Note de l'auteur :
Toujours vivante, rassurez vous, toujours la banane, toujours debout ! Ça fait un bail hein ? Comment ça va vous ?
Merci mille fois pour tous vos commentaires ultra motivants, c'est ce qui m'a permis de sortir ce (petit) chapitre ! Bon, au bout de presque 1 an, je sais, je sais. Honnêtement, je n'ai aucunes excuses, mais bon, mieux vaut tard que jamais comme on dit. J'espère que l'attente en valait la peine, et que ce chapitre vous fera plaisir ! On se retrouve en bas :D
Lucy était en nage. Le souffle court, le dos courbé, les mains sur les genoux, elle avait de plus en plus de mal à esquiver les attaques perfides de ce détraqué de Freed. Le premier exercice sera tout simple, lui avait-il dit lorsqu'ils s'étaient retrouvés dans une clairière non loin de chez Laxus. Un simple combat, pour juger son niveau et adapter le reste des exercices par la suite. Plutôt confiante après sa victoire contre le mage aux cheveux verts et son comparse casqué lors des épreuves pour devenir mage de rang S avec Cana, la constellationniste s'en mordait désormais les doigts. Freed lui balança une nouvelle salve d'attaques sans attendre qu'elle récupère un minimum. Quel enfoiré ! Cette fois-ci, elle n'eut ni le temps ni la force de parer, ni celle d'esquiver. Elle fit un vol plané et s'encastra dans un arbre quelques mètres plus loin, avant de se retrouver le cul par terre au pied du tronc.
Encore un peu sonnée, elle cligna des yeux pour retrouver ses esprits, juste à temps pour voir qu'il était déjà en train de la charger ! Ah, Bixlow et lui s'étaient bien foutus de son amie et d'elle sur Tenroujima ! Ils les avaient laissées gagner, la voilà la vérité ! Ils avaient eu pitié, rien de plus ! Envolée, la fierté d'avoir réussi à gagner un combat grâce à ses capacités. Envolé, ce sentiment d'accomplissement après un dur labeur. Seule une colère sourde teintée d'amertume subsistait maintenant. Était-elle si faible qu'il avait fallu la laisser croire en une victoire illusoire ? Un rire désabusé s'échappa de ses lèvres. Freed était devant elle maintenant, la pointe de son épée touchait presque son thorax.
- Lève-toi, lui dit-il le regard dur.
La constellationniste se contenta de lui jeter un regard torve. En cet instant, le leader des Raijinshu lui rappelait le mage impitoyable qu'il avait été lors de la bataille de Fairy Tail. Il n'hésiterait pas à la brusquer, elle le savait. Mais à quoi bon ? Il était évident qu'elle ne pouvait pas rivaliser. S'il était déjà un mage puissant et plein de ressources, il s'était encore amélioré en un an. Et elle, qu'avait-elle fait ? En choisissant de devenir journaliste, elle avait délaissé son entraînement, préférant affûter ses mots et soigner ses tournures de phrases plutôt que travailler sur sa magie.
Elle avait toujours une bonne excuse pour éviter de trop se pencher sur ce manque de pratique. Jason l'envoyait courir à travers le pays pour couvrir des événements sans jamais se reposer. Ses textes nécessitaient des corrections de dernière minute avant de pouvoir être soumis à la relecture. Ses extras en tant que gravure lui prenaient une bonne partie de son temps libre. Avec tout ça, son planning était déjà bien chargé, impossible pour elle d'y caser un quelconque créneau pour s'entraîner ! Enfin, ça, c'était ce qu'elle se disait pour se donner un semblant de bonne conscience. En réalité, elle avait peur. Peur de se ridiculiser, de ne pas pouvoir progresser. Peur de rester l'éternel boulet qu'elle avait toujours été pour son équipe. Peur de rester cette pauvre fille un peu naïve, un peu gauche, et terriblement dépendante des autres.
