Auteur : kitsu34

Origine : Saint Seiya

Couple : Milo x Camus (encore eux, mais ce sont les seuls qui marchent dans cette configuration, encore une fois... Et puis, je les aime que voulez-vous^^ )

Disclaimer : l'univers de Saint Seiya appartient à Masami Kurumada Senseï, je ne fais qu'emprunter les grandes lignes, de très loin.

Genre : UA de type romance / school-fic…Sans garantie de succès, hein…

Note : Désolé pour l'attente, mais cela risque de se généraliser : la vie quotidienne fait que le temps libre se raréfie… Merci à tous de votre accueil pour cette fic !

Guest : Merci pour ton message. J'espère que la suite (tardive...) te plaira.

Influenced Love – Chapitre 8

« La voilà ! Shaïna, par ici ! »

Marine se leva de son siège en agitant le bras à l'attention de la belle italienne qui s'avança entre les tables avec grâce jusqu'à leur table. Elle fit la bise à Seika puis serra la soigneuse de Beauval dans ses bras avec affection avant de s'asseoir et de rejeter sa chevelure brune en arrière avec un soupir d'aise.

« Bon les filles, vu l'heure, je propose un brunch.

- Ça marche pour moi ! Et toi Seika ?

- Oh moi, j'ai tout le temps faim en ce moment. Je ressemble déjà à une baleine, alors un peu plus ou moins.

- N'importe quoi, Seika, tu ne ressembles pas du tout à une baleine. Au contraire, tu es rayonnante !

- C'est gentil, Marine. Même si je n'en crois pas un mot.

- Et Aiolos alors ? Lui aussi il trouve que tu ressembles à une baleine ?

- Aiolos est bien trop gentil pour me dire quelque chose de ce genre.

- Bien trop gentil et bien trop amoureux, surtout. Tiens, ce que l'ont dit sur l'appétit des femmes enceintes à tous les niveaux est vrai, d'ailleurs Seika ? »

Shaïna ponctua sa phrase d'un clin d'oeil appuyé et explicite et Seika se mit à rougir, embarrassée. Marine éclata de rire et asséna une bourrade à son amie italienne.

« Décidément Shaïna ! Ce n'est pas un mythe les stéréotypes sur les Italiens !

- Si tu savais, Marine... »

Les rires des deux jeunes femmes s'accentuèrent et Seika sourit doucement, puis elle étendit la main jusqu'à la poser avec affection sur l'avant-bras de Shaïna.

« Ça va, Shaïna ? Tu n'as pas eu d'ennui hier soir ? Milo était dans une telle colère... »

Marine redevint aussitôt sérieuse et lança un regard appuyé à l'Italienne qui avait elle aussi cessé de rire.

« Oui Seika, je vais bien. Bien mieux que ce que je pensais d'ailleurs.

- Oh ?

- La discussion d'hier m'a fait comprendre clairement que tout était fini entre Milo et moi. Et je pense qu'il l'a compris, lui aussi.

- Tu es sûre ?

- Oui. Complètement sûre. Il n'y a plus rien entre nous, plus de complicité, plus de sentiments du tout. Je vais le quitter. Mais il faut que je trouve un appartement… A Paris, plus facile à dire qu'à faire…

- Alors, là, j'ai peut-être une solution pour toi.

- Oh ? Tu m'intéresses, Seika !

- Le locataire d'Aiolos a posé son préavis : il a obtenu une mutation. Il part à la fin du mois.

- Le locataire ? Tu veux dire celui qui est en colocation avec Aiolia ?

- Oui je sais, ce n'est pas idéal, vu que c'est le meilleur copain de Milo… Mais pour dépanner, je me suis dit…

- Tu rigoles ! C'est génial ! Si ton homme veut bien de moi pour loger avec son frère, je suis partante ! »

oOoOo

Le brouhaha régnait dans l'amphi de littérature comparée, comme à chaque fois que le cours était assuré par M. Régnaut. Son ton monocorde et ses gestes rares et lents autant que le contenu insipide du cours lui avaient valu le surnom de « Paresseux », comme l'animal. Et c'était exactement ce qui lui convenait songea Lilian en étouffant un bâillement qui lui arracha quelques larmes d'ennui. Pour se distraire, il lança un coup d'oeil circulaire aux étudiants devant lui. Son regard accrocha aussitôt une chevelure écarlate soutenue et épaisse, noué sagement en catogan impeccable. Il poussa un soupir contrarié. Pas une mèche de mercure rouge ne dépassait. Pas un frisottis, pas un faux pli dans l'incroyable chevelure.

