Plop bonjour !

Deux nouvelles têtes entrent en scène ^^

Il est possible que je ne publie pas durant les deux prochaines semaines pour cause de partiel, donc pas de date officielle pour le prochain chapitre !

DISCLAIMER : Rien ne m'appartient

RAR anonyme

IsaMisakii : Ouiiii ils sont tous les deux adorables ensemble, heureusement qu'ils y sont enfin arrivés ^^


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Scène 03

Narfi & Vali

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— Dans la série des idées de merde…

— Tu as décliné mon invitation à rester à la Tour.

— Si jamais on se fait chopper par des Asgardiens, au moins on finira dans la même cellule et on s'évadera par des tunnels.

Loki se tourne vers Tony en lui adressant un regard confus et l'ingénieur songe qu'en rentrant, il demandera à Jarvis de leur passer la Grande Évasion et rattraper un peu de l'immense trou culturel de son fiancé. Toutes ses références tomberont dans l'oreille d'un sourd, sinon, et c'est beaucoup moins drôle.

— Ne dis pas de bêtises.

Le ton du dieu est sec et sa marche rapide, alors qu'ils remontent un chemin sablonneux. Loki les a amenés à Vanaheim par des chemins détournés – il n'y a que les Asgardiens pour compter uniquement sur le Bifröst, après tout – et les a ensuite téléportés près de la maison de Sigyn, sa femme. Tony n'avait pas réalisé qu'ils sont encore mariés, techniquement, puisque le mariage a été politique. Il n'a pas cherché à le savoir non plus après que Loki lui en ait parlé, aussi ne lui en tient-il pas rigueur.

À vrai dire, vu que le mariage n'a pas été déclaré sur Terre, Tony aurait fermé les yeux sans hésiter sur ce fait pour éviter que Loki ne vienne demander la dissolution et se mette en danger. Certes, son compagnon sait se cacher des yeux du gardien du Bifröst, là – Heimdall, s'il se souvient bien ? – et il est censé être mort, mais ça n'empêche pas l'ingénieur de s'inquiéter.

Si Sigyn dévoile que Loki est encore en vie, ils auront des ennuis. Son fiancé risque de lui être arraché et rien que l'idée lui est insoutenable.

Au bout du chemin se dévoile ce qui ressemble à un ancien corps de ferme bien entretenu – et qui doit être si loin du faste d'un palais royal, comment Sigyn a pris un tel changement de vie ? – entouré d'une cour pavée et d'un potager. Les épaules de Loki se tendent et Tony lève la main pour la poser sur son dos, le tapotant doucement pour lui donner du courage.

— On peut toujours rentrer. Je ne t'en voudrais pas.

— Non. Ça doit être fait. J'aurais dû le faire quand on s'est séparé, mariage politique ou non. Vali et Narfi ont de toute façon été écartés de la succession, alors…

— À quoi ils ressemblent ?

Tony doit avouer qu'il pose plus la question pour changer les idées de Loki plus que par réelle curiosité. Ce sont les deux seuls enfants qu'Odin laisse tranquille ; son fiancé ne veut pas égoïstement les arracher à leur mère et à la vie qu'ils ont toujours connue, alors l'ingénieur ne les rencontrera sans doute jamais.

— Cheveux noirs, yeux bruns comme leur mère et une tendance exacerbée aux bêtises et à l'irrespect de l'autorité, rit doucement Loki. Vali est la meneuse des deux, sans elle, Narfi resterait plus volontiers plongée dans les livres, à grignoter des biscuits chipés aux cuisines.

Il y a un air tellement doux sur le visage de son compagnon que le cœur de Tony se tord. Sa mère avait le même regard lorsqu'elle le posait sur lui. Loki aime ses enfants ; cela doit être un tel déchirement de rester loin d'eux, même si c'est pour leur bien.

— Vali a toujours admiré Sif, admet Loki d'une voix brisée. Elle n'a pas de seidr, alors elle rêvait d'être une guerrière. Je ne sais pas si c'est toujours d'actualité.

— Elle a pris Sif en modèle parce que c'est le seul qu'elle avait à Asgard, j'imagine ? Et qu'elle n'était pas au courant que Sif était... Hum, imbuvable avec toi ?

