Hello !

Tout d'abord, merci pour vos reviews !

Je suis ravie de vous retrouver pour ce quatrième chapitre ! A la fois plus court et long que prévu, disons que j'avais prévu d'y inclure d'autres évènements mais je préfère y consacrer d'autres chapitres entiers, quitte à faire plus court mais plus travaillé :) Cette histoire avance lentement mais c'est à dessein, j'ai vraiment envie de développer tous les aspects de la vie quotidienne de nos deux loustics en plus du scénario de base, je crois que ma passion des histoires enfant/parent peut pleinement s'exprimer ici !

Bonne lecture !


La nouvelle vie de Peter était... déroutante.

Depuis leur première rencontre — et leur visite de la Tour placée sous le signe de l'embarras —, M. Stark avait complètement disparu de la circulation. Il n'apparaissait que brièvement durant le petit-déjeuner, dégageant un parfum d'après-rasage et de café auquel Peter n'était pas habitué, et qu'il n'arrivait pas encore à associer au mot "père". Il avait les yeux rivés sur son téléphone ou sa tablette et ne levait que brièvement le regard dans sa direction, comme s'il voulait s'assurer qu'il était toujours là ; puis, après un "bonne journée, petit, ne fais pas exploser ton lycée et pense à te laver les dents" il disparaissait dans l'ascenseur pour ne plus réapparaître de la journée.

Peter aurait toutefois eu du mal à s'en plaindre. M. Stark s'était assuré qu'il ait de nouveaux vêtements (beaucoup mieux taillés que ceux que lui achetait M. Stacy), des affaires de toilette (avec une brosse à dents électrique ! Peter n'avait jamais eu de brosse à dents électrique), un nouvel ordinateur (tellement fin qu'il craignait de le casser en appuyant trop fort sur une touche) et un nouveau téléphone (tellement high tech qu'il avait déjà manqué de faire exploser un satellite en voulant simplement prendre une photo), ainsi que de quoi se nourrir convenablement le matin et le soir ; il aurait été particulièrement ingrat de sa part de lui reprocher d'être trop occupé pour passer du temps avec lui.

De toute façon, ce n'était pas une chose inhabituelle : M. Stacy non plus n'avait jamais cherché à avoir une relation privilégiée avec lui. Tant que Peter ne s'attirait pas d'ennuis, respectait les règles de la maison et, surtout, était en bons termes avec Gwen, il ne s'était jamais soucié de ce qu'il faisait de ses journées. Il se contentait de lui glisser, de temps à autre, un billet de vingt dollars dans la main ou de lui administrer une tape sur l'épaule, puis repartait travailler sans plus s'occuper de lui. "Je te fais confiance, mon grand" était son credo.

Alors pourquoi le comportement distant de M. Stark faisait-il naître un tel sentiment dans sa poitrine, un nœud confus de frustration et d'angoisse ? Était-ce parce que malgré tout, il avait eu l'espoir ténu de découvrir ce qu'était d'avoir un vrai père, comme ce que M. Stacy était pour Gwen ? Un espoir né de la pensée que fois-ci, l'homme qui aurait sa garde était son père biologique ?

Mais la biologie ne faisait pas la famille. C'était quelque chose que lui avait dit un jour cette fille bizarre qui était dans sa classe, Michelle Jones. Il commençait seulement à comprendre la signification de ses paroles...

L'autre nuage gris, dans sa nouvelle vie, était l'impossibilité de patrouiller dans les rues de New-York après le lycée. Happy (après quelques jours, le "Monsieur" avait disparu et le tutoiement s'était naturellement glissé sur ses lèvres) venait systématiquement le chercher à la fin des cours, discrètement garé dans une rue perpendiculaire à Midtown. Une fois dans la Tour, Peter n'avait plus aucun moyen de sortir sans qu'une caméra ou un témoin ne l'aperçoive.

Malgré tout, Peter ne pouvait nier qu'il y avait des points positifs à la Tour. Tout d'abord, il pouvait regarder tous les films et toutes les séries qu'il voulait, même les vieux épisodes de Dr Who qu'il n'avait jamais réussi à dénicher sur Internet. De plus, Friday était une compagnie très agréable : elle répondait aimablement à chacune de ses questions et ne rechignait jamais à partager des anecdotes amusantes avec lui, à l'inverse de Happy qui ressemblait curieusement à un vendeur de fleurs mortuaires lorsque Peter lui faisait le récit détaillé de ses journées.