Sa contrariété enfla. Décidément, il ne supportait pas ce mec ! Il représentait tout ce qu'il ne pouvait pas encadrer ! Le bon chic bon genre bourgeois, parfaitement dans l'ordre des choses. La norme absolue, jusque dans ses études et ses notes. Le fils de bonne famille qui étudie la littérature à la Sorbonne et qui rentrera dans sa famille étriquée épouser une fille aussi chiante que lui qui lui fera une flopée de gosses. Le dimanche à la messe, sans doute. Les vacances dans la maison de campagne familiale. Aucune envergure, aucune voie déviante, aucune fantaisie. La route toute tracée, sans surprise, jusqu'au bout…

Quel ennui…

Oh ?

Lilian poussa un nouveau soupir et secoua la tête comme quelqu'un qui s'éveille. De là où il était, il se trouvait sur le côté de l'amphi et voyait en partie le profil de Camus. Et ce qu'il voyait piquait son insatiable curiosité.

Camus, le parfait étudiant toujours au premier rang, n'écoutait pas le Paresseux. Contre son habitude, il ne prenait aucune note. Il avait le regard perdu dans le vague et un léger sourire sur les lèvres en crayonnant machinalement sur ses feuilles.

Lilian pouffa discrètement et poussa Sol du coude en lui indiquant le spectacle d'un coup de menton. L'Espagnol suivit son regard et lui jeta en retour un regard de connivence. Un juron italien et un claquement de langue retentirent sur la gauche de Sol. Vitale, le regard assombri de mécontentement, leur souffla à voix basse :

« Cazzo les mecs, vous devenez chiants avec ce mec, vous savez ? Foutez-lui la paix ! Sinon, je vais finir par penser qu'il vous intéresse, hein ?

- Dans tes rêves, connard !

- Oh, tu t'énerves bien vite, Lilian, c'est louche…

- Arrête de dire conneries gros comme toi ! Te sens pas bien dans ta tête !

- C'est ça, c'est ça ! Écoute le cours plutôt.

- Mêle tes ognons !

- Lilian, calme-toi...»

Lilian se retourna sur la droite avec humeur en grinçant des dents et en serrant convulsivement son stylo. Vitale l'insupportait avec sa morale à deux balles ! Et Sol était chiant à vouloir toujours apaiser les choses ! Aujourd'hui était vraiment un jour pourri…

Enfin, au bout d'un temps long comme un dimanche pluvieux, la sonnerie retentit et les étudiants se levèrent avec soulagement et conversations amicales. Le flot de gens prit la direction de la porte de l'amphi, puis celle de la fac pour se diriger vers le resto U. Les estomacs grondaient : l'après-midi commençait déjà et ce cours barbant et tardif avait aiguisé les appétits.

Camus hâta le pas. Il devait se dépêcher s'il voulait avoir une place assise pas trop désagréable pour manger son déjeuner. Sa diligence fut récompensée : il arriva dans les premiers et une fois son plateau composé, put assez facilement s'asseoir à une table libre, agréable, près d'une fenêtre qui donnait sur la rue. Il jeta un coup d'oeil affamé à sa nourriture. En plus aujourd'hui le menu était bon. Décidément quelle bonne journée !

Avec un sourire heureux, il attaqua son repas et sortit son portable. Il se connecta tout de suite à son compte Instagram et rouvrit sa messagerie pour relire le mp de Goldαntarès une fois de plus. Aussitôt, le bruit des conversations et des chaises raclées au sol, les effluves mêlées des plats du resto U, les présences nombreuses autour de lui, tout s'estompa et il se retrouva en tête à tête avec son idole. Après avoir relu l'incroyable message une fois de plus, Cmus laissa sans réserve le bonheur et la félicité régner en lui. Puis au bout d'un moment suspendu, le souci s'empara de lui. Il devait répondre…

Avec attention, il commença à pianoter sur son écran, cherchant ses mots, effaçant, recommençant. Le sourcil froncé, tout à sa concentration, il se battit avec les mots rétifs, pour une fois, qui refusaient de lui obéir et de coucher sur l'écran ses sentiments et émotions. Au bout d'un long moment, il relut les deux malheureuses phrases qu'il avait réussi tant bien que mal à écrire et les biffa d'un geste rageur. Ça n'allait pas ! Pas du tout ! Poussière de Diamant ne pouvait écrire de pareilles banalités ! Il fallait une réponse à la hauteur de la confidence et de la confiance de Goldαntarès. A la hauteur de ce que Camus voulait que soit Poussière de diamant. Elle devait être exceptionnelle !

