Titre : Le Fil rouge du Destin
Auteur : Lysanea
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient
Pairing et personnages pour ce chapitre : Rhadamanthe x Kanon, Valentine, Queen, Sylphide, Gordon
Rating : T
Note : Bonjour à tous ! Merci pour votre fidélité et vos messages.
Mini-Chan : Merci pour ta review ! J'espère que tout va bien pour toi et que tu pourras voir ta soeur rapidement ! Je suis contente que tu aies aimé le dernier chapitre, j'espère que ce sera le cas ici aussi. En ce qui concerne la relation Shun-Hyoga, enfin, leur lien puisqu'ils n'ont pas de relation, et l'idée générale des relations dans une famille, je suis un peu comme toi à m'interroger. Je comprends que cela puisse dégouter mais je comprends également qu'on puisse n'y trouver rien de choquant. La morale n'a pas toujours été la même selon les époques et les lieux. S'il y a de l'amour, du respect et aucune conséquence dramatique (enfants), je ne vois pas vraiment où est le mal. Il y a par exemple certains peuples en Afrique qui ne reconnaissent pas le père comme donneur de gênes à ses enfants, il naît de l'union avec la femme mais de la volonté divine. Du coup, ils n'ont aucun problème à ce que le père ait des relations sexuelles avec sa fille ou son fils. Mais la mère, qui porte les gènes et les transmets à elle seule, est condamnée si elle fait ce genre de choses. Bref... Prends bien soin de toi et merci encore !
Bonne lecture à tous !
.
.
Le Fil rouge du Destin.
Chapitre Quarante-huit : Slice of hell.
Qui sait si vivre est ce que l'on appelle mourir, et si mourir est ce que l'on appelle vivre ?
(Euripide)
.
.
Caina,
Royaume souterrain,
Mercredi 3 Novembre – Jeudi 4 novembre 2004
.
.
Rhadamanthe et Kanon arrivèrent au milieu de leur salon, à Caina, faisant sursauter les personnes présentes, qui s'écartèrent d'un bond pour ne pas se faire arracher un membre par les ailes immenses de Wyvern.
La pièce était suffisamment grande, le plafond haut, le lustre suspendu loin en hauteur laissait une bonne marge, et Rhadamanthe savait exactement où et comment il atterrissait chez lui.
C'était donc clairement volontaire, car il aurait pu les téléporte dans l'entrée.
Oui, il pouvait être taquin avec les gens qu'il appréciait.
- Seigneur Rhadamanthe ! protesta vivement Queen. Vous n'apprendrez donc jamais à soigner vos entrées ?
- Quel soin devrais-je apporter à une entrée dans ma propre demeure ? répliqua le Maître des lieux tout en renvoyant son Surplis dans son abri. Tout est en place ? ajouta-t-il en embrassant la pièce du regard.
- On a suivi tes consignes, répondit Valentine. Tu peux toujours changer ce que tu veux, si cela ne te plaît pas.
- Tu as trouvé les bougies ?
- Oui, je vous attendais pour les allumer. Mais tu es sûr de toi pour l'odeur ?
- Si tu as respecté mes indications, ce sont les préférées de Kanon. Les as-tu seulement sentis ?
- Je ne tiens pas vraiment à respirer l'odeur de la mer pleine de relents de poissons et de crustacés… grimaça la Harpie en tendant la boîte enfermant quatre belles bougies au Juge.
- La brise marine n'est pas la marée, Valentine. C'est très agréable. Ne t'ai-je pas toujours vivement conseillé de tester les choses par toi-même et ne pas te laisser influencer par des préjugés ou des idées préconçues ? Tiens, sens.
Cela pouvait passer pour une proposition, mais son ton n'admettait aucun refus.
Valentine fut donc contraint de tendre son nez vers l'un des blocs de verre contenant la cire d'un joli bleu pâle.
Ses yeux, qui s'étaient tout d'abord plissés d'appréhension, s'ouvrirent en grand.
- Quelle senteur incroyable, j'ai l'impression d'être sur un bateau, les cheveux au vent ! Kanon, je te comprends enfin ! lui dit-il en se tournant vers lui.
Le Gémeau, toujours débout au milieu de salon où l'avait laissé Rhadamanthe, était l'étonnement personnifié.
- Attendez une minute, que se passe-t-il, ici, qu'est-ce que vous faites-là ? demanda-t-il après un temps de stupeur qui l'avait quelque peu figé. Je suis content de vous voir, mais… ici ?
Son regard allait de Valentine, qui continuait de renifler les bougies, à Queen, qui réarrangeait des coussins et des plaids sur le sol, puis glissa vers Sylphide, qui disposait des jeux de société à ses côtés, avant de se relever vers Gordon, quand celui-ci sortit de la cuisine avec deux plateaux remplis de choses et autres à grignoter et à boire.
- Ce qu'on fait ici ? demanda Valentine. Ma foi, on a à boire, à manger, bientôt un peu de musique quand notre Seigneur se sera décidé, et pas mal de jeux triés sur le volet par tes camarades de la surface pour nous faire passer une bonne soirée. Cela ressemble bien à petite célébration privée, non ?
Kanon se tourna vers son Juge, qui était en train de sélectionner des disques dans le meuble dédié, derrière le gramophone.
Sentant ses yeux posés sur lui, il le regarda à son tour et lui sourit.
- Tu préfèrerais quelque chose de plus moderne, peut-être ? lui demanda-t-il.
Le Gémeau jeta un œil au lecteur-cd un peu plus loin.
Il l'avait amené deux ans plus tôt pour remplacer le lecteur de cassettes, emporté également afin de faire découvrir d'autres musiques et d'autres artistes à Rhadamanthe, autrement que par le Jugement des âmes lui faisant dérouler des vies humaines. Les murs de Caina n'avaient connu, jusque-là, que les notes s'élevant d'un ancien gramophone datant de la seconde moitié du XXème siècle.
Mais au final, ils l'utilisaient peu, tout comme ils avaient peu fait usage du lecteur-cassettes.
Ils leur avaient toujours largement préféré le son unique, grésillant et imparfait du gramophone.
Kanon n'était d'ailleurs même pas sûr que le lecteur pût fonctionner, cela faisait un moment qu'il n'avait pas changé les piles.
Il rejoignit son Juge et l'enlaça par derrière, tout en posant son menton sur son épaule.
- Le phono, c'est très bien, amour. Merci, lui dit-il en déposant un doux baiser dans son cou. Pour tout.
- Rendons à César ce qui est à César, et à Périclès ce qui est à Périclès, c'était leur idée et leur demande.
- Que tu as accepté.
- C'était une bonne idée.
- Ici, à Caina, où personne n'entre jamais. Où tu ne laisses jamais personne entrer, depuis des millénaires
La main du Juge remonta pour caressa la joue du Gémeau.
- C'est chez toi, agape mou. Le but étant que tu te sentes le plus à ta place et chez toi, parmi les tiens, ici, aussi, cela ne pouvait avoir lieu ailleurs. Cela n'aurait eu aucun sens.
- Exactement. Donc, merci, répéta-t-il en tournant son visage pour embrasser sa paume, alors que sa main enveloppait toujours la courbe de son visage.
Rhadamanthe appuya sa tête contre la sienne un court instant.
- Je suis venu t'enlacer spontanément parce qu'on est à la maison, je suis désolé, tu aurais peut-être préféré plus de retenue de ma part, vu que nous ne sommes pas seuls, réalisa soudain le Gémeau à voix basse.
Son Juge l'empêcha de s'écarter en passant sa main derrière eux pour le retenir contre lui.
- Je ne te ferai jamais le reproche d'un manque de retenue envers moi, a fortiori lorsque nous sommes chez nous. Je te le demande, n'en ai jamais aucune à mon égard.
Joueur et provocateur, Kanon glissa discrètement sa main sous sa belle chemise de soie rouge.
Rhadamanthe avait choisi sa tenue avec soin en ce jour particulier,
Chaque élément qui la composait faisait partie de ceux que préféraient Kanon.
Ceux qui lui faisaient le plus d'effet, lui donnant paradoxalement envie et de le contempler sans jamais le quitter des yeux, et, dans le même temps, lui ôter ou arracher chacun d'eux.
Même s'ils avaient souvent été caché par son Surplis, savoir ce qu'il portait en dessous et redécouvrait une fois à la maison lui suffisait.
- Fais attention à ce que tu demandes, amour, je pourrais te prendre… au mot… souffla-t-il à son oreille.
La pause marquée était volontaire.
Et fut appréciée, vu qu'une main rejoignit sa partenaire qui s'était immobilisée sur le ventre nu pour la presser fort.
- C'est exactement ce que j'attends de toi.
- Tout de même, rit Kanon en l'enlaçant malgré tout un peu plus fort, dos contre torse, bassin contre fessier, cuisses contre cuisses.
Il n'y avait absolument aucun espace entre leurs deux corps.
Les quatre Lieutenant, qui, au départ, les avaient regardés à la dérobée, s'intéressaient à présent qui a un mur, qui a une moulure, qui a une bouteille, quelque peu confus devant cette scène de flirt évident.
En effet, leur Seigneur était rarement si démonstratif, en leur présence, il ne se laissait jamais aller ainsi.
Épaule contre épaule ou, le plus souvent, main posée au creux des reins ou bras autour de la taille, en public, le couple était toujours en contact, avec pudeur et discrétion, mais affichant ostensiblement leur lien et leur appartenance l'un à l'autre.
Même si ce n'était guère nécessaire.
Non seulement, absolument tout le monde était au courant depuis le temps, mais aussi, il suffisait pour l'un de se tenir à côté de l'autre pour voir l'amour puissant les unissant irradier et aveugler leur entourage.
Les années passant n'y changeaient rien, elles glissaient sur eux.
Ce à quoi les quatre subordonnés de Rhadamanthe étaient confrontés, ce soir-là, c'était tout autre chose.
Il n'y avait bien évidemment aucune vulgarité ni provocation de la part des maîtres de Caina, ils ne montraient rien, ils ne bougeaient pas, ils étaient de dos, s'enlaçant amoureusement dans leur salon.
Et c'était justement là, la différence.
Ils se trouvaient tous dans un autre contexte et cadre : ils étaient chez eux, dans leur espace privé.
Ici, Rhadamanthe n'était pas le Second Juge des Enfers en plein travail ou assistant à une réception officielle de leurs Souverains, mais le « simple » partenaire, compagnon, l'amoureux, l'amant.
Ce n'était pas à Rhadamanthe et Kanon de s'adapter, mais à eux.
Seulement, ils ne savaient pas trop comment faire, c'était une première, pour tous les quatre.
- On va continuer de les laisser faire semblant d'être occupés encore longtemps ? finit par demander le Gémeau et héros du jour d'une voix extrêmement basse et amusée, que Rhadamanthe seul pouvait entendre.
- C'est assez drôle, de mon point de vue.
- Tu les punis juste par anticipation, parce que tu sais qu'ils vont passer la soirée à te taquiner !
- Tu me connais si bien, je n'ai déjà plus aucun secret pour toi, agape mou. J'ai peur que tu ne te lasses bien vite, à ce rythme et que l'Eternité ne te semblera plus qu'un vaste champ d'ennui…
- Idiot ! protesta Kanon en le frappant sans ménagement sur le crâne, faisant se tourner les quatre têtes vers eux.
Les voyant ainsi, Valentine sauta alors sur l'occasion.
- Je nous sers un premier petit verre pour nous détendre et ouvrir les festivités ?
- Avec plaisir, merci, Valentine.
Kanon s'écarta complètement de Rhadamanthe, lui tendit un disque de Franck Sinatra parmi ceux qu'il avait déjà sélectionné, avant de rejoindre la Harpie devant son bar improvisé sur la table du salon.
Il lui demanda bien évidemment un whisky pour son Juge infernal.
Valentine aurait pu deviner seul ce qu'il devait servir à son Seigneur, car s'il y avait de l'alcool, Rhadamanthe commençait toujours par un whisky, peu importait l'occasion.
