Bonjour tout le monde !

Et oui, je suis toujours là ! Et après quelques vacances reposantes, il est temps de reprendre les bonnes habitudes avec un nouveau chapitre :)

Et on reprend fort, puisque ce chapitre est le nouveau plus long de cette histoire ! Il était particulièrement satisfaisant à écrire, donc j'espère qu'il vous plaira !

Quand je pense que lorsque j'ai commencé les fanfictions spider-man, je n'étais pas du tout dans une optique de publier, plutôt de simplement griffonner dans mon coin pour le plaisir... je suis très heureuse de pouvoir aujourd'hui vous proposer une histoire aussi longue !

Bonne lecture :D


Le premier incident eut lieu trois jours après la visite de Peter au poste de police.

Une pluie torrentielle s'était abattue sur la capitale, forçant les lycéens de Midtown à trouver refuge à l'intérieur du bâtiment principal durant la récréation. Gênés par le brouhaha ambiant, Peter et Ned s'étaient isolés dans une salle de cours du dernier étage, au tableau de laquelle étaient griffonnées des formules mathématiques à moitié effacées. Négligemment installés sur les tables, ils étaient en train de parler du prochain entraînement de l'équipe de Décathlon — et de débattre de l'épineuse question de savoir si MJ allait finir par perdre patience et balancer son manuel scolaire sur la tête de Flash — lorsque la porte claqua brutalement, les faisant sursauter.

— Salut les nazes. Qu'est-ce que vous foutez là ? Nan, je rêve, z'êtes quand même pas en train de travailler ?

Comme s'il avait entendu qu'ils parlaient de lui, Flash s'était posté à l'entrée de la salle, le visage illuminé d'un sourire qui éveilla la méfiance de Peter.

— Même si on travaillait, qu'est-ce que ça peut te faire ? rétorqua Ned en rougissant.

— Woooh, pas la peine d'être agressif ! J'suis juste surpris, c'est tout ! C'est pas comme si y avait quoi que ce soit dans ta grosse tête, Leeds, ou dans celle de ton pote délinquant !

Ce dernier mot alluma une alarme dans l'esprit de Peter. Ned pencha la tête, les sourcils légèrement froncés :

— Délinquant ? De qui tu parles ?

Le sourire de Flash s'élargit. Il ressemblait à un chat qui venait d'attraper une souris particulièrement juteuse et se préparait désormais à jouer avec sa proie.

— T'es pas au courant ? Pourtant, c'est sur tous les réseaux sociaux ! Y a une rumeur comme quoi un ado aurait attiré l'attention dans un commissariat, parce qu'il était accompagné d'un mec qui faisait du tapage et qui prétendait être… je te laisse deviner… Tony Stark !

Peter sentit Ned diriger vers lui ses prunelles horrifiées, mais il fut incapable de lui retourner son regard. Incapable d'ouvrir la bouche. Il avait l'impression d'avoir été frappé par la foudre ; ses oreilles bourdonnaient, sa respiration s'était figée dans ses poumons, un voile blanc s'était apposé sur ses rétines.

Non, c'était impossible, on ne pouvait pas les avoir reconnus — mais il était vrai que Tony n'avait pas spécialement cherché à être discret au poste de police, même s'il avait forcé les policiers à signer des accords de confidentialité…

Flash continuait de parler, sa voix semblait venir de très loin :

— Évidement, le vrai Tony Stark a totalement démenti l'info dans un communiqué de presse, mais on a quand même pu obtenir une photo de la scène, sûrement prise par un employé… et devine ce qu'on y voit, Leeds ! Faut absolument que je te montre !

Il brandit triomphalement son téléphone et Peter se retrouva nez-à-nez avec l'image pixelisée de son propre visage qui apparaissait de trois quart, à peine identifiable — mais un œil affûté pouvait sans grande difficulté reconnaître la forme caractéristique de son nez, de sa mâchoire ainsi que les boucles châtain qui encadraient son regard.

Il y avait un homme à côté de lui mais il était flou et, de surcroît, de dos. Impossible de reconnaître Tony. En revanche, il avait une attitude clairement hostile envers la policière qui lui faisait face, ce qui pouvait corroborer l'hypothèse selon laquelle il s'agissait d'un imposteur — car pourquoi le célèbre Tony Stark irait-il clamer son identité dans un commissariat et ferait-il des histoires à cause d'un adolescent que personne ne connaissait, et auquel il n'avait aucune raison d'être relié ?

— On savait déjà que t'étais complètement fêlé, Parker, mais aller jusqu'à demander à un mec de se faire passer pour Stark… j'crois que même les hommes en blouse blanche pourront rien faire pour toi ! Et pourquoi t'étais chez la police, d'abord ? T'avais piqué un truc dans un magasin ?

Les yeux de Flash luisaient d'avidité.

Peter avait chaud, beaucoup trop chaud. Il sentait la sueur s'accumuler sur son front, dévaler sa nuque, former des sillons glacés le long de son t-shirt.

— Achète-toi des lunettes, Flash. Ce n'est pas moi, dit-il finalement.

— Alors c'est juste un gars qui te ressemble comme deux gouttes d'eau et qui porte exactement les mêmes baskets que toi ?