Soudain, quelque chose vint le tirer de son univers vituel et il leva la tête. Un silence relatif semblait s'être fait autour de lui et quelqu'un se tenait debout face à lui. Des chuchotements excités s'élevaient et des gloussements s'entendaient à droite et à gauche. Camus avisa d'ailleurs, sans savoir comment son regard tombait toujours sur lui, Lilian et ses amis, installés à deux tables de lui et dont le regard luisant pesait sur lui. Encore.

La personne en face de lui, immobile et fière, lui adressa la parole.

« On aimerait bien une table, mes amies et moi : tu veux bien être un chou et nous laisser la place ? »

Camus et un haut le coeur sous la morsure du ton, un assemblage de provocation, de suggestion et de dédain. June, debout devant lui, dardait le regard de ses yeux bleus avec morgue et condescendance. Elle posa son plateau sur la table et fit signe aux trois filles à ses côtés de faire de même, sûre de son pouvoir. Camus était ainsi invité à dégager prestement.

Les rires se firent moins discrets et les étudiants autour d'eux se lancèrent des regards de connivence. Camus rougit violemment, conscient de ce que sous-entendaient tous ces regards, pleins d'amusement et de fausse compassion. Avec un air de reine incontestée, pleine d'assurance, June s'assit et ses deux amies firent de même aux places libres, tandis que la troisième toussotait à côté de Camus et tapait du pied avec impatience.

Un gouffre puissant et vertigineux s'ouvrit dans le ventre de Camus tandis qu'un bruit sourd et régulier, de plus en plus rapide, venait couvrir les chuchotements se faisant explicites autour de lui. Sa température corporelle augmenta en flèche et il sentit ses oreilles tinter, tandis que le bruit sourd devenait un grondement qu'il identifia, stupéfait. C'était le bruit de son coeur qui s'affolait dans sa poitrine.

Voyant qu'il ne se levait pas, June fronça les sourcils et dirigea ostensiblement son regard de manière appuyée sur son amie debout et Camus assis, établissant un lien très clair et intimant encore plus clairement à l'étudiant de décamper. Les rires s'accentuèrent encore et les commentaires se firent parfaitement audibles, cette fois.

« … Pas de bol, mon gars !

- Ridicule… ferait mieux de dégager…

- Le goujat ... laisser une fille debout…

-… Ce que June veut, June obtient…

- … Surtout lui… Fait pas le poids ! »

Le vertige s'accentua en Camus et il se mordit les lèvres pour ne pas y céder. Et il croisa à nouveau le regard moqueur de Lilian. La voix mauvaise du Suédois raisonna en lui à nouveau.

C'est juste un pauvre nul, mal fringué, avec des cheveux rouges. Aucune classe. Aucun pouvoir. Le pauvre.

Mais aussitôt une autre voix se superposa à celle de Lilian, une voix qu'il imaginait belle, chaude et harmonieuse.

Échanger une véritable analyse poussée, intéressante et détaillée, avec quelqu'un d'intelligent et qui sait remarquablement écrire et développer ses idées, avec sensibilité et finesse, est un vrai régal.

Camus releva soudain la tête et darda son regard d'ambre rouge avec détermination sur la jeune fille hautaine face à lui. Une colère blanche s'empara de lui sous les moqueries et les regards condescendants de la foule. Pour la première fois, il ne céderait pas à l'intimidation ! Pourquoi June le traitait-elle ainsi ? Il ne le méritait pas ! Il ne lui avait même pas parlé une seule fois. Que croyait-elle ? Couplé à sa rage, un calme inquiétant et puissant s'empara de lui. Il en resta ébahi lui-même. L'assurance, la maîtrise et l'acuité d'Aquarius venaient d'éclore en lui, exactement comme lorsqu'il écrivait. Tout à coup, il sut. Il sut qu'il avait ce qu'il fallait pour faire face, qu'il ne craignait pas cette fille et ses sbires et qu'il allait l'emporter. Il sut qu'il valait mieux que ce que ces gens voulaient faire de lui.