Mais une IA ou le luxe étourdissant de la Tour ne suffisaient pas à compenser la contrariété grandissante — mêlée de peur — de ne plus pouvoir enfiler le costume bleu et rouge qu'il dissimulait tout son matelas...

— Hop hop hop, avant de céder à l'appel de la récréation, Mesdemoiselles Allen et Jones auraient-elles la gentillesse de distribuer ce formulaire à leurs petits camarades ? De la part du proviseur, à me rendre impérativement avant la fin du mois !

Peter leva les yeux de son cahier de mathématiques, intrigué. A côté de lui, bercé par les litanies exaltées de leur professeur sur les vecteurs AA' associés aux translations, Ned semblait avoir réussi l'exploit de s'endormir les yeux grands ouverts. Il fit un bond sur sa chaise lorsque Michelle Jones posa bruyamment une feuille sur son bureau.

— Fais passer à ton voisin, dit-elle sèchement en lui tendant une seconde feuille.

— Merci, Mich— oh noooon… geignit Ned en glissant l'un des formulaires à Peter. C'est déjà bientôt la réunion parents-profs ? Nooon, je ne suis pas prêt psychologiquement pour ça ! Et ma mère non plus, même si elle ne le sait pas encore !

Peter ne répondit pas, trop occupé à fixer le formulaire dont il découvrait le contenu avec une panique grandissante.

"Nous avons le plaisir de vous informer que la réunion parents-profs approche, et vous proposons d'ores et déjà d'indiquer vos disponibilités ainsi que les noms des professeurs que vous souhaiteriez rencontrer…"

Il avait l'impression, tout à coup, qu'on venait d'enfoncer une couche de coton dans ses oreilles. Les chuchotements indignés de ses camarades semblaient venir de très loin et même la sonnerie stridente de la cloche parut étouffée.

— Peter ? Qu'est-ce que… oh, souffla Ned, les yeux écarquillés. Oh, je n'avais pas pensé à… oh. C'est vrai.

Tandis qu'ils rangeaient leurs affaires dans leurs cartables, il baissa d'un ton :

— Tu vas demander à M. Stark de venir ?

— Je… je ne sais pas, répondit Peter en toute franchise en s'agenouillant pour ramasser l'équerre qu'il venait de faire tomber.

Il n'avait aucune idée de l'intérêt que M. Stark pouvait avoir pour ses résultats scolaires. Il fit remarquer, essayant de ne pas avoir l'air trop mélodramatique :

— M. Stacy ne venait jamais aux réunions parents-profs. Il disait que tout était déjà écrit sur mon bulletin.

Il n'ajouta pas que cela ne l'avait jamais empêché de rencontrer tous les professeurs de Gwen.

— Mais M. Stacy n'était pas ton père, objecta Ned.

Peter haussa les épaules :

— Est-ce que ça change vraiment quelque chose ?

— Ça devrait tout changer ! dit Ned, visiblement indigné. En plus, tu fais partie des meilleurs élèves de la classe ! N'importe quel père adorerait écouter tous les profs de son fils expliquer en long, en large et en travers à quel point leur progéniture est brillante. Il sera sûrement persuadé qu'il y est pour quelque chose.

Il ajouta d'un air rêveur :

— Et puis tu imagines : Iron Man, au lycée ? Si ça arrivait, Flash ne se moquerait plus jamais de toi !

Peter ne put s'empêcher d'esquisser un sourire à cette idée. Si Flash apprenait qu'il vivait désormais dans la Tour des Avengers, il y avait fort à parier qu'il en avalerait sa propre langue. Et qu'avec un peu de chance, il les laisserait tranquilles une bonne fois pour toute, Ned et lui.

Et peut être que Liz Allen réaliserait qu'il existait, indépendamment de l'équipe du Décathlon...

— Je lui demanderai peut-être, concéda-t-il finalement. Mais je ne suis pas sûr que ça l'intéresse vraiment. Il a beaucoup de travail et de trucs toujours très urgents à faire. A moins que le prof de maths ne fasse secrètement partie d'une organisation mystérieuse qui rêve de régner sur le monde en imposant à tout le monde la religion des racines carrées…

— On ne sait jamais, répondit sagement Ned.

— Happy ?

Le conducteur lui répondit d'un grognement devenu familier.

— Tu crois que M. Stark aimerait rencontrer mes professeurs ?

Il vit clairement la suspicion s'allumer au fond de son regard.

— Pourquoi ? Qu'est-ce que tu as fait ? Tu as récolté une retenue pour avoir (enfin) jeté un dictionnaire sur la tête de ce gamin dont tu parles souvent et qui semble prendre un malin plaisir à t'ennuyer ?

