Hello !
Tout d'abord, merci au gentil accueil du prologue, je croise les doigts pour la suite vous plaise également !
J'en profite pour donner quelques précisons sur cette histoire, si ça vous intéresse !
Tout d'abord, ce chapitre introduit deux personnages à la fois issus des comics / anciens films mais évidemment remaniés à ma façon, et qui seront l'un comme l'autre importants pour l'histoire. Je précise également qu'aucune romance n'est prévue au programme, mon idée est surtout que Peter ait une amie / buddy fille, parce que 1) on n'a jamais assez de persos féminins intéressants 2) j'aime énormément écrire les amitiés fille/garçon. Ned et MJ seront aussi de la partie, mais plus tard !
Ensuite, bien qu'ayant dit que cette histoire ne prenait rien en compte, ce n'est pas totalement vrai car elle reprendra quelques éléments de Civil War, mais puisque c'est une histoire Spider Man avant d'être une histoire Avengers, les points de vue / événements seront également très différents.
Et enfin, je n'ai pas listé les éventuels Content Warning mais cette histoire est censée rester assez évasive sur ses événements les plus durs. En vrac, je dirai qu'il y aura certains thèmes comme la maltraitance, la violence, la culpabilité, la revanche et l'alcool, certains concernant Peter et d'autres Tony (et l'histoire est plutôt pensée pour se partager leurs points de vue, même si Peter reste le perso principal puisqu'encore une fois, on est plus que une histoire de Spider Man que des Avengers.)
(Et par ailleurs je n'oublie pas mon autre histoire que je continue toujours d'écrire en parallèle mais j'essaie d'espacer un peu les publications !)
Bonne lecture !
Ses doigts tambourinaient contre la table en formica avec un mélange de nervosité et d'impatience. Il ne réalisait toujours pas qu'en moins de quarante-huit heures, sa vie avait complètement basculé, et que son quotidien ne serait plus jamais le même — car M. Stark, alias Iron Man, alias SON SUPER HÉROS PRÉFÉRÉ, allait l'accueillir chez lui, et M. Stark était son père biologique.
C'était une donnée qu'il avait tournée et retournée dans tous les sens, sans réussir à l'apprivoiser.
— Est-ce qu'il va venir me chercher en voiture ? Ou en jet ? Il paraît qu'il a un jet privé. Je ne suis jamais monté dans un jet privé.
— Je ne sais pas, Peter. Finis ta tartine, répondit M. Stacy d'un ton las, sa moustache grisonnante enfouie dans sa tasse de café.
— Il viendra peut-être en hélicoptère ? Il y a une piste d'hélicoptère au sommet de la tour des Avengers, dit Gwen Stacy d'un air rêveur.
— Tu crois vraiment que le syndic le laisserait atterrir sur le toit de l'immeuble ? Ne dis pas de bêtise et finis ta tartine, toi aussi, ordonna son père.
La jeune fille grimaça mais s'exécuta. Peter, lui, se mordit l'intérieur des joues pour ravaler ses commentaires indignés.
Ce matin-là, George Stacy, Gwen et Peter étaient rassemblés dans la cuisine des Stacy, si étroite qu'ils avaient tout juste la place d'écarter les coudes sans renverser le bol de leur voisin. M. Stacy portait son uniforme bleu marine frappé du blason de la police locale, tandis que la cravate de Gwen se balançait dangereusement au-dessus d'un pot de marmelade à l'orange. Contrairement à Peter, elle était inscrite dans un lycée privée et était contrainte de porter tous les jours un accoutrement strict composé d'une chemise blanche, d'une jupe plissée et de mocassins cirés qui couinaient sur le linoléum de l'appartement. Et contrairement à Peter, elle avait cours le samedi ; aussi était-elle obligée d'avaler son petit-déjeuner en quatrième vitesse pour ne pas arriver en retard.
— Ton sac est prêt ? Tu n'as pas oublié ta brosse à dents ? demanda M. Stacy en voyant Peter déglutir sa dernière bouchée de toast.
— Oui m'sieur, il est dans ma chambre, je vais le chercher !
— Je t'accompagne ! dit aussitôt Gwen en lui emboîtant le pas hors de la cuisine.
— Ne traîne pas, Gwen, ou tu vas encore rater le bus ! avertit son père alors qu'elle claquait bruyamment la porte derrière elle.
— Oui, P'pa, on en a pour cinq minutes !
