Note de début de chapitre : La suite des aventures de Dabi et Crevette dans un chapitre aussi long que le précédent ! Et avec ça on approche de la moitié de l'histoire, j'espère que ça continuera à vous plaire ! Sur ce, on est partie pour un peu de tendresse dans ce monde de brute ^^ Bonne lecture à vous
"I can't live a normal life, I was raised by the street,
So I gotta be down with the hood team ;
Too much television watching, got me chasing dream.
I'm a loc'd out gangsta, set trippin' banger,
And my homies is down, so don't arouse my anger, fool."
La semaine suivante fut particulièrement éprouvante, plus pour Crevette que pour Dabi, car si encore ce dernier était de temps en temps téléporté jusqu'au labo du docteur, le petit lui avait interdiction de sortir et de faire trop de bruit, ce qui jouait forcément sur son humeur. Ses seules distractions, c'était quand Tomura appelait, ou que le pyromane voulait bien jouer avec lui aux légos pour le distraire. Le parc et l'air frais lui manquait, et il espérait que ça serait bientôt fini, d'autant plus que leur vie était désormais extrêmement bien réglée.
Connaissant les habitudes des autres occupants, le vilain savait exactement quand faire quoi pour que personne ne se rende compte de leur présence, comme pour faire tourner la machine à laver, encore que ça il ne l'avait fait qu'une seule fois, ou l'heure du bain. L'autre nouveauté d'ailleurs à ce niveau-là c'était qu'ils se lavaient désormais ensemble et c'était la première fois que le plus jeune avait pu voir l'étendu des brûlures sur le corps de l'adulte.
-Dabi ? l'avait-il appelé une fois pendant la douche.
-Oui Crevette ?
-Ça fait mal ? demanda-t-il en posant sa petite main sur la peau violacée de sa jambe.
-Non Crevette.
-On t'a fait mal ?
-Non, je me suis fait ça moi-même.
Le petit avait alors levé un regard plus qu'étonné vers lui, ne comprenant pas du tout pourquoi il s'était blessé tout seul. L'homme aux cicatrices avait alors fini leur douche rapidement avant de les sécher et de s'agenouiller à sa hauteur, faisant danser une petite flamme bleue devant lui.
-Mon alter me brûle parfois, et j'ai juste eu un accident.
Visiblement horrifié, même s'il ne comprenait pas tout, le petit s'était jeté sur lui pour éteindre la flamme, que Dabi avait en réalité très vite éteinte en le voyant faire.
-Je veux pas ! avait-il les larmes aux yeux.
-Crevette ?
-Je veux pas que tu aies mal !
Et le pyromane s'était retrouvé avec un petit morpion accroché à lui, un peu sonné par la déclaration et la marque d'affection plus qu'équivoque qu'il venait de lui montrer. Il n'avait put s'empêcher au final de lui rendre son câlin, une larme de sang coulant le long de sa joue sans qu'il ne le veuille.
-Tout va bien Crevette, je n'ai plus mal, le rassura-t-il.
Depuis cet épisode, l'enfant avait redoublé de marque d'affection envers lui, lui proposant même d'utiliser la crème qu'il lui mettait autour des yeux. Il lui avait fallu du temps pour lui expliquer que ce n'était pas nécessaire et le rassurer comme quoi il n'avait pas mal et que tout allait bien pour lui. Mais il sentait qu'un cap avait été franchi entre eux, et il n'était pas sûr pour le moment de savoir si c'était en bien ou en mal.
Quoiqu'il en soit, le jour J arriva enfin, et presque sur un coup de tête, le vilain décida d'emmener le petit avec lui au labo. Il était parti pour la journée, ou presque, et comme il n'était pas sûr de savoir s'ils étaient toujours sous surveillance, il préféra pousser Ujiko à le téléporter aussi avec quelques affaires : un bento pour le déjeuner et des coloriages pour s'occuper. Juste, ça n'avait pas manqué : le plus jeune avait encore dégueuler juste après le voyage. Cela il ne pouvait qu'être d'accord avec lui, cette substance noiratre puait et avait un goût horrible !
En réalité les coloriages n'avaient pas énormément servi, le plus jeune ayant surtout passé son temps à regarder l'écran géant qui permettait au scientifique de suivre le combat de son petit Hood. Crevette ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, mais ça lui rappelait les jeux vidéos et il aimait bien ça. Il n'avait pas le droit de toucher à quoique ce soit, alors il resta bien sagement où il était, partiellement fasciné par ce qu'il voyait serrant Doudou contre lui et tétine en bouche pour se rassurer.
Il n'osait pas trop s'approcher du docteur, ce dernier lui faisait un peu peur, et la blouse blanche lui rappelait de mauvais souvenirs, il n'aimait pas beaucoup les personnes en blouse blanche. A chaque fois qu'il avait vu la personne avec la bouse blanche avant, c'est qu'il allait avoir mal, ou qu'elle allait lui faire faire des choses qu'il n'aimait pas faire. Donc au cas où, il restait à bonne distance du vieux monsieur avec la moustache et les lunettes.
Ce dernier avait pester à propos de sa présence que Dabi lui imposait, parce que quelle idée d'emmener un gosse dans cette histoire ! Mais le vilain lui avait assuré que le petit ne ferait rien, et en effet pour le moment, le bambin se contentait de fixer bêtement l'écran sans rien comprendre à ce qu'il se passait. A peine rassuré, il fut néanmoins bientôt entièrement concentré à suivre le combat de son High-End et ses degrés de performance analysés sur son écran. Il était également en constante liaison avec l'homme scarifié, qui était aux premières loges pour assister à la confrontation, et qui lui donnait des détails que les caméras ou que les capteurs ne parvenaient à percevoir.
Soudain, sur l'onglet des informations, Crevette pu voir Dabi apparaître et, les yeux ronds de surprise, regarda le vilain enflammer une rue. Mais comment c'était possible qu'il soit dans la télé ? La chose noire qui les avaient transporté ici, comme la première fois, avait fait de nouveau disparaître l'adulte. Est-ce que du coup ça permettait de rentrer dans l'écran ? C'était un pouvoir que les adultes appellaient Alter ? Mais soudain, une sorte de lapin géant sur deux jambes tenta de sauter sur l'homme aux cicatrices.
-Nan ! ne s'empêcher de crier le petit.
Ujiko sursauta de son côté et darda son regard sur l'enfant qui s'était soudainement rapproché et regardait les informations, visiblement inquiet et un peu apeuré.
-Qu'est-ce qu'il y a ? le questionna-t-il un peu curieux.
-Je veux pas que le lapin tape Dabi ! expliqua l'enfant.
Le lapin ? Est-ce qu'il parlait de l'héroïne Miruko ?
-Il faut le ramener dehors la télé ! continua le plus jeune inquiet en voyant que le lapin attaquait à nouveau l'homme.
Le ramener dehors la télé ? Alors là, le vieil homme ne comprenait plus rien, est-ce que ce gamin était seulement normal ? Ce fut la voix de Dabi qui le sortit de sa réflexion, et il le ramena immédiatement au laboratoire. A peine la substance noirâtre commença-t-elle à l'englober que le petit chercha immédiatment autour de lui. Dès qu'il repéra l'endroit où le manipulateur de feu allait apparaître, il courut dans cette direction et se jeta, les larmes aux yeux sur les jambes du vilain, qui le souleva dans un réflexe.
Le sourire du pyromane était extatique et il laissa échapper un rire dément et satisfait, tandis qu'il soulevait l'enfant au-dessus de lui à bout de bras. Ce dernier tendait les mains vers lui, les yeux légèrement humides, et le plus grand ramena son visage contre le sien, continuant à sourire de toutes ses dents.
-Pourquoi tu pleures Crevette ? lui demanda-t-il. Ce jour est à marquer d'une pierre blanche, l'un des plus beaux de ma vie à n'en pas douter !
-Oh oh ? intervint Garaki. Et quels sont les autres ?
Pour toute réponse, Dabi ne lui offrit qu'un sourire encore plus large et ramena finalement l'enfant contre son torse, permettant à ce dernier de passer ses bras autour de son cou.
-Le lapin est méchant, lâcha alors le petit. Il a voulu te taper !
-Miruko ? Aucun risque Crevette, je vais très bien, elle m'a rien fait.
Le plus jeune ne fit que gémir, restant collé à lui, sa tête dans sa nuque. Il vint alors attraper l'arrière de son petit crâne, dégageant sommairement quelques cheveux, avant de venir planter un baiser bruyant dans son cou. Il était particulièrement heureux de cette journée, même si le test grandeur nature restait mitigé du fait qu'il n'avait pu ramener le Nomu. Mais le reste restait plus qu'appréciable, et il avait envie de fêter ça.
-Oy, ça te dit de manger du lapin ce soir Crevette ?
Le petit hocha la tête, la sortant enfin du cocon de chaleur où elle était niché jusqu'à présent.
-Je suis content que tu sois plus dans la télé, dit-il alors.
-Que je sois plus dans la télé ? Qu'est-ce que tu racontes Crevette ? l'interrogea-t-il en rigolant.
-Je t'ai vu dans la télé, tu étais dedans.
-Je crois qu'il parle de ça, intervint le docteur.
Fronçant les sourcils, le pyromane releva les yeux sur l'écran d'Ujiko, apercevant plusieurs onglets ouverts, dont celui des informations qui relataient de l'attaque du Nomu. Il haussa alors un sourcil avant qu'il ne fasse un replay de son apparition après la défaite du monstre. La lumière se fit alors dans son esprit, et il éclata de rire pendant une bonne minute, à la limite de tomber à la renverse, avant de claquer un nouveau baiser sur la tempe du plus jeune.
-T'es vraiment trop adorable Crevette, dit-il encore un rire dans la voix. La télé ça permet juste de voir ailleurs. On peut voir le Monde à travers la télé, lui expliqua-t-il en voyant son petit visage se froncer.
Soudain, les yeux de l'enfant s'arrondirent de surprise et il tourna la tête vers l'écran où les informations étaient toujours en pleine diffusion. Puis ses yeux désormais pétillants de curiosité revinrent sur le vilain.
-On peut voir le Monde ?
-Oui Crevette.
-C'est trop bien !
A nouveau, Dabi éclata d'un rire, plus léger cette fois, devant l'émerveillement du petit. Okay, peut-être qu'il n'aurait pas dû le priver tant que ça de la télé ! Mais sa réaction était vraiment trop adorable à ses yeux, est-ce que tous les enfants étaient aussi adorables et naïfs ? Il n'avait pas souvenir d'en avoir croisé auparavant, encore que ce n'était pas comme s'il en avait vraiment côtoyé, et sa propre enfance n'était pas vraiment un modèle. En conclusion : ça devait juste être Crevette.
-Bien, si tu as finis de t'amuser, tu pourrais peut-être m'expliquer pourquoi tu as perdu mon petit Hood ? lança soudainement le docteur.
-Allons Ujiko, comment diable aurais-je pu me battre tout seul contre le top dix des supers héros ? répondit le manipulateur de flammes, un sourire sardonique aux lèvres.
-Sans All for One, la production des Nomu est beaucoup plus compliquée je vous l'ai déjà dit. Tu devrais au moins mettre ta vie en jeu pour les ramener !
-Désolé Doc', mais c'est définitivement quelque chose que je ne peux pas faire.
-Hmph ! Des fois je me demande si tu es un allié ou une épine dans le pied Dabi.
-Allons Ujiko, vous me brisez le cœur là.
-Parce que tu en as encore ?
-Vous touchez un point sensible je le crains.
Son sourire s'accentua alors qu'il dardait un regard pétillant sur le vieil homme. Ce dernier soupira, de toute façon le pyromane était un électron libre, le mieux était de l'utiliser autant qu'il les utilisait. Il avait bien une idée de son but ultime, mais préférait ne rien dire, aller savoir comment le vilain réagirait s'il lui expliquait qu'il savait ce qu'il préparait : Dabi ne pouvait être contrôlé et il fallait faire avec. Il les renvoya alors où l'homme scarifié lui demanda et soupira, retournant à son écran.
C'est alors que quelque chose attira son oeil : là sur son bureau, quelques cheveux de couleur bleu pâle. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale lorsqu'il compris que ça devait être ceux du gamin et c'est donc avec fébrilité qu'il les attrapa pour les mettre dans un sachet. C'était moins bien que du sang assurément, mais c'était quelque chose. Le gosse était une énigme à ses yeux, et il connaissait mieux que quiconque les lacunes sociales de Tomura, il était impossible à ses yeux qu'il ait eu une quelconque relation, aussi purement sexuelle soit-elle, pour avoir un enfant, qui plus est un enfant qui lui ressemble en tout point. Ces cheveux allaient peut-être pouvoir lui donner un début de réponse…
De leur côté, Dabi et Crevette réapparurent dans une petite ruelle, plutôt que dans l'appartement. C'était peut-être, certainement même, un risque que de rentrer ensuite à au studio à pied, au risque d'être vu, mais à l'heure actuelle il était beaucoup trop joyeux pour s'en soucier. C'est pourquoi, après avoir enfilé un masque chirurgical sur le visage et rabattu sa capuche sur sa tête, il entraîna le petit à traverser des ruelles et des rues peu fréquentées. Rapidement néanmoins, il reçu un sms sur son téléphone et sourit en voyant les messages d'un Hawks mécontent d'avoir été pris par surprise, car il est vrai que pour le héros le plan devait se dérouler demain, et il souhait lui dire en face ce qu'il pensait de ses agissements. Le vilain lui accorda alors un rendez-vous le soir même, à l'usine sur la côte, là où aurait dû se dérouler la supposée attaque du lendemain.