— Quoi ? Non ! protesta vivement Peter. Bien sûr que non, je n'ai pas touché à Flash !

Il fit observer avec une certaine solennité :

— La violence ne résout pas tout, Happy.

Un nouveau grognement s'échappa de l'homme.

— Je demandais juste ça comme ça, ajouta Peter en s'enfonçant contre le cuir doux et lisse de la banquette arrière.

— Tu n'as qu'à poser poser directement la question à Tony. Il se fera un plaisir de te répondre.

— J'aimerais bien savoir quand, vu qu'il n'est jamais là !

Il fut surpris par l'amertume qui avait teinté ces derniers mots, et il s'empressa de demander en rougissant :

— Tu ne lui diras pas que j'ai dit ça, hein ? Je sais qu'il a beaucoup de choses très importantes à faire. Je ne veux pas qu'il croit que, euh… je suis en manque d'attention, ou ce genre de truc. Je lui parlerai quand il aura le temps pour moi. Ou alors on pourrait peut être faire un système comme à la poissonnerie, avec des tickets ?

Happy lui jeta un regard. Peter se concentra sur le bouton qui permettait d'ouvrir et de fermer les fenêtres de la voiture, appuyant convulsivement dessus dans l'espoir de juguler l'angoisse qui menaçait de se déverser dans ses veines.

Il sursauta lorsque Happy bloqua le mécanisme.

— Arrête de toucher à ça, Peter. Tu vas finir par casser quelque chose.

— Désolé, marmonna Peter.

— Tony aura toujours du temps pour toi, ajouta-t-il, sans se départir de cet air bourru qui rappelait à Peter un reportage sur les grizzlis qu'il avait vu lorsqu'il avait six ans. On n'est pas à la poissonnerie, petit. Tu n'as pas besoin d'un ticket pour lui parler.

— Okay… répondit l'adolescent, mais il n'était pas totalement convaincu.

Le lendemain était un samedi.

Comme tous les matins, Peter s'installa à la table de la cuisine et se prépara un bol de chocolat chaud. Il était planté devant le micro-ondes, les yeux rivés sur son mug rouge et doré qui exécutait des tours sur lui-même derrière la vitre du petit appareil, lorsque M. Stark fit son apparition.

Pour une fois, il ne portait pas son costume trois pièces qui lui donnait l'air de sortir de Wall Street — et n'était pas précédé de son habituelle odeur de café et de lavande. Ses cheveux étaient plus hérissés qu'à l'accoutumée et de légères ombres se déployaient sous ses yeux.

— Bonjour, M. Stark, dit poliment Peter tandis que l'homme s'asseyait lourdement devant le plan de travail et enfouissait presque aussitôt son front contre ses phalanges.

— Hey, petit.

Il y eut un silence, seulement troublé par le ronronnement du micro-ondes. M. Stark et Peter manquèrent de faire un bond lorsque le "BIP, BIP !" de la machine retentit, et Peter se dépêcha d'attraper sa tasse.

Celle-ci était brûlante.

— Outch !

M. Stark sembla se redresser de quelques millimètres, et Peter crut voir quelque chose qui ressemblait à de l'inquiétude creuser ses traits.

— Ça va, tout va bien ! prétendit Peter en se hâtant de faire couler de l'eau froide sur ses doigts rouge vif. J'ai juste été surpris !

— Tant que tu as toujours ta main, répondit M. Stark, sans que Peter ne puisse déterminer s'il plaisantait ou pas.

Un nouveau silence succéda à sa remarque, durant lequel Peter sentit le regard de l'homme peser contre sa nuque. La gêne fourmillant sur ses joues, il reprit sa tasse de chocolat et en avala une longue lampée. Dans son empressement, la moitié de la boisson ruissela sur son menton.

M. Stark ne fit aucun commentaire, ce qui n'empêcha Peter de rêver de disparaître dans le plan de travail tandis qu'il s'essuyait le visage avec la manche de son sweat-shirt.

Lorsqu'il eut terminé, il reprit sa tasse (plus calmement) et fixa les volutes de fumée qui s'en échappaient, hésitant. Était-ce le bon moment pour lui parler de la réunion parents-profs ?

Il n'y a qu'une seule façon de le savoir…

— Euh… M. Stark ? Je peux vous poser une question ?

— C'est ce que tu viens de faire, observa M. Stark.

— Une deuxième, alors ?

Les commissures de ses lèvres frémirent :

— Je t'écoute, petit.

