Chapitre 7

Jason avait rarement roulé aussi vite jusqu'au manoir. Il entendait Dick lui parler à travers leurs oreillettes mais il ne comprenait aucun mot. Son esprit était focalisé sur Lizzie. Il savait qu'elle souffrait et même si il ne savait pas ce qu'il pouvait y faire, il voulait être là pour elle.

-Monsieur Jason… commença Alfred quand il dérapa sur les graviers de l'allée du Manoir.

Mais Jason n'écouta pas et courut vers l'intérieur du Manoir. Il alla directement vers l'infirmerie de la BatCave. Comme il l'avait deviné, Lizzie était là, allongée sur un des lits immaculé de la pièce tout aussi immaculée. Tim était assis à côté d'elle et regardait avec sérieux le moniteur.

-Tim !

L'adolescent se tourna vers lui et sans même attendre, parla.

-L'homme n'a pas eu le temps de lui injecter tout le produit et j'ai pu en récupéré une partie mais je n'ai rien dessus, il faut que je me concentre mais le souci c'est que le cœur de Lizzie fait des embardées de dingue a certain moment et je préfère vérifier que tout va bien. Elle a un peu de fièvre mais ça ne semble pas être grave. Si tu restes à ses côtés, je pourrais chercher un moyen de savoir ce que c'est.

Jason hocha la tête et s'assit aux côtés de Lizzie en prenant doucement la main pâle.

-Lizzie ?

Il sentit vaguement la main de la jeune fille se contracter sous la sienne. Un genre de gargouillis sortit de sa gorge alors qu'elle enroulait doucement ses doigts autour des siens. Il la vit ouvrir des yeux fiévreux.

-Hey, murmura-t-il en caressant doucement ses cheveux. Tout va bien, okey ? Mon frère cherche quelque chose pour t'aider, je te promets que ça va aller. Je reste près de toi.

Il lui sembla qu'elle hocha la tête avant de refermer les yeux sans lâcher son emprise sur sa main.

-Tim, demanda Jason un peu plus fort. Es-ce que tu trouves ?

Il entendit des grognements venant de la BatCave qui lui indiqua clairement que non, Tim ne trouvait rien. Jason put juste poser son front sur celui de Lizzie et lui parlé doucement autant pour se calmer que pour lui dire qu'il était là.

En entendant la porte s'ouvrir, Jason sursauta.

-Tim ?

-Désolé monsieur Jason, j'ai bien peur que monsieur Tim travaille encore sur le sérum. Je vous apporte de quoi vous sustentez et je vais aussi veiller sur votre amie pendant que vous prenez soin de vous.

-Je reste ici, répondit directement Jason.

-Monsieur, je suis vraiment désolé mais la police est en haut pour prendre votre déposition et vous êtes attendu à la fête d'anniversaire de votre frère.

-Je ne peux pas y aller ! S'énerva Jason. Lizzie a besoin de moi ! Je m'en fous de la police et je m'en fous de l'anniversaire de Damian, je l'ai fêté avec eux hier et c'était très bien comme ça.

Alfred regarda Jason. Son garçon s'était levé et était dans une posture agressive. Pourtant, il voyait très bien le pouce qui caressait doucement la main de la jeune fille allongée.

-Je suis vraiment désolé monsieur mais nous n'avons pas le choix. Monsieur Bruce a retardé le plus possible la police et la presse attend de vous voir à une fête familiale depuis que vous avez été légalement ressuscité. Si vous n'êtes pas là…

Jason pinça son nez.

-Je ne peux pas la laisser, Alfred, murmura Jason.

-R…ed…

Jason se pencha directement vers la jeune fille. Il la regarda dans les yeux, sans rien entre eux pour la première fois. Il lui sembla qu'elle essayait de dire quelques choses.

-Vas-y…

Son regard était fatigué et visiblement fiévreux mais elle lui souriait tendrement. Jason sentit son cœur se contracter. Il ne pouvait pas la laisser là en pleine souffrance alors qu'il devait aller à une fête inutile qu'il avait déjà faite.

-Monsieur, si cela peut vous rassurez, je vous assure que je ne quitterais pas les côtés de Miss Elizabeth.

Jason hocha la tête et se pencha sur elle pour l'embrasser tendrement.

-Je reviens le plus vite possible. Je te le promets.

Il lui sembla que Lizzie lui souriait avant de fermer les yeux. Il s'approcha d'Alfred.

-Prenez soin d'elle, demanda-t-il, es-ce que vous pourriez me tenir au courant ?