Mais il n'y avait que Kanon qui pouvait dire exactement quel type de whisky et la façon de le servir dont son Juge avait besoin, selon son état d'esprit, le contexte, ses envies.
Pour ce lancement de leur petite soirée privée, le choix du Gémeau se porta sur un Ben Nevis 10 ans d'âge, un single malt écossais aux notes florales, fruitées et épicées à la fois.
Cette complexité reflétait exactement l'humeur de Rhadamanthe, à cet instant où il était à la fois le Juge et Seigneur rigoureux, l'ami mais pas trop parce que, hein, la hiérarchie et le sang de Zeus dans ses veines, quand même, et enfin, le compagnon, l'amant, qui peinait à contenir les élans d'amour que lui inspirait sa moitié et qui luttait pour ne pas trop se trahir devant ses subordonnés.
Le Juge accepta le verre et tout ce qu'il disait de lui, saluant encore la perspicacité de Kanon.
Celui-ci se fit servir un cognac, heureux de se le voir proposé.
Valentine, préposé aux boissons, s'était bien renseigné : le Gémeau avait développé un goût certain pour cette eau-de-vie depuis une certaine soirée chez Milo et Camus où ils lui avaient fait découvrir.
De retour de Charente-Maritime en France, région d'origine de son défunt père qu'il avait décidé d'apprendre à connaître depuis quelques années, le Verseau avait apporté au Sanctuaire plusieurs bouteilles d'alcool, dont des Grands crus de Cognac à partager avec ses pairs.
Milo avait appelé Kanon et Aiolia le soir-même de leur retour pour une dégustation.
Kanon était venu avec Rhadamanthe, Aiolia avec Marine, qui en avait parlé à Angelo, qui s'était donc incrusté avec Shura, mais également Aphrodite, qui avait laissé traîner ses oreilles, comme à son habitude.
Et qui avait embarqué Mu, évidemment.
Saga et Aioros, prévenus par leurs frères, les avaient rejoints une fois libérés de leurs obligations.
Aldébaran, qui ne buvait jamais par peur de perdre le contrôle et de tuer quelqu'un, était venu simplement pour s'amuser avec eux.
En montant au Huitième temple, il avait à son tour alpagué Shaka et Ikki : à ce compte-là, autant tous se réunir !
Et ce fut ainsi que la dégustation s'était transformée en apéro, puis en soirée, avec la venue d'autres camarades et l'apport d'autres boissons, de nourriture, de jeux.
Heureusement, connaissant très bien ses pairs et l'ayant déjà vécu à de nombreuses reprises, ce genre de scénarios se répétant régulièrement depuis des années, Camus avait caché ses meilleures bouteilles, et offert toutes les autres à la curiosité générale.
Ce n'était donc que bien plus tard, en réalité, que Kanon avait découvert et savouré un cognac Grande Champagne, le premier des grands crus.
Il n'était pas spécialement amateur d'alcool fort, et n'en buvait qu'en de rares occasions.
Mais s'il y avait du cognac et un bon, il ne boudait pas son plaisir.
Il était donc impensable pour les Spectres de concevoir cette petite célébration pour Kanon sans cela.
Il avait eu droit à de grands champagnes et de grands vins à Giudecca, ils s'étaient réservés cette petite attention pour ce moment entre eux.
Le Gémeau apprécia fortement le geste, et il ne s'agissait bien évidemment pas que du cognac.
Aussi, les six hommes décidèrent de s'installer d'abord convenablement dans le salon pour échanger sur tout et rien, en savourant ces alcools d'exception.
- Ne vous détendez pas trop vite, vous quatre, nous avons encore quelque chose à régler.
Les quatre Lieutenants se mirent à regarder partout, sauf dans la direction de leur Seigneur.
- Il me semble que nous n'avons rien laissé en suspens, Rhadamanthe… tenta Valentine en le regardant à la dérobée.
- Je veux connaître vos paris, vos mises et vos gains. Vous pensiez vraiment que je laisserai passer cela ?
- Tu vois, je te l'avais dit, Queen ! siffla Sylphide. C'était impossible qu'on y échappe !
Les sourcils de Rhadamanthe se froncèrent un peu plus sous sa frange dorée.
- Vous aviez parié sur cela, également ?
- Il ne faut pas exagérer, à t'entendre, on est toujours en train de parier sur toi… protesta la Harpie.
- Ce n'est pas le cas ?
- Bien sûr que non, Seigneur Rhadamanthe ! assura Sylphide. Et cette fois-ci, même si nous assumons totalement nos responsabilités, nous avons tout de même été fortement incités à parier.
- Par qui ?
- Nous ne pouvons le dire. Sachez simplement que Son autorité n'est pas discutable.
- Il n'y a que deux personnes à qui vous obéissez au-dessus de moi, Queen.
- Savoir que c'est l'une d'Elles doit vous suffire.
- Rhadamanthe, intervint Valentine, on ne va pas tout de même pas parler de cela maintenant, ce serait dommage, tu ne penses pas ?
- Ce qui serait dommage pour vous, ce serait de me faire répéter.
Les quatre hommes se regardèrent, puis poussèrent un même soupir à l'unisson.
- Bon, d'accord… céda la Harpie. On a évidemment tous parié que tu interviendrais. Et comme tu l'as fait, on est dispensé des corvées de gestion et d'archivages du nettoyage des maleboges pour 100 ans. (1)
- Et si je n'étais pas intervenu, qu'auriez-vous perdu ou été contraint de faire ? voulut savoir le Juge en sirotant une gorgée de whisky.
- Nettoyer la Deuxième prison et jouer avec Cerbère pendant 50 ans chacun, à tour de rôle, répondit Gordon, cette fois-ci. Années non cumulables possible, seul ou en duo, jamais plus de deux à la tâche.
Rhadamanthe eut un rictus en entendant cela.
Perséphone pouvait réellement être machiavélique, parfois.
Ce ne pouvait être qu'Elle, à l'initiative de tout ceci.
- Cela aurait été du temps que vous n'auriez pas pu consacrer à votre travail habituel. Vous en étiez conscients, en entrant dans Son jeu ?
- D'une part, ce n'est pas comme si nous pouvions refuser quoi que ce soit à cette personne… Et d'autre part, nous ne risquions absolument rien, Rhadamanthe, tu ne pouvais pas ne pas intervenir ! Nous avons joué le jeu de l'hésitation et de la réflexion pour Lui faire plaisir, mais nous n'avions absolument aucun doute.
- Allons, Seigneur Rhadamanthe, je vous en prie, ne soyez pas fâché ! implora Queen.
- On a libéré du temps en se dispensant de la gestion du nettoyage des maleboges ! ajouta Gordon.
Valentine et Sylphide lui jetèrent un regard noir, mais trop tard, évidemment : Rhadamanthe attrapa la perche en plein lancé.
- Vous ne verrez donc aucun inconvénient à ce que je double vos tâches pour le siècle à venir. Parfait.
- Merci, Gordon, vraiment ! pesta Queen.
- Vous pensiez que je n'arriverai pas seul à cette conclusion ? Vous aviez parié sur moi, à quoi vous attendiez-vous donc ?
- Non, on a parié sur l'amour et ton lien avec Kanon, les défendit Valentine effrontément. C'est comme cela que tu dois voir les choses.
- Exactement !
- Vous avez de la chance que je sois dans de bonnes dispositions, n'en rajoutez pas.
Le ton autant que les mots les firent entrer dans le rang.
- Bien, Rhadamanthe. Excuse-nous de t'avoir contrarié.
Les trois autres suivirent Valentine.
- Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ? demanda alors Kanon, complètement perdu.
Rhadamanthe se tourna vers lui et posa sa main sur son genou pour le serrer tendrement un court instant.
- Je suis désolé, mais je devais régler cela avec eux.
- Il n'y a aucun problème. Et si cela ne me regarde pas, tu n'as pas à me répondre, évidemment.
- Ce qui me concerne te concerne également. Et ici, en l'occurrence, il s'agit bien de nous deux. Je suppose que tu te souviens de la scène étrange avec le Seigneur Hadès et le baise-main, pendant la cérémonie ?
Kanon eut un petit mouvement nerveux de la mâchoire à ce rappel.
- Ce serait difficile de l'oublier, oui ! Je pense que je vais la garder longtemps en mémoire !
- Comme l'ensemble des personnes en ayant été témoin, fit judicieusement remarquer Queen.
- En fait, tout était calculé, et l'objet d'un pari lancé par la Reine Perséphone à son époux pour voir si j'allais Le laisser faire ou au contraire, oser m'opposer à Lui en public, expliqua le Juge.
Kanon haussa les sourcils.
Il ne se serait jamais attendu à pareille explication au comportement pour le moins étrange du Souverain des Enfers.
C'était assez mesquin, en vérité.
Plus tôt durant la cérémonie, Hadès s'était approché de lui plus qu'Il ne l'avait jamais fait, le figeant presque sur place par Son aura.
Il n'avait pas eu peur, il avait juste été saisi par la puissance de Son cosmos et de Son essence.
Il lui avait tendu Sa main, alors Kanon avait posé un genou à terre pour la baiser, évidemment sans le toucher, selon la règle.
Mais soudain, Hadès avec retourné sa main paume vers le haut, et le bout de ses doigts glacés s'étaient posé sous le menton de Kanon pour lui relever le visage.
Et pas seulement le visage.
Sous l'impulsion du Dieu, le reste du corps avait suivi et l'ancien Chevalier s'était retrouvé debout face à Hadès, baissant évidemment immédiatement les yeux.
Hadès et Perséphone étaient grands, tous les deux, sur Leurs trônes, Ils leur paraissaient même parfois immenses.
Mais lorsqu'Ils en descendaient pour se mêler à eux, Ils reprenaient une taille humaine, malgré toute la puissance qu'ils dégageaient.
Le corps du Dieu était plus petit et plus fin, plus léger que celui de Kanon et de beaucoup d'autres, mais Il les dominait malgré tout tous aisément.
- Nous t'autorisons à poser tes yeux sur Notre Majesté, Étoile terrestre du Meneur nouvellement éveillée.
Kanon s'était exécuté dans un silence de cathédrale.
Exception faite de Perséphone, personne n'avait suivi ostensiblement la scène, tous les regards s'étaient posés à la dérobée, furtifs ou fuyants.
Une même question avait traversé les esprits : que prenait-il donc à leur Souverain ?
Kanon non plus n'en menait pas large.
Il n'avait jamais vu Hadès de si près, il était complètement saisi par Sa beauté et Son aura.
Ce n'était pas de la peur, encore une fois, c'était juste l'effarement d'un humain face à la suprématie indiscutable d'un Dieu.
Il ne pouvait pas soutenir de si près ce regard, ou des mondes entiers s'entrechoquant étaient désormais visibles, il baissait et relevait donc les yeux régulièrement.
- Nous comprenons que Notre épouse les aime autant, ils ont la couleur du ciel d'été sur Terre. Quelle douce nostalgie. Seul le ciel d'Elysion peut rivaliser avec eux. Nous ferons en sorte de les préserver.
- Je vous remercie, Votre Majesté, réussit à formuler Kanon les Dieux seuls avaient su comment.
Un éclair étrange avait traversé le regard d'Hadès et Il s'était alors penché un peu plus vers Kanon.
Celui-ci avait été aussi extrêmement surpris que confus face à l'attitude du Dieu
Il ne savait pas comment réagir, ne voulant pas vexer la Divinité, mais ne pouvant supporter l'idée d'être touché ainsi par un autre que Rhadamanthe, fut-il un être supérieur, cela ne changeait rien.
Il s'était donc légèrement reculé, mais Hadès l'avait bloqué de Sa simple volonté pour se rapprocher encore de lui.
Rhadamanthe n'avait alors pas pu s'empêcher d'intervenir, c'était trop pour lui, même si c'était Hadès, son Seigneur, Son Dieu.
Ses poings étaient déjà si serrés que du sang aurait pu couler entre ses doigts, s'il avait eu les ongles plus longs et tranchants. Une veine battait violemment dans son cou..
