TW: description de violences physique et mentale dans ce chapitre

Chapitre 7: Et si je pleure


"Si je demeure,

Triste, à vos pieds,

Et si je pleure,

C'est bien, riez."

Victor Hugo


5 février 2001 | 17:10

Hermione a toujours su au fond d'elle-même que ce moment allait survenir un jour. Après plusieurs semaines de captivité, elle s'étonnait qu'aucun visiteur ne se soit présenté. Aucun mangemort, ni même un ami , n'avait pénétré le domaine depuis son arrivée au début du mois de janvier. Surprenant, considérant l'importance du lieu quelques années auparavant.

Malfoy lui a certifié à de nombreuses reprises qu'elle était en sécurité. Sa naïveté à voulu y croire, mais sa raison lui a ordonné de rester sur ses gardes. Elle pensait s'être préparée, mais en réalité, elle était totalement démunie.

5 février 2001 | 17:11

" - Hermione Granger."

La sorcière crache son nom avec dégoût.

" - La petite chérie de la résistance, la putain de Potter. Tu es bien loin de tes amis, ma jolie."

Bellatrix Lestrange insiste sur les qualificatifs avant d'émettre un rire strident qui se répercute contre les murs circulaires de l'étroit boudoir. Elle pose ses mains sur ses hanches et étudie la jeune femme qui lui fait face avec dédain et amusement.

Hermione déglutit mais soutient son regard. La folie semble faire des ravages sur la sorcière. Sa peau est étrangement pâle, ses joues sont morbidement creuses, sa taille est ridiculement étroite et ses cheveux bruns sont parsemés de long filament argentés.

" - Et bien ? S'impatience la Mangemort en penchant légèrement sa tête sur le côté d'un air faussement candide. Qu'attends-tu, petite vermine ? As-tu oublié comment les gens de ton espèce sont censés salués les sangs-purs ?"

Hermione reste parfaitement immobile.

Elle a fait preuve de faiblesse et de lâcheté à de nombreuses reprises depuis son arrivée au Manoir. Elle a obéit aux ordres et aux contraintes de Malfoy sans trop de protestation. Elle a mis de côté son esprit rebelle et sa soif de vengeance ; profitant du calme et du temps libre qui lui était alloué. Loin des cris, loin des pleurs, loin de la guerre et des gens qui meurent.

Mais de toute évidence, la parenthèse est terminée. Elle a courbé l'échine face à Draco. Il n'en sera pas de même avec sa tante. Elle va mourir, c'est une certitude. Mais pas sans se battre, sans lutter, sans tenter de se venger.

Les deux sorcières s'affrontent du regard dans un silence assourdissant.

La confusion est visible sur les traits osseux du visage de Bellatrix, bien qu'elle tente de le dissimuler sous une couche épaisse de sadisme et de supériorité. De toute évidence, elle ne s'attendait pas à trouver une résistante ici, ce qui laisse supposer que sa visite est une mauvaise surprise et non pas un traquenard dont elle serait victime.

" - Bien, fredonne Bellatrix avec un sourire qui lui rappelle étrangement celui de Dolores Ombrage. Puis-ce que tu refuses d'obéir, autant passer directement à la partie amusante !"

Soudain, sans prévenir, une vive douleur résonne dans l'esprit d'Hermione. La brunette a la sensation que des dizaines de petites aiguilles tentent de traverser sa boîte crânienne. Elle plaque ses deux mains contre ses oreilles et secoue violemment la tête.

" - Sors de ma tête !"

Hermione ferme les yeux et tente d'ériger un mur invisible dans son esprit afin de contrer l'intrusion de Bellatrix. Elle doit l'éloigner de ses souvenirs, quoi qu'il en coûte. Malheureusement, elle est une piètre occlumens et la sorcière parvient sans mal à creuser une faille pour s'insinuer en elle.

La nausée retourne son estomac et la morsure des larmes brouille son regard.

La jeune femme essai désespérément de lui résister mais elle sent la présence maléfique de la Mangemort s'introduire en elle tel un serpent redoutable. Hermione érige des murs et Bellatrix les détruit l'un après l'autre.

Paniquée, elle finit par lui céder quelques bribes de souvenirs futiles ne mettant pas en péril la sécurité de ses amis.

Elle repense à la fois où son père l'a grondé parce qu'elle avait mangé trop de sucrerie. Mais ce souvenir dévie inévitablement vers Pré-Au-Lard ou elle se rendait régulièrement avec Harry et Ron pour faire le plein de provisions sucrées.

Lorsque Bellatrix aperçoit le visage de l'élu, elle plonge sur l'opportunité et creuse plus profond.