Alfred eut un sourire compréhensif et posa sa main sur l'épaule du garçon.

-Tout ira bien, monsieur Jason, et je vous promets de vous tenir au courant. Je veillerais sur elle comme si elle était de ma famille.

Jason eut un sourire triste.

-Elle est avec moi alors elle fait partie de votre famille, Alfred.

Suite à cela, il embrassa une dernière fois le front de la jeune fille puis partit sans se retourner, certain que si il le faisait, il ne pourrait repartir. Tim l'attendait dans l'escalier et l'accompagna jusque sa chambre pour se changer tout en lui expliquant ce qu'il avait découvert et les pistes qu'il avait pour aider Lizzie.

-Malheureusement, jusqu'à ce que j'aie quelque chose de concret, elle va devoir se battre. Le sérum que lui a donné Lee Yoo est agressif et attaque complètement ses défenses mentales pour qu'elle récupère sa mémoire et ça risque d'avoir un impact sur elle. Mais j'essaye de régler ça au plus vite. Dès que mon analyse est finie, j'aurais une notification.

Jason hocha la tête. Il aurait pus parler mais il avait peur d'invectiver son frère. Il était beaucoup trop inquiet pour Lizzie. Il le laissa donc sur le pas de sa porte pour se doucher et se changer. Il mit des vêtements simples pour l'interrogatoire, un jeans et une chemise noire. Il essaya de ne pas se rappeler que Lizzie lui avait dit qu'il était le plus sexy dans une chemise sombre.

-Jason ? L'interpella Dick juste devant la porte du bureau de Bruce.

Son frère le regardait calmement et lui offrit un sourire rassurant.

-Bruce a déjà dit que tu étais partit pour essayé de trouver Lizzie mais que tu avais juste erré dans toute la ville en vain. Inspecteur Shaggy est un peu trop consciencieux. Fais comme si tu ne savais pas du tout où elle était et ment le moins possible. Tout va bien aller Jason. Je te le promets.

Jason hocha la tête et entra suivit de Dick. Bruce était déjà là, assis sur son fauteuil favori, face à la porte. Un homme était assis en face de lui. Il tenait une tasse et semblait tout à fait calme de parler au grand Bruce Wayne. L'homme devait être dans la quarantaine et abordait une barbe de plusieurs jours et des cheveux blancs. Clairement, l'homme n'était pas rentré chez lui depuis un moment.

-Jason, le salua Bruce en se levant. Comment ça va ?

Étrangement, cette question lui fit un bien fou. Parce que dans les yeux de l'homme, il voyait une réelle inquiétude. Il se contenta d'un simple hochement de tête et s'assit sur le fauteuil à coté de lui, Dick se mit juste derrière lui, debout. L'inspecteur Shaggy hocha la tête vers lui et sortit un petit carnet.

-Bonjour monsieur Wayne, je suis l'inspecteur Horton Shaggy, je suis en charge de l'enquête sur votre amie Elizabeth Kim.

-Ce n'était pas mon amie, c'était ma petite amie et …

-Jason, le coupa Dick en posant ses mains sur ses épaules.

L'inspecteur leva un sourcil et nota quelque chose sur son carnet.

-Je peux vous demander depuis quand vous vous connaissez ?

-Depuis fin janvier, je l'ai croisée quelques fois depuis et on a finit par se mettre ensemble. Quand elle a fugué de chez son grand-père, elle est venue chez moi.

-C'est amusant, Monsieur Wayne, parce que votre petite amie a disparut le jour même où le manoir de Monsieur Gong a été attaquer. Personne n'a eut de nouvelle d'elle depuis ce moment. Et puis d'un coup, elle se fait enlever dans votre appartement.

-Vous essayez de dire quelques choses, inspecteur Shaggy ? demanda Dick froidement.

L'inspecteur regarda Dick puis Bruce avant de revenir à Jason. Il soupira durement.

-Vous admettez tout de même que cette histoire est vraiment étrange. Je ne peux pas laisser ça de côté, vous comprenez ? Bon. Es-ce que votre famille a déjà rencontré Miss Kim ?

-Dick l'a rencontrée, répondit Jason, j'ai parlé de elle au reste de la famille et Tim l'a déjà vue mais je ne pense pas qu'ils aient parlé.

