III : Apprendre de ses erreurs
La nuit était en train de tomber quand Marinette trébucha et renversa sur elle son verre de jus d'orange. Adrien lui suggéra de monter dans sa salle de bains, afin de passer un peu d'eau sur son vêtement.
— Tu peux emprunter un T-shirt dans ma penderie, si tu veux, ajouta-t-il.
Confuse, elle se sauva à l'étage, songeant qu'elle ne changerait jamais. Ladybug, elle ? Une catastrophe ambulante, plutôt ! Elle avait une grosse tâche d'eau sur la poitrine, quand elle sortit de la salle de bains. Elle se demandait si elle oserait ouvrir un placard pour trouver de quoi se changer, quand Félix pénétra dans la chambre.
Il ferma la porte derrière lui et lança :
— Tu ne vas rien révéler à Adrien, n'est-ce pas ?
Marinette s'immobilisa :
— De quoi parles-tu ?
— De la double vie de mon cher oncle.
Bien sûr ! réalisa Marinette. Félix savait qui était le Papillon. C'était lui qui lui avait permis de devenir Monarque, en échange de la broche du Paon. Mais… pourquoi pensait-il qu'elle était au courant ?
— Quelle double vie ? feignit-elle d'ignorer.
— Allons, Marinette, Kagami et moi t'avons tout expliqué.
Marinette se souvint brusquement du rêve éveillé qu'elle avait fait dans la salle de dessin de son collège. Cette histoire de jumelles, de mariage, de magie, de naissance et de mort. Mais tout s'était brouillé ensuite, à cause des cauchemars. Tout ce qu'elle avait compris ce soir-là avait été noyé dans les songes terribles envoyés par le Psycauchemardeur.
Mais maintenant, les images qui dormaient dans sa mémoire reprirent leur sens. L'identité des deux sœurs, le styliste, la magie utilisée pour créer les deux bébés… Marinette porta les mains à sa bouche pour étouffer un cri. Felix s'approcha rapidement, la prit par le coude et l'entraîna vers le divan où elle se laissa tomber.
— Tu n'avais pas compris, conclut-il d'une voix plate en prenant place près d'elle.
— Tu… toi et Adrien… Vous êtes…
Elle ne put se résoudre à prononcer le mot. Elle ne pouvait pas qualifier Adrien de monstre.
— Des senti-êtres, proposa Felix.
C'était déjà mieux.
— Tu te souviens ? insista le cousin d'Adrien.
— Oui. Les sentiments, la magie… et le prix à payer.
— Voilà.
— C'est ce qu'a expliqué Gimmi. Tout souhait doit avoir son équivalent et… (Marinette se mordit les lèvres. Elle parlait trop.) Enfin, je veux dire… tenta-t-elle de se rattraper.
— Marinette, je sais que tu es Ladybug.
— Quoi ? Mais non…
— Kagami t'a entendue en parler avec Alya.
— Je n'en rate pas une, soupira Marinette, vaincue.
— Ne t'en fais pas. Nous ne te trahirons pas.
Marinette secoua la tête, furieuse contre elle-même. Mais elle se reprit et revint au sujet de leur conversation.
— Pourquoi m'avez-vous raconté tout cela ?
— Pour que tu nous aides. Kagami et moi n'avions pas de solution pour imposer notre relation à sa mère.
— Oh… Je suis désolée, je ne vois pas ce que je peux faire pour vous.
— Ne t'en fais pas pour ça. Tsurugi-san a d'autres problèmes et elle a perdu son complice. On va se débrouiller.
— Avez-vous l'intention de révéler ses origines à Adrien ? s'enquit-elle.
— Nous n'avons aucune raison de le faire, estima Felix. Par contre, il faut absolument qu'il récupère les alliances de la famille Graham de Vanily. Elles peuvent être utilisées pour le contrôler.
— Oui, vous me l'avez expliqué, réalisa Marinette. C'est moi qui ai ces anneaux ! se souvint-elle soudain. Monsieur Agreste les a rendus, avant de faire son vœu.
— Quoi ? Il a fait un vœu ? s'écria Felix. Tu veux dire qu'il a réussi à prendre ton Miraculous et celui de Chat Noir ?
— Ne m'en parle pas, gémit Marinette en enfouissant sa tête entre ses mains. Je lui ai fait confiance, et il en a profité pour m'immobiliser et me les prendre. Ensuite, il a invoqué Gimmi, le kwami de la Réalité. Après, il a disparu.
