Chapitre 1

« Maintenant, vous allez me faire une cinquantaines de copies de ces 16 mandats »

Tous les jours c'était la même rengaine ; Hinata n'avait jamais le temps de souffler.

Jeune femme de 23 ans. Assez petite, une taille de guêpes non sans de gracieuses formes. De longs cheveux bruns tombants en cascade sur son dos Un visage doux et amical. Des perles violines agrémentant son joli minois, une bouche charnue, d'un rose discret. Des joues toujours légèrement teinté d'une couleur rouge pourpre, des cils graciles et longs. Mais surtout une volonté de fer. Et une envie de se dépasser et de prouver à tous qu'elle pouvait parvenir à ses fins sans l'aide de personne autre qu'elle-même.

Cette dernière travaillait chez la Tokyo Compagny depuis peu mais elle savait qu'elle n'y était pas à sa place.

En effet, les employés la regardaient toujours de haut, lui faisant comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue ici.

Le plus triste pour la jeune femme ce n'était pas qu'ils la rejetaient car elle était incompétente. Loin de là. C'était simplement une réaction de peur. Une peur irrationnelle. Ils craignaient la famille de la jeune femme qui était extrêmement riche et influente dans le milieu. Cette dernière occupait plus de la moitié du marché électronique.

Alors, voir l'héritière de cette firme arriver, les faisait trembler. Pour eux, elle était venue enquêter. Un agent double en somme. Rien de plus, rien de moins. Une espionne.

Une bande d'idiots.

Et lorsque qu'ils apprirent l'existence de cette fille, de cette nouvelle « employée », ils s'étaient braqués, se demandant pourquoi elle était ici. Pourquoi ne pas être allée travailler dans sa famille. Cela aurait été plus logique que de la voir débarquer chez eux.

Aussi, depuis l'or, les salariés de la firme se montraient hostiles avec la pauvre jeune femme qui ne demandait rien à personne et faisait correctement son travail.

C'est en soupirant une énième fois, qu'elle se dirigea vers la photocopieuse. Tous les jours, elle devait faire les pires besognes et personne ne disait rien, et elle se gardait bien de le dire à haute voix, risquant de se faire encore plus mal voir.

Et puis, elle n'aurait jamais assez d'une seule vie pour dire tout ce qu'elle pensait. Ils la jugeaient sans savoir, et la rabaissait pour lui faire comprendre que sa venue n'était pas apprécié. Tout ceci à cause d'une famille qu'elle n'a pas choisi. Elle détestait cette mentalité. Ces ignares à la recherche du dernier ragot pour pouvoir enfoncer leur victime, tels des vautours tournant autour de leur proie. Scrutant le moment où elle courbera le dos afin de planter leurs serres tranchantes.

Il ne faut pas se leurrer Dans le monde du travail pour monter les sommets rien ne vaut de petits coups-bas. La société est ainsi. Lâche. Faible. Aimant faire souffrir les autres pour les profits de chacun. Il n'y avait pas de véritables amitiés en ce bas monde.

La jolie brune l'avait compris dès son plus jeune âge et tout cela s'était avéré vraie jusqu'à maintenant. Ces collègues qui semblaient s'apprécier, et qui, seuls avec d'autres, cracher dans leur dos. Les critiquant et riant avec dédains. Cela la dégoutait. Comment l'humain pouvait-il être aussi mauvais ? Tout n'était qu'hypocrisie et mensonge. Elle n'avait pas besoin de ça. Alors elle s'était protégée. Ne se faisant jamais d'amis. A quoi bon ? Elle finira par se faire bruler les ailes.

Pathétique.

Elle termina d'accomplir sa tâche, non sans douleurs aux poignets. Elle se saisit des documents posé dans le bac de la machine et c'est en traînant lourdement le pas qu'elle se dirigea vers une porte où l'on pouvait lire dans un cadre d'or ; Chef D'entreprise Mme Kuyo. Elle prit une profonde inspiration et toqua doucement à la porte.

« Entrez. » Ordonna une voix autoritaire.

Elle pénétra ensuite dans la pièce et se retrouva en face d'un bureau en verre transparent où une femme d'une quarantaine d'années classait des papiers. Elle avait toujours craint cet endroit et l'atmosphère morne qui y régné.

