La promesse
St Paul, 21 juin 2003
Buck allait mieux.
Admettre ce qu'il endurait à l'école, couplé à la présence quotidienne et rassurante de Marcy dans leur vie, lui avait permis de s'épanouir. Il était vite redevenu ce petit garçon insouciant, plein d'espièglerie qu'il avait été dix ans plus tôt.
Buck ne parlait plus de sa mère mais sa relation avec Marcy était devenue presque fusionnelle. Bobby adorait les voir ensemble, comme s'ils l'avaient toujours été.
Ils avaient finalement décidé de ne rien dire à Buck sur ses origines, temps qu'il ne poserait pas la question lui-même. Bobby savait que plus ils attendraient et plus ça serait difficile d'avoir cette conversation mais il espérait que le moment d'en parler à son fils n'arriverait jamais.
– Prêt ? lui demanda soudain Ray.
– Est-on jamais prêt à se marier ?
– Je suis marié depuis presque sept ans maintenant et je n'ai toujours pas trouver la réponse à cette question, rit-il. Mais pour toi ce n'est qu'une formalité administrative.
– Et c'est le cas, affirma-t-il. Mais je suis quand même mort de trouille.
– Cette femme t'aime et elle aime ton fils, lui rappela-t-il. Il n'y a rien d'effrayant là-dedans.
– Elle pourrait se rendre compte que Buck et moi on est… trop.
– Je ne peux pas te laisser dire des bêtises de ce genre. Ton fils et toi êtes parfait et n'importe quelle femme avec un QI d'huitre s'en rendrait compte. Alors une fille intelligente comme Marcy… Crois-moi, elle ne vous laissera pas partir aussi facilement, pas après avoir déjà commis cette erreur.
– L'erreur venait de moi mais tu as raison et je suis désolé. Je suis trop nerveux, je vais me calmer.
Bobby ferma les yeux et se força à respirer plus calmement.
Il n'avait aucune raison de paniquer. Marcy les aimait et ils l'aimaient aussi. Tout se passerait bien. Aujourd'hui, ils ne faisaient qu'officialiser une relation solide. Puis, ils rentreraient à la maison telle la famille qu'ils étaient déjà. Rien ne changerait vraiment et ça c'était rassurant.
Bobby prit une profonde inspiration et rouvrit les yeux sur le regard amusé de Ray.
– Ça va mieux ?
– Ouais, souffla-t-il. Où est Buck ?
– Avec Marcy. Il prend son rôle très à cœur.
Bobby ne put empêcher le sourire dégoulinant d'amour et de bonheur d'envahir son visage.
Lorsqu'ils avaient commencé à préparer leur mariage, Marcy avait demandé à ce que ça soit Buck qui l'accompagne dans l'allée. Tout comme pour lui, elle n'avait plus de parents en vie et elle trouvait que c'était un joli symbole de confier cette tâche à Buck. Une façon pour le petit garçon de donner sa bénédiction pour ce mariage et de renforcer l'unité de leur famille.
Lorsqu'ils lui en avaient parlé, Buck avait seulement rayonné de bonheur.
– Cet enfant est simplement merveilleux, affirma Ray. T'as vraiment de la chance.
– J'en suis plus que conscient. Tu sais quand j'ai décidé de l'adopter, j'ignorais totalement dans quoi je m'engageais mais je savais avec certitude que je voulais qu'il soit heureux et je passerai ma vie à tout faire pour ça. Cette connexion entre nous a été tellement forte que suis toujours incapable de voir ma vie sans lui. Je crois que ça sera toujours le cas parce qu'il est la personne la plus importante de ma vie et je crois qu'il est aussi celle de Marcy. Cette femme est faite pour moi, pour nous.
– Alors, il ne te reste plus qu'à entrer là-dedans et à le lui dire.
– Merci Ray, lâcha Bobby en le prenant dans ses bras. Pour tout.
– Allez gamin, va donc te marier avant de me faire chialer.
Bobby rit à travers quelques larmes avant de se regarder une dernière fois dans le miroir.
