pas certaine, mais il lui semble le voir rougir un peu avant qu'il ne détourne les yeux, portant sa cigarette à ses lèvres.
-"Tu t'es mouillé. Tes fringues. C'est… Peu importe."
Beth baisse les yeux et remarque qu'effectivement elle a mouillé tout le devant de son tee shirt, qui est devenu un peu transparent. Elle rougit, sa peau se teintant d'une jolie couleur rose, de la racine de ses cheveux blond jusqu'à la naissance de son décolleté. Dans une vaine tentative pour cacher sa poitrine, elle se penche en avant, essayant de s'aplatir contre ses cuisses.
-"Putain fait pas ça ! C'encore pire bordel !"
Daryl se lève d'un bond avant de s'éloigner en marmonnant. Il semble en colère et Beth ne comprend pas très bien pourquoi. Ce serait plutôt à elle d'être gênée et de s'énerver qu'il l'ait regardé. Pourtant ce n'est pas ce qu'elle ressent. Bien sûr elle n'est pas très à l'aise à l'idée qu'il ai vu sa poitrine nue, même si elle même reconnaît qu'il n'y a pas grand chose à regarder. A la place, elle se sent amusée et excitée. Et quand même un peu gêné. Elle meurt d'envie de rire et elle est flattée que Daryl ait pu être embarrassé de la voir, parce que cela signifie qu'il n'a pas pu s'empêcher de regarder.
Puisque l'homme s'est éloigné, elle en profite pour se redresser. Le vent et le soleil auront tôt fait de sécher ses habits. Elle sort aussi ses pieds de l'eau, pour qu'ils ne soient pas humide au moment d'enfiler ses chaussures. La pause s'éternise un peu, et Beth commence à s'inquiéter de l'absence de Daryl quand elle le voit finalement revenir, un second lapin accroché à la ceinture.
Quand il l'aperçoit, son premier réflexe semble être de regarder sa poitrine et son tee shirt, depuis longtemps sec. Ça la fait rire définitivement. Elle le trouve adorable alors qu'il rougit, pris sur le fait, tournant la tête. Elle se sent audacieuse.
-"Tu aimes ce que tu vois Daryl Dixon ?"
-"Pff ! N'importe quoi ! Dépêche gamine, j'voudrais arriver avant la tombée d'la nuit !"
-"Je suis plus une gamine."
Il l'observe tandis qu'elle le défi de la contredire. Elle se sent belle et forte. Elle a envie de… Elle ne sait pas quoi mais elle en a envie, et elle sait qu'il n'y a qu'avec Daryl que ça arrive. Se détournant, il se remet en route sans répondre et elle s'empresse de le rattraper, cognant son épaule contre la sienne.
Ils marchent côte à côte encore un moment. Beth n'a pas pu décrocher son sourire de son visage, même quand ils ont croisé quelques rôdeurs. Daryl a essayé de les éliminer tous à lui tout seul, mais c'était une tentative vaine, et elle en a tué deux qui arrivaient sur le côté. Elle s'est contenté de lui dire que ça non plus, elle n'avait pas oublié comment faire. Elle a eu l'impression que ca le faisait sourire mais il s'est détourné trop vite pour qu'elle en soit sur. C'est dommage, les sourires de Daryl sont rares et précieux.
Au début, elle ne comprenait pas pourquoi il détournait son visage, mais elle a fini par deviner que c'était une façon de se cacher, comme s'il pensait ne pas avoir le droit de sourire. C'était des moments furtifs qu'elle a commencé à apercevoir à la ferme. Ca arrivait plus souvent à la prison, quand il y avait beaucoup de monde, et Beth était toujours contente quand elle pouvait y assister, d'autant plus qu'alors il se cachait moins.
Quand ils se sont retrouvés seuls, elle était presque désespérée de revoir un jour ses lèvres se courber. Elle avait l'impression de n'être qu'une enfant encombrante pour lui, un poids qu'il aurait préféré ne pas porter. Puis il a rit. C'est arrivé un jour, suite à une remarque de Beth. Elle a été si surprise qu'elle l'a dévisagé avant de lui sourire en retour.
Daryl n'est jamais démonstratif. C'est toujours furtif, mais ça arrive plus souvent, et Beth est fière de faire partie des rares personnes à pouvoir voir cette facette de l'homme. Elle se rend compte que ça lui a manqué. Il est peut être dur et rude, mais il est aussi plus humain que beaucoup d'hommes qu'elle a rencontrés.
