AVERTISSEMENT : Ce chapitre contient des passages explicites pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes.


CHAPITRE 16 :

Draco soupira quand il constata qu'il avait transplané dans une ruelle déserte, à quelques pâtés de maison de son point de rendez-vous avec Hermione. Il avait pris sa décision : ce serait leur dernière petite incursion en dehors du coffee shop. Ses sentiments pour elle avaient tellement évolué au delà de l'amitié que c'en était douloureux. Sa petite démonstration inconsidée du matin au café avait été le signe qu'il ne pouvait plus se faire confiance en sa présence. Il fallait qu'il se protège – et elle aussi finalement – de cette relation qui devenait hors de contrôle.

Juste ce soir. Il faut que tu tiennes le coup ce soir. Tu remettras tes barrières en place lundi, ne soit pas un trou du cul ce soir et ne la touche pas autrement qu'avec des gestes purement platoniques.

Draco se prépara à être distant – mais amical – mais il tourna au coin de la rue qui menait au restaurant et repéra Hermione. Il s'arrêta de marcher.

Sa beauté le renversa, une nouvelle fois. Il s'autorisa à se figer complètement, à moitié caché derrière le coin d'un immeuble en pierre, et la laissa entrer en lui, sans être vu.

Hermione avait clairement fait beaucoup d'efforts pour apprivoiser ses boucles habituellement indomptables. Elles étaient retenues en arrière dans un chignon raffiné à la base de sa nuque, avec quelques mèches voletant ingénieusement autour de son visage. Sa robe courte était d'un violet riche et élégant et Draco brûla de l'intérieur en se rendant compte qu'il n'avait jamais vu autant de partie de son corps. Le haut décolleté de sa robe sans manche s'enroulait autour de sa gorge, laissant la peau de ses épaules et de ses bras exposée au froid de la nuit. Le tissu s'évasait légèrement au niveau de la taille, tombant juste au dessus de ses genoux, ce qui signifiait que Draco pouvait pleinement observer ses jambes et par Merlin elle portait des talons.

Weasley est le plus grand idiot encore en vie. Il y avait eu d'innombrables moments dans sa vie, où Draco avait pensé que Ron Weasley était un crétin absolu (sur un terrain de Quidditch, en classe, à chaque fois qu'il ouvrait la bouche...). Mais il ne l'avait jamais autant pensé qu'en découvrant Hermione ce soir. Comment ce branleur avait-il fait pour la laisser partir ?

A la sombre idée de devoir la quitter, ses entrailles se serrèrent douloureusement. Une femme intelligente comme elle, elle devait être au courant, non ? Elle était au courant que Draco n'était pas bon pour elle. Il était terrorisé de perdre quelque chose qu'il n'avait même pas avec elle. Un lâche jusqu'au bout. Draco savait que perdre Hermione était une chose que son cœur ne pourrait pas supporter. Dans tous ses rêves, et fantasmes les plus fous d'une possible relation avec elle, il n'y avait aucune version qui ne se terminait pas sans qu'elle le quitte. Ce serait inévitable. Il n'était rien d'autre qu'un misérable et pathétique pauvre sorcier qui essayait encore désespérément de naviguer dans sa propre vie. Son nom de famille était un tel fardeau aux yeux du public – sans parler de son bagage émotionnel et mental – mais au moins il voyait un guérisseur pour ça – que ça pousserait n'importe quelle sorcière avisée à partir en courant. S'ils s'embarquaient dans quoi que ce soit de significativement romantique, elle finirait par retrouver ses esprits – ou Draco ferait encore tout royalement foirer – et elle partirait et le mènerait à sa perte. C'était déjà allé trop loin.

Donc Draco ferait ce qu'il avait parfaitement réussi à faire jusqu'ici dans sa vie. Il mentirait. Il se mentirait à lui-même et au reste du monde. Faisons un bref détour dans la vie de mensonges de Draco :

12 ans : Je suis meilleur qu'Hermione Granger parce que je suis de sang pur et que c'est une née-moldue. Mensonge.

13 ans : Je ne suis absolument pas effrayé par les Détraqueurs. Mensonge.

15 ans : Je ne suis absolument pas jaloux de l'armée de crétins d'Harry Potter, de ces gamins qui apprennent des sorts de défense avancés et je pense que Dolores Ombrage est une personne saine. Mensonge.

16 ans : Je suis honoré de recevoir la Marque des Ténèbres, d'être au service du Seigneur des Ténèbres et je n'ai aucun scrupule à assassiner Albus Dumbledore. Mensonge.

16-17 ans : Tout va bien. Ma famille survivra au fait d'avoir aidé le Seigneur des Ténèbres. Tout va bien. Le Seigneur des Ténèbres vaincra et notre famille sera récompensée. C'est ce que je veux. Un monde gouverné par le Seigneur des Ténèbres sera un monde meilleur. Mensonge.

18-21 ans : Je fais face. Je peux arrêter de prendre de la potion de Sommeil sans Rêves quand je veux. Je n'ai pas besoin d'aide. Mensonge.

22 ans - maintenant : Je n'ai besoin de personne. Je peux surmonter les insomnies. Je peux surmonter les terreurs nocturnes. Je n'ai besoin de personne. Mensonge.

Maintenant : Une relation avec Hermione serait une erreur. Je suis totalement capable de faire ma vie sans elle. J'aime être seul. Mensonge. Mensonge. Mensonge.

Peut-être qu'une personne qui n'était pas Draco aurait pu le juger pour tous les mensonges de sa vie, mais ceux-ci ne l'avaient-ils pas aidé à survivre ? Il y a une grande différence entre survivre et vivre Draco, dit la voix du Guérisseur Browning dans sa tête.

Draco repoussa le conseil de son Guérisseur. Il continuerait de mentir et de prétendre qu'il allait parfaitement bien en rentrant chez lui, seul, tous les soirs, dans sa demeure bien-trop-grande-pour-une-seule-personne. Il continuerait de mentir en disant qu'il préférait l'assourdissant silence et que la solitude n'éteignait pas chaque étincelle de vie en lui.

Hermione tripota la montre à son poignet et Draco se dit qu'elle avait l'air un peu nerveuse. Mais il pouvait le faire. Il pouvait la blesser maintenant et l'épargner sur le long terme. Il pouvait faire ce qu'il n'avait pas pu quand sa tante l'avait torturée sur le sol de sa salle à manger : lui épargner la douleur. Il savait qu'elle le trouvait attirant (et c'était totalement réciproque) mais ça finirait par lui passer. Hermione Granger était destinée à une grandeur perpétuelle et il ne se mettrait pas en travers, il ne la tirerait pas vers le bas avec lui. Cette soirée ne serait que des adieux à un future qui ne se produirait jamais. Un jour, elle comprendrait que c'était la meilleure chose à faire.

On doit se libérer. Laisse moi te libérer Granger.

Draco prit une profonde inspiration et se décala du mur pour tourner complètement à l'angle de la rue et être vu. La tête d'Hermione se leva dans sa direction et son visage s'illumina. Elle rayonnait si fort qu'elle brillait presque. Et simplement parce qu'elle l'avait vu.

Il vient déjà de se passer trop de choses. J'ai trop de sentiments pour toi. Je ne te ferai que du mal.

Il avala l'hésitation qui s'était coincé dans sa gorge alors qu'il forçait son corps à s'approcher, ayant l'impression de flotter jusqu'à elle, poussé par une énergie qu'il ne contrôlait pas. Nous sommes juste amis. Juste amis. Juste amis.

- Salut !

- Tu es superbe.

Les mots avaient jaillit avant qu'il ne puisse les arrêter et il savait que l'intonation haletante et révérencieuse de sa voix l'avait trahi. Draco était furieux contre lui même parce que « superbe » était à la fois trop et pas assez fort. Tu es magnifique, à couper le souffle, putain de merveilleuse et je n'oublierai jamais à quoi tu ressembles dans cette robe.

Il l'observa prendre une petite inspiration avant de répondre.

- Merci.

L'établissement était un restaurant italien haut de gamme, dans un immeuble de briques blanches sur deux étages, avec des guirlandes de lumière qui drapaient de manière attrayante la devanture et qui s'étendaient jusqu'au patio extérieur. Hermione avait choisi de réserver une table à l'intérieur, même si la température était chaude pour la saison – la météo britannique étant aussi facile à prédire qu'enseigner la natation à un hibou.

Alors qu'on les conduisait à leur table, Draco fut surpris de voir que la plupart des personnes dans le restaurant les observait, Hermione et lui. Deux femmes assises au bar le regardaient ouvertement et il plissa les yeux face à leur imprudence. Une autre femme donna même un coup de coude à son compagnon de table et pointa son doigt vers lui.

Dans les trente secondes qu'il leur fallut pour s'asseoir (s'attirant encore plus de regards quand il tira la chaise d'Hermione pour elle), son humeur s'était considérablement dégradée. Draco fixa son menu en fulminant.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

Evidemment, Hermione avait remarqué.

Draco se tortilla sur son siège et souffla avec irritation.

- Je croyais que tu avais dit que c'était un restaurant Moldu ?

- Ça l'est.

- Alors pourquoi est-ce que tout le monde nous regarde avec un air ébahi ?

Il s'attendait à ce qu'elle éloigne ses soupçons. Il s'attendait à ce qu'elle lève les yeux au ciel et lui dise qu'il n'était qu'un parano égocentrique. Mais il ne s'attendait pas à ce qu'Hermione ricane.

- Oh Malfoy. Ils ne te fixent pas parce que tu es « Draco Malfoy, le célèbre héritier de la fortune des Malfoy ».

- Alors c'est quoi ce bordel ?

Elle le regarda avec un air supérieur exaspérant, associé à de la pitié, comme à chaque fois qu'elle avait l'impression que l'information était à porté de main et ridiculement évidente.

- Ils te fixent parce que tu es certainement l'homme le plus séduisant qui soit entré ici ce soir. Peut-être même l'homme le plus séduisant qu'ils n'aient jamais vu, d'ailleurs.

Elle l'avait dit sur un ton objectif et désinvolte, comme si sa beauté était un fait établit par l'univers et qu'elle l'avait appris dans un cours sur l'Histoire de la Magie. Est-ce qu'elle venait juste de le dire ? Est-ce qu'elle pensait ça de lui ?

- Tout le monde te fixe aussi, bredouilla-t-il en essayant de comprendre son commentaire sur sa beauté.

Et en effet, la moitié des regards des clients du restaurant étaient dirigés vers Hermione, même si elle n'avait pas l'air de l'avoir remarqué.

Mais Hermione leva les yeux au ciel.

- Eh bien c'est évident, ils se demandent tous comment quelqu'un comme moi peut possiblement dîner avec quelqu'un comme toi.

Cette femme n'avait-elle donc pas de putain de miroir ?

- Non Granger, ils te fixent parce que tu es foutrement magnifique dans cette robe, dit-il rapidement.

Il avait immédiatement baissé les yeux vers son menu en prétendant l'examiner pour ne pas être témoin de sa réaction.

Ça, ce n'était pas très platonique, hein ?

