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Chapitre 28
Les semaines passèrent, et la chaleur accablante de l'été semblait installée pour nous tourmenter éternellement. Habituellement, ce climat aurait été une raison suffisante pour que les divisions tournent au ralenti, et que les entraînements soient suspendus, jusqu'à ce que la température redevienne acceptable. C'était une saison parfaite pour traîner au lit jusqu'à pas d'heure avec son tout récent petit ami, et boire des coups le soir avec ses deux meilleurs amis, à mon humble avis.
Cependant, les attaques de hollows ne nous laissaient guère de répit. D'abord surprenantes car différentes, elles devinrent inquiétantes car multipliées.
La situation au sein du Gotei, et même de la Soul Society, était tendue. Malgré la surveillance de la part de la douzième qui était accrue, les attaques arrivaient toujours sans qu'elle puisse les prévenir. Seule l'ouverture de garganta impromptus faisait sonner les alarmes, et il n'y avait évidemment pas assez de shinigamis pour en mettre dans tout Rukongaï pour parer aux éventuelles attaques. Car les hollows apparaissaient partout, sans qu'aucun de nous ne trouve aucune logique dans les secteurs visés.
Ces démons étaient ordinairement attirés par le monde spirituel à cause de leur faim insatiable, et donc par des âmes pleines d'énergie spirituelle. Ils ne pouvaient heureusement pas rentrer dans l'enceinte du Seireitei, protégé par son mur et les quatre gardiens des portes. De toute façon, par facilité, les hollows préféraient s'attaquer aux districts les plus démunis, car c'est là-bas que nous intervenions le moins. Ils semblaient cette fois-ci n'en avoir cure, et attaquaient des villages éloignés comme proches du Seireitei. Là où nous, shinigamis, avions l'habitude de les occire rapidement, ou de les voir s'enfuir face à nos troupes plus fortes et plus organisées qu'eux, nous nous retrouvions dépassés par le nombre de leurs attaques et, surtout, par leur nouvelle façon d'attaquer. Les rapports affirmaient que les hollows avaient à présent la capacité de s'associer et de combattre en équipe, comme de choisir les proies les plus vulnérables, sans se contenter des premières venues, ni de se laisser distraire par une proie plus attrayante, comme un shinigami par exemple…
C'est ainsi que les divisions, y compris la troisième, se retrouvèrent rapidement débordées. Nous étions tous mobilisés, et rendus obligatoirement disponibles à la moindre alerte. L'état d'urgence était déclaré.
Suite à la première attaque où plusieurs shinigamis avaient perdu la vie, les escadrons s'étaient retrouvés renforcés : le nombre de soldats avait été doublé, et les divisions travaillaient ensemble pour mieux réunir leurs forces et leurs compétences. Des membres de la quatrième division étaient systématiquement présents. Grâce à cette amélioration des effectifs, les pertes en âmes shinigamies étaient à présent minimes.
Malgré la situation déplorable et stressante pour chacun d'entre nous, Gin et moi arrivions à nous retrouver plusieurs soirs par semaine, en dehors de nos fonctions. Nous ne discutions jamais de travail. J'avais conscience qu'il s'agissait d'un sacrifice pour lui, tant les réunions et obligations étaient nombreuses. Pour le moment, les Capitaines et Vice-Capitaines restaient dans l'enceinte du Gotei. Je profitais de chaque minute qui nous était accordée, sans penser au lendemain.
Quant à Kandi, si elle ne vivait pas carrément chez moi ces dernières semaines, nous ne nous verrions quasiment jamais. Vivre ensemble nous permettait de nous croiser et, parfois, d'échanger quelques paroles au petit déjeuner, comme un vieux couple marié depuis cinq cent ans. La situation était incroyablement frustrante : elle était au chômage technique, et devait rester dans sa division. En effet, les interventions dans le monde réel étaient interrompues, il ne restait plus que les shinigamis de garde sur place. De toute façon, les hollows semblaient s'être désintéressés des âmes encore humaines, comme de leurs comparses nés sur place. Aucun garganta n'avait fait son apparition depuis des mois.