Puis, il sortit de la pièce.
Il prit place devant l'autel et attendit. Au bout de quelques minutes la parade nuptiale retentie et Bobby vit Marcy arriver en serrant la main de Buck qui rayonnait de fierté.
Bobby avait devant lui les deux personnes les plus importantes de sa vie.
Buck accompagna Marcy jusqu'à l'autel et elle le remercie avec un baiser sur le front. Buck lui fit un rapide câlin, avant d'aller rejoindre sa place auprès de Dana, avec un sourire aussi lumineux que le soleil.
Bobby ne s'en lasserait jamais.
Il se laissa observer son merveilleux petit garçon quelques secondes, savourant sa chance, avant de se tourner vers sa future épouse qui regardait Buck s'installer, avant de se tourner vers lui avec un sourire attendri et des larmes de bonheur plein les yeux.
– Hey, souffla Bobby.
– Hey, répondit-elle sur le même ton.
– Tu es magnifique.
– Tu es très élégant aussi.
– Prête ?
– Plus que jamais.
Ils se tournèrent vers le prêtre qui commença l'office.
Bobby et Marcy avaient décidé de rester classique et de se contenter de prononcer les vœux traditionnels. Lorsque le prêtre posa la question si quelqu'un voulait s'opposer à ce mariage, Buck se leva pour regarder en tout sens comme pour défier quiconque l'oserait, faisant sourire l'assemblée réunie devant eux.
Son petit bonhomme protégeait déjà leur famille et Bobby trouvait ça beau.
Quand personne ne se manifesta, Buck se réinstalla à sa place, satisfait avec un sourire lumineux et Bobby ne doutait pas que si quelqu'un avait seulement émis le moindre bruit, Buck lui aurait demandé des explications.
Ils se tournèrent de nouveau vers le prêtre qui les déclara mari et femme et Bobby embrassa Marcy avec tendresse alors que Buck applaudissait bruyamment.
– Je t'aime, souffla-t-il.
– Je t'aime, sourit-elle en se dégageant de ses bras. Mais j'ai besoin de faire quelque chose de très important avant de sortir d'ici.
Intrigué, Bobby acquiesça et la laissa se détacher complètement de lui. Elle lui lança un sourire rassurant avant de faire face à leurs invités.
– Je sais que ce n'est pas conventionnel, commença-t-elle. Mais c'est très important alors… Buck ? Tu veux bien venir me rejoindre ?
Buck se glissa hors de son siège et obtempéra, trop heureux de plaire. Marcy lui fit face et se mit à sa hauteur.
– Je viens d'épouser ton papa. Tu comprends que ça veut dire qu'il m'accepte dans votre famille ?
Buck acquiesça.
– Bien. J'aimerais te demander quelque chose de très important. D'accord ?
De nouveau, Buck acquiesça en regardant autour de lui, pas certain de ce qui était en train de se passer. Bobby devait admettre que lui non plus n'était pas certain de comprendre ce que faisait sa toute nouvelle épouse.
– Regarde-moi, mon grand, souffla-t-elle pour attirer son attention. Je pense que c'est important de te demander, ici, devant toute cette assemblée et comme je viens de le faire avec ton papa, si toi tu veux bien de moi dans votre famille.
Buck la regarda les yeux écarquillés, avant d'acquiescer vivement. Bobby essuya discrètement la larme qui roula sur sa joue.
– Ça tombe bien parce que j'ai très envie de faire partie de ta famille.
Buck se jeta dans ses bras et Bobby avait les larmes aux yeux. Buck se dégagea pour la regarder dans les yeux.
– Est-ce que ça veut dire que maintenant, je peux t'appeler Maman ? demanda-t-il plein d'espoir.
– Tu peux m'appeler comme tu veux, lui sourit-elle. Je suis tout ce que tu veux, mon petit cœur.
Buck se pressa de nouveau contre elle. Bobby renonça à retenir ses larmes. Il avait sous les yeux sa famille. Il n'y avait rien de mieux au monde pour le rendre heureux.