Ils finissent par déboucher sur des champs recouverts de hautes herbes. Ça leur fait faire un détour, mais ils préfèrent ne pas les traverser et rejoignent la route sur le côté. Il serait facile pour une centaine de mordeurs d'être cachés par la végétation, alors ils se montrent encore plus discrets. Plus loin, ils aperçoivent les premières maisons d'un petit quartier.
-"C'la qu'on a prévu de s'retrouver avec Carole."
-"Ok."
C'est un petit quartier classique, maison a bardage blanc, jardin avec clôture, parterre de fleur, jeux d'enfants qui traînent dans les allées. Il y a assez peu de mordeurs dans les allées. Daryl se dirige vers la première maison qu'ils atteignent. Elle est simple, envahie par la végétation, une clôture haute entoure l'arrière. A l'intérieur il n'y a que deux rôdeurs, qui se précipitent sur la porte quand ils y toquent, ils les tuent facilement. Daryl se sert de l'un d'eux pour dessiner un D et un B sur la porte.
En explorant l'intérieur, ils trouvent un troisième rôdeur dans le garage et un dernier à l'étage. Celui-ci n'est pas difficile à tuer car il est attaché à l'un des montants du lit, dans ce qui devait être la chambre parentale. Beth explore ensuite la cuisine et commence à s'installer.
-"Prend pas tes aises Beth, on reste pas."
-"Pourquoi ? Je pensais que Noah et Carole devaient nous rejoindre ici. Tu as dessiné nos initiales et tu as sécurisé la maison. Pourquoi on ne reste pas ?"
-"C'est pas dans l'plan. Ici c'est pour Carole et l'gamin"
Il ne développe pas plus au grand dam de Beth et s'en va finir de sécuriser la maison. La jeune fille termine de rassembler la nourriture, puis monte pour trouver des vêtements de rechange et d'autres produits de nécessité. Mais le peu qu'elle trouve, elle décide de le laisser pour Carole et Noah.
Quand elle redescend, Daryl dépose un des lapins qu'ils ont tué plus tôt dans la journée sur la table. Il a aussi partagé le stock de conserve.
-"Et du coup c'est quoi le plan ?"
-"On s'trouve une autre maison."
-"Je ne comprends toujours pas pourquoi on a fait tout ça pour partir et recommencer ailleurs."
Bien sûr Daryl ne prend pas la peine de lui répondre. Il la regarde juste un instant avant de lui faire signe de le suivre. La rue n'a pas changé, toujours vide hormis quelques corps déambulant au loin. Ils se dirigent vers une résidence située sur le trottoir opposé, deux maisons plus loin que la première. Elle ressemble à l'autre, même bardage, petite clôture mais dans un style différent. Il y a des planches cloué sur les fenêtres. A l'intérieur, ni vie ni mort. Daryl ne la sécurise pas de la même façon. Une fois qu'ils ont fait le tour, il se contente de bloquer la porte de devant, et sort dans la cour arrière ou il allume un feu dans le petit barbecue à cloche. Il tend le deuxième lapin a Beth dans une demande implicite pour le dépouiller.
-"Montre moi qu't'as pas oublier ça non plus."
Elle pouffe, se mettant au travail rapidement. Elle finit avant que le barbecue ne soit prêt. La cour est petite mais Beth a repéré un petit carré potager. Elle s'approche pour découvrir quelques légumes. La plupart des plantes ont proliféré, privilégiant la reproduction à la production de légumes, mais il y en a quand même. Elle extirpe quelques pommes de terre du sol. Dans la cuisine elle découvre que l'eau fonctionne toujours, elle peut donc les nettoyer rapidement avant de les envelopper dans du papier aluminium. Le tout finit dans le barbecue avec le lapin.
-"Pourquoi tu prépares le repas si tôt ?"
-"Pour que l'odeur et la fumée aient l'temps de se dissiper."
-"Tu ne vas pas m'expliquer hein ?"
Beth est presque blasée par le jeu de Daryl. Elle devine que la voir se poser des questions et ne rien comprendre l'amuse beaucoup. Il sait qu'elle est curieuse, mais elle décide de ne pas lui donner satisfaction en insistant, même s'il n'est sûrement pas dupe.