-Dis moi Crevette, ça te dit d'aller à la plage ?
-C'est quoi ?
-C'est un endroit avec plein de sable et la mer.
-C'est quoi la mer ?
-C'est une très grande étendue d'eau.
-D'accord ! s'enthousiasma le plus jeune.
Il aimait bien le sable, parce qu'il pouvait utiliser tous ses doigts sans risquer de détruire quoique ce soit. C'est donc le sourire aux lèvres qu'il suivit l'adulte qui l'entraîna en direction de la côte et d'une plage qui n'était pas fréquentée en cette période de l'année. Sur le chemin, il lui acheta un goûter et lui fit découvrir les gaufres avec de la confiture, pour le plus grand bonheur du bambin.
Arrivés à la plage, les yeux de Crevettes s'illuminèrent devant cette grande étendue de sable et d'eau qui s'étendait devant lui, et semblait infinie. Est-ce qu'il y avait quoique ce soit après ? Parce qu'il ne voyait rien au-delà, donc c'était peu probable, mais cela dit, il y avait une personne qui saurait certainement répondre à cette question !
-Dabi ?
-Oui ?
-Y'a kékeuchose après la mer ?
-Oui, il y a d'autres continents après.
-Des continents ?
-C'est des morceaux de terre très grands sur lesquels les gens vivent.
-On est sur un continent alors ?
-C'est ça Crevette.
Enfin pas tout à fait, mais la subtilité n'était peut-être pas pour tout de suite. Quoiqu'il en soit, le petit semblait plus qu'heureux et il le laissa observer encore un instant ce qu'il avait sous les yeux, avant de l'entraîner gentiment sur le sable. Là, il lui enleva ses chaussures, ses chaussettes et le laissa vagabonder pieds nus sur la plage. Il n'avait pas mit de capuche et ses cheveux flottaient dans le vent tandis qu'il courait et découvrait de nouvelle sensations en riant. N'importe qui qui passeraient par là aurait très certainement put le reconnaître comme le fils du chef de la League. Pour autant, à aucun moment Dabi ne fit en sorte de le cacher, en fait, en le voyant rire et sourire, il avait plutôt l'étrange sensation de vouloir hurler à la face du monde qu'il existait, que Crevette était réel, que c'était la chose la plus adorable au monde, que c'était eux, la League of Villains qui pouvait en profiter et que c'était l'être le plus précieux qu'ils avaient décider de protéger, que s'ils devaient mettre leurs vies en jeu, ça serait pour lui.
Mais il n'en fit rien, conscient que l'adrénaline qui avait parcouru ses veines, et l'excitation qui brûlait encore dans son sang contribuaient à exacerber ses sentiments, même si pour le coup il ne comprenait pas très bien ces derniers. A la place, il enleva ses propres chaussures et chaussettes avant de rejoindre le gamin pour remonter les bas de leurs pantalons. Puis gentiment, il l'entraîna vers la mer, l'invitant à venir mettre les pieds dans l'eau, et laisser les vagues venir leur chatouiller les chevilles. Le rire clair et cristallin du petit résonna dans l'air, faisant vibrer son cœur plus que de raison. Comme pour le parc, il sortit son téléphone et pris quelques photos et vidéos qu'il envoya à Tomura. Moins d'une heure plus tard, son téléphone sonna.
-Oy Boss ! répondit le pyromane
-La plage ? résonna la voix de Shigaraki dans le combiné.
-Il adore courir et jouer dans le sable, le taquina le manipulateur de flammes.
-Ce gosse est pas normal pour aimer autant la kryptonite !
-Aucun d'entre nous ne l'est Boss.
-Je déteste quand tu as raison.
-Pas moi. Crevette ! appela finalement Dabi sans lui laisser le temps de répliquer. Viens dire bonjour à ton Papa !
Le petit courut jusqu'à lui sans se faire prier et tendit immédiatement les mains pour attraper le mobile, que l'adulte lui donna.
-Tu ne le fais pas tomber dans l'eau, le prévint-il.
-Oui ! Papa ?
-Salut Crevette, tu t'amuses bien à la plage alors ?
-Oui, les vagues ça fait des guilis !
-Et tu aimes ça ?
-Oui, c'est marrant. Et on a mangé une gaufe à la frise aussi !
-Une gaufre à la fraise.
-Gaufe à la raise !
-C'est pas encore ça la prononciation.
-Non, mais il fait des progrès, au moins on arrive à le comprendre.
Un rire leur parvint de l'autre côté du téléphone.
-Papa ? Toi aussi tu t'amuzes ?
-Au moins autant que toi Crevette.
-Quand tu reviens, tu zoueras avec moi ?
-Autant de temps que tu voudras Crevette.
-Et avec Dabi aussi ?
-S'il le veut oui.
-Compte pas sur moi pour poser un seul doigt sur vos stupides manettes.
-Tu dis ça parce que tu n'as jamais essayé.
-Oui, tu dis ça passeque t'as yamais essayé !
-Commence pas à répéter ce que dis ton père toi…
A l'autre bout du fil Tomura éclata de rire, et le pyromane ne put s'empêcher de rire aussi de son côté devant la mine sérieuse du petit. Finalement, sortant les pieds de l'eau, ils vinrent s'asseoir sur la plage et discutèrent pendant presque 3h, durant lesquelles Crevette lui donna ses dernières nouvelles, et ce qu'il avait découvert, comme la télé qui en fait montrait le monde et qu'il n'aimait pas les lapins parce qu'ils voulaient taper Dabi. Ce dernier de son côté en profita pour lui donner quelques infos sur ce qu'il se passait dans la société, comme l'attaque sur Kyushu avec le Nomu, ou encore le classement national des héros et les mouvements connus de ces derniers à leur encontre.
Pour le moment, tout allait bien, et Shigaraki en était satisfait, du moins hormis la surveillance dont le pyromane et l'enfant faisait preuve. Mais l'utilisateur de feu avait pris moults précautions, et le moment de vérité serait ce soir lorsqu'ils rentreraient.
-Je vais devoir y aller Crevette, annonça finalement Tomura.
-D'accord, répondit le petit un peu triste.
-Je te rappelle bientôt. Tu continues à écouter ce que te dit Dabi, okay ?
-Oui.
-Fais ployer ce monstre Boss.
-Sans problème.
Et c'est sur ces entrefaits que Shigaraki raccrocha, les laissant sur la plage, le petit se serrant contre le pyromane qui passa une main dans ses cheveux.
-Allez, debout Crevette, c'est l'heure de manger et après j'ai un rendez-vous, lui lança l'adulte.
Hochant la tête, l'enfant le suivit jusqu'au bord de la plage où il se laissa faire tandis que le plus âgé lui retirait le sable des pieds avant de lui remettre chaussettes et chaussures. Puis il fit de même pour lui, avant de l'entraîner vers une petite rue commerçante où il entra dans un konbini pour acheter des yakitoris de lapin avec du riz, une bière et une bouteille de jus de fruits. Ils s'installèrent alors sur un quai abandonné, proche de l'usine désaffectée où il avait donné rendez-vous à Hawks.
Le fond de l'air se rafraichissait de plus en plus, et un repas chaud fit du bien au petit. L'adulte le garda néanmoins contre lui, afin d'être certain qu'il n'ait pas trop froid, le regardant jouer sur son téléphone pendant qu'il attendait son rendez-vous. Les jeux mobiles étaient la seule concession qu'il avait faite sur son appareil pour occuper le plus jeune lorsqu'il devait, ou voulait l'emmener, mais du reste, le pyromane ne touchait à aucun jeu.
Enfin, lorsque vint l'heure de la rencontre, Dabi se dirigea vers la bâtisse, laissant le plus jeune dans un coin à l'abri du vent avec le téléphone pour seule distraction. Puis il partit attendre le héros à l'intérieur, pas longtemps cela dit, étant donné que ce dernier le rejoignit bientôt, armé d'un cimeterre, lui qui se faisait passé pour sans défense il n'y a même pas quelques heures ! Au final, la discussion fut vite expédiée, c'était le vilain qui menait la danse, et Hawks ne pouvait pas y faire grand chose, aussi lorsqu'il s'en alla pour le laisser seul, il soupira de frustration avant de prendre à son tour la direction de la sortie.
Cependant, l'homme aux ailes rouges s'arrêta lorsqu'il remarqua le pyromane, une petite silhouette accrochée aux bras, et sur le moment, il ne put s'empêcher de voir rouge. Serrant les poings pour ne pas se laisser emporter et foncer droit sur l'homme, il ne put se retenir de l'alpaguer néanmoins.
-Dabi !
Nonchalamment, le manipulateur de feu se retourna à moitié vers lui, haussant un sourcil.
-Est-ce qu'il était avec toi ? demanda abruptement le héros.
-Hm ?
-Ne te fais pas passer pour plus idiot que tu ne l'es, tu sais très bien de quoi je veux parler. Le petit…Crevette, est-ce qu'il était avec toi tout ce temps ?
-Il n'a rien raté du spectacle.
-Tu…!
-Tu crois vraiment que je laisserais jamais l'occasion à quiconque de réussir à poser ne serait-ce qu'un doigt sur lui sans permission ?
-...
Non. Pour le peu qu'il avait put en voir, il pouvait affirmer que non, personne ne mettrait la main sur le petit sans devoir passer par les flammes de l'enfer. Et quand bien même un jour, quelqu'un réussirait, il ne donnait pas cher de la peau du pauvre pécheur, parce que si le reste de la League était un tant soit peu aussi prévenante vis à vis l'enfant que l'était Dabi… Alors ce serait l'Enfer sur Terre, genre littéralement, et il ne voulait pas voir la League of Villains se déchaîner pour récupérer, ou pire, venger le plus jeune.
A peine satisfait de la réponse, il laissa néanmoins le vilain repartir, l'observant quelques secondes de plus, alors que les deux disparaissaient dans l'ombre d'un immeuble. Puis il repartit à son tour, à pied étant donné qu'il n'avait plus assez de plumes pour voler. Sa mission s'avérait beaucoup plus difficile que prévue, et il pesta intérieurement pour la forme.
De retour sur les quais désaffectés, le pyromane entraîna le petit pour commencer à rentrer au studio. Soudain, une réalisation lui traversa l'esprit et il se stoppa un instant sous le coup de l'illumination.
-Aah ! Ouais ! Snatch ! C'est ce type !
Une larme de sang commença alors à couler de son œil gauche et l'enfant leva un regard inquiet vers lui.
-Dabi ?
S'agenouillant à sa hauteur, le vilain essuya le sang de son visage, souriant doucement au plus jeune.
-C'est rien Crevette, le rassura-t-il. C'est juste que je pensais tellement à un truc que ça m'a rendu fou.
Il laissa alors échapper un rire, tandis que le plus jeune se rapprocha pour l'aider à essuyer les dernières traces de sang. L'homme aux cicatrices attrapa alors la petite main pour venir y déposer un léger baiser. Il réalisa alors une deuxième chose cette nuit là : il n'apparaissait nul part dans la vie du petit, du moins pas concrètement, il n'y avait aucune trace de lui ailleurs que dans ses souvenirs. Il l'avait filmé, photographié, pris en photo avec Tomura, d'autres membres de la League avait prit des photos avec lui…mais pas Dabi. Cette constatation le frappa, parce que lorsqu'il ne serait plus là, lorsque sa vengeance serait atteinte et qu'il tomberait enfin en cendres, le plus jeune n'aurait aucun moyen concret de se rappeler de lui dans le futur. Il n'était pas dupe, de la même manière qu'il se souvenait mal de son enfance, l'enfant aussi oublierait petit à petit.
-Oy Crevette, ça te dit de faire une photo avec moi ?
La question était sortie avant même qu'il ne songe à la garder pour lui, et très vite son petit interlocuteur hocha la tête, un sourire aux lèvres. Alors il le ramena contre lui, le prenant dans ses bras et serrant son dos contre son torse, tandis qu'il sortait son téléphone pour prendre la photo. Il fit reposer son menton sur l'épaule du petit, sans y mettre trop de poids, tandis que ce dernier serrait Doudou contre son torse et souriait de toutes ses dents. Son sourire fut suffisamment communicatif pour que le pyromane se mette à sourire avec lui et prenne la photo, la mer et les lumières de la ville derrière eux. Il ne le réalisa pas de suite, mais sur la photo, son regard paraissait presque plus serein, plus humain…
Il prit cependant le temps de venir déposer un baiser sur le front du petit, avant de venir coller le sien contre sa tempe. Son pouce vint gentiment caresser le ventre du plus jeune, sans même qu'il ne s'en aperçoive.
-Merci Crevette, lâcha-t-il dans un souffle.
L'enfant le regarda sans trop comprendre pourquoi il le remerciait, mais il lui fit quand même son plus beau sourire.
-Tu vas l'envoyer à Papa ? demanda-t-il alors.
-Non, répondit Dabi. Cette photo, c'est juste pour toi et moi.
-D'accord.
Un dernier câlin, puis Dabi se releva, les guidant tous deux en direction du studio, prenant le chemin le plus direct possible sans prendre trop de risque. En arrivant à l'appartement, il eut cependant la très désagréable surprise de trouver sa porte défoncer : la serrure avait sautée, une partie du cadre était partie avec et l'intérieur de l'habitation avait été retourné. Simple hasard ou action ciblée ?
Sauf qu'il ne croyait pas du tout au hasard. Pile le jour où il faisait une apparition à Kyuushu la porte du studio où il créchait était forcée et ses affaires fouillées, sans que rien ne soit volé ? Par seulement les siennes d'ailleurs, celle du petit aussi avait été jetée par-terre. Ce dernier dormait paisiblement dans ses bras, et il voulait éviter de le réveiller. Se dirigeant vers le futon, il remit ce dernier en place comme il put, ainsi que les draps et y coucha l'enfant, lui enlevant juste ses chaussures et sa veste en tissu.
