Chapitre 5 | Pluie de pétales
"Recroquevillée dans mon bouclier
je suis prête pour le jugement final
fusillée par une pluie de pétales"
Sybille Rembard
23 janvier 2001 | 10:10
Le doigt d'Hermione glisse le long de l'étagère poussiéreuse. Un petit tas grisâtre se forme contre la surface métallique. La brunette souffle dessus et la saleté se dissipe dans les airs.
" - Nous devrions nettoyer cela, qu'en pensez-vous ?"
La sorcière se retourne et observe Narcissa avec un air songeur.
" - Prim, peux-tu m'apporter un plumeau ?"
L'elfe de maison s'incline et transplane sans attendre.
Hermione fait le tour de la pièce et inspecte l'étendue du travail qui l'attend. Elle pourrait demander aux elfes de s'en charger, bien évidemment, mais l'idée d'occuper son esprit ailleurs que dans la bibliothèque durant une après-midi entière la réjouit.
La quantité de poussière qui c'est accumulée dans le jardin d'hiver durant les 3 derniers mois est impressionnante. Les fleurs ensorcelées qui tapissent les murs et décorent les étagères ont toutes l'air de dépérir lentement… Ce qui paraît logique, étant donné que Narcissa était la seule à s'occuper de l'endroit auparavant.
La jeune femme souffle délicatement sur les pétales ternis d'un Lys éternel avant de divaguer le long des différentes espèces qui se présentent à elle.
" - J'ai un ami, Neville, qui serait fou de joie à l'idée de découvrir votre collection. Il adore les plantes. J'ai toujours aimé la botanique, mais je suis loin d'avoir autant de connaissance que lui. C'est un élément très précieux pour l'Ordre… Il connaît les bienfaits de toutes les plantes qui lui passent sous le nez."
Hermione ne peut pas s'empêcher de sourire à l'évocation de son ami. Elle soupire et tente de chasser la rancœur qui la gagne sans prévenir, mais il est déjà trop tard. Elle s'immobilise et fixe l'étendue neigeuse qui s'étend à perte de vue. Ses doigts effleurent le vitrail qui la sépare de l'extérieur formant une frontière si mince et pourtant impossible à franchir.
Le manque la frappe par surprise.
Elle a tout fait pour étouffer ce sentiment et pourtant, il débarque comme une vague tempétueuse dans son esprit, semant le doute et la rancune sur son passage.
Son cœur s'emballe lorsqu'elle réalise la profondeur de son chagrin.
Ses parents. Ses amis. Poudlard.
L'odeur de son foyer. Les pulls en tricot de Molly. Les chamailleries des garçons. La chaleur de la salle commune.
L'avenir, plein de promesses et d'espoirs, dont la guerre l'a privé.
Désormais, il ne lui reste plus que le silence de Narcissa et la froideur de son fils.
23 janvier 2001 | 16:26
" - Quelles sont tes fleurs préférées ?" Demande Hermione lorsqu'elle sent la présence de Malfoy pénétrer dans la pièce.
Elle lui tourne le dos et fait mine de s'intéresser à une plante grimpante qui s'entortille contre le fer forgé de l'étagère.
Draco, quant à lui, vient embrasser le front de sa mère. Il remonte la couverture sur ses genoux et positionne sa chaise de sorte qu'elle puisse observer le coucher de soleil.
" - Je n'y ai jamais vraiment réfléchi," admet-t-il en scannant la pièce à la recherche d'une idée.
Il hésite un long moment, puis répond :
" - Les roses blanches, probablement."
Pureté, innocence et élégance.
La brunette trouve son choix surprenant.
Curieuse, elle s'approche du rosier grimpant qui entoure la porte vitrée qui mène à l'extérieur et contemple les pétales délicates qui se fondent dans le décor enneigé du jardin. Involontairement, ses doigts glissent le long de la tige et une épine microscopique lui entaille la paume de la main. Hermione se recule en grimaçant.
Après une brève réflexion, la jeune femme est obligée de reconnaitre son erreur.
Somptueux en apparence, redoutable en profondeur.
Ce sont deux qualificatifs qui semblent correspondre parfaitement à Draco Malfoy.
" - Ce n'est pas très original", concède-t-il en interprétant son silence comme un jugement.
Hermione se tourne vers lui et hausse les épaules.
" - Non, mais c'est un bon choix. Les roses sont mystiques."