-"Ok. Je vais aller me laver alors, il y a encore de l'eau au robinet."
-"Mmh."
Beth s'éloigne et rentre dans la maison. C'est une habitation confortable, à la décoration claire et simple. Elle se dit qu'elle aurait pu vivre dans ce genre d'endroit. Une grande cuisine familiale, un petit salon agrémenté d'une bibliothèque. A l'étage, il y a trois chambres. La première porte qu'elle ouvre donne sur une chambre de bébé aux couleurs pastel, et au mobilier clair. La deuxième chambre appartenait sûrement à un jeune enfant, elle est encombrée de jouets et de posters sur le système solaire. Il y a une petite salle de bain carrelée entre les deux.
La porte en face donne sur une suite parentale a la moquette claire. Le grand lit couvert de coussin et d'un édredon matelassé fait immédiatement rêver Beth. Il y a une porte sur la gauche qui donne sur un dressing, qui s'ouvre lui-même sur une seconde salle de bain. Elle jette son dévolu sur celle-ci et sur sa grande douche moderne au carrelage sombre.
L'eau est froide bien sûr, mais après cette journée où elle a transpiré, c'est un plaisir de pouvoir se décrasser. Elle en profite pour se récurer de la tête aux pieds. En sortant, elle s'enveloppe dans une grande serviette éponge. Il lui faut un peu de temps pour démêler ses long cheveux, qui sont devenus plus sombres avec l'eau, mais quand elle termine, elle les laisse sécher librement dans son dos.
Ensuite, toujours enveloppée de sa serviette, elle explore le dressing. C'est comme ça que Daryl la trouve. La serviette qu'elle porte est enroulée autour de son buste et lui arrive aux genoux, ses cheveux gouttent sur ses bras et dans son dos. Il marque un temps d'arrêt, et tout occupé qu'elle est à fouiller, elle ne voit pas le regard qu'il pose sur elle.
-"J'ai fini avec la salle de bain tu peux y aller si tu veux. Tu devrais aussi regarder les vêtements, je pense qu'ils devraient être à ta taille."
Avant le Grady, elle se serait retournée, aurait remarqué. Elle se serait aperçue de la situation, et aurait rougit de gêne en essayant de se cacher. Daryl aussi aurait rougit, se serait détourné. Peut-être même qu'il aurait dit quelque chose qui aurait vexé la jeune fille. Mais ce n'est pas ce qui se passe, ils ont été séparés, et cet événement a changé beaucoup de choses entre eux.
Beth ne fait pas attention au silence qui suit sa remarque, et pousse une petite exclamation alors qu'elle trouve un haut qui lui plaît. Elle sent juste au bout d'un moment que Daryl passe dans son dos. Il lui semble un instant sentir ses doigts glisser sur la pointe de ses cheveux, mais le temps qu'elle se redresse, la sensation a disparu et Daryl est enfermé dans la pièce d'eau.
Haussant les épaules, elle laisse tomber la serviette par terre. Elle a toujours rêvé de faire ça chez elle, mais à tout moment l'un des membres de sa famille pouvait rentrer dans sa chambre, et la trouver nue. Voilà qui aurait fait un moment gênant. Ici elle n'a pas a s'inquiéter. Elle enfile une culotte et une paire de jean foncé trouvé dans la penderie. Pour le haut, elle a choisit un débardeur noir et une petite chemise a carreau bleu et jaune. Ça l'amuse un peu d'avoir pu choisir ses vêtements, comme elle l'aurait fait avant.
Comme Daryl ne sort pas, elle essuie ses cheveux et entreprend d'en faire une tresse, ce sera plus pratique. Puis elle descend et va voir où en est le repas. Tout est cuit alors elle enveloppe la viande et les pommes de terre dans plusieurs couches d'aluminium, pour maintenir le tout au chaud, et éteint le feu.
S'installant dans le salon, elle tire un des fauteuils devant une fenêtre. D'ici, elle aperçoit la première maison qu'ils ont préparée. Pour le moment il n'y a ni bruit ni mouvement. Alors elle prend le cahier vierge offert par Daryl le premier jour et recommence son journal.
