Auteur : kitsu34

Origine : Saint Seiya

Couple : Milo x Camus (encore eux, mais ce sont les seuls qui marchent dans cette configuration, encore une fois et puis, je les aime que voulez-vous^^ )

Disclaimer : l'univers de Saint Seiya appartient à Masami Kurumada Senseï, je ne fais qu'emprunter les grandes lignes, de très loin.

Genre : UA de type romance / school-fic…Sans garantie de succès, hein…

Note : En vacances (pour peu de temps, mais c'est toujours ça de pris!) depuis le 14 juillet ! Enfin ! Entre la fatigue de l'opération et la reprise du boulot sur les chapeaux de roues, j'avoue que je n'ai plus eu de temps du tout pour écrire ! Désolé pour le retard à tous les niveaux !

Réponse aux reviews non loggées :

Bonjour Athéna : Merci pour la review ! Merci pour Camus, mon pauvre Camus qui prend cher avec moi^^ : je l'aime beaucoup, donc je le torture bien. Pour cette fic, j'avais besoin qu'il soit effectivement le type du jeune homme de « bonne famille » qui n'est pas à sa place et ne correspond pas aux schémas familiaux.

Pour ce qui est d'Andréas, tu as parfaitement raison, c'est Aiolia ^^ ! J'ai tenté de garder autant que possible les initiales des chevaliers, en dehors de Lilian et Vitale, qui existaient déjà tels quels dans Red Love et Aloïs de Montclar, qui, pour moi, est le vrai nom de Camus, tous univers confondus (il s'appelle ainsi même dans Iéranissia -)).

Chapitre 4

Camus dormit peu cette nuit-là, absorbé dans un tête à tête magique avec un avatar merveilleux et un message qui lui emplissait l'esprit de nuages. Et quand il réussit à plonger enfin dans le sommeil, au beau milieu d'une nuit très avancée, il sombra dans un univers onirique vivide, plein de couleurs, hanté par un visage d'une beauté surnaturelle, dévoré par une silhouette obscure de scorpion.

Il émergea difficilement de ses rêves agités au son atroce de la sonnerie de son réveil qui hurlait depuis déjà quelques minutes. Mais s'arracher au pays des songes, ce matin-là, lui fut particulièrement pénible. Son esprit comme son corps étaient épuisés et comblés en même temps. C'était un état étrange, à la fois paisible et exalté, comme en attente de quelque chose sur le point de se produire, et à la fois pétrifié de crainte de ce surgissement annoncé.

Il but péniblement son café en tentant d'éclaircir ses idées et de réfréner son excitation. Il fallait qu'il se calme. Et qu'il réponde à Goldαntarès, accessoirement… Car après tout, pour l'instant, la balle était dans son camp. Il ne s'était pas encore manifesté… Tout à sa nervosité, il avala de travers et recracha le liquide brûlant en toussant. Il fallait vraiment qu'il se contrôle ! Dans cet état, hors de question d'écrire quoi que ce soit !

Il jeta un coup d'œil à son portable : à peine sept heures. Il avait le temps. Le cours d'ancien français ne commencerait pas avant neuf heures et pour celui-là, pas besoin d'arriver en avance : on ne se disputait pas vraiment les places dans l'amphi. Il pouvait donc se détendre et répondre convenablement à Goldαntarès.

Il attrapa son portable, ouvrit l'application et la messagerie, relut le mp adoré et commença : « Cher Goldαntarès... »

Et ce fut tout.

Il contempla l'écran du portable, interdit, tremblant. Un phénomène étrange et inédit venait de s'abattre sur lui et son sens fluide et précis des mots. Aquarius avait disparu, il ne restait plus que Camus le transparent, l'hésitant, qui ne savait jamais comment parler ou entrer en contact avec les autres...