Peut-être n'était-elle pas faite pour être mage après tout. Sa mère avait été une grande constellationiste. Lucy, elle, ne lui arrivait même pas à la cheville. Elle possédait certes un nombre impressionnant de clés d'or, mais une partie avait appartenu à sa mère avant elle. Les dés étaient pipés depuis le début. Elle avait été privilégiée. Et la réalité la rattrapait violemment. Elle n'était bonne à rien. Pire, son seul recours avait été de sacrifier Aquarius pour sauver ses amis dans un moment crucial. Elle n'avait rien pu faire par elle-même, et elle avait fini par perdre une amie irremplaçable. Par perdre une part d'elle-même.
Lucy revint à la réalité en sentant les mains de Freed lui agripper durement les épaules afin de la relever avant de la secouer sans ménagement.
- Bats-toi, lui ordonna-t-il la voix grave.
La constellationniste se contenta de le fixer sans vraiment le voir.
- Bats-toi, répéta-t-il avec plus de force.
Lucy cligna lentement des yeux avant de déporter son regard sur la clairière environnante. Elle refusait de le regarder plus longtemps.
- Bats-toi, lui hurla-t-il cette fois-ci au visage.
Mais il n'obtint pas plus de réaction. Il retira ses mains des épaules de la jeune femme avant avant de laisser tomber ses bras le long de son corps, les poings serrés.
- Quand tu es venue me trouver ce jour-là, et que tu m'as demandé de t'entraîner j'ai pensé… La lueur que tu avais dans ton regard… Dis-le moi Lucy… Dis-moi que tu n'as pas renoncé…
La jolie blonde frémit, inspira profondément et ferma les yeux quand quelques perles salées commencèrent à s'en échapper.
- Dis-moi que tout ça, tes belles paroles, ta détermination… Dis-moi que ce n'était pas que du vent…
Qu'avait-elle fait ? Qu'avait-elle cru ? Qu'elle serait un jour capable de quelque chose ? Une longue poignée de mots creux jetés dans l'air sans la moindre conviction, voilà ce qu'elle avait servi à Freed quelques jours plus tôt. Et aujourd'hui elle se retrouvait là, dans cette clairière, à lui servir de punching-ball jusqu'à ce que mort s'en suive. Elle exagérait à peine.
Freed soupira, leva la tête. Son regard se perdit dans le ciel dégagé en cette fin de matinée. Le soleil les réchauffait doucement, une brise légère soulevait délicatement les feuilles des arbres. C'était une belle journée. Et pourtant. On aurait dit que la lumière n'atteignait pas la constellationiste. Qu'elle ne l'atteignait plus. Un voile d'ombre semblait lui coller à la peau et la recouvrir toute entière. Il affaissait ses épaules. Il tordait sa bouche. Il hantait ses yeux. Ce regard… Freed le reconnaissait sans nul doute. Celui de la culpabilité. De la douleur. Du doute. Fut un temps, Laxus l'avait longuement arboré.
Ce dernier émergea de derrière les arbres, comme s'il avait inconsciemment capté les pensées de son frère d'armes alors même qu'il n'était pas censé se trouver là. Les épiait-il ? Depuis combien de temps ? Le leader des Raijinshu pausa une main sur l'épaule du mage aux cheveux verts et le remercia brièvement d'une voix basse, sans même le regarder. Il ne le vit même pas partir, non sans leur jeter un coup d'œil pensif. Son attention entière était fixée sur Lucy. La tête basse, ses bras enserrant son corps tremblotant, elle luttait pour ne pas éclater en sanglots.
Il s'approcha pas à pas, comme il l'avait une fois pour apprivoiser un jeune faon. Ses enjambées étaient lentes mais sûres. Il ne reculerait pas. Ne la laisserait pas s'échapper. Enfin, il s'arrêta tout près d'elle. Peut-être un peu trop. Il percevait la chaleur de sa peau émaner contre son corps malgré la chemise violette qu'il avait revêtu. Son souffle haché mouvait le tissu, il en ressentait même les vibrations.
Tout doucement, il tendit une main vers le visage de la constellationiste, et releva son menton d'une douceur qu'on ne lui aurait jamais soupçonné, jusqu'à ce qu'il croise enfin les pupilles chocolat qu'il affectionnait tant. Il ancra son regard dans le sien et ne la quitta pas des yeux, comme s'il n'existait rien d'autre autour, comme si le temps n'avait pas d'emprise sur eux. Il déclara alors, d'une voix grave d'émotion :
- Je te vois, Lucy.