Les deux adolescents s'engouffrèrent dans la chambre de Peter. Des cartons formaient une montagne précaire à côté de son lit dépouillé de ses draps. Les murs étaient blancs, nus ; les portes de son placard, grandes ouvertes, dévoilaient une cohorte de cintres vides. Il n'y avait plus aucun crayon sur son bureau, ni son habituelle pile de livres de science-fiction sur sa table de nuit.
— Woah, on dirait qu'on a été cambriolés ! laissa échapper Gwen alors que Peter s'agenouillait pour récupérer son sac à dos couché entre deux piles de cartons. T'as réussi à mettre tout ce qu'il te fallait dans un si petit sac ? ajouta-t-elle en l'observant d'un air sceptique.
— Ouais, je n'ai pas besoin de grand-chose ! De toute façon, ton père a dit que quelqu'un viendrait chercher le reste de mes affaires dans quelques jours.
Tout en parlant, Peter tira sur la fermeture éclair de son sac à dos pour vérifier qu'il n'avait rien oublié : son portefeuille, son chargeur de téléphone portable, ses écouteurs, sa carte de métro. Il aperçut également un morceau de tissu rouge et bleu, aux coutures maladroitement réalisées, qu'il s'empressa de repousser au fond de son sac.
— La maison va être drôlement vide, sans toi, dit Gwen dans son dos.
— Ouais… Ça va faire bizarre de ne plus retrouver tes chaussettes dans mon panier à linge, et de ne plus t'entendre crier parce que j'ai confondu ta brosse à dents avec la mienne !
— Erk ! grimaça la jeune fille. Ça, je ne risque pas de le regretter !
Peter se redressa, la bandoulière de son sac enfoncée contre son épaule. Face à lui, Gwen semblait hésitante ; sa petite silhouette ronde s'agita, puis elle se pencha vers lui et déposa, brièvement, un baiser sur sa joue. Ses cheveux blonds effleurèrent son visage avec un parfum familier de mangue et de jasmin.
— Tu vas quand même me manquer, Pete, dit-elle en plongeant ses grands yeux bleus dans les siens. C'était cool de vivre avec toi.
— Toi aussi, admit-il avec un léger sourire. Mais je t'enverrai plein de photos de la Tour !
— Et des Avengers ?
Cette seule idée lui donna l'impression d'avoir avalé un ressort :
— Carrément ! Oh mon Dieu, tu crois que je rencontrerai Thor ? Et qu'il me laissera soulever son marteau ?
Gwen gloussa :
— En tout cas, à ta place, j'éviterais de sortir cette phrase de son contexte !
— GWEN, C'EST L'HEURE DU BUS !
La jeune fille leva les yeux au ciel :
— C'EST BON, P'PA, J'ARRIVE DANS TRENTE SECONDES !
— DEPÊCHE-TOI, IL NE T'ATTENDRA PAS !
— Ouh, on dirait que le commissaire Stacy est remonté comme une horloge ! Tu ne devrais pas le faire attendre, sinon il va t'envoyer sa patrouille aux trousses !
— Pfff, tu peux te moquer, tu feras beaucoup moins le malin quand toi aussi, tu auras ton père sur le dos et qu'il exigera un procès-verbal à chacune de tes respirations !
Peter rit à nouveau, mais il ne put s'empêcher de ressentir un étrange pincement au cœur à ces mots. Il ne réalisait probablement pas encore qu'il avait un père, un vrai père, réel et vivant, qui était actuellement en route pour le chercher et l'emmener dans son nouveau foyer. La menace de Gwen était encore trop abstraite pour qu'il puisse réellement y croire.
— Au fait, Pete ! Regarde ce que j'ai récupéré !
Interrompant ses pensées, Gwen brandit un objet que Peter mit quelques secondes à identifier. Lorsqu'il reconnut le petit boîtier noir qui grésillait dans le creux de sa main, ses yeux s'écarquillèrent de stupeur :
— Nan, t'es sérieuse ?! T'as réussi à prendre le talkie-walkie de ton père ?!
— Eh oui ! En le bricolant un peu, tu ne rateras aucune annonce de la police ! Ne le perds pas, je ne crois pas que j'en aurai un autre aussi facilement, j'ai déjà failli me faire griller en récupérant celui-là…
— Woah, Gwen, c'est génial ! Merci, tu ne sais pas à quel point tu rends un immense service à New-York avec ça ! Un jour, ton nom sera dans tous les livres d'Histoire !