Hinata referma la porte derrière elle et lui annonça avoir fini les copies. La dites chef daigna enfin lever les yeux de sa paperasse et la toisa avant de lui tendre la main sans une parole. Elle s'avança avec crainte et lui donna ces fiches avant de repartir en la saluant respectueusement.

Mme Kuyo était la femme qui avait engagé la jeune femme. Elle avait vu en elle un potentiel hors normes. Cependant elle vit rapidement le comportement de ses employés envers la jeune femme et ne voulant pas lui créer plus de problèmes, elle faisait de même, sans pour autant la laisser de côté : lui donnant toujours du travail et de quoi s'occuper.

Elle lui parlait de temps en temps sans que ce soit sa grande amie mais la brunette avait ce petit quelque chose qui apaisait la conscience de la chef. Cette dernière avait essayé de dissiper ce malentendu mais cela c'était solder par un échec et n'avait eu l'effet que d'augmenter le méprit des gens face à la jeune femme : « Alors comme ça, elle avait payé la chef pour qu'elle l'aide ? Cette fille à Papa est horrible. »

La jeune femme se rendit, donc, après ça, à la cafétéria. Sur le chemin, les murmures fusaient, certaines femmes lui donnaient des coups d'épaules, d'autres tentait de la déstabiliser moralement. Elle savait que depuis son arrivée tout le monde voulait la voir démissionner mais elle était plus forte que tous ces imbéciles immatures. Et elle savait que partout où elle irait des idiots du même acabit essayeraient de la mettre plus bas que terre dans le but de récolter les lauriers.

Son père lui avait enseigné son savoir sur la bassesse des Hommes mais elle n'y avait pas prêté attention. Pourtant, maintenant, cela lui était d'une grande utilité. Il avait eu raison sur toute la ligne ; de peur qu'on ne leur marche sur les pieds, ils se sont rebiffés et sont devenus des menaces. Enfin, pas pour la jeune fille, qui ignorait royalement toutes sortes d'attaques. Se montrant plus intelligente que ces clowns en costume-cravate.

Sa pause était d'une heure mais elle avait tellement de travail qu'elle s'écourtait au bout de trente minutes. Son déjeuner était simple : Un bento et une brioche aux haricots rouges. Elle mangeait seule. Mais cela ne la dérangeait pas, elle en avait l'habitude ; Dans la maison familiale tout le monde mangeait à des intervalles différentes. Hinata, durant toute sa vie là-bas, ne se rappelle pas avoir mangé une seule fois avec ses parents. Alors les repas silencieux c'était son quotidien, et, ironiquement elle se disait souvent ce serait bizarre, si d'un seul coup quelqu'un s'asseyait avec elle et commençait une conversation. Elle sourit face à cette pensée. Trop idéaliste.

Le reste journée n'était pas non plus de tout repos pour elle, qui devait courir à droite et à gauche constamment. C'était épuisant. Suivant les ordres de chacun. Devant faire les corvées de tout le monde. Se rabaissant à apporter le café tous les matins. A faire bonne figure et à sourie malgré son envie de s'enfuir et de ne jamais revenir. D'ignorer les insultes et les mauvais regards qu'on lui lançait. La seule chose qu'elle s'accordait à dire était que la journée était fulgurante et que le temps passait effroyablement vite.

Vingt-et-une heure sonna. Hinata rangea ses affaires et partie du bureau. Elle était la dernière dans les locaux. Elle se rendit dans le garage des employées où était garée sa voiture, un SUV noir. Elle aimait beaucoup conduire la nuit, elle se sentait capable de tout faire sans avoir de limite. Elle se sentait libre. Mais la solitude pesée beaucoup dans la balance et dans son cœur. Les interactions sociales étaient inexistantes. Elle n'allait jamais boire de verre après le travail. N'appelait presque personne.

Et ce soir-là elle prit la décision de changer. Et elle y arriverait peu importe comment. Elle voulait juste pouvoir rigoler avec des gens, qu'elle pourrait appeler « amis ». Chanter et parler avec eux, leur faire des confidences et se sentir en sécurité et qui sait, peut-être trouver l'amour. A 23 ans, elle avait encore des rêves d'enfant. Mais elle ne trouvait pas que c'était puéril. Au contraire, elle était sérieuse. Elle devait découvrir le monde tel qui l'était vraiment. Même si pour cela elle devra user de tous les stratagèmes. Maintenant elle était décidée à y parvenir et rien ne pourrait la faire changer d'avis. Elle ne sera plus une paria, elle ne sera plus le bouc-émissaire. Non, elle sera Hinata Hyuga, héritière en titre de sa prestigieuse famille, ayant des amis, un copain et la joie de vivre.