— Tu veux dire qu'il est mort ?
— Réellement disparu. Mais comme Chat Noir l'a touché avec son cataclysme il y a quelques semaines, il n'avait plus beaucoup de temps à vivre.
— Mais pourquoi Émilie n'est pas là, alors ?
— Elle a disparu avec lui. D'après Tikki, je l'ai fait changer d'avis, et c'est Nathalie qu'il a sauvée à la place.
— Nathalie ? Elle était en danger ?
— Elle était en train de mourir. Elle a porté le Miraculous du paon alors qu'il était encore endommagé. Elle était Mayura.
— Qui ça ?
— Mayura, tu ne te souviens pas ?
— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles.
Marinette prit son téléphone dans l'intention de lui rafraîchir la mémoire en lui montrant des séquences du Ladyblog, avant de s'interrompre. C'était évident. Si Nathalie était aujourd'hui en pleine santé, c'est qu'elle n'avait jamais utilisé la broche cassée du paon. Voilà ce qui avait changé dans la nouvelle réalité. Mayura n'existait pas.
— Donc, mon oncle a renoncé à faire revenir la mère d'Adrien, résuma Felix d'une voix songeuse. Dis donc, tu as un sacré talent de négociatrice !
Marinette haussa les épaules. Elle n'avait pas l'impression que remplacer Émilie par Nathalie était une grande victoire. Pas du point de vue d'Adrien, en tout cas.
— On est d'accord que tout cela reste entre nous, et qu'Adrien n'a pas besoin de savoir ça ? insista Felix.
— Entièrement d'accord.
— Tu peux obtenir ça de Chat Noir ?
— Il n'était pas là. Lui aussi a souffert des mauvais rêves de Psycauchemardeur et il a craint de ne pas pouvoir se battre correctement. Il m'a envoyé son kwami et j'ai fait une fusion. Mais, moi non plus, je n'ai pas été à la hauteur, conclut misérablement la jeune fille.
— C'est parfait ! se réjouit Felix sans s'appesantir sur les regrets de Marinette. Si Chat Noir ne sait rien, il ne pourra rien révéler.
— Je vais lui expliquer les raisons du secret, promit Marinette. On peut lui faire confiance.
— Non, Marinette. Le meilleur moyen que cela ne revienne pas aux oreilles d'Adrien, c'est de ne le dire à personne.
— Chat Noir est fiable !
— Toi aussi, et pourtant, je sais que tu es Ladybug.
Marinette, mortifiée, ne trouva rien à répondre.
— Tu en as déjà parlé à d'autres personnes ? vérifia Félix.
— Seulement avec Nathalie qui savait tout, sauf la maladie à laquelle elle a échappé.
— C'est parfait.
— Qui d'autre sait, à part Kagami et toi ? s'enquit à son tour Marinette.
— Ma mère. C'est elle qui m'a tout révélé. Vu qu'elle savait pour le Paon, elle a immédiatement fait le rapprochement quand Papillon a commencé à faire des siennes.
— Tous les proches d'Adrien savent, réalisa Marinette.
— Raison de plus pour ne pas mettre d'autres personnes dans le secret, insista Félix. Et n'oublie pas, tu dois lui rendre les alliances de ma famille.
— Comment veux-tu que je lui explique que c'est moi qui les ai ?
— Laisse Ladybug s'en charger, suggéra Félix.
— Mais il va lui poser des questions sur ce qu'il s'est passé, protesta Marinette. Si je les lui envoyais par la Poste ?
Felix leva les yeux au ciel.
— D'accord, d'accord, je vais trouver une solution, promit la jeune fille. Mais, dis-moi, pourquoi tiens-tu tant que cela à préserver Adrien ? Je n'ai jamais eu l'impression que tu te souciais du bien-être de ton cousin, jusqu'à maintenant.
— Kagami tente de faire de moi une meilleure personne, répondit Felix d'un ton gêné en détournant les yeux. J'essaie de m'améliorer, ok ?
— Je vois. Si tu dois rester à Paris, autant que vous ayez une bonne relation, Adrien et toi, remarqua-t-elle.
— C'est ce que pense Kagami. Et…
Il hésita un court instant, avant de se lancer :
— Je suis désolé de t'avoir compliqué la tâche en te volant les Miraculous. J'étais prêt à tout pour récupérer celui du paon, pour reprendre le contrôle de ma vie. Ce n'est pas une figure de style, comme tu le sais. Je n'avais pas mesuré les conséquences. Je m'en fichais à l'époque. Tu as eu raison de me comparer à mon oncle, le jour où j'ai fait apparaître la lune rouge. Je regrette. J'espère que tu pourras me le pardonner un jour.