Draco n'osa pas lever les yeux jusqu'à ce qu'un serveur s'approche pour prendre la commande de leur boisson. Hermione s'éclaira la gorge et commanda une bouteille de vin sur un ton plus aiguë que d'habitude. Il remarqua une légère rougeur sur ses joues qui s'étendait jusqu'à son cou.

Ils ne parlèrent et ne se regardèrent pas jusqu'à ce que le vin soit leur soit servi. Hermione sembla rassembler son courage, se redressant légèrement sur sa chaise, et leva son verre vers lui.

- A une nuit de premières fois, dit-elle alors que ses yeux rencontraient courageusement les siens.

Il aurait dû répondre de manière cinglante. Il aurait dû éconduire son toast. Il aurait dû mettre un terme à toutes ces sottises des mois plus tôt.

Mais Draco était un homme faible – très faible. Surtout envers la femme envoûtante devant lui.

- A une nuit de premières fois, répéta-t-il en faisant tinter son verre contre le sien.

Draco orienta la conversation vers la conférence d'Hermione à venir et senti un peu de sa tension s'évaporer dans l'air autour d'eux. A plusieurs moments au cours du dîner, Draco oublia complètement qu'ils étaient assis dans un restaurant Moldu. Le vin était excellent et la nourriture aussi bonne que dans n'importe quel autre établissement gastronomique dans lequel Draco était allé au fil des années. La seule véritable différence, entre cet endroit et un endroit magique, était que les plats et les bouteilles ne flottaient pas vers eux et que personne autour d'eux ne portait de cape. Aucun client n'avait brandi une baguette et jeté un sort à Draco à cause de son nom de famille, demandant de manière colérique une explication au fait qu'il ose partager un repas avec l'héroïne de guerre, Hermione Granger. C'était si agréablement normal, d'être un homme anonyme sorti dîner avec une femme magnifique – le genre de femme gentille et intelligente – et tout aussi anonyme que lui dans le monde Moldu.

Draco écoutait attentivement Hermione lui expliquer qu'elle avait découvert une traduction de rune compliquée dans un ancien texte, quand elle s'interrompit soudainement et le fixa.

- Euh Granger ? Tout va bien ?

Elle fronça les sourcils et sembla prendre sérieusement conscience de quelque chose.

- Je parle beaucoup de ma carrière, n'est-ce pas ?

- Oui ? Mais je ne –

- Tu ne parles jamais de ton boulot avec moi.

Ce tournant de la conversation le désarçonna

- Bien sûr que si. Je réponds toujours à tes questions.

Elle secoua la tête en continuant à froncer les sourcils.

- Oui, tu me donnes des faits et parfois tu parles de tes collègues. Mais tu ne m'as jamais dit comment tu te sentais dans ton boulot. Je ne sais même pas ce que tu aimes à propos de ton travail ou ce que tu trouves d'intéressant au sport.

Draco rit avec chaleur en voyant à quel point elle avait l'air adorablement contrariée de ne pas connaître la réponse.

- Tu détestes le Quidditch, répondit-il simplement.

- Non ! Souffla-t-elle avec indignation – ce qui le fit rire de nouveau.

- Si, totalement. Pourquoi est-ce que je t'assommerais avec un sujet qui ne t'intéresse pas ?

Elle eu l'air légèrement blessée par sa réponse et joua nerveusement avec son verre de vin.

- Mais ce n'est pas comme si tu étais intéressé par le bien-être des créatures magiques. Est-ce que je t'ennuies constamment le matin ?

D'où venait donc son putain de manque de confiance en elle ?

- Evidemment que non, je ne suis pas un bon samaritain au cœur tendre, déclara-t-il. Est-ce que tu penses que j'en ai sérieusement quelque chose à faire des effets de la déforestation sur les Botrucs ? Ça n'a rien à voir avec le sujet de conversation, mais ça a tout à voir avec la façon dont tu t'embrases d'excitation et de passion pour une cause ou une autre. Il n'y a pas de demie-mesure avec toi.

Il fit une pause pour boire un gorgée fortifiante de vin.

- Tu es un tas de choses Granger, mais tu n'es jamais ennuyante.

Ses yeux de biche marron le transpercèrent, invitant presque Draco à lever ses boucliers d'Occlumencie, même s'il savait qu'elle ne prendrait jamais l'avantage sur lui de cette façon. En plus, toutes ses émotions étaient sans doutes grossièrement dessinées sur son visage de manière extrêmement évidente.

Le sort fut heureusement rompu quand le serveur approcha avec l'addition. Avant que Draco ne puisse sortir l'épaisse liasse d'argent Moldu qu'il avait apporté avec lui ce soir, Hermione glissa une petite carte en plastique dans l'étui et le rendit au serveur.

- Est-ce que c'est un nouveau genre de monnaie ?

Hermione secoua la tête.

- Non, ça s'appelle une carte de crédit. Au lieu de devoir trimballer partout des pièces et des billets, je leur tends la carte et signe un accord pour payer la somme depuis mes fonds bancaires. Tout se passe électroniquement. C'est terriblement pratique et ne me lance pas sur à quel point le monde des sorciers gagnerait à avoir un système similaire. Les pièces d'or géantes c'est incroyablement encombrant.

- Tu aurais dû me laisser payer, dit-il en fronçant les sourcils, ennuyé qu'elle ne le laisse pas faire preuve de chevalerie.

Elle balaya sa phrase du revers de la main.

- Non, tu as pris les billets pour ce soir et tu as payé pour le ballet. En plus, je dois continuer à entretenir mon crédit dans le monde Moldu. Tu voles Gringotts une fois et ils te traitent comme une criminelle à chaque fois que tu dois aller voir tes coffres...

Draco rit en imaginant Hermione se faire persécuter par un groupe de gobelins de la sécurité.

- Alors en route, voleuse. On ne voudrait pas être accusé d'avoir dérobé l'argenterie ce soir.

Ils sortirent du restaurant et se dirigèrent vers la ruelle déserte dans laquelle Draco avait transplané un peu plus tôt dans la soirée. Hermione regarda subrepticement autour d'eux, puis jugea qu'ils étaient suffisamment seuls et cachés et hocha la tête. Draco sorti sa baguette de l'intérieur de son costume et réalisa une série de tapotement au niveau de son col. Instantanément, ses habits et capes noires ornées d'attaches argentées glissèrent sur son costume, son gilet se matérialisa, des boutons de manchettes émeraudes apparurent à ses poignets et un nœud papillon s'enroula autour de sa gorge.

- Bordel, murmura-t-il en tripotant son nœud papillon de travers pour le remettre droit. Je n'arrive jamais à lancer ce sort pour qu'il soit mis correctement...

Il leva les yeux vers Hermione et la région de la parole au centre de son cerveau décida de partir en vacances. Sa robe violette ne s'arrêtait plus à ses genoux mais avait glissé jusqu'au sol en une courte et délicate traine, surmontée de dessins argentés en forme de lierre, cousus le long de son dos. La partie supérieure de sa robe était toujours la même, ce qui signifiait que Draco aurait le reste de la soirée pour observer ses épaules et ses bras nus. Inconsciente de son regard passionné, elle jeta une cape bleu nuit extravagante sur son dos ; le velours couteux du tissu était couvert d'un motif étincelant d'étoiles qui avaient l'air anormalement lumineuses. Elle leva les yeux et remarqua qu'il la fixait.

- C'est joli n'est-ce pas ? C'est un cadeau que George et Angelina m'ont fait pour mon anniversaire, l'année dernière. Je leur ai fait promettre de ne jamais me révéler de quel type de soie était faites les étoiles, parce que je suis sûre que j'y trouverais une objection morale.

Draco avait envie de renifler avec dérision, mais tout ce à quoi il pouvait penser pour l'instant, c'était à quel point l'éclat de sa cape avait l'air pâle comparé à elle. Il grommela une sorte de réponse fébrile et continua à tripoter le nœud papillon de travers autours de son cou.

- Oh mais attends, laisse moi faire! J'ai eu le temps de me perfectionner avec les nœuds papillons au fil des années.

Avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche pour protester, elle avait fait un pas en avant et prit les bandes de tissus de ses mains maladroites.

Il laissa ses mains retomber mollement sur le côté pendant qu'elle avait envahie son espace. Les mains d'Hermione étaient juste sous son menton. Il ne faudrait qu'un rapide coup de tête vers le bas pour que Draco presse ses lèvres contre le bout de ses doigts. Elle était si présente dans son espace vital que chaque petite inspiration d'air était accompagnée de ce doux, merveilleux et mystérieux parfum floral qui hantait chaque recoin de son esprit quand ils n'étaient pas physiquement ensemble.

- Voilà, murmura-t-elle en donnant au nœud un dernier coup. C'est parfait à présent.

Tu es parfaite.

Pouvait-elle le sentir aussi ? Draco fixa la chaleur profonde de ses yeux, si près des siens qu'il pouvait voir les nuances dorées qui brillaient à l'intérieur, et il se demanda si Hermione ressentait aussi le ronronnement du désir courir dans ses veines. Ses doigts lâchèrent lentement son nœud papillon mais elle ne bougea pas. Est-ce qu'elle s'y opposerait s'il la plaquait contre le mur de pierre et refermait sa bouche sur la sienne de la façon dont il avait si désespérément envie ? Est-ce qu'elle protesterait s'il lui disait d'oublier ce foutu opéra et qu'il préférait largement faire courir ses mains sur ses courbes tout le reste de la soirée ?

Tu te souviens de qui tu es ? Tu te souviens de ce que tu es ? Tu ne pourras jamais être ce dont elle a besoin. Libère la.

Draco ferma les yeux et s'éclairci la gorge.

- On devrait y aller, murmura-t-il, sa voix étant incapable de produire quoi que ce soit de plus fort.

Il fit un pas en arrière et lui offrit son bras pour transplaner. Il essaya d'ignorer les sauts périlleux que fit son estomac quand elle pressa son bras, et essaya de se convaincre que ce n'était que la sensation lié au fait d'avoir transplané, rien de plus.

Quand ils atterrirent à l'extérieur du grand opéra et se joignirent à la foule d'autres sorciers et sorcières bien vêtus, elle enroula son bras dans le creux du sien. La sensation qui parcouru Draco à ce moment était plus réconfortante que la bièraubeurre, meilleure que les scone à la myrtille et plus satisfaisante que la potion de Sommeil sans Rêves.

Hermione Granger était de sortie pour une soirée en ville, à son bras, en publique, volontairement. Ça n'aurait pas dû le satisfaire de manière aussi troublante et obscène, le rendre aussi fier. Parce que c'était une sensation fugace et il aurait mieux fait de l'étouffer immédiatement.

La représentation de ce soir là avait l'air d'être providentielle pour Draco. Ce n'était ni la soirée d'ouverture, ou celle qui clôturait la saison, ce qui signifiait que la présence de la presse serait rare. Jetant un coup d'oeil aux alentours, il fut soulagé par l'absence de reporters de mode ou de la presse à scandale. Il se rappela que la chance était une fois de plus de son côté : il y avait un spectacle pour la re-formation des Bizarr' Sisters, de l'autre côté de la ville ce soir, et c'était certainement une réunion bien plus intéressante pour la presse assoiffée de célébrités – et de potins. Hermione était à son bras et il se damnerait si quoi que ce soit venait ruiner son petit détour vers le bonheur.