Hermione cherche une diversion pour l'éloigner de cette partie de sa mémoire. Tout ce qui touche à son meilleur ami est sensible.

Elle se demande comment réagira Malfoy lorsqu'il rentrera de mission et qu'il la trouvera morte aux pieds de sa mère.

Non.

Le visage de Draco apparaît dans son esprit.

Les sourcils de Lestrange se froncent tandis qu'elle tente de comprendre les raisons de sa présence au Manoir.

Hermione détourne à nouveau ses pensées. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle ne veut pas compromettre la sécurité de Malfoy, alors elle pense à Pattenrond ; elle se remémore la fois ou elle l'a aperçue dans la boutique sur le Chemin de Traverse. Ron a toujours détesté son chat, même après sa mésaventure avec Croûtard.

La diversion fonctionne. Bellatrix est déstabilisé par l'inutilité de se souvenir. La jeune femme sert les dents et repousse définitivement la brune de son esprit.

Les picotements disparaissent presque instantanément mais Hermione se sent vide et froide.

" - Comment vont tes parents ?" S'enquit la sorcière en brisant le silence qui suit son intrusion.

" - Toujours mort," répond Hermione d'une voix étonnement calme.

La brunette se tient immobile aux côtés de Narcissa, ses mains sont moites mais elles ne tremblent pas. Elle refuse de paraître effrayée comme un oiseau tombé du nid ; elle refuse de faire plaisir à la sorcière et lui offrir sa vulnérabilité.

" - Que fais-tu ici ?" Soupire Bellatrix, visiblement agacée.

" - Je pourrais vous poser la même question," rétorque Hermione.

Bellatrix fait un signe de tête en désignant la silhouette immobile de la blonde, toujours assise dans sa chaise roulante.

" - Cessons les banalités, ma chérie. Je n'ai pas de temps à perdre avec les pourritures dans ton genre."

Hermione recule d'un pas et son regard scanne rapidement la pièce à la recherche d'un élément qui pourrait éventuellement lui servir d'arme de fortune. Elle aperçoit alors la théière en porcelaine qui repose sur un plateau d'argent. Si elle se jette en avant, elle pourra peut-être avoir assez de temps pour s'en saisir et la briser sur le crâne de la femme.

" - Tu as l'air bien traitée pour une prisonnière," constate Bellatrix en s'approchant lentement d'Hermione.

Elle pointe le bout de sa baguette contre le visage de la jeune femme et la force à relever le menton. La brunette soutient son regard mais sa respiration s'affole.

" - Les cachots sont bien loin d'ici…"

Le ton traînant de sa voix la fait frissonner et le bois de son arme s'enfonce douloureusement dans le creux de sa gorge, l'empêchant d'avaler sa salive.

" - A moins que…"

Un creux intrigué se forme entre les deux sourcils de Lestrange. La femme est si proche d'Hermione qu'elle peut sentir son haleine putride lui chatouiller les narines. Elle sent l'humidité et les œufs pourris.

" - Ta peau est douce…" souffle-t-elle.

Elle laisse traîner le tranchant de son ongle contre la peau de sa joue.

" - Tes cheveux sont soyeux…"

Elle entortille son doigt dans une mèche de cheveux caramel et tire violemment dessus.

Hermione ne bronche pas.

" - Tu sens…"

Elle inspire profondément.

" - … la petite pute et la vanille."

Hermione se fige d'appréhension.

" - Ta chatte doit être prodigieuse au vu du traitement de faveur que t'accorde mon cher neveu."

Contre toute attente, Bellatrix relâche son étreinte et fait trois pas en arrière.

Le coeur de la jeune femme bat à cent à l'heure.

" - Cissy a un grand cœur. Elle a toujours était douce. Pas autant qu'Andromeda, bien-sûr… Difficile de faire pire," ricane-t-elle.

L'aînée observe sa cadette avec dédain.

" - Voilà le résultat… Un fils lâche et pathétique, incapable de protéger sa propre mère, qui fourre sa bite dans n'importe quoi."

Bellatrix contourne Hermione et s'approche de sa sœur. Ses doigts osseux cajolent la joue pâle de la blonde.

" - Ma pauvre sœur… Inutile petit légume. Regarde-toi..."

Sans prévenir, elle lui assène une violente gifle. La chaise roulante tremble et le regard de Narcissa s'assombrit bien qu'elle n'émette pas le moindre son. Sa joue prend immédiatement une teinte cramoisie.

" - Je vais te libérer, Cissy" lui susurre Bellatrix d'une voix faussement rassurante. "Ensuite, je m'occuperais de nettoyer la vermine qui infeste ta maison."