Peter baissa les yeux et réalisa qu'il portait effectivement les mêmes chaussures que sur l'image. Oups.

— En tout cas, avec cette histoire, ça m'étonnerait qu'une université veuille bien de toi… un hôpital psychiatrique, peut-être…

— C'est n'importe quoi, tout ça, intervint Ned d'une voix vacillante. N'importe qui peut bidouiller une photo avec Photoshop et la poster sur Twitter. Laisse-nous tranquille.

— Et pourquoi quelqu'un irait s'embêter à trafiquer une photo pour y poser la tête de ton petit ami ? A moins que tu sois dans la combine, toi aussi ? C'est toi qui a essayé de faire passer ce mec chelou pour Tony Stark ? Parce que si c'est le cas, désolé de te l'apprendre mais le résultat est pas génial, gros naze.

— Ferme-la, Flash.

Flash et Ned se figèrent.

— Qu'est-ce que t'a dit, loser ?

— Je t'ai dit de la fermer, répéta Peter d'une voix plus assurée.

Il avait l'impression que les derniers évènements impliquant Flash tourbillonnaient dans son esprit, formant une marmelade écœurante qui lui donnait la nausée. Ses moqueries sur les réseaux sociaux, ses sourires goguenards, ses plaisanteries qui ne faisaient rire que lui, sa façon de le pousser violemment dans les couloirs ou de s'en prendre à Ned, ricanant à gorge déployée lorsque qu'il se renversait son plateau dessus à la cantine et lui assurant qu'il faisait ça pour son bien…

Flash eut un rictus amusé.

— Oohh, qu'est-ce qu'il se passe, Parker ? J'ai touché une corde sensible ? Quand ça ? Quand j'ai dit que personne ne croyait à ton mytho sur Stark ? Ou que t'étais le petit copain de Leeds ? Ou peut-être parce que j'ai dit que Leeds est un gros naze ? Parce que jusqu'à preuve du contraire, les deux adjectifs lui correspondent plutôt bi…

Peter n'eut aucune idée de ce qu'il s'était passé. Ce fut comme si l'espace d'un battement de cils, ses pensées avaient été déconnectées de son corps.

Lorsqu'il reprit le fil de la réalité, il était à genoux, le souffle court, et son poing lui faisait mal. Flash était recroquevillé devant lui, les genoux ramenés contre la poitrine et les mains plaquées sur le visage. Un mince filet de sang s'échappait de ses phalanges entrelacées.

Une main se posa sur son épaule. Peter fit violemment volte-face et releva le poing — mais l'arrêta juste à temps.

— Peter, Peter, calme-toi ! C'est moi, Ned !

Peter baissa lentement la main. Il s'aperçut qu'il tremblait ; sa respiration était toujours chaotique, comme s'il venait de courir un cent mètres.

— Il t'a insulté, bredouilla-t-il. Il a dit que tu étais…

— Je sais ce qu'il a dit, mais c'est pas grave, okay ? J'ai… j'ai l'habitude qu'on dise ça de moi. C'est pas le premier à le dire, ni à le penser.

Ned était pâle, il semblait secoué par l'accès de violence de son ami.

— Il… il faut qu'on prévienne un prof… oh, mon Dieu, j'espère que tu ne l'as pas…

Peter se tourna de nouveau vers Flash et ressentit un étrange soulagement en constatant qu'il remuait toujours. De faibles gémissements s'échappaient de sa gorge.

— Euh… Flash ?

— T'es qu'un putain de MALADE ! hurla soudainement l'adolescent en écartant ses mains de son visage, dévoilant sa lèvre fendue, son nez ensanglanté et l'hématome qui, déjà, se dessinait sur sa joue. Faut vraiment qu'on t'enferme, sale taré ! Je vais tout raconter à mon père, tu t'en sortiras pas comme ça !

— V… Viens, Peter, dit Ned en pressant doucement l'épaule de son ami. Il… il faut qu'on prévienne un prof…

Mais ils n'eurent pas le temps d'esquisser le moindre geste : la porte de la salle de cours s'ouvrit sur le visage soucieux d'un surveillant qui avait visiblement été alerté par les braillements de Flash.

— Qu'est-ce qu'il se passe ic… oh, Seigneur, c'est… c'est du sang ? Parker, Leeds, je veux une explication. TOUT DE SUITE.

Peter et Ned échangèrent un regard embarrassé.

Tony sortait d'un conseil d'administration particulièrement ennuyeux lorsque son téléphone vibra, affichant le nom de Rhodey. Il attendit d'être de retour dans son bureau, confortablement calé contre le dossier de son siège à roulettes, avant de rappeler son ami.

Celui-ci répondit à la première sonnerie :

— Tony, est-ce que je peux savoir pourquoi tu as donné mon nom comme contact d'urgence au lycée de TON fils ?

— Euh… j'ai pensé que ça serait suspicieux, de leur donner mon numéro personnel, admit Tony en esquissant une grimace. Ils pourraient croire que c'est une mauvaise blague, que je ne suis pas son vrai père ou ce genre de truc… ils trouveraient ça louche que son contact soit Tony Stark, tu vois ?

— Tu ne t'es pas dit que le mien l'était encore plus ?! Je ne suis même pas un membre de sa famille, je suis juste le gars qui vit à l'étage du dessous !

