Auteur : kitsu34
Origine : Saint Seiya
Couple : Milo x Camus (encore eux, mais ce sont les seuls qui marchent dans cette configuration, encore une fois et puis, je les aime que voulez-vous^^ )
Disclaimer : l'univers de Saint Seiya appartient à Masami Kurumada Senseï, je ne fais qu'emprunter les grandes lignes, de très loin.
Genre : UA de type romance / school-fic…Sans garantie de succès, hein…
Réponse aux reviews non loggées :
Athéna : Merci pour la review ! Oui, cela ressemble un peu, du moins au début, à Red Love. Après la différence va apparaître assez vite, normalement. Le but est de faire une histoire plus légère effectivement, mais principalement pour les lecteurs car en ce qui me concerne le noir et le cruel, c'est ma tasse de thé^^ !
Guest : Merci pour ta review ! J'espère que la suite te plaira tout autant.
Note : merci beaucoup pour les reviews sur cette histoire. Elle va connaître, comme toutes mes autres histoires d'ailleurs, une petite pause, le temps pour moi d'aller faire un tour à l'hôpital, mais promis je reviens vite pour vous donner la suite de tout. Donc retour dans le courant du mois de juin. A bientôt !
Influenced Love – Chapitre 2
La file d'attente devant la sandwicherie s'étendait jusque dans la rue, sous le crachin parisien. Les étudiants qui la constituaient pour la plus grande partie discutaient joyeusement entre eux en patientant. Camus remonta le col de son manteau et souffla sur ses doigts. Il jeta un coup d'oeil à la devanture, s'assurant que le jambon-beurre – le sandwich le moins cher – était en quantité suffisante et qu'il en aurait un. Il compta mentalement le nombre de personnes devant lui dans la queue et soupira discrètement de soulagement. Même s'ils prenaient tous un jambon-beurre, il y en aurait un pour lui.
Soudain, un éclat de rire bruyant parvint jusqu'à lui de l'intérieur surchauffé et odorant, parfumé de senteurs de pain, de café et de gens. Machinalement, le jeune homme suivit la piste du rire et son regard tomba sur un groupe de garçons et de filles au sein duquel il reconnut avec déplaisir quelques visages.
Ah. Les Erasmus étaient là eux aussi. Et en force en plus. Lilian, Vitale, Sol et Aiolia riaient et s'interpelaient au beau milieu d'un vingtaine d'autres étudiants. Ils avaient colonisé toute un banquette en coin et rapproché trois tables pour constituer une grande tablée conviviale, pleine de soleil, de plaisanteries et de sourires. Camus sentit un pincement douloureux étreindre sa poitrine.
Quelque part, il devait se l'avouer, il les enviait. Il avait toujours eu une enfance et une adolescence solitaire. Dans sa famille, il était le seul garçon, ce que son père, aristocrate de la vieille école, imbu de son statut social, ne cessait de lui rappeler. Il ne pouvait donc pas jouer avec ses trois sœurs. Il était un garçon ! Un garçon, cela ne joue pas à la poupée, cela n'écrit pas, ne dessine pas, ne rêve pas, ne pleure pas…
Dans son milieu, un garçon pratiquait l'escrime, la boxe, l'équitation et le tir. Un garçon s'intéressait aux armes, aux chevaux et aux voitures. Aux affaires aussi, accessoirement. Et s'il s'intéressait aux femmes, le garçon ne leur accordait son attention qu'avec parcimonie, comme partenaires de vie pouvant lui octroyer fortune, statut, terre et descendance. Enfin, c'est ainsi qu'il avait été éduqué… Comme échappé du XIXème siècle, presque.
Alors la déception et le mépris dans les yeux paternels lorsqu'il avait eu le courage de s'opposer aux décisions prises pour son avenir et d'affirmer qu'il voulait étudier la littérature… Il ne pourrait jamais les oublier...
Et il lui en avait fallu du courage pour s'affirmer et monter à Paris malgré la désapprobation de son père, qui lui avait coupé les vivre et ne voulait plus entendre parler de lui tant qu'il « ne serait pas revenu dans le droit chemin ». Heureusement que sa mère et ses sœurs le soutenaient et lui envoyaient quelques subsides en plus des bourses et autres aides de l'État, ce qui lui permettait de vivre son rêve, ici, à la Sorbonne, à Paris.
Un éclat de rire plus bruyant encore et une ovation du groupe d'étranger le tira de ses réminiscences grises et lui arracha un sourire malgré lui. Un sourire nostalgique d'envie.
Il aurait aimé se faire des amis, enfin, en arrivant dans la capitale, mais la vérité était que depuis six mois à présent qu'il était arrivé, il ne parvenait à tisser de liens avec personne. Il soupira. Il savait que son abord froid était décourageant, que son visage impassible et peu expressif tenait à distance les autres. Sans parler de sa réserve naturelle qui lui donnait un côté très silencieux et peu communicatif fort peu engageant. Mais il ne savait pas comment remédier à cet aspect naturel de lui. Les rares fois où il l'avait tenté avaient été de véritables fiascos, lors desquels son attitude et sa conversation forcées et peu naturelles avaient fait vivre un enfer non seulement à lui, mais aux autres également. Alors, il ne se forçait plus : ça ne marchait pas. Et il restait seul.
