Bonjour, chapitre 6 ! Un tout petit peu d'action, ne soyez pas choqué vous êtes prévenu ! Bonne lecture !

C'est la merde. C'est ce que Daryl pense, posté devant une fenêtre dans la chambre occupée par Beth. Il a vue sur la première, et aussi sur la jeune femme qui dors profondément. Il a déjà pensé ça de certaines situations, généralement liées à des mordeurs, mais ce soir il s'agit d'autre chose. En vérité, tout part de lui. Contrarié, il passe la main dans ses cheveux. Il voudrait fumer, mais ce serait la troisième cigarette de la journée, et dans un monde comme celui-ci, qui sait quand il trouvera un nouveau paquet.

La rue est calme. Ça fait maintenant plusieurs heures qu'il est en observation dans la chambre, son quart va bientôt se terminer. Avec Carole, ils ont mis au point un système. Lui veille la première partie de la nuit, il surveille les environs et le repère des deux autres. Dans l'autre groupe, c'est Noah qui prend le premier tour en même temps que Daryl. Sans le savoir bien sûr. De cette façon, il peu aussi surveiller si le gamin sort pour s'enfuir ou rencontrer des gens. Ensuite c'est Carole qui reprendra la surveillance, pour eux tous. Ils ont décidé de laisser Beth dormir, au moins au début, il n'y a qu'à voir son visage pour savoir qu'elle a besoin de sommeil.

Beth. Cette situation avec elle pue la merde. Ça n'a rien à voir avec elle, mais tout à voir avec ce que Daryl ressent à son contact. Elle est merveilleuse. Belle, forte, maligne. Attirante. Depuis qu'il l'a retrouvé, par un putain de hasard, il ne peut plus la quitter des yeux. C'est une putain de flamme et lui, comme un con, il n'a qu'une envie: s'y brûler.

Quand il l'a vu escalader la fenêtre de la façade ouest du Grady, pour se laisser tomber dans le vide suspendu par un drap, il n'a pas pu la quitter des yeux. Dans le cours laps de temps où il la regardait, alors qu'elle venait de se laisser tomber, il a tout remarqué. Ses cheveux blonds lumineux qui ont poussé, pouvoir y passer la main ce soir a été un vrai plaisir, son visage, son corps, amaigri et si pâle. Elle n'a jamais été bronzée, mais avant sa peau claire était le témoin de sa bonne santé, maintenant elle est presque maigre et il a parfois peur qu'elle se brise.

Et puis il y a ses yeux. Ses grands yeux bleus profond. Il a toujours pu lire dans son regard. Sa peur, sa méfiance, son jugement au début à la ferme. Sa tristesse, sa détresse, quand cet enfoiré de Shane a ouvert les portes de la grange pour faire un carton. Puis la joie à la prison, le retour d'un peu d'espoir. Ensuite il y a eu l'après. Il n'osait pas lire ce qui passait dans ses yeux. Maintenant il ne le veut toujours pas, mais c'est comme ci tout jaillissait. Et Daryl ne peut pas s'empêcher d'aimer ça, même s'il sait que c'est mal.

Dans la rue, il aperçoit Carole qui est sortie sur le perron. Elle fait mine d'inspecter les alentours, mais c'est un signal pour Daryl. Elle lui dit "Tout va bien tu peux te reposer". Il voudrait pouvoir sortir et parler avec elle, mais il ne peut pas. Il ne peut pas encore être certain qu'ils ne sont pas en danger. Il se détourne pour reporter son attention sur sa compagne. Il meurt d'envie de la rejoindre dans le lit, de s'étendre à ses côtés et de s'endormir bercé par le bruit de sa respiration. Il ne le ferra pas.

Descendant au rez-de chaussé, il s'allonge sur le canapé fleuri du salon. Il est confortable mais l'homme peine à trouver le sommeil. Il s'inquiète. Pour leurs situation, séparé du groupe, de tout aide ou de tout endroit sûr en cas de problèmes. Surtout il s'inquiète pour Beth. Il sait qu'il s'est passé quelque chose, ou plusieurs choses, au Grady qui ont transformé la jeune fille. Ça le met en colère. Il a le sentiment d'avoir échoué, et il déteste ressentir ça, ça le ramène à son ancienne vie. Il finit par plongé dans un sommeil lège, peuplé des rires moqueur de Merle, et des cris de son père menaçant de lui mette une branlé pour être aussi incapable.

Quand il se réveille, le soleil pointe tout juste. Il monte voir Beth qui dort toujours, avant de passer par la salle de bain pour se nettoyer. Il regroupe ensuite leurs affaires, avant de sortir dans la cour. Puisque Beth a trouvé des légumes hier, il n'y a pas de raison qu'il ne trouve pas de fruit. Il y a un pommier qui pousse dans la cour à côté, mais les branches de l'arbre tombent du bon côté et Daryl peut en récupérer un peu.

En revenant dans la maison il entend Beth qui se déplace à l'étage, alors il se positionne de nouveau devant la fenêtre donnant dans la rue. Carole et Noah ne devraient plus tarder à partir.

-"Bonjour !"

Il se contente d'un grognement pour répondre à la jeune fille. Elle semble joyeuse et reposée. Il lui tend une pomme et retourne à son observation. Il doit se faire violence, ce n'est pas ce qu'il voudrait faire. S'il s'écoutait, Daryl aurait attiré Beth dans ses bras et l'aurait couverte de baiser. Il ne s'étonne même plus de ses envies qui lui semblent tellement différentes de ce qu'il était avant, et de ce qu'il pense être maintenant. Pourtant elles sont là, entièrement focalisées sur Beth. Mais il doit les réprimer.