Il n'avait pas la moindre idée de la suite du message. Les mots, qui d'habitude s'ordonnaient si simplement et sagement, obéissant à la moindre de ses envies et au moindre de ses ordres dès qu'il passait à l'écrit, s'étaient enfuis. Il ne restait rien. Rien qu'un curseur qui clignotait sur un écran désespérément blanc, blanc et vide comme son esprit.

Il ferma la messagerie, jeta le portable sur son lit avec dépit, et se leva. Ce n'était rien. Il était juste fatigué, voilà tout. Une bonne douche lui remettrait les idées en place…

Oui ! Très bonne idée. Et un bon petit déjeuner, aussi. Après cela irait mieux. Il écrirait sa réponse. Il n'avait jamais eu de mal avec les mots. Après tout, c'était sa seule force, n'est-ce pas ?… Alors sa pouvoir magique n'allait pas l'abandonner maintenant qu'il en avait le plus besoin, n'est-ce pas ? Parce que sinon, que lui resterait-il ?...

Il fouilla un instant dans son armoire, hésitant entre deux tenues. Laquelle lui irait le mieux ? Le polo ou la chemise ? Les deux étaient de couleurs assez classiques et passe-partout, se dit-il en fronçant les sourcils. Il chercha autre chose, de plus à la mode, avant de réaliser brusquement ce qu'il faisait et de se mettre à rougir tout seul devant le meuble. Que lui arrivait-il ce matin ? Il s'en moquait bien, d'habitude, de sa tenue, pourvu qu'elle soit propre et pratique… Il attrapa la première venue – la chemise – et s'engouffra précipitamment, le rouge toujours au front, dans sa minuscule salle de bain.

Il se jeta sous le jet d'eau et étouffa un cri de surprise lorsque l'eau froide lui mordit la peau. Quel imbécile ! Il s'était trompé de robinet ! En jurant entre ses dents serrées, il rétablit la température et se détendit lorsque la chaleur le gagna enfin. Décidément, ce matin était particulièrement laborieux… Il s'assombrit. La journée s'annonçait compliquée…

Sa douche finie, il sortit, s'essuya et s'habilla sans jeter le moindre regard au miroir sur le mur face à lui.

Il ne se regardait jamais.

Il n'aimait pas son reflet. Il ne l'avait jamais aimé, mais depuis la puberté et ses mauvaises surprises, il se détestait encore plus. A ses cheveux roux soutenus et ses surprenants yeux couleur d'ambre, qui mettaient souvent les autres mal à l'aise, s'étaient joints une taille difficile à cacher, une musculature déliée, des traits de visage bien dessinés mais originaux, qui l'indisposaient souvent, et une peau très claire, débarrassée des tâches de rousseur de son enfance. L'ensemble composait un physique assez étrange, attirant des regards circonspects au mieux, hostiles ou moqueurs le plus souvent. En tout cas, à cause de ces caractéristiques, Camus avait, depuis ses quinze ans – âge auquel il s'était mis à grandir comme un champignon – beaucoup plus de mal à passer inaperçu qu'avant son adolescence.

Et ce n'était pas une qualité.

Il suscitait toujours une première réaction assez vive de surprise ou de rejet, puis une fois la moquerie ou le dégoût exprimé, on l'oubliait à nouveau. C'était de cette première réaction qu'il se serait bien passé… Comme c'était d'ailleurs le cas avant… Il avait été un enfant solitaire, que personne ne remarque ou bien à peine, pour l'appeler « le rouquin » ou « Poil de Carotte » avant de le renvoyer dans le néant. Il s'y était fait avec le temps et cela lui allait bien, au fond.

Avec un soupir, il sortit de sa minuscule salle de bain et ouvrit le placard de sa cuisine, attrapant un paquet de céréales. Sans grand enthousiasme, il s'installa devant son écran et ouvrit son compte sur Wattpad. Mais aussitôt, son humeur changea et s'allégea. Parmi les nouveaux - nombreux – commentaires sur son dernier chapitre, il y en avait un de fruit_défendu. Avec le sourire, Camus cliqua sur l'icône du message et commença sa lecture. Mais rapidement, il fronça le sourcil et se mordit la lèvre inférieure de contrariété.

