9. Qui est Dragon-chan ?

Katsuki était du genre susceptible. Il pouvait exploser facilement. Prendre la mouche et prendre feu. Il était à l'écoute de la critique si elle lui permettait de s'améliorer, mais si ce n'était pas constructif, si c'était seulement pour le rabaisser, le blond devenait une vraie furie. Il était chatouilleux et c'était facile de l'énerver. Kaminari et Kirishima de la seconde A l'avaient compris, et le premier n'aimait rien tant que de l'embêter pour le faire sortir de ses gonds, le faisant aboyer, mais pas mordre. Et quand Katsuki refusait de faire quelque chose, il fallait gratter la corde de sa fierté : « qu'est-ce qu'il y a Bakugo, tu as peur ? », ça marchait quasiment à chaque fois.

Deku, lui, en revanche prenait les choses comme elle venait. Il n'aimait pas se faire insulter gratuitement, mais il laissait couler, et si la critique lui permettait de devenir plus fort, il l'acceptait. Il était plutôt têtu, mais pouvait se laisser convaincre de faire des choses avec ses amis (parce que oui, Deku au lycée avait enfin des amis). Il avait bon caractère, il était du genre adorable et attachant, il était un peu comme une mascotte. Quand Katsuki explosait, il pouvait presque le calmer d'un « Kacchan » et il était sans doute le seul. Les insultes glissaient sur Deku, peut-être parce qu'il en avait trop entendu pour y prêter vraiment attention.

Mais Katsuki connaissait Deku.

Lui aussi pouvait se mettre en colère, lui aussi pouvait péter les plombs.

Il suffisait de s'en prendre aux personnes qu'il aimait, aux personnes qu'il voulait sauver. Dites du mal de ce pauvre type que Deku connaissait depuis dix secondes, mais qui ne méritait pas qu'on se moque, et il mordait.

Ce que Katsuki ne savait pas, c'était que Deku avait une autre fibre sensible. Et Neito Monoma la fit vibrer ce jour-là.

xxx

Neito Monoma n'était pas spécialement le plus fort, mais il avait une langue de vipère qui insupportait jusqu'aux gens de sa propre classe. Quand il se moqua d'Izuku, ce dernier n'eut aucune réaction et resta concentré. Il essayait d'appeler à lui le pouvoir de l'écaille, sans que ça ne fonctionne. C'était tellement frustrant. Mais Izuku se battrait sans elle, il ferait de son mieux, et tant pis si son mieux n'était pas assez.

Il pensait que Dragon-chan était là, dans le public, à assister à son combat. Izuku avait découvert qu'il y avait un dragon aussi dans la classe de seconde B (était-ce une génération où les dragons devenaient plus courants ?), et Izuku avait vu ses longues cornes blanches et ses yeux rouges, sa taille massive et son air doux. Izuku avait immédiatement commencé à faire le rapprochement, et si c'était lui ? Et si c'était bien Dragon-chan. L'autre avait fait comme s'ils ne se connaissaient pas, Izuku s'était dit que c'était peut-être qu'il ne voulait pas dévoiler sa vraie forme à Izuku, qu'il voulait encore garder le secret. Si c'était le cas, Izuku lui laisserait le temps qu'il faudrait pour venir à lui.

Mais bref, peu importait, il devait trouver un moyen de battre Monoma avec ses propres forces et son esprit vif. Le garçon prétentieux possédait, à l'image d'Iida, une crête de coq, et il était du genre à vouloir être le plus beau de la bassecour, il rabaissait la seconde A, même quand il était perdant. Il avait le pouvoir de copier les pouvoirs des autres, mais Izuku n'en ayant aucun, qu'allait-il bien pouvoir imiter ?

Izuku se mit à courir dans tous les sens pour perturber les sens de Monoma et se rapprocha soudainement de lui pour lui faire un croche-pied. Monoma se retrouva le cul par terre et Izuku n'avait utilisé aucun pouvoir. Le coq se releva, l'air vexé, il se reprit pourtant. Et comme les critiques ne marchaient pas sur Izuku, il commença à baver sur Kacchan :

— Et le tyran de votre classe, Bakugo c'est ça, il a juste une grande gueule non ? Il est plutôt parti pour devenir un vilain qu'un vrai policier.

Les paroles furent comme du verre pilées qui coulèrent dans les veines d'Izuku. Personne. Ne. Pouvait. Dire. Du. Mal. De. Kacchan.