- Votre Majesté, mon Seigneur, si je peux me permettre…
A peine avait-il prononcé ces mots que le Dieu s'était reculé pour lui lancer un regard…
Déçu ? Amusé ? Irrité ?
C'était impossible à déchiffrer.
Le Juge ne s'y était pas attardé et avait immédiatement mios un genou à terre, bien conscient de son acte.
- Je vous prie de me pardonner mon irrévérence, Votre Majesté. Votre serviteur, Rhadamanthe de la Wyvern, Etoile céleste de la férocité, est prêt à recevoir Votre châtiment.
Ne tenant plus. Perséphone, Elle, avait poussé un cri de joie.
- J'ai gagné ! Je te l'avais dit, mon cher époux ! Rhadamanthe, relève-toi, tout va bien.
Sans un mot, le Dieu des Enfers était retourné s'asseoir sur Son Trône, jetant un regard noir à Sa Reine au passage.
Puis, il avait posé Ses yeux sans âge sur un Kanon complètement déboussolé, dont Rhadamanthe n'avait pu s'empêcher d'entourer la taille d'un bras aussi protecteur que possessif.
- Dans son cœur et dans son âme, il n'y a véritablement rien ni personne au dessus de toi, Kanon.
.
- C'est pour cela qu'il m'a fait cette réflexion, comprit enfin Kanon. Mais, il ne va pas y avoir de retombées pour toi, Rhad', rassure-moi ?
- Non, sois sans crainte. Les seuls qui vont avoir à pâtir de tout ceci, ce sont eux, ajouta-t-il en désignant ses Lieutenants penauds du menton. Et le Seigneur Hadès, je suppose. Je ne sais pas ce que la Reine Perséphone avait parié avec lui, mais vu sa joie, ce devait être important et très désiré.
- Si tu n'es pas inquiété par ce tour quelque peu mesquin, si je puis me permettre, c'est le principal, pour moi.
- C'est le cas. Bien, le sujet est clos, conclut-il en portant son attention sur ses hommes. Nous pouvons nous consacrer à notre soirée. N'est-ce pas, Queen, Sylphide, Gordon, Valentine ?
- Oui, Seigneur Rhadamanthe ! confirmèrent-ils avec un enthousiasme sincère.
- Dans ce cas, j'aimerais vous dire quelques mots, si vous me le permettez. Ce ne sera pas long, promis.
- Nous t'écoutons, assura Valentine.
Les autres hochèrent la tête ou levèrent leur verre pour l'encourager.
- J'ai laissé derrière moi des personnes et des relations très précieuses, que je garderai à jamais dans mon cœur. Mais j'ai aussi trouvé ici des trésors d'amour et d'amitié. Epictète disait que « Sage est l'homme qui ne regrette pas ce qu'il n'a pas, mais se réjouit de ce qu'il possède. » Je vous remercie de me permettre d'être cet homme sage qu'il évoquait jadis.
Kanon leur adressa encore quelques paroles de sincères et chaleureux remerciements.
Ce fut suffisamment court pour ne pas les gêner, et assez fort dans le choix des mots pour provoquer une émotion qui les fit toussoter dans leurs verres.
- Tant mieux si cela te convient. Tu es sûr que nous n'en avons pas trop fait ? demanda Queen en posant ses grands yeux roses inquiets tantôt sur Kanon, tantôt sur Rhadamanthe.
Le Juge se tourna vers son Gémeau, qui lui sourit.
La notion d'« en faire trop » le renvoya inévitablement à Aphrodite et la profusion de décorum dont il pouvait charger la moindre pièce, pour une petite soirée autant qu'une grande réception.
Ici, il n'y avait pas de banderoles, de tapisseries au mur, pas de guirlandes de fleurs suspendues aux lustres ou courant sur les différents supports, ni d'autres matières.
Il eut la souvenir de la fête que ses pairs avaient organisé pour célébrer son intronisation officielle en tant que Chevalier des Gémeaux, des années plus tôt : la pauvre Gemini avait été entourée de colliers de végétaux en tous genres.
Il voyait mal son Surplis du Meneur et encore moins, Wyvern, accepter un tel traitement…
Milo avait même tenté une expérience avec son Armure.
Il avait trempé ses doigts dans un verre d'alcool et les avait ensuite posés sur les lèvres d'or de l'un des deux visages du casque, pour voir si elle était capable de « boire », le faisant grimacer pour la première fois depuis bien longtemps.
Kanon l'avait frappé, mais pas que lui : Saga, Shion et Mu, également, lui étaient tombés dessus.
Le casque de Scorpio s'était matérialisé sur sa tête et de son dard au bout de sa longue queue d'or, elle l'avait piqué dans le dos, sur les épaules, le visage, le faisant s'enfuir en hurlant dans la pièce pendant de longues minutes.
Il avait tant bien que mal réussi à la renvoyer.
Et encore, elle n'était sûrement repartie que parce que Sagittarius était apparue.
L'Armure d'Aioros était restée aux côtés de Gemini toute la soirée, pointant sa Flèche d'or sur quiconque avait osé l'approcher.
Elle avait ainsi suivi Milo de son arc une bonne partie de la soirée.
Jusqu'à ce que celui-ci, n'en pouvant plus de l'impression d'avoir une cible sur le dos, suppliât Aioros de la raisonner.
À ces souvenirs heureux et lointains, Kanon eut un pincement au cœur que perçut immédiatement Rhadamanthe.
Inquiet, il lui prit la main et chercha son regard qui s'était abaissé, et le verrouilla au sien.
Y lisant son inquiétude et prenant aussi conscience des regards soucieux des Lieutenants près d'eux, le Gémeau se reprit et leur sourit à tous.
- C'est très bien, merci beaucoup à tous les quatre, encore une fois.
- Nous sommes conscients que si nous sommes heureux que tu nous rejoignes officiellement, tu laisses tout de même derrière toi une famille de cœur et d'âme qui compte énormément, intervint Valentine.
La Harpie était aussi perspicace que ses griffes d'oiseau n'étaient acérées.
- Nous tenions seulement à te montrer que tu en as une ici aussi, d'une certaine façon, ajouta Sylphide. Même si Rhadamanthe te suffit, il n'y a pas que lui.
- Nous ne sommes pas des pleureuses comme au Sanctuaire…
- Valentine… le prévint Rhadamanthe en fronçant les sourcils.
Face au retour de son Seigneur et Juge, qui s'était quelque peu effacé au profit de Rhadamanthe le compagnon, sauf pour l'histoire des paris, la Harpie rentra les épaules dans un premier réflexe, avant de se redresser et de se racler la gorge.
- Ce que je veux dire, c'est que nous ne sommes pas aussi démonstratifs, nous ne montrons pas si facilement nos sentiments, mais ils existent et sont sincères. Souvent plus que ceux des mortels, car nous les connaissons et les avons éprouvés à maintes set maintes reprises au cours des siècles.
- Moi aussi, je vous aime beaucoup, leur répondit Kanon pour les taquiner.
Il y eut quatre claquements de langue agacés ou gênés, des regards fuyants et des toussotements nerveux.
Kanon échangea un regard amusé avec son Juge.
Ce dernier était soulagé de constater que son Gémeau allait de nouveau très bien.
- Vous avez fait du bon travail, félicita-t-il ses Lieutenants en levant son verre. Merci à vous.
Les six hommes trinquèrent et se commencèrent à se détendre vraiment.
Soudain, un papillon des Enfers apparut et volera jusqu'à l'oreille de Queen devant laquelle il virevolta quelques secondes. Il le toucha ensuite de l'index, et l'insecte reparti comme il était venu.
Tous les regards étaient posés sur l'Alraune.
- C'est personnel, finit-il par dire.
- C'était un papillon d'Eaque, fit remarquer Valentine. Ne me dis pas que tu recommences à coucher avec lui, par pitié !
- Alors je ne te le dis pas, répondit-il effrontément.
- Ai-je bien entendu ? ne put s'empêcher d'intervenir Kanon.
- Malheureusement, oui, grogna Sylphide. À quoi tu joues, Queen ? Je pensais que ça t'était passé, ce genre de lubies, ces derniers siècles !
- C'est un jeu, justement. Rassure-toi, Kanon, ce n'est rien de plus que cela.
- Je ne suis pas spécialement inquiet.
- Tu devrais l'être ! intervint Gordon.
Le Gémeau posa sa main sur le genou de son Juge, qui observait l'échange en silence.
- Rhadamanthe a laissé le papillon entrer, c'est donc qu'il n'y voit ni danger, ni inconvénient. Je m'interroge seulement sur tes raisons, Queen. Sans vouloir être indiscret, bien sûr.
- Je t'autorise à me poser toutes les questions que tu souhaites, Kanon, cela ne me dérange absolument pas. Concernant Eaque, je me dis simplement que si je l'occupe suffisamment, il arrêtera de provoquer tout le monde, comme il n'arrête pas de le faire, depuis un moment.
- Par tout le monde, tu veux dire moi, intervint Rhadamanthe.
- Entre autres, oui.
- Tu n'as pas à faire cela, Queen, je te l'ai déjà dit. Je suis parfaitement conscient que tu le surveilles également de cette façon. À chaque fois qu'il lui monte des envies de me provoquer, tu te retrouves dans son lit. Je ne te demande pas d'aller aussi loin, ce n'est vraiment pas nécessaire. Je le gère depuis des millénaires, bien avant votre arrivée, cela ne me pose aucune difficulté.
- Je le sais, mon Seigneur. Et je ne vous ferai pas l'affront de vous dire que ce sont des coïncidences qui se répètent depuis plusieurs siècles. Mais vous n'avez pas à vous inquiéter, je ne me sacrifie en rien ! Eaque est l'un des meilleurs amants que je n'ai jamais eus. Les moments avec lui sont plutôt plaisants. Enfin, quand il ne parle pas trop.
- Tu ferais tourner l'ambroisie des Dieux en vinaigre avec de telles paroles, maugréa Valentine avec une grimace de dégoût.
- J'en ai aussi la chair de poule, grimaça Sylphide en se frottant les bras.
- Dommage, car il me parle souvent de toi, en ce moment.
- Plaît-il ? s'étrangla presque le Basilic.
- Je te l'ai déjà dit, il aimerait que tu te joignes à nous.
- A « nous » ? releva Gordon.
- Le lit d'Eaque est aussi ouvert que son séant. Il peut lui arriver d'inviter d'autres personnes, notamment Violate, sa Lieutenante. Je n'apprécie pas les femmes, et elle encore moins, elle est beaucoup trop violente, donc je ne la touche pas. Mais toi qui aime autant les hommes que les femmes, Sylphide, cela pourrait te plaire !
- Je vais vomir… grimaça-t-il en réponse. Vraiment, Queen…
- Qu'est-ce qu'il lui veut ? demanda Valentine. Pourquoi il te parle de lui ?
La grimace du Basilic s'accentua davantage.
- Je suis pas certain de vouloir entendre la réponse…
- Il me dit que tu portes bien ton nom, car les sylphes sont des esprits élémentaires de l'air, à l'apparence diaphane, poursuivit Queen sans tenir compte de son intervention Ils sont grands, minces et dotés d'une merveilleuse beauté, et c'est une description qui te correspond parfaitement, selon lui. Plus qu'Edvard, qui est pourtant le Spectre du Sylphe ! Et qui est très beau… Même si son Surplis, par contre, ressemble à un gros lézard préhistorique. Et il faut l'accorder à Eaque, Syl', que ce soit ta personne ou ton Surplis, vous êtes tous deux magnifiques. Tu n'es pas aussi beau que moi, mais il ne te manque pas grand-chose pour m'égaler.
- Si cela me vaut d'être convoité par le Garuda, je préférerais autant être aussi laid que Zelos ou Raimi !
- Ah ! non, n'exagère pas, tout de même ! s'offusqua Valentine. Si tu te réincarnes en hideux crapaud ou en ver infâme, je te préviens, je te renvoie manu militari dans le Cercle !