Le mot est faible pour décrire l'inimitié de la guerrière Ase envers Loki, même si Tony reste prudent. Il n'a que la version de son compagnon et même s'il le défendrait contre vents et marées, il ne doute pas qu'il a parfois eu des choses à se reprocher.

— J'aurais aimé te connaître plus tôt et que ça soit toi qu'elle prenne en modèle.

— Je ne suis pas un homme bien ! Et c'était pire avant ! se défend aussitôt Tony.

Il n'a pas les joues écarlates sous le compliment, pas du tout ! Loki lui sourit et l'ingénieur le maudit mentalement, surtout alors qu'il se souvient à quel point il était un petit con arrogant avant l'Afghanistan. À quel point il a du sang sur les mains.

Non, il ne doit pas y penser, pas maintenant, pas alors que son compagnon a besoin de soutien.

— Et Narfi ? Qui était son modèle ?

Sa voix tremble ; Loki lui adresse un regard inquiet et Tony cache son mal-être soudain derrière un sourire, se retenant de jeter un œil à ses doigts.

Il sait qu'il les verra rouges, même si son armure ne les enserre pas.

— Il me ressemble beaucoup trop pour son propre bien.

— Tu veux dire, magnifique, adorablement sarcastique, brillant comme les étoiles et avec un rire à faire tourner les têtes de ces dames et de ces messieurs ?

— Hé, il n'y a que ta tête que je veux faire tourner, misérable mortel !

Le rire de Loki est humide et Tony prend sa main dans la sienne pour la serrer doucement. Le dieu n'a pas l'habitude des compliments sincères et si l'ingénieur en joue parfois, c'est surtout pour percevoir la lueur joyeuse au fond de ses yeux verts. Loki mérite d'être heureux, malgré ses mains pleines de sang. C'est une âme que sa soi-disant famille a brisé en mille pièces dont la plupart se sont perdues au fil des siècles et que Tony tente de rassembler quand même.

Il n'y arrivera pas, pas totalement en tout cas. C'est impossible, il le sait très bien, ou il aurait trouvé le moyen de se rafistoler lui-même depuis longtemps autrement qu'en se noyant dans les excès. Mais tant que Loki ne s'en prend pas aux innocents, il s'en satisfait. Tant que Loki est là pour l'empêcher de penser au rouge sur ses mains et de sombrer dans ses vieilles addictions, il lui passera tout le reste.

— Je préférerais que tu restes dehors, chuchote Loki alors qu'ils atteignent les premiers pavés. Je ne suis pas certain qu'elle prendrait bien ta présence.

— Fais attention à toi, d'accord ?

— Sigyn ne peut pas me blesser, ne t'inquiète pas.

Tony pose ses lèvres sur la tempe de Loki et ce dernier serre brièvement ses doigts, avant de traverser la cour pour entrer dans le bâtiment. Si ça ne tenait qu'à l'ingénieur, il serait aux côtés de son compagnon avec son armure, non pas pour faire pression sur Sigyn, mais pour être prêt à se mettre entre eux, juste au cas où.

Avec un soupir, il s'adosse à la barrière délimitant la propriété, regrettant de ne pas avoir pris de quoi s'occuper les mains. Il espère que Loki n'en aura pas pour longtemps ; être désœuvré signifie s'ennuyer et Tony se sait de mauvaise compagnie dans ces moments-là.

— C'était Papa avec vous à l'instant ?

— Oh bordel !

Tony bondit sur ses pieds et se retourne précipitamment, pour apercevoir un adolescent de l'autre côté de la barrière – presque un adulte – lui sourire de toutes ses dents blanches. Cheveux noirs mi-longs, yeux bruns pétillant de malice et des traits fins similaires à ceux de Loki. Lorsqu'il est rejoint par une jeune femme au visage semblable et aux cheveux coupés courts, presque de façon militaire, Tony sait qu'il a devant lui les deux plus jeunes enfants de Loki.

— Oh, désolé, je vous ai effrayé ?

Le sourire de Narfi est bien trop amusé pour être innocent et l'ingénieur renifle.