-"Tu surveilles Carole et Noah ?"

En posant la question elle s'approche, son épaule frôlant le bras de l'homme dans un geste inconscient.

-"Tu as dormi au moins ?"

-"Ouais."

Elle ne semble pas se formaliser de sa réponse laconique, croquant tranquillement dans le fruit qu'il lui a donné plus tôt. Il croise les bras sur son torse pour s'empêcher de poser la main sur sa taille. C'est un combat de tous les instants pour se tenir éloigné de la jeune fille. Carole et le garçon qui sortent de la maison, sac sur le dos et arme sur l'épaule pour la femme, est une bonne distraction. Ils les regardent se fondre entre les maisons pour contourner la ville, et rejoindre la route qui leur fera faire des détours pour arriver jusqu'à leur prochain point de rendez- vous. Daryl laisse passer environ quinze minutes avant de déclarer.

-"Allez on s'bouge."

Beth ne proteste pas, enfilant son sac à dos et saisissant un couteau que Daryl lui a donné pour le voyage. Ils commencent par repasser dans la maison que leurs compagnons ont occupée cette nuit. Sur la table de la cuisine, là où ils avaient déposé le lapin la veille, se trouve un mot.

Nous allons bien. Rien à signaler sur la route. Noah n'était pas très satisfait de ne pas trouver Beth mais j'ai réussi à le calmer. Le lapin était très bon. A dans deux jours.

Carole

Daryl sourit, satisfait, avant de tendre le mot a Beth.

-"Pourquoi : a dans deux jours?"

-"Par ce qu'on s'retrouve dans deux jours."

-"Comment ça ? Je croyais qu'on se retrouvait tous les soirs comme hier soir. C'était pas ça le plan? Et on se retrouve, ça veut dire quoi ? Définitivement ? dans des endroits séparés? Daryl ! Je te parle !"

L'homme ne l'écoute pas et a déjà commencé à prendre la route. Il regarde sa copie de la carte qu'ils ont élaborée avec Carole, avant de se mettre en route, prenant la même direction que celle prise précédemment par Carole et Noah, mais se rapprochant de la forêt.

-"Daryl !"

Il ne se retourne pas, mais il entend Beth le rattraper en courant. Elle doit être en colère parce qu'elle ne dit plus un mot pendant plusieurs kilomètres. Il se laisse envahir par les odeurs, les bruits de la nature. Ça l'a toujours calmé, et ça depuis qu'il s'est perdu dans la forêt quand il était gosse. Chasser aussi l'aide à se recentrer. Alors quand il aperçoit un écureuil descendre d'un arbre, il tire presque avant même de s'en rendre compte. Il récupère sa flèche et l'animal avant de se remettre en marche.

Le soleil a continué sa course, et Daryl profite d'une troué dans les arbres pour évaluer le temps qui est passé, et la distance parcourue. Ils sont dans les temps. Les températures ont baissé par rapport à hier, et ils marchent vite pour se maintenir au chaud. Comme ils ne parlent toujours pas, ils entendent le groupe de rôdeur bien avant de le voir. Ou plutôt, il entend. Beth est visiblement plongée dans ses pensées, alors il est obligé de l'attraper par le bras et de la plaquer contre un arbre, tout en couvrant sa bouche avec sa main. C'est comme une répétition de ce qu'il ont vécu les premiers jours après la prison, quand la jeune fille voulait trouver un endroit où se saouler.

Maintenant comme a l'époque, il est terriblement conscient du corps de la jeune femme pressé contre le sien. C'est un délice autant qu'une torture. Beth sent bon, un mélange de propre et un parfum bien à elle, un peu sucré, qui donne à Daryl des envies qu'il ne peut pas se permettre. Ses fins cheveux blond, ceux qui se sont échappés de sa queue de cheval, viennent chatouiller le visage de l'homme. Lentement, il retire sa main de la bouche de Beth pour les remettre en place.

Il sait qu'elle le regarde, mais lui garde son attention rivée sur les mordeurs, qui passent à quelques mètres d'eux sans les voir. S'il la regarde, il sait qu'il va faire une connerie. Il n'est qu'un homme putain. Une fois la menace éloignée, il se détache et c'est presque trop violent. Il reprend la marche avant que la jeune fille n'ait pu lui saisir le bras, comme elle en avait l'intention. Il ne peut pas la laisser le toucher, pas maintenant.

Il n'a pas fait attention aux deux retardataires qui foncent sur lui dès qu'il bouge. Trop tard pour utiliser ses flèches, il plante son couteau dans la tête du premier et va en faire autant pour le second, mais Beth est plus rapide. Elle y met tellement de violence que quand elle retire son arme du crâne en décomposition, quelques bouts de chair et de cervelles éclabousse son visage et ses cheveux. Elle fait une grimace dégoûtée qui fait presque sourire l'homme. Il se détourne avant pour reprendre la route.

Au bout d'un moment, il remarque que même si elle reste dans son champ de vision, Beth s'éloigne de lui. Au début, il pense qu'elle veut s'isoler pour se soulager, mais il finit par saisir. Elle se tient éloignée de lui, de son attitude froide et blessante. Il sert les poings de frustration. Il a envie de tout casser, de crier, de l'attraper et de ne plus jamais la laisser partir. Mais il ne peut pas faire ça. N'est ce pas ?