C'est juste un pauvre nul, mal fringué, avec des cheveux rouges. Aucune classe. Aucun pouvoir. Le pauvre

Il releva encore plus fièrement la tête et sourit doucereusement à June assise en face de lui. Elle allait voir. Lilian allait voir. Ils allaient tous voir !

« Non, je ne pense pas. Si tu voulais une place, il fallait te dépêcher de venir manger au lieu d'aller refaire ton maquillage. Tu n'as plus qu'à attendre maintenant qu'une place se libère. »

Un chuchotement étonné et des exclamations s'élèvèrent : comment ce minable, timide premier de la classe mal dans sa peau, osait-il ainsi tenir tête à la reine de l'amphi ?

« Ça alors, Rosso, ce n'est pas comme ça qu'elle va t'apprécier, hein ! Décidément, t'es nul en drague ! Ca m'étonnerait pas que tu sois encore puceau ! »

La voix grave de Vitale, avec son accent italien prononcé, couvrit les murmures autour de la scène. Les spectateurs se mirent à rire ouvertement, à gorge déployée. Ce fut la curée. Les commentaires humiliants, salaces, moqueurs se déchaînèrent. June esquissa un sourire en coin et leva un sourcil à l'adresse de Camus comme pour lui signifier : « Tu t'attendais à quoi ? Tu n'es rien. Tu ferais bien de t'en souvenir pour ta propre tranquillité ».

La chaleur corporelle de Camus explosa et ses oreilles s'embrasèrent tandis que les coups violents dans sa poitrine résonnaient avec force. Il serra les dents et les poings sous l'humiliation et son visage le brûla avec force. Voilà… C'était toujours comme ça quand il tentait de répliquer… Il se faisait toujours humilier… toujours… Il n'avait décidément aucune valeur et aucun pouvoir…Lilian avait raison… Il aurait mieux fait de se taire en effet...

Au milieu des rires et du chahut, sous le sourire et le regard dédaigneux de la reine de l'amphi, soudain passèrent des images sous ses yeux, accentuant encore son malaise, tordant son ventre de détresse..

Le dos de son père qui s'éloigne avec mépris, le dédain de Lilian, les rires des Erasmus…

Mais du fond de son désespoir, au moment où sa respiration devenait difficile tant sa gorge se nouait, apparut sous ses yeux, se superposant à la belle blonde en face de lui, un visage merveilleux, mangé par un scorpion noir. Un visage magnifique qui ne souriait qu'à lui. A lui seul.

Tu serais mon œil objectif extérieur, mon pendant virtuel… Et qui sait ? Peut-être un jour mon ami(e?)…

Soudain la chaleur disparut, le froid et le calme s'emparèrent à nouveau de lui avec force et puissance, comme une gangue glacée remettant immédiatement son esprit en place. Oui, il valait mieux que ça ! Goldαntarès l'avait choisi. Lui seul parmi son million de followers. Poussière de Diamant, c'était lui !

Ses idées s'affutèrent, coupantes comme la glace, brûlantes de froid, comme elle. Fruit_défendu et tous ses autres fans suivaient, sans cesse plus nombreux, son œuvre, quel que soit le genre qu'il décide d'écrire. Lui ! Aquarius, c'était lui ! Le succès éclatant, de plus en plus étendu, d'Aquarius, c'était le sien !

Il relèva la tête et lança un regard assuré et incisif sur la blonde face à lui. Son esprit était clair comme un lac de montagne dans le froid glacé de l'hiver, comme cet air coupant et pur qu'il aimait tellement quand il skiait, seul, perdu dans l'immensité de la montagne et de la nature.

Sa voix ne trembla pas quand il prononça lentement les mots cinglants :

« Je suppose que tu t'attendais à ce que je capitule comme tous les autres, n'est-ce pas ? Désolé, June, mais tu n'es vraiment pas mon genre. Tu es belle, c'est vrai. Malheureusement tu illustres parfaitement l'adage qui dit qu'on ne peut pas tout avoir et qu'on a soit la beauté soit l'intelligence… Alors pour me plaire, il te manque vraiment l'essentiel, tu vois. »

Un calme soudain souffla net l'assemblée moqueuse. Dans le silence épais, à couper au couteau, un hoquet attira l'attention de Camus. D'un coup d'oeil rapide, il engloba la foule statufiée par sa réponse lapidaire et le visage stupéfait et incrédule de Lilian. Avec un sourire, Camus adoucit sa voix jusqu'à ce qu'elle devienne suave et veloutée et s'adressa à nouveau à la jeune fille interdite, qui hésitait à comprendre ce qui venait de se passer.