— Je t'ai pardonné dès que tu as ramené tout le monde. Cela voulait dire que tu avais compris que tu avais mal agi.
— Tu savais que cela se passerait comme ça ? C'est pour ça que tu n'as pas utilisé de Lucky Charm pour m'arrêter ?
Marinette hocha la tête.
— Je comprends pourquoi Kagami tient autant à toi, commenta Félix. Je te promets que je vais faire de mon mieux pour m'améliorer. J'ai compris que ce n'est pas de la magie qu'il me faut pour ne plus être mis à l'écart, mais que je dois aller de moi-même vers les autres. J'ai jamais eu d'amis avant. Tout ça pour moi, c'est…, c'est un peu nouveau.
Marinette eut l'impression de revenir dix mois en arrière. Elle revit le portail de son collège, le ciel menaçant, le parapluie noir. Les mêmes paroles, la même voix, les mêmes yeux verts qui trahissaient la crainte d'être repoussé. Seule la coiffure était différente.
— Tu ressembles beaucoup à Adrien, dit-elle doucement.
Félix parut surpris, puis il commenta avec un sourire incertain :
— Je suppose que, venant de toi, c'est un compliment.
— Comment peux-tu en douter ! fit mine de s'offusquer Marinette.
La porte de la chambre s'ouvrit à cet instant. Adrien entra et embrassa la scène du regard. Sa petite amie en train de lever les yeux au ciel, Félix l'air confus. Il lança un regard suspicieux à son cousin avant de demander :
— Tout va bien, Marinette ?
— Oui, on discutait un peu.
Comme Adrien ne paraissait pas rassuré par cette affirmation, elle ajouta :
— Nous essayons de faire connaissance.
— Vraiment ?
— Marinette est une amie de Kagami, intervint Félix. Et les amis de Kagami sont mes amis.
— Adrien est aussi un ami de Kagami, fit remarquer Marinette
— Tu vois, cousin, nous allons devoir devenir amis, en conclut Félix d'un ton léger.
Adrien ne parut pas partager cette opinion. Il s'avança vers Marinette dont il prit la main et proposa :
— Tu ne veux pas redescendre ? Les copains vont bientôt partir.
— Je te suis, accepta Marinette en se levant.
Ils laissèrent Félix dans la chambre. Tout en descendant l'escalier, Adrien dit d'un ton soucieux :
— Il faut te méfier de mon cousin. Il n'est pas ce qu'il paraît être. Il s'est fait plusieurs fois passer pour moi, et pas pour de bonnes raisons. Il a fait des choses… que je ne peux pas lui pardonner.
Bien sûr, se souvint Marinette, il sait que j'ai confié par erreur le Miraculous du Chien à Félix en le confondant avec lui.
Elle était avec Adrien sous sa forme de Ladybug quand son yoyo avait disparu. Alors qu'elle paniquait, il l'avait aidé à reprendre pied et l'avait poussé dans sa salle de bain pour qu'elle puisse se détransformer sans témoin. Il avait sans doute compris ensuite qui se cachait derrière le masque d'Argos. Et elle, qu'était-elle supposée savoir ? se demanda-t-elle, un peu perdue dans tous ces secrets qui s'entrecroisaient.
— Je pense qu'il souhaite réellement devenir quelqu'un de bien, se borna-t-elle à affirmer. On peut lui donner sa chance, tu ne crois pas ?
Adrien la regarda, les yeux brillants :
— Tu es quelqu'un d'adorable et de bienveillant, affirma-t-il doucement. Et c'est pour ça que je t'aime.
— Moi aussi, je t'aime, Adrien.
Ils s'étaient arrêtés au bas de l'escalier et se contemplaient avec tendresse. Marinette se dit que si Adrien désirait l'embrasser, elle ne reculerait pas cette fois. C'est le moment que choisit Kim pour faire irruption dans le hall.
— C'est là que vous vous cachez ? On a eu tort de s'inquiéter, alors, commenta-t-il d'une voix pleine de sous-entendus.
— On arrive, dit Adrien en lâchant la main de Marinette.
Ils rejoignirent les autres.
oOo
Les amis du collège partirent un peu avant minuit. Une fois que Nino et Alya eurent franchi le seuil, Marinette demanda à Adrien.