Le pyromane prit ensuite le temps de ranger rapidement l'endroit, refaisant correctement le sac de sport dans lequel il avait mis le strict nécessaire, et qui avait été lui aussi vidé sur le sol sans ménagement. Il prépara également un deuxième sac qu'il remplit de la nourriture qu'il leur restait et qu'il pouvait emmener, parce qu'il était hors de question qu'ils restent ici plus que nécessaire, la planque n'était plus fiable. Cependant, il ne rendrait pas les armes aussi facilement et il comptait bien les accueillir comme il se doit !
Une fois sa tâche terminée, il déposa les sacs pas trop loin de la porte d'entrée, et bloqua cette dernière avec une petite commode avant de s'installer dans la chambre, passant divers messages pour le lendemain. Il ne dormit pas de la nuit, veillant sur le plus jeune et guettant un éventuel retour des assaillants maintenant qu'il était de retour. Mais la nuit fut calme et assez tôt le matin il prit le parti de réveiller le petit pour lui expliquer sommairement la situation et pourquoi la porte d'entrée ne fermait plus, histoire qu'il ne panique pas.
Il prit le temps de lui faire un petit déjeuner avec ce qu'il avait gardé pour cuisiner, ne prenant qu'un café serré de son côté. Puis il mit son plan à exécution, installa Crevette dans un coin de la chambre avec Doudou, sa tétine, sa console portable et l'interdiction formelle de bouger de là. Il était temps de vérifier si ses visiteurs étaient venus pour lui, ou pour l'enfant. C'est pourquoi il sortit seul du studio, prétextant qu'il partait faire des courses, faisant en sorte de faire croire que c'était où il allait, avant de subitement disparaître dans des endroits qu'il connaissait par cœur pour revenir observer l'immeuble.
Il avait expliqué au petit que, si quelqu'un rentrait dans l'appartement et que ce n'était pas lui, il devait hurler et utiliser ses mains, toute sa main, pour se défendre. Et il n'eut pas longtemps à attendre, en effet des inconnus du quartier entrèrent bientôt dans l'immeuble, visiblement en rush. Étaient-ils pressés car ils ne pouvaient savoir où il se trouvait exactement ? Cela voudrait dire que le plus jeune était leur cible et qu'il voulait profiter au maximum de son absence pour l'enlever. Comme s'il allait les laisser faire !
Il passa par les caves pour revenir dans l'immeuble et se dirigea immédiatement vers le troisième étage. Il ne courut pas, mais avala néanmoins rapidement les marches pour arriver peu de temps après eux, il voulait être certains que c'était bien ses visiteurs impromptus qui revenaient à la charge. Il en eut très rapidement confirmation lorsqu'à peine arriver au troisième étage, le cri de Crevette se fit entendre, et il se précipita alors sur la porte grande ouverte, ses flammes commençant déjà à se concentrer autour de ses mains.
Un simple coup d'œil à l'intérieur lui permit de repérer deux hommes, un qui tenait le petit par les poignets, et un autre qui guettait la porte. Ce fut ce dernier qui flamba le premier, lorsqu'une gerbe de flammes bleues le heurta de plein fouet, le clouant au mur par la même occasion. L'autre homme se retourna immédiatement et l'horreur décomposa son visage tandis que Dabi avançait dans le studio, abaissant son masque et sa capuche.
-Oy, oy ! Je savais pas que le kidnapping d'enfant était revenu à la mode, lança-t-il. Désolé, mais j'ai pas de fric pour payer la rançon.
-Dabi de la League of Villains, dit l'autre entre ses dents. Toi et ton groupe n'en avez plus pour longtemps !
Tout en lui crachant sa menace au visage, l'homme transforma les doigts de sa main droite en ciseaux, ramenant le plus jeune contre lui, menaçant de le découper incessamment sous peu.
-Recule ou l'enfant y passe !
-Il te fait mal Crevette ? demanda le vilain en ignorant l'homme et en continuant d'avancer.
-...Oui, répondit le gamin la lèvre tremblante.
-T'as entendu ce que j'ai dit ? hurla le type.
-Tu feras pas ça, je suis sûr que ton boss ou quoique ce soit d'autre le veut en vie. Sinon tu l'aurais déjà tué, répondit l'homme aux cicatrices.
Son interlocuteur déglutit, ce qui prouvait qu'il avait raison et qu'il le mettait au pied du mur.
-Je ne sais comment, continua-t-il, vous avez découvert qu'il était le fils de Shigaraki Tomura, encore que tu me diras, la ressemble est plutôt évidente ! Vous avez découvert que je le gardais ici, et vous vous êtes dit que ça serait une bonne idée de l'utiliser pour je ne sais quelle raison. Et tu sais quoi connard ?
Un sourire de psychopathe ourla ses lèvres, tandis que ses yeux commençaient à briller d'une lueur meurtrière.
-C'est la pire idée que vous ayez jamais eut !
Immédiatement, le pyromane s'enflamma, ses flammes bleutées tournoyant autour de lui. La panique gagna immédiatement l'agresseur devant la torche humaine qui lui faisait face.
-Déconne pas ! Recule ou le gamin y passe ! Tu vas pas le cramer non ?
-Dabi ! appela à l'aide Crevette.
Immédiatement, le manipulateur de flammes en fit exploser certaines sous la table basse, envoyant celle-ci valdinguer en direction de son adversaire. Surpris, ce dernier relâcha la prise qu'il maintenait sur le petit et recula d'un pas avant d'instinctivement lever les bras pour se protéger de l'impact. La seconde d'après, lorsque le meuble retomba, il trouva Dabi juste devant lui, une boule de flammes dans la paume de la main, qu'il vint écraser contre sa figure. La douleur le fit hurler, ce qui permit aux flammes de s'immiscer dans ses poumons, le condamnant à une mort certaine.
Lorsqu'il retira sa main, l'homme s'écroula lamentablement au sol, défiguré, le visage, ou ce qu'il en restait, noir et fumant. Quand il essaya de respirer, il n'avala que de la fumée, ce qui le fit suffoquer, ne pouvant que darder ses yeux paniqués sur son meurtrier qui vint se placer au-dessus de lui.
-Oups, on dirait que j'y suis allé un peu fort et que tu peux plus parler.
Posant son pied sur le torse du vaincu, il le darda, un sourire satisfait et dément aux lèvres alors qu'il appuyait peu à peu sur la cage thoracique.
-Je t'avais bien dit que c'était la pire idée au monde de toucher au gamin, non ? Quiconque ose lui faire du mal devra crever, ordre du Boss. Alors c'est pas vraiment contre toi, mais crève tu veux bien ? Remarque, même si tu voulais pas, je t'y obligerais bien volontiers, rajouta-t-il un rire dans la voix.
Puis il appuya d'un coup plus fermement sur le thorax de sa victime, en même temps qu'une gerbe de flammes partait de son pied, consumant définitivement son adversaire qui rendit l'âme dans un cri de souffrance. Dabi éclata alors d'un rire hystérique avant de passer sa main sur son visage, son sourire toujours accroché au visage.
-Putain, j'suis trop émotif, je m'échauffe un peu trop facilement, dit-il pour lui-même en essuyant une larme de sang.
Puis il tourna la tête vers le petit : ce dernier avait rampé contre le mur et l'observait avec peur et espoir. Il s'agenouilla alors à sa hauteur et tendis un bras lui.
-C'est fini Crevette.
C'est tout ce dont le plus jeune avait besoin pour se relever et courir contre lui. Le pyromane prit à peine le temps de le rassurer, ils devaient faire vite avant que l'appartement entier ne crame avec eux dedans.
-Tu as Doudou et ta tétine ?
Le petit se précipita immédiatement pour aller les ramasser, portant la tétine immédiatement à sa bouche et serrant sa peluche contre lui.
-Oublie pas ta console.
Ramassant également cette dernière, le plus jeune revint vite près de l'adulte qui la récupéra avant de l'entraîner sans plus attendre vers la sortie, le poussant dans le couloir, tandis qu'il ramassait les sacs de sports qu'il avait préparés. Il en passa immédiatement un en bandoulière, portant l'autre à bout de bras tout en rejoignant l'enfant sur le palier de la porte. Mais à peine fut-il sortie que d'autres silhouettes sortaient de la cage d'escalier, et une autre de l'autre côté du couloir.
Pestant, il créa un premier mur de feu pour ralentir ceux qui arrivaient de l'escalier, puis se tourna pour affronter l'autre..les autres ? Ils étaient deux maintenant ? Parfaitement identiques… Merde, est-ce que ce mec avait un alter identique à celui de Twice ? L'un des deux clones fut sur lui, tandis que l'autre se précipitait sur le petit. Lequel était le vrai ? Ne réfléchissant pas, Dabi cogna durement celui qui l'agressait, mais son poing autant que ses flammes passèrent au travers, de même que son adversaire ne le toucha pas. Une illusion ?
Lâchant un nouveau juron, il se tourna immédiatement vers l'enfant, dont leur agresseur s'était emparé pour s'enfuir avec lui. S'il le brûlait maintenant, le plus jeune brûlerait avec lui et c'était hors de question ! Il lâcha alors le sac qu'il tenait et commença à concentrer ses flammes dans ses mains.
-Crevette ! Tes deux mains sur lui ! Tout de suite ! ordonna-t-il.
Obéissant par pur réflexe devant l'injonction, le petit posa immédiatement ses deux mains sur le visage de l'homme qui l'avait attrapé. La réaction fut instantanée et la figure sous ses doigts commença à se décomposer, ce qui fit hurler de peur et de douleur la personne, qui le lâcha immédiatement pour attraper sa face qui partait en poussière. Dès lorsque le petit tomba à terre, il rampa pour s'éloigner
-Reste à terre !
Ce fut la seule chose qui le prévint, et encore une fois il obéit aveuglément, tandis qu'une vague de feu passa au-dessus de lui, englobant le couloir jusqu'au plafond.
-Viens ici !
Sans réfléchir, il se releva et courut en direction de Dabi qui avait ramassé son doudou et sa tétine qu'il fourra dans les poches de son manteau. Puis il ramassa le sac qu'il avait laissé tomber.
-Tes deux mains sur le mur !
Promptement, Crevette posa ses deux mains sur le mur que le vilain lui indiqua, le détruisant immédiatement et leur ouvrant une issue sur la rue derrière l'immeuble. Le pyromane attrapa alors le petit sous le bras et sauta sans plus réfléchir, il concentra alors ses flammes sous ses pieds pour amortir leur atterrissage. Si Endeavor pouvait le faire, alors lui aussi ! Même si au final ça se révéla plus compliqué que prévu, surtout niveau dosage, il arriva à les faire atterrir sans trop de dommages, même s'ils finirent en roulé boulé par terre.
Ne prenant pas le temps de regarder autour de lui, le manipulateur de flamme se releva, soulevant à nouveau le gamin et commença à courir pour s'éloigner de l'immeuble qui commençait à s'enflammer de plus en plus. Nul doute que ça allait attirer l'attention ! Cela dit, avec un peu de chance et au vu de la décomposition, les héros penseraient que Tomura était avec lui et ne le chercherait pas ailleurs. Enfin, ce n'était pas forcément pour arranger ses affaires, parce qu'il allait devoir planquer le petit plus profondément pour un moment, mieux valait que la société n'apprenne pas son existence, ou du moins pas encore.
Finalement, il réussit à semer très facilement leurs assaillants, ces derniers ne prirent pas tellement le risque de le poursuivre, quand bien même il était chargé. Après tout il restait un dangereux criminel et apte à se défendre même dans ses conditions, surtout que le petit l'écoutait au doigt et à l'œil, ce qui rajoutait une difficulté pour ses adversaires s'il utilisait ce pouvoir à bon escient. Quoiqu'il en soit, il parvint au final sans trop de soucis jusqu'à un hôpital désaffecté. Ce n'était pas le coin le plus safe, ni le plus recommandable, mais ça ferait l'affaire pour cette nuit, en attendant qu'il réussisse à les amener à leur prochain point de chute le lendemain.
C'est dans un bloc opératoire poussiéreux que Dabi décida de les installer, sans fenêtre et avec un accès facile à défendre. Bon, il pourrait aussi être pris d'assaut, mais avec l'alter de Crevette, il gardait une option de sortie non négligeable. D'ailleurs, parlant de ce dernier, il était resté silencieux durant tout le trajet, s'accrochant simplement à lui de toute sa petite force. C'est pourquoi, dès qu'il eut finit de bloquer la porte et après avoir déposé les sacs, il s'agenouilla pour laisser l'enfant glisser au sol, le faisant ensuite gentiment reculer. Des larmes silencieuses coulaient le long de son visage, et le pyromane vint gentiment les essuyer.
-C'est fini Crevette, il ne viendront plus te faire du mal, le rassura-t-il.
Le petit hocha la tête, mais l'adulte sentait bien qu'il y avait autre chose. Il passa alors délicatement sa main dans ses cheveux pour les coiffer vers l'arrière, les passant derrière ses oreilles pour dégager son visage.
-Parle-moi Crevette, qu'est-ce qui va pas ?
-...
Soudain, le visage atone du bambin se déforma et il se mit à pleurer, haut et fort.
-Dabi ? appela-til désespérément entre deux sanglots.
-Je suis là Crevette, tout va bien.
-Dabi…
-Chuuut, tout va bien.