C'est sur cet inquiétant statu quo, qui durait depuis plusieurs semaines, que Gin convoqua l'ensemble des gradés, sièges trois à vingt, dans la grande salle de réunion. C'était la première fois depuis le début des événements. Jusque-là, les réunions ne concernaient que les sièges trois à neuf, lesquels étaient chargés de nous transmettre à leur tour les ordres et de former les équipes d'intervention et de surveillance dans les premiers districts. En tant que jeune recrue, et au vu de ma précédente expérience avec Yû, et de mon petit…problème, à présent résolu, je n'avais pas encore été envoyée au front. Pourtant, je brûlais d'envie de faire mes preuves, et de soutenir mes camarades. Les équipes étaient faites par le nouveau troisième siège, un certain Hosuro Toma, un vétéran de la Guerre d'Hiver, que je ne connaissais que de vue.
J'arrivai à la réunion avec seulement deux minutes d'avance, et m'installai à côté de mes collègues quinzième sièges, comme moi, que je commençais à bien connaître. Yû, quelques mètres plus loin, hocha la tête à mon intention. Tout en bout de la table en U se trouvait le troisième siège, et, à son côté, la chaise de Gin, pour le moment vide. Les discussions et spéculations sur la raison de cette réunion au sommet allaient bon train. Nous étions tous très frustrés et épuisés de la situation, d'autant plus que nous n'avions aucune visibilité. Combien de temps devrions-nous continuer ainsi ? Que signifiaient ces attaques ? Qu'arrivait-il aux hollows ?
Puis, le reiatsu de Gin se fit sentir, impérieux. Le silence fut instantané, et nous nous levâmes à l'unisson pour nous incliner devant notre Capitaine.
-Asseyez-vous vite, nous avons beaucoup de choses à régler, commença-t-il en guise de bonjour. A commencer par la prise en charge complète des districts. La chambre des 46 et le Capitaine Commandant ont trouvé un accord sur nos prochaines actions. Toma, si tu veux bien.
Lequel acquiesça d'un "Hai!" et vint se positionner aux côtés de Gin, une pile de feuilles sous les bras. Il déplia une immense carte qu'il accrocha grâce à des câbles suspendus et prévus à cet effet. C'était la partie Nord de Rukongaï, en gros plan. Hosaru-san nous expliqua que nous avions en charge sa sécurité, avec l'alliance de la treizième et de la sixième division. Aussi, si une attaque se déclarait, des escadrons mélangeant des effectifs des trois divisions, ainsi que des médecins qui nous étaient affectés, seraient appelés. La force de combat de chaque groupe était la plus égale possible. Nos groupes étaient bien sûr déjà formés, et si nous étions tous convoqués aujourd'hui, c'est que nous allions participer à cette mission. Nous devions retrouver nos camarades des autres divisions directement après la réunion pour nous rencontrer et déterminer quel serait le rôle et la place de chacun. L'autorité irait au plus haut gradé, inter-division.
Gin nous rappela l'importance de cette coopération pour la réussite de notre mission et, surtout, la survie de tous, y compris des âmes errantes, qui avaient beaucoup souffert des attaques répétées. L'équilibre des âmes entre les mondes devait être préservé coûte que coûte.
Nous étions mobilisés pour les trois prochaines semaines, sans possibilité de prendre congés. Cette mission prévalait sur toutes les autres. A la moindre alerte, un papillon de l'Enfer nous serait envoyé, jour comme nuit, et nous aurions trente minutes pour nous retrouver à la porte Nord.
Gin congédia ensuite tous les sièges à partir du dixième, pour continuer la réunion avec nos supérieurs. Avait-il de nouvelles informations sur les raisons de ces attaques, ainsi que l'évolution des hollows ? La plupart d'entre nous n'aurions pas ces réponses avant un long moment, si nous les avions un jour. Une fois sortie de la salle, je partis immédiatement en shunpo sur le point de rendez-vous, à la treizième division. Je sentis mes frères et sœurs d'armes en faire de même.
Arrivés dans la cour d'entrée de la treizième division, le capitaine Ukitake, entouré de ses éternels troisième sièges, Sentarô et Kiyone, étaient chargés de nous accueillir et de former les groupes. Il n'y avait pas de temps à perdre, nous devions être opérationnels dès midi.
-Hana-kun, me salua le Capitaine Ukitake avec un hochement de tête.
Je répondis en m'inclinant.
-Ne perdons pas de temps avec de telles futilités par les temps qui courent, expédia-t-il. Tu fais partie du groupe 5, qui s'occupera des trois districts les plus éloignés du Seireitei. Vous devrez aller sur place.