— Tu veux que je reste un peu ?
— Je suppose que tes parents vont vouloir que tu rentres.
— Ils peuvent comprendre que tu aies besoin de moi. Je peux te tenir compagnie jusqu'à ce que tu sois endormi.
— J'aimerais beaucoup, avoua Adrien.
— Je vous ferai raccompagner chez vous en voiture, intervint Nathalie, qui était à proximité.
Un regard vers Adrien convainquit Marinette que ce serait une bonne idée.
— Je préviens mes parents, décida-t-elle.
Elle l'accompagna dans sa chambre. Felix et sa mère se retirèrent dans celles qu'on avait mises à leur disposition. Nathalie resta en bas, n'ayant visiblement pas terminé ses tâches de la journée.
Adrien prit son pyjama et alla se changer dans la salle de bains. Il venait juste de refermer la porte, quand Marinette sentit une agitation dans son sac. Elle entrouvrit son réticule, pour voir ce que faisaient ses kwamis. Tikki avait agrippé Plagg, comme pour le retenir.
— Mais qu'est-ce que vous faites ? gronda-t-elle tout bas.
— Ordonne-lui de ne pas bouger ! s'écria Tikki.
— Évidemment. Plagg ! ce n'est pas le moment de te promener. Je t'interdis de quitter ce sac, c'est compris ? siffla Marinette entre ses dents.
Elle n'eut pas le temps de vérifier s'il lui obéissait. Avec un sourire timide, Adrien revenait dans la pièce. Il se glissa dans son lit, en tapotant la couette pour inviter Marinette à venir s'asseoir près de lui. Elle le fit volontiers et lui prit la main.
— Tu dois être fatiguée, supposa le jeune homme. Si tu as envie de dormir, n'hésite pas à partir. Je ne veux pas te priver de sommeil.
— Ça ira, assura Marinette, espérant pouvoir réprimer ses bâillements, car elle était effectivement épuisée. Pour toi aussi, la journée a été longue.
— C'est la pire journée de ma vie, confia-t-il. J'ai tellement honte de moi. Je me suis laissé embarquer à Londres comme un mouton. Si j'avais refusé, mon père m'aurait expliqué pourquoi je devais partir. J'aurais su qu'il avait l'intention de reprendre le contrôle du programme Alliance. Je n'aurais jamais mis cette fichue bague, j'aurais combattu les rêves, et je serais revenu à Paris pour l'aider !
— Adrien, tu n'aurais rien pu faire. Tu te serais mis en danger inutilement.
— Mais non ! Je suis…
Adrien s'interrompit brusquement, avant de reprendre d'une voix rauque :
— J'aurais dû être là, c'était ma place !
Marinette chercha comment apaiser la culpabilité de son amoureux.
— Adrien, tu n'as pas à t'en vouloir. C'est ton père qui a choisi de se taire, et d'invoquer un prétexte pour t'éloigner. Il aurait pu te dire qu'il se pensait en danger et qu'il avait l'intention de te faire revenir une fois le problème réglé.
— Cela n'excuse pas le fait que je ne me sois pas battu pour que toi et moi restions ensemble ! Je prétends que je t'aime, mais je ne fais rien pour te le prouver. Tu es toujours là pour moi et, moi, je me conduis comme un lâche !
— Ce n'est pas vrai ! protesta Marinette. Tu as fait ce que tu as pu. On a tous fait ce qu'on a pu. Je n'ai pas besoin que tu me prouves ton amour. Je sais que tu m'aimes. Je sais pourquoi je t'aime. Ton père ne t'a pas laissé le choix, je ne vais pas t'en vouloir pour ça.
— Moi, si !
Marinette comprit que rien de ce qu'elle pourrait lui dire ne lui ferait changer d'avis. Elle se souvint du conseil que lui avait donné Luka. Aller de l'avant. Entrelacer sa musique intérieure à celle d'Adrien.
— Il m'est déjà arrivé de regretter profondément mes actes ou mes manquements, confia-t-elle. La seule chose à faire, c'est de continuer. D'apprendre de ses erreurs. De surmonter ses faiblesses. C'est ce que j'ai l'intention de faire. Est-ce que tu veux bien le faire à mes côtés ?
Elle vit l'expression de son amoureux se détendre. Il lui sourit.
— Je te promets que je vais faire de mon mieux pour m'améliorer, souffla-t-il avec émotion.