Etant devenu hyper-vigilant de ce qui l'entourait depuis la guerre, les yeux de Draco allaient et venaient de droite à gauche lorsqu'ils entrèrent dans le hall. Bien qu'ils remarquèrent quelques regards (maudit soit la couleur si reconnaissable de ses cheveux) personne n'avait l'air de les pointer du doigt, de ricaner ou d'essayer d'attraper sa baguette. Hermione lui avait confié une fois que le grand publique ne prenait pas la peine de lui jeter un deuxième coup d'oeil quand elle domptait ses cheveux : apparemment, son image n'était instantanément reconnaissable que lorsque ses boucles étaient ébouriffées, qu'elle portait une pile de livres et qu'elle courrait après Harry et Ron. Draco en avait presque rit aux larmes quand elle lui avait raconté qu'elle avait reçu une peinture très précise de cette scène dans un courrier de la part d'un fan dérangé.

La sorcière à son bras leva les yeux vers le plafond de l'opéra dans un regard émerveillé. Le hall d'entrée était une longue galerie qui obligeait les spectateurs à marcher en ligne avant d'atteindre le véritable théâtre. Draco savait que, dans le passé, cette entrée richement tapissée servait d'excuse pour que les vieux et opulents mécènes de Sang-Pur puissent exhiber leurs capes extravagantes en se pavanant comme des paons. Il avait quelques souvenirs embrumés d'avoir déjà fait cette parade avec d'autres sorcières, mais ça avait l'air d'appartenir à une autre vie. Il avait accompagné une (ou était-ce les deux?) des sœurs Greengrass (Astoria était celle avec les cheveux clairs, non?) à l'opéra à plusieurs occasions, mais la conversation avait été minime et Draco devait déjà avoir descendu au moins une bouteille de whisky à ce moment là de la soirée.

Le hall en lui-même était le summum de l'opulence : miroirs aux cadres dorés, lustres flottants en cristal de toute taille, mais le plafond était le plat de résistance. Peintes avec des couleurs vives et audacieuses, les scènes de plusieurs opéras célèbres dansaient au-dessus d'eux – semblant à la fois incroyablement réalistes et vaporeuses. Draco n'avait jamais remarqué la magie dans ces oeuvres auparavant, mais en le découvrant à travers les yeux d'Hermione, il pouvait commencer à apprécier la combinaison stupéfiante de l'art et des sortilèges qui coexistaient pour créer des peintures murales aussi extraordinaires.

Draco utilisa son bras libre pour lui montrer la représentation d'une jeune femme en deuil, vêtue de rouge, qui faisait les cents pas devant l'entrée d'un labyrinthe.

- Tu vois, juste là ? C'est la description du spectacle de ce soir.

Son regard suivit son doigt tendu et trouva la forme d'Ariadne – une ancienne histoire Grec – et Draco sut immédiatement qu'Hermione la connaissait déjà. Alors qu'ils complétaient leur longue marche vers la fin de la galerie, Draco profita que son regard soit distrait et détourné pour l'observer. Est-ce que c'était à ça que la vie pouvait ressembler ? S'il n'avait pas tout fait foiré, est-ce que sa vie aurait pu être différente ? S'il s'était ressaisit plutôt, peut-être que les soirées comme celles-ci auraient été un évènement merveilleux et régulier au lieu d'une aberration par rapport à son isolation habituelle ?

Ils suivirent la file d'autres spectateurs en se rapprochant de la fin de la galerie. Ils s'arrêtèrent tous deux devant une paire de gants blancs flottants. Les gants prirent vie et libérèrent Hermione et Draco de leurs capes pour la soirée. Hermione reprit son bras une nouvelle fois alors qu'ils grimpaient les luxuriants escaliers tapissés qui les menèrent à leur loge.

Un ouvreur poussa un lourd rideau bordeaux sur le côté quand ils atteignirent la moitié de leur ascension. La mâchoire d'Hermione s'ouvrit en grand alors qu'elle se précipitait pour admirer la vue depuis le balcon.

- Oh waouh ! C'est incroyable ! Je n'ai jamais eu de places comme celles-ci avant, dans aucun théâtre !

Une loge privée ? Bordel Macnair je t'en dois vraiment une.

Ils s'assirent chacun dans leur fauteuils luxueux, Draco étant reconnaissant que l'opéra ai investi plus d'or dans des sièges confortables que le théâtre. Il essaya de se rappeler s'il aimait l'opéra. Ses dernières excursions vers ce genre de divertissement étaient toujours floues (peut-être que c'était Daphné Greengrass qui avait les cheveux clair? Elle était vraiment passionnée d'opéra. Ou en tout cas, elle y prêtait plus d'attention qu'à lui) mais il espérait que c'était moins assommant que le ballet. Surtout parce qu'il allait avoir besoin de quelque chose, quoi que ce soit, pour le distraire pendant qu'il était assis aussi près d'Hermione.

Elle joua avec un sac orné de perle et Draco ricana quand elle finit par en sortir une paire de petite lunettes dorées.

- Tu as apporté tes propres jumelles d'opéra ?

Elle haussa les épaules, un sourire espiègle se dessinant au coin de sa bouche.

- Tu sais que j'aime être préparée. Une soirée chic à l'opéra a toujours été l'un de mes rêves.

Draco sourit machiavéliquement.

- Ah oui ? Dis moi alors, comment est-ce que ce termine ton rêve d'habitude ?

Pour la deuxième fois de la journée, elle sut qu'il bluffait.

Hermione ne lui répondit pas. Pas verbalement en tout cas. A la place, elle plongea ses yeux dans les siens, les dirigea lentement vers ses cheveux, retourna vers ses yeux pendant un instant, puis continua plus au sud. Ils s'attardèrent sur ses lèvres, dessinèrent un chemin brûlant le long de son cou, flânèrent sur son torse puis voyagèrent bas, encore et toujours plus bas, jusqu'à lorgner ouvertement son pantalon – juste au-dessus de sa ceinture. Quand ses yeux devenus sombres trouvèrent de nouveau ceux de Draco, les lumières du théâtre s'éteignirent pour annoncer le début du spectacle et Draco se souvint que ses poumons avaient besoin d'oxygen pour fonctionner.

Un sourire faussement pudique étira ses lèvres lorsqu'elle lui tourna le dos pour faire face au rideau qui se levait. Cher Merlin, si elle flirtait aussi scandaleusement avec lui de nouveau, Draco ne savait pas ce qu'il ferait de lui-même.

Le spectacle avait commencé et un faux soprano gazouillait en italien mais Draco constata qu'il ne pouvait pas se forcer à s'en soucier, même pas un peu. Il avait déjà vu ce spectacle avant, certainement avec sa mère, ou peut-être Astoria ? Non c'était Daphné. Peut-être.

Dans tous les cas, l'opéra était aussi ennuyeux qu'une leçon matinale sur l'Histoire de la Magie enseignée par le professeur Binns. Il jeta un regard furtif à sa charmante compagne et remarqua que les jumelles étaient toujours sur ses genoux. Comme si elle l'avait senti l'observer, elle pointa ses yeux sur le côté et pencha légèrement la tête vers lui. Elle lui offrit un sourire timide – peut-être était-elle gênée par son comportement aguicheur – et reporta son attention vers le spectacle plus bas. Le regard de Draco ne la quitta jamais. Il ne pouvait pas moins se soucier de la représentation quand tous ses sens avaient été capturé par quelque chose d'extrêmement – et de loin – plus fascinant.

Le bâtiment, la foule toute entière, les chanteurs en-dessous, avaient cessé d'exister à ses yeux. Il n'y avait qu'elle, assise à moins d'un mètre de lui dans une robe de soirée magnifiquement ajustée, la peau légèrement dorée de son bras suppliant d'être touchée et caressée.

Sa tête s'inclina un peu plus vers lui de nouveau, mais elle ne lui sourit pas cette fois-ci. Les traits de son visage semblaient tendus et elle avait bougé sur son siège, emmenant son corps quelques centimètres plus près par inadvertance. Leurs deux bras reposaient sur le large accoudoir qui séparait leur sièges, et Draco laissa son regard se perdre sur son visage, puis le long de ses bras, pour finalement se poser sur ses mains délicates.

Il ne suffisait que d'un mouvement de quelques centimètres à sa main droite pour qu'il puisse caresser doucement la sienne. Les yeux de Draco remontèrent vers son visage et il remarqua la façon dont la mâchoire d'Hermione s'était relâchée. Elle le regarda du coin de l'oeil à nouveau et ses lèvres s'entre-ouvrirent alors qu'elle prenait de courtes inspirations.

Lequel des deux flancherait en premier ? Draco était certain que son désir pour elle était palpable à ce stade. Chaque fibre de son être lui hurlait de la toucher, juste une fois, simplement effleurer la peau nue de sa main avec la sienne. Il laissa ses yeux courir le long de son corps jusqu'à ses boucles tombant avec douceur de son chignon bas. Qu'est-ce que ça ferait de glisser les doigts dans les mèches de ses cheveux ?

Le pouls de Draco s'accéléra, son rythme cardiaque se synchronisa avec le soulèvement de la poitrine d'Hermione. Elle lui faisait presque face à présent, ne se donnant même plus la peine de faire semblant de regarder le spectacle. Leurs bras étaient toujours éloignés et les yeux d'Hermione vacillaient vers sa main de temps à autre.

Leur peaux n'étaient séparées que d'un cheveux et Draco savait qu'elle entendait probablement sa respiration – ou au moins les battements traitres de son cœur qui tambourinait dans sa poitrine. Qu'arriverait-il s'il s'abandonnait à cette sensation ? Chaque clignement de ses yeux, chaque petite inspiration entre ses lèvres roses, continuait de se tordre et de s'enrouler dans tous les recoins de son corps jusqu'à ses orteils, et quelque chose allait bientôt céder.

Hermione orienta son corps juste quelques centimètres de plus et lui faisait maintenant complètement face. Ce n'était plus un jeu à présent. Après des mois de regards volés et enflammés, peut-être qu'ils étaient tous deux enfin prêts à admettre qu'il y avait une atmosphère électrique entre eux. Au diable l'opéra et au diable le besoin de trouver une excuse pour passer du temps ensemble. Draco la voulait et s'il lisait correctement à travers la chaleur de son visage, il savait qu'elle le voulait aussi.

Un véritable duel aurait pu éclater sur la scène en-dessous qu'aucun d'eux ne l'aurait remarqué. Les lumières de l'opéra se rallumèrent pour signaler l'entracte. Aucun des deux ne lâcha le regard de l'autre. Draco avait le cœur au bord des lèvres.

- Est-ce que tu veux – , commença-t-il.

A cet instant, Draco était certain à 99 pour cent que la fin de sa phrase était « prendre un verre dans le hall d'entrée ? ».

Néanmoins, les 1 pour cent restant contenaient une quantité impressionnantes d'autres possibilités fantastiques et bien plus séduisantes. Par exemple :

Est-ce que tu veux qu'on bazarde la deuxième moitié du spectacle et qu'on aille au bout de la rue, dans un petit bar à cocktail où on peut s'asseoir dans un coin sombre, pour que ma main puisse remonter le long de tes cuisses ?