Mon cœur manqua un battement. Des murmures démarrèrent à mes côtés, tandis que je restai figée par la surprise. Ce n'était pas ce qu'avait annoncé Gin il y a seulement dix minutes… Le Capitaine perçut notre trouble à tous, et expliqua :
-C'est un ordre de dernière minute de la chambre des 46. Nous sommes aussi surpris que vous, mais nous devons nous y plier. Les districts 69, 73, et 78, comme tous les districts les plus éloignés, font partie des plus touchés. La distance nous empêche à chaque fois d'intervenir assez rapidement.
Je hochai la tête et le remerciai, la boule au ventre. Gin était allé à une réunion des Capitaines la veille au soir encore. Que s'était-il passé pour que le Central 46 change ses ordres en à peine une nuit ?
J'allais attendre à l'endroit que m'indiqua Sentarô. Quelques shinigamis de la sixième division étaient déjà présents, et attendaient depuis environ une heure. La ponctualité et la rigueur du Capitaine Kuchiki avaient encore fait leurs preuves. Vingt minutes plus tard, je fus rejointe par notre cinquième siège, Sato Haruo, qui se présenta à l'équipe enfin complète. Il s'était spontanément porté volontaire après avoir appris la nouvelle. Nous étions vingt-cinq, sans compter les trois shinigamis soigneurs qui nous rejoindraient en fin de matinée. Étant le plus haut gradé de notre groupe, il serait notre leader.
Il terminait de nous confier nos tâches et de nous expliquer notre rôle quand midi arriva. Les soldats de la quatrième nous avaient rejoints. Nous étions à présent tous capables de reconnaître la signature spirituelle des autres. Quant à moi, j'étais chargée en priorité de protéger les soigneurs avec deux autres shinigamis, en cas d'attaque surprise sur notre futur campement. Ainsi, je n'étais pas chargée d'aller directement au combat, sauf ordre contraire.
Sato nous libéra pour la pause déjeuner. Nous ne partirions que dans l'après-midi, le temps de préparer le matériel nécessaire à notre départ. Je me dirigeai vers la cantine de la division avec le reste de mon groupe, lorsque Kandi me trouva.
-Hana-chan ! souffla-t-elle en posant sa main sur mon épaule.
Elle avait l'air au moins aussi inquiète que moi.
-Je vous retrouve après manger, dis-je à mes collègues.
Ils me laissèrent partir sans protester. Kandi m'attrapa la main et nous nous installâmes à l'écart. Ni elle ni moi ne touchâmes à nos plateaux repas. J'avais pour ma part l'estomac noué et ne faisait pas honneur à ma réputation de gourmande. Partir en mission au pied levé ne me rassurait pas quant à la suite des événements.
-Je pars dans les districts 70 et 75, m'informa Kandi.
-Je ne serai pas très loin, répliquai-je avec un petit sourire en coin, mais forcé.
Elle se pencha vers moi pour murmurer :
-Ton Capitaine t'a dit quelque chose ?
Je secouai négativement la tête, les yeux baissés sur mon plateau.
-Il se passe quelque chose, continua-t-elle sur le même ton. Quelque chose que l'on ne veut pas nous dire.
-Ton Capitaine est aussi taiseux que le mien ? demandai-je.
Elle répondit par un soupir.
-Je n'aime pas du tout cette situation. Ces façons de faire, cette ambiance… ça sent la guerre.
Je sentis mes muscles se tendre.
-Ne parle pas de malheur. Les hollows évoluent, c'est le cours des choses, c'est tout.
-Les hollows n'évoluent pas tout seul, ni d'un seul coup, affirma-t-elle.
-Et comment auraient-ils fait ? m'agaçai-je.
Elle détourna le regard, et prit quelques secondes avant de répondre.
-Je ne sais pas. Mais j'ai une mauvaise intuition.
Je pinçai les lèvres, puis décidai de changer de sujet.
-Il y a qui dans ton équipe ?
Kandi me regarda à nouveau, mais ne répondit pas.
-Quoi ? m'étonnai-je.
-Sentarô Kotsubaki, des gars de la sixième et de la treizième, répondit-elle platement.
-Mais encore ?
Elle ne réagit pas à ma remarque, et à la place, inspira profondément, comme pour calmer ses nerfs.