Il va bientôt être midi quand ils tombent sur une petite cabane en bois. Encore une. Identique à celle qu'ils ont fait brûler après la prison, mais tellement différente aussi. L'intérieur est dépourvu de toute décoration de mauvais goût, même ils trouvent des magazines porno. Tout est sale et a déjà visiblement été pillé. Dans un cabanon à l'arrière, le nécessaire pour distiller de l'alcool, mais tout a déjà été vidé.

Ils font quand même une pause, profitant de l'eau qu'ils tirent d'une pompe extérieure pour se désaltérer, et remplir leurs bouteilles. Ils se partagent une conserve, toujours dans le silence. Et alors que plus tôt Daryl l'appréciait, il commence à devenir insupportable. La voix de Beth lui manque. Il doit reconnaître qu'il s'est comporté comme un con. La jeune femme ne mérite pas de subir son caractère.

-"J'me suis comporté comme un con."

Elle se tourne vers lui, surprise, l'observant de ses putains d' yeux bleus. Pendant un temps elle ne dit rien, et Daryl est incapable de s'excuser plus, ce qu'il trouve minable. Il n'a même pas les couilles d'assumer son comportement. Puis elle lui sourit, quelque chose de lumineux qui le réchauffe de l'intérieur, avant de hausser les épaules.

-"Ce ne sont pas vraiment des excuses Mr Dixon, mais disons que ça suffira et que je les accepte."

Elle cogne son épaule avec la sienne pour appuyer sa taquinerie, alors il lui rend le geste et elle éclate de rire. Il sait qu'il ne doit pas s'approcher trop près d'elle, mais il a compris aussi que s'il persiste à la repousser, elle va s'éloigner et il va la perdre. Une chose qu'il ne peut foutrement pas accepter. Il est fort, il peut gérer sa putain d'obsetion perverse pour Beth sans avoir a la blesser et a la tenir loin de lui.

Quand ils reprennent la route, le silence règne encore entre eux, mais il n'est plus lourd ni chargé de ressentiment. Parfois Beth fait une remarque, ou sourit quand Daryl lui montre quelque chose, souvent une petite scène de la nature à laquelle elle n'aurait pas prêté attention, s'il ne lui avait pas pointé du doigt.

Il y a aussi la main de la jeune fille qui frôle la sienne à l'occasion. Rien de trop appuyé, ca pourrait presque passer pour un accident, car ils marchent côte à côte. Mais il sait que ce n'est pas le cas, car Beth lui jette des petit coup d'œil a chaque fois. Il fait de son mieux pour tout ignorer. Il ne peut pas se permettre d'apporter à la jeune fille l' attention et le réconfort qu'elle semble lui demander.

Ils marchent longtemps, et font encore une pause, le long d'une route. Daryl essaie d'éviter les grands axes, c'est là que se trouvent les véhicules, mais c'est aussi là qu'ils ont le plus de chance de rencontrer des gens. Il ne veut pas mettre Beth en danger. La seule personne pour qui il a ressenti cet attachement aussi fort c'est son frère Merle, et personne ne peux dire que ce n'était pas réciproque. Il avait ses défauts, mais il a toujours essayé de protéger Daryl.

La moitié de l'après- midi est passée quand ils aperçoivent une cabane près d'un lac, qui pourrait leur offrir un beau point de chute pour cette nuit. Construite en rondin de bois épais, un vaste espace a été défriché autour. Il a dû y avoir des aménagements faits pour embellir l'extérieur, mais le temps et le manque d'entretien ont tout fait disparaître. Une volée de marche donne accès à une petite terrasse, entourée par une rambarde de style rustique. La porte a l'air solide et il y a de lourds volets en bois pour fermer les fenêtres. Pour Daryl c'est l'endroit parfait.

A en juger par les trépignements de joie de Beth, c'est aussi l'endroit parfois pour elle. Elle sourit timidement en le regardant, attendant visiblement son accord. Il lui donne, avec un petit sourire et un mouvement de tête.

Ils restent prudents, vérifiant l'intérieur en regardant par la fenêtre et en tapant contre la porte. Tout est vide. Parfois Daryl se demande ce qui est arrivé aux propriétaires de tels endroits. C'est un bon lieu pour résister aux mordeurs et pour mener sa petite vie, pourvu qu'on le protège un peu.

L'intérieur est poussiéreux, composé d'une vaste et unique pièce dont les murs, le sol, et la plupart des meubles sont en bois. Une cheminée centrale en pierre permet de délimiter les espaces. Il y a un étage, juste une petite mezzanine, où ils trouvent un lit et une armoire renfermant du linge de lit. Au rez-de chassé, la seule et unique pièce fermée donne sur une salle de douche sommaire.

Beth fait le tour avec enthousiasme, pendant que Daryl tend plusieurs rangées de fils de fer en travers de l'escalier menant à la terrasse. Il y accroche des boîtes de conserve, et d'autres petits objets, destinés à les alerter en cas d'approche de rôdeurs. Soudain la jeune fille pousse une exclamation sonore.

-"Daryl ! Il y a de l'eau courante !"

Il secoue la tête, son cri ayant accéléré les battements de son cœur pendant un court instant. Puis elle complète, visiblement extatique.

-"Il y a de l'eau chaude !"

Il ne peut pas s'en empêcher, il rit. Quand il rentre et voit le visage de la jeune fille, son amusement redouble. Elle s'approche, lui frappant doucement le bras en faisant la moue.

-"Ne te moque pas ! Je n'aurais jamais pensé pouvoir prendre une douche chaude dans une cabane au milieu de la forêt ! Comment c'est possible ?"

-"J'ai vu un panneau solaire sur l'toit. Y doit p't'être même y avoir du courant. Et pour l'eau, les endroits comme ça on souvent un puits souterrain pas loin."