Ou :

Est-ce que tu veux que je te plaque contre un de ses piliers en marbre et que je te roule une pelle à t'en déboiter la mâchoire ?

Ou :

Est-ce que tu veux que je te penche par dessus le bord de la loge, devant toute la foule réunie ici ce soir, juste pour pouvoir –

Mais il n'alla jamais jusqu'au bout de sa question.

- Malfoy ?

Une voix familière et non sollicitée l'appela et Draco se figea. Il vit les yeux d'Hermione jeter un coup d'oeil derrière lui et son cœur sombra. Il ferma les paupières brièvement, rassembla ses esprits et se leva lentement, se tournant pour accueillir le visage incrédule de Blaise Zabini.

- Zabini, répondit-il froidement.

Il senti un bruissement derrière lui et réalisa qu'Hermione avait dû se lever également.

- Je savais bien que c'était toi, à cause des cheveux et tout, expliqua Blaise sur un ton sec.

Draco n'avait pas revu son ancien ami d'école depuis le bal du Nouvel An de sa mère et il n'avait échangé que quelques mots avec lui à ce moment là.

Une femme – qui ressemblait à une statue – dans une robe couleur ambre, était agrippée au bras de Blaise et jeta un regard à Draco.

- Je te présente Cecilia Montesquieu, annonça Blaise négligemment.

Le vieux compagnon de dortoir de Draco aurait très bien pu emmener un balais avec lui, aux vues des émotions qu'il affichait pour la femme à son bras. Si Blaise avait voulu venir avec quelqu'un qu'il pouvait parfaitement ignorer, Draco ne comprenait pas pourquoi il s'était donné la peine de choisir une femme aussi distrayante : ses cheveux avaient été ensorcelés pour briller de différentes couleurs simultanément, et le pendentif en diamant qui étincelait à son cou avait la taille d'une prune.

- Enchanté, Draco Malfoy, salua-t-il froidement.

Il serra à peine la main qu'elle lui avait tendu, ne perdant pas son temps ou ne faisant aucun effort pour suivre l'étiquette des Sang-Pur en embrassant ses phalanges. La femme laissa échapper un gloussement insipide et sur-aiguë.

- Oh mais bien sûr, je sais qui tu es !

Il lui fallut contrôler plus de muscle que nécessaire pour empêcher ses yeux de se lever vers le plafond.

Draco reporta son attention vers Blaise qui regardait derrière lui avec intérêt et il réalisa : il n'avait pas reconnu Hermione. Grinçant des dents, Draco se prépara à ce que la guillotine ne tombe.

- Zabini, je suppose que tu te souviens d'Hermione Granger, avec qui nous étions à l'école.

Draco prit plaisir à voir les yeux de Blaise s'écarquiller et sa bouche s'ouvrir légèrement, avant que ses traits ne retrouvent facilement leurs masque hautain et impassible. Pour une personne normale, cette réaction aurait été considérée comme de la sidération, mais Blaise Zabini n'était pas une personne pourvue d'émotion humaine.

- Granger ? Vraiment ? Dit-il d'une voix traînante sans la saluer ou lui offrir sa main pour la serrer.

- Zabini, répondit la voix d'Hermione.

Draco eu une poussée de fierté en entendant la froideur qu'elle avait réussi à injecter dans ses trois syllabes – elle aurait pu congeler un Feudeymon.

L'accompagnatrice de Blaise, pendant ce temps, était bouche-bée face à Hermione, ses lèvres maquillées formant un « O » de manière comique.

Draco fixa Blaise avec un sourire à glacer le sang, défiant l'autre homme de cracher les insultes qui dansaient certainement sur le bout de sa langue. Blaise leva innocemment un sourcil et répondit avec un regard suffisant et appréciateur.

- Eh bien, aussi... intéressant que ce fut, nous allons retourner à notre loge. Toujours un plaisir de te revoir Malfoy, tu te joins à nous pour un verre après le spectacle, n'est-ce pas ?

Sans attendre une réponse de Draco, il fit tourner sa compagne – qui était toujours bouche-bée – vers les rideaux en velours.

Draco s'obligea à compter jusqu'à dix avant de faire de nouveau face à Hermione. Ce petit connard impoli avait fait de son mieux pour qu'elle se sente la moins accueillie possible. Ça n'était certainement pas passé inaperçu par Draco ; la façon dont il avait à peine remarquée son existence jusqu'à ce qu'il entende son nom et la façon dont il l'avait volontairement mise de côté lors de son invitation à aller boire un verre plus tard. Et si Draco avait remarqué cet affront, alors quelqu'un d'aussi intelligent qu'Hermione l'avait certainement compris aussi.

C'était la douche froide de la réalité dont Draco avait besoin pour contenir ses émotions. Au moment où il pensait être digne d'Hermione, son passé avait surgit pour lui rappeler que non, en fait, il n'avait rien à faire près de cette femme.

Il ne pouvait plus jouer les imposteurs plus longtemps. Blaise l'avait mis sur les nerfs avec seulement quelques mots et regards, et il n'y avait qu'une chose que Draco puisse faire pour s'empêcher de le pourchasser et le maudire de toutes les façons possibles. Il compta de nouveau jusqu'à dix tout en bouillonnant silencieusement dans son siège, incertain de la façon dont il devait rediriger la fureur qui coulait dans ses veines.

Hermione pensait peut-être qu'il n'était plus le même homme – qu'il était une bonne personne – mais les gens comme Blaise Zabini tourneraient toujours autour de lui pour lui rappeler toutes les horribles choses qu'il avait fait dans sa pitoyable vie.

Il fit soudainement face à Hermione, des excuses sur le point de dégringoler de sa bouche, mais elle prit la parole en premier.

- Plus prétentieux que jamais, n'est-ce pas ? Tu le vois souvent ?

- Heureusement non. Si je passe plus de temps que ça avec lui, je ne veux pas être tenu pour responsable des sorts qui sortiront de ma baguette, cracha-t-il et elle eut l'air d'avoir un mouvement de recul.

Les lumières de l'opéra s'éteignirent de nouveau pour indiquer la fin de l'entracte et le début de la deuxième moitié du spectacle. Une tension différente s'était installée entre eux à présent : Hermione tripotant pensivement les jumelles sur ses genoux et Draco fixant la scène avec des yeux vitreux, aveugles. Il garda ses mains contre lui pour le reste de la représentation, n'osant pas l'approcher avec son corps corrompu.

Alors que la dernière heure s'écoulait, Draco se calma et fut capable de penser plus rationnellement. Il n'avait pas à être un crétin colérique et à ruiner la première soirée d'Hermione à l'opéra. Il serait de nouveau amical et poli après le spectacle, peut-être qu'il proposerait même d'aller boire un dernier verre quelque part.

Quand les dernières notes retentirent et que les artistes s'alignèrent sur la scène pour la standing ovation, ils se levèrent et sortirent silencieusement de leur loge.

- C'était vraiment merveilleux, merci d'avoir proposé, dit finalement Hermione tout bas.

Draco lui offrit son bras pour la guider vers les escaliers et dans la galerie.

- Je t'en prie Granger.

Quand elle déposa son bras sur le sien, il essaya de ne pas irradier sous son touché, sachant que cet instant se terminerait aussi vite qu'il était venu.

Ils reprirent leurs capes aux gants flottants et se dirigèrent vers la sortie – Hermione se débattant pour attacher les boutons à son cou.

- On penserait que cette chose serait simple à fermer, grommela-t-elle en essayant et échouant à refermer sa cape.

Alors que Draco était sur le point de proposer son aide, une voix résonna.

- Malfoy !

Draco fit volte face et découvrit une fois de plus Zabini. Répétant tous les sors, maléfices et autres malédictions qu'il connaissait dans sa tête, Draco resta impassible alors que Blaise marchait vers eux avec assurance. Sa compagne semblait avoir été oubliée, le suivant plusieurs mètres derrière.

Il s'arrêta devant eux, Draco heureux de voir qu'il était toujours quelques centimètres plus grand que son ancien camarade.

- Oui ? Demanda Draco rapidement.

Blaise fit quelques pas en arrière et leva les mains de manière moqueuse.

- Pas besoin d'être si formel avec un ancien ami, Malfoy. Je voulais seulement t'inviter au gala de ce soir.

- Quel gala ?

Blaise sourit avec suffisance.

- Ma mère est une eh, bonne amie de l'un des compositeurs du spectacle de ce soir. Elle organise un gala en son honneur chez nous. Tu sais à quel point elle affectionne les beaux-arts.

Elle essaie plutôt de se trouver un dixième mari, pensa Draco avec mépris.

- Peut-être une prochaine fois Zabini, je pense qu'on va juste –

- Ecoute Malfoy, dit Blaise en faisant un pas conspirateur vers Draco mais sans prendre la peine de baisser le ton de sa voix. Termine rapidement quoi que ce soit que tu aies entreprit ce soir – ses yeux noirs glissèrent vers Hermione puis retournèrent vers Draco – et rejoins nous pour une expérience plus exclusive. Je peux te présenter à la sœur de Cecilia si tu veux une vraie compagne pour la soirée.

Draco senti son sang bouillir. Comment cet arrogant trou du cul osait-il insulter aussi ouvertement Hermione, comme si elle ne se tenait pas juste à côté de Draco, entendant chacun de ses mots ? Pour qui se prenait-il ?

- Mais bordel qu'est-ce que tu insinues, hein ?

Il n'avait pas eu l'intention de crier et maintenant le hall tout entier regardait vers eux, mais la rage avait rendu Draco sourd.

Blaise fit un pas en arrière, le fixant avec un visage calme.

- Comprends ce que tu veux. Je dois admettre que je ne pensais pas que tu tomberais si bas pour que ton nom soit à nouveau dans les bonnes grâces de la haute société.

Avec un dernier sourire suffisant, il s'en alla mais Draco s'avança pour le suivre.

- Malfoy arrête !

L'avertissement d'Hermione sonnait comme s'il venait de très loin, et ne l'empêcha pas de poursuivre Blaise, qui lui tournait maintenant le dos et se dépêchait à mettre de la distance entre eux.

- Malfoy ! Ça n'en vaut pas la peine !

Sa voix lui parvint de nouveau et il senti cette fois une légère pression dans sa main gauche, qu'elle tenait dans la sienne.

Il plongea son autre main dans sa cape et agrippa sa baguette, mais Hermione le tira plus fort.

- Draco !

Quand il entendit son prénom, il se stoppa net. Elle ne s'était jamais adressée à lui en utilisant son prénom, pas une seule fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés quand ils étaient enfant. Il se retourna pour la regarder et remarqua ses sourcils froncés par l'inquiétude, ses yeux écarquillés et suppliants.

- Draco, répéta-t-elle d'une voix plus douce maintenant qu'elle avait retenu son attention. Allé viens. Tout va bien, allons-nous en.

Il hocha la tête sans un mot et retira la main de l'intérieur de sa poche, résistant à la pulsion de jeter un sortilège à Zabini pour l'éradiquer de la surface de la terre. Draco autorisa Hermione à le guider rapidement par la main vers la sortie à côté, loin des regards indiscrets du reste de la foule.

