Note de l'auteur :

Surprise ? I'm alive ! Merci pour tous vos commentaires, vos suivis, vos favoris... C'est ultra motivant, surtout quand on a le syndrome de la page blanche ! Je vous laisse avec Lucy et Laxus, on se retrouve en bas !


Lucy se sentait tiraillée entre le soulagement et l'appréhension. Elle allait enfin apprendre à manier ses nouvelles clés, mais elle savait que le chemin serait long avant de pouvoir les utiliser convenablement. Et du temps, elle n'en avait pas à perdre. Chaque journée passée à s'entraîner était une journée de moins consacrée à la quête d'Aquarius. Et en une journée, tout pouvait basculer. Bien sûr, quelqu'un dans le monde avait peut-être encore plus besoin qu'elle de la clé de sa vieille amie, mais l'esprit pouvait également tomber entre de mauvaises mains. Et ça, la constellationniste ne pouvait l'accepter. Mais il lui fallait d'abord devenir plus forte. Lorsqu'elle avait quitté son job quelques mois plus tôt pour se lancer en solo dans sa quête un peu désespérée, elle avait dû se contenter de suivre les pistes les moins dangereuses, car elle savait bien qu'elle n'était pas encore de taille à affronter certains défis. Et, même si elle avait déjà fait un grand pas en faisant face seule à des épreuves qu'elle n'aurait auparavant jamais pensé braver sans ses camarades, aujourd'hui, elle devait aller encore plus loin dans sa démarche. Car il y avait de fortes chances pour que la clé d'Aquarius se trouve dans un endroit dangereux, et elle devait mettre toutes les chances de son côté pour la récupérer.

Une raison plus égoïste, et mêlée à une bonne dose de couardise, lui faisait secrètement espérer finir rapidement son entraînement pour reprendre sa quête avant le retour de Natsu et Happy. Elle ne se sentait toujours pas prête à subir la confrontation qui s'annonçait. Elle avait cru qu'après tout ce temps passé, la blessure de leur abandon avait fini par se refermer, mais il fallait croire que de la rancœur et de l'amertume s'en écoulait encore. Mais ne valait-il pas mieux qu'ils se retrouvent et qu'ils s'expliquent une bonne fois pour toutes afin qu'elle puisse enfin guérir convenablement, plutôt qu'esquiver ce moment tant redouté et laisser la plaie s'infecter ? Elle aurait aimé qu'une oreille attentive soit là pour la conseiller et la soulager du poids de ses pensées qui commençaient à la tourmenter plus que de raison. Erza avait déjà assez à faire en tant que Maître de guilde, et elle devait également avoir son lot de questionnements existentiels avec Jellal. Elle ne voulait pas incommoder Wendy et son cœur pur avec ses sombres pensées, et Juvia ne se départissait que rarement de son humeur maussade, la faute à Gray qui n'était toujours pas rentré. Elle n'avait jamais été proche de Lisanna, et Mirajane avait tendance à toujours surinterpréter ses paroles. Levy lui manquait. Cana aussi.