Il ne peut pas s'en empêcher, la voir si heureuse juste devant lui lui noue les tripes, et lui donne des fourmis au bout des doigts. Doucement sa main se lève, et il caresse l'arrondi de la joue de la jeune fille. Il voit ses yeux bleus s'écarquiller avant qu'elle ne les ferme pour nicher son visage contre sa paume. C'est de nouveau là, cette envie, ce besoin. Alors il s'éloigne, regarde autour de lui pour trouver une excuse, avant de déclarer le regard fuyant.

-"J'ai posé les alarmes. J'vais faire un tour, voir si j'peux trouver autre chose qu'un écureuil."

Il a l'impression tenace qu'il fuit, et finalement, il réalise que c'est ce qu'il fait. Il fuit Beth et ce qu'elle lui fait ressentir, comme un lapin détale devant un chasseur. Une fois dehors, il respire mieux. Il fait rapidement le tour pour repérer les traces intéressantes. Il n'a pas besoin de chasser quelque chose de gros, ils ne sont que deux et ils ont déjà suffisamment à porter. Il finit par découvrir les traces d'un faisan. Il n'en a pas chassé beaucoup, c'est plus dur a trouver, et il faut souvent être discret. Il n'est pas peu fière une heure plus tard, quand il accroche la bête à plume à sa ceinture. Il l'a vidé de son sang et de ses viscères sur place, pour éviter d'attirer des rongeurs près de la cabane. Il ne reste plus qu'à le plumer. Sur le chemin du retour, il ramasse quelques branches qu'il devrait pouvoir tailler. Avec les plumes il obtiendra des flèches tout à fait correctes pour son arbalète.

Quand il rentre, Beth à allumé un feu dans la cheminée et il fait bon dans la pièce. Comme il le pensait, il y a suffisamment d'électricité pour faire fonctionner l'éclairage. Pendant son absence, la jeune fille a commencé à préparer le repas. Elle a aussi fait basculer le matelas de l'étage en bas pour l'installer non loin du feu, et en fait un petit nid douillet. Daryl approuve, la nuit promet d'être fraîche et ils seront mieux près du foyer. Visiblement elle a aussi profité de l'eau chaude de la douche, puisque ses cheveux sont mouillés et elle s'est changée. Il aperçoit ses vêtements salie par le combat contre les rôdeurs en train de sécher non loin de l'âtre.

-"Ne t'inquiète pas ! Je t'ai laissé de l'eau chaude, même si tu ne mérite pas !"

Il s'approche et lui pince gentiment le bras, avant de lui tendre l'écureuil et le faisan.

-"Tu sauras t'en occuper ? J'voudrais garder les plumes."

-"Oui pas de problème, je suis une fille de ferme je te rappelle, ce ne sera pas la première bête que je plume."

-"Bien, j'vais aller voir c'que tu m'as laissé comme eau chaude alors."

Pendant que Beth se met au travail sur la table de la cuisine, il fait le tour et ferme les volets. Il teste les accroches, mais tout semble solide, alors il part vers la douche serein.

-"Attends Daryl ! Tu veux que je te lave tes vêtements ? J'ai gardé l'eau que j'ai utilise pour moi"

-"Ouais j'veux bien. Mais j'peux le faire après, t'es pas obligée."

Il ne sait pas d'où ça vient exactement, mais il a toujours détesté qu'on lui fasse sa lessive. A la prison personne ne comprenait qu'il ne laisse pas les femmes s'occuper de son linge. Il sait que la plupart des gens s'imaginaient qu'il ne lavait pas ses vêtements, et le prenait pour un rustre dégoûtant. Alors qu'il se contentait de s'occuper lui-même de ses frusques. Mais il est évident qu'ils n'auront pas forcément l'occasion a chaque fois de faire la lessive et de profiter d'autant de confort que maintenant.

-"C'est bon, je peux le faire ça ne me dérange pas. Laisse tout devant la porte de la salle de bain."

Elle ne le regarde même pas, occupée a arraché les plumes de la pauvre bestiole qu'il a tué plus tôt, mais il devine son sourire et la douceur de son regard. Une fois nu dans la salle de bain, il entrouvre la porte pour pousser ses vêtements sale en boule à l'extérieur. Ensuite, il profite de l'eau chaude.

Ce n'est pas une chose qui lui manque. S'il devait comparer, il a bien plus souvent envie de manger un burger et des frites que de prendre une douche chaude. Mais quand c'est là, il ne va pas faire le difficile. Il en profite cependant pour tailler sa barbe, activité beaucoup plus agréable avec de l'eau chaude, grâce une lame de barbier qu'il garde normalement dans une poche de pantalon, au cas où. Il coupe aussi le bout de ses cheveux comme il peut. Ça reste long, mais un peu moins, et ça ne le gêne plus dans sa vision. En sortant, il est enveloppé par l'odeur de la viande en train de rôtir.

-"J'ai trouvé des herbes aromatiques séchées dans les placard, j'en ai mis sur la viande, je me suis dit que ca changerais."

-"Bah en tous cas ça sent bon."

Il remarque qu'elle s'est arrêtée alors qu'elle frotte son linge et le dévisage.

-"Quoi ?"

Son ton est un peu agressif, il s'en rend compte avant même que le mot n'ait fini de passer ses lèvres. Chez lui c'est comme un putain de réflexe, pourtant il sait qu'avec Beth il n'a pas besoin de se protéger autant. Ou peut-être que si ? En tout cas, après ça elle détourne la tête, se concentrant sur sa tâche en rougissant.