Une fois qu'ils furent à l'extérieur, Draco commença à marcher furieusement devant l'opéra et le reste du publique. Comment Zabini osait-il l'accuser d'avoir de pareilles arrières-pensées envers Hermione ? Comment osait-il se tenir devant une héroïne de guerre et l'insulter comme si elle ne pouvait pas l'entendre, comme si elle était trop stupide pour comprendre ce qu'un pauvre petit sorcier de Sang-Pur comme Zabini pensait d'elle ?

Draco continua son chemin effréné pendant plusieurs pâtés de maison, tirant Hermione derrière lui par la main, grommelant avec colère dans sa barbe tout le long. Quand elle pressa gentiment sa paume, il ralentit quelque peu et avala lentement des bouffées d'air. Dans son élan de rage, il avait presque oublié qu'elle se tenait à lui.

Il ralenti encore plus, pour finir par marcher en serpentant, alors que sa colère laissait place à la honte. Il avait agit comme un parfait idiot devant Hermione, devant une foule de personne, et elle ne méritait pas une fin de soirée aussi pourrie. Il expira un profond soupire, sachant qu'il allait devoir se racheter d'une façon ou d'une autre.

- Je suis tellement désolé Granger. Ce que t'a dit Zabini était totalement hors de propos.

Hermione haussa les épaules et lui sourit avec les lèvres pincées.

- Je n'attendais rien de moins venant de lui. Je suis contente que tu ne lui ai pas jeté de maléfice.

- Il l'aurait mérité, répondit Draco de façon bourrue.

Il s'arrêta de marcher soudainement et tira Hermione pour qu'elle lui fasse face.

- Granger, ce qu'il a sous-entendu sur la raison pour laquelle j'étais avec toi ce soir... Je n'aurais jamais fait ça. Je ne t'utiliserais pas comme ça. Tu le sais, n'est-ce pas ? Demanda-t-il désespérément, la suppliant de comprendre tous les sentiments qu'il ne parvenait pas à dire.

Elle rencontra son regard déterminé avec le sien, fixement.

- Si je pensais que ce n'était que ça... Je ne serais pas avec toi ce soir.

Sa voix était calme et contrôlée, et Draco avala la question qui se trouvait dans sa gorge : Et qu'est-ce que c'est exactement ? Que sommes-nous Granger ?

- Je suis désolé d'avoir gâché ta soirée, offrit-il tout bas.

- Ce n'est pas le cas, dit-elle avec douceur.

Il sentait toujours une pointe de colère monter en lui mais la sensation du pouce d'Hermione faisant des cercles sur le dos de sa main commença à attiser d'autres émotions. Leurs doigts emmêlés signifiaient qu'ils étaient horriblement proches.

- Je pense qu'on aurait tous les deux besoins d'une tasse de thé. Je peux nous en faire, si tu veux ?

Il hocha la tête à sa suggestion et elle agrippa sa main plus fortement et les fit transplaner. Quand ils réapparurent, elle le lâcha et son contact lui manqua instantanément. Il regarda les alentours quand elle se remit en marche et réalisa qu'ils étaient dans la même ruelle que celle dans laquelle il transplanait chaque matin avant d'aller au coffee shop.

Hermione le guida dans la direction opposée et Draco se souvint qu'elle s'était dirigé de ce côté là quand il l'avait convaincu de prendre un jour d'arrêt. Draco s'arrêta presque de marcher. Elle l'emmenait chez elle.

Presque comme si elle avait entendu ses pensée, elle commenta :

- J'habite à quelques pâtés de maison d'ici. C'est l'endroit le plus proche qui ne nous fait pas atterrir directement chez moi, et je ne crois pas que mes protections t'auraient laissé passer, même à mon bras. Jouons la sécurité pour ne pas être écrabouillés.

Draco acquiesça et malgré l'air froid de la soirée, il senti ses joues brûler. Il retira brutalement son nœud papillon tordu, le fourra dans sa poche et déboutonna les deux boutons de son col sous ses capes. La gorge enfin libérée de toute restrictions, il avait pourtant toujours la sensation qu'une force lui serrait la gorge : face à son sentiment d'infériorité, à sa bêtise d'avoir mordu à l'hameçon de Blaise, à son incapacité à garder son calme devant Hermione, et à sa faiblesse face à chacune de ses demandes. Il ne devrait absolument pas être en train de la suivre chez elle à cet instant, mais si elle lui avait demandé de le suivre dans les profondeurs de l'enfer, il aurait été incapable de résister.

Draco étouffa des centaines d'excuses, chacune paraissant plus ridicule et moins convaincantes les unes que les autres quand il les listait mentalement. Je suis désolé d'avoir fait un scandal devant tout le monde. Je suis désolé que tu aies été associée à moi. Je suis désolé de ne pas savoir comment être un homme bien. Je suis désolé de ne pas pouvoir m'éloigner de toi même quand je sais que tu mérites bien mieux.

Ils bougèrent en silence, les rues autour d'eux étant désertes et plongées dans le noir à une heure aussi tardive. Draco regarda sa montre et remarqua qu'il était près d'onze heures et demie. Ce n'est pas une heure appropriée pour raccompagner Granger chez elle.

Elle fit une halte devant une jolie maison de ville en brique, à la fin d'une rangée de demeures similaires.

- C'est chez moi, dit-elle simplement en poussant un petit portail en fer au bout du mur de brique.

Draco l'entendit marmonner des incantations dans un souffle, pour retirer les protections rapidement et le laisser passer. Elle réalisa une série de tapotements avec sa baguette sur la porte d'entrée et l'ouvrit.

Il pouvait fuir maintenant. Il pouvait lui donner une piètre excuse et rentrer chez lui maintenant. Mais les pieds de Draco firent quelques pas derrière Hermione et, avant qu'il ne s'en rende compte, ils l'avaient emmené à l'intérieur. La porte cliqua en se refermant derrière lui et Hermione se dirigea vers un escalier sinueux sur la gauche.

- L'étage du bas est principalement pour le stockage, je ne vais quasiment jamais là, expliqua-t-elle à Draco qui avait tendu le cou pour apercevoir une pièce sombre remplie de boîtes bien rangées de l'autre côté. Je passe la plupart de mon temps dans les deux étages du dessus et sur le toit-terrasse. La femme à qui j'ai acheté la maison est une Cracmol qui bosse comme agent immobilier. Elle vend aussi bien à des sorciers qu'à des moldus, et il s'avère que mes voisins d'à côté sont une vieille sorcière et un vieux sorcier. Ils sont en vacances en ce moment, ils rendent visite à leur petite-fille en Amérique.

Sa voix était douce et calme alors qu'elle le guidait en haut des escaliers, pour atteindre un palier et une autre porte, mais Draco savait qu'elle était légèrement nerveuse à la façon dont elle jacassait. Ce n'était pas tant son intonation que la quantité d'information fallacieuse qu'elle avait besoin d'expulser.

Elle récupéra la clé et Draco laissa ses traîtres de pieds le guider à l'étage principal de sa maison. Alors que la porte se fermait derrière lui, il s'appuya contre celle-ci, incertain de savoir ce qu'il devait faire de son corps. Hermione fit quelques pas en avant, installant son sac de perle et sa baguette sur la petite table du couloir et bougeant pour retirer sa cape.

- Tu peux accrocher tes affaires sur le crochet sur la porte si tu veux, et je vais aller préparer la bouilloire, lança-t-elle par dessus son épaule.

Draco obéit comme sous Sortilège de l'Imperium. Il accrocha sa cape et robes d'extérieure, les pendant avec précaution sur la gauche. Ne sachant toujours pas quoi faire de lui-même, il resta maladroitement en arrière, gardant son corps collé à la porte comme si un Sortilège de Collage permanent l'y obligeait.

A peine vingt pas devant lui, Hermione se tenait là, combattant la fermeture argentée de sa cape brillante – qui avait l'air de ne pas se laisser faire. Elle tirait et poussait et essayait d'arracher le col et Draco l'observait simplement, en retrait, essayant désespérément d'ignorer son envie de l'approcher.

Pouvait-elle le sentir à présent ? Un étrange silence était tombé et avait tout recouvert d'une épaisse couverture de tension dans le hall, illuminé seulement par le clair de lune. Il n'y avait plus rien ni personne pour interrompre leur soirée à présent : pas de Blaise, pas de publique, pas de divertissement superflu, pas de souvenir douloureux de leur passé pour pointer le bout de son nez au moment le plus inopportun.

Le silence assourdissant n'était rompu que par les murmures frustrés d'Hermione qui se battait toujours avec sa cape, le dos tourné à Draco.

- Saleté de truc... Comment est-ce que je fais pour... Il devrait y avoir un moyen plus simple..., se plaignit Hermione alors que ses doigts s'activaient furieusement.

Draco s'éloigna de la porte et s'approcha lentement. Au son de ses chaussures en cuir de dragon claquant sur le parquet, Hermione se figea. Il s'arrêta avec précaution derrière elle, se tenant si près que, si elle faisait un pas en arrière, elle s'écraserait contre son torse. A présent, seules les courtes respirations d'Hermione emplissaient l'air étouffant de la pièce ; Draco savait – au vu de la rapidité avec laquelle sa poitrine montait et descendait – que sa proximité l'affectait, et ce n'était pas par peur. C'était de l'anticipation.

Draco se pencha et avança ses lèvres juste à côté de son oreille.

- Permets-moi, murmura-t-il et il senti tout son corps frémir.

Il posa délicatement sa paume sur son épaule et attrapa le fermoir autour de son cou avec ses longs doigts. Les mains d'Hermione tombèrent mollement sur le côté alors que Draco décrochait avec dextérité l'attache, d'un simplement mouvement du pouce et de l'index.

La cape tomba de ses épaules pour s'écraser à leurs pieds et aucun d'eux n'essaya de la rattraper. Alors que le tissu glissait entre ses doigts, la main de Draco resta sur l'épaule nue d'Hermione. Elle tourna lentement sur elle-même, sa peau chaude vibrant presque sous sa paume.

Hermione était naturellement très belle quand elle connaissait la réponse à une question ; mais quand elle était encore dans une phase de découverte et de questionnement, comme c'était le cas actuellement ? Elle coupait le souffle de Draco. Il baissa le regard vers ses yeux écarquillés, à quelques centimètres des siens, et il y vit toute l'incertitude et l'incrédulité qu'elle essayait de surmonter. C'était comme si elle essayait de comprendre la logique d'un puzzle immense et mystique, et que la solution se cachait dans les yeux de Draco.

Il glissa son pouce sur son épaule lentement, dansant sur sa peau avec légèreté, perdu dans cette caresse. Les yeux de Draco quittèrent la profondeur des siens pour se perdre dans les boucles sauvages qui avaient réussi à s'échapper de sa coiffure au cours de la soirée. Sa main libre se tendit pour attraper une mèche qui entourait son visage, ses doigts savourant leur incroyable douceur. Il entendit la respiration d'Hermione haleter mais il ne pouvait pas quitter des yeux la boucle qu'il caressait, l'enroulant lentement autour de son doigt.

- Je peux toujours... aller... faire du thé ? Murmura-t-elle, à bout de souffle.

