Hey guys, c'est parti pour un nouveau chapitre !
Et tout d'abord, merci XcheshireCat et calcyne pour vos reviews !!
C'est parti pour la suite des aventures de Peter et Tony qui galère !!
Bonne lecture !
Peter dormait enfin. Son torse s'élevait et s'abaissait à un rythme régulier sous le drap blanc du centre médical ; son visage était presque aussi pâle que son oreiller. Bruce avait désinfecté, recousu et protégé sa blessure avec un triple bandage, avant d'assurer à Tony qu'il serait rapidement remis sur pieds — pourtant, rien ne parvenait à lui faire oublier l'image de l'adolescent baignant dans son propre sang dans cette ruelle déserte, ni ses cris de douleur lorsqu'il avait été contraint d'exercer une pression sur sa plaie.
Un coup de couteau… ton enfant a reçu un putain coup de couteau, à quatorze ans. Félicitations, Tony, t'es vraiment le père de l'année.
Il se sentit obligé de poser la main sur celle de Peter, comme pour s'assurer qu'il était toujours là. C'était la première fois qu'il pouvait contempler à loisir son fils endormi, et il se surprit à se perdre dans la contemplation de son visage encore épargné par les cicatrices de la vie. La pointe de son nez remuait très légèrement dans son sommeil, des mèches châtain retombaient en tourbillons désordonnés sur son front. En les repoussant doucement, Tony réalisa qu'il n'avait jamais songé à l'emmener chez le coiffeur.
— Ses parents savent qu'il est là ?
La voix de Bruce interrompit ses pensées. Tony répondit d'une voix lasse, tandis que son ami prenait place à côté de lui :
— Il est orphelin.
— Oh…
Bruce plissa les yeux, l'air suspicieux.
— Ôte-moi d'un doute… tu ne l'as tout de même pas kidnappé ?
Tony manqua de s'étouffer en avalant sa salive.
— Pourquoi est-ce que j'aurais kidnappé un adolescent de quatorze ans ?!
— Je ne sais pas, Tony. On ne sait jamais, avec toi.
Tony grimaça :
— Je te remercie de ta sollicitude, mais sache que la… euh… la personne qui s'occupe légalement de lui sait parfaitement qu'il est ici.
Bruce ne sembla pas totalement convaincu ; toutefois, il consentit à hocher légèrement le menton.
— Il a des capacités de régénération exceptionnelles, se contenta-t-il de faire observer en enveloppant Peter d'un regard scrutateur. Avec la taille qu'avait cette plaie, il aurait facilement pu se vider de son sang avant que vous n'arriviez ici.
Tony grimaça de plus belle et pressa inconsciemment la main de Peter. L'adolescent marmonna quelque chose et remua faiblement, fronçant les sourcils dans son sommeil. Tony ne put s'empêcher de repousser une nouvelle mèche qui s'était égarée sur sa tempe.
— Je suppose qu'un dossier médical sur ses antécédents serait trop demandé ? poursuivit Bruce, d'une voix cependant plus douce — le geste de Tony ne lui avait visiblement pas échappé.
— J'ai… enfin, je veux dire, son tuteur légal m'a peut-être adressé quelques papiers sur la question, je te les ferai passer. Et, euh, à propos de la santé de Peter… j'aimerais que tu lui fasses un check-up complet. Sur ses vaccins, ses allergies, son état de santé général, ce genre de choses. Histoire que nous soyons parés à toute éventualité, si jamais il ne devait de nouveau se trouver dans l'un de ces lits.
— Sans l'autorisation écrite de son tuteur légal…
— Tu as mon autorisation, et c'est largement suffisant, le coupa sèchement Tony.
Il relâcha la main de Peter et se redressa, coupant court à toute protestation de Bruce.
— Si tu as besoin de moi, je serai dans le laboratoire. Je dois encore m'occuper de son costume.
Bruce attendit qu'il soit sur le point de quitter la pièce pour répondre, d'une voix lourde de sous-entendus :
— J'espère que tu sais ce que tu fais avec lui, Tony. Tu t'intéresses peut-être au super-héros qu'il a choisi d'être, mais Peter est avant tout un enfant.
Oh, crois-moi, j'en ai parfaitement conscience, songea amèrement Tony en refermant la porte du centre médical derrière lui.