Quand son compagnon descend, il tire un second fauteuil à côté de Beth pour partager la vue sur la première maison. Il s'installe en travers , sortant une cigarette. Ses cheveux sont mouillés, il sent bon le savon et il a enfilé un jean sombre et un tee shirt propre. La jeune fille se réinstalle pour pouvoir l'observer un peu plus facilement. Elle détaille les muscles de ses bras et de son torse, dessinés mais pas proéminents. Elle s'est déjà fait la réflexion qu'il ressemblait à un fauve, tout en muscle sec roulant sous la peau.
-"Arrête de m'regarder comme ça Beth."
-"Comment ?"
-"Tu sais comment."
Elle est surprise. Daryl finit par tourner son attention vers elle, ses yeux bleu perçant rencontrant les siens, plus foncés. Il finit par secouer la tête en soupirant.
-"Ouais, tu sais pas."
Beth est sur le point de l'interroger quand il se redresse, se rapprochant de la fenêtre. A travers les planches cloué ils peuvent observer sans être vu. Au début, elle ne voit pas ce qui a attiré son attention, puis ils apparaissent. Carole et Noah marchent d'un bon pas, la femme légèrement en avant. Noah a l'air épuisé.
Encore une fois, elle se fait la réflexion que le temps passé au Grady lui a fait oublier comment survivre. S'il n'avait pas rencontré ses compagnons, il ne s'en serait sans doute pas sorti. Quand elle y réfléchit, elle a l'impression de se revoir, avant la ferme, et d'une certaine manière, après la prison. Sans Daryl, elle n'aurait probablement pas survécu très longtemps.
Carole et Noah finissent par rentrer dans la maison. Mais Daryl ne bouge pas. En fait, il continue d'observer les alentours. Peu de temps après Noah ressort, énervé il regarde partout autour de lui avant de commencer à crier le nom de Beth.
A ses coté elle entend Daryl émettre un "tss" qui la fait pouffer, parce qu'elle comprend ce qu'il veut dire. Noah est un idiot, a crier comme ça il va rameuter tout les rôdeurs des environs. Carole met vite un terme à son cinéma. Elle le menace un temps avec son arme, avant de la baisser pour se rapprocher de lui et lui planter un doigt agressif dans le torse. Beth ne sais pas ce qui se dit, mais le discours de la femme doit être convainquant parce qu'ils finissent par rentrer une seconde fois dans la maison. Daryl se détend, émettant juste un "crétin" étouffé, avant de se diriger vers la cuisine.
-"Pourquoi on ne les rejoint pas?"
-"J'lui fais pas confiance."
-"J'avais compris Daryl, mais ce n'est pas une explication."
Son ton taquin tire un sourire à l'homme. Il prend leur repas avant de retourner s'installer dans le salon, sur les fauteuils avec vue sur la rue. Dehors la lumière décline, signe que dans environ deux heures le soleil sera couché. Il tire une petite table devant et ouvre l'emballage de leur repas. Comme Beth le pensait, tout est encore chaud, elle se dépêche donc de s'installer à son tour, son ventre grondant. Le lapin est délicieux, les pommes de terre fondantes. Ils mangent en silence, Daryl lançant des coup d'œil régulier par la fenêtre.
-"Avec Carole on s'est dit qu'ce s'rait mieux si on s'rejoignait jamais vraiment. En tout cas? pas au début. Mais j'voulais pas la laisser toute seule avec lui aussi longtemps. On sait pas? il est p't'etre en contacte avec les flics d'Atlanta."
Tout en parlant, il suce ses doigts, profitant des dernières saveurs du repas qu'ils ont terminé. Avant, Beth aurait trouvé ça dégoûtant. Maintenant elle apprécie presque ce geste familier.
-"Et donc quoi ? On va rester là à surveiller?"
-"Ouais c'est l'idée. Pendant quelques jours on va faire ça. Demain ils partent tôt, mais Carole leur fait faire un trajet plus long. Nous on part après, mais on arrive plus vite. On leur prépare un endroit. Comme ça Carole sait qu'on va bien."
-"Mais pourquoi ? Je veux dire, j'ai compris le plan. Mais je connais Noah, il n'est pas avec ceux du Grady."
-"Non Beth tu l'connais pas. J'suis désolé mais la vie protégé et dehors c'est pas pareil. Tu sais pas s'il va pas vouloir y r'tourner. Ou s'il est pas avec eux depuis l'début."