-"Rien. C'est juste que tu t'es rasé et… Tu as coupé tes cheveux ? C'est la première fois que je te vois comme ça."

Il se sent mal à l'aise, et doit lutter pour ne pas partir. Personne n'a jamais remarqué qu'il se coupait les cheveux de temps en temps. Il se frotte la nuque et va s'installer près du feu, loin du champ de vision de Beth.

-"Ouais, faut le faire de temps en temps. C'pas artistique ou très droit, mais ça m'suffit pour pas être emmerdé. J'le f'sait déjà à la prison."

-"Je n'avais jamais remarqué."

Elle souffle ça comme si elle était désolée. Daryl sent sa peau devenir comme trop petite pour lui. Il ressent ça, quand il ne sait pas comment réagir et qu'il y a plusieurs émotions qui s'affrontent en lui, mais qu'il ne sait pas laquelle laisser sortir. Souvent ça se termine en une explosion et quelque chose d'irréfléchit. Cette fois il ne peut pas se le permettre, il a déjà été un con ce matin, il ne va pas recommencer ce soir.

Il finit par se perdre dans le mouvement des flammes. La chaleur lui brûle presque la peau, mais c'est agréable, beaucoup plus supportable qu'une brûlure de cigarette. C'est la petite main de Beth posée sur son épaule qui le ramène à la réalité. Il est parcouru par un frisson, et l'envie de saisir cette main, pour attirer la jeune fille sur ses genoux et l'enlacer. Bien sûr il ne se laisse pas aller, et se contente de se dégager sous couvert de se redresser. Il pense qu'elle n'est pas dupe mais elle ne dit rien et ne semble pas triste.

-"Je pense que c'est cuit Daryl."

Elle a raison, il ne s'en est même pas rendu compte. Il saisit la viande rôtie et la casserole de haricot en boite qui mijotait, pour emmener le tout a table. Beth y a déjà installé de la vaisselle, des assiettes et des tasses en métal, comme ceux qu'on voit dans le vieux western. Il y a des cuillères en guise de couvert. Ils s'en servent pour manger les haricots en sauce, mais la viande, Daryl la mange avec les doigts, et la jeune fille finit par l'imiter.

-"A la maison je n'avais pas le droit de manger avec les doigts. Ma mère disait que c'était mal élevé pour une fille."

Beth est amusée par son anecdote, alors il l'est aussi.

-"Moi, y avait personne pour m'dire comment manger. T'façon, souvent y avait plus d'couverts. J'sais pas c'que mon vieux en f'sait mais ça disparaissait. Quand elle était encore en vie, et qu'elle s'en rendait compte, ma mère piquait des crises et elle en rachetait."

Il ne dit pas qu'après la mort de sa mère, personne ne se souciait de savoir s'il y avait des couverts à la maison.

-"T'façon c'est meilleur avec les doigts !"

Beth pouffe en regardant ses mains grasses et son morceaux de viande.

-"Oui, c'est vrai."

Ce que Daryl n'a pas prévu, c'est qu'elle finit par se lécher les doigts, comme lui l'a déjà fait de nombreuses fois. Heureusement le repas est fini, alors il prend le prétexte de faire la vaisselle pour se détourner vite fait. Quand elle fait mine de protester il décrète.

-"T'as fais la bouffe. J'fais la vaisselle."

Elle se rend en souriant, et va s'installer sur le matelas près du feu. Elle tire vers elle une marmite dans laquelle elle a mis les plumes du faisan, et elle commence à les tirer soigneusement, écartant le duvet et celles qui ont été abîmées.

Nettoyer ne prend pas beaucoup de temps, mais ça suffit à Daryl pour faire redescendre la pression. Sentir son sexe réagir aussi vite et aussi violemment, devant une action aussi anodine l'a fait paniquer. Il se sent encore plus dégoûtant, Beth est une gamine, elle a tout juste… Quoi dix huit, dix neuf ans ? Il n'est plus très sûr, mais ce dont il est certain, c'est qu'elle est bien trop jeune et bien trop bien pour un mec comme lui. Il a 34 ans merde. Il a honte quand il pense au genre de regard que Herschel ou Rick pourraient lui jeter, s'ils savaient les pensés qui lui traverse l'esprit quand il regarde Beth, assise à la lueur des flammes.

Sans parler de la différence d'âge, il est trop sombre pour elle. Il a vu et il a compris les regards qu'elle lui lance parfois, mais elle est trop innocente, elle n'a sûrement qu'une vague idée de ce qu'un homme comme lui attend d'une partie de jambe en l'air. Parce que si quelque chose se passait entre eux, ça ne pourrait être que ça. De l' il ne pourrait être quelque chose de durable pour la jeune fille, il ne saurait pas comment faire, sans parler de le mériter.

Une fois calmé et ramené sur terre par ses propres arguments, il finit par s'installer près de la jeune fille. Elle fait du bon travail avec les plumes, alors il lui donne un bout de tissu pour qu'elle puisse les envelopper quand elle aura fini. Ce sera plus pratique pour le transport. Quant à lui, il commence à tailler les branches de bois qu'il a ramené plus tôt. Ils travaillent un moment en silence, avant que Beth ne tienne plus. Ça le fait sourire parce qu'elle ne reste jamais très longtemps sans prononcer un mot. Sauf quand elle fait la tête, pense t'il en grimaçant.

-"Tu ne m'a pas dit ce qu'il s'est passé après le sanctuaire."