Draco sut que c'était son dernier avertissement, la dernière tentative pour tirer sur les freins, le dernier panneau qui indiquait qu'ils fonçaient vers un précipice.

- Non, murmura-t-il toujours concentré sur la boucle entre ses doigts. Je n'ai pas besoin de thé pour l'instant.

Ses yeux glissèrent vers son visage alors qu'il était envahie par une prise de conscience. Il ne se dirigeait pas du tout de manière incontrôlable vers le bord d'une falaise. Draco avait déjà une longueur d'avance, il avait sauté dans le vide depuis un certain temps, et il était tombé et avait tournoyé dans les airs, sans protections ni plan pour son atterrissage.

Les yeux d'Hermione ne contenaient plus de question à présent, mais plutôt un défi. Elle avait été courageuse toute sa vie. Depuis que Draco l'avait rencontrée quand ils avaient 11ans, elle avait foncé tête baissée à partir du moment où elle croyait suffisamment en une cause. Évidemment, de ses amis, elle avait eu l'air d'être la plus prudente, car elle prenait le temps de réfléchir avant d'agir ; mais quand Hermione Granger avait jeté son dévolu sur quelque chose, Draco savait que rien ne pouvait plus l'arrêter.

Mais cette fois ? Draco vit dans ses yeux qu'elle allait le laisser décider. La connaissant comme c'était le cas à présent – toutes les conversations qu'ils avaient eu au sujet de la pression qu'elle ressentait de devoir être courageuse, de devoir être forte, d'être celle qui devait prendre les décisions – elle demandait juste à quelqu'un d'autre d'assumer ce rôle pour une fois.

Il pouvait être cette personne, dès maintenant.

A contre cœur, il laissa la mèche de cheveux glisser entre ses doigts. Sa main se posa au bord de sa mâchoire pendant que l'autre reprenait sa danse sur son épaule. Les nerfs de Draco s'enflammèrent et il ne savait pas si les tremblements qui le parcouraient venaient de lui ou d'elle. La dernière chose qu'il vit avant de fermer les yeux et de pencher son visage vers l'avant, furent ses paupières se fermer avec appréhension.

Enfin, les lèvres de Draco se lièrent aux siennes doucement, multipliant par dix les sauts périlleux dans son estomac. La sensation de sa bouche adoucit une douleur au plus profond de son être ; il s'était langui de la toucher et de la goûter depuis bien plus longtemps qu'il n'avait osé se l'admettre.

Leurs lèvres tâtonnèrent l'une contre les autres, bougeant dans un rythme inconnu, alors qu'ils cherchaient avec avidité à se découvrir et savoir comment ils s'assemblaient pour ne faire qu'un. Draco senti ses lèvres s'ouvrir sous les siennes et il recula avec hésitation pour une courte pause pour reprendre sa respiration.

Les yeux d'Hermione s'ouvrirent doucement pour rencontrer les siens. Son regard était un océan de désir qui menaçait de le noyer, et le sang dans les veines de Draco palpitait avec la sensation écrasante de sa peau sous ses mains.

- Hermione, souffla-t-il.

Son nom était à la fois question et une réponse. Son salut et sa perte. Il avait quitté ses lèvres dans un soupire et, même s'il n'avait pas été plus fort qu'un murmure, Draco avait l'impression d'avoir hurlé, brisant le silence du hall éclairé par la lune.

Le barrage céda.

Les mains d'Hermione s'enroulèrent autour de ses épaules alors qu'elle écrasait ses lèvres contre les siennes de nouveau. Il n'y avait plus rien d'hésitant ou de délicat dans ses baisers. Sa bouche ouvrit la sienne immédiatement et Draco gronda quand sa langue chercha la sienne. Leurs bouches se collèrent l'une à l'autre, suçant, goûtant et léchant à la hâte. Draco se serait mis des gifles. Depuis combien de temps auraient-ils pu faire ça avant ce soir ?

Embrasser Hermione était une évidence. Son esprit était devenu merveilleusement vide, dépourvu de toute arrière-pensée et de prise de décision mélancolique, alors que Draco se perdait dans la sensation de ses lèvres marquant les siennes. Quand l'avait-il poussée contre le mur ? Ou était-ce elle qui l'avait attiré dans cette position ?

Alors que Draco avait gardé ses mains sur son épaule et le côté de son visage, celles d'Hermione bougeaient absolument partout. Elle avait commencé avec ses cheveux, s'enroulant autour des mèches fines qui chatouillaient sa nuque, avant de les glisser plus haut et se s'abandonner dans la caresse de ses cheveux blonds platines. S'inspirant d'elle, Draco imita ses gestes alors qu'elle explorait son corps, la laissant donner la cadence de leur aventure ardente, tout en se roulant des pelles furieusement.

Il fourra ses mains dans ses cheveux, ruinant minutieusement son chignon complexe, mais le soupire heureux qu'il aspira sur sa bouche lui indiqua qu'elle ne se souciait pas le moins du monde que ses ongles s'agrippent à son cuir chevelu. Il n'était pas totalement pressé contre son corps, ne voulant pas l'effrayer avec son érection déjà intense. Il garda ses mains emmêlées dans ses boucles, pendant qu'elle glissait les siennes le long de ses épaules, semblant impatiente d'en découvrir d'avantage. Elle s'accrocha à ses épaules pendant un moment, puis glissa ses mains plus bas pour presser les muscles de son avant-bras, puis remonta jusqu'à ses épaules.

Draco se délecta de la douceur de ses cheveux, de la chaleur de sa langue, des courtes inspirations qui s'échappaient de sa bouche. Alors que ses mains caressaient son torse, Draco eu enfin le courage de toucher son corps aussi. Il commença avec des caresses, aussi légères qu'une plume, sur son visage et son cou, puis glissa ses mains de ses épaules vers ses bras, se voyant récompensé par des frissons alors qu'il caressait sa peau de haut en bas à plusieurs reprises.

Leurs baisers devinrent plus urgent quand Hermione froissa désespérément le tissus de sa chemise et attira d'un coup sec son corps vers elle. Avec nulle part ailleurs vers où aller qu'elle, Draco se retrouva pressé contre elle et gémit à son contact. Leurs corps se moulèrent l'un dans l'autre, si bien qu'il pu sentir chacune de ses courbes contre son anatomie tendue, et la façon délicieuse qu'elle avait de se tordre contre lui lui indiqua qu'elle était tout aussi impatiente de le sentir.

Draco glissa audacieusement ses mains sur ses hanches où elle se posèrent, l'agrippant avec fermeté. Hermione mordilla sa lèvre inférieure et Draco dû rompre leur baiser pour poser son front contre le sien pour reprendre son souffle. Elle ne le laissa pas respirer trop longtemps, gémissant lorsqu'elle captura de nouveau ses lèvres.

Elle ne lui disait pas d'arrêter, et bientôt, il aurait besoin qu'elle le fasse. Parce qu'ils n'avaient pas d'excuses pour leur comportement à cet instant : pas d'alcool dans leur organisme, pas de potion, pas de charmes, pas de sortilège ou d'enchantement d'aucune sorte. Ils n'étaient qu'un homme et une femme, enfin seuls après des mois et des mois à se tourner autours, et ils risquaient d'être consumés.

Mais Hermione ne lui disait pas d'arrêter. Bien sûr qu'elle ne lui disait rien parce que sa langue était enfouie si profondément dans sa gorge que parler était tout simplement impossible pour l'un comme pour l'autre à cet instant. Draco laissa ses mains parcourir son flanc, effleurant les contours de ses seins et fut récompensé par un un cri de surprise très érotique de la part d'Hermione, alors qu'elle inclinait ses hanches pour se frotter contre lui, resserrant son emprise autour de son cou. Draco répéta son geste plusieurs fois et, en quelques minutes seulement, Hermione haletait en arrachant sa bouche à la sienne. Draco profita de son besoin d'air pour déposer des baisers fiévreux le long de sa mâchoire et jusqu'à son oreille. Chaque nouvelle partie de sa peau qu'il goûtait ne faisait qu'augmenter son désir.

Quand ses lèvres se trouvèrent sur son cou gracile, il retira l'une de ses mains sur ses hanches pour la placer contre le mur près de sa tête. Avec Draco lapant la peau de son cou, Hermione haletait plus fort et murmurait des sons des plus obscènes entre chaque respiration.

- Oh... Mhh.. Oui... Ohh... Mh...

Il mordilla avec légèreté son oreille, suscitant encore plus de réactions similaires de sa part, et sa main sur sa hanche remonta plus haut de nouveau. Cette fois, il ne s'arrêta pas sur le côté, mais glissa enfin pleinement sur l'avant de sa poitrine pour la serrer fermement. Alors que sa main caressait et massait son sein, sa bouche continuait de se perdre dans son cou jusqu'à :

- Ohh Draco !

Draco fut reconnaissant intérieurement que l'une de ses mains soit appuyée contre le mur, car ses genoux flanchèrent. Hermione qui gémissait son prénom lui avait littéralement fait perdre l'équilibre et il arracha finalement sa bouche de son cou, suffocant.

Bordel.

Quand lundi arriverait, Draco déposerait une requête auprès d'un des bureaux du Ministère, ou peut-être passerait-il une annonce dans tous les journaux, certifiant que personne d'autre dans cette galaxie ne serait plus autorisé à employer son prénom – plus jamais. La façon dont Hermione articulait les voyelles en gémissant («Draaaaycohhh ») était la seule prononciation qu'il accepterait dorénavant, et seulement si elle provenait de sa bouche parfaite. Les autres pourraient s'adresser à lui en disant « Malfoy » ou « L'idiot Blondinet » ou tout ce qu'ils voulaient franchement, parce que plus rien d'autre n'avait d'importance à présent, hormis Hermione criant son nom de plaisir.

La femme qui se tortillait contre lui profita de son incapacité à inspirer pour attirer sa tête vers sa bouche et refermer ses lèvres contre son cou à son tour. Une fois qu'il eu quasiment récupéré, et pouvait sentir de nouveau ses jambes, Draco tourna son visage pour réclamer encore ses lèvres, leurs baisers prenant une tournure plus urgente alors que leurs mains vagabondaient sans restrictions. Elle toucha et tripota chaque partie de lui et Draco pressa son dos si fermement contre le mur qu'il se demanda s'il y aurait un renfoncement de la forme d'Hermione quand ils finiraient par accélérer les choses.

En parlant de ça, ses petites mains insistantes poussèrent la veste de costume de Draco de ses épaules, la glissant avec urgence le long de ses bras et il dû brièvement lâcher les fesses d'Hermione pour pouvoir la retirer et la jeter loin de lui. Son gilet était le suivant sur sa liste. Ses doigts s'attelèrent à défaire ses boutons et il l'enleva d'un mouvement d'épaule. Elle attira de nouveau son visage vers le sien et pressa une ligne de baiser de la naissance de sa barbe jusqu'à son lobe, terminant sa route par un murmure provocant.

- Chacun son tour.