Après sa discussion avec Freed, elle n'était pas retournée à la guilde. Elle avait ressenti le besoin de marcher et de faire le point, une étrange énergie fourmillant dans ses veines, à mi-chemin entre l'angoisse et l'excitation. Elle avait déambulé sans but dans les rues animées de Magnolia, jusqu'à s'apercevoir que ses pas l'avaient guidée machinalement à son ancien appartement. Elle s'attendait à ressentir une bouffée de nostalgie en promenant son regard sur la devanture si familière du bâtiment, pourtant, il n'en fut rien. Un vide impérial avait pris place dans sa poitrine, étendant ses fils glacés dans chacun de ses membres, lui faisant retrouver un calme intérieur et une sérénité toute relative. Elle resta plantée là une minute, ou peut-être dix, hagarde, le nez en l'air, à contempler la façade sans vraiment la voir. Elle n'avait qu'à tendre la main pour frapper, mais ses bras restaient résolument ancrés le long de son corps. C'est un mouvement à la fenêtre qui la ramena à la réalité. Une silhouette réajusta les rideaux, avant d'arranger avec soin ce qui lui semblait s'apparenter à un bouquet de fleurs. De là où elle était, elle ne distinguait pas grand-chose. Etait-ce un homme ou une femme ? La personne qui occupait désormais son ancien chez elle était-elle dans la fleur de l'âge ou avait-elle déjà vécu mille vies ? La silhouette s'éloigna, aussi fugace qu'une ombre se fondant dans la nuit noire. Les ombres, Lucy les connaissaient bien. Elles lui avaient longtemps murmuré à l'oreille leurs perfides paroles, et sans Loki, elle aurait peut-être été tentée de les écouter et de redécorer de son sang ses murs trop blancs pour donner un dernier coup d'éclat à sa vie. Elle inspira longuement, laissant ses remords âcres s'asseoir sur ses grands yeux et lui fermer les paupières. A l'époque, elle s'était laissée ployer sous le poids de son amertume. En y repensant, elle aurait aimé noyer ces souvenirs sous une pluie de larmes, mais ses yeux étaient secs d'avoir trop pleuré. Finalement, en expirant, elle eut l'impression de briser les chaînes qui la retenaient encore à cet endroit. Elle ne voguait plus en eaux troubles parmi les spectres du passé. A présent, elle naviguait toutes voiles au vent et tenait la barre d'une main de maître. Il ne lui manquait plus qu'un cap. Elle rouvrit les yeux et s'éloigna sans se retourner.


Laxus avait attendu le retour de la constellationniste à la guilde, en vain. Ne la voyant pas revenir, il avait hésité à se lancer à sa recherche, mais après toutes les émotions par lesquelles elle était passée ces derniers temps, elle avait sans doute besoin de souffler un peu. Plongé dans ses pensées, il regardait sans voir et écoutait sans entendre, imperméable à l'agitation ambiante. En face de lui, Freed avait sorti son matériel d'écriture et, sa plume dans une main et un livre suspect dans l'autre, il commençait à gribouiller des pattes de mouche sur son parchemin d'un air concentré. En jetant un furtif coup d'œil sur le travail de son ami, Laxus comprit qu'il s'agissait là d'une ébauche de planning d'entraînement. Il ne la ménagera pas, songea le Dragon Slayer en constatant les journées déjà bien remplies qui s'allongeaient encore à vue d'œil. Même lui y serait allé plus mollo. Au début tout du moins. D'un autre côté, Freed avait raison, mieux valait démarrer fort et ne pas perdre de temps, car Lucy avait besoin d'être opérationnelle le plus rapidement possible afin de pouvoir se consacrer de nouveau pleinement à sa quête.

Il en savait lui-même quelque chose. Il avait longtemps couru après la gloire, la reconnaissance éternelle. Maintenant, il aspirait simplement à la tranquillité. La pression que son père lui avait fait subir dès son plus jeune âge, le poids d'être né Dreyar, petit-fils du puissant et respecté Makaraov, maître de guilde de Fairy Tail, et ses propres ambitions bercées d'illusions lui avaient suffi. En cela, Lucy et lui étaient bien plus semblables que n'importe qui d'autre dans la guilde. Il se souvenait avec netteté de son père, Jude Heartfilia, prêt à tout pour la faire revenir au domaine, quitte à employer les grands moyens en missionnant Phantom Lord de la récupérer. Lucy aussi avait toujours vécu avec le poids de son nom sur les épaules. Que serait-il advenu d'elle si elle n'avait pas eu le courage de tourner le dos à son père ? Serait-elle mariée à un riche entrepreneur ? Aurait-elle épousé un homme qu'elle n'avait pas choisi et pour qui elle n'avait nulle affection, uniquement pour satisfaire les désirs du chef de famille et perpétuer la lignée de l'illustre famille Heartfilia ? Non, songea Laxus. Lucy avait une volonté si farouche de liberté et d'indépendance qu'il ne pouvait pas imaginer un instant la voir se résigner à obéir aveuglément et à passer le reste de sa vie prisonnière de sa cage dorée. Tout comme lui, ses propres aspirations l'avaient poussé à tracer son chemin sans se retourner. Et, aujourd'hui encore, c'est avec ardeur qu'elle poursuivait sa quête. Il espérait simplement qu'elle ne commettrait pas les mêmes erreurs que lui.