-"Pas grand chose. On a marché. A un moment on a entendu quelqu'un crier. Rick s'est précipité. C'tait un curé. Il avait passé tout c'temps enfermé dans son église, a bouffer des boites de conserves qu'avaient été collecté un peu avant, pour un truc humanitaire ou j'sais pas quoi. A un moment, on est sorti avec Carole pour chercher d'l'eau. J'ai vu une bagnole avec une croix, le même genre qui t'avait enlevé, alors on l'a suivi. On a trouvé l'gamin, ou plutot c'est lui qui nous a trouvé. On était en mission de r'pérage quand on t'a vu jouer les filles de l'air. Voilà. "

Elle hoche la tête et Daryl sent son épaule s'appuyer doucement contre la sienne. Il ne se dégage pas, parce qu'il devine qu'elle a besoin d'un peu de réconfort. Ils ont continué, sans elle, et hormis Daryl, personne ne croyait à sa survie. C'est dur de réaliser que les membres de son groupe ne la voyait que comme une petite fille sans réelle utilité, incapable de se débrouiller seule. Mais lui savait, ou du moins espérait la revoir un jour, et il est parti à sa recherche sans hésitation quand il a vu une piste se dessiner. Parce qu'il a vécu avec elle pendant une semaine. Une petite semaine, qui lui a suffit pour voir qu'elle est plus qu'une jolie fille un peu trop naïve.

-"et d'ton côté ?"

Il prend bien soin de moduler son ton, pour ne pas paraître trop insistant. Il ne sait pas exactement comment c'était au Grady, mais pour que Beth se retrouve à s'enfuir par une aile infesté de mordeur, pour finir par sauter par une fenêtre, ça ne devait pas être une partie de plaisir. Pourtant il ne veut pas l'obliger à en parler. Il sait que certaines expériences ne peuvent être évoquées que quand on en a cicatrisé, et que parfois, ça n'arrive jamais. Il ne veut pas non plus qu'elle pense qu'elle ne peut pas lui parler.

-"C'était… C'était… Pire que les mordeurs. Pire que la ferme. Pire que l'attaque de la prison. Je ne pouvais rien faire."

Elle chuchote, comme si ce qu'elle avait vécu était un secret. Il s'attend presque à la voir fondre en larme tant sa voix contient de la douleur, même s'il sait que ça fait longtemps qu'elle ne pleure plus. Mais elle reste forte, se redresse et souffle un peu, avant de reprendre. Daryl ressent presque une douleur physique de na pas pouvoir l'aider.

-"Il y avait un médecin là- bas. Des policiers. Et des patients. Les policiers amenaient les gens blessés, ou errants, en disant qu'ils leur venait en aide. Une fois soignés, ils devaient rester au Grady, parce que le médecin avait utilisé des médicaments pour eux, que les policiers s'étaient mis en danger pour les sauver, ou leur fournir de la nourriture. Alors les gens devaient rester, sous prétexte de rembourser leurs dettes. En fait, ils en faisaient des esclaves à leur service. Je sais que quand ils trouvaient une personne qui pourrait faire de la résistance, il la tuait. C'est ce qui est arrivé au père de Noah."

La voix de Beth est monté, il sent comme la situation la révoltait et la révolte toujours quand elle y pense.

-"J'ai tué un homme là- bas, parce que j'ai laissé le Dr Edwards se servir de moi. Il m'a dit d'injecter le mauvais médicament et ça l'a tué. Noah s'est fait battre pour me protéger. Avant ça j'avais du aider ce même médecin, a amputer une femme qui s'était fait mordre en essayant de s'enfuir, après avoir été violé."

Daryl sent tout son corps se tendre et sa colère monter. Il aimerait pouvoir jurer que si quelqu'un a fait du mal a Beth il retournera le tuer, mais il sait qu'il y a peu de chance que ça arrive, parce que quand ils rejoindront le groupe, ils devront avancer, pas retourner sur leurs pas pour une vengeance. Il pourrait aussi décider d'y retourner seul, aussi dangereux que ça puisse être, ce qui signifierait aussi abandonner la jeune fille encore une fois. Il ne peut pas faire ça. Il se sent impuissant et ça l'enrage.

-"Tout le monde faisait semblant d'être gentil, mais ils étaient tous prêts à se servir de toi pour sauver leur peau. Noah est vite devenu mon seul allié pour essayer de sortir de la. Dawn Lerner, celle qui commandait la bas, elle l'aimait bien, c' était son… Je ne sais même pas. Elle ne m'aimait pas beaucoup. Quand on s'est enfui la première fois, j'ai volé les clés dans le bureau de Lerner. Il y avait Joan, la fille qui avait été amputé. Elle s'était suicidée."

Elle se presse un peu plus contre lui, posant sa tête sur son épaule. Il ne dit rien, ne bouge pas. Il la laisse faire.

-"Tu sais, j'ai essayé de piéger un des hommes de Lerner. Gorman, celui à qui j'ai pris le bras pour m'échapper. Je l'ai envoyé dans le bureau avec Joan qui allait bientôt se transformer. C'est lui qui l'avait violée alors je trouvais que c'était un juste retour des choses. Ça n'a pas marché. C'est quelqu'un d'autre qui a été mordu, mais je ne m'en suis même pas voulu. J'ai juste regretté que ça n'ait pas été Gorman. Et j'étais contente que Noah ait pu s'enfuir, même si moi je n'ai pas réussi. Parce que ça faisait bien chier Lerner. Tu crois que je suis un monstre ?"

Elle tourne son petit visage vers celui de Daryl et il doit faire un très gros effort. Mais il réussit.

-"Non Beth. T'as rien d'un monstre."