- Tu vois jusqu'où je suis prêt à aller pour me soustraire au regard d'Eaque ?
- Oh ! Tu sais, il ne me parle pas que de ta beauté, mein liebe.
- Je ne veux même pas savoir… Tu n'en as déjà que trop dit.
- Moi, je suis plutôt curieux, intervint Gordon. Normalement, il ne s'intéresse qu'au physique. En plus, c'est pas comme s'il te parlait beaucoup, Sylphide. Alors, qu'est-ce qui l'attire d'autre, chez toi ? Ta puissance ?
- Son poison ? proposa Kanon.
- Oh ! Oui, ce pourrait être ça, totalement ! Il veut peut-être expérimenter des choses avec ton poison, il est assez pervers pour cela.
Sylphide manqua de s'étouffer avec la gorgée de liqueur qu'il venait de prendre.
- Je vais réellement vomir mes tripes, si vous continuez ! éructa-t-il en s'essuyant la bouche.
- Étrangement, il n'a jamais évoqué ton poison dans ce sens-là, poursuivit Queen malgré tout. En même temps, ce n'est pas Minos, c'est plutôt lui qui a ce penchant malsain pour ce genre de choses. Eaque m'a seulement expliqué qu'au Népal et en Inde, le basilic est une plante sacrée déposée en offrande à Krishna, un dieu sauveur du monde pour ce peuple. Il est planté autour de temples et glissé entre les mains des défunts.
- C'est vrai, il est censé les protéger dans leur passage vers l'au-delà, leur dit Kanon. Il y a de très nombreuses plantes dans ces régions et beaucoup ont une symbolique et une fonction bien précises dans le bouddhisme ou l'hindouisme, souvent liées au cheminement vers l'éveil, ou à la mort et ses rites.
- Dis donc, tu en connais des choses, Kanon. Ce n'est pas la première fois que ton savoir m'impressionne.
- Évidemment, confirma Rhadamanthe. Cela t'étonne encore, après toutes ces années ?
Kanon lui sourit, avant de reporter son attention sur Sylphide qui avait fait cette remarque.
- Aphrodite, Mu et Shaka nous ont appris énormément de choses. Le duo d'amis que formait Mu et Shaka nous était déjà très profitable en termes d'apport de savoirs, mais quand il s'est transformé en trio avec Aphrodite, le niveau est encore monté d'un cran.
- Il est vrai que les connaissances d'Aphrodite des Poissons sur les plantes et le vivant en général sont assez époustouflantes. Les apparences sont vraiment trompeuses. Il peut apparaître si superficiel de prime abord, tant il est beau, on l'imagine passer des heures à entretenir sa beauté et son apparence, plutôt qu'à se cultiver. Et pourtant…
- Tu aurais mieux fait de coucher avec lui, plutôt qu'Eaque, fit remarquer Valentine.
- Ce n'est pas comme si je n'y avais pas songé, mais il est déjà pris.
- Cela ne t'avait jamais arrêté, auparavant. Alors je doute que tu sois resté totalement sage.
- Évidemment qu'il ne l'est pas resté ! confirma Sylphide.
- D'accord, j'ai bien essayé un ou deux regards, quelques paroles tendancieuses, mais il est resté totalement hermétique. Je n'ai pas insisté, la situation est différente, aujourd'hui, je ne peux pas me permettre de semer la zizanie au Sanctuaire.
- Tu n'aurais eu aucune chance face à Mu, intervint Kanon. N'y vois-là aucune insulte, surtout, Queen, je ne prétends pas qu'il est meilleur que toi, je n'en sais absolument rien. Mais l'amour qui les unit, Aphrodite et lui, est d'une solidité à toute épreuve, tu l'as toi-même constaté.
- En effet, Kanon et de mes propres yeux, lorsque nous avons pu aller le voir, avec Sylphide, et visiter son magnifique jardin, grâce à toi. Nous avons dû entendre prononcer le nom du Chevalier du Bélier une bonne centaine de fois en une heure de temps ! Tant et si bien qu'à force d'être évoqué, il a fini par apparaître !
Cette indication fit rire ses camarades.
- Il est vrai que nous avons passé un très bon moment avec le Chevalier des Poissons, puis le Bélier, à ma grande surprise. J'étais sceptique, Kanon, quand tu me disais que nous pourrions nous entendre et nous comprendre, Aphrodite et moi. Mais nous avons effectivement beaucoup de points communs, dont une grande partie de notre vie isolés des autres à cause de notre poison. Et nous avons tous deux trouver des personnes pour nous accepter, malgré tout.
- Tu vas peut-être finir par trouver quelqu'un pour partager ta vie, ou au moins une partie, comme Aphrodite, avança Kanon.
- Son poison n'est plus actif, contrairement au mien. S'il ne tue que les Spectres et les soldats les plus faibles à mon contact prolongé, il indispose grandement la plupart des autres. Rares sont ceux qui acceptent ou supportent de rester à mes côtés très longtemps.
- C'est dommage, car tu es un très bon partenaire.
Kanon haussa un sourcil à la réflexion du Minotaure.
- Vous avez eu une aventure, tous les deux ?
Gordon rit de bon cœur à cette idée.
- Pas du tout ! Il n'y a jamais eu ce genre de choses, entre nous.
- Tu as la mémoire courte, chéri, minauda le Basilic. Cela ne remonte qu'à quatre siècles, pourtant.
- Ah ! mais cela ne compte pas !
- Ce n'est pas très gentil… se moqua Queen. Tu l'as vexé !
- C'était quoi, demanda Kanon, amusé, un dérapage de soirée trop arrosée ?
- Gordon n'est jamais bourré, répondit Valentine. Quoi que tu lui fasses avaler, il assimile et reste parfaitement sobre.
- C'était donc volontaire ?
- Oui. Sylphide m'a appris à bien traiter les femmes.
Kanon fronça les sourcils.
- En pratique ? Mais… vous êtes deux hommes… Enfin, excusez-moi si je parais stupide…
- Tu ne l'es évidemment pas, asséna immédiatement Rhadamanthe. Tu as simplement l'esprit trop pur pour comprendre immédiatement mes Lieutenants aux mœurs légères. Sylphide a convié des femmes pour ses leçons à Gordon.
- Et cela a quelque peu dérapé… ajouta Gordon en se frottant l'arrière du crâne. Donc oui, il est vrai que je peux témoigner que Sylphide est un bon amant, si une unique fois suffit à le déterminer.
- Une nuit, mais pas qu'une fois. Tu as vraiment des problèmes de mémoire ou c'est juste que je n'étais pas assez bon pour que tu t'en souviennes ? finit par effectivement se vexer le Basilic.
- Tout était très bien, je n'aurais pas eu tant de succès après si tu n'avais pas été un bon professeur, Sylph'.
- Ce n'était pas ma question…
- C'était un peu confus, en fin de nuit, tu ne te souviens pas ? Ton poison a eu un drôle d'effet sur moi, dans ce contexte, j'étais dans un état paradoxal de somnolence et d'excitation, d'abattement et d'euphorie, passant très rapidement de l'un à l'autre sans aucune cohérence.
- Tu planais, en somme, résuma Queen.
- En quelque sorte. Enfin bref, je ne voulais pas revenir sur cette histoire, en décrivant Sylphide comme un bon partenaire. C'est quelque chose que j'avais surtout déduit, parce que plusieurs de ses conquêtes sont mortes, mais sont quand même revenues vers lui après leurs résurrections, reprenant ce risque. Ce n'est pas très agréable de mourir…
- J'imagine que non, s'amusa encore Kanon à cette réflexion. Même si cela n'a pas l'air plus grave qu'un rhume, pour vous…
- Cela reste tout de même désagréable. Et nous ne négligeons pas pour autant la valeur de nos vies.
- Je n'ai aucun doute à ce sujet, Sylphide. Mais tout ceci me fait penser que tu pourrais tout de même finir par rencontrer une personne qui saurait demeurer à tes côtés. Si c'est là ce que tu souhaites, évidemment. Certaines personnes préfèrent être seules et n'avoir que des aventures sans lendemain. J'ai l'impression que c'est plutôt la norme, parmi les Spectres.
- C'est que l'Eternité est longue, répondit Queen. Nous n'avons pas tous la chance d'avoir nos âmes-sœurs avec nous, de l'avoir trouvé ou qu'elle ait accepté de rester ici. Nous ne sommes pas des Dieux, nous étions humains et mortels. Nous avons fait le choix de demeurer ici, acceptant la solitude inhérente à notre condition. Nous la gérons et l'atténuons chacun à notre façon.
- Et s'il est vrai que des sentiments puissants tels que la loyauté, la fidélité, la fraternité et l'amitié sont courants et précieux, l'amour nous est souvent étranger, ajouta Valentine.
- Oui s'il est ressenti, il est à sens unique ou éphémère, précisa Queen en le regardant avec insistance.
Sentant Rhadamanthe réagir à leur échange, bien que très légèrement, Kanon décida d'intervenir.
- Éphémère, pour vous, c'est combien de siècles ?
- Cela dépend de chacun, répondit Sylphide. Gordon a été marié une cinquantaine d'années, il y a deux siècles.
- Mariés ? s'étonna Kanon. Ici ?
- C'était une lubie de Perséphone. Elle tenait à leur organiser une belle et grande cérémonie, et Elle les a béni. Le Seigneur Hadès n'y a pas assisté. La Guerre sainte se profilait, même si Elle était encore loin. Il commençait déjà à ruminer et invectiver Athéna.
- Et puis-je demander ce qu'est devenue ta femme, Gordon ?
- Elle est tombée pendant la Guerre et n'a pas voulu revenir. Elle s'est de nouveau éveillée pour celle qui nous a opposé, dans cette ère, mais... arf, c'était pas le moment de demander quoi que ce soit. Elle a été vaincue, à nouveau et n'a pas souhaité renaître.
- Mais… tu l'aimes toujours ?
- Si l'amour, c'est la fidélité, alors probablement que non. Parce que même si elle revenait, je ne pourrais pas lui garantir de n'avoir qu'elle comme partenaire. Je crains qu'en son absence, j'ai repris goût au batifolage qui m'allait très bien avant elle.
- Je vois…
- Tout ceci est bien beau, mais nous nous sommes quelque peu éloignés du sujet, leur dit Valentine. Tu devrais cesser de voir Eaque en dehors du travail, Queen.
- Il a raison, c'est dangereux, fit valoir Gordon. Il est dangereux.
- Eaque n'est pas Minos, d'accord ? Et il n'a rien contre moi. Il ne peut pas se servir de moi contre vous non plus, encore moins contre vous, Seigneur Rhadamanthe, précisa-t-il en lâchant enfin Valentine du regard pour le reporter vers le Juge. N'ayez nulle crainte. Allons, cela fait plus de trois siècles que c'est ainsi ! Ce n'est qu'une passade, dans quelques années, nous reprendrons à nouveau nos distances.
*Années ?* tilta Kanon, encore peu familier avec les valeurs et mesures de temps élargies aux Enfers.
*A minima, cinq, une dizaine, tout au plus. Jamais au-delà, jusqu'à présent.* répondit son Juge qui avait capté sa pensée tant sa surprise avait été grande.
- Tu te déshonores avec lui, tu vaux mieux que cela, Queeny ! s'irrita la Harpie. Tu pourrais si aisément trouver mieux !
- Qui cela donc, toi, peut-être ?
- Si ça peut te rendre service, je suis à ta disposition, tu le sais très bien.
Un éclair de colère traversa les yeux roses de la Mandragore.
- Oh ! Quelle grandeur d'âme ! s'exclama-t-il avec une ironie mordante. La Harpie est si généreuse et serviable !
- Queen, ce n'est pas le moment de régler vos comptes, intervint le Juge en sentant monter la tension.
- Je vous prie de m'excuser, mon Seigneur. Et toi aussi, Kanon. N'ayez crainte, nous n'allons pas nous disputer. J'ai seulement un peu de mal à supporter le côté si obséquieux de Valentine.