La jeune fille rit à nouveau.
— J'espère seulement que toi, tu ne m'oublieras pas, quand tu seras dans ta tour, dit-elle en lui décochant un clin d'œil malicieux.
— GWEN STACY !
— OUI PAPA, JE T'AI DIT QUE J'ARRIVE, PAS LA PEINE DE CRIER !
⁂
Peter et M. Stacy étaient postés à l'entrée de l'immeuble. L'adolescent avait la main crispé sur la bandoulière de son sac à dos, le cœur battant à tout rompre contre sa cage thoracique. Il avait l'impression d'avoir embarqué sur des montagnes russes et d'être entraîné dans une série de loopings infinis. Il ne savait s'il avait envie de hurler ou de pleurer… ni si le sentiment qui prédominait était de la joie ou de la tristesse.
— Eh bien, voilà, fiston, dit M. Stacy en posant une main sur son épaule. C'est ici que nos chemins se séparent.
— Merci, M. Stacy, dit l'adolescent, la bouche soudainement sèche. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. Vous avez été un super, euh… un super…
— Je crois que Stark est arrivé, le coupa le policier. Ce n'est pas lui, là-bas ?
Peter remarqua alors la longue voiture noire aux vitres teintées qui était garée de l'autre côté du trottoir. Un bref coup de klaxon le fit sursauter, et il tourna une dernière fois les yeux vers celui qui l'avait adopté, trois ans plus tôt, l'arrachant à l'orphelinat où on l'avait placé après le fiasco de sa première famille d'accueil.
— M. Stacy… commença-t-il, mais une nouvelle fois le policier l'interrompit :
— Vas-y, Peter. Ne fais pas attendre ton père.
— O-Okay… vous pourriez dire à Gwen que… euh, ça a été super de vivre avec vous, et qu'elle a été comme une sœur pour moi, et je vous suis vraiment reconnaissant d'avoir bien voulu de moi, et euh, elle me manquera beaucoup, je lui laisse mes oreillers et ma couverture en peluche mais il faudra sûrement les laver, et euh… merci ?
M. Stacy afficha une étrange expression ; Peter n'aurait su dire s'il était embarrassé, ému ou s'il venait seulement d'avaler sa salive de travers. Lorsqu'il parut retrouver l'usage de sa langue, il se contenta de dire d'un ton brusque :
— Je le lui dirai.
Puis, après une nouvelle seconde d'hésitation durant laquelle sa moustache fit un curieux soubresaut :
— Tu as été un bon garçon, Peter.
— Oh, je, ahem...
— Sois sage, poli, respectueux, et ne coupe pas la parole aux adultes. Fais honneur à l'éducation des Stacy. Et surtout… profite de ton père. Quoi qu'on en dise, on n'en a qu'un, dans la vie. Tu as de la chance de l'avoir retrouvé…
Ses yeux bleus — très clairs, identiques à ceux de Gwen — se voilèrent d'une expression que Peter ne parvint pas à déchiffrer :
— … Ne la gâche pas.
Il exerça une légère pression contre ses omoplates, le poussant vers la voiture qui l'attendait quelques mètres plus loin.
⁂
A son approche, la vitre s'abaissa de quelques centimètres. Le visage qui l'accueillit n'avait cependant rien à voir avec celui que Peter avait guetté sur les réseaux sociaux, cherchant anxieusement sur sa physionomie le reflet de ses propres traits.
— Vous… vous êtes Happy ? Happy Hogan ? demanda Peter, le cœur battant de nouveau comme un tambour..
— Harold, corrigea l'homme en déverrouillant la portière arrière. Je m'appelle Harold. Et toi, tu es Peter ?
— Oui, c'est lui ! Enfin, c'est moi ! Oh mon Dieu, vous êtes vraiment Happy Hogan ?
L'homme le dévisagea comme s'il venait de lui demander s'il était la reine d'Angleterre, puis ordonna lentement :
— Monte, petit.
L'adolescent ouvrit la portière avec une telle fébrilité qu'il manqua de l'arracher de ses gonds. M. Happy dut s'apercevoir de quelque chose, car Peter le vit froncer les sourcils à travers le rétroviseur intérieur de la voiture.
— D-désolé, je vous promets que je n'ai pas essayé de casser la porte ! Je, euh, je ne me rends pas toujours compte de ma force, désolé !