⁂
— Alors comme ça, Pete t'a appelée Karen ?
— Exactement, M. Stark.
— Et ça ne te dérange pas ?
— Je trouve que c'est un excellent choix de prénom, rétorqua l'IA, non sans une évidente touche d'orgueil.
Tony s'accorda un léger sourire. Il avait beau être son créateur, il avait la conviction que "Karen" était déjà bien plus dévouée à Peter qu'à lui-même.
Mais après tout, c'était ce que tu voulais, non ? Friday est à toi, Karen est à Peter. L'une comme l'autre sont adaptées à vos personnalités respectives.
Ouais, mais bon… il aurait tout de même pu lui trouver un autre nom.
— Pourrais-tu me montrer les images de son attaque, euh, Karen ?
— A vos ordres, M. Stark.
Tony examina attentivement les enregistrements de l'IA, ne tardant pas à lutter contre une furieuse envie de retourner dans la chambre de Peter et de le secouer comme un prunier. Il avait déjà été suffisamment frustrant d'apprendre qu'il avait retiré lui-même le couteau qui obstruait sa plaie, en dépit de ses avertissements ; le voir faire était encore pire. Dès que la lame s'était détachée de sa chair, le sang avait giclé à gros bouillons, s'épanouissant tel un feston macabre sur son costume. Après cela, Peter avait rapidement perdu connaissance. Lorsque Tony l'avait retrouvé, il était déjà aussi inerte qu'une poupée de chiffon.
L'homme souffla bruyamment et fit rejouer l'enregistrement. Malgré son irritation, son attention ne tarda pas à être attirée par un nouvel élément qui attisa sa perplexité et le fit froncer les sourcils.
— Une substance inconnue s'est déposée sur le costume de Peter, l'informa Karen tandis qu'il approchait le nez de l'étrange tache noire qui se déployait sur la manche du vêtement troué. Elle était présente dans l'organisme de l'homme qui l'a attaqué. D'après mes premières analyses, elle ne ressemble à rien de ce que l'on pourrait trouver sur cette planète.
— Tu veux dire que cette… chose serait d'origine extra-terrestre ?
— C'est à confirmer, mais il semblerait que oui.
— Okay… aide-moi à retirer ce truc. Je ne veux surtout pas qu'une substance extra-terrestre s'accroche à son costume, surtout qu'on a aucune idée de si cette chose est vivante ou pas. On l'examinera plus tard. Pour le reste, on va essayer de renforcer un peu les fibres du tissu sans qu'il ne perde sa souplesse, pour qu'il soit un peu plus résistant aux attaques à l'arme blanche. Et la prochaine fois que quelqu'un approche un couteau à moins d'un mètre de Peter…
— … je vous en avertirai aussitôt, compléta Karen.
Malgré sa frustration, Tony ne put s'empêcher d'esquisser un sourire.
— Parfait. Tu apprends vite, Karen.
— C'est vous qui m'avez programmée, M. Stark, rétorqua-t-elle obligeamment.
⁂
Mmmhh. Il ne savait pas combien d'heures il avait dormi, mais il se sentait incroyablement détendu. Le soleil déposait un rideau de lumière sur ses paupières, il entendait le chant des oiseaux au loin. Il devait être l'heure de se préparer pour le lycée, mais il n'avait aucune envie de quitter les replis chauds et confortables de son matelas…
Un bruit étrange lui fit soudainement froncer les sourcils. C'était une sorte de raclement régulier, comme si on grattait frénétiquement quelque chose à côté de lui. Était-ce Gwen qui était venue se faufiler dans sa chambre pour fouiller dans ses affaires ? Elle aimait bien feuilleter ses comics lorsqu'il avait le dos tourné. Elle avait cette fâcheuse manie de corner les pages et de faire de petites annotations à son attention dans la marge, avant de les reposer innocemment dans sa bibliothèque.
Non, se rappela-t-il brusquement. Cela faisait plusieurs semaines qu'il ne vivait plus sous le même toit que Gwen. Maintenant, il était avec M. Stark — mais pourquoi M. Stark s'amuserait-il à mettre le nez dans sa chambre ?
Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, Peter eut un long moment de flottement. Les murs, le sol, sa couverture, tout était d'une clarté aveuglante — et très différent de sa chambre. Des machines bizarres se dressaient près de lui, des lits vides l'entouraient et, surtout, il y avait un homme qu'il ne connaissait pas assis à côté de lui.