— Je n'ai pas vu les choses sous cet angle, admit Tony. Je vais modifier ça dès que possible.

Ce fut à cet instant qu'il prit pleinement conscience des paroles de son ami.

— Attends… le lycée de Peter t'a appelé ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il se redressa sur son siège, le cœur battant soudainement si fort qu'il eut du mal à entendre la réponse de Rhodey :

— Je n'ai pas tous les détails, mais j'ai cru comprendre que Peter avait été impliqué dans une bagarre.

Peter. Une bagarre.

Cela n'avait aucun sens. Tony fronça les sourcils :

— Quelqu'un a fait du mal à Peter ?

— Euh… c'est plutôt lui qui a fait du mal à quelqu'un.

— Oh.

Cela n'avait toujours aucun sens, mais Tony commençait péniblement à rassembler les pièces du puzzle.

— Quelqu'un qui le méritait, je suppose ? s'enquit-il avec un sourire en coin.

— Tony, ton fils lui a cassé le nez et deux dents, sans compter l'œil au beurre noir et la lèvre ouverte. Ils ont dû appeler les urgences pour le recoudre en vitesse. Le père du gamin qu'il a attaqué est furieux, il menace de l'attaquer en justice.

Tony resta muet plusieurs secondes.

— Ce n'est pas… enfin, Rhodey, j'ai vu le petit ramasser un escargot dans la rue pour être sûr et certain qu'il ne se fasse pas écraser par une voiture. Pourquoi est-ce qu'il irait massacrer un de ses camarades ?

— Je ne fais que te répéter ce que m'a dit son proviseur. Il a été suspendu jusqu'à nouvel ordre, il attend que quelqu'un vienne le chercher à son lycée.

— Je ne peux pas, dit aussitôt Tony. Si on me voit entrer dans son lycée… nom de Dieu, Rhodey, tu sais déjà que cette histoire de commissariat a créé un foutu bordel dans les médias… il suffirait que je pose un pied sur le parking de Midtown pour que le monde entier découvre que j'ai un fils et c'est un risque que nous ne pouvons pas nous permettre de prendre.

A ces mots, il eut l'impression qu'une vague de découragement déferlait sur ses épaules.

Il ne s'était jamais senti aussi prisonnier de sa célébrité qu'à cet instant. Dans un premier temps, ne pas assumer publiquement la paternité de Peter lui était apparue comme une évidence mais désormais, ce choix revêtait un goût amer. Il savait que c'était le meilleur moyen de protéger son fils de tous les ennemis d'Iron Man qui grouillaient aux quatre coins du pays, mais que représentait une menace lointaine et abstraite face aux aléas du quotidien d'un père, confronté aux agissements de son adolescent imprévisible ?

— Attends, je crois que le lycée de Peter essaie de me contacter. Je te rappelle, dit Rhodey.

Tony n'eut pas à attendre bien longtemps. Lorsqu'il fut de nouveau au téléphone avec son ami, la voix de celui-ci était lasse :

— La question est résolue, Peter est parti de son lycée.

— Parti ? Où ça ?!

— Je n'en sais rien, ce n'est pas qui ai placé un tracker dans son téléphone.

— Ouais, bon…

— En tout cas, il n'est plus dans l'enceinte de Midtown. Le proviseur est furieux. Et quand il a raccroché, j'ai reçu un autre appel. D'un ami de Peter.

Tony fronça les sourcils. La situation lui semblait de plus en plus invraisemblable.

— Peter a donné ton numéro à l'un de ses amis ?!

— Non, je crois qu'il l'a piraté dans les registres du lycée. En tout cas, c'est ce qu'il a laissé échapper.

— De mieux en mieux, grimaça Tony. Mon fils s'est fait la malle, et l'un de ses amis est un putain de hacker.

— C'est un certain Ned Leeds. Il a dit qu'il voulait te parler à propos de ce qu'il s'est passé aujourd'hui.

— Okay, soupira Tony. D'abord, je retrouve Peter, j'écouterai ce qu'il a à me dire et ensuite, je parlerai à son ami. Avec un peu de chance, cette histoire ne deviendra bientôt plus qu'un souvenir très lointain et très gênant, que tout le monde s'empressera d'oublier.

— Bon courage, mon vieux, dit Rhodey et Tony fut persuadé de déceler une compassion sincère dans sa voix.

Après avoir raccroché, il enclencha le GPS qu'il avait récemment installé dans le téléphone de son fils et essaya de démêler les émotions contradictoires qui s'épanouissaient dans sa poitrine.

Son fils avait frappé l'un de ses camarades. Il s'était battu, en dépit des risques qu'impliquaient ses pouvoirs, avant de s'enfuir de son lycée — et, de surcroît, l'un de ses amis avait demandé à lui parler, à lui, non en sa qualité de Tony Stark ou d'Avenger mais en celle de père.

Il aurait mille fois préféré affronter une horde d'extra-terrestres assoiffée de sang plutôt que se mêler de discordes adolescentes impliquant son fils, mais il n'avait pas réellement le choix. Il ferma brièvement les yeux et s'accorda un profond soupir.

La journée s'annonçait plus longue que prévue.