Tout s'enchaîne dans l'esprit d'Hermione. Lorsqu'elle comprend la signification des ces paroles, elle se jette en avant et s'empare de la théière repérée plus tôt.

Bellatrix, ayant anticipé la réaction de la résistante, esquive l'attaque avec aisance et la porcelaine s'écrase avec fracas et contre le manteau de la cheminée.

" - Petite insolente !"

Hermione tombe lourdement à genoux sur le sol avant même d'avoir trouver une nouvelle arme pour se défendre.

Une douleur fulgurante la traverse. Ses articulations se bloquent, sa chair semble se transformer en gelée. Le reste de son buste bascule vers l'avant et elle s'écrase contre le tapis dans un bruit sourd sans avoir émis le moindre gémissement, rendue muette par le choc.

" - Doloris !"

Hermione tente de résister au sortilège mais une nouvelle vague de décharge se répand dans ses membres et elle hoquète de surprise.

" - Doloris !"

La jeune femme ferme les yeux et mord l'intérieur de ses joues dans l'espoir de refouler les sanglots qui menacent de lui échapper.

Dès que les effets du maléfique s'estompent, Bellatrix s'empresse de recommencer, plongeant progressivement l'esprit de la sorcière dans un brouillard opaque.

Hermione se force à rester lucide, ravalant ses larmes et le sang qui glissent le long de ses lèvres entrouvertes.

" - Doloris !"

C'est la première fois qu'elle est soumise aussi longtemps à la torture. Elle a confiance en son esprit mais elle redoute que son corps flanche.

La douleur augmente et le sang pulse contre ses tempes.

" - Tu es plus résistante que dans mes souvenirs."

La torture cesse.

Hermione sait que l'accalmie va être de courte de durée. Elle en profite pour prendre une grande inspiration.

Les pieds de la sorcière apparaissent dans son champ de vision. La brunette reste immobile. Bellatrix s'accroupit pour être à sa hauteur et l'odeur de la mangemort vient à nouveau lui retourner l'estomac. Elle empoigne ses cheveux afin de lui redresser la tête.

" - Je vais te détruire."

Son regard pétille d'excitation et de sadisme.

" - Je vais te briser jusqu'à ce que tu me supplies d'arrêter. Je veux que tu implores ma miséricorde et anéantir tous tes espoirs…"

Son sourire détraqué fait frissonner Hermione.

" - Incarcerem ! "

Une corde s'enroule autour de ses chevilles et de ses poignets. Bellatrix tire sur le sortilège d'un geste habile de la main et les nœuds se resserrent autour de ses membres, rendant tout mouvement presque impossible et incroyablement douloureux.

" - Tu vas regretter d'avoir souillé la maison de ma sœur, espèce de petite salope."

Un claquement sourd et menaçant retentit soudain dans l'air.

Hermione se fige.

La puissance du premier coup lui coupe le souffle. Elle écarquille les yeux, terrassée par une vive douleur qui la prend par surprise. Un hurlement lui échappe ; elle tente de le retenir mais elle en est incapable.

Un deuxième coup de fouet s'abat sur son dos. Puis un troisième et un quatrième.

Elle pensait avoir touché le fond avec le Doloris. Mais le sortilège impardonnable combiné aux coups de fouets est en réalité pire que tout ce à quoi elle s'attendait. Son corps, déjà affaibli par la douleur, menace de s'effondrer à chaque nouveau claquement.

" - Supplie-moi d'arrêter, petite garce !"

Jamais.

Hermione ravale ses sanglots et s'oblige à garder le silence. Ses joues sont baignées de larmes et tandis que de nouveaux coups de fouet claquent dans les airs, transperçant son pull et son tee-shirt, elle sent la peau de son dos se tendre puis se déchirer.

Le sang, épais et visqueux, glisse le long de ses côtes et se noie dans l'épaisseur du tapis.

La douleur est indescriptible.

Surprise par la résistance de la brunette, Bellatrix augmente l'intensité de ses coups et accompagne ses gestes par des insultes diverses et variées qu'Hermione est incapable de comprendre.

Tout est flou. Elle a perdu la notion du temps et de l'espace au 10ème coup de fouet.

Bellatrix est folle de rage.

Elle s'agenouille sur le sol et cramponne la sorcière par les cheveux, forçant la fille à relever la tête dans sa direction. Un sourire faussement empathique se dessine sur les lèvres de la Mangemort.

" - Tu peux lâcher prise ma chérie. Ta persévérance est inutile. Je vais te tuer, quoi qu'il arrive."

Les pensées d'Hermione sont confuses et incohérentes. Les larmes ruissellent le long de son visage et son corps irradie de douleur.