-Et aussi cet imbécile… Rurori Name.
Rurori…. Name ? J'eus besoin de quelques secondes pour mettre un visage sur ce nom familier, et la nausée m'envahit aussitôt. Je grimaçai. Je n'avais définitivement pas faim. Ce connard allait se battre aux côtés de Kandi ?
-Hors de question, dis-je en élevant la voix, ce qui fit se retourner plusieurs shinigamis.
Kandi me jeta un regard noir.
-Hors de question ! répétai-je en chuchotant cette fois-ci.
-Comme si nous y pouvions quoi que ce soit. Hana, c'est une mission, pas un règlement de comptes. Nos relations et inimitiés personnelles doivent être mises de côté. S'il a été sélectionné par son Capitaine, c'est que c'est un bon shinigami.
Je m'appuyai sur ma chaise et croisai les bras. Je savais que j'avais l'air d'une gamine, mais je m'en fichais.
-ça veut donc dire qu'il est à la sixième division, conclus-je.
-En effet.
-Comment a-t-il fait ?
Kandi haussa un sourcil.
-C'est un bon combattant, me rappela-t-elle.
Je grimaçai, mais elle poursuivit :
-Il avait fini dans les dix premiers, au Tournoi. Il a commencé sa carrière en tant que douzième siège.
-Tu ne m'as rien dit, m'étonnai-je.
-Tu ne m'as rien demandé, répliqua-t-elle sans me regarder.
-Attends, tu l'as surveillé ?
Je me rapprochai de Kandi, comme si cela pouvait m'aider à mieux décrypter ses émotions et à y trouver une réponse. Mais elle fuyait mon regard. Lorsqu'elle releva la tête, son regard se posa sur un point derrière moi et durcit. Je n'eus pas le temps de me retourner que j'entendis :
-ça alors, si ce n'est pas mon joli minois, et sa petite copine.
Je me retournai si vite que j'en eus le tournis. Rurori Name me toisait de toute sa hauteur, si proche de mon banc que le regarder me tordait le cou. Je dus mobiliser toute ma volonté pour ne pas m'éloigner ni me lever. Je serrai les dents. Ne pas répondre à sa provocation. Ne pas répondre à sa stupide provocation de petit merdeux de mes cou-
- Rurori-san, ravie de faire partie de votre équipe.
L'interpellé me lâcha des yeux pour s'intéresser à mon amie. Kandi s'était levée, et elle lui avait tendu la main. Il eut un petit sourire, puis leva son bras pour lui serrer la main. Qui s'attarda quelques secondes de trop à mon goût.
-C'est un plaisir, affirma-t-il. Le Vice-Capitaine de ma division, Renji Abarai, m'a vanté tes talents.
Kandi ne réagit pas face au tutoiement. C'était pourtant un manque de respect dû au grade : elle était déjà dixième siège, et techniquement, sa supérieure hiérarchique, même inter-divisions.
Rurori s'intéressa de nouveau à moi.
-Et toi, ma petite Hana, j'ai entendu dire que tu étais quinzième siège, mais on ne t'a pas beaucoup vue sur le champ de bataille, n'est-ce pas ? En fait, tu as carrément disparu, non ?
-Je ne savais pas que ma vie t'intéressait autant, répondis-je du tac au tac.
Il éclata franchement de rire, la tête rejetée en arrière. Il avait l'air de passer un bon moment. Puis il baissa la tête avec un immense sourire aux lèvres. J'avais envie de le lui tordre.
-Toujours aussi impulsive n'est-ce pas, ma petite Hana ?
Je me contentai de le regarder sans lui répondre. Aux tables alentour, des shinigamis nous observaient, intrigués par notre petit manège. Certains avaient les sourcils froncés. Ils devaient sentir l'hostilité dans mon reiatsu. Je me forçai à inspirer lentement.
-Tu as l'air de m'en vouloir, je me trompe ? Il ne faut pas, je t'ai donné la leçon que tu méritais, après tout.
-Une leçon ? ne puis-je m'empêcher de demander.
Rurori eut un sourire de vainqueur. Il se pencha pour murmurer, et je priai pour que Kandi ne réagisse pas. Les gens se trompaient souvent : c'était elle la plus impulsive de nous deux.
-Celle pour m'avoir éconduit.