Attrapant sa tête en coupe, il colla son front au sien, continuant à susurrer, caressant doucement son visage pour le rassurer. Il n'était pas certain de savoir ce qui l'avait mit dans cet état : le combat, la tentative d'enlèvement, le fait qu'il lui ait hurlé des ordres, les trois ? Quoiqu'il en soit, il prit le temps de le calmer, sortant même son doudou et sa tétine pour l'aider à s'apaiser. Après de longues minutes, le petit se calma enfin, se serrant contre l'adulte, à la recherche de sa chaleur, et ce dernier continua à le bercer encore un petit moment, jusqu'à ce qu'il avise de l'heure sur son téléphone, ils approchaient de la mi-journée.
-Oy Crevette, tu as faim ?
Le plus jeune secoua négativement la tête.
-Okay, ça te dit qu'on aille voir ce qu'on peut trouver pour s'installer ici cette nuit ?
Cette fois, il hocha la tête, plus parce qu'il ne voulait pas quitter l'adulte plus qu'autre chose, et en vérité il en était de même pour Dabi. Après cette tentative de kidnapping, il était hors de question qu'il s'éloigne de l'enfant, pas tant qu'il ne serait pas certain qu'il soit en sécurité. Or pour le moment, il ne connaissait qu'un seul endroit où personne ne viendrait le chercher, les chercher même. Bon, ça restait particulièrement risqué comme entreprise, mais ce n'était que temporaire. Il espérait juste que pour le coup, son audace ne le mènerait pas droit dans les emmerdes, et puis ça serait un excellent test d'un côté…
Mais pour le moment il lui fallait monter un camp de fortune, et c'est pourquoi il entraîna le petit dans les couloirs de l'immeuble. Il ramassa un vieux matelas, un drap sale et un oreiller à moitié percer, ainsi que de quoi faire un petit feu. Ce dernier serait surtout là pour leur permettre d'avoir un peu de lumière, surtout pour Crevette en vérité, or le pyromane n'allait pas garder son alter actif toute la nuit. Il était un criminel endurci et un meurtrier reconnu, pas une veilleuse pour enfant !
Une fois leur butin réuni, les deux protagonistes revinrent au bloc opératoire qui leur servirait de base pour cette nuit. Ce fut à ce moment-là que l'enfant commença à avoir faim, et Dabi lui fit manger un plat en conserve, qu'il réchauffa comme il put, ainsi que des fruits au sirop. Il mangea ce que son petit protégé ne finit pas et s'en contenta. Après quoi, il installa le matelas et le draps dessus, ainsi que l'oreiller, avant de repartir avec le plus jeune en quête de combustibles supplémentaires pour le feu qu'il allumerait plus tard.
Ainsi il occupa une bonne partie de l'après-midi, et laissa le petit s'occuper sur son portable, le temps qu'il allume le feu, dans une espèce de vieille bassine en fer qu'il avait trouvé. Il plaça cette dernière pas trop loin du matelas, que le peu de chaleur que ça allait dégager puisse profiter un peu à Crevette. Enfin, il s'attela à leur préparer une collation du soir, rien de bien folichon, juste des légumes en conserve avec un peu de viande, elle aussi en conserve.
Ils mangèrent tranquillement, et Dabi laissa le plus jeune jouer sur sa console portable pour qu'il s'occupe le reste de la soirée. Dieu merci il avait eu la présence d'esprit de mettre l'objet dans le sac avec les fringues ! En attendant, il enleva son manteau qu'il étala par-dessus le drap et le matelas, puis dès les premiers signes de fatigue du petit, il le coucha dessus, l'enveloppant dedans, seul ses pieds, encore chaussés, dépassaient un peu du trench coat.
-Dors Crevette, je reste juste à côté, dit-il lorsque le petit tendit les bras pour qu'il le rejoigne.
Il lut de l'incertitude et de la peur dans le regard de l'enfant et lui caressa gentiment les cheveux pour le rassurer.
-Dors, je ne bouge pas, promis.
Il fallut un peu plus de temps que d'habitude pour que le plus jeune s'endorme, mais cela finit par arriver et le pyromane fut soulagé, s'accordant quelques minutes pour souffler. Il ne savait pas qui en avait commandité le kidnapping, mais il espérait que l'échec de sa tentative et le fait qu'il ait cramé ses hommes ait suffit à dissuader quiconque de vouloir recommencer. Il jeta d'ailleurs un rapide coup d'œil aux dernières news, surtout celle concernant l'incendie qu'il avait déclaré. Il avait été classé comme un acte de revanche puéril après la défaite du Nomu, et ça lui allait, il n'y avait aucune mention de l'enfant dans l'histoire et c'était parfait. Enfin si, une vieille femme avait parlé à un journaliste d'un homme et d'un enfant qui habitait l'appartement où le feu c'était déclaré et qui n'avaient pas été retrouvé. Mais personne ne sembla accorder de l'attention à ses dires.
Il put alors s'autoriser à se reposer un peu, même s'il ne dormit pas réellement, enchaînant plus des petites siestes de 20 min maximum. Cela lui permit, à défaut d'être parfaitement revigoré, d'être au moins suffisamment en forme pour attaquer la nouvelle journée qui se présentait à eux. Le petit n'avait pas très bien dormi non plus, peu habitué à ne pas avoir un adulte collé à lui, et s'était réveillé régulièrement. Néanmoins, dès qu'il eut finit de réampaqueter le peu qu'il avait sorti des sacs, Dabi le réveilla, le Soleil commençait à peine à se lever à l'extérieur et c'était un bon moment pour sortir.
C'est donc cacher sous une capuche et derrière un masque, un sac de sport sur les épaules, un sac de sport et un enfant encore à moitié endormi au bout de chaque bras, qu'il sortit de l'hôpital désaffecté pour s'enfoncer dans la ville qui s'éveillait à peine. A l'Est, les premiers rayons du Soleil donnaient peu à peu une lueur rougeoyante au ciel. C'était la première fois que le plus jeune voyait ça, et il écarquilla les yeux, bien réveillé sur le coup, et un peu apeuré.
-Dabi ! appela-t-il d'une petite voix.
-Qu'est-ce qu'il y a Crevette ?
-Y'a le feu dans le ciel !
Se tournant, le plus grand se demanda de quoi il parlait, jusqu'à ce que le gamin lui montre la direction du Soleil. Il ne put s'empêcher alors de rigoler légèrement.
-C'est pas du feu, c'est juste le Soleil qui fait ça quand il se lève, expliqua l'adulte. Dans quelques heures le ciel sera de nouveau bleu tu verras.
-Moi j'aime bien. Mais j'aime bien aussi quand le ciel est bleu, passe que c'est comme quand tu fais le feu ! C'est zoli !
-Tu aimes mon feu Crevette ?
-Oui ! Il est zoli !
-T'es bien le premier à me dire ça ! s'exclama le pyromane en rigolant à moitié.
-Il est zoli ton feu Dabi !
Le plus âgé éclata alors franchement de rire. On lui avait dit beaucoup de choses sur son alter, qu'il était puissant, destructeur ou encore incontrôlable, mais joli ? Mais c'était bien la première fois qu'on lui faisait un compliment aussi mignon !
Resserrant gentiment sa prise sur la main du petit, il les guida à travers la ville, prenant même le risque d'emprunter les transports en commun. Ce n'était pas la porte à côté où ils se rendaient et le petit ne supporterait pas de marcher tout le long du trajet. Il évita cependant les heures de pointes et préféra une plage horaire moins chargée, moins de chances d'être reconnu. C'est donc ainsi que Crevette découvrit le train, s'émerveillant devant ce gros serpent de fer, tandis que l'adulte lui expliquait sommairement comment ça marchait, et il passa tout le trajet le nez collé à la vitre.
Plusieurs heures plus tard, ils arrivèrent dans un quartier beaucoup plus huppé. L'heure commençait à être avancée et les rues étaient désormais remplies de monde, ce qui n'était pas pour arranger Dabi. Néanmoins, il prit le partit de continuer à avancer, s'esquivant dans des rues étroites et derrière des immeubles dès qu'il le pouvait. Il avait également recouvert le petit avec un sweat à capuche et un masque chirurgical trop grand pour lui. Il ne voulait prendre aucun risque, quand bien même ils paraissent suspects à se balader avec deux sacs de sport.
Quoiqu'il en soit, il finit par atteindre l'immeuble qu'il visait : la bâtisse était très haute et il cherchait à atteindre le dernier étage, ce qui ne serait pas une mince affaire ! D'autant plus qu'il y avait des caméras de sécurité disposées à certains endroits, ce qui compliquaient la tâche. Le pyromane se cacha alors avec le petit dans un angle mort et passa quelques heures à étudier leurs mouvements, jusqu'à discerner un pattern. Décidant de tenter le tout pour le tout, il laissa les sacs cachés, et fit grimper Crevette sur son dos, utilisant son manteau pour bien le coller à lui et être sûr qu'il ne tombe pas.
Enfin, il attendit le bon moment, et dès qu'il le put, sauta le plus haut possible pour venir sarrocher à un rebord et commencer à grimper le long de la gouttière. Dès lors, le manipulateur de flammes cala son rythme sur celui des caméras, et grimpa silencieusement durant de longues minutes. Dans son dos, le petit s'était accroché, les jambes autour de sa taille, et les bras autour de son cou, s'agrippant à son t-shirt avec quatre doigts, aussi fort qu'il le pouvait. Le manteau qui lui passait sous les fesses et dans le dos, le plaquant contre l'adulte, le rassurait un peu, mais au fur et à mesure qu'ils prenaient de la hauteur, la peur le gagnait et il se mit à trembler. Forcément le plus âgé le sentit et tenta de le rassurer.
-Tout va bien Crevette, on est bientôt arriver.
-…Dabi ? l'appela une petite voix apeurée.
-Chuuut, ça va aller.
-Dabi…on va tomber…
-On va pas tomber Crevette, tu me tiens fort, tout va bien.
Un petit sanglot échappa au plus jeune.
-Regarde juste le mur Crevette, ça va aller…
-…Dabi…
Il n'eut le temps de rien rajouter que l'enfant se mit soudainement à vomir sur son épaule.
-Merde !
Surpris, il manqua de tomber, faisant hurler le petit de peur qui se raccrocha encore plus fermement à lui, resserrant ses bras plus que de raison, puis des pleurs lui parvinrent.
-Bordel, c'est pas grave Crevette.
Il sentait le liquide chaud et poisseux couler le long de son torse et de son dos, mouillant son t-shirt d'une façon très désagréable. Néanmoins, il repris très vite son ascension, ils n'étaient plus dans le chant de vision des caméras, mais il leur fallait arriver le plus vite possible en haut, la prise autour de son cou devenant légèrement suffocante.
-Je peux pas m'occuper de toi pour le moment, reprit-il. Soit courageux, on est arrivé dans quelques minutes.
Enfin, après plusieurs autres minutes, il finit enfin par atteindre le dernier étage et enjamba un immense balcon, qui à ce stade ressemblait plus à une terrasse, pour enfin poser les deux pieds sur un sol plat. Rapidement, il s'agenouilla pour défaire le manteau qui retenait l'enfant pour le faire descendre de son dos. Mais à peine l'enfant fut-il libre de ses mouvements quand l'adulte le ramena devant lui, qu'il ne s'arrêta pas et s'éloigna le plus vite possible en reculant de la rambarde du balcon. Le mouvement surpris le manipulateur de flammes, qui le suivit pour le rassurer, alors que le plus jeune pleurait toujours. Puis d'un coup, la porte fenêtre du balcon s'ouvrit.
-Dabi ?! s'étrangla une voix
-Oy, salut le piaf !
La tête passée par l'ouverture, Hawks regardait l'étrange spectacle d'un vilain activement recherché et couvert de vomi, ainsi que d'un enfant en pleurs sur son balcon, se demandant s'il n'était pas en train d'halluciner. Mais qu'est-ce qu'ils foutaient là ? Et comment diable sa némésis avait-elle trouvé son adresse ?
-Mais…que…comment t'es arrivé là ?!
-A ton avis cervelle de moineau ?
Les yeux ronds, le héros regarda la rambarde derrière le vilain, réalisant que c'était certainement par ce moyen que l'homme était arrivé sur sa terrasse. Il avait réellement grimpé jusqu'ici ? Mais il était encore plus taré qu'il n'y paraissait ! Et le petit, comment il avait fait ? Il l'avait porté ?
Soupirant, l'homme aux ailes rouges se frotta le visage, tandis que son hôte impromptu enlevait son t-shirt souillé pour s'essuyer sommairement avec et se rapprocha de l'enfant qui était toujours en peur et visiblement paniqué. Bon premièrement, négocier avec l'homme, savoir pourquoi il était là et aviser ensuite, ça semblait être un bon début de plan. Mais à peine ouvrit-il la bouche que Dabi ne lui laissa pas le temps de sortir un son, ayant attrapé le plus jeune dans les bras pour se diriger vers son appartement.
-Y'a encore deux sacs en bas à récupérer, lâcha le pyromane.
-Que…Pardon ?
-Tu sais écouter quand on te parle ?
-Attends ! s'écria Hawks alors que son interlocuteur pénétrait dans son salon. Tu comptes quand même pas t'installer ici ?
-Mon ancien squat a cramé. Elle est où ta salle de bain ?
-Dabi, je suis sérieux ! Tu peux pas rester ici !
-Allons, quel genre de héros mettrait un homme et un enfant à la rue ?
-Merde ! Sérieusement ! Tu te rends compte de ce qui se passera si on se rend compte que j'héberge le deuxième vilain le plus recherché du Japon ?
-Tu pourras arrêter de te cacher et embrasser librement notre cause.
-Et on perdrait une excellente source d'informations !
-Ça va, arrête de paniquer l'oiseau, c'est juste temporaire.