— Je vois la ressemblance avec Loki. Tu te serais amusé à ça avec quelqu'un d'autre que moi que tu aurais eu des ennuis, jeune homme, et j'avais cru comprendre que c'est plutôt ta sœur qui les cherche, d'habitude.

— Papa vous a parlé de nous ?

La voix de Vali est plus douce qu'il ne l'imaginait, moins autoritaire. Les deux jeunes – peut-il même parler d'enfants alors qu'ils ont l'air d'avoir dix-huit ans ? – l'observent avec un air surpris et si plein d'espoir que le cœur de Tony se serre. À quoi s'attendent-ils avec Loki dans les parages ? Est-ce qu'ils veulent seulement saluer leur père qu'ils n'ont pas dû voir depuis longtemps ? Mais n'ont-ils donc pas appris ce qu'il a fait sur Asgard ?

Tony ne sait pas y faire avec les enfants et son premier réflexe est de se murer dans le silence. Mais ce ne sont pas n'importe quels gosses, ce sont les enfants de son compagnon et il se sent obligé de répondre quelque chose.

— Il vous a couvert d'éloges, surtout.

— Vous pensez qu'il a menti, c'est ça ?

— Loki ? Mentir sur vous ?

Peut-être que le dieu aurait pu le faire pour dissimuler les défauts des jumeaux, mais l'ingénieur ne doute pas un seul instant qu'il a été sincère. Et puis, même s'il a gonflé les qualités de ses enfants, qui est-il pour le lui reprocher ? Hé, il a beau passer son temps à râler après Dum-E et U, le premier qui oserait dire du mal d'eux se verrait jeter hors de sa Tour illico presto.

— Non, il était sincère quand il m'a parlé de vous. Il est avec votre mère, actuellement, mais à moins que vous ne souhaitiez assister à une discussion houleuse...

Un bruit de casse résonne soudain dans le corps de ferme et Tony jette un regard inquiet en direction de la bâtisse, avant de compléter.

— Je vous conseillerai de rester à l'écart.

Les jumeaux échangent un regard et s'éloignent quelques instants, discutant vivement à voix basse entre eux. Tony s'adosse de nouveau contre la barrière, tout en veillant sur eux du coin de l'œil. Vali a de la boue sur ses vêtements et sa peau ; ses cheveux sont mal rasés, maintenant qu'il la voit de dos. Narfi boite légèrement et son poignet gauche forme un angle bizarre. Ses sourcils se froncent et il hésite à se montrer curieux ; la pensée que Loki risque de perdre son calme s'il voit ça sans explications le convainc cependant de faire le premier pas.

— J'imagine que ça ne doit pas être simple d'être les enfants de Loki.

Les jumeaux tressaillent – bien fait, c'est à leur tour d'être surpris – et Narfi vient chercher la main de sa sœur, qui fait un pas en avant. Ah, , il reconnaît la dynamique que Loki lui a décrite.

— Les autres ne sont que des cons, crache Vali. Je refuse de croire tout ce qu'ils disent sur lui !

— Et si ce qu'ils disent est vrai ?

Tony se doute bien que les faits ont été amplifiés et déformés, mais ils gardent sans doute un fond de vérité qu'il n'occultera pas aux jumeaux. Seront-ils capables de l'accepter ou détesteront-ils leur père ? Est-ce que Loki lui en voudra de ne pas l'avoir attendu ?

— Vous ne comprenez pas ! s'emporte Vali.

Elle s'avance vers lui, larmes prêtes à couler sous ses cils et pourtant le regard fier et dur. C'est une battante, mais pas dans le bon sens du terme. Elle a l'habitude d'être blessée et garde la tête haute pour ne pas donner du grain à moudre à ses opposants. Elle a l'air fier de l'enfant qui refuse de pleurer.

Elle a les yeux de ceux qui en ont trop vu pour leur âge.

— Papa est le seul à s'inquiéter pour nous et à nous avoir toujours aimé ! Même si ce qui se raconte est vrai, alors je le rejoindrai. Que croyez-vous que deux demi-Jotüns peuvent faire dans une société Vane ou Ase ? Nous ne sommes rien. Notre mère ne se préoccupe plus de nous depuis longtemps.