Peter s'était réfugié au sommet d'un immeuble, recroquevillé derrière un climatiseur de la taille d'un réfrigérateur américain, dont les hélices faisaient autant de vacarmes que les pales d'un hélicoptère.

Ses larmes avaient été balayées par la pluie environnante. Il avait tant pleuré que ses paupières étaient gonflées et que sa tête lui faisait mal. Il se souvenait à peine de s'être enfui du lycée ; tout ce dont il se rappelait, c'était le malaise nauséeux qui s'était emparé de lui alors qu'il attendait devant le bureau du proviseur en fixant ses poings écorchés, encore pailletés du sang de Flash. Il avait cru entendre le proviseur chercher à joindre Tony pour l'informer de la situation et avait alors senti la panique exploser dans ses veines.

L'instant d'après, il avait franchi les portes du lycée en courant, le cœur au bord des lèvres.

Il ne savait pas exactement quelle heure il était. Il aurait tout aussi bien pu être midi que dix-huit heures ; le ciel s'était métamorphosé en un océan de plomb qui déversait inlassablement une pluie fine et glacée sur la ville. Peter était trempé jusqu'aux os ; il ne savait pas exactement s'il tremblait à cause du froid ou d'autre chose. Les genoux ramassés contre la poitrine, il observait les nuages gris que transperçaient ça et là les pointes noires des gratte-ciel.

Il ne réagit pas immédiatement lorsque l'armure d'Iron Man vint se poser à côté de lui. Dans un premier temps, il se contenta de la fixer, hébété.

Ce ne fut que lorsque Tony en émergea, vêtu d'un costume montrant qu'il sortait d'une réunion professionnelle, que Peter fut saisi d'une nouvelle vague de panique. Il se redressa d'un bond et, par réflexe, fit un pas en arrière, frappé par la gravité qu'il lisait dans le regard de son père.

— T-Tony…

— Peter.

Il y eut un bref silence, si étouffant que Peter se sentit obligé de le briser :

— Est-ce que… est-ce que Flash va mieux ? demanda-t-il d'une voix hésitante, un peu étouffée, comme si ses pleurs avaient tapissé sa langue de coton.

— Suffisamment pour joindre sa voix à celle de son père et exiger ta tête, répondit Tony.

Peter n'arrivait pas à déterminer s'il était furieux, déçu ou simplement épuisé. Son visage était un masque impavide, son regard perçant scrutait le sien.

— Je peux savoir ce qu'il t'a pris, lorsque tu as décidé de prendre sa tête pour un punching-ball ?

Peter n'avait pas la force de répondre. Pas la force d'expliquer à Tony que Flash le détestait, qu'il se moquait de lui, qu'il trouvait toujours un moyen de se faufiler jusqu'à son cœur pour le blesser. Il était censé être un héros, il devait être capable de gérer lui-même ce genre de choses — ou, du moins, être capable de les endurer.

Il détourna le regard, fixa les rigoles d'eau de pluie qui se formaient à ses pieds.

— Je peux au moins savoir pourquoi tu t'es enfui de ton lycée ?

Mais Peter secoua la tête. Il ne savait pas quoi dire, pas par où commencer.

— La porte était ouverte, fut tout ce qu'il trouva à répondre. Personne n'a cherché à me retenir.

— Ce n'est pas à tes lacets de chaussures que tu parles. J'ai besoin que tu me regardes, s'il te plaît.

La formule de politesse le prit de court et, sans réfléchir, il releva les yeux. Les sourcils se Tony s'étaient rejoints, formant un pli au-dessus de son regard, et Peter fut surpris de constater qu'il semblait inquiet.

Sa surprise augmenta d'un cran lorsque la main de son père se posa sur son épaule, sans une once d'agressivité ou de colère.

— Je ne suis pas fâché, Peter. Je sais que je devrais l'être, je devrais probablement te faire une leçon de morale, te priver de sortie, te forcer à écrire une lettre d'excuse à la famille de ce gamin, etc, mais sincèrement, la matinée a été longue, il fait un froid de canard, mon costume est trempé, tu as l'air de sortir d'un machine à laver et, surtout, je sais que tu n'es pas du genre à taper sur les autres pour le plaisir. Alors est-ce qu'on pourrait passer directement au moment où tu m'expliques ce qu'a pu faire ce garçon pour que tu t'en prennes à lui et où je t'apprends deux-trois astuces pour fermer le clapet de quelqu'un sans pour autant lui faire risquer un traumatisme crânien ?

Peter cilla, une nouvelle fois saisi d'étonnement. Tony paraissait définitivement fatigué, mais l'adolescent ne lisait aucun reproche sur son visage.

— Tu… tu n'es pas déçu ? murmura Peter sans oser y croire. Tu ne vas pas me… me renvoyer ?

Ce fut au tour de Tony de paraître surpris.

— Où veux-tu que je te renvoie, Pete ? Au lycée ?

L'adolescent secoua la tête :

— N-non… je voulais dire… à l'o… l'orphelinat, parvint-il à murmurer.

Tony n'aurait probablement pas affiché une expression différente si Peter lui avait demandé s'il comptait épouser Natasha Romanoff.

— Qu'est-ce que… pourquoi est-ce que je voudrais te renvoyer là-bas ?…

Un éclair de compréhension traversa soudainement son visage et quelque chose s'adoucit aux coins de ses yeux.