" - Laquelle choisirais-tu ?"
Contrairement à Draco, la jeune femme n'a pas besoin de réfléchir très longtemps.
" - J'ai toujours aimé les pivoines et les tulipes, ce qui n'est pas très original non plus", glousse-t-elle.
Le léger rire amusé qui lui échappe semble semer la confusion dans l'esprit du blond. Il fronce les sourcils et l'observe avec incompréhension.
" - C'est la conversation la plus banale que nous ayons jamais eu."
26 janvier 2001 | 10:10
La fin du mois de janvier approche, tout comme l'échéance fatidique annonçant le début de son deuxième mois de captivité.
Narcissa est vivante, Hermione à respecter les conditions de son marché avec l'héritier du Manoir. Le serment inviolable est désormais caduc, la vie de la sorcière n'est plus menacée par la survie de la matriarche.
Pourtant, elle est toujours retenue contre son gré au sein de la vaste demeure sombre et silencieuse.
Trois jours auparavant, Hermione a déraillée.
Elle a agit sous le coup de l'impulsion, épuisée par des nuits sans sommeil et s'est échappée par la porte de service du garde-manger donnant sur les jardins arrière. Elle a marché droit devant, tête baissée et pieds nus dans la neige. Aucune pensée ne lui a traversé l'esprit. Elle s'est contenté d'avancer sans réfléchir malgré le froid mordant. Et puis soudain, alors qu'elle n'avait parcouru qu'une dizaine de mètres, Prim s'est matérialisée devant elle et lui a barré la route. La petite elfe s'est mise à genoux, ses grands yeux globules débordant de larmes, et elle a imploré Hermione de revenir avec elle au Manoir.
Le cœur d'Hermione s'est serré. Elle a observé la forêt au loin, puis elle a reporté son regard sur l'imposant Manoir qui la surplombait de toute sa hauteur ; telle une prison dorée.
Faible face à la détresse de Prim, les épaules de la sorcière se sont affaissées de regret. Elle a prit une grande inspiration, savourant l'air frais emplissant ses poumons, puis s'est resignée à tendre la main à l'elfe de maison. La petite créature, chancelante et larmoyante, s'est empressée de la saisir et la reconduite au Manoir sans attendre, craignant probablement qu'elle change d'avis.
Plus tard dans la journée, alors que la brunette était en train de profiter d'un bain chaud, elle a sangloté jusqu'à ce qu'elle soit incapable de respirer convenablement. La culpabilité la douloureusement saisie lorsqu'elle a réalisé à quel point elle était pathétique et lâche. Elle a remis en question sa vie et ses choix, se sentant fautive pour toutes les mauvaises décisions accumulées l'ayant conduite jusqu'ici. Le dernier choix douteux n'étant autre que celui où elle avait décidé de suivre Prim plutôt que d'échapper à la captivité.
Hermione a fermé les yeux et s'est glissé plus profondément dans la baignoire. L'eau l'a progressivement submergé et les bruits environnants se sont atténués pour ne former plus que des bourdonnements indistincts et sans significations. Le manque d'oxygène n'a pas tardé à se faire sentir et à mesure que l'air diminuer dans ses poumons, son rythme cardiaque s'est accéléré. Son instinct de survie à tenter de reprendre le dessus alors elle a fermement cramponné les rebords de la baignoire afin de maintenir son corps sous l'eau.
Des tâches noires ont commencé à apparaître dans son champ de vision. Sa tête s'est mise à tourner. Elle a fermé les yeux et elle a attendu ; savourant la brûlure ravageant ses poumons.
Et puis sans prévenir, un sortilège d'attraction l'a extraite de la baignoire.
Assise sur le rebord de la cuvette des toilettes, Prim l'observa avec tristesse et désapprobation.
28 janvier 2001 | 13:08
Hermione termine son assiette avec un soupir lasse. Elle avale une gorgée d'eau et repose brutalement le verre contre le bois laqué de la table. Il explose et le liquide qu'il contenait encore se répand sur le parquet.
La jeune femme prend une grande inspiration et reserre sa prise sur les débris se trouvant encore en sa possession. Lentement, calmement, les morceaux de verre lacèrent sa peau. Une légère douleur se répand dans son bras et Hermione presse ses doigts de plus en plus fort jusqu'à ce qu'un gémissement involontaire lui échappe.
Elle relâche les débris et observe la paume de sa main qui baigne dans le sang.