Alors il le sentit. Le pouvoir de l'écaille. Son corps se réchauffa tandis que la colère le faisait voir rouge ! Il courut à une vitesse quasi surhumaine vers Monoma et cette fois-ci le frappa franchement, sentant sa force décuplée par le dragon. Monoma voltigea hors du cercle dans lequel ils se battaient, et fut assommé directement. Izuku sortit vainqueur de son premier combat.

Quand il sortit de l'arène, Kacchan l'attrapa par le tee-shirt et l'emmena avec lui dans un coin tranquille.

— Tu as réussi à t'en servir, fit Kacchan.

Le garçon hocha la tête.

— Comment tu as fait ?

— Je ne sais pas, Monoma était en train de parler et tout à coup j'ai senti la puissance de l'écaille.

— Et c'est tout ? Le son de la voix de Monoma a suffi à t'énerver ?

Izuku haussa une épaule :

— Il est un peu énervant, admit-il.

— Et donc ? Est-ce que ça t'a aidé ? Est-ce que tu comptes enfin maîtriser tes pouvoirs en t'énervant ou est-ce que je vais encore te laisser loin derrière moi ?

— Je n'en suis pas sûr, répondit Izuku.

Les paroles évasives d'Izuku énervèrent Kacchan. Mais l'humain ne mentait pas. Monoma était un peu énervant, il ne fallait pas dire du mal de Kacchan. Ceci dit est-ce que cela suffirait à Izuku pour utiliser enfin l'écaille ? Il n'en savait rien. Après tout, s'il fallait que tous les gens contre qui il se battait dussent dire du mal de Kacchan pour que l'écaille réagisse, il était mal barré.

Les premiers combats prirent fin, les autres continueraient le lendemain.

Le soir, Dragon-chan vint chercher Izuku chez lui, et ce dernier lui raconta tout.

— Il a insulté Kacchan, j'ai vu un peu rouge. Kacchan ne sera jamais un vilain, il ne le connait pas !

L'animal secoua la tête comme exaspéré, puis il poussa gentiment Izuku avec son crâne.

— Je vais essayer de repenser à ça pour me servir de l'écaille, dit-il, je ne suis pas sûr que ça marche ceci dit.

Dragon-chan lui fit signe d'essayer.

Izuku ferma les yeux. Il fit apparaître une image de Kacchan dans son esprit. Puis il se répéta les mots de Monoma.

Aussitôt une chaleur l'envahit, un dragon transparent tournait autour de lui. C'était le pouvoir de l'écaille, Izuku le sentait et pouvait le voir également. Il ne savait pas encore bien s'en servir, le dragon disparut presque aussitôt, mais au moins il avait trouvé un déclencheur.

Izuku se tourna vers Dragon-chan souriant jusqu'aux oreilles :

— Ça marche, j'y arrive, je vais pouvoir apprendre le contrôler.

Dragon-chan se rapprocha de lui et pour le féliciter posa son menton sur son crâne très délicatement et tendrement.

xxx

Ce crétin de Deku, pensa Katsuki en rentrant chez lui. Ce véritable crétin de Deku. Son déclencheur était directement lié à Katsuki, et cela provoquait quelque chose chez Katsuki. Il avait plus chaud et son cœur semblait vouloir détruire sa cage thoracique tellement il battait fort. Il reprit forme humaine et enfila des fringues. Sa mère l'appela pour manger et il sortit de sa chambre.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive mon chéri ? interrogea Mitsuki, tu as les joues rouges. Tu n'as pas pris froid quand même ?

Elle posa une main sur son front avant que Katsuki ne puisse se reculer.

— Tu as l'air d'avoir chaud.

Katsuki s'éloigna :

— Je n'ai pas chaud, ce n'est rien.

Sa transformation en dragon n'avait jamais joué sur sa chaleur corporelle, mais peut-être que ce soir, il était déréglé, voilà tout.

— Je me suis entraîné pour les combats de demain, dit-il, cracher du feu a dû me réchauffer.

Mitsuki fixa son fils comme si elle devinait qu'il lui racontait des bobards.

— Allez viens manger, dit-elle finalement.

Katsuki obéit et se perdit dans ses pensées.

Et puis ça faisait quoi d'abord que Deku s'énerve quand on disait du mal de lui, ça faisait quoi que le pouvoir de l'écaille se soit déclenché parce qu'il pensait à lui ?