Priant pour que ses joues ne soient pas trop rouges, il se glissa sur un siège tellement moelleux que ses genoux atterrirent presque au niveau de son menton. L'habitacle sentait bon le cuir et le pin ; toutefois, Peter le trouva curieusement vide.
— Tu cherches quelque chose ? s'enquit M. Happy en redémarrant la voiture.
— Euh… M. Stark n'est pas… pas là ?
— Il n'est pas dans le coffre, si c'est ce que tu te demandes.
Peter venait effectivement de se dévisser la nuque pour tenter de percer l'obscurité qui régnait derrière la banquette arrière de la voiture.
— Oh, oui, bien sûr, s'empressa-t-il de dire d'un air faussement dégagé. Je suppose qu'il est, euh, occupé ?
— Tony est en mission. Urgente. Il s'excuse de son absence, mais il assure qu'il ne devrait pas rentrer trop tard.
— Oh. Oui, bien sûr. C'est un Avenger. Il a beaucoup de missions, balbutia Peter. De missions, euh, urgentes. Je comprends, je comprends tout à fait ! Qu'y a-t-il de plus important, après tout ? Hé hé hé !
Il ne savait pas exactement quel était le nouveau sentiment qui menaçait de déborder de sa poitrine. Il savait seulement que les montagnes russes s'étaient arrêtées nettes, comme si quelqu'un avait scié leurs rails, le précipitant dans un abîme d'hébétude agrémentées d'un soupçon de déception — du moins, c'était ainsi qu'il interprétait la pointe d'amertume qui piquait le fond de sa gorge.
Déçu ? Mais Pete, tu n'as pas le droit d'être déçu ! C'est un super-héros, bien sûr que son devoir de super-héros passe avant tout ! C'est la même chose pour toi et ta super-identité secrète, n'est-ce pas ?!
Il s'efforça de se raccrocher à l'enthousiasme qui l'avait envahi à la vue de la voiture, à ne pas laisser les nuages s'amonceler dans son esprit. Par chance, l'expérience lui avait appris à les repousser d'un sourire insouciant — bien qu'un peu douloureux.
— M. Happy ?
— Harold. Ou M. Hogan.
— M. Happy, est-ce que je peux vous filmer ? Pour garder en mémoire tout ce qu'il se passe ? Ce n'est pas tous les jours que je monte dans une voiture pareille ! En fait, c'est même la première fois !
— Je préférerais que tu… qu'est-ce que tu fais avec ce téléphone ?
— Est-ce que vous pouvez vous pencher un peu vers la droite, s'il vous plaît, M. Happy ? Vous n'êtes pas bien cadré, votre front a l'air énorme sous cet angle !
— Nom de…
L'homme marmonna quelque chose d'inintelligible, avant de demander d'un air méfiant :
— Tu as attaché ta ceinture, au moins ?
— Oui, regardez !
Peter tira sur la ceinture de sécurité, ne s'arrêtant que lorsqu'elle émit un grincement inquiétant.
— Oups, désolé ! Je vous l'ai dit, je ne me rends pas toujours compte de ma force !
— Tu… ahem… okay. Ne touche à rien, soupira M. Happy en appuyant sur un bouton du tableau de bord. Et range ce téléphone dans ta poche. Tu auras le temps de faire tous les films que tu veux quand on sera arrivé, mais là, ce n'est pas le moment.
— Bon, d'accord…
A contrecœur, Peter reposa son téléphone sur ses genoux.
— M. Happy ?
— Peter ?
— A quoi sert le bouton sur lequel vous venez d'appuyer ?
— A augmenter le volume de la radio.
— Ah…
Peter ne s'en était pas aperçu ; son ouïe était déjà happée par les milles bruits de la ville qui résonnaient de l'autre côté des vitres fumées, il entendait à peine la musique à travers le brouhaha ambiant. Il espérait que M. Stark ne lui poserait pas trop de questions à propos des bouchons d'oreille qu'il avait pris soin de ranger dans son sac à dos.
Autour d'eux, les immeubles formaient une procession de béton de plus en plus vertigineuse ; ils s'enfonçaient au centre de la ville, quittant les artères familières du Queens pour les quartiers chics de la capitale, aux devantures scintillantes et aux trottoirs suffisamment larges pour y loger un troupeau de girafes.
— M. Happy ? répéta Peter.
— Quoi, encore ?
— Est-ce que M. Stark… il vous a parlé de moi ?