Prim et Artie arrivent au même moment pour débarrasser son repas. Le plus vieux se plaint de son impulsivité tandis que Prim se précipite vers elle pour nettoyer les plaies.
" - Miss Hermione doit cesser ses bêtises", bredouille Prim en déposant une épaisse couche de pâte cicatrisante sur sa paume. " Le Maître sera fâché d'apprendre les agissements de Miss."
" - Peut-être que si ton Maître était plus souvent présent…", crache amèrement Hermione en retirant sa main d'un geste vif.
" - Le Maître a beaucoup de responsabilités", rétorque Artie en mettant un terme à la conversation. " Veuillez cesser d'interroger Prim à son sujet, sinon elle sera punie par votre faute."
Hermione lui tire la langue et quitte la pièce en ronchonnant.
28 janvier 2001 | 19:48
" - C'est une plaisanterie ?"
Hermione atterrit sur les fesses. Artie secoue son bras pour se débarrasser de l'emprise de la sorcière qu'il vient de délocaliser de force afin de la reconduire dans ses quartiers ou il compte l'enfermer jusqu'à ce qu'elle réalise son "effroyable" erreur.
Sans un mot ni un regard, la créature disparaît.
La brunette tambourine violemment contre la porte et lui ordonne d'ouvrir.
" - Je jure par Merlin que si tu ne m'ouvres pas immédiatement…"
Artie réapparaît. Hermione lui lance un regard suspicieux.
" - Artie ne se laissera pas intimider par Miss Hermione. Artie ne fait que suivre les instructions du maître. "
" - Que ton maître aille se faire foutre !"
28 janvier 2001 | 21:12
Plus tard dans la soirée, Prim a prétexté le besoin de changer la parure de lit pour faire irruption dans la chambre.
" - Miss Hermione n'aurait pas dû s'introduire dans le bureau du maître sans permission," souffla l'elfe d'une voix réprobatrice comme si elle craignait d'être entendue.
" - J'ignorais qu'il s'agissait du bureau de Malfoy, j'étais simplement curieuse de découvrir l'origine du bruit."
En passant par le couloir, Hermione avait entendu un clapotis provenant de la pièce. Etrangement, elle n'était pas fermée à clef comme l'était la plupart des autres portes du manoir. La curiosité l'emportant sur le reste, elle s'était introduite dans le bureau et avait découvert un vieil hiboux décharné qui tapait sur la vitre avec son bec, un paquet de lettres en attente d'être récupéré sur le rebord de la fenêtre. La brunette s'apprêtait à s'emparer du lot lorsque Artie avait fait irruption dans le bureau, les yeux écarquillés par la panique d'avoir commis la plus grosse erreur de toute son existence.
Hermione n'avait même pas eu le temps de capter les initiales de l'expéditeur.
30 janvier 2001 | 16:14
La jeune femme fait une pause dans sa lecture pour croquer dans un sablé à l'amande.
" - Prim a raison, ils sont excellents. Je comprends pourquoi ce sont vos préférés."
Elle jette un regard à Narcissa tout en dégustant son biscuit. Sans surprise, la femme ne lui répond pas, son regard perdu dans le vide de son esprit.
Hermione l'a installée confortablement près du feu. Dehors, le ciel est sombre et menaçant, il neige abondamment depuis la veille et le manoir est plus sinistre que jamais. De plus, Malfoy est absent depuis quelques jours déjà et Artie refuse de lui adresser la parole depuis qu'elle a manqué de peu de lire la correspondance de son maître.
L'ancienne Gryffondor a décidé d'opter pour une méthode alternative dans l'espoir de redonner un semblant de vie à Narcissa Malfoy. Puis-ce qu'aucune potion ne semble la faire sortir de sa paralysie mentale, Hermione met un point d'honneur à la stimuler mentalement. Elle a commencé par les fleurs, lorsque Prim lui a raconté à quel point sa maîtresse aimait son jardin d'hiver. Puis, elle s'est mise à lui faire la lecture, quelques chapitres dans la journée. Sans réelle surprise, Narcissa a un penchant pour la romance et Hermione trouve un certain plaisir coupable dans la lecture de ce type d'ouvrages ou tout n'est que douceur et légèreté ; un univers bien loin de sa réalité sinistre.
En début d'après-midi, elle a confectionné des petits sablés qui, selon l'elfe de maison, étaient les favoris de sa maîtresse à l'heure du thé.