Il s'écarta lentement en regardant mon visage. Il cherchait mon regard. Mais il n'y trouva que de la confusion.
-...éconduit ? répétai-je lentement. Tu sous-entend que tu m'aurais… draguée ?
Je n'aurais pourtant pas qualifié son comportement envers moi de drague. Rurori haussa un sourcil et répondit en détachant les syllabes, comme s'il avait affaire à une demeurée :
-C'est bien ce que je viens de dire, éconduit. Tu ne sais pas ce que tu as raté, ma jolie. Quand je pense que tu as préféré ce m'as-tu vu d'Hiraoku…
Ce fut à mon tour d'hausser les sourcils. Cet idiot avait eu une sorte de béguin pour moi ? Et il n'acceptait pas que je l'aie repoussé, plus de trois ans après ? Je reculai légèrement de ma chaise, et observai le visage du douzième siège en prenant mon temps. Il avait l'air étonné de ma réaction. C'est vrai qu'il était beau, si on faisait l'impasse sur ses traits empreints d'arrogance. Il n'y avait pas de doute possible : ce mec se prenait pour un sacré coup.
-Il n'y a pas eu de préférence, Rurori-san. Tu n'as jamais été envisageable, énonçai-je calmement.
Je vis avec délice son expression se décomposer. Après plusieurs secondes, il se redressa puis fit un pas en arrière, chercha ses mots.
-Tu ne perds rien pour attendre, menaça-t-il entre ses dents, faute de mieux.
Je continuais de sourire. J'avais gagné cette manche. Il partit sans demander son reste.
A charge de revanche, pensai-je en mon for intérieur.
Kandi apparut dans mon champ de vision, et s'accroupit à côté de moi.
-Mais tu es complètement folle, dit-elle d'un air admiratif.
-Je me sens un peu mieux, répondis-je en lui souriant. Même si je n'ai pas aimé ses sous-entendus, et encore moins ses manières.
-Il n'a pas changé.
-Moi, si, affirmai-je.
Kandi posa sa main sur mon épaule, tournant mon visage vers le sien.
-Hana, mon amour, j'admire ton répondant, et je suis contente que tu ne te sois pas laissé faire. Mais ne fais rien d'inconsidéré, s'il te plaît. Tu as eu ta revanche.
Parfois, j'avais l'impression que cette femme était capable de lire dans mes pensées.
Un hoquet m'échappa.
-Ce connard me provoque et ose te manquer de respect, alors que je ne l'avais pas vu depuis des années. Ce qu'il vient de se passer n'était pas du tout une revanche.
De plus, l'apercevoir n'avait fait que raviver l'humiliation qu'il m'avait fait subir. Celle-ci était encore bien cuisante dans mon esprit. Et elle était renouvelée après ses paroles insultantes.
Pourquoi avait-il fallu qu'il apparaisse de nouveau ? Dans un moment pareil ?
Je ne sais pas, mais à la moindre provocation, j'espère que tu lui casseras les dents, en effet.
-Je me fiche de ce qu'il pense, tant qu'il ne t'approche pas, grogna Kandi.
-Je doute qu'il le fasse, murmurai-je pour moi-même.
Cette rencontre ne présageait rien de bon. Si Rurori Name n'était pas un homme capable de tourner la page, je l'étais encore moins. J'étais même plutôt tenace.
Kandi se rassit et nous nous efforçames d'ingérer un minimum de nutriments. L'heure du départ approchait.
HhHhHhHhHhHhHhH
Le groupe de Kandi, dirigé par Sentarô Kotsubaki, et le mien, dirigé par Sato, partîmes en même temps. Rurori resta loin de moi et m'ignora soigneusement, et je tâchai d'en faire de même. Au moins se tenait-il à carreaux en présence de nos supérieurs.
Notre groupe de plus de vingt-cinq shinigamis ne passait pas inaperçu et, malgré notre cadence rapide, nous fûmes arrêtés plusieurs fois par des habitants de Rukongaï, qui tenaient à nous remercier de notre intervention avant même qu'elle ait commencée.
En début de soirée, nous arrivâmes enfin vers les derniers districts, et nos deux groupes se séparèrent. Nous nous déplaçâmes alors en shunpo pour plus d'efficacité. De plus, nous étions à présent accueillis par des regards méfiants, parfois accusateurs, et non plus chaleureux.