Rien.

Rien du tout.

Peut-être que ce n'était même pas ça. Après tout Deku se serait énervé si le mec de la seconde B avait insulté n'importe qui.

Ce n'était pas parce que c'était Katsuki.

C'était juste dans la nature de Deku de s'énerver pour les autres.

— Tu as les joues vraiment rouges, insista sa mère soudainement.

Mitsuki était une tigresse, elle devait sentir sa chaleur, peut-être même entendre son cœur battre contre ses côtes et elle avait de l'intuition. S'il ne se calmait pas, soit elle allait le forcer à rester au lit en le croyant malade, soit elle allait penser qu'il y avait quelque chose qu'il se passait.

Katsuki devait se calmer.

Parce que rien ne se passait.

Il avala une grande bouchée de viande pour ne pas avoir à répondre à sa mère et petit à petit, son cœur se calma, ses joues cessèrent de chauffer.

Une fois couché dans son lit, prêt à dormir, il repensa à ses propres galères, pour se métamorphoser au début, ça avait été le parcours du combattant. Désormais il maitrisait comme s'il avait toujours fait ça, mais avant il lui fallait des masses de concentration, et ce qui l'avait aidé à se transformer, c'était de penser à Deku en train de tomber du toit.

Là maintenant encore, rien que de l'imaginer, il avait une boule qui se formait dans son ventre. Aurait-il réagi de la même façon s'il s'était agi de quelqu'un d'autre ? Il n'en était plus si sûr. Il avait toujours cru qu'il avait trouvé la clé parce qu'il essayait de sauver quelqu'un, mais peut-être que sa réponse était moins générale. C'était parce qu'il avait essayé de sauver Deku. C'était lui le moteur, lui qui glaçait son sang au point de le transformer.

Après tout pour n'importe qui d'autre, il se serait contenté d'attendre qu'il tombe pour le rattraper d'un bond, mais avec Deku, il avait perdu la raison, il avait paniqué.

Katsuki appuya son oreiller sur sa tête en pensant « et merde ».

Le lendemain, il se retrouva en combat contre une fille qui s'habillait comme un champignon, mais qui possédait des moustaches de rats. Agile, elle sautait d'un coin à un autre et soufflait dans une sarbacane, envoyant des flèches empoisonnées sur Katsuki. Elle créait les flèches en utilisant son sang qui avait sans doute le pouvoir de l'endormir. Katsuki la laissa passer d'un point A à un point B en se concentrant sur l'envoi des flèches pour les éviter. Il allait se débarrasser de ce morpion en deux temps trois mouvements. Elle lui rappelait les moustiques, ces sales bêtes qui ne tenaient pas en place, qui attendaient votre immobilité pour bzzbzzter dans vos oreilles et vous piquer. Katsuki avait la solution contre ça. Il finit par courir dans sa direction et tandis qu'elle bondissait au-dessus de lui, il cracha une longue traînée de feu. Il ne voulait pas non plus la transformer en steak grillé alors il se contenta de petites flammes, qui la déstabilisèrent. Elle s'écroula sur le sol et d'un coup de pied, Katsuki la poussa hors du cercle. Il regarda la foule, sans vraiment la voir et tomba sur des yeux d'émeraude qui le regardait avec tellement d'admiration, que Katsuki se rengorgea.

Après son combat, Kirishima l'engueula parce qu'il y était allé à fond contre « une fille ». Mais Katsuki se fichait du genre, il ne sous-estimait pas ses adversaires. Elle était peut-être une fille, mais elle se débrouillait très bien et n'avait sans doute pas envie qu'on l'épargne juste à cause de son genre.

— Lâche-moi la grappe, maugréa-t-il.

Deku, bien entendu, lui dit que « pour sa part, il l'avait trouvé génial » et Katsuki n'était pas fait de glace, mais il se sentait quand même fondre malgré lui.

Le prochain combat aurait lieu entre Todoroki et le dragon de la seconde B qui s'appelait Ryû Yûdai. Deux dragons face à face. Deku paraissait impatient au possible. Il tira Kirishima et Katsuki par la manche :

— Venez, on ne doit pas rater ça.

Katsuki grogna :

— Qu'est-ce que t'as ? Tu as tant que ça envie de voir double face se taper contre l'autre dragon ?

— Oui. Je veux voir leurs capacités.

— Tu as vu les miennes, ça ne te suffit pas ? Je te signale que je suis le meilleur.

