Auteur : kitsu34

Origine : Saint Seiya

Couple : Milo x Camus (encore eux, mais ce sont les seuls qui marchent dans cette configuration, encore une fois et puis, je les aime que voulez-vous^^ )

Disclaimer : l'univers de Saint Seiya appartient à Masami Kurumada Senseï, je ne fais qu'emprunter les grandes lignes, de très loin.

Genre : UA de type romance / school-fic…Sans garantie de succès, hein…

Réponse aux reviews non loggées :

Athéna : Merci pour ta review ! Pour cette fic, je t'assure que je ne fais pas de retournement de situation et que les pseudos ne cachent pas vraiment de surprise, en fait : ils annoncent bien ce qu'ils dissimulent. Le fruit défendu est une fruit bien caractérisé dans la tradition judéo-chrétienne et en grec cela donne un prénom que l'on connaît bien ^^ et Goldαntarès, je pense que tout le monde l'a reconnu ! En fait dans cette fic, je veux me concentrer sur les sentiments des personnages et leur développement. Je laisse les rebondissements à Red Love ^^.

Guest (Hue Fang?) : Merci pour ta review ! Ah, les pseudos de nos chers personnages ^^ : normalement on doit bien les reconnaître sous leurs faux noms -) Car le fruit défendu est un fruit en particulier et en grec cela se dit d'une certaine façon… Quant au « a » différent de Goldαntarès, je voulais d'abord mettre un arobase, mais le site FFnet le refuse, j'ai donc dû improviser et j'ai opté pour un alpha grec, qui se voit peu, mais suffisamment apparemment. Merci de l'avoir remarqué^^ !

Note : Merci beaucoup pour les reviews sur cette histoire, ça fait vraiment chaud au cœur et ça encourage vraiment à poursuivre et à faire de son mieux ! Je reviens un peu plus tôt que prévu, mais je récupère plus vite que les prévisions de mes docteurs ^^. On espère qu'il n'y aura pas de creux par la suite, sinon l'opération est une réussite !

Influenced Love – Chapitre 3

Le regard ancré sur l'écran de son portable et le petit papillon qui affichait le mp, Camus sentit l'univers basculer dans un hors temps ouaté, libéré des bruits et moqueries environnants. Plus rien ne lui parvenait de ce qui l'avait heurté si fort un instant auparavant. Les Erasmus, Lilian, les paroles blessantes, le regard de lagon moqueur et le sourire ironique des lèvres grecques sensuelles, tout avait disparu, avalé par la puissance de ce signe de reconnaissance.

Goldαntarès lui avait répondu.

A lui.

Camus l'insignifiant, qui n'intéressait jamais personne.

Pour une fois il était l'élu, celui qui avait été distingué parmi tous les autres.

Une émotion puissante, qu'il ne parvint pas à définir ni à nommer s'empara de lui, comme une vague violente qui éclate sur un rocher et se dresse, majestueuse, vers le ciel en gerbes de gouttelettes translucides. Son coeur s'emballa dans sa poitrine et il eut soudain alternativement chaud et froid. Un frisson montant des limbes de son être le parcourut, ravageant complètement le calme et la maîtrise de lui qu'il tentait toujours d'afficher et de présenter au monde extérieur. Il perdit pied en lui-même et ne fut soudain qu'impatience, frénésie et faim éperdue de se lover loin des autres et du monde dans un abri, bien au calme, pour y découvrir les mots de son idole.

Indifférent brusquement à l'univers entier, il se leva d'un geste et rangea en toute hâte ses affaires, sans même finir son sandwich. Il quitta sa table et se dirigea avec urgence vers la sortie de la sandwicherie, sans tenir compte des gens sur son passage. Il nota avec détachement qu'il s'approchait de la grande tablée des Erasmus et qu'il allait passer devant, mais cela ne comptait plus. Plus du tout.

A mesure qu'il s'avançait vers eux, le temps semblait se distendre et se ralentir, comme s'il allait s'arrêter. Il eut donc tout le loisir de contempler les visages interloqués ou ébahis qui se levaient vers lui, visiblement interpelés par son brusque changement de comportement.