Lucy était rentrée pour repartir aussitôt après s'être changée. Freed avait peut-être accepté de l'aider, mais elle comptait toujours sur le soutien de Caprico et Loki pour continuer à l'entraîner sur son temps libre. Et du temps libre, elle en bénéficiait d'ailleurs tout de suite, pour toute une après-midi, et même toute la soirée s'il le fallait. Il était plus que temps qu'elle se remette à l'exercice afin de pouvoir passer à la vitesse supérieure rapidement. Sans avoir besoin de l'invoquer, Loki se présenta à elle dans son extravagance habituelle.

- Lucy, lumière de ma vie ! Ton prince charmant a entendu ton appel ! s'exclama l'esprit un genou à terre et la main sur le cœur.

- Merci d'être venu Loki, lui répondit la jeune mage d'un ton légèrement blasé. Je pense que tu sais pourquoi je souhaitais t'invoquer. J'aurais aimé commencer l'entraînement dont on avait parlé.

- Je suis un homme de parole, nous commencerons bientôt ton entraînement. Cependant, je préférerais attendre de voir le programme que te réserve Freed avant d'entamer quoi que ce soit, afin de ne pas interférer dans ses projets. Je te propose qu'on en rediscute quand tu auras ton planning entre les mains, qu'en penses-tu ?

- Ça me paraît raisonnable, concéda Lucy, bien qu'un peu déçue.

- En attendant, pourquoi ne pas commencer à glaner quelques renseignements sur la clé d'Aquarius ? lui proposa l'esprit du lion.

- Eh bien, qu'attendons-nous ? En route Loki, allons récolter un maximum d'informations !

Et c'est ainsi que les deux comparses reprirent la route pour le centre-ville. Mais sous son air jovial, Loki n'en menait pas large. Il avait eu tellement de mal à lui faire sortir la tête de l'eau et à la maintenir à flot qu'il avait une peur bleue de la voir replonger pour se laisser couler de nouveau. Il avait peur de la voir tomber sans se relever après avoir couru après des chimères, des espoirs de sable et de vent éparpillés dans l'horizon. Il avait peur de la voir basculer en tentant de saisir une main tendue qui se dérobe. Non. Il ne se le permettrait pas.


Laxus rentra chez lui un peu plus tôt que d'ordinaire. Il ne l'avait jamais confié à personne, mais le silence l'oppressait. S'il appréciait grandement le calme, il avait du mal à supporter la solitude. Après tout, il avait grandi à Fairy Tail, parmi le tumulte et le brouhaha incessant. Se retrouver seul chez lui ne lui rappelait que trop de mauvais souvenirs. L'excommunion de son père et le vide qu'il avait laissé dans sa vie malgré toutes les souffrances qu'il lui avait causées. L'absence de son grand-père, qui passait plus de temps à s'occuper des membres de la guilde que de lui afin de ne montrer aucun favoritisme. Le fantôme d'une mère qu'il n'avait jamais connu et qu'il ne connaîtrait sûrement jamais.