C'était lui qui faisait ce drôle de bruit. Un journal était posé sur ses genoux, ouvert sur deux pages recouvertes de petites cases qu'il remplissait scrupuleusement avec un crayon à papier, les sourcils plissés derrière ses lunettes rectangulaires. Scrouitch, scrouitch, scrouitch faisait la mine du crayon en dansant à la surface du papier.
Il s'arrêta brusquement d'écrire et se mit à mâchonner sa gomme rose, visiblement ennuyé.
— Paris, murmura Peter.
L'homme fit un tel bond sur sa chaise qu'il en lâcha son crayon.
— Le m-mot que vous cherchez, précisa l'adolescent. La ville des amoureux. C'est Paris.
Il avait la voix pâteuse, comme s'il n'avait pas bu la moindre goutte d'eau depuis des siècles. Il chercha à se redresser sur le coude, mais grimaça lorsqu'une vague de douleur électrisa son flanc.
L'homme sembla aussitôt reprendre ses esprits.
— Non, Peter, reste tranquille, ordonna-t-il en le repoussant doucement contre ses oreillers. Tu risques de rouvrir tes points de suture. Et tu es encore sous l'effet des médicaments, tu pourrais être malade si tu t'agites trop. Quoi qu'en dise Tony, les anti-douleurs de Steve étaient un peu trop forts pour toi.
Peter voulut protester, mais ses bras et ses jambes lui semblaient anormalement gélatineux. Il cligna lentement des yeux, cherchant à faire une mise au point sur le visage de l'homme. Il lui rappelait quelqu'un…
Comme s'il lisait dans ses pensées, l'homme dit avec gentillesse :
— Je suis Bruce Banner, heureux de faire ta connaissance. C'est moi qui t'ai rafistolé, après que Tony t'ait ramené ici. Tu es Peter, n'est-ce pas ? Le petit protégé de Tony.
Tony ?… Ah, oui. M. Stark.
M. Stark… le cœur de Peter se mit à battre plus vite et il chercha de nouveau à se redresser, ignorant les élancements de son flanc. Bruce Banner le maintint par les épaules, l'air soucieux.
— Non, Peter, tu ne dois pas bouger…
— M. Stark, balbutia Peter en se débattant faiblement. Où… où est M. Stark ? J-je veux voir M. Stark.
Sa voix s'était mise à trembler, les larmes menaçaient de brûler ses paupières, mais c'était plus fort que lui : il fallait qu'il le voit, qu'il soit certain qu'il n'était pas parti, qu'il ne l'avait abandonné… les cauchemars étaient encore tapis dans son esprit, à l'orée de son cœur, et leurs chuchotements sardoniques obscurcissaient ses pensées, Tu l'as déçu, il a réalisé qu'il ne voulait plus de toi, comme tes autres familles avant lui… ne vois-tu pas que Peter Parker n'intéresse personne ? Personne n'a envie de toi, personne n'a envie de te prendre la main lorsque tu es à l'hôpital. La dernière fois non plus, personne n'est venu te voir, et tu es resté tout seul dans ton lit, avec cette horrible odeur de désinfectant et ces infirmières qui te regardaient avec pitié… pourquoi est-ce que ça changerait, cette fois-ci ?
— M. Stark, j-je veux M. Stark ! répéta-t-il dans un sanglot.
— Tony n'est pas là, mais il ne va pas tarder à revenir… calme-toi, Peter. Peter !
Il lutta de plus belle, chercha à repousser M. Banner mais soudainement, il eut l'impression que quelque chose se rompit dans sa chair et une sensation d'humidité chaude se répandit le long de son corps. Il poussa un gémissement et porta la main à son flanc ; lorsqu'il releva les doigts, ils étaient rouge vif. Bruce Banner suivit son geste d'un regard inquiet et ne tarda pas à avoir l'air alarmé.
— Merde… Peter, s'il te plaît, il faut que tu restes couché, ta plaie s'est rouverte. Laisse-moi m'en occuper et ensuite, j'irai chercher Tony, d'accord ?
— P-promis ? renifla Peter.
Il détestait la faiblesse dans sa voix. Il devait ressembler à un gamin capricieux. Pathétique. Pas étonnant que M. Stark n'ait pas voulu rester à son chevet.