Deku s'amusa de ses paroles :

— Oui oui, je sais, allez viens.

Et il l'entraîna avec lui.

xxx

Izuku s'assit aux côtés de Kacchan dans les gradins. Ce dernier semblait de mauvaise humeur et ne cessait de grommeler que double face n'était pas aussi bon que lui, quand bien même il utilisait le feu et la glace. Izuku lui rétorqua :

— Tu n'es pas curieux de voir ce que valent tes adversaires ?

Kacchan ne répondit rien, tandis qu'Izuku sortait un cahier de notes.

— Sale nerd, grogna Kacchan à son encontre.

L'humain n'y fit même pas attention. Sur une page il écrivit « Todoroki Shôto » et sur l'autre « Yûdai Ryû ».

Kacchan croisa les bras, l'air de mauvaise humeur, il planta ses yeux rouges dans l'arène et regarda Todoroki et Yûdai avec mécontentement. Izuku n'y prêta pas attention. Peut-être que Kacchan était jaloux de Todoroki parce qu'il voulait combattre Yûdai, ou inversement. Cela n'avait aucune importance puisqu'Izuku avait appris à vivre avec les humeurs de Kacchan. Pour le moment il se concentra juste sur le combat.

Yôdai était-il Dragon-chan ? Était-ce lui qui le rejoignait quasiment tous les soirs ? Était-ce lui qui l'encourageait, était là pour lui, pour l'aider, le motiver ? Était-ce lui qui lui avait donné son écaille ?

Est-ce qu'Izuku obtiendrait ses réponses en regardant ce combat ? Il savait déjà que Dragon-chan ne se transformerait pas devant tout le monde parce que, pour le moment, il voulait garder ce secret. Mais peut-être se trahirait-il tout de même au cours de la bataille. Izuku n'avait d'yeux que pour Yôdai, ne faisant même plus attention à Kacchan assis à côté de lui qui l'observait d'un œil mauvais.

xxx

Depuis quand Deku connaissait-il cette grosse brute à cornes de dragon ? Katsuki se le demandait. Avec raison. Puisque l'humain ne quittait pas le gars des yeux. Katsuki se mit à l'observer à son tour. Yôdai était massif, double face paraissait petit à côté de lui. Ses cornes blanches sur sa tête semblaient plus imposantes même que celle de Katsuki. C'était un dragon, il ressemblait à un taureau prêt à bouffer du matador au sein de l'arène. La grosse brute tapa ses poings l'un contre l'autre, comme pour se donner du courage et de la force. Todoroki, lui, resta totalement impassible. Les deux adversaires se jaugeaient des yeux et ceux de Deku étaient toujours rivés vers Yôdai. Cela gênait Katsuki sans qu'il ne comprenne pourquoi.

Quand le gong du début du combat résonna, Deku se pencha en avant comme s'il voulait voir Yôdai de plus près. Katsuki était plus concentré sur l'humain que sur le combat des dragons. Kirishima qui les avait accompagnés lui mit un coup de coude. Katsuki se tourna vers lui les yeux enflammés :

— Le vrai combat se passe dans l'arène, lui fit remarquer Kirishima.

Katsuki grommela :

— Je le sais bien, pas besoin de me le dire.

Il porta enfin attention à ce qu'il se passait sur le terrain. Todoroki avait tenté de geler son adversaire, mais celui-ci utilisait ses poings brûlant pour éclater la glace et la faire fondre en même temps. Ils se tournaient autour, et chaque fois que double face utilisait la glace, l'autre s'en débarrassait aussitôt.

— Il devrait utiliser son pouvoir de feu, chuchota Deku prit par le combat en parlant de Todoroki.

Kacchan croisa les bras et se recula sur son siège. Du coin de l'œil il regardait Deku, mais assistait au combat en même temps pour pas que Kirishima ne l'emmerde.

Les deux dragons paraissaient pris dans la même boucle, jusqu'à ce que tout à coup la grosse brute bondisse en direction de Todoroki. Il avait une sacrée détente malgré le poids de son corps qu'il devait soulever.

— On dirait qu'il vole, murmura Deku avec un petit sourire.

Katsuki était presque sûr de voir des étoiles dans ses yeux et cela l'énervait.

— On ne dirait rien du tout, gronda-t-il, même toi tu fais des bons plus gracieux.