— Est ce que… euh…

Est-ce que vous voulez venir à ma réunion parents-profs et vous présenter officiellement comme mon père ?

Les mots étaient là, ils se débattaient dans son esprit mais ne parvenaient pas à crever la couche d'appréhension qui grossissait dans sa poitrine. Le regard impavide de M. Stark contribuait à lui donner l'impression d'être en train de cuire à petits feux.

— Euh…

Il déglutit.

— Est-ce que, euh, j-je peux passer la journée avec Ned ? S-s'il vous plaît ?

Non, non, non, ce n'était pas du tout ce que tu étais censé demander !

M. Stark fronça les sourcils ; il semblait confus, comme s'il avait deviné que cette question n'avait rien à voir avec son interrogation initiale.

— Ted ?

— Ned, corrigea Peter. Ned Leeds. C'est m-mon… euh, mon meilleur ami. On se connaît depuis le collège, il a toujours été dans ma classe. Il est super cool. Il connaît tous les dialogues de ce très vieux film par cœur — Le Retour du Jedi, vous en avez déjà entendu parler ?

Cette fois-ci, M. Stark donna l'impression d'avoir avalé un morceau de papier buvard. Il marmonna, frottant son front contre ses doigts :

— Merci de me rappeler mon grand âge.

Le rire de Peter s'éteignit de lui-même lorsqu'il réalisa que M. Stark ne plaisantait pas.

— Alors, euh… c'est okay ? insista-t-il. Pour voir Ned ?

Il avait totalement abandonné l'idée de lui parler de la réunion parents profs.

— Il paraît qu'on est dans un pays libre, Peter. Tu fais ce que tu veux, répondit M. Stark.

— D-d'accord ! Merci M. Stark ! Vous voulez que je sois rentré à quelle heure ?

M. Stark haussa les épaules, l'air perplexe.

— A quelle heure était ton couvre-feu, chez les Stacy ?

— Euh… vingt et une heures ?

— Mhm. Alors vingt heures.

— Quoi ? s'indigna Peter. Mais c'est une heure de moins !

— Tu préférerais dix-neuf heures ?

Peter eut tout juste le bon sens de se mordre la langue pour taire ses protestations. M. Stark manifesta son contentement par un hochement de tête :

— C'est bien ce qu'il me semblait.

Il sembla hésiter, avant de dire d'un air nonchalant :

— Et mange quelque chose avant de partir.

— A vos ordres, Capitaine Kirk, répondit l'adolescent en levant les yeux au ciel.

M. Stark émit quelque chose qui ressemblait à un marmonnement approbateur.

— Je croyais que tu aimais Star Wars, pas Star Trek, dit-il juste avant que Peter ne s'esquive, une banane dans une main et une pomme dans l'autre.

— On peut aimer les deux, M. Stark ! Tant que ça se passe dans les étoiles...

— Mhm. Tu aimes les étoiles ?

Peter haussa les épaules :

— Je me dis que personne n'en est jamais revenu. C'est que ça ne doit pas être si mal que ça.

Peter Parker : Ned ? Si jamais, par le plus grand des hasards, M. Stark te posait la question, est-ce que tu pourrais lui dire que je suis chez toi aujourd'hui ?

Ned Leeds : QUOI ? Tu me demandes de mentir à TONY STARK ? Alors que ça ne fait même pas une semaine que tu es chez lui ?

Peter Parker : … oui ?

Peter Parker : STP STP STP.

Peter Parker : Je te le revaudrai !

Peter Parker : Tu ne voulais pas qu'on essaie de monter la maquette du Faucon Millénium ?

Ned Leeds : :o !

Ned Leeds : Le Faucon Millénium ?

Ned Leeds : Mais mec, comment tu veux acheter ça ? On n'a pas le droit de vendre nos reins !

Peter Parker : Je me débrouillerai è.é

Peter Parker : J'ai un peu d'argent de côté.

Ned Leeds : Non mais gars

Ned Leeds : Comme dirait ma grand mère, c'est pas raisonnable

Ned Leeds : Laisse tomber le Faucon Millénium

Ned Leeds : Et puis...

Ned Leeds : C'est déjà assez excitant comme ça de cacher des trucs à un AVENGER

Ned Leeds : C'est comme si on était en mission super secrète

Ned Leeds : Tu fais des trucs super mystérieux pendant que je te couvre

Ned Leeds : Tu peux compter sur moi pour ça ! \o/

Peter Parker : MERCI ! \o/

Peter Parker : Tu es officiellement mon Compagnon préféré !

Ned Leeds : :o

Ned Leeds : Trop bien !