Bambino… non, bien sûr que non, dit-il d'un air étrangement triste.

Sa main libre se posa avec hésitation et délicatesse sur sa joue mouillée et son pouce passa sous son œil, essuyant une larme que Peter n'avait pas réalisé avoir versé.

— On en a déjà parlé, petit. Jamais je ne pourrai… tu es coincé avec moi, quoi que tu fasses et même si tu envoies la moitié de ton lycée à l'hôpital — auquel cas j'envisagerai probablement de te proposer une thérapie, ou de te faire suivre une formation sur la gestion de la colère.

L'adolescent parvint à grimacer un sourire et passa sa propre main devant ses yeux pour chasser les larmes prisonnières de ses cils. Le visage de Tony reprit aussitôt une expression soucieuse.

— Qu'est-ce qui est arrivé à ta main ?

Avant que Peter ne puisse l'en empêcher, il referma les doigts autour de son poignet et inspecta ses phalange.

— Tu as dû sacrément l'amocher, dit-il finalement en le relâchant. Rentrons, avant que ça ne s'infecte ou que tu n'attrapes une pneumonie. Tu m'expliqueras tout lorsque nous serons à la maison.

Peter hocha la tête, sans vraiment savoir quelles explications son père espérait qu'il lui fournisse.

De retour à la Tour, Tony le força à mettre des vêtements propres, puis insista pour frotter une serviette-éponge rose sur ses cheveux jusqu'à ce qu'ils soient à peu près secs, avant de lui désinfecter la main et d'enrouler délicatement une bande de gaze autour de ses phalanges écorchées.

— Tu trembles, bambino… remarqua-t-il avec douceur lorsqu'il eut terminé.

Il vérifia sa température et le força à ingurgiter une double dose de paracétamol.

Peter se laissa faire, comprenant que son père essayait de lui laisser du temps pour réfléchir à ce qu'il allait lui dire — mais lorsqu'ils furent enfin dans le salon, réunis autour d'un chocolat brûlant, les mots étaient plus que jamais bloqués au fond de sa gorge.

Après quelques instants de silence, son père plongea ses yeux sombres dans les siens et adopta une expression sérieuse. Peter comprit que la trêve était terminée.

— Parle-moi, Pete. Il faut que je comprenne ce qu'il s'est passé.

— C'est de ma faute, je n'aurais pas dû perdre mon calme, répondit Peter en fixant ses propres genoux. Je suis désolé.

— Mais qu'est-ce que ce foutu garçon a dit ou a fait pour que tu t'en prennes à lui ?

Peter haussa les épaules.

— Ton lycée a menacé de te renvoyer plusieurs jours. Je suis prêt à te défendre, mais il faut que tu m'aides, insista Tony avec une pointe de frustration dans la voix. Ma boule de cristal est actuellement chez le réparateur, alors je ne peux pas deviner tout seul ce qu'il s'est passé.

Loin de le faire sourire, la remarque de son père fit naître un vif accès de fureur dans sa poitrine et Peter redressa le visage. Les mots s'échappèrent de ses lèvres avec une brusquerie qui lui échappa :

— Pourquoi tu as dit que c'était faux ?!

Tony cligna des yeux, visiblement désarçonné.

— Okay, je crois qu'on ne parle pas de la même chose, toi et moi. Qu'est-ce que j'ai dit qui était faux ?

— Le commissariat, répondit Peter. L'autre jour, quelqu'un a pris des photos et les a publiées sur Internet. Tu as dit que ce n'était pas toi.

Son père cligna lentement des yeux, pris de court.

— Eh bien, Pete, on en a déjà parlé… je ne veux pas qu'on découvre que j'ai un fils, sinon, tu risquerais d'être en danger, alors je ne pouvais pas confirmer mon identité… et cette photo était de toute façon de très mauvaise qualité, personne n'y a accordé le moindre crédit.

— On ne t'a peut-être pas reconnu, mais moi, si ! Ils disent que je suis… que j'ai… que quelqu'un se fait passer pour toi, et que je suis un menteur !

Tony semblait de plus en plus déboussolé.

— Je… je ne suis pas sûr de te suivre. Explique-moi tout depuis le début. Qui dit que tu es un menteur ? Pourquoi ?

Peter reposa sèchement sa tasse de chocolat intouchée et se redressa d'un bond, faisant sursauter son père.

— Je ne veux pas en parler.

— Pete, calme-toi…

— Si tu veux me punir ou me crier dessus ou me forcer à écrire des excuses à Flash, fais-le, mais je ne veux plus discuter !

Et sans écouter les protestations de son père, il se précipita jusqu'à sa chambre et claqua violemment la porte derrière lui et fit pivoter la clef dans la serrure. Il savait que Tony avant les moyens de déverrouiller la pièce, mais quelque chose lui soufflait qu'il ne chercherait pas à le rattraper.

Obéissant à son instinct, il se glissa jusqu'au plafond et s'y roula en boule. Son cœur battait légèrement trop fort et en baissant les yeux sur ses poings bandés, il s'aperçut avec une certaine confusion que le gaze noué par Tony quelques instants plus tôt était devenu noir.