Mais Deku ne l'écoutait qu'à moitié. Yôdai avait fini atterrir sur Todoroki, mais ce dernier, avait fait une bande de glace sous ses pieds pour se déplacer en glissant. La brute retomba sur le sol avec ses deux pieds. Même si Todoroki était plus petit que lui, on ne lisait aucune peur dans son regard. Il restait calme, sûr de lui. Yôdai, lui, au contraire, s'énervait. Il commençait à gaspiller ses pouvoirs, bondissant jusqu'à Todoroki sans pouvoir l'attraper. Katsuki entendit Deku chuchoter :

— Il ne réfléchit pas, il attaque sans se rendre compte que Todoroki le fait tourner en rond.

Ses yeux n'étaient plus si lumineux, il parlait comme s'il était déçu par Yôdai, comme s'il s'était attendu à autre chose de plus grandiose.

Katsuki commença à comprendre ce qu'il se passait dans la tête de Deku. Les cornes blanches, les yeux rouges, le petit humain pensait que la grosse brute était Dragon-chan. S'il savait que celui qu'il recherchait en Yôdai se tenait tout simplement à côté de lui. Katsuki aurait pu tout déballer à ce moment-là, il ouvrit la bouche, mais Kirishima le poussa de nouveau :

— Regarde ! Je crois que Todoroki va gagner !

Katsuki referma sa bouche et se concentra à nouveau sur le combat. Sans jamais utiliser le feu, Todoroki finit par réussir à coincer Yôdai dans sa glace. Celui-ci s'épuisait à faire fondre des icebergs qui l'entouraient et repoussaient aussitôt fondus et brisés.

Maintenant, il était trop tard pour parler à Deku, le moment était passé et Katsuki se disait que ce n'était pas une si bonne idée d'avouer la vérité. Qu'il croie que Yôdai était Dragon-chan si ça lui chantait.

Mais Katsuki entendit Deku marmonner :

— Je ne crois pas ce que soit lui. Dragon-chan aurait pu perdre bien sûr, mais il aurait eu plus de techniques.

Yôdai fut finalement éjecté de l'arène par Todoroki. Deku avait l'air à la fois étonné et perdu. Il avait vraiment dû croire que la brute était Dragon-chan, il devait espérer pouvoir le retrouver à Yuei. Mais ses espoirs avaient été déçus.

Katsuki n'eut pas le temps d'y réfléchir plus, c'était l'heure du combat de Kirishima contre Tetsutestu Tetsutetsu qui avait, encore là, les mêmes attributs que lui. Deux buffles l'un contre l'autre.

Deku prit des notes, mais fut moins pris par le combat que le précédent.

Katsuki attendit le soir, pour se transformer en Dragon-chan et rejoindre Deku chez lui. Ce dernier vint lui ouvrir et le laissa l'emmener à l'endroit habituel.

— Tu n'es pas Yôdai n'est-ce pas ? interrogea Deku une fois les pieds sur le sable.

Le dragon se secoua pour faire signe que non.

— Alors peut-être que tu es dans une autre classe à Yuei ? Tu es plus âgé que moi ?

Katsuki ne sut que dire ni que faire, il resta sans bouger et Deku souffla :

— Pourquoi tu ne veux pas me le dire ?

Le dragon écrivit une nouvelle fois « secret » dans le sable et il sentit la frustration de Deku.

— Très bien c'est secret, j'attendrai. En attendant, je vais m'entraîner.

Si Deku arrivait à faire venir le pouvoir de l'écaille, il avait du mal à le contrôler, quand il essayait de concentrer son pouvoir dans ses jambes pour courir plus vite, il y allait trop fort ou pas assez et finissait toujours le nez par terre. S'il essayait de donner des coups de poing dans le vide, son pouvoir se concentrait ailleurs et une nouvelle fois, dans l'élan, il trébuchait et se cassait la gueule. Katsuki venait l'aider à se relever. Deku n'avait pas l'air de bonne humeur et le pouvoir filait autour de lui n'importe comment parce qu'il ne se concentrait pas assez.

Katsuki finit par l'arrêter en posant sa patte sur son crâne. Deku leva les yeux vers lui et le dragon secoua la tête en signe de dénégation, pour qu'il se calme. L'humain finit par respirer un bon coup, mais les larmes aux yeux il leva les bras vers le dragon et se serra contre lui.

— Je suis désolé, dit-il, ce n'est pas grave si tu ne peux pas me le dire. Tu es mon ami et je dois respecter tes choix.