Fruit _ défendu réitérait ses compliments sur son chapitre et lui annonçait qu'il avait découvert un autre auteur presque aussi doué que lui, avec une plume belle et sensible et un vocabulaire riche et précis. Camus recula sa chaise avec dépit. Pourquoi lui écrivait-il une chose pareille ? Le provoquait-il ?

Avec colère, ses doigts voltigèrent sur le clavier et il posta rapidement une réponse assez vive. Puis il ferma violemment son ordinateur portable et se leva pour faire quelques pas rageurs dans son petit studio. Oui ! Une belle journée de merde, décidément !

Il attrapa son sac de cours, enfila ses chaussures et son manteau et claqua la porte de son logement à toute volée avant d'avaler précipitamment l'escalier quatre à quatre. A ce niveau-là de contrariété, autant aller en cours !

oOoOo

Dans l'amphithéâtre, le brouhaha habituel du cours de littérature comparée régnait. Au milieu des gradins et de la masse d'étudiants qui s'interpelait joyeusement ou se faisait signe, un groupe discutait bruyamment en anglais, langue apparemment commune à tous, bien que non maternelle, au son des différents accents qui animaient la langue de Shakespeare.

« La soirée d'hier a été une vraie réussite ! Décidément, les jumeaux savent recevoir.

- La nuit, tu veux dire, Aiolia.

- Putain, oui, la nuit, tu as raison. D'ailleurs, je suis crevé.

- Ouais, moi aussi. Je dormirais bien un coup. Je vais peut-être faire un somme…

- Hé, les mecs, quelqu'un est venu ce matin en ancien français ?

- Nope !

- Nein !

- Niet !

- Non ! Je déteste ce cours.

- Ben moi aussi, mais il me faut le cours ! Ca fait au moins un mois que je n'y suis pas allé ! Pour le partiel, ça risque de faire mal…

- Tu pourrais lui demander, à lui ! Il y est certainement allé : c'est un intello, un rat de bibliothèque ! »

Cette dernière phrase, lancée dans un reniflement de dédain, venait d'un beau jeune homme blond platine, aux yeux très clairs, si clairs qu'ils en étaient froids et presque cruels, difficiles à soutenir. A côté de lui, un autre jeune homme, très brun, aux yeux bleu-noir et aux traits méridionaux accusés, suivit son regard et tomba sur un étudiant roux, aux cheveux longs attachés en catogan, assis plusieurs rangées en contre-bas. Il poussa un soupir de lassitude.

« Arrête avec ce gars, Lilian. Ça suffit comme ça.

- Fiche-moi la paix, Vitale ! Je déteste qui je veux, d'abord.

- Mais qu'est-ce qu'il t'a fait, ce mec ?

- Je l'aime pas, c'est tout ! Il fait son intéressant, avec ses cheveux « plus extraordinaires que les autres » et son air de « je sais mieux que tout le monde et je suis plus intelligent ». Et puis il est toujours à aller parler aux profs et à la ramener avec ses questions à la noix ! Il fait tout ce qu'il peut pour attirer l'attention en faisant semblant de faire le discret et le modeste ! Je déteste les gens comme ça !

- Ouais, en fait, tu es jaloux de lui parce qu'il sort un peu du lot. C'est vrai qu'il n'est pas commun comme gars.

- Ferme-la, Sol et mêle-toi de tes gnons !

- Ahahaha ! Lilian, tu devrais arrêter de t'énerver en français ! Ça donne des choses bizarres ! »

Et la belle jeune fille qui venait d'arriver et de se moquer de Lilian, s'assit à côté de lui et malgré son air outré et boudeur, lui planta un baiser sonore sur la joue.

« Oh ! Salut Shaïna ! Que nous vaut ce plaisir ?

- Salut les mecs.

- Ce déplaisir, plutôt…

- Moh, mon Suédois est tout froissé, il faut que je le repasse. Où est le fer à repasser ?