C'était… étrange. Il n'y avait aucune explication rationnelle à tour de magie, Mais Peter s'aperçut qu'il n'en ressentait aucune peur ni appréhension, plutôt une sorte de curiosité mêlée d'un sentiment de puissance qu'il ne s'expliquait pas.

Quelque chose avait changé en lui, et il n'était pas prêt à y renoncer.

De l'autre côté du mur, Tony poussa un profond soupir et s'empara de son téléphone. Puisque son fils était hermétique à toute tentative de dialogue, un coup de fil à ce fameux Ted — non, Ned — Leeds s'imposait.

La conversation fut à la fois courte et instructive. Après les balbutiements estomaqués de Ned (oh mon Dieu, vous êtes vraiment le PÈRE de Peter ?), l'adolescent avait fini, non sans difficultés, à lui brosser le tableau des dernières semaines de Peter à Midtown — et peu à peu, l'incrédulité de Tony se transforma en un sentiment étourdissant qui ressemblait à de la colère ; cependant, loin de le consumer, cette colère-là lui donnait plutôt l'impression que de la glace se répandait dans ses veines.

— Pour résumer la situation, tu es en train de me dire que ce gamin vous harcèle, Peter et toi ?

— Je… je ne sais pas vraiment si on peut dire ça comme ça, bredouilla Ned. Il se moque beaucoup de Peter, il cache ses affaires, il le bouscule dans les couloirs…

— Il le bouscule, répéta Tony d'une voix coupante. Il s'en est déjà pris à lui, physiquement parlant ?

— Rien qui ne se voit, je pense… des bleus en cours de sport, ce genre de choses ?

A cet instant, Tony loua le ciel que cet adolescent ne soit pas sous son nez — il agissait parfois de façon impulsive (regrettable, aurait rectifié Pepper) sous le coup de l'émotion.

— Et vos professeurs, ils en pensent quoi ?

— Ils… ils ne sont pas au courant, enfin je ne crois pas. Peter refuse de leur en parler. Il dit que ce n'est rien… mais j-je, euh, je pense que c'était important que vous le sachiez, je suis désolé d'avoir dû pirater le numéro de votre ami dans l'ordinateur du principal mais sinon, je n'avais aucun moyen de vous contacter…

— C'était bien vu, petit, l'interrompit Tony. Merci de m'avoir appelé. Je m'occupe du cas Flash, Pete et toi n'aurez bientôt plus à vous en soucier.

Ned poussa quelque chose qui ressemblait à une exclamation étranglée. Tony jugea qu'il était temps de raccrocher.

Il passa ensuite dix minutes à observer son plafond en réfléchissant intensément. Il devait agir sans risquer d'aggraver la situation de Peter au lycée ni se heurter des poursuites judiciaires très sérieuses — et ce dernier point était probablement le plus épineux.

Il prit finalement une décision. Rajustant le nœud de sa cravate, il s'observa brièvement dans le reflet de son téléphone portable. Il portait toujours son costume noir, ce qui accentuait l'expression ombrageuse de ses traits. Il abaissa ses lunettes de soleil sur son nez, puis descendit jusqu'au parking de la Tour. Là, il jeta son dévolu sur une voiture discrète, qui ne permettrait pas au voisinage des Thompson de l'identifier.

Il était temps d'avoir une conversation avec la famille du garçon qui harcelait son fils.

Les Thomson vivaient dans une charmante résidence aux fenêtres fleuries. Après trente secondes à s'acharner sur la sonnette d'entrée, un homme consentit à lui ouvrir. Il avait un air mi-ennuyé, mi-pincé, et n'accorda qu'un regard très bref aux chaussures de Tony.

— Si c'est encore pour me vendre votre assurance, je vous ai dit mille fois que je n'étais pas intéress…

— Vous êtes le père d'Eugene Thompson ? l'interrompit Tony.

M. Thompson releva lentement les yeux, s'attardant sur la cravate frappée du logo de Stark Industries de Tony, puis sur les verres fumés de ses lunettes. Ses sourcils se froncèrent, comme s'il cherchait à aligner deux pièces de puzzle incohérentes.

— Je peux savoir qui vous êtes, ce que vous voulez à mon fils et pourquoi vous portez ces lunettes de gonzesse en plein milieu de la soirée ?

— Je suis Tony Stark. Le père de Peter Parker, répondit froidement Tony.

M. Thompson parut sur le point d'éclater de rire mais se ravisa face à l'air sérieux de son interlocuteur. Un mince rictus se dessina toutefois sur le bas de son visage.

— C'est une plaisanterie, c'est ça ?

— Je ne sais pas. Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ?

Le sourire de M. Thompson se figea.

— Ecoutez, Stark, ou qui que vous prétendez être : si vous êtes vraiment relié à ce Parker, alors vous devez savoir que cet enfant est complètement sauvage et instable, et qu'il a complètement ruiné le visage de mon fils. Il ne s'en sortira pas sans conséquences, mes avocats sont déjà prévenus…

— Votre fils qui harcèle le mien ? Qui, depuis plusieurs semaines maintenant, essaie de le faire passer pour un mythomane auprès de ses camarades en disant qu'il ment, lorsqu'il dit qu'il me connaît (ce qui, soi-dit en passant, est tout à fait vrai) ? Qui touche à ses affaires et qui le frappe quand leurs professeurs ont le dos tourné ?