Faire une tâche aussi banale que la cuisine lui a fait monter les larmes aux yeux. Elle s'est revue au Terrier préparer des dizaines de bonhommes en pain d'épices pour le lendemain de noël avec Molly et Ginny. Elle a pensé aux après-midi pluvieux de son enfance ou sa mère et elle s'amusait à prendre le thé comme des membres de la famille royale en dégustant des shortbread tiède. Aux cookies caillouteux d'Hagrid chaque fois qu'elle lui rendait visite dans sa hutte.
Lorsque le minuteur a annoncé la fin de la cuisson des petits sablés à l'amande, Hermione a devancé Prim et s'est élancé vers le four. Sans réfléchir, elle s'est emparé de la plaque brûlante et l'a déposée sur le comptoir sans émettre le moindre bruit. Puis, elle s'est reculée, légèrement déconnectée, et elle a observé ses mains cloquées par les brûlures avec la même satisfaction que la veille.
3 février 2001 | 18:53
La date fatidique annonçant la fin de son premier mois de captivité arrive. Le mangemort qui la garde en otage est absent depuis 7 jours ce qui correspond à sa plus longue absence depuis le début de sa détention au manoir.
Pour marquer le coup - peut-être - il réapparaît en fin d'après-midi et se présente auprès d'Hermione dans le jardin d'hiver, alors qu'elle est en train d'arroser quelques plantes qui dépérissent à vu d'oeil, privé de magie depuis déjà trop longtemps, sous le regard absent de la maîtresse de maison.
La sorcière relève la tête et l'observe avec curiosité.
Ses cheveux sont humides et il porte un simple pull vert forêt au lieu de son habituel costume 3 pièces ce qui suggère qu'il a pris le temps de se doucher avant de venir à sa rencontre. Cependant, il n'a pas pris la peine de se raser et une légère barbe de 3 jours recouvre ses joues creuses. En l'observant plus attentivement, Hermione découvre une nouvelle série de coupures de tailles diverses et variées qui parsèment son visage et ses mains. Elle soupire et ne peut pas s'empêcher de marmonner :
" - Est-ce que tu reviens toujours dans cet état ?"
Le jeune homme appuie son épaule contre le chambranle de la porte tout en dissimulant ses mains dans le fond de ses poches de pantalon. Il toise Hermione de la tête aux pieds et la brunette fronce les sourcils, déstabilisée par son regard inquisiteur.
" - Au moins, ce n'est pas moi qui m'inflige mes blessures."
La bouche de la brunette s'ouvre de surprise.
" - Montre moi tes mains," ordonne-t-il d'une voix autoritaire.
Hermione fait semblant d'arroser une nouvelle rangée de pots afin de créer une distance entre elle et Draco tout en gardant la main fermement enroulés autour de la anse de l'arrosoir pour dissimuler le bandage qui protège sa paume.
" - Il n'y a rien à voir," rétorque-t-elle en l'ignorant délibérément.
Elle lève les yeux au ciel et soupire d'agacement. Prim fait preuve de beaucoup de tendresse à son égard mais elle n'en reste pas moins une esclave qui obéit aux ordres de son maître. Cette dernière a dû s'empresser de lui raconter ses faits et gestes dès qu'il est revenu de sa mission ou quel que soit l'origine de son absence.
Cela renforce son sentiment de solitude et elle lutte pour focaliser son esprit sur les plantes afin de ne pas mettre ses faiblesses à découvert.
" - Tu fais ça souvent ? Insiste le blond."
Elle se penche vers un énorme pot en terre dont le contours se disloque à cause de l'humidité.
" - Granger."
" - Malfoy, que cherches-tu ?" Soupire-t-elle avec lassitude.
Il réajuste sa position afin de la dominer de sa hauteur. Son regard acier plonge dans celui de la brunette et elle le soutient effrontément.
" - La vérité."
Un sombre sourire tord les lèvres de la jeune femme.
" - Tu veux savoir si je fais ça à cause de toi ? Tu espères que je te dise le contraire afin de consoler ta putain de conscience ? Parfait. La douleur m'apaise. Elle me rappelle que je suis vivante, que les gens souffrent et crèvent tout autour de moi."
L'expression de Malfoy est imperturbable ce qui fait grincer Hermione.