- Obséquieux ? s'étrangla presque ce dernier. En quoi est-ce obséquieux de te proposer mon aide pour t'éviter de te retrouver dans le lit de ce vautour ?
- C'est exactement cela ! Je n'ai pas besoin que tu m'aides, mein lieber Freund!
- Qu'est-ce que tu veux, alors, Queeny, qu'est-ce que je peux te donner pour que tu ne retournes pas le voir ?
Queen ne répondit rien et plongea son nez dans son verre.
- Le désir.
Les regards des Lieutenants se tournèrent vers Kanon qui venait de parler.
- Comment ? demanda Valentine. Le désir ?
- Tu te proposes de l'aider comme pour lui rendre service. Je peux me tromper, mais je pense que Queen préférait que tu le fasses par envie et parce que tu le désires.
- C'est fou que même Kanon qui ne me connaît que depuis si peu d'années me comprenne mieux que toi, que je côtoie pourtant quotidiennement depuis près de quatre siècles ! soupira l'Alraune.
- Désolé, Queen, mais justement parce qu'on se connaît depuis si longtemps, c'est moi qui ne comprends pas comment tu pourrais encore avoir ce genre d'attente à mon égard !
- Je n'en ai pas, Valentine. Aucune, plus depuis bien longtemps ! Alors laisse-moi au moins profiter du désir que je suscite chez un autre, puisque tu ne peux en avoir pour moi.
- Je n'en ai pour personne !
- Sauf pour Rhadamanthe !
- Queen, non ! s'offusqua Sylphide en le frappant à l'arrière du crâne. Tu ne pourrais pas faire attention à ce que tu dis !
- Ta frustration ne doit pas t'empêcher de modérer tes propos ! le rabroua Gordon à son tour.
- Je ne suis pas frustré ! Je vous prie cependant de m'excuser, tous les deux, ajouta-t-il ensuite en se tournant vers Rhadamanthe et Kanon.
- Ne soyez pas gênés pour moi, les rassura ce dernier en voyant leur attitude et leurs regards. Vous imaginez bien que je suis au courant, cela ne me pose aucun problème. Je sais ce qui les lie. Que ce soit lors de notre première vie ou celle-ci, Rhadamanthe et moi avons, tous les deux, été mariés et avons eu d'autres partenaires par la suite.
- C'est vrai que tu as aussi fricoté avec la réincarnation de Poséidon, et un de ses Marinas… Et il y a eu aussi l'actuel Chevalier du Scorp…
Sylphide ne put terminer sa phrase, le regard que Rhadamanthe lui adressa le coupa net dans son élan.
- Pour quelqu'un qui m'appelait tantôt à surveiller mes propos, tu montres décidément bien l'exemple ! se moqua Queen.
Kanon posa sa main sur la cuisse de son Juge, immédiatement rejointe par la sienne.
Dans le même temps, Rhadamanthe libéra le Basilic de son aura meurtrière pour tourner son regard radoucit vers son Gémeau qui lui souriait, l'apaisant définitivement.
- Tu es très bien renseigné à mon sujet, Sylphide, et je sais très bien pourquoi, je vous comprends. Mais sachez que, peu importe ce qui s'est passé avec d'autres, cela ne remet absolument pas en cause notre lien d'âmes et de cœurs, qui prime sur ce que nos corps ont pu connaître et partager avec eux.
- Et pour en revenir à vous, Valentine a fait pour moi ce qu'il a souvent proposé de faire pour toi, Queen, ajouta Rhadamanthe en reportant son attention sur lui. Et encore à l'instant. Il m'a simplement rendu service pour m'aider à rompre des moments de solitude trop intenses, à deux ou trois reprises. Et ce ne pouvait être qu'avec lui, justement car il ne ressent ni désir, ni amour, ni attirance pour moi. Comme il te l'a déjà dit et répété, il n'éprouve de désir pour personne, ce sentiment lui est totalement étranger.
- Exactement, confirma la Harpie. Et il le sait très bien ! Le sexe m'indiffère totalement, mon corps réagit mécaniquement, donc je peux le faire. Cela ne m'attire pas, cela ne me dégoûte pas non plus. Vraiment, cela n'a rien à voir avec toi, Queen, combien de fois vais-je devoir te le répéter ? Alors, ne te sers pas de ce prétexte pour justifier tes affaires avec Eaque !
- Je n'ai pas besoin de prétexte, je fais ce que je veux de mon c… corps, se reprit-il à temps.
Du moins, en apparence.
Sylphide leva les yeux au plafond et Gordon se laissa aller en arrière dans son fauteuil.
Valentine, lui, posa un peu brusquement son verre sur son accoudoir en se redressant, sans pour autant en verser une goutte.
- Rhadamanthe, dis quelque chose à ce sujet, s'il-te-plaît, il n'écoutera que toi ! Ordonne-lui de cesser ces polissonneries !
- Polissonneries ? Enfers, Val', je n'ai pas entendu ce terme depuis le 18e siècle !
- Le siècle des libertins et c'est bien ce que tu es, intervint Sylphide. Seigneur Rhadamanthe, je partage l'avis de Valentine, vous devriez lui interdire de fréquenter Eaque. Peu importe les raisons, il ne peut rien en sortir de bon, aujourd'hui encore moins qu'hier.
- Souvent, lorsque l'on interdit les choses, elles sont encore plus désirées. Qui plus est, je n'ai pas à intervenir dans vos affaires privées, je ne m'arrogerai pas ce droit. Tant qu'elles ne nuisent pas au fonctionnement du Royaume, ni à Kanon, vous pouvez bien faire ce que vous voulez. L'Eternité est suffisamment longue pour ne pas se refuser quelques distractions inoffensives.
- Coucher avec le Garuda n'a rien d'inoffensive, fit valoir la Harpie. Comment peux-tu penser cela ? Et si je comprends bien, tu le laisserais même s'encanailler avec Minos ?
- En voilà un autre ! S'encanailler, vraiment ? Veux-tu bien revenir à cette ère ?
- Et toi, à la raison ?
- Nous connaissons tous la dangerosité et la perversion de Minos, évidemment que j'interviendrais, si l'un d'entre vous tombait dans ses filets, répondit le Juge à la question initiale. Je vous mettrais en garde, mais vous laisserais le choix de demeurer à mes côtés ou de le rejoindre.
- Plutôt mourir et rester enfermé dans le Cercle des Réincarnations !
- Je n'aurais pas dit mieux !
- Tu m'ôtes les mots de la bouche, Sylph' !
- Tu n'es pas concerné, Gordon ! Il feint même d'ignorer ton existence, rappela Queen.
- Comme tout ce qui a trait au Minotaure… En tous cas, pour nous, ce n'est même pas une option, grimaça Valentine à son tour. Mais même si Eaque est bien différent de Minos, et qu'il te craint, il ne peut être qualifié d'inoffensif. Avant de réussir à te mettre à bout et te forcer à le calmer assez durement pour plusieurs décennies, voire plus, il a quand même tout loisir d'agir. Tu ne te rends peut-être pas toujours compte de l'indulgence que tu lui témoignes, Rhadamanthe. C'est bien le seul moment où tu manques parfois de discernement.
- Il reste son petit frère, Valentine, rappela Gordon.
- D'où ma réflexion et mon insistance.
Rhadamanthe regarda longuement son Premier Lieutenant par-dessus son verre de whisky.
- Aurais-tu connaissance d'un méfait à lui attribuer que j'ignore, Valentine ?
- Comment cela serait même simplement possible ?
- Alors, je n'ai rien à redire de l'aventure de Queen avec Eaque. Comme il le dit lui-même, cela dure depuis plusieurs siècles. Nous sommes habitués à leurs facéties. Cela a moins de conséquences que lorsqu'il séduit nos soldats et leur brise le cœur, les mettant en dépression pour une durée indéterminée. Leur efficacité s'en trouve inévitablement réduite et ils font perdre du temps à tout le monde.
- Certes…
- Heureusement, ce n'est pas le temps qui nous manque, ici, n'est-ce pas ?
- Tu penses vraiment que c'est le moment de faire le malin, Queen ? soupira Sylphide.
- Je les préviens toujours de ne pas s'attacher à moi, et ils ont de nombreux exemples, ils savent parfaitement ce qui les attend !
- C'est sûr que tu jouis d'une sacrée réputation…
- Je vais faire comme s'il n'y avait aucune insulte, dans ta réflexion, Gordon.
- Evidemment qu'il n'y en a pas ! se défendit-il.
- Parfait, cette réputation prouve donc que je ne suis en rien responsable des illusions qu'ils se créent ! argua Queen. Mais c'est justement pour cette raison que j'apprécie Eaque.
- Parce qu'il te fout dehors à coup de pied au derrière quand il en a fini avec ? se moque Sylphide.
- Et qu'il me laisse partir quand c'est moi qui en ai eu assez, oui, exactement ! acquiesça la Mandragore avec un grand sourire.
Cela fit rire ses amis, et détendit enfin l'atmosphère.
C'était souvent comme cela entre eux, Kanon en avait déjà été témoin.
La tension retombait aussi vite qu'elle était montée.
- Ceci étant dit, Queen, la présence de Kanon change quelque peu la donne, intervint alors Rhadamanthe. Je compte sur toi pour redoubler de vigilance.
- J'avais déjà pris cette résolution, mon Seigneur. Je resterai attentif au moindre changement de comportement d'Eaque. Et j'agirai en conséquence. Je ne le laisserai jamais vous atteindre. J'espère -que vous en êtes tous bien conscients.
- N'est-ce pas justement pour cette raison aussi que tout le monde s'inquiète, Queen ?
- Que veux-tu dire, Kanon ?
- Ils savent que tu ne permettras jamais qu'il arrive quoi que ce soit à Rhadamanthe. Tu prendrais donc des risques énormes, si Eaque décidait d'agir à son encontre. Je me trompe peut-être…
- Non, tu as raison, confirma son Juge.
Queen secoua la tête.
- Bande d'idiots.
- Hey ! protesta Sylphide. Tu veux que j'aromatise ton précieux vin allemand en y soufflant mon délicieux poison ?
- Essaie un peu, et je te ferai déguster ton gâchis par chacune de tes sept ouvertures !
- Je rêve, c'est toi qui a commencé par nous insulter !
- Et alors, de quoi tu te plains, le Basilic, t'es pas censé aimer les insultes ?
- Oh ! c'est mesquin, rit Kanon. Bien envoyé, mais très mesquin.
Le basilic en tant que plante était parfois offert pour signifier la haine ou le mépris envers quelqu'un. C'était dû au constat présumé qu'elle poussait mieux quand on l'insultait et qu'on la détestait...
- Je te rappelle que le basilic était un gage d'amour éternel à Rome, dans l'Antiquité ! C'était une plante royale, d'où son nom !
- T'es Belge ! le contra Queen.
- Je suis surtout le Basilic mythique, le Roi serpent, et pas une vulgaire plante hurlante comme toi !
- Je connais mon latin, et basilic vient de Basileus, qui veut dire « Petit » roi, mein liebe.
Rhadamanthe claqua durement la langue, amenant tous les regards à se tourner vers lui.
- Et ne connais-tu donc point ton grec, duquel est bien souvent issu le latin, Queen ? le sermonna-t-il durement. Le bas latin basilicum, qui veut dire « royal », est formé sur le grec ancien basilikón, soit « plante royale », lui-même dérivé de basileús, signifiant « roi » ou « petit roi », selon le contexte. Ne donne pas de leçon, si tu ne maîtrise pas suffisamment ton sujet.
S'il y avait bien une chose que Rhadamanthe ne laissait pas passer, c'était le manque de rigueur.
S'il y avait bien un sujet sur lequel il était tatillon, c'était quand le latin primait sur le grec, Rome sur la Grèce antique, dans les explications sur les origines des mots, des idées, des concepts, peu importaient les domaines.
Il disait souvent que oui, il fallait rendre à César ce qui était à César, mais aussi à Périclès ce qui était à Périclès.