Celle-ci écarquilla légèrement les yeux et sembla revenir dans l'instant présent. Dans celui où Laxus Dreyar, le puissant Dragon Slayer qui n'avait peur ni de rien ni de personne lui disait qu'il la voyait. Qu'il la voyait vraiment. Elle, Lucy Heartfilia, la petite gosse de riche qui avait décidé de partir à l'aventure sur un coup de tête pour contrecarrer les plans de son père comme une ado rebelle. La constellationiste médiocre qui avait été incapable de prouver qu'elle méritait sa place dans l'équipe lors des Grands Jeux de la Magie. La fille paumée qu'elle était devenue, tellement lâche et faible qu'elle avait préféré mettre sa magie de côté pour un temps afin de jouer les apprentis journalistes et ne plus penser à sa vie d'avant. Laxus voyait tout. La tristesse qui la rongeait, les sombres pensées qui l'habitait, le noir qu'elle broyait. Il. Voyait. Absolument. Tout. Et ça n'avait pas l'air de le déranger le moins du monde. Il continuait de la contempler sans dégoût ni pitié.
- Je te vois, Lucy, répéta-t-il, plus fort cette fois.
Alors, la jolie blonde s'autorisa à craquer et se jeta dans ses bras pour sangloter de tout son saoul. Jusqu'à ce que ses yeux soient secs d'avoir trop pleuré. Jusqu'à ce que son esprit se vide d'avoir trop pensé. Jusqu'à ce que son cœur s'apaise après s'être tant emballé. Les grandes mains de Laxus lui caressaient paresseusement le dos. Emprisonnée ainsi entre ses bras, elle avait l'impression d'être intouchable. Que rien au monde ne pourrait plus jamais lui arriver. Dans l'étreinte de ce colosse, le nez dans sa chemise criarde devenue humide à cause de toutes les larmes qui s'y étaient échouées, elle se sentait protégée. En sécurité.
Ce fut sans doute le signal qu'attendait son pauvre cerveau pour lui signifier qu'il pouvait enfin partir se reposer après toutes les émotions qu'il avait vécues alors que midi n'avait même pas encore sonné. Lucy s'effondra dans les bras Laxus. Elle s'était endormie. D'un geste souple, il passa une main sous ses genoux, l'autre dans son dos. Sans qu'il ne puisse expliquer la raison l'ayant poussée à son geste, il rapprocha son visage de celui de la jeune femme, jusqu'à ce que ses lèvres touchent son front le temps d'un baiser chaste. En réalité, sa bouche s'était tout juste posée sur la peau de la constellationiste. A peine plus qu'un effleurement. Et pourtant, ce contact rapproché avait remué quelque chose au fond du Dragon Slayer. Quelque chose qu'il n'avait jamais encore vraiment ressenti, et qu'il pensait enfoui à jamais.
- Rentrons à la maison, murmura-t-il pour personne en particulier.
Pour la deuxième fois en quelques jours à peine, Lucy se réveilla complètement désorientée, déshydratée, avec un mal de crâne pointant lentement mais sûrement le bout de son nez. Elle était pourtant sûre de ne pas avoir abusé des délicieux cocktails de Mirajane cette fois-ci. Elle s'étira en baillant et tendit l'oreille. A travers la porte de la chambre fermée, elle entendit le bruit étouffé d'une lacrima-télé. Prenant son courage à deux mains, elle sortit du lit et se dirigea à pas de loup vers le salon.