" - Qu'est-ce que ça t'apporte ? Pourquoi veux-tu savoir ? Je n'ai pas quitté le Manoir et je ne vais pas me suicider si c'est ce qui t'inquiète. Ce que je fais de mon corps ne te regarde pas tant que je suis assez fonctionnel pour m'occuper de ta mère !"
" - Tu agis comme une gamine impulsive," rétorque le garçon en secouant la tête.
" - Tu n'as aucun droit sur moi ! Tu n'as pas à commenter mes agissements !" Hurle-t-elle en balançant l'arrosoir dans un recoin de la pièce.
Elle essui les larmes traîtresses qui ont glissés le long de ses joues sans son consentement avant de reprendre :
" - J'ai l'impression de devenir complètement folle ici. Je tourne en rond dans ton putain de Manoir !"
L'expression de Draco s'assombrit, sa mâchoire se contracte fermement. Il s'approche d'Hermione d'un pas rapide ; sa démarche est celle d'un prédateur prêt à dévorer sa proie. Sans prévenir, il la plaque contre le mur et son doigt s'enfonce contre sa clavicule d'un mouvement accusateur.
" - Tu sais ce que tu es, Granger ? Une putain d'ingrate. Regarde autour de toi, princesse ! Tu dors et tu manges à ta main. Tu es libre de déambuler dans les pièces et d'occuper tes journées comme bon te semble ! Ce n'est pas suffisant pour toi ? Peut-être que tu veux faire un tour ailleurs ? J'ai de la famille qui serait ravie de t'accueillir quelque temps… Rabastan et Bellatrix adorent souiller les petites sangs-de-bourbes espiègles et téméraires dans ton genre."
Le visage d'Hermione se vide de toutes ses couleurs.
" - Ou alors je pourrais t'offrir en cadeau à Greyback," propose-t-il avec un sombre sourire.
La jeune femme sent les larmes emplirent à nouveau ses yeux tandis qu'elle secoue la tête de gauche à droite, incapable de former une phrase cohérente.
" - Puis-ce que tu trouves ton quotidien trop ennuyeux au Manoir… Ne t'inquiète pas, avec Greyback, tu n'auras pas beaucoup de temps pour réfléchir. Tu vas probablement devenir son nouveau jouet préféré… pour quelques jours, ou quelques heures, ça ne dépendra que de toi."
" - Malfoy, ne… Ne fais pas ça", articule-t-elle dans un souffle.
Mais le sorcier ne semble pas sensible à sa réaction. Il se détourne d'elle avec colère et quitte la pièce d'un pas précipité, sa baguette à la main.
Hermione prend une grande inspiration ; son cœur bat la chamade. Elle l'observe quitter le jardin d'hiver avec effroi avant de s'élancer à sa poursuite.
Haletante, elle finit par le rattraper alors qu'il traverse le hall principal en direction des sous-sols. Sans réfléchir, elle se jette contre lui et s'accroche à son bras afin de l'empêcher d'avancer.
Ce dernier s'immobilise un bref instant avant de se débarrasser de la sorcière d'un simple mouvement d'épaule. Hermione trébuche en arrière et se laisse tomber à genoux.
" - S'il te plait. Pas lui. Pas Greyback."
Les yeux de la jeune femme se remplissent de larmes à l'évocation du loup-garou.
Hermione est courageuse et résistante, mais elle sait qu'elle ne fera jamais le poids contre Greyback. Sa réputation n'est plus à faire ; il est sadique et sans pitié. Elle n'aura jamais la force de lui résister et elle préfère mourir de la main de Malefoy plutôt que de subir l'humiliation de passer entre les mains du loup-garou. Elle peut supporter beaucoup de choses, mais pas ça , elle en est convaincue. Aucune sorcière ne peut échapper à la torture et la soumission du loup-garou.
La mâchoire de Draco se décontracte. Il soupire et balaie ses cheveux vers l'arrière ; son expression est indéchiffrable et une ombre persiste dans ses yeux nuageux. Après quelques secondes d'hésitation, il attrape Hermione par le poignet et l'aide à se relever.
Cette dernière baisse les yeux et frotte la manche de son pull contre ses joues pour faire disparaître ses larmes.
Sans prévenir, le sorcier s'empare de son menton et redresse son visage pour l'obliger à affronter son regard.
" - Alors cesse de te plaindre. Ici, tu es à l'abri. Ne l'oublie pas, Granger."
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