M. Thompson semblait désormais avoir avalé une grande rasade d'acide. Son visage était si crispé que c'était un miracle que ses dents n'éclatent pas sous la pression de sa mâchoire.

— Vous êtes réellement Tony Stark ? demanda-t-il finalement.

Ce fut au tour de Tony de manquer d'éclater de rire.

— Je ne sais pas, pourquoi ne pas demander à votre fils, puisque selon lui, je ne suis qu'un imposteur et mon fils, un menteur ?

M. Thompson devait avoir rapetissé de plusieurs millimètres depuis le début de la conversation, mais son cou parut s'allonger lorsqu'il se tourna à demi vers l'intérieur de la maison.

— Eugene, viens ici immédiatement !

L'adolescent mit plusieurs minutes à arriver. Tony aurait presque éprouvé de la sympathie pour son visage marbré d'hématomes, si seulement ce foutu gamin n'avait pas commis l'erreur de s'en prendre à Peter.

Lorsque leurs yeux se croisèrent, le teint de l'enfant prit la même couleur que le petit plâtre fixé à l'os de son nez.

— Wo… woah, vous êtes… Iron Man ? P'pa, pourquoi est-ce qu'il y a Iron Man sur notre paillasson ?

— Bonjour, Eugene. Je vois qu'il est inutile de faire les présentations, dit Tony.

— Eugene, est-ce que tu as vraiment été assez idiot pour harceler le fils de Tony Stark ? demanda M. Thompson à l'adolescent qui écarquilla de grands yeux stupéfaits.

— Hein ? Bien sûr que non, je ne savais même pas que Tony Stark avait un fils !

— Ah. Peter Parker, ça ne te dit donc rien ?

— Que… quoi ?

Tony s'en voulut presque de savourer l'expression d'abord interloquée, puis choquée, qui se dessina progressivement sur le visage de Flash à mesure que ses mots se frayaient un passage jusqu'à son cerveau.

— Mais… Mais c'est faux, balbutia-t-il finalement alors que son teint se paraît de nuances d'écarlate. Parker ne vous connaît pas !

— Peter est mon fils.

Flash semblait désormais horrifié.

— C'est impossible, il… il est orphelin ! Et il s'appelle Parker, pas Stark !

— Nous n'avons pas le même nom, mais ça ne veut plus dire grand-chose, de nos jours. Ceci dit, il faudra effectivement qu'un jour, je me penche sur cette question. Peut-on qu'on devrait faire une sorte de mélange entre son nom et le mien ? Park ? Starker ? Ew, ouais, nan, peut-être pas.

Flash n'était plus rouge, mais plutôt verdâtre. Ou violâtre, si l'on prenait en considération les bleus qui maculaient son visage ; il se retenait visiblement de vomir sur les chaussures de Tony, ce dont celui-ci, dans sa magnanimité, lui était reconnaissant.

— Selon Ned Leeds, cela fait plusieurs semaines que tu harcèles Peter car selon toi, il aurait menti en affirmation être mon stagiaire et me connaître. Sur le premier point, je t'accorde que Pete ne travaille pas pour Stark Industries, quoi que ses contributions pourraient nous être très utiles, mais sur le second, tu as évidemment tort. Et de surcroît, même si mon fils affublait (ce qui n'est toujours pas le cas), cela mériterait-il vraiment que tu écrives des threads à son sujet sur Twitter ou que tu le pousses quand vos professeurs ont le dos tourné ?

Flash ressemblait à un faon pris entre les phares d'une voiture. Il se tourna vers son père en quête de protection, mais l'homme lui rendit un regard furibond.

— C'est vrai, Eugene ? Tu t'en es pris à ce garçon ?

— Il… je croyais qu'il mentait ! Enfin, on parle de Peter Parker ! Si j'avais su…

— Si tu avais su qu'il était lié à moi, tu ne t'en serais pas pris à lui, compléta Tony d'une voix glaciale. Tu aurais plutôt jeté ton dévolu sur un autre adolescent que tu aurais identifié comme étant sans protection, et sans adulte susceptible de le croire. Tu penses que ça aurait été mieux ?

— Je… je…

Les mots se transformaient en couinements dans sa gorge. Tony décida qu'il était temps d'abréger leurs souffrances à tous ; d'une voix forte, il poursuivit, s'adressant tout autant à M. Thompson qu'à son fils :

— Voilà ce qu'il va se passer : puisque Peter a effectivement frappé Eugene, je paierai toutes les factures correspondant aux soins qui lui ont été prodigués. Si de nouveaux actes de chirurgie s'avéraient nécessaire, je m'en porterai garant. Vous n'aurez qu'à m'envoyer les factures. Je ne débourserai toutefois aucun centime supplémentaire, et vos avocats abandonneront immédiatement toute poursuite qu'ils pourraient être tentés de diligenter à l'encontre de Peter.