Enfin, il restait seul dans la réalité. Car dans son univers de fiction, c'était une autre histoire. Allant de pair avec sa grande réserve, sa vie intérieure et sa sensibilité étaient particulièrement riches et développées et son imagination vive, sans cesse en mouvement, lui permettait de les laisser s'exprimer avec force dans des récits puissants. Il avait toujours aimé écrire, du fond de sa solitude. C'était sa manière de partager son être avec le monde. Et dans l'univers virtuel d'internet, il avait depuis longtemps tissé des liens, beaucoup de liens, avec des gens d'horizons très différents, au gré des textes qu'il avait fini par mettre en ligne sur différentes plateformes.
Aquarius était un auteur de webnovels reconnu aujourd'hui et suivi de façon assidue par sa communauté sans cesse grandissante. Et parmi ses fans, certains le suivaient à présent depuis ses débuts, quatre ans auparavant et étaient presque devenus des amis – virtuels, certes – mais à la présence rassurante et familière.
Son tour étant arrivé, Camus passa sa commande, régla et saisit son plateau. Puis il embrassa la salle du regard, cherchant un endroit un peu tranquille et isolé où il pourrait s'asseoir pour déjeuner. Mais il grimaça inconsciemment en constatant que la sandwicherie était pleine d'étudiants et qu'il ne restait pas une seule table vide. Il allait sans doute devoir partager l'une d'entre elle avec quelqu'un, ce qui le réjouissait fort peu…
« Ohé ! Par ici ! »
Soudain, ses yeux s'agrandirent de surprise. Lilian, le Suédois du groupe Erasmus, lui faisait de grands signes enthousiastes de la main, l'invitant chaudement à les rejoindre. Bientôt Vitale et Sol se joignirent à lui, puis tous les autres et Aiolia se leva avec un sourire, tendant les mains, pour l'aider à porter son plateau.
Interdit, le cerveau blanc, Camus resta immobile, cherchant à comprendre ce qui lui arrivait. Pourquoi ce groupe d'étudiants qu'il ne connaissait pas et avec lequel il n'avait eu qu'un bref contact négatif la veille se montrait si amical envers lui ?
Aiolia arrivait presque à son niveau, le visage de plus en plus amical et complice quand une voix chaude à l'accent étranger gorgé de soleil s'éleva dans le dos de Camus.
« Excuse-moi. Tu comptes rester planté là encore longtemps ? »
Le jeune homme eut un violent sursaut, comme quelqu'un qui s'éveille brusquement et son plateau faillit lui échapper des mains. Aiolia lui jeta un coup d'oeil surpris et le contourna avant de tendre la main dans son dos. Camus fit brusquement quelques pas en avant avant de se retourner.
Derrière lui se trouvait un couple spectaculaire. Tenant un plateau d'une main, sa compagne par la taille de l'autre, un jeune homme au teint doré et à la chevelure d'un blond foncé et doré éclatant, le contemplait de ses yeux limpides, bleu vert comme la mer méditerranée dans les calanques de Marseille. La jeune femme, quant à elle, arborait une chevelure brune et un teint presque olivâtre tellement il était mat, éclairé par des yeux verts incroyables. On aurait dit deux mannequins, sorti tout droit d'un magazine...
Des rires moqueurs s'élevèrent dans son dos et un frisson parcourut l'échine du jeune homme. Il ne savait que trop bien d'où les moqueries provenaient et quelle en était la cause. Lilian, Sol et Vitale avaient remarqué sa méprise et se moquaient de lui… La chaleur lui monta au visage, dû à la honte d'avoir pu se méprendre à ce point. Il était évident que les Erasmus s'adressaient à quelqu'un d'autre. Ils ne pouvaient pas s'adresser à lui… Pourquoi l'auraient-ils fait ?
Aiolia venait de faire la bise à la très jolie jeune fille brune du couple et assénait à présent une bourrade sur l'épaule du jeune homme qui l'accompagnait en lui adressant quelques mots que Camus ne comprit pas, pas plus que la réponse faite. Il réalisa soudain qu'apparemment, ils avaient parlé en grec entre eux.
Puis les deux jeunes hommes, enlacés par les épaules, comme deux vieux copains qui se retrouvent après une longue séparation, passèrent devant lui en discutant dans cette langue sonore et incompréhensible, précédés par la jeune femme brune qui venait d'apostropher Vitale en italien.
« Milo ! Shaïna ! Par ici ! Ca fait plaisir de vous voir !
- Ouais, ça fait longtemps !
- Salut tout le monde ! C'est vrai que ça fait un bail !
- Mais carrément ! Tu aurais pu le dire, beau gosse, que tu étais sur Paris !
- Ciao Bellissima ! Tu as réussi à nous ramener ton homme ?
- Je te dis pas ce que j'ai fait pour ça !