« Allons, si tu n'as pas bien compris ce que je t'ai dit, tu peux demander à Lilian, là. Il t'expliquera. Tout étranger qu'il soit, apparemment, il a mieux compris que toi. C'est dire… Mais ne t'inquiète pas, tu es très belle, vraiment. »

Face au sourire narquois et parfaitement assuré de Camus, June se leva d'un bond, comme si la chaise venait de lui asséner une décharge électrique et s'éloigna, tremblante de rage. Mais avant de partir elle se retourna et lança d'une voix coléreuse :

« Pourquoi tu me parles méchamment comme ça ? Pourquoi tu me regardais comme ça hier alors ?

- Il ne t'est pas venu à l'esprit du fond de ton orgueil, que ce n'était pas toi que je regardais de cette façon ? »

Les rires reprirent soudain, moqueurs à nouveau, et méprisants, cette fois. June se retourna calmement, son plateau à la main et sourire à nouveau aux lèvres. Mais Camus n'avait décidément plus peur. Une force inconnue et puissante se répandait en lui. Le lac de montagne limpide habitait souverainement son être.

« Tu bavais sur MermAid ? Encore mieux ! C'est ridicule ! Elle n'aime pas les mecs !

- Non plus. Ce n'est pas elle qui peut attirer mon attention. Une youtubeuse beauté ? Aucun intérêt. C'est d'une vacuité sans nom.

- Attends ! Ne me dis pas que tu en pinces pour Goldαntarès ?

- Je n'en « pince » pas pour lui, j'admire son travail. Il est brillant, lui. Je suis ses vidéos depuis le début, bien avant qu'il ne devienne populaire et célèbre.

- Oh, tu aimes les garçons ? Incroyable ! Tu es gay, tout s'explique ! »

Les rires s'élevèrent avec plus de force, suintant de méchanceté. Lilian laissa échapper un juron en suédois et Sol s'obscurcit. Mais la force du glacier millénaire qui surplombe depuis des siècles le lac de montagne régna en Camus.

« Décidément, tu as le QI d'une huître, ma pauvre.

- Quoi ? Comment oses-tu…

- J'ai dit que j'admirais son travail. Tu as entendu ? Tu as compris ? Ou bien il te faut un deuxième cerveau ? A quel moment ai-je dit que j'éprouvais des sentiments pour ce mec ? Tu comprends le français ou bien tu parles une langue connue de toi seule ? »

Des rires étouffés retentirent, mais cette fois, ils s'adressaient à June. Elle se mit à trembler de colère mais quand elle ouvrit la bouche, elle croisa le regard luisant d'ironie de Camus, prêt à lui répondre à nouveau, et referma la bouche sans pouvoir répondre. Suavement, Camus se pencha en avant et lança sa flèche du Parthe d'une voix douce :

« Et puis, même si j'aimais les mecs, en quoi ça te concernerait ? Ne me dis pas qu'en plus d'être stupide comme un bulot, tu es rétrograde et homophobe. Si ? Décidément, mis à part ta beauté, tu n'as pas grand-chose pour toi, on dirait. Ma pauvre...

- Espèce de… de…

- Bon, si tu en viens aux insultes : c'est que tu n'as plus rien d'autre comme recours que la violence. Je crois qu'on s'est tout dit. Donc je reste assis ici et j'ai autre chose à faire que me préoccuper de toi. Tu m'excuseras mais j'ai un message important à envoyer. Donc, sur ce… Bon appétit, loin de moi. Merci. »

Et Camus, avec un geste de la main dédaigneux, replongea dans son mp.

Avec un cri de dépit ridicule, June s'éloigna d'un pas rageur sous les murmures et les rires étouffés, suivie par ses amies inutiles qui tentaient en vain de l'apaiser.

L'allégresse règna en Camus. Pour la première fois, Aquarius s'était incarné dans la réalité et il avait pleinement senti que c'était bien lui, qu'il était légitime, dans son talent avec les mots, dans sa puissance glacée.

oOoOo