M. Thompson hésita quelques secondes, mais finit par hocher la tête :

— Si c'est ce que vous souhaitez…

— Je n'ai pas fini, le coupa sèchement Tony. A partir d'aujourd'hui et jusqu'à la fin de leurs scolarités respectives, votre fils ne s'approchera plus du mien. Il ne lui parlera plus, ne le touchera plus, ne fera plus aucune référence à lui auprès de leurs camarades. Il effacera tout ce qu'il a pu publier sur le net à son propos. Cela vaut également pour Ned Leeds. Et si jamais j'apprenais, par l'intermédiaire de Peter ou de n'importe qui d'autre, qu'il s'en serait pris à un autre enfant, n'importe lequel... disons que nous aurons une nouvelle conversation et qu'elle sera beaucoup moins cordiale que celle-ci.

Flash hocha lentement la tête, les larmes aux yeux. Face au remord qu'il devinait derrière son regard embué, Tony se radoucit légèrement :

— Il n'est jamais trop tard pour devenir un jeune homme respectable, crois-en mon expérience. N'oublie jamais l'adage "ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que l'on te fasse" et tu verras, la vie prendra une toute nouvelle saveur.

L'adolescent acquiesça de nouveau.

— Une dernière chose. Peter est mon fils, mais comme vous vous en doutez, cette information n'est pas connue du public et je tiens à ce qu'elle demeure confidentielle. Si j'apprenais que dans les prochains jours, quelqu'un a vendu la mèche, vous serez les premiers inscrits sur la liste des suspects. Vous n'aurez rien fait d'illégal, bien sûr, mais croyez-moi, vous n'avez vraiment pas envie de m'avoir pour ennemi. C'est bien compris ?

Flash et son père acquiescèrent d'un même mouvement. Le premier paraissait sur le point de fondre en larmes ; le second était rouge, les traits congestionnés par la colère. Difficile de déterminer s'il était furieux contre Tony ou contre son fils. Probablement un mélange des deux.

Tony estima que son intervention chez les Thompson était terminée. Sans autre forme de procès, il tourna les talons et regagna sa voiture. Il sentit les regards de Flash et de son père peser un long moment contre sa nuque mais les ignora royalement. Il avait désormais d'autres sujets de préoccupation et le premier se trouvait à la Tour Stark, enfermé dans sa chambre et probablement recroquevillé au fond de son lit.

Finalement, ce ne fut pas dans son lit mais sur le plafond que Tony retrouva son fils. L'adolescent était lové sur lui-même, les manches rabattues sur ses mains, profondément endormi. Il marmonnait de son sommeil, ce qui faisait frémit le bout de son nez.

Attendri, Tony se hissa sur la pointe des pieds pour le secouer doucement.

— Hey…

Peter ouvrit lentement les yeux. Son regard était flou. Tony devina que la fatigue — et l'importante dose de paracétamol qu'il lui avait donnée — avaient fait leur œuvre, plongeant son enfant dans un état second.

— Viens, Spider-Baby. Je pense que ton matelas sera bien plus confortable que ce plafond qui aurait d'ailleurs bien besoin d'un coup de peinture.

Obéissant à la pression exercée contre ses épaules, Peter quitta son refuge, atterrissant dans les bras de Tony qui étouffa une exclamation de surprise.

— Woah, doucement ! N'oublie pas que je me fais vieux, il ne faudrait pas que je me fasse un tour de reins, dit-il avec un léger rire en calant son fils dans ses bras.

L'adolescent baragouina une vague protestation et nicha sa tête contre son épaule, les bras fermement entourés autour son cou.

Tony ferma brièvement les yeux. Il savait qu'il devait graver cet instant dans son esprit : la chaleur de son fils contre lui, le parfum sucré de son shampoing, la mélodie de sa respiration près de son oreille et celle, presque imperceptible, de son cœur…

Presque à contrecœur, il l'emmena jusqu'à son lit et l'y déposa délicatement. Peter se blottit aussitôt contre son oreiller, esquissant un sourire ensommeillé qui fit chavirer le cœur de Tony.

Il ramena sa couette jusqu'à son menton et le borda, puis s'assit près de lui, ébouriffant gentiment ses cheveux du plat de la main.

— J'ai parlé à Eugene Thompson. Il ne devrait plus vous poser de problème, ni à toi, ni à Fred, dit Tony à voix basse. Je me suis chargé d'avoir une petite conversation avec lui, et il m'a semblé plutôt réceptif à mes arguments.

Les yeux de Peter s'ouvrirent à demi.

— Mmhhh… ?

— Plus personne ne s'en prendra à toi, ajouta Tony en déposant un baiser furtif contre son front. Je suis là, maintenant. Alors la prochaine fois que quelqu'un te harcèlera, tu me promets que tu m'en parleras, au lieu de vouloir régler les choses par toi-même ?

— Mmmhh…

Tony rit doucement :

— Okay on en reparlera quand tu seras un peu plus réveillé. Dors bien, muy bambino. Tu verras, les choses iront mieux demain.

Peter murmura quelque chose. Tony se pencha vers lui, intrigué.

— Qu'est-ce que tu dis ?

— M'ci… p'pa… souffla Peter dans les replis de son oreiller.

Tony se figea. Il avait l'impression que son cœur s'était transformé en tambour, ses battements l'assourdissaient tandis qu'une chaleur étrange, réconfortante, envahissait peu à peu sa cage thoracique.

— Je t'en prie, répondit-il sur le même ton, effleurant le visage de son fils du bout des doigts. Je ferai tout pour toi, Peter.