-Putain Dabi…
Très loin de l'écouter, l'homme aux cicatrices, qui avait fouillé différentes pièces de l'appart, avait fini par trouver la salle de bain et déposer l'enfant au sol, continuant à essayer de le rassurer. Désormais à l'intérieur, le petit semblait peu à peu se calmer et laissa l'adulte commencer à le déshabiller.
-Par contre, à moins que tu aies des couches pour lui, j'vais vraiment avoir besoin du sac de fringues.
-Tu fais chier.
Un court instant de silence durant lequel Hawks soupira. Visiblement il allait devoir faire avec un vilain dans son duplex, que ça lui plaise ou non.
-Ils sont où ? finit-il par céder.
Un sourire satisfait et un sourire victorieux accroché aux lèvres, le pyromane lui indiqua où trouver les sacs, et le héros partit les chercher, pendant qu'il se doucha rapidement avec le petit, les nettoyant tous les deux de la tête aux pieds. Lorsqu'il sortit, une serviette enroulé autour des hanches, et le gamin lui-même enveloppé dans une serviette contre son torse, il trouva les sacs de sport juste devant la porte de la salle de bain. Hawks n'était visible nulle part, et seul un son provenant de ce qu'il avait identifié comme étant la cuisine, attestait qu'il devait toujours être là.
Dabi en profita donc pour se trouver un nouveau t-shirt et un pantalon de jogging, ainsi qu'une couche et un t-shirt pour le plus jeune. Il ne se rendit compte qu'après coup que c'était le fameux t-shirt licorne que le héros avait racheté pour lui. Récupérant alors la console du petit, il installa ce dernier sur le canapé avant de rejoindre la cuisine. L'homme oiseau était bien à l'intérieur, en train de préparer une rapide collation de sandwichs.
-Je présume que vous n'avez rien mangé pour le déjeuner, dit-il sans se retourner alors que le vilain venait d'entrer.
-Tu présumes bien, répondit son interlocuteur en s'appuyant contre le chambranle de la porte.
-Je vous ai fait des sandwichs, vu qu'il a vomi, je sais pas si Crevette pourra beaucoup manger.
-…Tu te préoccupes de nous maintenant ?
-Hé bien, quel genre de héros serais-je si je laissais un homme et un enfant à la rue ?
-Tu sais que c'est pas ça qui me fera changer d'avis et t'amener au boss ?
-Je sais, et je n'en attendais pas moins de toi. De toute façon, que je le veuille ou non, tu es là, alors autant faire avec, et je suis pas le genre de personne à laisser mes hôtes mourir de faim. Je n'attends qu'une seule chose de toi Dabi…
Disant ça, le héros se retourna, une assiette pleine de sandwich entre les mains, dardant ses yeux sur sa némésis.
-Que tu sois honnête cette fois en me disant pourquoi tu es là.
-Je te l'ai dit, l'endroit où je créchais a cramé.
-Dabi, je ne suis pas idiot. C'est toi qui y a mis le feu, et avec ça un pan du mur a été détruit, ou devrais-je dire plutôt décomposer ?
Les deux hommes se regardèrent droit les yeux, se jaugeant mutuellement. Leur attitude pouvait paraître décontractée à un spectateur novice, mais quelqu'un d'aguerris aurait immédiatement perçu la tension dans leur dos, comme deux fauves prêt à se sauter à la gorge.
-C'est l'alter du petit, non ? Vu comment il ressemble à Shigaraki, il ne serait pas étonnant qu'il possède également le même alter, d'autant plus que j'ai remarqué qu'il ne tient les choses qu'avec quatre doigts.
La tension sembla monter d'un cran, sans qu'aucun des deux protagonistes ne bouge, avant qu'elle ne retombe d'un coup, tandis que Hawks s'avançait pour retourner dans le salon.
-Vous pouvez rester ici le temps nécessaire, dit-il. Mais j'aimerais au moins savoir si je dois m'attendre à voir débarquer un gang en colère ou que sais-je d'autre chez moi.
-…Je ne sais pas, j'ai oublié de leur demander avant de les transformer en torche humaine, répondit finalement le vilain. Mais ils en ont après le gamin, c'est tout ce dont je suis certain. Personne ne sait qu'on est ici, expliqua-t-il. On ne restera pas plus que le strict nécessaire, le temps de trouver un nouvel endroit où s'installer, t'en fais pas mon poulet.
Le héros hocha la tête, contournant le canapé pour y trouver le petit en train de jouer. Affichant un sourire gentil et amical, il resta à une distance respectueuse pour ne pas le mettre mal à l'aise et déposa l'assiette sur la table. L'enfant releva immédiatement la tête, dardant sur lui un regard un peu inquiet, mais curieux aussi, surtout en voyant son dos. En effet, ses plumes avait à peine commencées à repousser depuis son dernier combat, mais seulement les moyennes, ce qui donnait un aspect très étrange à ses ailes.
-Coucou Crevette, le salua-t-il. Je sais pas si tu as faim, mais il y a des sandwichs si tu veux.
-Essaye quand même de manger un peu, intervint Dabi en s'installant à côté de lui.
L'homme aux cicatrices attrapa alors un sandwich qu'il coupa en deux, et tendit la moitié au plus jeune. Ce dernier fut visiblement un peu réticent, mais finit par le prendre et commença à le manger lentement.
-Je vous ramène de l'eau, indiqua Hawks en repartant vers la cuisine.
Un aller-retour dans la cuisine plus tard, et leur hôte déposa une carafe d'eau et deux verres sur la table. Soudain, le téléphone du blond sonna, et ce dernier s'écarta un peu pour pouvoir y répondre, mais à peine eut-il le temps de décrocher et de porter le combiné à son oreille qu'une voix masculine paniquée en sortie, résonnant dans tout le salon.
-Hawks ! Tout va bien ? On a appris qu'un malade avait escaladé ton immeuble ?!
En entendant ça, le héros ne put s'empêcher de se retourner et de lancer un regard accusateur au vilain qui continuait à manger tranquillement sur son canapé, et qui avait le culot de le regarder avec un sourire amusé.
-Tout va bien Kôzuke-san, merci, répondit l'homme oiseau en ramenant le téléphone contre son oreille. C'était juste un fan un peu trop zélé qui a réussi à trouver mon adresse, il est déjà reparti avec la police… Non pas la peine de venir, ne vous inquiétez pas… Comment ça vous en êtes déjà en route ? lança-t-il en commençant à paniqué. Puisque je te dis que c'est la pei… Qu'est-ce tu entends par trop tard ?
Tout à coup, la sonnerie de la porte d'entrée retentit, figeant tout le monde sur place. Dabi ne rigolait plus, Hawks était à moitié paniqué et Crevette continuait juste à mâchouiller son sandwich sans comprendre l'horreur de la situation, heureux sont les ignorants paraît-il. Le héros raccrocha subitement au nez de son interlocuteur et tourna un regard inquiet vers vilain. Il lui montra alors une direction à prendre et lui fit signe d'y aller le plus rapidement et discrètement possible.
Le pyromane ne se fit pas prier sur ce coup-là et attrapa le petit dans ses bras pour se diriger vers la pièce indiquée. Cette dernière se révéla être une chambre spacieuse avec une porte-fenêtre qui donnait également sur le balcon. La décoration était sommaire et les draps d'un rouge profond. Doucement, l'homme referma la porte derrière lui, heureusement la maison était suffisamment entretenue pour que la porte coulisse sans problème et sans bruit. Il déposa alors le petit contre le mur et posa ses doigts sur ses lèvres pour lui indiquer de rester silencieux, pile quand des voix inconnues résonnèrent dans le salon.
-T'es sûr que tout va bien ? questionna la même voix qu'au téléphone.
-Absolument, est-ce que j'ai l'air en mauvaise condition ? Hormis mes plumes qui repoussent je veux dire, répondit le héros.
-Hawks, on s'inquiétait, c'est pour ça qu'on est venu, intervint cette fois une voix féminine.
-Je sais, et c'est cool les gars, mais vraiment tout va bien.
-…Hawks, je te l'ai pas dit au téléphone pour pas t'inquiéter mais…les témoignages disent qu'il aurait put s'agir de Dabi de la League of Villains…, indiqua l'homme.
Il y eut un moment de silence, durant lequel le manipulateur de feu se prépara au pire, avant que soudainement l'homme oiseau n'éclate d'un rire sincère devant ses deux acolytes.
-Dabi ? Vraiment ?
-C'est ce que certains témoignages laissent à penser.
Le héros rigola encore un instant avant de se calmer.
-Sincèrement, vous pensez pas que s'il s'agissait réellement de Dabi mon appartement, que dis-je, tout l'immeuble serait pas déjà en feu ?
-Heu…
-Vu comme ça…
-Sa dernière apparition a dû marquer quelques esprits, après tout il s'est présenté devant le héros n°1. Ça a dû pousser certaines personnes à imaginer des choses, vous savez comment est la population après des batailles aussi intenses.
-C'est vrai qu'il faut un certain temps avant que la tension redescende pour de bon, lança la femme.
-Je vous l'ai dit, c'est juste un fan un peu zélé qui a réussi je ne sais comment à trouver mon adresse. Et puis, même sans mes ailes, je sais me battre encore un peu vous savez.
-C'est vrai, désolé, on a peut-être un peu paniqué en entendant les témoignages.
-C'est bon, j'vous en veux pas, vous vous inquiétez pour moi et c'est super, mais tout va bien. J'vous confie le quartier en attendant, j'vous rejoins dans deux ou trois jours maximum.
-Okay, repose-toi bien alors en attendant !
-Bon rétablissement Hawks !
Enfin, le blond put raccompagné ses deux acolytes à la porte et souffler un bon coup avant de s'en retourner du côté de la chambre où il trouva son hôte, qui avait rouvert la porte et s'était appuyé contre le montant de la porte, le regardant d'un air narquois.
-Tu n'as pas honte Mr. le Héros n°2 de mentir ainsi à tes collègues, le taquina le vilain.
-Non, car je sers une plus grande cause, répondit sincèrement le héros. Et tu pourrais au moins me dire merci d'avoir sauver tes fesses !
-Ou tu pourrais me dire merci de ne pas avoir réduit en cendre tes précieux acolytes.
-Merci dans ta grande bonté, oh Saint Dabi, ne ne pas nous avoir obligé à trouver un autre toit pour abriter un enfant en perdition !
Tout en disant cela, Hawks tourna purement et simplement les talons pour aller boire un verre d'eau dans la cuisine. Le pyromane renifla juste dédaigneusement de son côté, et ramena Crevette sur le canapé pour finir de manger. Cela dit, le petit ne mangea pas plus d'un sandwich et demi, laissant le reste à l'adulte qui se fit une joie de finir l'assiette. Après quoi, il débarassa l'assiette, laissant juste la carafe et les deux verres sur la table, rejoignant le héros dans la cuisine, qui était attablé sur le plan de travail, en train d'écrire sur un bout de papier.
-Ton futur plan pour m'abattre ?
-Ça dépend si tu es allergique aux carottes, aux poivrons ou aux cacahuètes ?
-Aucun des trois.
-Alors je crains que mon plan diabolique ne soit rien d'autre que ma liste de courses pour demain. D'ailleurs quelque chose à savoir sur le régime du petit ?
-On a encore rien trouvé qu'il n'aime pas. Rajoute du lait aussi sur ta liste, un verre de lait chaud l'aide souvent à s'endormir ou se détendre.
-Noté !
Rajoutant le lait sur sa liste, le héros ailé reposa son stylo et s'étira avant de se diriger vers le salon.
-Suis-moi, indiqua-t-il au vilain. Il y a une chambre à l'étage avec une petite salle de bain. Vous pourrez y dormir, il faut juste que je regarde si j'ai un deuxième futon…
-Pas la peine, le gosse est incapable de dormir seul pour le moment.
-Ok, comme tu veux.
Récupérant les sacs au passage, Dabi suivit son hôte à l'étage, puis avisant le regard du petit, appela ce dernier à les rejoindre, ce que l'enfant exécuta sans se faire prier. Le plus jeune prit son temps dans les escaliers, comme le plus grand lui avait montré et rejoignit les adultes quelques instants plus tard dans une chambre. Le pyromane avait déposé les sacs dans un coin, et s'attelait à installer des draps sur le lit, tandis que l'homme oiseau était dans une petite salle de bain attenante.
-Vous avez des serviettes et tout ce qu'il faut normalement, disait-t-il. S'il vous manque quoique ce soit, dit le moi.
Le manipulateur de flammes ne répondit pas et, alors qu'il venait de finir de faire le lit, s'assit dessus et fit signe au petit de le rejoindre afin qu'il l'installe à côté de lui.
-Okay Crevette, nouvelles règles en plus pour ici. Celles d'avant sont toujours d'actualité, tu t'en souviens ?
-...Je parle et je regarde personne ?
-C'est ça, quoi d'autre ?
-Pas de bruit ?
-Ensuite ?
-...Si on toque je me cache ? …Je sors pas sans toi !
-C'est ça ! Concernant la télé, si Hawks est d'accord tu pourras la regarder.
-J'ai un service de streaming avec des programmes pour enfants, indiqua le héros. Il pourra la regarder de temps en temps s'il veut.
-T'entends ça Crevette, c'est super non ?
-Oui.
-Dernière chose, si jamais je ne suis pas là, que tu as mal ou que quelqu'un essaye de te faire du mal, tu appelles immédiatement Titi, c'est compris ?
-Titi ?
Avec un sourire satisfait et diabolique, Dabi pointa Hawks du doigt.
-Titi, dit-il. Répète après moi : Titi.
-Titi ?
Le héros s'étrangla devant le nom dont l'avait affublé le vilain.