Mais elle ne savait que trop bien que l'obtenir serait très dur. Et souvent pénible. Mais c'était sa décision. Et elle réussira.

Après quarante minutes de trajet, elle arriva devant une charmante petite maison en bordure des bois. Elle était rustique et convenait à une petite famille. La façade était remplit de lierre ayant élu domicile sur les pierres apparentes. Cela rendait l'endroit reposant. Elle était excentrée de la ville. N'entendant pas grand-chose des voitures et autres nuisances sonores et cela lui convenait parfaitement.

Quand elle avait vu l'annonce pour cette maisonnette elle n'avait pas su résister et avait sauté sur l'occasion. Elle sourit face à cette vue. Elle l'aimait beaucoup, son chez-soi.

Elle entra, se déchaussa et partie vers la douche. Elle mit ensuite son pyjama et se mit devant son ordinateur en tapant dans la barre de rechercher : « comment créer des liens » Elle tomba sur de nombreuses réponses sur les sites de rencontres. Intriguait elle y navigua quelques temps avant de voir un site qui semblait parfait. Il s'appelait « Talk ». C'était un réseau social pour faire des rencontres virtuelles à l'instar de Mixi*. Elle fit rouler le curseur, survolant la première page qui disait :

« Vous cherchez des amis, des amours ou des connaissances ? Vous vous sentez seul(e) et n'avez personne à qui vous confier ? Ne vous inquiétez plus, Talk est fait pour vous. Ici, vous pourrez rencontrer de nombreuses personnes dans le même état d'esprit que vous, venant de tout le Japon. Le premier de l'archipel pour chatter en toute discrétion avec des millions de personnes. Alors n'attendez plus, ne réfléchissez plus, et inscrivez-vous !

Bon voyage vers la sociabilité »

Hinata sourit et se dit que c'était ça qu'il lui fallait. De plus le site lui semblait fiable et était très bien présenté ; La page d'accueil en gras, rouge, tapée dans l'œil avec écrit en gros « amis » ou encore le nom du site, puis venait la petite présentation du site. Le fond était d'un bleu pâle presque blanc très apaisant, sur le côté il y avait une barre de recherche pour trouver des noms ou encore une aide pour trouver des personnes avec affinités. Le lien d'inscription était en haut à droite de l'écran. Hinata fit bouger sa souris jusqu'en haut et après une légère hésitation cliqua sur le lien.

Il l'emmena vers une nouvelle page cette fois plus commune aux autres sites. Le formulaire d'inscription ne demandait que les choses basiques mais aussi certaines informations plus étranges, sûrement pour aider les autres inscrits à trouver plus facilement. Elle décida donc de le remplir :

Nom : Hyuga

Prénom : Hinata

Âge : 23 ans

Email :

Recherche (amis, amours, simples bavardages) : Amis

Personnalité : Gentille, d'une bonne écoute, timide et calme.

Ce que vous aimez : La nourriture en générale, la mer, les fleurs, les enfants, les animaux, parler.

Ce que vous détestez : Les insectes, les hypocrites, les moqueries.

Travaillez-vous ? (Répondez pour oui ou non) : Oui

Avez-vous déjà eu des amis : Oui

Comment avez-vous trouvé notre site ? Un ami vous à conseiller ? Ou alors par pur hasard ? : Par hasard en surfant sur le net.

Elle cliqua sur s'inscrire et ce fut fait. Elle soupira et se laissa tomber sur la chaise. Elle était incroyablement stressée. Comment une simple inscription pouvait être aussi effrayante. Elle écrivait – Elle en était certaine - un nouveau tournant de sa vie.

Après ça, elle éteignit son ordinateur et partie se coucher. Elle avait fait du bon travail. Maintenant il ne restait plus qu'à attendre que quelqu'un veuille bien lui proposer un chat. Talk était un moyen de parvenir à sa libération et quand elle l'aura enfin atteint elle pourra étendre ses ailes et s'envoler. La patiente est mère de vertu ? Elle le croira, jusqu'au jour où quelqu'un lui enverra un message. Elle sera enfin sortit de cet enfer perpétuel. Elle ferma les yeux et s'endormir presque aussitôt. Demain sera un jour nouveau.