Ce côté un peu chauvin avait toujours fait sourire Kanon, qui se reconnaissait aussi ce trait de caractère, commun à la plupart des Grecs.
Mais pour lui, cela avait un côté très moderne qui ne collait pas avec la sagesse millénaire de son Juge.
C'était ce paradoxe qui l'amusait.
Cependant, il était bien le seul à sourire.
Les quatre autres grimaçaient.
C'était à cela qu'on reconnaissait leur grande amitié : ils compatissaient, sachant tous ce que cela faisait de se faire reprendre sévèrement par Rhadamanthe.
Même Sylphide, qui aurait pu se réjouir de voir Queen se faire remettre à sa place, alors qu'il venait de se moquer de lui, n'en rajoutait pas.
- Pardonnez-moi, Seigneur Rhadamanthe, s'excusa platement Queen. Je vous remercie de m'avoir corrigé et rappelé à l'ordre, je serai plus rigoureux, à l'avenir.
Le Juge ne répondit rien et se contenta d'hocher la tête.
- En tous les cas, reprit la Mandragore en souriant à Sylphide, si les Grecs parlaient du basilic comme un roi ou un petit roi selon le contexte, nous en revenons au même point, Petit roi serpent…
- Je te montrerai bien encore une fois que je n'ai rien de petit, mais puisqu'on ne peut pas se battre ici, et que c'est une soirée de jeux, réglons plutôt notre litige au senet ! Tu as déjà perdu deux fois, la semaine dernière, tu ne voulais pas tenter de prendre ta revanche ? Ou tu déclares forfait définitivement ?
- Forcément, en bonne Étoile céleste de la Victoire, tu sais toujours comment t'en sortir, quand tu ne sais plus quoi dire, en proposant un jeu que tu ne peux que gagner !
- C'est pas comme s'il gagnait toujours, intervint Rhadamanthe. Je l'ai déjà battu à de nombreuses reprises.
- Il ne pourra jamais perdre contre toi !
- Tu insinues qu'il me laisse gagner, Valentine ?
- Non, Seigneur Rhadamanthe, ce n'est pas ce que je fais, jamais, promit Sylphide sans laisser le temps à la Harpie de répondre. Je joue toujours très sérieusement contre vous ! Seulement, personne ne peut vous battre. À l'exception de Kanon, évidemment. Vous êtes très doués, tous les deux. C'en est presque indécent, parfois…
- Cela dépend des jeux et des défis, Sylphide, nuança Kanon. En ce qui concerne le senet, je n'y suis pas encore familier. Je serai ravi de vous voir disputer une partie, pendant que nous terminons ce premier verre, qu'en pensez-vous ? Nous nous affronterons ensuite aux différents autres jeux que vous avez préparés pour déterminer où sont nos points forts et nos points faibles ?
- On ne joue pas pour gagner ? demanda Gordon, perplexe.
- Si, mais pas seulement. Au Sanctuaire, avec mes frères et sœurs, nous pouvions parfois jouer simplement pour emporter la victoire, certains jeux s'y prêtent totalement. Mais d'autres peuvent offrir des moments de réflexion, voire d'introspection, qui nous permettent de cerner, révéler, déterminer, approfondir nos atouts et nos faiblesses.
- Mais au final, tout cela, c'est pour gagner, non ?
- Oui, mais à la fin, même s'il y a un grand vainqueur, tout le monde a gagné quelque chose. Et ce quelque chose permettra peut-être aux perdants de triompher, la fois suivante.
- Fascinant, laissa échapper le Basilic.
- Ce n'est pas ce que nous le faisons tous, d'une certaine façon, avec certains jeux ?
- En effet, Queen. La différence vient surtout de la prise de conscience, en fin de partie, de ce que ce moment nous a apporté. On réfléchit à cela, plutôt que de passer tout de suite à autre chose et oublier.
- Tu peux développer ? demanda Valentine. C'est vraiment intéressant, comme approche. Tu as des exemples de cette prise de conscience ?
- Bien sûr. Il y a, bien évidemment, la joie et le rire partagés, l'excitation de l'affrontement, les souvenirs créés, les liens avec les autres qui se renforcent. Même en cas de dispute et de désaccord, cela ne dure jamais bien longtemps. Quelques olives et un peu de féta, un verre d'ouzo pour ceux qui le veulent, et on en parle plus ! Et au-delà de ces interactions avec les autres, chacun peut se refaire le film de la partie telle qu'il l'a vécu, et réfléchir à ses actions, ses réactions, pour en tirer des leçons. Pas seulement dans sa stratégie de jeu, mais aussi, son comportement avec les autres. En prenant ce temps de réflexion, pas forcément juste après, cela dépend du moment et de l'état de chacun, ce peut-être plus tard, tout le monde gagne en maturité.
- Mais n'est-ce pas trop intellectualiser un moment ludique ?
- C'est à la discrétion de chacun, Queen. Comme je le disais, certains jeux s'y prêtent, d'autres non. A certains moments, tu auras juste envie de t'amuser sans prise de tête, et quelques temps plus tard, tu n'en auras plus que de vagues souvenirs, ne retenant que les éléments importants, comme qui a gagné et comment. Et à d'autres, tu auras envie de revenir dessus. Cela pourra être justifié par une défaite, dont tu ne veux plus subir l'humiliation, la réflexion d'un camarade, une dispute, un échange, peu importe. Au final, chacun fait ce qu'il veut, pour ses propres raisons. Ce n'était donc qu'une proposition, de ma part. C'est à moi de m'adapter à vous et votre fonctionnement, non l'inverse.
- On apprend les uns des autres, Kanon, répondit Valentine. Nous t'apportons, tu nous apportes. Personne n'impose rien à l'autre. Et ton idée est excellente.
- Oui, j'approuve aussi ! s'enthousiasma Queen. Il y a certains jeux qui nous sont totalement inconnus et qui ont suscité notre curiosité.
- On a hâte que tu nous expliques, confirma Gordon.
- Et si tu me donnes quelques astuces sur certains, ajouta Sylphide, je t'expliquerai comment augmenter tes chances de gagner au senet.
- Nous n'avons même pas commencé et tu penses déjà à tricher !
- Ce n'est pas de la triche, Queen, c'est de la stratégie !
- La proposition de Kanon étant validée, le sujet est clos, les interrompit Rhadamanthe en se levant.
S'il déclarait un sujet clos, personne n'avait à y redire.
Il fit un rapide aller-retour pour chercher son propre jeu de senet et le posa sur la table basse entre eux.
Queen et Sylphide prirent possession du jeu et se préparent pour leur duel.
Un silence concentré était retombé, ce qui fit du bien au Juge, et aussi à Kanon, même si le Gémeau avait été un peu plus habitué à vivre ce genre de scènes, au Sanctuaire.
La colère ou l'indignation pouvaient transformer Aphrodite, le faisant passer du chant mélodieux et puissant de Whitney Houston aux élans hystériques de la Castafiore en une poignée de secondes.
Les grands éclats de rire tonitruants d'Angelo n'avaient rien à envier à ceux d'Aldébaran.
Et les fous rires qui prenaient Milo, lui-même et Aiolia, pouvaient durer des dizaines et des dizaines de minutes insupportables pour les autres.
Rhadamanthe, lui, avait quelque peu grimacé à plusieurs reprises en voyant son calme salon transformé en poulailler.
C'était à prévoir, avec une Harpie, une Mandragore et un Basilic : il suffisait qu'ils élèvent légèrement la voix et on y était.
Heureusement que Gordon gardait le plus souvent son calme, car lorsqu'il le perdait, il pouvait à son tour produire des sons proches d'un bœuf en dépression.
Comprenant tout cela, Kanon glissa sa main dans celle de son compagnon, dont les sourcils se défroncèrent définitivement, alors qu'il lui souriait en remerciement.
L'affrontement entre Queen et Sylphide commença, et les quatre autres le suivirent avec intérêt.
Kanon en profita pour approfondir sa connaissance des règles de ce jeu prisé par les Egyptiens de l'Antiquité, et qui avait été introduit aux Enfers par, bien évidemment, le gardien de la Deuxième prison, Pharaoh du Sphinx.
Le Gémeau avait eu des échanges intéressants avec lui, c'était un homme très cultivé… mais très fourbe.
Il n'était absolument pas digne de confiance.
Même Rhadamanthe lui avait conseillé de se tenir éloigné de lui.
En même temps, la Deuxième prison étant un peu la niche de Cerbère, c'était bien le dernier endroit aux Enfers où Kanon avait envie de traîner…
La partie de senet se termina sur la victoire Queen, mais il lui en manquait une pour rétablir la balance et son honneur.
Voire deux, pour triompher du Basilic.
Mais leurs verres étant vides, ils remirent cette ultime partie à plus tard.
Ils s'installèrent alors tout confortablement à même le sol, entre les plaids et les coussins préparés par Queen, en formant un grand cercle.
Une desserte à portée réunissait à boire et à grignoter, et selon les besoins, roulerait de l'un à l'autre à l'extérieur du cercle pour ne pas déranger leurs activités à l'intérieur.
Car au centre étaient étalés plusieurs jeux de sociétés, choisis parmi tous ceux prêtés pour l'occasion par les camarades de Kanon.
Il fallait à présent décider ensemble par lequel ils allaient commencer, car la curiosité allait de l'un à l'autre.
Allaient-ils se battre pour prendre la tête de l'une des sept cités antiques dans 7 Wonders, ?
Essayer de construire la cité la plus prestigieuse en incarnant tour à tour un mage, un assassin, un prêtre, et autres, dans Citadelles ?
Plutôt jouer les enquêteurs pour découvrir le meurtrier du Docteur Lenoir, avec quelle arme et dans quelle pièce, plongés dans une partie de Cluedo ?
Ou alors, tester leur capacité à bluffer et à quel point ils se connaissaient, ou étaient intuitifs, dans des jeux comme Perudo ou encore, Bang ?
Peu importait par quoi ils commençaient, ils avaient de quoi faire et de quoi passer une excellente soirée, nuit, jour, bref, un très bon long moment, qui avait déjà très bien commencé !
Le but étant, bien évidemment, de faire quelque peu oublier à Kanon tout ce qu'il avait laissé à la surface et lui faire découvrir et apprécier ce qu'il avait dorénavant ici, aux Enfers.
En plus de Rhadamanthe, même si, en vérité, lui seul comptait et suffisait.
Ses proches qui, en ce moment-même, continuaient de le célébrer autour d'un grand banquet installé au cœur du Colisée, pour clôturer les funérailles, deux jours après sa disparition.
De très nombreuses et longues heures plus tard, après une bonne vingtaine de jeux testés, une longue partie de cartes se terminait.
Tout le monde était tombé, à l'exception de Rhadamanthe et de Valentine qui se disputaient la victoire.
Kanon, quatrième joueur à se retirer, avait depuis un bon moment posé sa tête sur l'épaule de son Juge pour suivre son jeu.
Si au départ, il avait assuré ne pas l'aider et juste regarder, au final, ils s'étaient retrouvés à faire équipe avec Rhadamanthe contre Valentine, lui-même aidé par Queen et Gordon, Sylphide se déclarant neutre et observant en sirotant son verre.
Lorsque les derniers coups furent lancés et les ultimes cartes abaissées, la victoire revint au Second Juge des Enfers et Premier Général de l'armée d'Hadès.
Il n'y eut pas de grands cris ni d'applaudissements, mais de simples félicitations discrètes : Kanon s'était endormi depuis plusieurs minutes.
Rhadamanthe se releva en le prenant dans ses bras, puis le porta jusqu'au canapé où il l'allongea avec une infinie douceur.
Il se fit une petite place à ses côtés et caressa tendrement ses cheveux, dégageant son front des mèches qui s'y attardaient.
- Il a tenu combien de temps, au final ? demanda Queen qui avait commencé à ranger avec les autres.