Arrivée à destination, elle s'adossa sans un bruit à l'encadrement de la porte et se mit à observer à la dérobée son étrange compagnon. Ses longues jambes étendues devant lui, un bras sur le dossier du canapé, l'autre sur l'accoudoir, il avait fait sauter les premiers boutons de son immonde chemise et semblait à moitié somnoler devant ce qui semblait être un documentaire. Lucy eut une pensée émue à toutes les fans du Dragon Slayer qui auraient payé cher pour une photo de cette scène du quotidien. Si sa beauté sauvage avait de quoi déclencher des émeutes, cette facette plus intime qu'il dévoilait en sa présence lui conférait un charme certain qu'elle appréciait tout particulièrement. Pas étonnant qu'il figurait chaque année dans le top 20 du classement Sorcerer des plus beaux mages du pays. Les joues de la constellationiste s'empourprèrent à cette pensée, et son cœur se mit à battre d'autant plus vite que le mage de foudre avait décroché ses yeux de la télévision et avait désormais le regard fixé sur elle.
Alors, tout doucement elle s'avança, d'un pas léger, ses pieds nus frôlant le sol presque sans un bruit, tel un fantôme de chair et de sang, ses yeux toujours ancrés dans ceux mordorés du Dragon Slayer qui la suivait du regard à mesure qu'elle approchait timidement. Arrivée à sa hauteur, elle prit place délicatement dans le canapé à côté de lui. L'assise s'affaissa à peine lorsqu'elle s'assit, perchée au bord du sofa comme pour s'échapper à la première occasion, le corps tendu, le visage résolument tourné vers la télé-lacrima. Du coin de l'œil, elle pouvait voir que Laxus la regardait. Encore.
Une vague de chaleur s'empara de son cou et remonta à ses joues, lui réchauffant le corps et faisant tambouriner son cœur dans sa poitrine. Le mage finit par détourner les yeux pour se reconcentrer lui aussi sur la télé. Avait-il perçu sa gêne manifeste ? Avait-il entendu à quel point son cœur avait semblé vouloir s'échapper de sa cage thoracique ? Si c'était le cas, et ça l'était sûrement, il n'en fit pas la remarque et se contenta de suivre d'un air intéressé le programme quelconque qui défilait à l'écran. Elle-même ne saurait dire de quoi il s'agissait, tant elle était consciente de la présence du Dragon Slayer à ses côtés.
Elle n'arrivait à se concentrer sur rien d'autre que son souffle léger et régulier, ses doigts qui s'agitaient distraitement sur l'accoudoir, et son large torse qui se soulevait au rythme de sa respiration. Ce torse sur lequel elle avait déversé des torrents de larmes quelques heures plus tôt. Elle se souvenait avec précision de son odeur musquée, de la douceur de sa chemise, et de sa chaleur réconfortante. Et ses doigts. Ses doigts ! Qui tapotaient nonchalamment le cuir du canapé, et qui avaient caressé son dos avec une douceur infinie. Un frisson la parcourut, réminiscence fantasmagorique de leur étreinte passée. Elle déglutit. Depuis quand était-elle arrivée aussi près du mage ?
Elle était maintenant complètement tournée vers lui, penchée en avant, les coudes en appui sur ses cuisses, le menton posé sur le dos de ses mains. Elle cligna des yeux. Lui aussi s'était tourné vers elle. Un sourcil relevé d'un air de défi, il semblait évaluer le temps qu'elle mettrait avant de détaler sans demander son reste. Mais elle ne fuirait pas. Pas cette fois. Elle était lâche. Elle était faible. Elle était fragile. Mais elle pouvait changer. Elle voulait changer. Elle devait changer. Même s'il n'y avait personne pour y croire, à part peut-être Laxus. Le regard perçant du Dragon Slayer semblait lui dire "je t'attends". Les coins de sa bouche se relevèrent légèrement, dans un rictus provocateur. "Montre-moi ce que tu as dans le ventre". Elle ne le lâcha pas des yeux, ses pupilles chocolat défiant les prunelles mordorées, presque irréelles de son compagnon d'infortune. Ses lèvres rosées esquissèrent un sourire. Ses pupilles d'ordinaire ternies brillèrent d'un éclat perdu depuis longtemps. "J'arrive, regarde bien. Regarde moi".
Note de l'auteur :
Alors, vous êtes toujours au rendez-vous ? Qu'est-ce qu'on en pense, de ce petit rapprochement entre nos deux blonds préférés ? Allez, on se dit à dans 1 an ! (C'est une blague. Peut-être.)