Les yeux de Draco s'écarquillèrent alors qu'Hermione décrochait ses mains de son cou pour les glisser derrière sa propre nuque. D'un mouvement rapide des doigts, elle dégrafa sa robe et repoussa son col. Le tissus glissa de plus en plus bas sur son corps, jusqu'à ce qu'elle en sorte agilement et la repousse d'un coup de pied sur le côté, se tenant à présent devant Draco avec rien d'autre qu'un soutien-gorge sans bretelle et une culotte.

Un grognement sauvage s'échappa de sa gorge alors qu'il la plaquait de nouveau contre le mur, écrasant sa bouche et ses hanches contre elle. Leurs mains s'agrippaient et caressaient l'autres avec abandon, Draco savourant la sensation de ses seins dans ses mains alors qu'elle ondulait contre lui et suçait sa lèvre inférieure.

Hermione le libéra rapidement de ses boutons de manchettes – il les entendit tomber et rouler sur le plancher. Ses paumes glissèrent sur son torse vers les boutons du haut de sa chemise et elle manoeuvra rapidement plus bas, la libérant se son pantalon, et s'aventurant dangereusement près de sa verge douloureusement raide. Sa chemise était grande ouverte à présent et Hermione se recula légèrement pour admirer la peau pale de son torse et de son abdomen. Léchant ses lèvres, elle se pencha de nouveau pour déposer des baisers langoureux depuis le haut de son nombril jusqu'à sa pomme d'Adam alors que Draco grognait et s'agrippait à ses épaules.

Ses mains entêtées tentaient à présent de retirer sa chemise de ses bras et de son dos, et Draco essaya de l'aider, mais quand le tissus tomba de ses épaules, le long ses biceps, et que les caresses d'Hermione touchèrent la peau nue de ses coudes, il poussa un cri de surprise et s'éloigna violemment d'elle en trébuchant.

- Non ! S'écria-t-il.

Bordel qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Comment avait-il pu oublier ?

Haletant comme un animal pris au piège, il recula aveuglément jusqu'à ce que le bas de son dos n'entre en collision avec le haut du canapé.

- Je ne veux pas que tu... que tu... que tu la vois, bégaya-t-il.

Hors d'haleine et à l'arrêt, il s'appuya contre le canapé. Il se cramponna désespérément au tissus de sa chemise qui couvrait toujours son bras gauche, pleinement conscient de l'horrible image qui se trouvait sous sa manche.

La Marque des Ténèbres de Draco ne brillait plus en rouge ou en noir, comme ça avait été le cas sous le règne de Voldemort. Une fois le sorcier qui l'avait marqué mort, la Marque avait immédiatement commencé à s'estomper, toute magie avait disparu de la laideur sur son bras, mais le crâne et le serpent étaient toujours là. Elle continuerait à s'effacer avec le temps, et n'était à présent qu'un contour aux nuances malsaines de gris et, même si elle n'était plus aussi nette sur sa peau pale, elle était reconnaissable malgré tout.

Draco savait qu'il ne serait pas capable de supporter le regard d'Hermione sur sa marque, de la voir le regarder avec dégoût, bien qu'elle aurait raison. Il était dépravé, mauvais et complètement indigne d'une âme aussi pure que la sienne. Ça le briserait entièrement de voir cette femme – qui avait fini par compter autant pour lui – le rejeter avec répugnance et horreur. Pour un bref instant dans sa vie, durant toute l'année dernière, Hermione l'avait fait se sentir entier de nouveau. Elle l'avait traité avec bienveillance, elle avait apprécié ses idées et ses sentiments, l'avait fait rire, l'avait fait se sentir comme s'il avait en fin de compte quelque chose à offrir au monde.

Draco leva les yeux pour s'abreuver d'elle une dernière fois. Elle était toujours contre le mur, respirant fort. Ses cheveux auparavant nettement coiffés étaient de nouveau libre et sauvage, et des touffes de boucles tombaient et effleuraient le haut de ses épaules. Ses lèvres pulpeuses étaient enflées, son rouge à lèvre disparu depuis longtemps, et un peu de son mascara avait bavé sous l'un de ses yeux. Il observa le reste de son corps ; son soutien-gorge de travers à cause de leur étreinte passionnée, un de ses bonnets étaient baissé et un de ses mamelons s'en était échappé, sa culotte en dentelle noire était repliée sur l'avant, là où leurs corps s'étaient frottés l'un à l'autre. Il n'avait jamais vu de femme aussi belle de sa vie.

Elle ne pourrait jamais être sienne.

Il regarda ailleurs, sa poitrine lui faisant mal à chaque inspiration. Elle était vertueuse, un extraordinaire éclat de lumière dans ce monde terrifiant et il n'avait rien à faire en sa présence. Il entendit Hermione s'éclairer la gorge et faire un pas doucement vers lui, mais il refusa de regarder vers elle. Draco savait exactement ce qui allait se passer, aurait pu prédire comment elle allait le laisser tomber : « Malfoy, je crois que l'on s'est un peu laissé emporter, et je pense que ça serait mieux si tu partais. Je te vois lundi pour un café ? ». Et Draco hocherait la tête et serait d'accord, parce qu'elle avait raison, évidemment, parce qu'Hermione Granger avait toujours raison. Il ramasserait silencieusement sa dignité et ses vêtements et rentrerait chez lui, dans son manoir vide, se saoulerait à mort et passerait le reste de son week-end à s'apitoyer sur son sort. Lundi arriverait, elle serait distante mais polie, décidée à ignorer ce qu'il s'était passé entre eux. Elle s'éloignerait de plus en plus de lui, jusqu'à ce qu'ils ne soient finalement plus que des étrangers l'un pour l'autre une fois de plus, et un jour elle cesserait de venir. Elle quitterait sa vie pour toujours et ce serait préférable pour lui qu'il l'accepte dès à présent.

Elle s'arrêta juste devant lui, mais il continua d'éviter son regard. Il pouvait sentir cet enivrant parfum de fleur qui se dégageait d'elle par vague, et à chacune de ses profondes et irrégulières inspirations, il se jura de mémoriser son odeur.

- Malfoy, appela-t-elle doucement et Draco ferma les yeux.

Il était incapable, ne méritait pas de la regarder, lâche jusqu'au bout. Il tressaillit presque à la façon dont elle avait déjà recommencé à l'appeler par son nom de famille.

Elle fit un autre pas vers lui et se retrouva directement dans son espace personnel. Draco continua de s'appuyer aveuglément contre le canapé, son bras droit tenant fermement son bras gauche couvert. Des mains douces encerclèrent son visage et il résista à l'envie de pleurer, sa paume tendre et réconfortante contre sa peau. De la bienveillance qu'il ne méritait pas.

- Malfoy, s'il te plaît. Regarde moi.

Il lui obéit immédiatement et comment ne pouvait-il pas ? Elle avait le contrôle de tous ses gestes et décisions depuis un moment maintenant, une emprise sur lui qu'il n'avait pas envie de combattre. Ses yeux lui offrirent de la chaleur et de la compréhension, dénués du jugement qu'il pensait y trouver. Cependant elle était tout simplement empathique, elle veillerait à lui asséner le coup fatal avec douceur et gentillesse. Il se prépara à recevoir son rejet, doux mais ferme.

Hermione se mit sur la pointe des pieds et pressa ses lèvres contre sa joue. Un baiser d'adieu. Un dernier pour la route. Elle plaça un autre baiser langoureux sur son autre joue. Puis ses lèvres bougèrent sur son cou, commençant juste sous son oreille et bougeant lentement sous sa mâchoire jusqu'à atteindre l'autre côté. Ça ressemblait de moins en moins à un au revoir...

Il la senti remonter sa chemise sur ses épaules et la refermer.

- Tout va bien. Tu peux la garder si tu veux, murmura-t-elle sur un ton apaisant tout en attachant ses boutons et ne laissant que les deux du haut ouvert.

Hermione pressa ensuite ses paumes contre son torse et plongea ses yeux dans les siens de nouveau. Ses mains glissèrent le long de son abdomen, s'arrêtèrent momentanément, et finirent par se poser sur la boucle de sa ceinture.

C'était quoi ce bordel ? Dans quel univers alternatif avait-il atterri ?

Gardant ses mains sur sa taille, Hermione se remit sur la pointe des pieds et posa sa bouche contre son oreille.

- Ta chemise n'est pas le vêtement que j'ai besoin que tu retires, murmura-t-elle et Draco senti tout son sang se concentrer plus au sud.

Elle se recula avec un sourire en coin, qui pouvait rivaliser avec l'un des siens dans une journée particulièrement sarcastique, et Draco avala péniblement alors que les mains d'Hermione s'affairaient avec sa ceinture. Il se figea quand elle la retira de ses ardillons et la fit tomber sans ménagement au sol. Les battements de son cœur s'accélérèrent quand elle ouvrit le bouton de son pantalon, descendit sa braguette et le baissa rapidement. Il fit un pas pour le retirer sans un mot, et Hermione se jeta sur lui, reprenant leur baisers effrénés comme s'il n'avait pas eu d'interruption émotionnelle dans leurs ébats. Toute pensée concernant cette épouvantable Marque des Ténèbres ayant disparue, Draco se concentra de nouveau sur les baisers de la sorcière qu'il tenait dans ses bras. Elle tendit soudainement une main entre eux pour caresser son érection et Draco dû rompre leur baiser pour laisser aller un sifflement. Elle le massa de toute sa longueur à travers son boxer, avant de passer une main sous l'élastique sur ses hanches et de presser directement son membre. La tête de Draco roula en avant pour se poser sur son épaule, se perdant dans la sensation des mains d'Hermione enroulées autour de son pénis.

Il devait reprendre le contrôle maintenant, s'il avait le moindre espoir de tenir un peu plus longtemps. Draco attrapa le poignet d'Hermione et retira sa main de lui, un grondement de plaisir lui échappant quand elle le caressa une dernière fois. Leurs bouches et leurs corps fusionnèrent à nouveau et Hermione l'attira en arrière. Il la laissa le guider, leurs baisers enivrés ne cessant pas durant leurs progression maladroite dans sa maison.

Elle le fit traverser un couloir et Draco la plaqua contre un mur qu'il comprit être celui de sa chambre. Hermione griffa la peau de son torse sous sa chemise tout en faisant rouler ses hanches contre les siennes et il plongea sa langue plus profondément dans sa bouche. Il se recula brièvement et fit passer sa chemise par dessus sa tête, s'en foutant à présent complètement de son avant-bras – Hermione étant suffisamment distraite par le reste de son corps de toute façon.

Elle répondit de la même manière en dégrafant son soutien-gorge et le faisant disparaître. Draco la dévora toute entière du regard, puis la pressa de nouveau contre le mur, alternant ses assauts entre sa bouche et son cou. Elle gémit bruyamment dans son oreille alors qu'ils se frottaient l'un à l'autre, leurs sous-vêtements étant la seule barrière entre eux à présent. Draco planta une myriade de baiser le long de son cou tandis que les mains d'Hermione s'agrippaient à son dos, et il commença à avancer sa bouche vers ses seins nus. Il enroula sa langue autour de son téton sensuellement et senti ses hanches frotter contre les siennes. Il prit son autre sein dans sa paume, pressa son téton entre ses doigts et entendit sa respiration s'accélérer alors qu'elle gémissait sous ses bons soins. Il remonta ses baisers pour capturer de nouveau sa bouche tout en massant sa poitrine. Draco encercla ses seins durcit, la faisant entrer dans une frénésie lascive avant de glisser lentement sa main le long de son ventre et de s'arrêter juste au-dessus de sa culotte.