— Promis, lui assura M. Banner avec douceur.
De nouvelles larmes sillonnèrent ses joues. Il tenta de les essuyer avec la manche de son pyjama.
— J-je suis v-vraiment d-désolé… je ne voulais pas… je…
— Ce n'est rien, l'interrompit M. Banner, visiblement soulagé qu'il ait cessé de s'agiter. Avec tous les médicaments que tu as dans le sang, c'est normal que tu te sentes un peu, euh, désorienté. Essaie de souffler un grand coup, d'accord ? Pendant ce temps, je m'occupe de recoudre ta plaie.
Peter acquiesça. M. Banner retira délicatement son bandage ; l'adolescent ne put s'empêcher de grommeler lorsque l'aiguille s'enfonça dans sa peau. Il avait toujours détesté les points de suture.
— Désolé, dit M. Banner en lui adressant un sourire gêné. Je vais augmenter très légèrement les anti-douleur, mais je ne peux pas t'en donner beaucoup plus.
Peter secoua la tête et se renfonça contre son oreiller. Après son bref coup d'éclat, il se sentait plus épuisé que jamais. Il avait l'impression de ne pas avoir dormi depuis plus de vingt-quatre heures, comme cette fois où il avait essayé de faire un marathon Star Wars avec Ned. Arrivés au quatrième film, ils avaient piqué du nez dans leur soda. Au cinquième film, ils avaient renversé leurs popcorns partout. Au sixième film, ils s'étaient réveillés en sursaut et avaient poussé des cris d'orfraie, persuadés d'être attaqués par des Stormtroopers. C'était il y a longtemps, avant qu'il ne sache que M. Stark était son père…
Au moins, ce souvenir eut le mérite de chasser ses idées noires et de lui arracher un sourire.
D'ailleurs, peut-être était-ce à cause des médicaments, mais il avait envie de rire, tout à coup. Il fixa M. Banner et ne put s'empêcher de glousser. L'homme lui adressa un regard étonné, mais il n'était pas difficile de comprendre qu'il préférait le voir dans cet état plutôt qu'en pleurs.
— Gwen est fan de vous, vous savez, murmura rêveusement Peter.
— Oh, euh… ah ? C'est très gentil de sa part, répondit M. Banner, puis il fronça les sourcils : Qui est Gwen ?
— Une de mes meilleures amies. On vivait ensemble, avant. Elle… elle aime beaucoup les hommes d'âge mûr. Comme vous.
— Ah, répéta M. Banner d'un air étrangement gêné.
— Pas pour sortir, hein ! s'empressa de rectifier Peter. Elle dit que c'est juste pour le plaisir des yeux. Sinon, ça serait malsain, vous comprenez.
— Ugh… ce n'est pas faux…
— Elle a collé plein de photos de vous dans son agenda. Elle aime bien Thor aussi, mais elle dit qu'il est trop… trop. Trop musclé, trop blond, trop viril, vous voyez ? Alors que vous… euh, eh bien, vous, vous faîtes plus "guy next door", et toutes les filles aiment les "guy next door". Surtout quand ils portent des lunettes aussi cool que les vôtres !
— Euh… je ne sais pas exactement comment le prendre, mais, euh, merci ?
— Vous faîtes super bien les sutures, ajouta Peter, les yeux rivés sur l'aiguille que maniait l'homme. On dirait que vous avez fait ça toute votre vie. Vous pourriez m'apprendre ? J'ai essayé de trouver des tuto sur YouTube, la première fois que je me suis ouvert un truc, mais j'ai eu du mal à trouver des vidéos accessibles aux mineurs, même après avoir contourné le contrôle parental.
— Si tu veux, Peter.
Il semblait moins gêné et plus amusé. Peter prit cela pour un signe encourageant et poursuivit, prenant soin de baisser la voix :
— Je peux vous dire un secret, M. Banner ?
— Je suppose que oui ?
— Je suis Spider-Man, susurra Peter.
Cette fois-ci, un sourire franc — chaleureux — s'épanouit sur le visage de son interlocuteur.
— Je sais, Peter. Tony me l'a dit. Et je trouve que c'est très courageux d'être un super-héros, à ton âge.
Peter gloussa de plaisir.