Les mêmes mots que son cousin quelques heures auparavant. Leur ressemblance s'accentuait. Adrien aussi avait lui aussi récupéré le contrôle de sa vie, maintenant que les alliances qui servaient à le contraindre n'étaient plus aux mains de son père. Félix avait raison : il fallait qu'elle les lui rende au plus vite.
— J'ai confiance en toi, dit doucement la jeune fille. Et maintenant, il est temps de dormir.
Adrien hocha la tête et embrassa la main de Marinette qu'il tenait dans la sienne. Celle-ci se mit à fredonner ce que sa mère chantait autrefois pour l'endormir. Elle ne pouvait en reproduire les paroles, qui étaient dans la langue maternelle de Sabine, mais la mélodie était douce et nostalgique. Adrien ferma les yeux.
Au bout d'un moment, un ronronnement s'échappa du sac que Marinette portait en bandoulière. Mais à quoi pensait Plagg ! La jeune fille jeta un regard paniqué vers Adrien, craignant qu'il lui demande d'où venait ce bruit incongru. Mais il reposait paisiblement sur son oreiller, un léger sourire aux lèvres. L'étreinte sur sa main se relâcha.
Il s'était endormi.
oOo
Comme l'avait proposé Nathalie, le chauffeur d'Adrien reconduisit Marinette chez elle. Ses parents étaient couchés, mais une lampe était restée allumée dans le salon, pour qu'elle s'y sente attendue. Elle sourit, savourant sa chance. Non seulement elle avait encore ses deux parents, mais ils étaient aimants et compréhensifs. Pauvre Adrien !
Elle alla piocher quelques provisions dans la cuisine, avant de monter dans sa chambre.
Une fois la trappe refermée, Marinette ouvrit son sac pour en faire sortir les deux kwamis qui s'y trouvaient.
— Plagg, qu'est-ce qui t'a pris ? le tança-t-elle. Adrien aurait pu t'entendre.
Loin de paraître contrit, le petit être se rebiffa :
— J'ai consolé plus de personnes en deuil que tu ne le feras de toute ta vie ! lança-t-il agressivement. Je sais mieux que toi ce dont il a besoin !
— Plagg ! s'indigna Tikki.
Mais son compagnon ne lui accorda aucune attention. Il fila vers le plafond, traversa la verrière et disparut dans la nuit.
— Ne fais pas attention, dit Tikki à Marinette. Il le cache, mais c'est un cœur tendre. La peine de ton ami l'a touché. Il voulait sincèrement aider, j'en suis certaine.
La jeune fille se passa la main devant les yeux. Sans doute avait-elle réagi avec trop de sévérité. Pour se rattraper, elle offrit la nourriture qu'elle avait prise en bas aux kwamis, gardant de côté le bout de fromage qu'elle destinait à Plagg. Elle monta sur sa mezzanine, ouvrit le vasistas et le lui déposa sur la terrasse.
Alors qu'elle se préparait à se coucher, elle confia à sa kwami :
— Je me sens tellement stupide de ne pas avoir compris ce que Felix et Kagami m'ont expliqué hier soir.
— Tu n'étais pas prête à le croire, expliqua la petite créature. Et ces mauvais rêves obscurcissaient ton esprit.
— Quand même ! s'agaça Marinette. Cela aurait pu tout changer.
— Marinette, je t'assure que tu t'en es très bien sortie. Gabriel Agreste n'avait plus que quelques heures à vivre. Comment espérais-tu le sauver ? Et même si tu avais trouvé une solution, que penses-tu qui se serait passé ? Crois-tu qu'il aurait accepté de faire revenir son fils en France ? Qu'il aurait accepté que vous vous revoyiez ? Adrien aurait-il été plus heureux ?
— Tu as raison, Tikki, reconnut-elle en posant sa brosse à cheveux. Je dois suivre le conseil que j'ai donné à Adrien et ne pas m'appesantir sur le passé. J'ai bien assez à faire. Je dois rendre les alliances à Adrien, redonner sa bague à Chat Noir, trouver une solution pour que plus personne ne me vole tous les Miraculous, me préparer à combattre un nouveau papillon… Et convaincre le monde entier de renoncer aux bagues Alliance.
— Voilà un programme bien chargé, Marinette. Mais je pense que cela peut attendre un peu. Il est temps que tu ailles dormir, maintenant.
Un grand merci à Amélie et Fénice pour leur relecture attentive.
On se retrouve dans une semaine pour le chapitre 4 qui s'appellera : "Témoignage".