- Fous-moi la paix, toi aussi !

- T'es pas avec ton mec ?

- Non, il est occupé : il tourne une vidéo avec une youtubeuse à la mode pour sa chaîne de je sais plus quoi.

- Une youtubeuse ? Tu n'es pas jalouse ?

- Pas du tout ! La meuf est maquée.

- Ça n'empêche rien !

- Et lesbienne, Lilian.

- Ah, en effet.

- Dis donc, il est devenu célèbre, Milo.

- Oui, hein ? Il a presque atteint le million de followers. Il gagne du fric maintenant et il taffe comme un malade. On ne se voit presque plus… D'ailleurs, il a même des formations organisées par les réseaux.

- Ah ouais ?

- Le mois prochain, on va à Dubaï ! Je suis super contente !

- Oh, c'est génial !

- Taisez-vous ! Le cours commence. »

oOoOo

Cher Goldαntarès,

J'ai été surprise que tu me répondes aussi vite et de façon aussi personnalisée. Et j'ai été très émue aussi, je dois le dire. Je n'espérais pas un signe de ta part quand j'ai envoyé ce mp, je voulais juste, après des années de silence ébloui, à distance, te faire connaître mon admiration et te faire savoir à quel point ton travail illumine mon quotidien, bien souvent terne et ennuyeux. Tes vidéos ont ce pouvoir incroyable d'éclairer et de magnifier la réalité, de l'embellir tout en la décryptant et je voulais t'en remercier sincèrement.

Alors quand j'ai lu ta réponse et ta proposition, je n'en ai pas cru mon écran. J'ai cru avoir basculé dans ton univers vidéo par une sorte de lucarne magique. Il m'a fallu du temps pour réaliser que je ne rêvais pas, ce qui explique mon délai de réponse. Sois indulgent avec moi, je t'en supplie : le choc a été grand.

Mais je suis remise à présent et tellement honorée et heureuse d'avoir été distinguée par toi ! J'aimerais plus que tout, moi aussi, poursuivre cette discussion avec toi, cher Goldαntarès, et, si je le peux, en toute humilité, t'apporter mon point de vue et peut-être une minuscule pierre à ton magnifique édifice. J'accepte bien entendu ta proposition et espère également un jour, si le temps et les circonstances le veulent, devenir ton amie… Car ton admiratrice et ta première fan, je le suis déjà, et je le resterai quoi qu'il arrive.

Avec reconnaissance,

Poussière de Diamant

Camus poussa un long soupir de soulagement en écrivant le point final de son message, puis il se rejeta en arrière sur sa chaise, face à l'écran de son ordinateur. Il tourna la tête et regarda par la fenêtre. La nuit était déjà bien avancée, à présent. Il n'aurait jamais pensé avoir autant de difficulté à écrire un simple message… Il relut la page avec attention et hésita.

J'ai été surprise... Etait-ce judicieux de mentir à Goldαntarès sur son sexe ? D'ailleurs pourquoi avait-il choisi de le faire ? C'était sorti tout seul au moment de rédiger… Soudain le féminin s'était imposé et il n'avait pas cherché à comprendre pourquoi.

Non… En réalité, il n'avait pas envie de chercher à comprendre. Il avait presque peur de le faire et de ce qu'il pourrait découvrir…

Il poussa un nouveau soupir. Qu'espérait-il, en faisant cela ? Tromper Goldαntarès ? Ou se tromper lui-même ? Travestir la réalité ? Agir sur elle, comme si c'était si simple ou comme s'il avait un quelconque pouvoir magique ?

Un rire sans joie lui échappa et il cliqua sur « envoyer » sans plus s'appesantir sur les conséquences. On verrait bien. Après tout, c'était une relation virtuelle. Ils ne se rencontreraient sans doute jamais. Goldαntarès n'aurait jamais l'occasion de découvrir que Poussière de Diamant n'était pas une femme…

oOoOo