— Il n'est pas venu vous voir.

— Parce qu'il n'avait pas le choix ! Allez savoir ce qu'Odin aurait fini par faire sinon ! Mais on avait des lettres, des cadeaux, des petites attentions. Il nous disait de prendre soin de nous, de ne pas nous gaver de sucreries et d'aller au lit tôt. Il… Il a demandé à Grand-mère de nous écrire, parce que c'est la seule personne qui voulait bien nous parler. Même oncle Thor est jamais venu nous voir depuis notre départ d'Asgard, mais lui n'avait pas d'excuses !

Et il y a tant de détresse dans le regard de Vali, tant de douleur silencieuse sur le visage de Narfi que Tony comprend. Il ne peut pas les laisser ici. Il ne peut pas laisser des enfants souffrir de cette façon, pas alors que lui-même a grandi sous l'œil d'un père indifférent et qu'il ne peut pas les laisser là, qu'il ne peut pas les laisser se faire détruire en détournant les yeux. Loki se déteste déjà de les tenir à l'écart de lui, de crainte qu'Odin ne leur fasse du mal, comme tous les autres ; Tony refuse qu'il s'en veuille encore plus de les laisser dans un environnement mauvais pour eux pour les préserver des décisions du Roi d'Asgard.

Et puis, même, les jumeaux ne sont plus en sécurité ici, s'ils l'ont été un jour. Qu'est-ce qui leur assure qu'Odin ne s'en prendra pas à eux pour les crimes de leur père ? Leur mère les néglige au mieux ; au pire, l'ingénieur refuse d'y penser. Elle ne les défendra pas. Thor, le frère adoptif de Loki, ne semble pas non plus prêt à les défendre au besoin. Ils n'ont personne ici.

Ils n'ont qu'un père trop effrayé par ses actes sur Asgard et de la punition d'Odin pour prendre une décision rationnelle.

— Votre mère remarquerait une absence prolongée ?

— Je… Je vous demande pardon ?

— Vali, si vous repartiez avec votre père, en combien de temps votre mère s'en rendrait compte ?

Les jumeaux restent un instant silencieux, avant d'échanger un regard. Narfi pose une main sur l'épaule de sa sœur, comme pour la rassurer ou lui assurer son soutien ; la jeune femme soupire, avant de lever des yeux remplis d'espoir sur lui.

— Plusieurs semaines, je pense. Nous avons beau ne pas être encore majeurs aux yeux des Vanes, elle ne s'occupe plus de nous depuis longtemps.

— Parfait. Allez chercher toutes vos affaires, enfin, le maximum que vous pourrez transporter et qui vous est cher, je vous ramène chez moi.

— Mais…

— Pas de mais autorisé ! Loki est déjà bien parti pour rester une éternité et je lui ai promis de l'aider avec le reste de ses gosses, je peux bien étendre ma promesse à vous deux !

— Vous aurez assez de place pour nous héberger ? Je veux dire, vous devez sans doute vivre à l'abri pour échapper à Heimdall…

Un ricanement échappe à Tony. Loki a élaboré une théorie à ce sujet. Outre le fait qu'il soit porté disparu, Midgard est bien trop insignifiante lorsque Thor ne s'y promène pas pour que Heimdall s'y intéresse particulièrement. Il y a toujours un risque, certes, mais l'ingénieur est prêt à le prendre.

— À votre place, je m'inquiéterai plutôt de savoir si vous aurez assez d'affaires pour remplir votre chambre. Allez, filez les chercher, je vous attends ici.

Tony cligne des yeux ; Vali sourit à en dévoiler toutes ses dents et Narfi le remercie d'un geste de la tête, avant d'entraîner sa sœur derrière lui. Peut-être viendra-t-il à regretter son choix ; après tout, il ne leur a pas dit pourquoi Loki était là, qui il est pour lui. Peut-être auraient-ils refusé en sachant tout cela.

Au sourire immense de Loki lorsqu'il ressort de la bâtisse avec ses enfants autour de lui, babillant à tort et à travers, Tony sait pourtant qu'il a pris la bonne décision.

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