Soudain elle comprend ce que Daryl ne dit pas. Il s'inquiète. Pour elle. Il essaie de veiller sur elle, encore une fois. Il y a un silence, puis elle sourit en demandant.
-"Je t'ai manqué Daryl Dixon ?"
Il se tourne vers elle le visage impassible. Mais ses yeux parlent pour lui. Il souffle sa réponse, et Beth en frémit.
-"Ouais. T'as pas idée."
Ils se regardent en silence. L'atmosphère est électrique, chargé d'une infinité de possibles. Finalement alors que Beth va ouvrir la bouche, bouger, faire quelque chose, sans très bien savoir quoi, il se détourne.
-"Je t'ai cherché, t'sais. Quand j'suis sorti et qu't'étais plus là, j'ai vu la voiture. C'était con, mais j'lui ai couru après. Jusqu'à la perdre."
Il finit sa phrase sur un grognement énervé, l'un de ses poings serré étroitement sur l'accoudoir du fauteuil. Elle sent toute la colère qui le remplit, dirigée contre lui-même. Sur une impulsion, elle se lève et s'assoit au pied de Daryl, sa main fine va recouvrir celle de l'homme, tandis qu'elle pose la tête sur l'un de ses genoux.
-"Je sais que tu m'as cherché Daryl. J'en ai jamais douté. Même si ça me faisait de la peine parce que je t'avais laissé seul."
-"T'm'as pas laissé. T'as été enlevé."
Elle hoche la tête, le regard doux. Elle n'aurait jamais pensé se retrouver un jour dans cette situation avec Daryl Dixon. Mais finalement elle ne peut s'imaginer comme ça avec personne d'autre. Elle comprend enfin et ça la remplis d'une chaleur qu'elle n'avait pas connu jusque la.
-"Quand j'suis arrivé a un croisement, j't'avais perdu. Je savais pas quelle route prendre. Alors j'sui resté la. Y a un groupe qui m'a trouvé, six types à la recherche d'un mec qui avait tué l'un des leurs. J'ai du resté avec eux un certain temps. Ça m'plaisait pas trop mais j'pouvais pas partir ou ils m'auraient tué. Ils avaient des règles, des trucs étranges mais ça marchait. Pas d'mensonge sinon on t'abasse. Si tu vois un truc tu dis "a moi", et si t'es l'premier, c'est a toi. Au final, le type qu'ils cherchaient c'était Rick. C'est comme ça que j'les ai r'touvé lui Carl et Michonne."
Tandis qu'elle l'écoute, les yeux fixés sur son visage, elle sent l'une de ses mains se poser sur sa tête puis glisser doucement, pour retirer l'élastique qui tient ses cheveux attachés. Ses doigts passent entre les mèches blondes, la faisant frissonner. Elle ne sait pas si c'est un geste conscient ou non, parce qu'à un moment de son histoire il a détourné le regard, fixant la rue à travers la fenêtre. Le soleil c'est couché et c'est la pleine lune qui leur fournit de la lumière.
-"Ensuite, on a suivi une voie de chemin de fer, vers un endroit qu'ils appelaient sanctuaire. C'était juste des putain de cannibale."
-"Ils mangeaient les gens qui les trouvaient?"
-"Pire, ils les attiraient avec des messages le long des voies. Mais on a r'trouvé ta sœur là bas. Avec Glenn, Sasha et Bob. Y c'étaient fait des potes. Deux anciens militaires Abraham et Rosita. Un type, Eugène, qui dit qu'il peut trouver un remède. Et une fille Tara. Elle était dans l'groupe qu'a attaqué la prison. Glenn et Maggie l'aime bien. C'est une gamine paumée."
-"Est ce que Maggie… Elle m'a pas cherché hein?"
Daryl soupire et repose son regard sur la jeune fille. Il se rend compte qu'il caresse ses cheveux et Beth voit la surprise passer dans ses yeux. Pourtant il ne recule pas, saisissant l'extrémité des mèches blonde pour les entortiller entre ses doigts.
-"Non, j'crois pas."
Elle hoche la tête. Elle n'est pas surprise, elle l'avait déjà deviné. Depuis que Maggie a rencontré Glenn, et que la ferme est tombée, sa sœur s'est détournée. Elles n'ont jamais été si proches, pas comme peuvent l'être deux sœurs, parce que d'une certaine manière Maggie en veut à Beth pour tout un tas de raisons, cette dernière le sait. Elle est quand même un peu en colère.