Sa main ne bougea pas pendant un moment avant qu'il ne plonge juste un peu à l'intérieur, s'arrêtant de nouveau. Draco interrompit leur baiser pour se reculer et la fixer.

- Est-ce que tu es d'accord ? Demanda-t-il avec sérieux, s'assurant d'avoir la permission de pouvoir toucher la partie la plus intime de son corps.

- Oui, s'il te plaît, murmura-t-elle à bout de souffle.

Il l'embrassa avec férocité alors que sa main descendait plus bas. Quand ses doigts atteignirent finalement leur destination au sommet de ses cuisses et qu'il pouvait sentir toute l'humidité qui s'y trouvait déjà, ils gémirent en cœur. Draco traîna son index le long de sa fente, savourant à quel point elle était trempée, et Hermione dû éloigner leurs bouche pour respirer désespérément. Il savait qu'il la faisait craquer rien qu'avec l'effleurement du bout de ses doigts. Draco se demanda si ça faisait aussi longtemps pour elle que pour lui, depuis qu'une autre personne l'avait touchée ainsi.

Quand il glissa un long doigt en elle, Hermione poussa un cri et rejeta la tête en arrière contre le mur. Draco voulu demander si elle s'était fait mal, mais elle le fit taire en l'embrassant.

Par les Dieux, elle était parfaitement serrée et prête pour lui, et il se délecta de la façon dont ses parois se refermaient et pulsaient autour de son doigt. Il entrait et sortait d'elle, dans un rythme lent, pour commencer, avant d'aller plus rapidement, le tout en dévorant son cou avec sa langue et en caressant sa poitrine de sa main libre. Alors que ses gémissements devenaient plus effrénés, il inséra un autre doigt et accéléra ses mouvements en elle, essayant d'harmoniser sa vitesse avec celle de ses hanches. Quand son pouce frôla son clitoris, elle poussa un cri et accrocha sa bouche à son épaule, suçant et mordant sa peau pale. Ses ongles se plantèrent si fort dans son dos, que Draco sut avec certitude, qu'il y aurait dix petites traces rouges le lendemain – non pas qu'il en ai eu quelque chose à faire. Il était aux anges de lui donner autant de plaisir.

Son pouce effleura de nouveau son clitoris et il en fut remercié avec un autre gémissement. Elle était si près qu'il pouvait le sentir, et l'idée qu'il soit sur le point de faire jouir Hermione rien qu'avec sa main rendait sa queue incroyablement raide. Il poussa ses doigts en elle plus rapidement, se délectant du mouvement de ses hanches quand elles commencèrent à être prise de secousses incontrôlables parce qu'elle baisait sa main. Il arrêta de titiller son clitoris pour le presser vigoureusement de son pouce et, quelques instants plus tard, elle chevaucha son orgasme en criant « Draco ! Oui ! Oh par les Dieux, Draco, oui ! ».

Draco frima intérieurement, face à l'exaltation de son nom glissant de ses lèvres en pleine extase, et aspira ses gémissements avec sa propre bouche, ses doigts ralentissants leur rythme alors qu'elle se calmait. Respirant lourdement, elle reposa son front contre le sien et sourit, puis elle l'embrassa lentement, sensuellement, alors qu'il retirait délicatement ses doigts de sa culotte.

Bien que leurs baisers étaient plus langoureux à présent, Hermione n'avait pas l'air d'en avoir fini avec lui. Sans trop de douceur, elle s'éloigna de lui et le poussa en arrière, jusqu'à ce que ses jambes rencontre son lit, et qu'il s'assoit sur le bord du matelas. Le regard qu'elle lui lança ne pouvait être décrit que comme celui d'une prédatrice tandis qu'elle se penchait pour l'embrasser vivement.

- Pousse toi, murmura-t-elle en faisant un signe à Draco de se reculer sur le lit.

Il s'exécuta et sa gorge devint sèche quand Hermione se pencha en avant pour retirer sa culotte et la repousser d'un coup de pied. Draco se dandina hors de son boxer à son tour, l'abandonnant au sol. Hermione grimpa sur le lit, ses cheveux bruns tombant autour de leurs visages comme un rideau alors qu'elle rampait le long de son corps pour retrouver ses lèvres. Alors qu'elle s'apprêtait à se mettre à califourchon sur ses hanches, Draco attrapa son poignet pour l'arrêter.

- Attends !

Elle le regarda avec surprise et il essaya de ne pas paraître nerveux, ou effrayé, quand il rencontra ses yeux. Ils pouvaient arrêter maintenant, et la dignité d'Hermione serait toujours intacte, si elle le voulait. Mais avant qu'ils n'aillent plus loin, Draco devait savoir, devait être absolument sûr, qu'elle ne regretterait pas d'avoir été aussi intime avec lui.

- Est-ce que tu es d'accord ? Je veux dire, est-ce que c'est ce que tu veux ? Avec moi ?

Qu'est-ce qu'il y avait chez cette femme qui le rende aussi vulnérable ? Il maudit le ton gêné de sa voix, mais Draco ne pouvait pas foutre se moment en l'air. Si Hermione le repoussait, après les faits, il n'était pas certain de pouvoir s'en remettre. Mieux valait tout arrêter maintenant avant que la honte ne s'installe et qu'elle le haïsse au petit matin.

Le regard d'Hermione s'adoucit avant qu'elle lui réponde. Elle enroula sa main autour de son érection et la caressa de haut en bas, obligeant Draco à rejeter la tête en arrière et mordre dans sa lèvre.

- Oui, je suis sûre.

Il l'entendit murmurer et, quand il ouvrit les yeux, il fut accueilli par l'image parfaite d'Hermione s'abaissant sur sa queue. Ils gémirent quand ils furent enfin reliée l'un à l'autre, Hermione laissant sa tête s'incliner en arrière. Draco posa ses mains sur ses hanches alors qu'elle bougeait timidement, découvrant comment leurs corps s'emboîtaient. Il savoura la façon dont ses seins rebondissaient légèrement quand elle glissait de haut en bas, à califourchon sur lui, sa bouche entre-ouverte silencieusement dans une forme ronde pendant qu'il la remplissait. Une fois qu'elle eu l'air plus à l'aise, Draco bougea ses propres hanches pour rencontrer ses à-coups. Il s'accrocha à sa taille et, quand elle eu trouvé son rythme, il tendit son autre main pour masser sa poitrine. Les paumes d'Hermione vinrent se poser sur ses épaules et elle utilisa cette nouvelle stabilité pour bouger plus rapidement sur son membre.

Draco se souvint vaguement qu'Hermione avait mentionné que ses voisins étaient en voyage, et il remercia le ciel pour ça, car les sons qui sortirent de leurs bouches n'avaient aucune retenue. Hermione s'affaira au dessus de lui dans un rythme effréné, et Draco retira la main de sa poitrine pour s'agripper avec force à ses hanches. Elle s'abattait sur lui de manière plus irrégulière à présent et il planta ses doigts dans sa taille pour l'aider à contrôler ses mouvements. La simple pensée qu'elle jouisse sur lui était presque suffisante pour le faire basculer, mais il voulait qu'elle vienne en premier.

Voyant qu'elle était plus à l'aise de le chevaucher avec frénésie, il poussa ses hanches plus fort, enfonçant son membre au fond d'elle, et elle gémit sensuellement pour l'encourager. Hermione se pencha pour l'embrasser langoureusement, ouvrant sa bouche d'un puissant coup de langue, avant de rompre leur baiser et de se redresser. Draco accéléra son rythme pour s'accorder au sien, tous deux avec un éclat de sueur se formant sur leur front, haletant sous l'effort de leur ébat. Les jambes d'Hermione tremblèrent et Draco sut qu'il l'avait enfin. Elle rejeta sa tête en arrière, ses cheveux volant dans son dos, et il s'extasia en voyant sa peau nue briller sous le clair de lune. Par les Dieux, il avait rêvé d'elle dans cette position pendant des mois et aucun de ses fantasmes ne se rapprochait de ce que c'était que d'être baisé par Hermione, dans son lit.

- Draco ! Draco ! Oui ! Draco !

Elle criait de nouveau son prénom. Il fut foutu après ça. Terminant son orgasme dans d'incohérents murmures, Hermione s'affala contre son torse, emmêlant ses mains dans ses cheveux pendant qu'elle bougeait encore ses hanches pour lui. Il ne fallut que quelques longues et profondes poussées de plus pour que Draco voient des étoiles et qu'il jouisse en elle. Il avait peut-être marmonné « Hermione ! » dans ses cheveux alors qu'elle était allongée sur lui, mais il n'était pas certain que le bruit qui était sorti de sa bouche soit considéré comme du langage humain.

Respirant fort et complètement repu, Draco enroula la silhouette d'Hermione de ses bras et la maintint contre son torse, ne voulant pas que leur contact physique se termine tout de suite. Ils restèrent ainsi pendant quelques minutes avant qu'Hermione tende la main pour retirer ses cheveux de leur visages. Elle déposa un baiser chaste sur le haut de son épaule et sur son cou, avant de rouler sur côté avec précaution et de s'allonger près de lui.

Rassemblant le peu de courage qu'il possédait, et toujours à la recherche de la béatitude post-coïtal, il se tourna pour faire face à Hermione. Elle rencontra son regard avec l'un de ses sourires timides et il lui sourit en coin en retour.

Elle hésita un instant, puis se pencha pour retrouver ses lèvres dans un autre bref baiser.

- Je reviens dans une minute, murmura-t-elle en se reculant.

Elle roula ensuite hors du lit et se dirigea vers la salle de bain adjacente. Draco gratifia son corps nu d'un regard appréciateur alors qu'elle marchait à travers la pièce, admirant la forme de ses fesses.

Il se laissa tomber dans ses oreillers avec un soupire satisfait et frissonna légèrement sans son corps chaud contre le sien. Prenant le fait qu'elle ne l'ai pas immédiatement jeté hors de chez elle comme un signe positif, Draco décida de s'installer un peu plus confortablement en attendant son retour. Connaissant Hermione, elle voudrait certainement discuter de ce qu'il venait de se passer entre eux. Draco tira les couvertures sur son corps nu et essaya de combattre la fatigue qui s'insinuait en lui. Mais c'était perdu d'avance et, en quelques secondes, il était inconscient.


Hello !

A l'occasion de la Journée des Droits de la Femme, petit chapitre bonus (et pas des moindres) ! Happy vendredi !

Il m'aura donné pas mal de fil à retordre. C'est le plus long jusqu'ici (et de toute l'histoire aussi il me semble) et c'est un véritable pivot dans l'intrigue. J'espère qu'il vous aura plu!

A Ivy et Elena : je ne peux malheureusement pas vous répondre mais je lis vos commentaires, ils me touchent énormément, merci beaucoup!

N'hésitez pas à me donner votre avis, faire vos remarques ou simplement me laisser une petite trace de votre passage! Et si jamais vous voulez papoter, mes DMs sont ouverts!

A bientôt