— Vous le pensez vraiment ?
— Oui. Mais… (Il prit un air plus grave.) Je pense aussi que tu devrais faire plus attention à toi. Je sais que Tony a décidé de te prendre sous son aile, et je suis persuadé que c'est un excellent mentor, mais il a tendance à oublier que tout le monde n'est pas comme lui.
Moi, si, faillit répliquer Peter. Parce que je suis son fils.
Mais quelque chose, dans le choix de mots de M. Banner — "protégé", "mentor" — lui fit supposer qu'il n'avait aucune idée du véritable lien qui l'unissait à M. Stark. A cette pensée, sa bonne humeur s'envola et il s'affaissa un peu plus contre son oreiller. Une vague de fatigue déferla dans ses veines et il ferma les yeux.
— Repose-toi, Peter. Je vais chercher Tony, déclara M. Banner quelques instants plus tard.
Okay, voulut-il répondre, mais seul un vague grognement s'échappa de ses lèvres. On rajusta la couverture sur ses épaules, puis il entendit les pas du docteur s'éloigner.
La seconde d'après, il dormait à poings fermés.
⁂
Il fut réveillé par une dispute.
— … était complètement paniqué ! Et toi, où étais-tu ? C'est toi qui l'as amené ici, tu ne peux pas me le laisser et disparaître comme ça !
— Je croyais que tu avais les choses en main ! C'est toi le docteur, pas moi !
— Ça ne marche pas comme ça ! C'est un enfant, il avait besoin d'un visage familier à son chevet lorsqu'il s'est réveillé !
— Ah, et comment le sais-tu ? Tu es devenu soudainement père pendant la nuit ?!
— Pas plus que toi, c'est juste du bon sens !
— M… M. Stark ?
Les voix se turent aussitôt.
Peter rouvrit les yeux. Il était encore un peu déboussolé, mais son esprit lui semblait plus clair qu'auparavant.
M. Banner et M. Stark étaient postés près de son lit. Si le premier resta immobile en voyant qu'il s'était réveillé, le second s'approcha de lui, le visage étrangement crispé. Il s'arrêta à quelques centimètres de son lit, les bras figés le long du corps, comme une espèce de pingouin embarrassé. Ses yeux l'inspectèrent avec une minutie quasi scientifique, que ne venait visiblement perturber aucun autre sentiment.
— Regarde-moi, ordonna-t-il finalement, approchant un peu brusquement la main de son visage pour cueillir son menton. Mhh… tes pupilles sont dilatées. Si je ne te connaissais pas, je pourrais croire que tu as fumé le calumet de la paix pendant que Brucie et moi avions le dos tourné.
— Je t'avais dit que les médicaments de Steve n'étaient pas adaptés à son métabolisme, dit M. Banner derrière lui.
M. Stark ignora sa remarque. A la place, il s'enquit :
— Est-ce que je peux parler seul à seul avec Peter ? Nous avons des sujets, ahem, privés à aborder. Sans vouloir te mettre à la porte, bien entendu.
— Okay, okay, je m'en vais. Après tout, je ne suis que son médecin, grommela M. Banner, mais il consentit à sortir de la pièce.
Dès que la porte se fut refermé derrière lui, M. Stark sembla se détendre. Sa main quitta le menton de Peter et se logea sur son épaule, exécutant une pression presque affectueuse. L'adolescent y puisa un certain réconfort, malgré l'embarras qui s'entortillait dans sa gorge.
— J-je suis désolé, M. Stark, je ne voulais pas que vous vous disputiez avec M. Banner à cause de moi… Et je suis désolé d'avoir paniqué, je n'aurais pas dû, je suis plus fort que ça normalement, je vous jure que…
— Hey, hey, moins vite, Spidey. Tout d'abord, comment te sens-tu ?
Peter battit des cils, cherchant une réponse à cette question.
— Je, euh, je vais bien.
— Ta blessure te fait mal ? Brucie m'a dit que tu avais rouvert ta plaie. Quoi qu'il en dise, je peux te redonner un peu d'anti-douleurs, si tu veux.
— Pas la peine, je ne sens presque plus rien, répondit-il en toute honnêteté.