- Il s'est endormi il y a 17 minutes, répondit le Juge après un regard à sa pendule murale. Avec sa dernière journée à la surface qui a compté 10 heures et 7 minutes, il est resté éveillé et actif en tout 79 heures et 24 minutes.
Des sifflements discrets accueillirent cette annonce.
- Un peu plus de 3 jours, incroyable !
- Si cela fait 69 heures depuis qu'il est descendu, vous avez la thématique toute trouvée pour célébrer ce record !
Valentine frappa Queen avec un coussin.
- T'as vraiment les idées encore plus tordues quand tu fricotes avec Eaque !
- Et toi, tu comprends bien vite les allusions pour quelqu'un qui n'aime pas ça !
- Je t'ai déjà que ce n'était pas que je n'aimais pas, c'est juste que ça ne m'intéresse pas !
- C'est pareil, tu ne mets guère longtemps à trouver le sens le plus grivois à mes mots, à chaque fois.
- À force de te fréquenter, évidemment, puisqu'ils ont rarement un autre sens ! Pervers que tu es !
- Calmez-vous, tous les deux, gronda Gordon, ce n'est vraiment pas le moment pour une dispute.
- Kanon ne risque pas de se réveiller pour si peu, il doit être profondément endormi, à présent, fit valoir Sylphide. Mais tout de même, cessez de vous agiter comme cela, c'est épuisant pour tout le monde !
- Vous pourriez être surpris, répondit Rhadamanthe, resté près de son Gémeau.
Il avait voulu se lever pour les aider, mais Valentine lui avait ordonné de rester assis à ses côtés, le seul endroit où il voulait être.
À un autre moment, il l'aurait remercié, mais se serait tout d même joint à eux pour tout débarrasser.
Ce qui était parfaitement naturel.
Il n'était pas le genre de Supérieur qui laissait ses hommes tout faire, il participait toujours.
Mais là, il se sentait comme aimanté à son Gémeau, il n'arrivait pas à s'éloigner de lui.
La fierté et le respect immenses qu'il éprouvait avaient grandi au fil des heures qu'il avait vu passer, sans que jamais Kanon ne montrât le moindre signe de faiblesse.
Sans même savoir que son temps d'éveil était évalué, son corps avait vécu et traversé le temps et les jours plus que n'importe quel autre humain devenu Spectre ne l'avait jamais fait, durant tous ces millénaires.
Seules les Juges, grâce au sang de Zeus coulant pour moitié dans leurs veines, avaient tenu plusieurs jours avant que leurs corps humains éprouvés par le maintien en vie forcé ne réclament le repos.
Kanon avait tenu plus de trois jours.
Et à n'en point douter, s'il avait été averti de ces particularités de l'éveil en Spectre, son esprit compétiteur lui aurait sûrement fait, consciemment ou non, tenir le coup bien plus longtemps, avec des techniques pour ménager son corps et le rendre encore plus endurant.
Car un Chevalier était entraîné pour survivre dans des conditions extrêmes de fatigue, de douleur et de privation.
Mais l'intérêt, ici, était plutôt d'évaluer la résistance naturelle du corps humain, ainsi, ils n'avaient rien dit à Kanon.
Et le fait de constater que s'il avait été au courant, il aurait pu certainement tenir le double forçait l'admiration de tous.
Les yeux d'or de Rhadamanthe débordaient d'amour, de fierté et d'adoration pour cet homme qui se révélait à lui toujours plus exceptionnel qu'il ne l'était déjà.
Il ne pouvait pas le cacher, il n'essayait même pas.
Mais par respect et pudeur, aucun de ses Lieutenants ne le regardait trop longtemps ou ne faisait la moindre réflexion.
Même Valentine, le plus proche de lui, qui aurait pu se le permettre.
- Nous le sommes déjà, assura-t-il, au contraire. Que l'on compte ses dix dernières heures à la surface ou non, il a explosé tous les records d'endurance.
Les trois autres Lieutenants acquiescèrent en souriant, plus qu'admiratifs, eux aussi.
- Au final, c'est lui, le vainqueur de cette compétition à laquelle il n'était même pas conscient de participer, déclara Queen.
- S'il l'avait su, je pense qu'il aurait tenu encore plus longtemps, consciemment ou non, fit remarquer Valentine, en écho aux propres pensées de Rhadamanthe.
- C'est exactement ce qu'il est, répondit d'ailleurs celui-ci avec une tendresse que ses subordonnés ne lui connaissaient qu'avec Kanon. Il va toujours au bout, au fond des choses.
- T'as même pas intérêt à penser à un truc déplacé, encore ! siffla Valentine à l'adresse de Queen dont il avait vu le sourire s'accentuer.
- Tu l'as fait pour moi.
- C'est toi qui avais le précédent record, Valentine, non ? demanda Sylphide pour couper court à leur énième joute verbale. C'était combien, déjà, 55 heures ?
- Ma cinquième réincarnation, 59 heures. Je ne sais pas si c'est lié, mais c'était quand j'avais un corps de femme. Tu en penses quoi, Rhadamanthe ?
- Leurs corps est fait pour porter la vie.
- Donc, oui, logique !
- Par contre, en ce qui concerne la toute première réincarnation, entre tous, c'est Gordon qui a tenu le plus, avec 51 heures, rappela Queen. Personne n'a jamais été au-delà pour un premier éveil. Kanon est vraiment impressionnant.
Les autres acquiescèrent en se réunissant devant leur Seigneur.
- Nous allons vous laisser, à présent, Rhadamanthe. As-tu besoin que nous fassions autre chose, avant de partir ?
- Non, merci d'avoir tout rangé. Et merci pour ce moment, ajouta-t-il en se levant pour leur faire face. Gordon, Sylphide, Queen, Valentine, merci d'avoir accueilli et accepté Kanon, et je ne parle pas uniquement d'aujourd'hui. Je ne vous ai jamais imposé, ni même simplement demandé d'être ami avec lui, j'attendais simplement de vous que vous le respectiez et le reconnaissiez comme le grand homme et puissant Chevalier qu'il est. Vous lui avez donné tellement plus, et de vous-même… Peut être au début pour moi, mais ensuite, par vos propres convictions. Je sais qu'il a réussi à conquérir vos cœurs, mais vous lui en avez d'abord laissé l'opportunité de le faire. Je vous suis extrêmement reconnaissant pour cela. Il était important que vous l'entendiez au moins une fois, car je sais que même après tant de siècles à mes côtés, il vous est encore difficile, parfois, de comprendre mes sentiments à votre égard.
Émus, les quatre Lieutenants mirent un genou à terre devant leur Seigneur, dans un même mouvement, le cœur empli de respect et d'admiration pour lui.
Ce moment partagé avec lui avait quelque peu gommé les frontières entre eux, induites par la hiérarchie plus que par sa volonté, mais il leur suffisait de pas grand-chose pour le réinstaller dans son statut de Supérieur.
Son charisme de leader et son aura faisaient le reste.
- Seigneur Rhadamanthe !
À ces éclats de voix résonnant tout près de lui, Kanon s'agita, mais sans se réveiller.
Rhadamanthe le regarda en souriant, puis reporta son attention sur ses hommes.
- Relevez-vous, et rentrez vous reposer quelques heures, avant de reprendre le travail.
Les quatre hommes se redressèrent.
- Merci, Seigneur Rhadamanthe. Reposez-vous bien, également, lui souhaitèrent Queen, Gordon et Sylphide.
- Merci, Rhadamanthe, lui dit à son tour Valentine, alors que les trois autres regagnaient déjà la sortie pour les laisser seuls. Je vais passer au Tribunal m'assurer que tout va bien, avant de rentrer chez moi dormir un peu. On se relaiera tous les quatre le temps qu'il faudra, sois tranquille.
- Je le suis. Concernant Queen…
- Je veillerai sur lui, puisque tu ne veux pas intervenir plus franchement. Ce n'est pas un reproche, je comprends tes raisons. Seulement…
- Cela ne te plaît pas de le savoir avec Eaque. Moi aussi, je te comprends, Valentine. Je te comprends, répéta-t-il en accrochant son regard.
La Harpie le soutint un moment, puis le baissa lorsque ce fut trop pour lui.
Rhadamanthe était tout pour lui, aussi, il n'aimait pas lui montrer ses faiblesses.
Et Queen était bien, et de loin, la plus grande entre toutes.
- Avant de partir, reprit le Juge pour le sortir du moment gênant pour lui, passe par la cuisine récupérer les deux caisses dont je t'ai parlé, tout à l'heure. Distribue le contenu de la plus petite entre vous quatre. Quant à la plus grande, dépose-là dans la salle de repos au Tribunal pour nos soldats. Tu garderas les alcools dans ton bureau, comme d'habitude, et les mettra à disposition avec parcimonie. Je compte sur toi.
- Merci pour ta grande générosité, elle sera comme toujours grandement appréciée, assura Valentine en inclinant respectueusement le buste.
- Tu n'as pas à dire que cela vient de moi.
Le Premier Lieutenant eut un léger rire discret.
- Et de qui cela pourrait-il donc bien provenir d'autre ! Allons, repose-toi bien, Rhadamanthe. Reposez-vous tous les deux, et encore… félicitations pour tes victoires. Nous n'avons pas fait le compte du nombre de parties et de jeux remportés par chacun, mais ce n'est pas vraiment utile. C'est toi le grand gagnant, de toute façon, sourit-il avec un regard appuyé sur Kanon.
Rhadamanthe lui rendit son sourire, puis souleva son Gémeau dans ses bras pour pouvoir l'emporter dans leur chambre.
Celui-ci enroula les siens autour du cou de son Juge avec un soupir de contentement.
- Rhad', amour, on va se coucher ? murmura-t-il sans ouvrir les yeux.
- Oui, agape mou.
- Dis... est-ce qu'on s'est marié ?
- Tu aurais voulu ? demanda Rhadamanthe, amusé par cette question incongrue.
Était-ce l'histoire du mariage de Gordon qui lui était revenu à l'esprit et l'avait embrouillé ?
- Pourquoi tu me porterais comme une jeune épouse, sinon ? marmonna Kanon, mais toujours sans ouvrir les yeux. Je peux marcher…
Rhadamanthe le serra un peu plus contre lui.
- Laisse-toi faire et rendors-toi, je m'occupe de tout.
- Hmmm… mari tyrannique…
Et il se rendormit.
La Harpie ne put retenir un gloussement.
Mais Rhadamanthe ne fit aucun commentaire, il gardait les yeux rivés sur le visage serein de son compagnon, contre son épaule.
- Je n'y crois pas, il n'est même pas totalement ni profondément endormi, il fait juste des micros-siestes !
- Une fois dans le lit et dans mes bras, je pense que son corps se relâchera totalement.
- Les paris sont ouverts sur le temps dont il aura besoin pour récupérer, cette fois ! annonça Valentine en s'avançant vers la cuisine pour prendre les énormes caisses mentionnées tantôt. Nouveau record en vue ?
- À n'en point douter, assura le Juge en lui emboîtant le pas. Nous avons un dîner avec nos Souverains dans 12h.
- C'est un pari risqué.
- Il relèvera le défi, je n'en doute pas une seconde.
- Moi non plus, évidemment. Il ne serait pas à tes côtés, s'il n'était pas au moins capable de cela.
Sur le seuil de la cuisine, ils échangèrent un regard et un sourire entendus.
- Je ne doute pas qu'il se réveillera dans les temps, mais plutôt que vous arriviez tous les deux à sortir d'ici. On sait tous les deux la passion dévorante et la fièvre qui gagnent les corps après le repos du premier éveil en Spectre. Cette pulsion de vie, qui transforme presque les gens en animaux en rut, pourrait vous faire réellement tout oublier, dont ce dîner. Ou au moins, vous mettre plus qu'en retard. Et accessoirement, s'agissant de vous deux, mettre le feu à Caina et au Cocyte entier. Il serait peut-être préférable que je repasse d'ici une dizaine d'heures, non ?
- En dehors de nos Souverains, tu es le seul que ma barrière ne repoussera pas, tu peux donc effectivement revenir, si tu es inquiet. Mais… le veux-tu vraiment ? demanda Rhadamanthe avec un petit sourire en coin.