Un mince sourire voltigea sur ses lèvres. Ils avaient raison d'être surpris, car lui-même se sentait différent, presque comme si Aquarius et son assurance glaciale venaient de s'incarner dans la réalité. Il était étonnamment sûr et maître de lui, parfaitement conscient de l'être, analysant froidement la situation et ses conséquences, tel qu'il pouvait l'être dans son univers onirique de mots. Le virtuel et le réel venaient de se télescoper…

Avec calme et un brin de morgue, il lança un regard de défi à la tablée des étrangers, croisant le regard avec Lilian, dont les yeux très clairs s'élargirent considérablement de surprise avant de se détourner rapidement. Un sentiment de triomphe régna alors en Camus et il darda son regard tour à tour sur Sol et Vitale, qui baissèrent eux aussi les yeux. Alors qu'il s'attaquait à Aiolia, il reçut tout à coup de plein fouet le regard incroyable de Milo. Droit dans les yeux, sans détour, sans ciller. Il ne s'y attendait pas. Et il plongea immédiatement dans cette eau merveilleuse, entre le bleu et le vert, aux nuances miroitantes rappelant les eaux tropicales des Caraïbes.

Et cette fois, le temps s'arrêta pour de bon.

Étonnamment, Milo ne détourna pas les yeux, mais resta à le regarder intensément, presque sérieusement, comme s'il cherchait une réponse à une question tacite importante. Et du sein de ce temps suspendu, qui pouvait durer une fraction de seconde comme des heures, Camus lui rendit son regard. Droit dans les yeux, sans détour, sans ciller.

Ce fut comme si un souffle profond se levait, un souffle qu'eux seuls, ou peut-être même lui seul, percevaient. Comme si un lien invisible se nouait soudainement entre eux, par le feu de leur regard, et se tendait invinciblement.

Et Milo détourna soudain la tête, échangeant un sourire tendre vers sa petite amie qui posait la main sur son torse. La magie de l'instant cessa et le charme se rompit. Le temps reprit ses droits et Camus sortit de la sandwicherie comme une balle, le coeur battant à tout rompre.

Le chemin du retour chez lui fut à la fois long et court. Il alternait entre excitation et agacement et se retenait de courir pour arriver plus vite à son refuge. Il monta les marches quatre à quatre, claqua violemment la lourde porte et jeta ses affaires et ses chaussures, en vrac, au petit bonheur, avant de se jeter sur son lit.

Son portable lui brûlait la main, chauffant jusqu'à son bras, son épaule, et semblait-il, ses entrailles. Son coeur menaçait de s'échapper de sa poitrine par sa gorge ou de descendre dans son ventre. Ses oreilles teintaient sans cesse et ses lèvres étaient desséchées, comme après une longue course ou des heures passées en plein soleil.

Pourtant il resta un long moment à contempler l'écran d'accueil de son profil Instagram et le petit papillon indiquant le message. La panique dansait dans son ventre et le long de son échine, le faisant frissonner puissamment. Et si Goldαntarès ne lui avait répondu que de vagues formules de politesses ? Ou encore un message bateau pour l'envoyer balader ? Ou pire, pour se moquer de lui ? Avait-il vraiment envie de lire ce qu'il lui avait écrit ? Il n'en était pas vraiment sûr au fond…

Mais finalement, la fascination et la curiosité l'emportèrent et il effleura l'icône.

La page s'ouvrit.

Son souffle se bloqua douloureusement dans sa gorge et ses yeux s'agrandirent démesurément à mesure qu'il lisait.

« Chère Poussière de Diamant – très joli pseudo au passage, poétique à souhait – je te remercie de ton message qui, je dois le dire, m'a beaucoup touché par sa précision, sa justesse et son développement. J'ai particulièrement apprécié tes différentes analyses des passages qui t'ont le plus plu dans ma vidéo ainsi que les parallèles que tu as pu faire avec d'autres films que j'ai pu poster. Je vois avec émotion que j'ai un (une?) fan de la première heure, capable de convoquer même l'une de mes toutes premières vidéos à l'appui. Je suis très flatté, vraiment.

Généralement, je ne réponds pas forcément de façon aussi développée à tous mes followers, mais je n'ai le plus souvent que des commentaires brefs, insipides, voire énamourés. Et je ne te parle pas des commentaires grossiers ou vulgaires, des insultes ou des photos de sexes, de seins ou de fesses… Alors échanger une véritable analyse poussée, intéressante et détaillée, avec quelqu'un d'intelligent et qui sait remarquablement écrire et développer ses idées, avec sensibilité et finesse, est un vrai régal.