" - Va te faire foutre," souffle Hermione dans un élan de lucidité.

Lestrange se relève et ricane.

Les coups de fouet reprennent et Hermione, malgré la confusion, prend conscience de la sinistre réalité. Elle est à bout de souffle, ses paupières sont lourdes, elle menace de sombrer définitivement. Elle lutte désespérément car elle refuse d'offrir le plaisir de sa mort à Bellatrix, mais ses forces s'amenuisent.

Dans un dernier élan de courage ou bien un mouvement suicidaire, Hermione étend ses bras et ancre ses ongles dans les rainures de parquet pour se donner la force de se redresser.

Son effort est vain.

La sorcière maléfique écrase les doigts d'Hermione. Un ricanement infecte sort de sa gorge.

Le fouet résonne une dernière fois.

Autour d'elle, tout devient flou. Elle ferme les yeux et perd connaissance.

5 février 2001 | 17:45

Lorsqu'elle ouvre les yeux, Hermione constate une agitation inhabituelle autour d'elle. Ses paupières sont lourdes et son corps endolori. Un souffle saccadé résonne dans ses tympans ; ce n'est pas le sien car elle parvient à peine à respirer.

Son corps est en mouvement, ses terminaisons nerveuses sont à vif, chaque geste lui procure une décharge de douleur qui lui coupe le souffle et lui donne envie de hurler.

Elle aimerait pouvoir disparaître. Abandonner son enveloppe corporelle et ne garder que son âme. Bellatrix a tenté de la détruire, mais elle n'est pas encore prête à lâcher prise. Son esprit est perdu au milieu d'un brouillard opaque de douleur, mais il est vaillant et toujours sain.

" - Granger, reste avec moi putain."

La voix est hachée et paniquée.

Hermione s'y accroche pour ne pas sombrer dans les profondeurs qui lui tendent les bras. Ses membres sont paralysés par la douleur. Les restes de tissu qui effleure sa peau meurtris peines à éponger le sang qui s'échappe de ses plaies.

" - Ouvre les yeux. Regarde moi !"

Elle bouge la main. Le geste lui demande un effort incommensurable. Ses doigts s'accrochent à la boutonnière de la chemise de Draco. Ses paupières sont si lourdes et elle a du mal à garder sa prise contre le tissu.

" - De quoi as-tu besoin ? Dis-moi… Dis-moi Granger…"

La voix est pressante, suppliante ; comme s'il se souciait d'elle et de sa santé. C'est ridicule, mais tout de même déconcertant.

Hermione se concentre et puise dans les dernières ressources d'énergies dont son corps dispose pour se situer dans l'espace.

Malfoy est en train de monter les escaliers. Il la tient dans ses bras, contre lui. Elle entend son cœur qui bat la chamade à travers sa cage thoracique. Dans la précipitation, il ne fait rien pour dissimuler son expression et la brunette observe les diverses émotions qui trahissent ses traits d'ordinaires si stoïque.

La tête d'Hermione ballote contre son torse. Son bras droit pend mollement dans le vide. Sa peau est d'une pâleur morbide et il y a du sang - partout -.

" - Granger. Dis-moi comment t'aider, putain !" Hurle le sorcier d'une voix tiraillée entre la panique et la colère.

De nouvelles larmes perlent au coin des yeux de la jeune femme. Elle puise dans sa mémoire endommagée afin d'apporter une réponse à son interrogation.

" - Du baume de calendula et sommités d'aubépine pour… favoriser… la cicatrisation. Essence de Ditanny… et potion apaisante."

" - Artie ! Rends-toi immédiatement chez l'apothicaire."

L'elfe de maison disparaît aussi vite qu'il est apparu et Draco reprend sa marche empressée en direction de la chambre d'Hermione.

" - Malfoy ?"

Le visage du blond se penche vers celui de la sorcière.

" - Je te déteste ," souffle-t-elle avant de perdre connaissance.

" - Je sais ," murmure Draco en la serrant contre lui.

5 février 2001 | 17:52

Lorsqu'elle reprend ses esprits, rien n'a changé.

Malfoy la tient toujours dans ses bras, immobile face à la baignoire. Prim vérifie la température de l'eau puis elle éteint le robinet avant de verser un liquide opalin dans le bain.

L'homme se penche et la dépose délicatement dans l'eau. Hermione pousse un cri et s'accroche à la chemise du blond pour retarder l'inévitable.

" - Le tissu de ton pull est incrusté dans les plaies," explique le sorcier dans un murmure.