Valentine grimaça.
- Non, je n'y tiens absolument pas. Et je ne pensais pas à entrer, loin de moi cette idée ! Mais, il vaudrait mieux que ce soit moi, plutôt que Notre Seigneur qui envoie quelqu'un d'autre s'acharner sur ta barrière, parce que vous ne vous seriez pas présentés, tu ne crois pas ?
- Tu penses que cela peut arriver ?
- Qu'Il envoie quelqu'un ?
- Que nous ne nous présentions pas à Giudecca.
Le regard allant de Kanon à Rhadamanthe, la Harpie eut un rictus.
- Dois-je te rappeler que les seuls rares retards que tu n'as jamais eus, depuis… toujours, sont uniquement dus à la présence de Kanon chez toi ? Ou de toi, là-haut ? Il y a des moments où la barrière autour de ton Domaine est bouillante, Rhadamanthe, je ne plaisante et n'exagère pas en parlant d'un incendie au Cocyte. Parfois, quand vous êtes ensemble, vous vous créez un monde où plus rien d'autre ne compte, la passion vous envahit et déborde tellement qu'on ne peut pas approcher. La Huitième prison tout entière prend au moins deux degrés, les plaines gelées du Cocyte sont à deux doigts de fondre et de libérer des âmes. Je suis certain qu'en moyenne, cette zone des Enfers est devenue plus chaude, depuis seize ans ! On pensait tous que cela se calmerait avec le temps, mais non, bien au contraire !
- C'est bon, tu as fini ? Tu as d'autres plaintes à formuler ? Parce que ce n'est guère le moment, Valentine.
Rhadamanthe n'était pas énervé, ni même simplement irrité, mais il n'avait clairement pas envie de poursuivre et commençait à s'impatienter.
Kanon n'était pas lourd, dans ses bras, il portait aisément ses 88 kilos.
Il voulait simplement rapidement le mettre au lit et le rejoindre.
- Ce ne sont pas des plaintes, mais un simple constat, je te prie de m'excuser si cela sonnait ainsi. Je suis heureux pour toi, comme nous tous, tu ne peux même pas imaginer à quel point c'est vrai. Mais je ne veux pas que cela te cause du tort, cette fois-ci.
- Nous ne sommes pas des adolescents soumis à nos hormones et nos pulsions, Valentine. Il ne se passe tellement rien, aux Enfers, que tout le monde garde les yeux rivés sur nous et ne peut s'empêcher de commenter et d'en rajouter, surtout les esprits pervers qui sont en nombre. Mais nous agissons comme un couple normal.
- Oui, en lune de miel depuis seize ans et quelques... marmonna la Harpie dans sa barbe inexistante.
- Quant aux retards auxquels tu fais référence et qui étaient sans incidence, poursuivit le Juge sans tenir compte de sa remarque, j'en ai toujours été conscient suffisamment tôt pour te prévenir et anticiper. Mais je n'ai jamais manqué une seule convocation au Palais, ni une seule audience d'importance, avec nos Souverains ni avec vous. Je n'ai jamais failli à ma tâche.
- Evidemment que non ! Nous le savons tous, tu es et reste irréprochable.
- Et c'est grâce à Kanon. Il a toujours dit et répété et ce, dès les premiers jours, que sa présence à mes côtés ne devait jamais remettre en question ma rigueur, ma discipline, ni le modèle que je suis pour tout le monde, depuis des millénaires. Et il y a veillé scrupuleusement, depuis, et continue de faire. Car oui, je le reconnais, parfois, n'ayant vraiment pas envie de le quitter, je peux être tenté de faire un pas de côté pour demeurer auprès de lui, faisant fi du reste, peu importe son importance. Mais il m'en a toujours empêché et je sais qu'il continuera.
- Encore une fois, je sais tout cela, Rhadamanthe. Mais là, c'est un peu différent, c'est bien pour cela que je me permets de te parler ainsi et d'insister. Kanon sera certainement bien plus coupé du reste du monde que toi, il n'aura qu'une seule pensée et envie, te dévorer et se faire dévorer. tout cru.. S'il t'entraîne et que tu perds toi aussi le sens des réalités… D'accord, c'est bon, ne me regarde pas comme cela ! s'interrompit-il sous les yeux d'or en fusion dardés sévèrement sur lui. J'ai compris, tu vas très bien gérer, comme toujours. Je n'ai pas besoin de m'inquiéter, vous serez présents, en temps et en heure, frais, reposés et… euh… comblés par ce premier repas, prêt à satisfaire d'autres appétits.
- Exactement. Merci de t'en inquiéter, vraiment, mais tout ira très bien pour nous. Inutile donc de prévoir un déplacement ici.
- Parfait. Je te remercie de me dispenser d'une visite dans ces conditions. Même si cela aurait évidemment simplement été que des petites impulsions de cosmos sur ta barrière pour te sortir de ton monde, vraiment, je te suis reconnaissant de me l'épargner. Surtout en ayant aucunement l'assurance que cela suffirait, je n'avais vraiment pas envie de devoir entrer et… Bref, merci beaucoup ! répéta-t-il en inclinant légèrement le buste.
- Je t'en prie. Autre chose ? demanda-t-il en le voyant se redresser et hésiter.
- Non. Enfin, si…
Le Juge réajusta un peu sa position pour mieux soutenir son Gémeau, qui dormait toujours paisiblement dans ses bras, son souffle régulier caressant délicieuse et son cou à travers l'échancrure de son col.
. Rhadamanthe, tu sais…
Le Lieutenant marqua un temps d'arrêt et le regarda longuement, avant de poursuivre.
- Tu as dit que je ne ressentais aucun amour pour toi. S'il est vrai que je ne suis pas amoureux de toi et que je n'éprouve aucun désir, que cela n'a jamais été le cas, même quand on était à la surface, je… Tu es… Enfin, pour moi, tu…
Il s'interrompit et se mordit la lèvre.
Rhadamanthe le regarda sans sourciller ni prononcer un mot.
- Tu ne m'aideras pas, n'est-ce pas ? soupira la Harpie.
- Non. Tu t'es mis là-dedans tout seul, Valty.
A l'entente de son surnom qu'il utilisait pourtant que très rarement, Valentine sourit.
En fait, il n'y avait rien à dire de plus.
Il hocha la tête, avant d'entrer dans la cuisine pour s'occuper des caisses préparées par Rhadamanthe.
Ce dernier n'attendit pas de le voir ressortir, il poursuivit sa route dans le couloir distribuant les pièces pour conduire Kanon dans leur chambre, où il l'allongea avec douceur sur le lit.
Il se déshabilla, puis lui ôta aussi ses vêtements pour le mettre entièrement à son aise, car il allait dormir longtemps.
Puis, de cette façon, à son réveil…
Et bien, ils seront tous deux prêts et Rhadamanthe pourra rapidement donner à Kanon ce qu'il ne manquera pas de réclamer : le dévorer et être dévoré, tour à tour.
Tout pour apaiser le feu du désir né de la pulsion de vie d'un corps à la fois mort et vivant, soumis aux règles du Royaume des défunts et contraint par certains aspects de sa condition demeurée humaine.
Il glissa ensuite son corps nu contre le sien, sous les draps de satin à la fraicheur et à la douceur bienvenues, pour le prendre dans ses bras.
Effectivement, comme il l'avait prédit, quelques minutes suffirent pour que le corps de Kanon se relâchât totalement et qu'il sombrât dans un profond sommeil réparateur, abandonné à lui en toute confiance.
Rhadamanthe pensait attendre quelques minutes supplémentaires à caresser tendrement ses cheveux, avant de se relever pour aller s'assurer que tout était en ordre dans le salon et la cuisine, même s'il faisait confiance à ses Lieutenants qui avaient dû faire le nécessaire.
Il prévoyait même de prendre une petite douche rapide.
Mais, se sentant si bien dans l'étreinte chaude de Kanon qui avait littéralement enroulé son corps autour du sien, le Second Juge des Enfers et Premier Général d'Hadès s'endormit finalement lui aussi, vaincu par une fatigue qu'il n'avait pas soupçonnée, emporté dans un état de félicité absolue.
.
.
.
A suivre...
.
.
Notes :
Les malboges : nom donné par Dante dans sa Divine Comédie au Huitième cercle de l'Enfer dans lequel sont punis les fraudeurs. Dans Saint Seiya, ils correspondent à la septième prison et sont aussi divisés en 10 mares correspondant chacune à des fautes commises par les humains de leur vivant (prostitution, faux prophètes, corruption etc] Je vous laisse consulter la page Wikipédia dédiée aux Enfers dans Saint Seiya pour plus de détails, elle est très bien faite. (saintseiyapediapointcom] On ne voit pas les Chevaliers les traverser, mais Kurumada les décrits bel et bien notamment dans le Saint Seiya Taizen.
.
Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et diverti !
J'ai aimé l'écrire, même s'il fait intervenir des personnages peu habituels et que je les ai rendus bien plus sympathiques que dans le manga ! La loyauté absolue de ces 4 Lieutenants à Rhadamanthe est souvent très appuyée dans le manga, un peu plus dans The Lost Canvas que dans l'original qui leur donne une histoire, un passé, notamment avec leur « Seigneur Rhadamanthe ». Il a notamment une relation très particulière avec Valentine.
Pour ceux qui ne connaissent pas TLC (je vous le conseille vivement) Valentine et Rhadamanthe y sont décrits au 18e s comme deux amis de rangs différents dont les Étoiles maléfiques ne se sont pas encore éveillées, Rhadamanthe étant supérieur, évidemment, et frustré par une envie dévorante d'accomplir un grand dessein. Moi, je préfère l'idée que Rhadamanthe ait toujours été aux Enfers depuis sa mort dans les Temps mythologiques, mais qu'il soit parfois remonté à la surface pour une raison ou une autre liée à la surveillance d'Athéna, Sa réincarnation et celles de Ses Chevaliers. C'est tout à fait personnel, et j'assume !
Dans le Chapitre Hadès et même dans TLC, parfois, Rhadamanthe semble souvent n'en avoir rien à faire de ses hommes. Je préfère me référer à la figure mythologique du vrai héros et roi de Crête qui avait énormément de respect et de reconnaissance envers les siens ! (La preuve étant la distribution de ses terres en héritage à certains de ses hommes en récompense pour leur loyauté, je l'ai déjà évoqué dans un précédent chapitre. Certaines îles des Cyclades porteraient ainsi encore aujourd'hui le nom de ces hommes, ou elles le portaient avant, selon les sources archéologiques. Par exemple l'ile d'Andros, ou celle de Polyaigos).
Je sais que Kurumada-sensei a pris la figure des Juges sans leur donner leur véritable caractère et histoire issus de la mythologie (Coucou Minos !), et s'est beaucoup inspiré de Dante pour tout ce qui a trait aux Enfers, notamment Minos qui est le seul à juger les défunts, alors que dans la mythologie, ils se repartissent les rôles, mais je trouve plus intéressant de le faire dans ma fic, sans aucune prétention évidemment. Donc j'essaie à chaque fois de raccrocher les wagons !
Sinon, petite annonce sur les prochains chapitres pour cette fin (qui devait tenir en un ou deux chapitres seulement, cette bonne blague !)
Donc les deux prochains seront consacrés à Angelo et Shura / Aphrodite également au passage.
Il y aura ensuite un chapitre pour Camus et Milo, espérant que ça tienne sur un seul chapitre !
Et enfin bien évidemment, le dernier chapitre sera consacré à Aioros et Saga. J'ai commencé avec eux et pour eux, il est logique et évident que je finisse avec eux.
On en a donc pour un petit moment encore à pleurer ensemble. Je plaisante, ne fuyez pas !
À dimanche prochain pour ma part ! (28 avril) ou si ce n'est pas possible, le mardi qui suivra (30 avril).
Bonne continuation, prenez soin de vous et vos proches !
Lysanea
.