L'inspecteur hocha la tête et continua de noter. Il posa encore quelques questions. Elles devaient probablement être pertinentes mais Jason les trouvait vraiment stupide. Seul la main de Dick sur son épaules et celle de Bruce sur son avant bras le retenait de se jeter sur l'homme avant de descendre au sous-sol auprès d'elle. Au moment même où il allait craquer, la porte du bureau s'ouvrit en grand sur Damian dans un costume noir.

-Damian ? demanda Bruce en haussant un sourcil.

-Ma fête commence bientôt ! Pourquoi tout le monde n'est pas en bas ?

Jason regarda avec stupeur son frère faire une moue boudeuse. Tout le monde savait que Damian n'était pas aussi emballé que cela par cette fête. Il fallut un instant à Jason pour comprendre que son frère faisait en sorte que l'inspecteur s'en aille.

-En plus Tim a cherché après la cravate que tu lui as empruntée. Je pense qu'il a mit ta chambre à sac mais qu'il l'a trouvée.

En disant cela, Damian le regarda dans les yeux. Jason ne fut pas vraiment sur de ce qu'il fut dit si ce n'est que l'inspecteur partit et que Dick lui permit de partir d'un hochement de la tête. Il ne lui fallut pas plus pour courir jusqu'à la BatCave.

-Tim ?

Le garçon était au dessus d'Elizabeth qui semblait profondément endormie. Elle ne suait plus et les bips étaient réguliers.

-Tout va bien, lui dit directement son petit frère. Je pense avoir trouvé un moyen de soulager sa douleur et les séquelles possible. Pour l'instant, ça à l'air de marché mais Alfred restera auprès d'elle le plus possible ce soir et je l'ai mise sous grande surveillance pour être sur que tout aille bien.

Jason soupira et s'assit aux côtés de Lizzie. Elle semblait moins malade. Sa peau n'était plus transparente et luisante et ses cernes étaient moins noirs. Il prit doucement la main de la jeune fille et constata avec soulagement qu'elle était moins froide que plus tôt. Son état semblait enfin s'amélioré et Jason se surprit à espérer que cela reste dans cette lignée.

Bientôt, Lizzie se réveillerait toute pimpante. Il la serrerait contre lui puis irait exterminer toutes les personnes qui lui veulent du mal avant de revenir et de l'aimer comme elle le méritait. Peut-être même qu'il pourrait la présenter à sa famille entière et lui raconter toute son histoire. Peut-être qu'ils pourraient construire une famille tout les deux et que tout irait bien. C'était utopique mais pour l'instant, il voulait y croire. Il avait besoin de s'imaginer vieux avec Lizzie. Il lui fallu un temps pour se rendre compte d'a quel point elle l'avait changé. Avant, il n'aurait jamais imaginé son futur pour la simple raison qu'il était certain de se faire tuer avant son premier cheveux blanc, mèche mise à part. Il était aussi certain que jamais il ne pourrait s'attacher assez et être assez... humain pour avoir une relation. Peut-être que le fait de ne jamais avoir été aimé pleinement, sans contrepartie ou trahison, avait joué. Pourtant, Lizzie ne savait pas qui il était réellement. Non, elle ne savait pas quel était son nom de civil mais elle le connaissait réellement. Elle savait quand il faisait semblant de ne pas aimer regarder des films pour enfants avec elle, elle savait quand il passait une mauvaise nuit, elle savait comment le réconforter, elle savait qu'il était blessé, brisé fatigué. Elle le connaissait mieux que tout le monde. Peut-être même mieux que lui même ne se connaissait.

Il s'était toujours un peu moqué des phrases du style : " Je suis tombé amoureuse comme on s'endort, doucement puis tout un coup." Mais aujourd'hui, il ne pouvait pas nier. Il ne saurait même pas dire a partir de quand il était tombé pour elle. Quand elle s'était vexée à leur première rencontre ? Quand elle l'avait apostrophé sur le sang ? Quand il l'avait ramenée la première fois ? Quand elle lui avait sourit ? Quand ils avaient couché ensemble pour la première fois ? Quand elle lui avait piqué un pull ? Quand ils vivaient ensemble ? Tout cela à la fois?

En tout cas, aujourd'hui, il était complètement à elle alors elle devait se réveillé. Il savait que si elle ne le faisait pas, il allait craquer et détruire toutes les personnes qui le lui avaient enlevé. Il commettrait probablement un massacre jusqu'à se faire tuer ou se tuer lui-même.

Parce que son amour pour elle le guérissait autant qu'il pouvait le détruire encore plus profondément que son passé. Et il n'arrivait même pas à vouloir que ce soit autrement.