-Titi ? C'est quoi ça ?
-Un vieux canari jaune qui se fait pourchasser par un chat.
-Tu me compares à un Looney Tunes ?
-Crevette arrive pas à dire les "w", avec Titi ça ira très bien.
-Tu aurais pu au moins me demander mon avis !
-Titi ?
A nouveau le héros s'étrangla, mais ravala son commentaire en voyant la bouille du gamin. Il jeta alors juste un regard noir à Dabi avant de venir s'agenouiller près du lit.
-C'est ça, c'est moi, dit-il en ravalant sa fierté malmenée d'être comparé à un canari. Si tu as besoin de quoique ce soit, tu peux me demander Crevette.
Il lui fit un sourire pour le rassurer, mais l'enfant ne fit que cligner des yeux en l'observant. Après un court instant, le blond se releva, s'étirant avant de passer une main dans ses cheveux et de se diriger vers la sortie.
-Bon, je vous laisse finir de vous installer, dit-il en refermant la porte derrière lui.
Rapidement, le vilain sortit uniquement le strict nécessaire, ce qui incluait surtout des vêtements pour le petit, ainsi que ses couches, son doudou et sa tétine. Ces deux derniers trouvèrent rapidement leur place dans les bras et la bouche du petit. Le reste fut sommairement installé dans le placard incrusté dans le mur. Enfin, ils redescendirent tous les deux, et l'enfant fut finalement placé devant la télé, regardant un dessin animé pour enfant, pendant que les adultes essayaient de voir quel compromis chacun était prêt à faire pour une vie en communauté de courte durée.
Si Hawks refusa de donner une copie des clés de son appartement, il accepta néanmoins de lui donner les codes pour rentrer par le local des poubelles, ce serait moins visible que par l'entrée principale. Dabi accepta de ne plus emprunter la gouttière pour entrer et sortir, ou du moins de ne pas l'escalader tout du long, il passerait plutôt par le toit, il encourrait moins de risque d'être vu. Le héros accepta d'être la baby sitter du petit pour les 3 prochains jours si Dabi devait se déplacer, il avait juste un rendez-vous le lendemain, mais à partir du quatrième le vilain devrait se démerder, il devait reprendre son travail. En échange, le pyromane accepta de l'aider à faire en sorte que le plus jeune lui fasse un minimum confiance.
Puis ce fut au tour des tâches ménagère d'être répartie, et ce fut du cinquante-cinquante, chacun finissant par y trouver son compte. L'homme aux ailes rouges fut d'ailleurs agréablement surpris de voir que sa némésis n'était pas un vrai bordélique et avait des notions de propreté. Mais bon, il supposait que même les vilains n'avaient pas forcément envie de vivre dans un endroit sale et immonde, beaucoup en réalité le faisait parce qu'il n'avait nul part où aller, quand pour d'autres c'était une maladie…
Enfin, en fin d'après-midi, après moults efforts et mots rassurant, et avec l'aide de Dabi, Hawks put enfin tenir Crevette dans ses bras. Ce dernier n'était pas encore totalement détendu et serrait toujours son doudou dans ses bras tout en suçant sa tétine, jetant encore quelques regards inquiets au pyromane. Mais ce n'était certainement plus qu'une question de temps avant qu'il ne finisse par être suffisamment en confiance. En attendant, le héros le berçait gentiment en gazouillant presque malgré lui : il n'avait pas menti en disant qu'il adorait les gosses, et à défaut d'en avoir un lui-même, il pouponnait chez les autres quand il ne pouvait.
Le repas du soir fut somme toute assez tranquille, les compétences en cuisine du héros n'étant pas désastreuses, même si assez simplistes. Ce dernier rajouta également des ustensiles pour aider le petit à manger sur sa liste de courses. Finalement, les trois acolytes se retrouvèrent sur le canapé à regarder un film, pendant que la machine à laver tournait avec les affaires sales, dont celles de Dabi et de Crevette. Et la scène était plutôt surréaliste, un héros et un vilain entourant un enfant en train de regarder un dessin animé. Aucun des deux adultes ne semblait vraiment à l'aise, même si pour des raisons différentes. Le seul qui semblait s'accommoder du moment c'était le plus jeune qui restait les yeux fixés sur l'écran en suçotant sa tétine, Doudou posé à côté de lui.
Ce moment déroutant fut coupé lorsqu'en plein milieu du film, le téléphone du pyromane sonna et que ce dernier répondit. Rapidement, il mit le haut parleur et tendit le téléphone au petit, qui ne réagit pas de suite, il fallut que l'adulte vienne lui chatouiller le cou pour attirer son attention.
-Hé ben Crevette, tu préfères la télé à Papa ?
Sur le coup l'enfant cligna des yeux, sans comprendre, lorsqu'une voix sortie du téléphone.
-Si tu es occupé, je rappelle plus tard Crevette ?
-Nan !
Sautant sur ses genoux, le plus jeune attrapa le téléphone, tandis que Dabi récupérait la tétine pour qu'il puisse mieux articuler. Quant à Hawks, il écarquilla légèrement les yeux en entendant la voix de Tomura Shigaraki, et tenta de paraître détaché, même si le vilain savait très bien qu'il écoutait la moindre bribe de conversation.
-Papa !
-Tu vas bien Crevette ?
-Oui ! Toi ?
-Je vais bien.
L'enfant ne s'en rendait pas compte, mais les adultes ne loupèrent pas la fatigue qui pointait dans sa voix, et pourtant il arrivait à faire un minimum bonne figure.
-Tout le monde va bien, ils te passent le bonjour.
-Moi aussi !
-Alors, raconte moi, qu'est-ce que tu as fait ?
-On a grimpé la tour avec Dabi, mais ça fait peur. Et j'ai vomi…
-C'est pas grave Crevette, ça va mieux ?
-Oui…
-Alors tant mieux.
-Et y'a des gens aussi qui sont venus. J'ai pas aimé, ils ont voulu me prendre et taper Dabi.
-Ils t'ont fait mal ?
-Oui, mais Dabi a fait le feu et ils ont plus fait mal.
-On est en sécurité maintenant, le rassura le manipulateur de flammes.
-C'est bien alors.
-Oui. Et tu sais, le feu à Dabi il est joli, comme le ciel !
-Sérieusement Crevette, t'étais obligé de dire ça ? lança Dabi en couvrant son visage de ses mains.
Hawks, qui jusque-là se sentait horrifié de voir un enfant parlé de crémation comme du beau temps, ne put s'empêcher de rouler sur le canapé et d'éclater de rire, tout comme Tomura à l'autre bout du fil. Même le pyromane ne put s'empêcher de sourire.
-C'est vrai ! se défendit le petit.
-Je te crois Crevette, je te crois.
Et l'appel continua environ une petite heure, autour de futilité, à écouter essentiellement le plus jeune raconté des anecdotes, et aux adultes de commenter. Hawks n'apprit pas grand chose, voire rien du tout, et il soupçonnait les vilains de le faire exprès, mais peu importe, il savait être patient pour obtenir ce qu'il voulait.
-Je vais devoir y aller Crevette, dit finalement Shigaraki.
-Tu reparles bientôt ?
-Rappelle, le corrigea gentiment Dabi.
-Rappelle bientôt ?
-Oui, dès que je peux Crevette. Tu me dis bonne nuit ?
-Bonne nuit Papa.
-Bonne nuit Crevette.
Et sur ces paroles, le chef de la League raccrocha. Le petit rendit alors son téléphone au pyromane, grattant le contour de ses yeux d'une main. Le vilain prit le temps d'envoyer un message rapide, avant de ramener le petit contre lui et de lui rendre sa tétine.
-Tu finis le dessin-animé et après tu vas te coucher, okay ?
Le bambin hocha simplement la tête, se calant contre Dabi, à la recherche de chaleur et de réconfort. L'adulte passa simplement sa main dans les cheveux bleu pâle pour le consoler gentiment. L'attitude n'échappa pas au héros : Shigaraki manquait au petit, ça se voyait à la façon dont son visage s'était attristé lorsque son père avait dit qu'il devait raccrocher. A ce stade il ne pouvait que spéculer sur beaucoup d'hypothèses pour savoir depuis combien de temps ils ne s'étaient pas vu, ou si c'était quelque chose de normal et régulier. Quoiqu'il en soit il en prit note dans son esprit et continua à regarder le film pour enfant avec eux.
Crevette fut endormi avant la fin, et aussi étonnant que cela paraisse, aucun des deux adultes ne coupa court au film, et ils attendirent la fin avant d'éteindre la télévision et de se lever pour partir chacun dans leur chambre respective. Ils ne se croisèrent à nouveau que le lendemain matin, lorsque Dabi se leva avec le petit pour prendre un petit déjeuner, et que Hawks partit pour son rendez-vous, un peu inquiet néanmoins de laisser un vilain seul chez lui, allez savoir ce qu'il allait bien pouvoir fouiller dans ses affaires.
Néanmoins, lorsqu'il revint pour l'heure du déjeuner, il fut agréablement surpris de trouver son appartement toujours intact et sans rien qui ne semblait avoir bouger. Enfin si : l'étendoir à linge était sortit sur le balcon, avec le linge qui était dans la machine désormais en train de sécher dans la brise, et une odeur de poulet au curry qui embaumait le salon. Le petit était sur le canapé, en train de jouer sur une console portable et le couvert était mis pour trois à la plus grande surprise du blond.
-Crevette, à table ! entendit-il Dabi depuis la cuisine.
L'enfant réagit à peine, sans doute trop absorbé par son jeu. Mais dès que le vilain eut posé le plat sur la table, il se dirigea immédiatement vers le canapé pour prendre la console des mains du petit, qui sursauta avec un petit gémissement plaintif lorsque l'appareil lui fut enlevé.
-Tout de suite, le gronda l'adulte. Hors de question que tu sois une plaie comme ton père à ce niveau là !
Sans se faire plus prier, le plus jeune partit s'installer à table, avec l'aide du plus grand pour s'installer sur une pile de coussin afin d'être à une meilleure hauteur de la table. Les deux avaient les cheveux mouillés, signe qu'ils s'étaient douchés il y a peu, et portaient des jeans. Mais là où le t-shirt du petit était d'un bleu foncé avec un dinosaure dessus avec des manches longues, celui de Dabi était d'un bleu clair uni aux manches courtes. Et l'homme oiseau, tandis qu'il se dirigeait vers la cuisine pour y poser ses sacs de courses, se demanda si le vilain avait fait exprès que leur t-shirt aillent aussi bien ensemble ou s'il avait fait sans s'en rendre compte.
Quoiqu'il en soit, il les salua à nouveau tous les deux, puis après avoir déposé et ranger rapidement les courses les plus urgentes, il rejoignit ses deux hôtes à table. A nouveau, il prit le temps d'observer autour de lui : le linge qui était étendu, la maison qui était toujours aussi bien rangée malgré la présence d'un enfant, et Dabi lui-même qui les servit tous les trois. Il cligna alors des yeux, avant de laisser un sourire amusé ourler ses lèvres en posant son coude sur la table et de laisser reposer sa tête dans le creux de sa main.
-T'es définitivement une bonne mère de famille, lâcha-t-il soudainement à l'intention du pyromane.
Ce dernier ne s'étrangla même pas, mais lui rendit son sourire.
-Parce que tu en doutais ? répliqua-t-il.
-Un peu j'avoue, mais tu te débrouilles parfaitement bien ! Tu voudrais pas t'installer ici à tout hasard ?
-Je croyais que c'était trop risqué ?
-Je commence à y voir plus de bénéfices que de risques.
-Sauf que j'ai un enfant à charge j'te rappel.
-Oh ça pas de soucis, je veux bien être son beau-père vu comment il est adorable.
-Désolé de te décevoir poussin mais je suis déjà engagé ailleurs.
-Aaw, tu me brises le cœur chéri.
Le petit avait suivi l'échange sans trop comprendre ce qu'il se passait, sauf une seule chose.
-On va rester ici ? demanda-t-il de sa petite voix.
-Tu vois même lui est d'accord ! s'exclama-t-il. Épouse-moi !
-Non Crevette, répondit calmement Dabi en ignorant le héros. C'est juste le temps que je trouve un autre endroit où dormir.
Le petit retourna alors à son déjeuner sans poser plus de questions, laissant les adultes à leur discussion. Le vilain informa juste leur hôte qu'il devrait s'absenter le lendemain toute la journée et qu'il aurait donc l'enfant à charge, y compris son réveil et possiblement son coucher.
-Mais il est habitué à dormir avec toi, non ? demanda Hawks.
-Non, juste avec quelqu'un, il dort également avec son père et s'endort facilement dans les bras tant qu'il se sent en sécurité, répondit le pyromane. Tu n'auras qu'à le garder dans tes bras le temps que je rentre, ou dormir avec lui, c'est comme tu veux.
-Je vois, on avisera sur le moment je pense… Essaye quand même de pas rentrer trop tard pour lui ?
-Je vais essayer, mais on verra, je ferais ce que j'ai à faire.
-Cramer des gens ?
-S'il le faut oui, mais rien d'autre qui te concerne moineau.
La discussion avait à nouveau ce côté surréaliste, comme la veille au soir, comme s'ils étaient un vieux couple avec un enfant et non deux némésis forcés de cohabiter. Le héros ne savait pas trop s'il était le seul à le remarquer, mais Dabi semblait parfaitement à l'aise avec la situation, autant celle de venir squatter chez lui, que celle de devoir s'occuper d'un jeune enfant. Est-ce que c'était juste son caractère ? Ou est-ce qu'il y avait quelque chose d'autre qu'il avait caché à tout le monde ?