En partant plus tôt de la guilde ce jour-là, il avait inconsciemment bon espoir de trouver Lucy chez lui, occupée à rédiger quelques chapitres de son roman, ou peut-être à prendre un bain. Mais comme d'habitude, seul le silence l'accueillit. Rien n'avait bougé, tout était à sa place, comme s'il avait simplement rêvé de toute cette histoire impliquant la constellationniste. Seul son bureau remis en ordre prouvait le passage de son invitée à durée indéterminée. Était-elle partie en catimini ? Non, constata-t-il en ouvrant son placard. Lucy avait rangé consciencieusement ses affaires dans l'espace qu'il lui avait laissé. Une pointe de soulagement l'envahit. Au moins ne l'avait-elle pas fui.

En revenant dans le salon, il s'assit sur son canapé pour réfléchir à la suite. Devait-il tenter de cuisiner quelque chose pour partager le dîner en sa compagnie ? Il n'était pas bon cuisinier, il le lui avait déjà signifié, mais il pourrait peut-être essayer de préparer un plat simple et surtout, comestible ? Enfin, il ne savait même pas à quelle heure elle rentrerait. Et puis, peut-être qu'elle reviendrait en ayant déjà mangé. Merde, il se prenait vraiment la tête pour des broutilles. Décidant de ne pas changer ses habitudes, il commanda son repas, avec quelques extras au cas où la constellationniste aurait décidé de rentrer dîner en sa compagnie. Si jamais elle rentrait. Pourquoi ne rentrerait-elle pas ? Elle avait décidé de rester, n'est-ce pas ? La nuit était déjà tombée. Peut-être s'était-elle perdue ? Lui était-il arrivé quelque chose ? Avait-elle des ennuis ? Les pensées de Laxus ne cessaient de tourbillonner dans son esprit. L'agitation le gagnait peu à peu. Son cœur tambourinait fort dans sa poitrine, comme s'il cherchait à s'en échapper. Avait-il si lamentablement échoué à essayer de prendre soin de la jeune femme au bout d'une seule putain de journée ? Ni le bruit d'une clé tournant dans une serrure, ni même le mouvement de sa porte d'entrée claquant un peu trop brusquement ne sortit le Dragon Slayer de ses sombres pensées. Il était maintenant amorphe, la tête baissée et le regard vitreux, assailli par les remords, submergé par ses échecs.

Tout d'un coup, une paire de pieds manucurés chaussés de sandales en cuir rencontra son champ de vision. S'il ne réagit pas plus que ça au départ, l'information remonta peu à peu jusqu'à son cerveau. Il leva lentement les yeux. Il commença par détailler de fines jambes tannées, puis son regard accrocha une jupe en jean poussiéreuse recouvrant des formes généreuses. Un peu plus haut, il découvrit un ventre plat et tonique surmonté d'un top mettant en valeur des atouts indéniables. Un peu plus haut encore, il rencontra un cou gracile sur lequel étaient éparpillés çà et là quelques grains de beauté, et des lèvres rosées qui d'ordinaire invitaient aux baisers mais qui arboraient présentement une moue qu'il n'arrivait pas à interpréter. Laxus les fixa peut-être un peu trop longtemps. Il avait peur de continuer son exploration. Peur de croiser son regard, et d'y lire tout son dégoût et sa pitié pour la personne rustre et minable qu'il était. Il tressaillit. Inspira longuement. S'imprégna de cette odeur si particulière de soleil et d'orage d'été. Et, quand enfin il trouva le courage d'affronter ses grands yeux chocolat, il faillit se consumer sous le poids de tous ces non-dits pourtant si expressifs. Je suis là, je ne m'enfuirai pas, semblaient crier ses iris. Et lui de lui répondre en retour : merci.

- Je suis rentrée, se contenta-t-elle pourtant de lui dire d'une voix douce, un léger sourire flottant sur ses lèvres.

- Bon retour à la maison, lui répondit-il d'une voix rendue rauque par l'émotion.


Certes, un petit chapitre, mais je ne me voyais pas le couper autrement. J'espère que vous n'avez pas été déçus de la (très) longue attente... En tout cas, si vous suivez toujours cette fanfic, ça me ferait chaud au cœur d'avoir vos retours ! A la prochaine !