Peter vit distinctement M. Happy cligner des yeux un peu trop vite, comme le faisait M. Stacy lorsqu'il commençait à lui poser trop de questions (surtout lorsque celles-ci incluaient son ex-femme).
Il avala nerveusement sa salive.
— Tony a appris par cœur ton dossier, répondit-il finalement. Il… il est très impliqué dans tout ça.
— Oh…
Il capta un nouveau regard de M. Happy à travers le rétroviseur intérieur. Une expression hésitante creusait un pli entre ses sourcils.
— Vous pensez qu'il est heureux de me rencontrer ?
— Je… je suppose.
M. Happy se racla la gorge :
— En tout cas, tu… tu as ses yeux. Les mêmes yeux que ton… ton père.
— Techniquement, 80% de la population mondiale a les yeux marron. Je ne suis pas sûr que leur couleur ait quelque chose à voir avec les siens. Et puis vous aussi, vous avez les yeux marron, et je ne suis pas votre enfant. Enfin, je ne crois pas. Et vous n'êtes pas non plus l'enfant de M. Stark, ou alors, il ne fait vraiment pas son âge !
Le pli se creusa davantage sur le visage de M. Happy.
— Okay, petit génie. Tu peux te détacher, on est arrivé.
— Oh, déjà ?! On dirait qu'on est parti il y a quelques secondes !
— On n'a pas eu le même ressenti, marmonna M. Happy en se garant dans ce qui ressemblait à un immense parking aux murs blancs, envahi de voitures de sport aux couleurs criardes. Descends. Et ne claque pas la portière, s'il te plaît.
Peter obéit prestement.
— Woah, cet endroit est dix fois plus grand que l'appartement de M. Stacy ! On pourrait y accueillir tout l'immeuble !
— L'ascenseur est par ici, et ta chambre est au dernier étage.
— Au dernier étage ? Qu'est-ce qu'il y a aux autres étages ?
— Rien qui ne te concerne, dit M. Happy d'un air soudainement sévère. Tu n'as aucune raison d'y mettre le nez.
— Vous avez bougé la base des Avengers ici ? Je pourrai rencontrer Captain America ?
— Monte dans l'ascenseur. Tony ne va pas tarder, il t'expliquera mieux que moi les règles à respecter.
— D'accord, d'accord ! Merci pour le trajet, M. Happy ! C'était un plaisir de faire votre connaissance !
L'homme le dévisagea silencieusement. Un bref instant, Peter crut qu'il allait simplement l'ignorer et faire volte-face pour disparaître dans l'immensité immaculée du parking, mais il finit par esquisser une expression à mi-chemin entre sourire et grimace, et par marmonner quelque chose qui ressemblait à :
— Moi aussi, Peter.
Suivi rapidement de :
— Je ne suis pas sûr que Tony s'attende à ça…
⁂
Sa chambre était plus petite que le parking, mais suffisamment spacieuse pour lui donner le tournis. Il avait sa propre salle de bains — avec une baignoire dans laquelle il pouvait se coucher entièrement ! —, une myriade de placards — dans lesquels il pouvait se coucher entièrement ! — et un lit deux places — dans lequel il pouvait se coucher entièrement ET rouler sur lui-même sans risquer d'atterrir par terre !
De grandes baies vitrées lui offraient une vision panoramique de la capitale. Il s'en approcha et colla ses paumes contre le verre. D'ici, les New-yorkais ressemblaient à des grains de raisin éparpillés sur le bitume. Une brève sensation de vertige le saisit et il se demanda, soudainement, comment il pourrait bien se débrouiller pour sortir de là discrètement. Si quelqu'un voyait un garçon en tenue rouge et bleue s'échapper de la plus haute fenêtre de la Tour des Avengers, ses secrets ne resteraient pas secrets bien longtemps...
— Hey, petit. Si tu veux t'enfuir, je te conseille plutôt la porte d'entrée. Moins impressionnante que la fenêtre du cinquante-quatrième étage, mais moins de risque qu'on te confonde ensuite avec un melon écrasé.
Peter sursauta et fit volte face, les yeux écarquillés.
A l'entrée de sa chambre, l'épaule appuyée contre le chambranle de la porte et les bras croisés, Tony Stark attachait sur lui un regard perçant — et Peter dut admettre que, malgré les statistiques, les yeux de l'homme ressemblaient aux siens d'une façon troublante.