Peut-être seras-tu surpris(e?), chère Poussière de Diamant, mais j'aimerais énormément renouveler l'expérience et souhaite vivement que cet essai se prolonge au-delà d'un aller simple. Que dirais-tu de me donner ton avis sur les scénarios de mes futures prises de vue ? Cela me fait cruellement défaut de n'avoir pas un autre point de vue que le mien sur les projets que j'envisage et de ne pas pouvoir échanger à égalité avec quelqu'un. Tu serais mon œil objectif extérieur, mon pendant virtuel… Et qui sait ? Peut-être un jour mon ami(e?)…

Qu'en dis-tu ?

Tout à toi,

Goldαntarès »

Camus reprit difficilement son souffle, bloqué douloureusement au fond de sa poitrine par l'émotion qui lui étreignait la gorge. Il dut se forcer à inspirer et expirer à plusieurs reprises, les yeux fermés, pour retrouver une respiration normale. Avait-il bien lu ? Bien compris ? Ne se trompait-il pas ? Ne rêvait-il pas ? Il n'osait croire aux mots qui dansaient sous ses yeux sur l'écran du portable. Il avait beau tenter de relire, les phrases s'enchaînaient sans signification, tant son esprit vagabondait, incapable de s'astreindre à l'exercice. Il se sentait doucement plonger dans une euphorie grisante, puissante et douce à la fois, qui noyait son cerveau de plénitude et emplissait ses yeux de nuages.

Il était l'élu. Le choisi de Goldαntarès. Celui-ci l'avait distingué et élevé parmi tous et voulait faire de lui son pendant, son ami ! Il secoua la tête avec incrédulité, tandis qu'un sourire béat qu'il ne pouvait empêcher de naître s'épanouissait sur ses lèvres.

Lui… Celui qu'on ne choisissait jamais. Celui qu'on rejetait toujours, qu'on laissait de côté. Il n'avait rien pour attirer qui que ce soit, il en était conscient. Du moins dans la réalité… Il n'appartenait pas au groupe des winners, ces gagnants à qui tout sourit, qui sont beaux, appréciés, populaires… Des gars comme Lilian, sans doute, et à coup sûr comme ce Milo, si beau et si désiré par tout le monde… Lui, il n'était pas comme cela, il le savait… Les souvenirs douloureux le lui rappelaient sans cesse d'ailleurs.

oOoOo

Camus s'ennuie ferme. Le bal bat son plein et la grande salle resplendit des nombreuses lumières allumées aux quatre coins pour illuminer les somptueuses tenues des hommes et des femmes. Particulièrement les robes et les bijoux de ces dernières d'ailleurs. Elles sont nombreuses et impressionnantes avec leurs chignons torsadés, leurs grandes jupes en dentelles et les éclats brillants que renvoient les pierres précieuses sur elles. Elles étincellent comme des arc en ciel ou des œuvres d'art. Et Camus se sent tout intimidé face à elles.

Il faut dire qu'il a à peine dix huit ans… Et que c'est son premier bal. Il ne sait pas quoi faire et se sent gauche et emprunté, absolument pas à sa place, malgré son costume et son éducation. Bien sûr, il a appris à danser. Parfaitement d'ailleurs. Il est plutôt doué. Mais face à ces jeunes filles et jeunes femmes redoutables, il sent ses capacités rétrécir comme peau de chagrin.

Que fait-il ici ? Pourquoi son père a-t-il insisté pour l'amener ?

« Aloïs. Venez ici. »

Le ton est péremptoire, presque dur, traversé d'une pointe de dégoût et de déception permanente dès que le Comte de Montclar s'adresse à lui. Camus baisse la tête. Sa confiance en lui s'effrite encore un peu plus. Il n'est pas le fils tant espéré, viril et fort représentant de la race des Montclar, mais une constante désillusion. Il le sait. Son père ne le lui cache pas.

« Oui, Père. Que puis-je faire pour vous satisfaire ?

- Voyez-vous cette jeune fille gracieuse et fière, habillée d'argent ?

- La jeune fille aux cheveux blond platine accompagnée d'une autre jeune fille aux très longs cheveux blond clair ?

- La jeune dame aux armoiries de cristaux de glace et de cristal, parés d'une épée à deux tranchants.

- Oui, Père, je la vois.

- Parfait. Elle s'appelle Hilda de Polaris et elle est la Princesse d'Asgard. Elle a quinze ans et sera bientôt en âge de se marier. Ce sera une grande et prestigieuse alliance. Je veux que vous l'invitiez à danser.