- Non, chérie, il ne vaut mieux pas que tu le dises en effet ! »
Il se mirent tous à rire et le fameux Milo distribua les poignées de main et les bises à la cantonade au milieu des éclats de voix et des sourires de tous les autres. Il semblait très populaire. Sa compagne faisait de même mais rencontrait un enthousiasme plus modéré. Enfin, ils s'assirent, étroitement serrés l'un contre l'autre, tandis que Camus passait à côté du groupe, poursuivi par le regard luisant de Lilian, qui suivait sa progression du coin de l'oeil, semblant lui dire « tu croyais quoi ? Que c'était vraiment pour toi ? Allons sois sérieux, rappelle-toi… Aucun pouvoir, voyons... »
Ayant enfin déniché une table seule, Camus s'installa et commença à manger son sandwich, en ouvrant son ordinateur portable, non sans entendre parfaitement les rires et les discussions bruyantes du groupe non loin de lui. Le temps que son vieux portable se lance, il ne put s'empêcher de lever discrètement les yeux vers eux.
Ils s'amusaient. Et Milo et Shaïna s'embrassaient à pleine bouche, elle confortablement installée sur les genoux du jeune homme. Il n'étaient vraiment pas discrets…
Mais à ce moment le site de publication web se lança et Camus plongea dans cet autre univers qui le constituait avec force, presque plus que son moi réel. Soudain, le masque d'Aquarius s'imposa à lui et l'assurance, le calme et la fierté qui lui faisaient défaut dans la vie réelle surgirent en lui.
Juste avant de se coucher, vers deux heures du matin, il avait posté un chapitre de son dernier texte en cours et n'avait pas eu le temps, avec le TP de ce matin, de se connecter à son compte et de voir les hits et les commentaires qu'il avait reçus.
Un frémissement de joie le parcourut en constatant qu'ils étaient nombreux. Les hits et les commentaires. Il n'était vraiment pas sûr de lui quand il avait lancé cette nouvelle histoire, assez éloignée de ce qu'il faisait habituellement. C'était une histoire de dystopie assez sombre, à laquelle cependant, une romance tourmentée apportait une note d'espoir vibrante. Il n'aurait pas cru qu'elle plairait à ce point car le sujet était peu réjouissant et la critique sociale assez poussée. Mais l'histoire d'amour était belle, et apparemment suffisante pour emporter l'enthousiasme des lecteurs, d'après les commentaires qu'il lisait en ce moment.
Il chercha le sien. Celui d'un de ses lecteurs les plus fidèles et les plus anciens. Au départ, c'était son pseudo qui l'avait intrigué : fruit _défendu. Mais rapidement, ses analyses construites et intéressantes, ses suggestions et parfois ses critiques constructives l'avaient enthousiasmé. Fruit_défendu était vraiment le profil de lecteur que tout auteur rêve d'avoir. Au fil des textes et des années, une véritable complicité s'était installée entre eux et ils avaient souvent discuté par mp ou par tchat.
D'habitude, fruit_défendu était parmi les premier à commenter, mais là, il n'arrivait qu'en quatorzième position et n'avait apparemment pas lu ni commenté son chapitre avant ce matin. Fébrilement, le coeur battant d'émotion contenue, Camus ouvrit et lut son commentaire.
Comme d'habitude, il était long et détaillé, s'appuyant sur des citations de son texte, relevant les meilleurs passage, en interrogeant d'autres, faisant des hypothèses ou lançant des analyses sur la suite du roman et la psychologie des personnages. Camus savoura sa lecture et la termina les yeux dans le vague et un sourire aux lèvres. Alors qu'il restait en contemplation bienheureuse devant son écran, des bribes de conversation le heurtèrent de plein fouet, violemment, le tirant brusquement de son univers onirique.
« … prendre son pied comme il peut…
- Pauvre mec. C'est juste un tello. Toujours nez dans le travail. Quel ennui.
- T'es méchant, Lilian. Tout le monde peut pas être cool.
- Ouais, faut des nuls aussi. »
Brusquement La température corporelle de camus monta en flèche et il se sentit s'empourprer sous le feu des regards et des commentaires moqueurs. Tous les regards du groupe étaient à présent dirigés sur lui, même ceux qu'il ne connaissait pas. Même Milo et Shaïna avaient arrêté de s'embrasser pour le contempler curieusement, comme on regarderait un animal étrange au zoo. Un sourire moqueur, dur et cruel, arquait d'ailleurs les lèvres du beau blond, tandis qu'il se penchait vers Aiolia pour lui murmurer quelque chose. Le jeune Grec éclata de rire.
Camus sentit ses oreilles bourdonner et son regard s'éclaircir d'un voile cotonneux qui absorba les contours des êtres et de choses environnantes. Sa respiration se bloqua douloureusement dans sa poitrine tandis que son coeur s'affolait, comme un animal acculé par le feu et pris au piège dans sa tanière. Pour se donner une contenance, il sortit son smartphone et fit mine de le consulter avec intérêt. Désorienté par les rires sonores, machinalement, ses doigts voltigèrent sur l'écran tactile, reproduisant instinctivement un chemin bien connu.
Et il se figea soudain. Les rires méchants, la honte, la gêne, tout disparut.
Sur l'écran, un mp non lu s'affichait.
Gold ntarès lui avait répondu.
oOoOo