Une fois calmé, Deku s'en sortit beaucoup mieux et ne se cassa la tronche qu'une dizaine de fois.

Katsuki le ramena chez lui avant l'heure du dîner et rentra ensuite par la fenêtre de sa propre chambre et reprit forme humaine. Il entendit alors de grands coups frappés à sa porte, il cria :

— J'arrive.

Se rhabilla en quatrième vitesse et ouvrit. Derrière, sa mère montrait un visage à la fois en colère et inquiet.

— Tu n'étais pas dans ta chambre Katsuki, cela fait plus de dix minutes que je frappe, j'ai failli défoncer ta porte.

— J'écoutais juste de la musique forte dans mon casque.

— Tu n'étais pas dans ta chambre, insista sa mère, j'ai l'ouïe fine et il n'y avait aucun mouvement. Je t'ai entendu rentrer par la fenêtre, dis-moi où tu étais, ce que tu faisais et depuis combien de temps dure ce petit jeu ?

— Lâche-moi la grappe, grogna Katsuki, j'ai quinze ans pas six, je peux aller où je veux.

— Mais pourquoi le faire en cachette ?

Mitsuki était si énervé que ses ongles se transformaient en longues griffes. Bien entendu, elle ne les aurait jamais utilisés contre son fils, mais cela montrait à quel point elle était gagnée par la colère. Katsuki tenta de calmer le jeu :

— Je vais juste me balader.

— Te balader où ?

— Je vais à la plage.

C'était la vérité.

— Et pourquoi ne pas m'en parler ? Pourquoi disparaître et ne rien me dire ? Tu sais combien j'étais inquiète ?

Katsuki soupira et elle reprit :

— Je me doutais que quelque chose se passait depuis que tu fermes ta porte à clé, j'ai respecté ce choix en me disant que tu voulais préserver ton intimité, mais j'ai l'impression maintenant que tu me caches quelque chose d'important. Tu ne te drogues pas au moins ?

— Va pas trop loin la veille, je ne prends pas ces merdes, je veux être clean et devenir le meilleur policier, tu as oublié ?

Mitsuki se rassura un peu. Bien sûr que Katsuki ne prenait pas de drogue, il ne buvait pas d'alcool non plus, ne fumait pas, avait un bon équilibre alimentaire, se couchait tôt. Il faisait tout pour garder la forme, il ne se serait pas détruit la santé pour des bêtises.

— Écoute, je ne t'interdis pas d'aller te balader sur la plage où ailleurs, dit-elle, mais je ne veux pas de secret entre nous. S'il t'arrive quelque chose, je veux savoir exactement où tu es pour pouvoir te venir en aide. Et tu peux très bien passer par la porte.

Katsuki ne répondit rien. Il aurait dû tout déballer à sa mère, elle l'aurait écouté et sans doute protégé. Peut-être même un peu trop. Mais il tenait à ce secret comme des fois on tient à des trucs débiles. Un stylo porte-bonheur, une écharpe qu'on nous a offert, un verre qui nous paraît joli.

— Je te dirai si je m'absente, promit-il finalement. Et ne t'en fais pas je ne fais rien de dangereux, je vais juste me balader.

Mitsuki regarda son fils longuement et doucement rétracta ses griffes et caressa sa joue.

— D'accord, dit-elle, je te crois.

Puis elle finit par ajouter :

— Au fait, Inko m'a appelé plus tôt dans la soirée parce qu'Izuku avait disparu. Tu ne saurais pas où il est allé lui aussi ? Genre peut-être à la plage ?

Katsuki devint rouge jusqu'aux oreilles, ne trouva aucun mot pour nier ce qu'elle insinuait et resta silencieux.

— C'est bien ce que je pensais, sourit-elle finalement.

Puis elle ajouta dans un grondement :

— Tu as intérêt à pendre soin de lui où je te renie !

Katsuki repoussa sa mère :

— C'est bon la sorcière, je sais ce que je fais, lâche-moi la grappe maintenant que tu es rassurée.

Et sur ces mots, il poussa Mitsuki hors de sa chambre et referma la porte. Elle cria derrière celle-ci :

— Je suis trop contente que vous soyez redevenus amis.

Katsuki émit un « tch » agacé.

Mais dans le fond. Lui aussi était content.

À suivre.

L'autatrice : où l'on voit les sentiments de Katsuki naître (ou évoluer).