- A danser ? Mais Père, vous ne songez quand même pas à nous fiancer ?

- Et pourquoi n'y songerais-je pas ? Vous avez dix-huit ans ! A votre âge, j'étais déjà promis à votre mère depuis deux ans et nous nous sommes mariés un an plus tard.

- Mais, je…

- Il suffit. Faites ce que je vous ordonne. Invitez-la.

- Oui, Père. »

Camus sent la panique l'étreindre. La panique et le sentiment affreux d'être totalement pris au piège. Il ne fait pas le poids contre son père. Il n'a jamais su lui résister. Le coeur battant à tout rompre, il se dirige vers la belle jeune fille qui sourit à une femme plus âgée s'adressant à elle. Le quadrille va bientôt commencer.

Parvenu face à elle, il demande à une vague connaissance de bien vouloir le présenter à la belle, et s'incline aussitôt dans un baise-main protocolaire. Le sang bat ses tempes et il se sent sur le point de défaillir.

« Enchanté de faire votre connaissance, Mademoiselle Hilda. Je me nomme Aloïs de Montclar. J'ai tellement entendu parler de votre patrie, notamment de sa littérature romantique exceptionnelle. Je serai ravi d'échanger plus avant avec vous sur ce sujet et bien d'autres si vous acceptiez de m'accorder une danse. »

Hilda lui sourit gentiment, mais semble-t-il avec embarras. Elle serre le bras de la très jeune fille blonde à ses côtés et rougit légèrement.

« Je suis très flattée par votre demande, monsieur de Montclar, mais je ne peux accepter, hélas. Je viens d'accepter de danser avec monsieur Siegfried de Dubhe. Je lui ai promis les deux prochaines danses... »

Camus se sent rougir lui aussi, tandis qu'il se retourne pour apercevoir un très beau jeune homme, plus âgé que lui de quelques années, s'incliner triomphalement devant la jeune fille, sourire aux lèvres. Puis il se relève, lui tend la main dans laquelle se pose une frêle et délicate main blanche et le couple glisse doucement vers la piste de danse. Cela n'a prit qu'un instant. Et Hilda n'a pas eu un regard pour lui.

Le rouge au front et aux joues, Camus s'éloigne. Il croise alors le regard dur et méprisant de son père avant que celui-ci ne se détourne et ne disparaisse complètement de sa vue.

oOoOo

Soudain, comme une bougie qu'on souffle, son enthousiasme disparut et il eut peur. Peur que Goldαntarès ne s'aperçoive de l'imposture qu'il était, se rende compte qu'il s'était trompé en le choisissant. Tous ces compliments ne pouvaient s'adresser à lui. Il hésita, n'osant pas répondre. Il ferma nerveusement Instagram et tenta de se mettre au travail. En vain. Son esprit revenait toujours au message de Goldαntarès.

Il ouvrit à nouveau l'application et relut le message, encore et encore. Une étrange ivresse l'envahit à nouveau, plus puissante encore que la première fois. Il se sentait léger comme une bulle de champagne, dansant comme elle dans un liquide soyeux. Il frissonnait doucement, par à-coups. Il s'enfouit sous sa couette, portable à la main, et glissa sur le profil magique. L'avatar merveilleux apparut. Il resta en contemplation, fasciné, comme en dialogue secret avec le visage de rêve, mangé par la silhouette sombre du scorpion. Il caressa des yeux la courbe moqueuse et pleine des lèvres que l'on devinait malgré l'ombre de l'arachnide et se noya dans l'eau limpide et éclatante de l'oeil pétillant qui le regardait en coin.

Et du fond de son éblouissement, la question émergea et prit corps dans son esprit. Pouvait-on tomber amoureux d'une personne virtuelle, sans même la connaître ? Même si c'était un garçon ? Même s'il n'existait peut-être pas ? Même s'il ne le rencontrerait sans doute jamais ?

Camus roula sur lui-même, sur le dos, le souffle court et erratique, et contempla le plafond de son petit studio, un sourire idiot aux lèvres, le cœur pétillant.

J'aimerais énormément renouveler l'expérience et souhaite vivement que cet essai se prolonge au-delà d'un aller simple.

Oui… Cela lui ressemblait assez, au fond, de tomber amoureux virtuellement… Après tout, il était tellement plus vivant hors de la réalité…

oOoOo