-"Ok."
Les caresses reprennent dans ses cheveux et Beth penche la tête, sa joue frottant le genoux de son vis à vis. Sa main, celle qui c'est posé sur le poing de Daryl plus tôt, se glisse entre ses doigts pour les entrelacer aux siens.
-"Comment est-ce vous vous êtes sortie de cet endroit ?"
-"C'est Carole qui nous a sauvés. Elle a r'trouvé Tyreese et la p'tite dure à cuire. Et deux gamines Lizzie et Mika j'crois. J'sais pas exactement comment elle nous a sauvé mais elle a provoqué un sacré bordel."
Il rit, comme s'il se remémorait un bon souvenir.
-"C'est une sacre femme Carole. T'sais, si la prison est tombée c'est en partie d'la faute d'une des gamines. Elle attrapait des rats pour les donner aux mordeurs, c'est pour ça qu'ils se r'groupaient contre la clôture. Elle a tué sa sœur pour qu'elle se transforme. Carole a dû les tuer toutes les deux. C'est Tyreese qu'en a parlé. Bref, elle nous a sauvé."
Elle ne veut pas poser la question mais elle se sent obligée. Il faut qu'elle sache, même si ça finit par lui faire mal.
-"Daryl, est-ce que tu aimes Carole ?"
-"Bien sûr que j'l'aime."
C'est un coup au cœur, comme un éclair qui traverse un ciel d'été, comme la flamme d'un espoir fragile balayé par le vent. Elle ne pleure pas, mais elle sent confusément qu'elle pourrait, si elle se laissait aller. Elle qui n'a pas réussi à verser une larme depuis la mort de sa mère. Elle pensait n'avoir rien laissé paraître, alors elle est surprise quand Daryl se penche en avant et lui saisit le visage, l'obligeant à le regarder dans les yeux.
-"Pas comme ça Beth. Pas comme ça."
Elle ne peut pas parler, il y a une boule encore au fond de sa gorge. Alors elle hoche la tête.
-"Carole c'est… Comme une sœur t'vois. Ou comme c'que ma mère aurait pu être, si elle avait été plus forte. C'est ma famille."
Elle hoche encore la tête alors que Daryl lâche son visage, et sort de la poche de son jean son paquet de cigarette. Il se lève et fait quelques pas pour se poster devant la fenêtre.
-"Tu d'vrais aller t'coucher Beth. Toute façon, j'ai assez parlé pour aujourd'hui. Et j't'ai déjà presque tout dit."
C'est difficile pour la jeune femme de remettre les pieds dans la réalité. Cette soirée, elle a l'impression qu'elle s'est déroulée hors du temps. Elle n'a jamais vu Daryl se laisser approcher aussi facilement, parler autant. Il n'a visiblement eu aucun mal à quitter leur moment, mais elle, peine à faire le lien. Quand elle se lève finalement, ses genoux protestent d'être restés pliés aussi longtemps. Elle hésite un instant à s'approcher de Daryl, mais il ne semble pas faire attention à elle, alors elle monte à l'étage et s'effondre sur le lit parental.
Le matelas est aussi confortable qu'elle l'avait imaginé. Elle s'octroie le luxe de retirer ses chaussures avant de se glisser sous la couette. Ses yeux sont fermés mais elle peine à trouver le sommeil, pourtant elle est épuisée. Ce que Daryl lui a raconté tourne en boucle dans sa tête. Elle repense à son père, a ce qu'il penserait du comportement de Maggie qui ne l'a pas cherché, n'a même pas demandé après elle. A ce qu'il penserait de son propre comportement, de ses actions, de son incapacité à se débrouiller seule. Elle s'est faite capturer, n'a pu aider aucune des personnes de son groupe. Pire, elle a dû être sauvée par Daryl et Carole, qui se sont mis en danger pour elle.
Que dirait son père, s'il savait ce qui agite son cœur et son esprit, quand elle pense à Daryl. Elle se sent bête. Une idiote qui ne s'est pas rendu compte de ses sentiments avant. Car elle l'aime, elle le sait. Mais comment peut elle se laisser ressentir cela alors qu'elle est si indigne de lui. Elle finit par sombrer dans un sommeil agité alors qu'elle est enveloppée par une odeur de tabac épicé.