J'eus un pincement au cœur en songeant qu'il y avait seulement quelques années de ça, je portais le même regard sur mes collègues. Et je le comprenais encore, même si mon avis sur l'existence des shinigamis était devenu plus nuancé. Notre premier devoir était la préservation de l'équilibre des mondes. A présent que je portais l'uniforme, je ne pouvais que constater l'étendue des dégâts causés par l'abandon du Gotei envers ces villages reculés. Il ne s'agissait pas encore d'une zone de non-droit total, comme à Zaraki, mais la misère y était évidente. Je jetai un œil à mes collègues, qui avançaient en rythme sans prêter attention à leur environnement. D'où venaient-ils ? La plupart des shinigamis gradés étaient originaires des districts bourgeois de Rukongai, ou directement issus de la petite noblesse. Pourtant, les âmes égarées du Rukongaï constituaient plus de la moitié des effectifs du Gotei. La plupart étaient de simples soldats, des petites mains. De mon côté, j'avais appris qu'il ne faisait pas bon de vanter de ses origines quand elles étaient aussi éloignées du Seireitei. Avaient-ils seulement conscience de la pauvreté dans laquelle plus de la moitié des âmes errantes vivaient ?
Heureusement, l'auberge où nous logerions n'était pas à Inuzuri. Même si c'était immature, j'espérais secrètement ne pas avoir à m'y rendre. Après le décès d'Akane et d'Akiko, je n'avais jamais été capable de retourner dans la rue où j'avais habité si longtemps.
Nous arrivâmes enfin à l'auberge. Lorsque nous entrâmes, les quelques habitués nous lancèrent un regard en coin, un peu mauvais, mais ils se détournèrent rapidement, agissant comme s'ils ne nous avaient pas remarqué. Pourtant, il y avait une certaine tension dans l'air.
Les chambres furent distribuées rapidement. Nous occupions plus de la moitié des chambres qu'offrait le lieu, ce qui était probablement une aubaine pour le tenant. J'espérais que cela ne ternirait pas sa réputation.
Je partageais ma chambre avec les trois autres seules femmes de notre escouade, que je ne connaissais pas. Aucune ne faisait partie de la troisième division, et je ne me souvenais pas de les avoir croisé à l'Académie non plus. Il y avait deux amies, membres de la sixième division depuis plusieurs décennies, et la troisième faisait partie de la treizième division. Elle connaissait Kandi de vue. En revanche, elle était plus jeune, et avait entendu parler de mon combat contre Rurori Name, ainsi que de ma première mission avec Yû… Elle n'insista pas sur le sujet, et nous nous couchâmes en nous souhaitant une bonne nuit, après un léger repas au rez-de chaussée.
Demain, la chasse aux hollows commencerait.
HhHhHhHhHhHhH
Les journées passaient en se ressemblant, et une certaine attente teintée de frustration et d'agacement montait au sein de l'escouade.
Il n'y avait pas eu un seul foutu hollow.
Tous les matins nous nous répartissions en quatre groupes, trois partaient patrouiller en dehors du village, vers les forêts et les grottes où les hollows étaient susceptibles de se cacher, tandis que le quatrième groupe composé des soigneurs et des deux shinigamis assignés à leur protection, dont moi, attendait sagement à un point situé à égale distance des troupes. Tous les soirs, nous rentrions bredouilles à l'auberge. Les shinigamis qui étaient de garde la nuit devaient lutter contre l'ennui et le sommeil. Nos soul pager étaient désespérément silencieux, et les habitants du district cachaient de moins en moins leur hostilité avec nous. Cela m'était si désagréable, que je prenais mes repas seule, dans ma chambre.
Les nouvelles que nous recevions de l'escouade de Kandi étaient tout aussi déprimantes. Chez eux non plus, il ne se passait rien, et les hommes tournaient en rond. C'était comme si, à présent que nous étions déployés dans tout Rukongaï, les hollows s'étaient mis d'accord pour nous faire enrager. Au bout de près de deux semaines de ce régime, et malgré la rigueur du troisième de ma division, Hosuri, les shinigamis commencèrent à se laisser aller, à être de moins en moins vigilants.
Jusqu'au jour où les hollows attaquèrent tous en même temps.
TO BE CONTINUED
N'hésitez pas à me faire un petit coucou dans les reviews, toute critique est bonne à prendre !
La bise.