Le visage de la brune est humide et taché de larmes. Elle relâche son emprise et se laisse lentement glisser dans la baignoire en veillant à ne pas toucher les rebords. Le simple contact de l'eau tiède semble embraser sa peau ; le liquide dans lequel elle vient d'être plongé lui fait l'effet d'un bain de lave en fusion.

Fébrile, elle enroule ses bras autour de ses jambes et cache son visage contre ses genoux, dissimulant les larmes qui ne cessent de couler le long de ses joues.

La position la rend vulnérable et permet à Prim et Draco de constater l'ampleur des dégâts. Leurs regards horrifiés et le silence étouffant témoignent de la gravité de la situation.

" - Prim suggère au maître de retirer le haut de Miss afin de nettoyer et désinfecter les plaies."

Malfoy secoue la tête afin de reprendre contenance. Il retrousse les manches de sa chemise et plonge ses avant-bras dans la baignoire.

Mettant de côté sa fierté et sa pudeur, Hermione accepte sans rechigner de se déshabiller mais elle manque de s'évanouir une troisième fois lorsque la laine de son pull vient racler la chair meurtrie de son dos. Elle sert les dents et gémit de douleur puis reprend sa position initiale afin de cacher sa nudité.

" - Puis-je te toucher ?"

La jeune femme ne répond pas, elle se contente d'opiner fébrilement.

Prudemment, elle sent le contact des doigts de Malfoy effleurer sa peau. Elle imagine sans mal la bouillie de chair ensanglantée qui lui sert désormais de dos.

A genoux sur le tapis de la salle de bain, le torse plaqué contre la porcelaine du bac, le blond se penche en avant et son regard parcourt l'étendue de peau mutilée. La pulpe de son index effleure son omoplate, miraculeusement indemne. Il ne peut retenir une grimace de dégoût lorsque sa main glisse vers le centre de son dos qui concentre le plus gros des blessures.

Le nœud d'inquiétude entre ses deux yeux s'accentue.

Lentement, prudemment, il retire les débris de tissu incrustés dans les plaies et l'eau du bain ne tarde pas à prendre une teinte cramoisie. Prim saisit la main d'Hermione et tente de l'apaiser en lui parlant de tout et de rien afin de détourner son attention.

" - Vous aimez la tarte aux pommes, n'est-ce pas Miss ? Ce n'est pas encore la saison mais Prim va s'en procurer afin de vous faire un délicieux dessert pour demain."

La tête d'Hermione oscille de droite à gauche. Elle plante ses dents dans sa lèvre inférieure et se force à contenir les gémissements et les sanglots qui font sursauter sa cage thoracique, amplifiant sa douleur.

Malfoy ouvre la bouche à plusieurs reprises. Il y a beaucoup d'idées qui lui traversent l'esprit, cependant, aucune phrase ne semble convenir réellement à la situation. Il s'applique à nettoyer le dos de la jeune femme avec une minutie exemplaire. Au bout de plusieurs minutes, les plaies sont nettes et débarrassées de toutes les impuretés pouvant ralentir le processus de guérison.

5 février 2001 | 18:24

Hermione avance en direction du lit d'une démarche chancelante. Prim lui tient la main tout en rouspétant suite au refus de la jeune femme d'être léviter dans la chambre.

Elle porte une simple culotte en coton et s'entête à cacher le reste de son corps d'une serviette de bain. Malgré la douleur, elle est de nouveau lucide. Le bain et la poudre d'opaline l'ont aidé à se détendre.

L'elfe de maison l'aide à s'asseoir sur le rebord du lit. Elle claque des doigts et fait apparaître une petite couverture en laine qu'elle glisse sur ses genoux en complément de la serviette.

Malfoy réapparaît dans la pièce ; son expression est indéchiffrable. Il a l'air dégingandé et légèrement dépassé par la situation. Il s'approche de la jeune femme d'une démarche hésitante. Cette dernière relève lentement la tête ; elle croise son regard et le capture. Ils s'observent durant quelques secondes, un duel silencieux débute. Le regard caramel déborde de larmes et de rancœur tandis que l'acier laisse entrevoir de la culpabilité et une étrange colère.

Finalement, Hermione finit par cligner des yeux. Une larme solitaire glisse le long de sa joue.

" - Est-ce que tu préfères que ça soit Prim ?" Finit-il par demander en brisant le silence.

La sorcière fronce les sourcils.

Le blond désigne la table de chevet sur laquelle repose tout un assortiment de fioles en verre aux couleurs diverses et variées.

Hermione secoue la tête.

" - Non," murmure-t-elle.

Elle veut qu'il voit. Qu'il constate. Qu'il regrette.

Elle veut qu'il sache que tout est de sa faute.


Notes:

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