M. Stark hocha le menton et s'assit prudemment au bord du lit. Sa main quitta son épaule et, l'espace d'un battement de cœur, Peter sentit la panique affluer dans ses veines — mais rapidement, les yeux de M. Stark se vrillèrent dans les siens et le nœud dans sa gorge se desserra légèrement.
Jusqu'à ce qu'il voit de la colère s'agiter au fond des prunelles de l'homme.
— Okay, Peter. Maintenant que nous ne sommes plus que tous les deux, peux-tu m'expliquer ce qu'il t'est passé par la tête ? On ne retire JAMAIS un couteau d'une plaie, sinon, c'est les chutes du Niagara assurées. On ne te l'a jamais expliqué ?
— Je… euh, je n'ai pas réfléchi, admit Peter.
— Je m'en doute. Tu as conscience que les choses auraient pu très mal finir ? Si Karen ne m'avait pas appelé, et si je n'étais pas arrivé aussi vite… Bon sang, Peter ! Je pensais que tu étais plus malin que ça.
L'adolescent ne répondit pas. Il fixa ses mains, luttant contre les larmes qui menaçaient d'envahir ses joues.
— Peter, c'est toujours moi qu'il faut regarder. A ce que je sache, tes mains n'ont rien à te dire.
Il releva les yeux à contrecœur. Le regard de M. Stark était grave. Perçant. Il prit une grande inspiration :
— On va devoir mettre en place de nouvelles règles, toi et moi. Première règle : quand quelqu'un dégaine une arme vers toi, même s'il s'agit d'un coupe-ongles, je veux être prévenu.
— Mais… protesta Peter.
— Deuxième règle : à la moindre blessure, tu rentres illico à la Tour.
— Mais…
M. Stark éleva la voix :
— Troisième règle, la plus importante : si je te contacte pendant que tu es Spider-Man et que je te donne un ordre, tu m'obéis sans poser de question.
Peter pinça les lèvres.
— Peter ?
— … Okay, marmonna-t-il, se forçant à affronter les iris sombres de M. Stark.
— Peu importe l'ordre que je te donne, insista M. Stark. Même si c'est Arrête de te battre, Ne touche pas à ce putain de couteau ou Pars en courant sans un regard derrière toi. Tu dois m'écouter, et c'est non négociable. Sinon, tu peux dire adieu à ton costume.
Peter se mordit l'intérieur des joues pour ravaler ses protestations.
— Tu m'as bien compris ?
— Oui, M. Stark.
— Okay. Très bien. De toute façon, Karen sera là pour prendre le relai si besoin.
Sa main revint presser brièvement son épaule.
— Maintenant que nous sommes au clair là-dessus, je vais chercher Brucie, nous avons encore quelques points à discuter, et il faut que nous parlions de tes médicaments. Il faudrait que nous parvenions à synthétiser quelque chose qui soit totalement adapté à ton métabolisme, pour t'éviter cet air un peu hagard au réveil. Pendant ce temps, tu peux dormir encore un peu. Je reviendrais plus tard, d'accord ?
Peter acquiesça, essayant tant bien que mal d'ignorer l'angoisse qui, déjà, s'attroupait à la lisière de son cœur à l'idée que M. Stark s'en aille.
Non, s'il vous plaît, restez... ne me laissez pas seul…
Mais aucun mot ne s'échappa de ses lèvres et M. Stark ne sembla pas remarquer sa détresse. Il lui adressa un sourire distant et repartit, le laissant seul dans le centre médical. Peter enfonça son visage contre son oreiller, cherchant à maîtriser les battements erratiques de son pouls.
Allez, Pete, tu dois être fort. Tu n'as pas le droit de pleurer, songea-t-il en fermant les yeux très fort. Sois comme M. Stark… Sois comme ton père.
⁂
Ned Leeds : Hey Pete, ça va ? Tu nous a manqué au lycée aujourd'hui :( Liz était très inquiète, même Michelle se demandait où tu étais !
Peter Parker : Hey Ned ! Tkt, je suis en vie :) !
Peter Parker : D'ailleurs, pendant que tu es là, j'ai une question pour toi !
Ned Leeds : Oui ?
Peter Parker : Est-ce que tu saurais désactiver un GPS ? Ou reprogrammer une IA ?
Ned Leeds : Peut-être mais… pourquoi ?
Peter Parker : Okay, j'ai des trucs à te dire… rdv dans le couloir de chimie demain à 10h30 !