Le pyromane était une énigme sur pattes, et le voir agir avec le petit avait quelque chose de curieusement très normal et dérangeant, rien dans son attitude n'allait, tant avec son caractère et que son physique. Et pourtant, il semblait agir naturellement et savoir quoi faire peu importe la situation, comme quand ses compagnons l'avaient appelé à l'aide la première fois.
Le reste de la journée se déroula sans accroc, chacun vacant à ses occupations et s'accommodant de la présence de l'autre. Hawks en profita pour se rapprocher un peu du gamin, jouant avec lui ou l'accompagnant sur ses coloriages. Puis le lendemain matin, Dabi partit très tôt, avant le lever du Soleil pour profiter encore de l'ombre de la nuit et ne pas être vu, laissant le petit encore endormi dans le lit. Si le héros fut réveillé par son départ, il n'en laissa rien paraître et se rendormit pour profiter d'encore quelques heures de sommeil.
Lorsqu'il s'éveilla à nouveau, il avisa l'heure : il était encore tôt dans la matinée, même si c'était rare qu'il se lève aussi tard, encore que tard, quand il n'avait pas encore passé la moitié de la matinée, restait un euphémisme. Il se leva alors, s'étirant, s'adonnant à sa routine matinale avant de mettre le petit déjeuner en route. Aucune trace de Crevette cependant, le vilain lui avait pourtant assuré que le petit avait tendance à se réveiller rapidement une fois seul dans le lit. Sauf que ça faisait un moment que ce dernier était partit, donc si ses dires étaient juste, le plus jeune aurait déjà dû être debout. Ou alors il s'était soit rendormit, ou ne s'était pas levé du lit, ou avait juste décidé de rester en haut ?
Quoiqu'il en soit, il prit le chemin de la chambre à l'étage, avisa que la pièce était pourtant baignée de lumière, et décida d'y entrer doucement pour ne pas surprendre le petit, prenant même le temps de toquer à la porte. C'est alors qu'il le vit, sous le drap, presque rouge comme une tomate, un peu en sueur, et visiblement l'air ronchon et pas bien… Ou alors il était malade, en effet, et ça expliquait qu'il ne se soit pas levé.
-Hey Crevette, ça va pas ? dit doucement l'homme oiseau en s'approchant.
S'agenouillant près du lit, il posa gentiment sa main sur le front de l'enfant et le sentit beaucoup plus chaud qu'il n'aurait dû l'être.
-Tu as mal quelque part ? Tu as chaud ? demanda-t-il d'une voix douce.
Le bambin ne fit que hocher la tête, enfouissant son visage dans son doudou.
-Tu veux bien venir avec moi ? continua-t-il avec sa voix adoucie. On va voir pour que ça aille mieux okay ?
Le plus jeune ne bougea pas, n'émettant qu'un gémissement plaintif avant de venir gratter le contour de ses yeux. Doucement, pour ne pas trop le brusquer, Hawks vint passer ses mains sur ses aisselles pour le sortir en douceur de sous le drap. Le petit secoua la tête, souhaitant visiblement rester dans le lit, mais ne se débattit pas réellement, se mettant juste à pleurer. Le héros vint rapidement le poser contre son torse, l'entourant presque instinctivement de ses ailes et venant le bercer gentiment.
-Chut, ça va aller. Je sais que tu veux rester dans le lit, tu pourras y retourner plus tard, d'accord ?
Descendant les escaliers, l'homme aux ailes rouges continua à essayer de calmer le petit malade. A priori il avait de la fièvre, ce qui restait à vérifier, c'est pourquoi il partit rapidement chercher un thermomètre électronique, qui lui confirma rapidement que la température de ce petit corps était trop élevée. Cependant, après une rapide vérification, il n'avait rien dans ses médicaments qui pouvait convenir à un enfant de moins de six ans. Il finit donc par appeler la pharmacie la plus proche, qui lui confirma qu'il existait bien des médicaments sans ordonnance pour un enfant aussi jeune, mais qui lui recommanda très fortement de consulter un pédiatre.
Il fut alors face à un dilemme : appeler un médecin pour être sûr que ce n'était pas plus grave qu'une simple fièvre ? Ou prendre le risque de l'auto-médication en espérant que ça irait vite mieux ? Grommelant, il ouvrit son ordinateur : il était un héros, bien sûr qu'il allait prendre rendez-vous avec un praticien pour ne rien risquer ! Cela dit il se retrouva très vite devant un gros problème : sous quel nom il allait enregistrer le petit ? D'autant plus qu'il était certains que le gamin n'avait aucune sécurité sociale !
Bon tant pis pour un quelconque remboursement, la priorité était que le petit soit soigné rapidement ! Il réfléchit donc rapidement, lui trouva un nom de substitut et l'enregistra sous le nom de Keigo Ukai. Ce n'était peut-être pas très intelligent de sa part sur ce coup-là mais il ne voyait rien d'autre sur l'instant. Cependant, il eut le bonheur de trouver un créneau rapidement pour dans 1h30 en téléconsultation. Cela lui laissait le temps de doucher l'enfant et d'essayer de lui faire manger quelque chose.
La consultation de passa plutôt bien, Crevette s'étant calmé, et la pédiatre l'ayant rassuré : il ne s'agit sans doute que d'un petit coup de froid. Un médicament pour la fièvre, un sirop pour la gorge qui risquait de s'irriter, ainsi que des gouttes pour le nez, et d'ici 5 jours tout devrait être rentré dans l'ordre ! Hawks soupira de soulagement, paya le médecin, et dès qu'il reçut l'ordonnance électronique, partit enfiler ses chaussures et celles du petit pour partir immédiatement à la pharmacie la plus proche.
Il testa momentanément ses ailes : elles avaient recouvrer suffisamment de plumes pour le faire planer sur plusieurs mètres, mais pas assez pour lui permettre de s'envoler. Au moins il en avait récupéré suffisamment pour se défendre si le besoin s'en faisait sentir. Voler jusqu'à la pharmacie aurait certainement été beaucoup plus rapide, surtout qu'un vent frais s'était levé aujourd'hui, et hormis des sweats, le petit n'avait pas grand chose de chaud. C'est pourquoi il l'avait emmitouflé dans une de ses vestes et avait refermé son aile sur lui pour le protéger du froid, le portant de fait tout le long du chemin. Il ne s'était juste pas attendu à ce qu'un enfant soit si lourd sur la durée : il prenait du poids chaque secondes ou quoi ?
Une autre chose qu'il avait légèrement oubliée sur le coup, c'est qu'il était le héros numéro deux désormais, et qu'il faisait partie du top cinq de popularité. Hors, le second héros estimé le plus fort du Japon, portant un enfant dans les bras et qui se rendait à la pharmacie, ça ne passa pas, mais absolument pas, inaperçu. Aussi, à peine une centaine de mètres après avoir quitté la résidence, il commença à se faire alpaguer à droite à gauche par des fans. Très vite évidemment on remarqua son petit paquet dans les bras et il dût rapidement trouver une excuse.
-Ah ! C'est le fils d'une amie qui est un peu malade, elle doit travailler au bureau aujourd'hui et son mari est en déplacement, alors je le garde pour la journée, expliqua-t-il.
-Un homme avec la main sur le cœur hein ?
-Même en convalescence Hawks aide autrui, c'est pas le numéro deux pour rien !
-Héros un jour, héros toujours !
Les commentaires fusaient, mais il réussit néanmoins à faire son trajet jusqu'à la pharmacie en un seul morceau. Il concéda néanmoins quelques photos à des fans, mais fit toujours bien attention à ce que le petit ne soit jamais visible dessus. Ce dernier d'ailleurs resta plutôt sage, sans doute assommé par la fièvre, en tout cas jusqu'à ce qu'il arrive à la pharmacie où il s'agita un peu. Là, Hawks ne put s'empêcher de venir déposer un léger baiser sur son front tout en le berçant légèrement.
-Chuut, tout va bien, juste après ça on rentre, le rassura-t-il.
Ce qu'il ne vit pas néanmoins, ce fut le paparazzi qui prit une photo discrète pile à ce moment-là. Et dès que son tour vint, il donna tranquillement l'ordonnance à la pharmacienne qui resta très professionnelle. Cette dernière se permit juste de faire un au-revoir de la main à l'enfant.
-Au-revoir Keigo, dit-elle. Guéris vite pour ton papa !
Hawks ne put s'empêcher de rougir légèrement et toussa un peu gêné.
-Heu non, ce…c'est pas mon fils… Ahem, c'est celui d'une amie que je garde pour la journée, parce qu'elle est partie au bureau, et son mari est en déplacement.
-Oh pardon, s'excusa la jeune femme qui l'avait servit.
-C'est rien, merci à vous, bonne journée !
Et sur ce, il s'éclipsa le plus rapidement et poliment possible pour rentrer chez lui. Le chemin du retour fut presque aussi pénible que l'aller, mais il s'en sortit à nouveau plutôt bien et put enfin souffler une fois de retour dans son appartement. Le reste de la journée, il put ainsi prendre soin du plus jeune, lui donner ses médicaments y compris le sirop car sa gorge commençait à lui faire un peu mal, et lui laver régulièrement le nez. Quand bien même ce n'était pas très agréable, le petit se laissa plutôt bien faire et Hawks le félicita plus d'une fois. Le soir, il suivit les recommandations de Dabi, lui donna un verre de lait chaud, et le garda contre lui sur le canapé pour l'aider à s'endormir.
C'est ainsi que le vilain les retrouva : Crevette étalé sur le torse du blond, qui avait refermé ses ailes sur lui, les deux en train de dormir. Un sourire sadique sur ses lèvres, le pyromane ne put s'empêcher de prendre une photo : le héros numéro deux en train de couver le fils de l'ennemi numéro un, voilà qui ferait un scoop ! Même si en réalité il garderait la photo pour lui, ça lui ferait au moins de quoi faire un peu chanter l'oiseau et se moquer de lui !
Le flash réveilla Hawk en sursaut, heureusement pas le petit qui dormait toujours à point fermé. Le blond grogna, insultant le vilain au passage quand ce dernier attrapa l'enfant dans ses bras pour aller se coucher avec lui.
-Au fait, il est malade, l'informa le héros.
Son interlocuteur s'arrêta juste dans les escaliers pour se tourner vers lui et lever un sourcil.
-Fièvre et gorge qui gratte, les médocs sont sur la table à manger.
-Okay, fut la seule réponse qu'il eut.
Et chacun partit alors se coucher. Ce fut le lendemain que l'enfer leur tomba dessus, lorsque les couvertures des journaux à scandales et certaines chaines spécialisées dans le drama révélèrent la photo de Hawks et du petit. On ne voyait pas grand chose en réalité, on distinguait certes assez clairement qu'il portait un enfant, mais ce dernier était emmitouflé dans sa veste trop grande et on ne voyait qu'une petite partie de son visage et quelques mèches de cheveux. Sauf que sur son visage on distinguait un petit œil rouge, ainsi que des cicatrices autour, n'importe qui un minimum familier avec Shigaraki aurait reconnu les ressemblances.
Et ça ne manqua pas, car si le grand public spéculait pour savoir si c'était réellement son fils, et le présentait sous le nom de Keigo, certains héros notèrent la ressemblance troublante. Les premiers à le réprimander sévèrement, ce furent la commission : est-ce qu'il se rendait compte d'à quel point il mettait sa mission en danger ? Celle-ci devait absolument rester confidentielle, et ce genre de révélation choc la mettait en péril. L'homme oiseau les rassura tant bien que mal, leur assura que ça s'arrangerait et qu'il gérait la situation, même si en réalité il sentait que ça lui échappait totalement. Et puis que diable ! Il était un héros, hors de question qu'il laisse un enfant souffrir, peu importe qu'il soit le fils d'un vilain ou non ! Son propre passé lui faisait écho et il ne pouvait s'empêcher de ressentir une forte compassion pour le petit. Dans tous les cas, il fut décidé qu'il prendrait un jour d'arrêt de travail supplémentaire à son plus grand damne.
Dabi fut beaucoup moins…spectaculaire, et presque plus froid. Il n'apprécia pas bien sûr que le petit soit révélé au monde, après tout, des gens lui en voulaient pour il ne savait quelle raison. Et le plus jeune était assurément un point de pression sur Tomura. Or avec cette photo, ses ravisseurs savaient désormais où il était caché, et ça n'augurait rien de bon. Même s'il doutait fortement qu'ils osent attaquer un héros pro chez lui, il allait néanmoins devoir redoubler de vigilance : ils avaient déjà surveiller son ancien studio, il était possible qu'ils établissent un nouveau point de surveillance ici.
Mais le pire vint en milieu d'après-midi, alors qu'il avait un argumentaire avec le vilain. Ce dernier lui assurait qu'il aurait très bien pu laisser le petit le temps d'aller chercher les médocs. Ce à quoi Hawks lui répondit qu'il était hors de question qu'il laisse un enfant de trois ans seul, malade qui plus est, et qu'il n'était pas irresponsable à ce point. Ils furent coupés lorsque la sonnerie de l'interphone retentit, les laissant un court instant dans un silence surpris, avant que le blond n'aille voir qui c'était. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant le numéro 3 sur l'écran, qui attendait patiemment devant la porte de l'immeuble.
-Merde, murmura-t-il. Dans ma chambre ! lança-t-il à Dabi.
-Désolé poussin mais j'ai mal au crâne, le taquina le pyromane d'un ton cinglant.
-Pas pour ça crétin, emmène le petit on a de la visite ! Un héros !
Fronçant les sourcils et le fusillant un instant du regard, avant d'aller chercher l'enfant qui était sur le canapé en train de regarder la télé en somnolant, le prenant dans les bras pour se diriger en direction de la chambre de l'homme oiseau.