Elle semble soulagée, et il se demande qui au sein du Grady a pu bousiller l'image qu'elle avait d'elle-même. Elle se réinstalle, passant ses bras autour de celui de Daryl, l'enlaçant sans pour autant restreindre les mouvements de l'homme.

-"Lerner était folle de rage que Noah ait pu s'échapper. Elle m'a battu pour me punir, mais ça n'a pas laissé de marque."

-"Elle t'as battu ? Avec quoi ?

Il ne reconnaît pas sa propre voie quand elle sort, basse et grondante. De colère il sert les poings et brise la flèche presque terminée qu'il a dans la main. Beth lui frotte doucement le biceps, le visage inquiet et il se force à se détendre avant de reprendre une autre branche et commencer à la tailler. Elle reprend.

-"Avec sa ceinture. J'ai pensé a toi a ce moment la. J'ai vu ton dos un soir quand on était ensemble après la prison. Je me suis dis que tu avais souffert bien plus que moi, pour avoir des cicatrices comme ça, et que moi je devais tenir aussi, pour être aussi forte que toi."

Habituellement, il n'aime pas parler de son dos et des sévices que son père lui a fait subir. Mais avec Beth c'est différent.

-"T'étais déjà forte Beth et tu l'es toujours. T'es plein d'choses que j'peux pas dire. Faut pas qu't'en doute."

Elle sourit un peu, mais ce sont surtout ses yeux qui s'illuminent. Ça a demandé beaucoup d'effort à Daryl de dire ça, de s'ouvrir, mais il ne le regrette pas.

-"Après… Le temps a passé. Lerner me gardait souvent près d'elle pour nettoyer. Elle me parlait beaucoup, elle essayait de justifier les choses qu'elle laissait faire. Le Dr Edwards me demandait aussi souvent de l'aider. Ils faisaient ça pour que Gorman et ses amis ne puissent pas me coincer. Gorman voulait me violer, il avait l'habitude de faire ça et ses amis regardaient. Ou se moquait après. Il a failli réussir."

Le ton de la jeune femme est presque joyeux quand elle en parle, et Daryl se sent devenir nauséeux.

-"Il t'as touché ?"

-"Oui. Il a touché ma poitrine, mes fesses. Il m'a embrassé. Ce n'était pas… Je… je me suis défendu tu sais! Bref, ce n'est pas grave !"

-"Dis pas ça Beth. N'en parle pas comme ça. Tu vas m'rendre fou."

La voie de l'homme n'est qu'un souffle désespéré, pourtant Beth rit et se serre un peu plus fort contre lui. Il ne sait pas ce qui se passe dans sa tête blonde, mais il est certain que malgré son air détaché, elle n'est pas sortie indemne de cet épisode.

-"Ils ont été envoyés en mission, c'est ça qui m'a sauvé. Et quand ils sont revenus, l'occasion était passée. Plus tard, Gorman a été mordu et on a dû l'amputer. Lerner m'a ordonné de rester veiller sur lui, alors j'ai profité que tout le monde dormais pour m'enfuir. Je suis passé par l'ancienne sortie de secours. Elle était bloquée par une chaîne mais je pouvais passer. Ensuite j'ai évité les mordeurs, et vous m'avez trouvé. Voila."

L'histoire est simple et pourtant, il sent que Beth cache beaucoup de choses. Des traumatismes qui sortiront un jour, il le sait, question traumatisme il a été servi lui aussi.

-"T'a été courageuse Beth. Maligne."

Il s'arrête. Il ne sait pas quoi dire de plus, les mots n'ont jamais été son fort. Il a abandonné la fabrication de flèche quand il en a cassé une seconde, durant le récit de Beth. Alors il se tourne vers elle, pour essayer de lui faire passer tout ce qu'il n'est pas capable de dire. Il est certain qu'elle peut lire dans ses yeux ce qui n'est pas sorti.

Jusqu'à maintenant, le visage de Beth est resté souriant, presque comme si elle racontait un bon souvenir, pourtant il devient plus grave tandis qu'ils se regardent. Elle humecte ses lèvres en baissant les yeux. Daryl sait que ce qu'elle va lui dire est important.

-"Quand Gorman m'a… Touché. Il m'a embrassé. Il a mis sa langue dans ma bouche. J'avais déjà embrassé Jimmy, mais ce n'était pas pareil. La, c'était dégoûtant. Parfois… J'ai encore la sensation."

Elle parle et se frotte la bouche, comme pour effacer le souvenir. Pendant un instant Daryl est perdu. Il contemple cette fille devant lui, si petite, si mince, si belle, qui doute de sa force et de sa valeur. Puis il sait. Ses mains se posent de chaque côté de son joli visage qu'il relève doucement.

-"Beth. J'vais t'embrasser. Dis moi si tu veux pas. D'accord ?"

Il attend un moment. Un moment très long pour lui, mais il veut s'assurer qu'elle comprend bien et qu'elle est ok. C'est une torture, parce qu'a l'instant ou il a décidé d'embrasser Beth, c'est devenu un besoin plus impérieux que de respirer. Elle le fixe, ses pupilles bleu devenus sombres. Puis enfin, elle ferme les yeux et tend ses lèvres vers celle de Daryl. Alors il n'attend pas plus.

Il voit qu'elle retient son souffle et se tend, quand il se penche vers elle. Ses lèvres touchent celles douces et fines de Beth. C'est d'abord un effleurement, juste une caresse. Il se fait violence pour être délicat et pour offrir le meilleur baiser qu'il peut a la jeune femme. Ses baisers sont habituellement rares et beaucoup plus passionnés. Il s'écarte un instant, avant de revenir, doucement encore mais de façon plus appuyé. Cette fois-ci, il perçoit les contours de la bouche de Beth contre la sienne, il en apprécie la forme et la texture.

Il la sent poser ses mains contre sa poitrine, timidement, et il craint un instant que ce ne soit pour le repousser. Mais ce n'est pas le cas, alors il continue de l'embrasser. Il est contraint de s'écarter un peu, parce que depuis le début Beth retient sa respiration. Elle ouvre un peu les yeux et le regarde perdu.

-"Respire Beth. T'peux respirer en embrassant."

Elle rougit, son visage et son cou se couvrant d'une jolie couleur rose. Il n'attend pas plus pour plonger à nouveau sur sa bouche. Cette fois-ci, ce sera un vrai baiser. Avec son pouce, il appuie doucement sur le menton de la jeune fille, tandis que sa langue pointe et lèche ses lèvres pour les lui faire ouvrir. Elle comprend sa demande, et quand enfin la langue de Daryl pénètre dans la bouche de Beth en rencontrant son homologue, c'est comme une explosion. Il sait qu'il ne pourra plus jamais oublier cette chaleur, cette douceur, et ce goût.

Il espère très fort que l'expérience est aussi agréable pour elle que pour lui, parce qu'il ne veut jamais arrêter. Pourtant la simple idée qu'elle n'aime pas, qu'il est peut être en train de la forcer comme cet autre homme, suffit à le faire se décoller pour vérifier qu'elle va bien.

Ses yeux sont voilés de plaisir, il peut le voir quand elle soulève ses paupières. Sa bouche est encore ouverte, ne demandant qu'à être embrassée. S'il avait un doute, il lui suffit d'entendre son gémissement demandeur et de sentir ses mains se refermer sur son tee shirt, l'attirant vers elle, pour être convaincu.

Embrasser Beth une seconde fois est encore meilleur, parce qu'elle commence à participer au baiser. Sa langue participe, découvrant à son tour. L'expérience semble lui plaire parce qu'elle se presse un peu plus contre lui. Avant de soudainement rompre le baiser pour se redresser, s'installer sur les genoux de Daryl, saisir son visage entre ses mains, et reprendre le baiser.

Bien loin de protester, il se laisse faire. Il hésite un peu, mais finit par poser délicatement ses mains sur les hanches de la jeune fille. Il s'autorise à caresser la fine bande de peau découverte au-dessus de son jean, secrètement ravie de pouvoir toucher la peau douce.

Il lui semble que ça dure des heures. Des heures merveilleuses. Il finit pourtant par rompre doucement le baiser, adoucissant la séparation en déposant des petits baisers sur le visage de Beth. Elle proteste un peu, mais finit par le laisser faire, profitant simplement. Quand elle ouvre les yeux, plongeant son regard dans le sien, il peut y lire l'envie de recommencer, la déception que cela soit fini, et les doutes.

Ça déchire le cœur de Daryl, mais il n'a pas le droit de profiter de Beth de cette façon. Cette expérience a été la plus exaltante qu'il ait vécu depuis le début de l'apocalypse. Peut-être même depuis avant. Mais il n'a pas le droit d'en attendre plus. Alors, même si c'est dur, il doit mettre fin au moment.

-"Est ce que ça va ?"

Elle hoche la tête, le regard encore perdu. Elle se passe la langue sur les lèvres et ce geste manque de faire perdre tout contrôle à Daryl.

-"Pourquoi tu t'arrête ?"

Il soupire. Finalement l'embrasser n'était pas une bonne idée. Maintenant il va lui faire de la peine.

-"C'était qu'un baiser, Beth. Demain on s'leve tôt. Tu d'vrais aller t'coucher."

Il voit son visage pâlir et elle perd son sourire. Il y a un instant de flottement, mais elle finit par se lever et par se détourner de lui. Il ne peut pas supporter de rester près d'elle alors qu'il la voie si blessée et que lui-même n'a qu'une envie, la saisir dans ses bras et l'embrasser jusqu'au matin. Alors il se lève pour sortir sur la terrasse.

Dehors, tout est calme. Il n'y a que les bruits de la nature pour troubler le silence. Daryl n'a même pas besoin de se concentrer pour imaginer que le monde n'a pas changé, que les morts ne se sont pas relevés, et que les vivants ne sont pas devenus pires qu'eux. Mais dans un monde sans apocalypse, il ne serait pas ici. Il serait encore à traîner avec Merle, à vivre de petit larcin, à squatter chez les potes dealer de son frère. Il n'aurait jamais rencontré Rick et les autres. Il ne serait pas là avec Beth.

Secouant la tête, il essaie de faire sortir la jeune fille de ses pensées. Il sait qu'il n'a pas le droit de la désirer. Il imagine sans peine ce que Merle en penserait, ce que Rick ou Herschel en penserait. Ce sont les deux seules personnes dont l'avis compte pour lui. Le premier est plus un frère que son propre frère. Le second, ça a été plus compliqué, mais à la prison, en tant que membre du conseil, ils ont appris à s'apprécier, à se comprendre. Il voit toutes les raisons pour lesquelles il doit se tenir éloigné de Beth, mais il n'est pas certain d'y arriver.

Quand il rentre, les lumières sont éteintes, Beth est couchée sur le matelas devant l'âtre, éclairée par les flammes. Il n'a pas trop le choix alors il s'allonge à ses coté, veillant a rester sur les couvertures et éloigné du corps chaud, si tentant, de la jeune femme. Il s'endort mais ne dort que d'un sommeil léger.