-Merde pas sur ce coup-là, dit-il simplement.
Hawks hocha simplement la tête, réfléchissant à tout allure, tandis qu'il activait l'ouverture de la porte de l'immeuble, permettant à son collègue de rentrer à l'intérieur. Il fit un rapide tour de l'appartement et enleva le maximum de choses suspectes, comme le manteau de Dabi sur le dossier du canapé, la tétine abandonnée sur la table basse ou encore la tasse de café sur la table à manger. Ce fut à ce moment-là qu'on toqua à sa porte et, placardant son sourire de mannequin sur son visage d'ange, il ouvrit sa porte d'entrée.
-Best Jeanist ! Quelle surprise de te voir ici ! s'exclama-t-il.
-Bonjour Hawks. Désolé de passer ainsi à l'improviste, mais ça me semblait important de venir te rendre visite, répondit son visiteur.
-Je t'en prie entre, l'invita l'homme aux ailes rouges.
Ne se faisant pas prier, le héros aux fibres entra, jetant un coup d'œil rapide au salon, tandis que son hôte partait vers la cuisine.
-Qu'est-ce que je peux t'offrir ? demanda le blond.
-Juste un verre d'eau, merci.
Revenant avec deux verres d'eau et un paquet de biscuits, l'homme oiseau invita son camarade à s'installer autour de la table. Les deux hommes prirent le temps d'avaler quelques gorgées, avant que Hawks ne décide d'ouvrir la discussion.
-Alors que puis-je faire pour toi ?
-Je viens par rapport à l'incident de ce matin, expliqua son interlocuteur. De plus tes acolytes semblent plutôt inquiets.
La tension qui s'immisça dans ses épaules fut à peine perceptible, bien sûr que son interlocuteur voulait parler de cette photo scandaleuse. Mais en ce qui concernait ses acolytes, il ne comprenait pas trop sur le moment. Néanmoins, merci ses années d'entraînement et de pratique, car grâce à ça il resta parfaitement maître de lui-même et offrit un sourire légèrement contrit à son homologue.
-Tout va très bien, c'est pas la peine de s'inquiéter. Tu connais le public, cette histoire va vite retomber et tout le monde passera à autre chose.
-Ce n'est pas tellement le public qui m'inquiète, mais qui est le petit. Tu es loin d'être un idoit Hawks, contrairement à ce que tu essayes de faire croire. Tu dois très bien savoir que parmi les pros, plus d'un ont dû reconnaître le fils supposé de Shigaraki.
Le silence se fit autour de la table, et une tension commença à monter, de même que dans la chambre. Dabi serrait le petit, qu'il avait déposé à terre, contre ses jambes, prêt à le jeter derrière lui et à brûler l'immeuble entier s'il le fallait. Il attendit néanmoins de voir ce qu'allait faire le piaf.
-Peu importe, répliqua Hawks en perdant son sourire. De toute façon le petit n'est plus…
-Atcha !
La mine du héros se décomposa et il afficha une mine désabusée, avec une furieuse envie interne de se frapper le front contre la table. La vie était contre lui hein ? Parce qu'il avait fallu que l'enfant éternue pile à ce moment-là pour le mettre dans l'embarras. Il tourna alors les yeux vers Best Jeanist qui le regarda d'un air neutre, mais très loin d'être embobiné.
-Tu allais dire ?
-…Que tu n'as rien entendu ?
-Hawks…le petit est caché dans ta chambre, c'est ça ?
-…Non ?
-Atcha !
-…
-Bon ok, peut-être, et alors ?
-Laisse-moi reformuler : le fils de Shigaraki Tomura, l'ennemi public numéro un, est actuellement caché dans la chambre du héros numéro deux national. Et tu ne vois rien de grave à la situation ?
-C'est sûr que si on le formule comme ça, ça ressemble à la pire chose au monde.
-Comment tu le formulerais ?
-Que le héros numéro deux est actuellement en train de cacher un enfant déjà suffisamment traumatisé par la vie, pour ne pas devoir en plus subir la pression que les gens voudront inévitablement lui mettre sur le dos.
-Il est un atout indéniable pour obliger Shigaraki à sortir de son trou.
-Et il serait aux premières loges pour voir des inconnus s'attaquer à son père. Non, il est hors de question qu'il serve d'appât.
-Que tu le veuilles ou non, c'est déjà le cas. Si Shigaraki a vu la photo, il sait où est son fils. Tu es en danger Hawks. D'ailleurs comment est-ce que tu as récupéré cet enfant ?
-C'est une longue histoire dont je n'ai pas envie de parler.
-Est-ce que ça a à voir avec le fait que quelqu'un est venu chez toi ?
-Comment ça ?
-Tes acolytes ont remarqué, lorsqu'ils sont venus, qu'il y avait des couverts pour trois personnes.
-Peut-être oui…
Comprenant que le héros ailé n'en dirais pas plus, il décida d'attaquer sur un autre angle.
-Tu feras quoi lorsque son père viendra le récupérer ?
-Il ne viendra pas.
Cette dernière déclaration eut le don de faire taire Best Jeanist qui le regarda les yeux ronds l'espèce d'un instant. Néanmoins ce dernier se reprit rapidement.
-Qu'est-ce qui te permet d'affirmer ça ?
-Rien que je ne puisse te dire. Écoute, je sais que ça va te paraître fou, mais je suis peut-être sur une piste. Il me faut juste plus de temps pour l'exploiter.
En face de lui, le héros aux fibres soupira.
-Ce n'est pas que je ne veuille pas te croire Hawks, mais il va me falloir de solides raisons, et plus que juste un "fais-moi confiance". Comment peux-tu me certifier que tout va bien comme tu dis ?
-Attends-moi ici, soupira son interlocuteur.
Il regarda alors son hôte se lever et se diriger vers sa chambre, entrouvrant la porte pour se glisser à l'intérieur et la refermer derrière lui. A l'intérieur, le héros ailé retrouva Dabi,qui était plaqué contre le mur, le regard plus que sérieux et meurtrier. Les deux hommes se regardèrent un instant, avant que le blond ne s'accroupisse et tende gentiment les bras en direction du petit.
-Tu viens me voir Crevette ? l'appela-t-il gentiment avec un sourire. Tout va bien, le rassura-t-il.
L'enfant le regarda, se frottant le contour des yeux, ne sachant pas quoi faire. La prise du pyromane se resserra sur son épaule, et ce dernier darda son regard sur le héros, le jaugeant et estimant ses chances de s'en sortir avec le plus jeune. Sa némésis plongea alors à nouveau son regard dans le sien. "Fais-moi confiance" put-il lire sur ses lèvres, et c'était bien là tout le coeur du problème : il ne lui faisait absolument pas confiance et ne croyait pas un mot de ses paroles.
-Hawks ? Tout va bien ?
-N'entre pas ! Le petit a peur des inconnus, s'il te voit il va paniquer.
Finalement, la manipulateur de flammes relâcha sa prise sur le bambin, et le poussa gentiment en direction du héros. Ce dernier parut soulagé, et avec douceur, prit le petit malade dans ses bras avant de se relever. Dabi avait alors immédiatement invoqué des flammes bleues autour de ses mains, et la menace fut suffisamment claire : à la moindre incartade, ils y passaient tous.
Contrôlant sa respiration pour ne rien laisser transparaître, le numéro deux passa un bras autour du corps serré contre le sien, le deuxième le soutenant sous les fesses, et vint rabattre une de ses ailes par-dessus lui dans un geste protecteur. Enfin, il sortit à la rencontre du numéro trois. De dernier put alors voir son collègue revenir avec le fameux gamin, qui serrait une peluche en forme de dragon contre lui et lui jetait des regard inquiet. Il voulut approcher, mais Hawks l'arrêta immédiatement.
-Pas plus près, il a suffisamment peur comme ça.
-Qu'est-ce que tu comptes faire ?
-Trouver un endroit où il sera en sécurité. C'est presque fait.
-Comment peut-être sûr que ton plan va marcher ?
-Il n'y a pas de moyen d'être réellement sûr. Mais si je ne suis pas moi-même sûr que je pourrais le protéger, comment pourrait-il se sentir en sécurité ?
-Hawks…
-Regarde-le Best Jeanist, le coupa son interlocuteur en relevant un peu son aile. Regarde-le et dis moi sincèrement que tu voudrais utiliser un enfant de trois, quatre ans maximum, comme un vulgaire appât de pêche ? Oui la commission serait sûrement heureuse, probablement que beaucoup de pro n'y verront aucun inconvénient, très certainement que la population sera scandalisée pendant trois jours avant de passer à autre chose et d'accepter ça. Mais ta conscience ? Est-ce que ta conscience serait vraiment d'accord avec ça ? Est-ce que ta vision du héros serait en harmonie avec ça ? Désolé mais pas la mienne.
Le héros aux fibres posa en effet son regard sur le petit, ne voyant qu'un corps frêle et affaibli par la fièvre, qui se serrait contre celui de l'adulte qui le tenait, qui s'accrochait à sa peluche comme une bouée de sauvetage et qui le regardait passablement terrorisé.
-Désolé, mais moi non, je ne peux pas accepter ça. Ce n'est pas parce que son père est un vilain que l'on doit accepter qu'il soit traité de la sorte. Cet enfant est innocent, et le rôle d'un héros c'est de protéger les innocents.
Son discours fit visiblement mouche dans le cœur de son collègue, qui recula un peu et dont la posture fut plus détendue alors qu'il se rasseyait sur sa chaise.
-Dénonce-moi si tu veux, s'il faut que je ternisse mon image pour le sauver, ça ne me gène pas. Rien ne me détournera de mon but. Mais si tu es d'accord avec moi, alors j'aimerais que tu leur dises que tu n'as rien trouvé chez moi, que c'était une fausse piste et que le petit n'est plus ici.
-Je ne te dénoncerais pas Hawks, souffla finalement Best Jeanist. Même si je ne suis pas entièrement d'accord avec toi, je ne dirais rien. J'espère juste que tu ne commets pas une erreur monumentale.
Lui aussi espérait qu'il ne commettait pas la plus grosse erreur de sa vie, surtout qu'un vilain prêt à les cramer n'était qu'à un mur d'eux. Finalement, Best Jeanist partit sans plus de procédure, promettant de le couvrir tant qu'il le pouvait et Hawks put enfin souffler et relâcher un minimum de tension. Soudain, un clappement de mains attira son attention et, se retournant, il put voir Dabi, adossé au mur de sa chambre en train de le regarder. Ses yeux avaient un éclat amusé et partiellement fou, alors que son sourire de citrouille était plus que satisfait, et ça lui fit froid dans le dos.
-Hé bien, Monsieur le héros, quel discours, j'en aurais presque les larmes aux yeux !
-Merci Dabi, ton compliment me va droit au coeur ! ne put s'empêcher de se moquer l'homme oiseau.
C'est alors que le pyromane se redressa, s'approchant de lui d'un mouvement vif, il fut rapidement sur lui, les deux bras de chaque côté de sa tête, le coinçant contre la porte d'entrée. Instinctivement, Hawks avait rabattu ses ailes sur le plus jeune et s'était collé à la porte, frissonnant devant cette soudaine promiscuité. Le regard de sa némésis brillait désormais d'une aura malfaisante, et son sourire devint beaucoup plus sadique.
-T'as dit que tu voulais que j'te fasse confiance, petit oiseau ?
-En effet, c'est tout ce que je demande.
Rapprochant encore plus son visage de celui de sa victime, il vint glisser ses lèvres près de son oreille pour lui murmurer directement dans le creux.
-Alors il est tant que tu prouves ta loyauté…et j'ai trouvé la proie parfaite pour toi…
Hawks ne put que frissonner en sentant les lèvres chaudes contre son pavillon, mais plus encore en comprenant ce qu'impliquaient les paroles de Dabi, et il ne put s'empêcher de fermer les yeux l'espace d'un instant, avant de les rouvrir, une détermination farouche s'y reflétait désormais.
-Dis moi tout.
-Plus tard petit oiseau, plus tard.
Avec délicatesse, le vilain vint écarter les ailes du héros, faisant à nouveau frissonner ce dernier, puis il attrapa le petit qui était toujours dans les bras de Hawks. Venant caler le bout de chou contre son torse, il n'offrit pas un regard de plus au blond, et partit simplement dans la chambre qu'il occupait, son regard et ses gestes désormais baignés d'une immense tendresse envers le plus jeune. Le héros de son côté vint s'affaler sur le canapé, mentalement épuisé, et se prit la tête entre les mains. Il était pris au piège d'un démon qui se jouait de lui et l'utilisait à bon escient, et le pire dans l'histoire c'est que c'était ce qu'il avait demandé. Il pria alors intérieurement d'avoir la force de mener à terme sa mission, parce que cette dernière s'avérait être pire que l'enfer, et il n'était pas sûr d'en ressortir indemne, encore moins vivant.
Note de fin de chapitre : Un peu d'action qui se met en place et beaucoup de tendresse, parce qu'il en faut bien ! Les choses avancent gentiment et j'espère que ce long chapitre vous aura plu ! Alors, une idée sur qui en a après Crevette ? Vous avez une semaine pour faire vos pronostics, réponse dans le prochain chapitre !
Paroles de chanson extraites de "Gangsta's Paradise" performée par Coolio avec LV.
Traduction des paroles :
"Je ne peux vivre une vie normale, j'ai été élevé par la rue,
Donc je dois être fidèle à la bande ;
Trop de télévision, ça me fait poursuivre du rêve.
Je suis un gangster à la dérive, qui attaque violemment,
Et mes potes sont tombés, donc n'attise pas ma colère, idiot."
