L'on ne fit pas attention à l'accélération du palpitant de Stiles. Les discussions allaient plus ou moins bon train. Derek recouvrait peu à peu son énergie et il était complètement éveillé à dix heures du matin. Il semblait plus en forme et sa tête le lançait beaucoup moins. Le deuxième groupe était reparti se coucher et le premier venait de reprendre du service. À la surprise générale, ce fut Derek qui proposa des cafés à tout le monde. Il sonda les éveillés et alla dans la cuisine, allumant la machine à café. Parfois, son crâne le tiraillait, mais c'était léger. Ces quelques heures de sommeil, bien que peu nombreuses, lui avaient fait un bien fou.
Et pourtant, il ressassait sans arrêt ce qu'il s'était passé cette nuit. Il revoyait Stiles, debout avec ce regard qu'il ne lui connaissait pas, sa main tendue vers le faux infirmier. Derek avait l'impression que les flammes continuaient de danser devant ses yeux, le jaune, l'orange et le bleu alternant dans sa mémoire. De quelle couleur était le feu, déjà ? Il lui semblait bien que c'était un mélange de tout ça, avec tant de nuances qu'il était impossible pour lui de se souvenir précisément. Et puis ça avait été tout aussi bref qu'inattendu. Le loup sentait encore l'adolescent grièvement blessé le hisser sur ses jambes et fuir avec lui avec cette force qu'il n'aurait pas dû avoir en ayant été au bord de la mort quelques heures plus tôt.
Et Derek avait beau retourner la situation dans tous les sens, elle ne faisait justement pas sens. Il y avait définitivement quelque chose que Stiles ne leur avait pas dit. Maintenant, restait à savoir quoi. Derek se figea lorsqu'il sentit les odeurs du groupe éveillé changer. De la surprise mêlée à de la peur. Il tendit l'oreille et entendit Scott souffler « Stiles… ? ». Derek posa tout de suite sa propre tasse de café et revint instantanément dans le grand salon. Il tomba des nues en voyant, comme les autres, Stiles en train de descendre les escaliers, comme si tout était normal.
Sauf qu'en réalité, rien ne l'était.
Il descendait en s'aidant de la rambarde, des cernes énormes barraient ses joues et son odeur empestait la souffrance. Derek ne vit pas la pseudo perche de perfusion qu'avait bricolé Melissa, sans doute Stiles s'était-il une fois de plus arrangé pour retirer son cathéter. Ce qu'il nota en revanche fut la présence de ce regard vu à l'hôpital. Plus que noir, il était abyssal et moucheté d'étoiles blanches aussi petites que nombreuses. L'air concentré qu'il affichait était tout aussi perturbant que cette tenue d'hôpital à petits carreaux qu'il portait, laissant apparaître ses jambes et pieds nus.
Scott était debout et n'osait pas avancer. Pourtant, il voulait se précipiter vers son ami et le bombarder de questions tout en l'obligeant à retourner s'allonger. Parce que le voir hors du lit qu'il se devait d'occuper pour se reposer l'angoissait.
- Stiles, qu'est-ce que tu fais ? S'affola Lydia.
Contrairement aux autres, la jeune femme réagissait clairement. Elle se leva du canapé et se dirigea prestement vers les escaliers alors que Stiles descendait une marche de plus. Il y allait lentement mais le fait qu'il se tienne debout et plus ou moins droit surprenait tout le monde. Ainsi, les jeunes gens prirent conscience que le récit de Derek était finalement bien fondé. Malgré ce qu'on leur avait dit, Stiles marchait sans souci, si l'on exceptait ses mouvements un peu brouillons et saccadés, comme si l'on donnait péniblement vie à une marionnette.
- Lydia, ne me déconcentre pas.
La voix de Stiles était aussi faible que ferme alors qu'il gardait les yeux rivés sur les marches qu'il descendait. S'il avait l'air plutôt « en forme » dans son attitude, la tonalité de sa voix le trahissait. Et c'est sans doute ce paradoxe qui stoppa la banshee dans ses mouvements. Parce qu'il y avait d'autres choses étranges avec l'hyperactif. Encore une fois… Comment pouvait-il se tenir debout ?
- Mais… Tu ne devrais pas pouvoir… Commença Liam, stupéfait.
- Ne me déconcentre pas non plus, s'il te plaît.
Encore une fois, de la faiblesse tout autant que de la fermeté. Descendre les marches semblait être une activité complexe au vu de l'air sérieux qu'affichait l'adolescent. Dans un sens, cela pouvait se comprendre : descendre des escaliers pouvait s'avérer particulièrement ardu en étant blessé comme il l'était.
Mais le plus surpris de tout, c'était Derek. La vision qu'il avait de Stiles actuellement lui prouvait qu'il n'avait pas rêvé, à l'hôpital et au lieu de le rassurer, cela le terrifia. Que s'était-il vraiment passé ? Et puis ce regard…
- Stiles, tenta Scott en faisant un pas, tu dois reposer ton corps…
- Actuellement ce n'est pas lui qui bouge, c'est ma tête qui le fait fonctionner alors ne te fais pas de souci là-dessus, répondit simplement le concerné sans décoller son regard abyssal des marches.
Enfin, il posa son pied nu sur le plancher et soupira discrètement de soulagement, soupir qui ne fut pas ignoré par les loups présents. Enfin, chacun sembla arrêter de se retenir de bouger et Lydia fut la première à arriver à son niveau.
- Mais t'es complètement malade de te déplacer dans ton état ! S'emporta-t-elle.
- Elle a raison, l'appuya Liam. C'est mon père qui t'a opéré et t'étais loin d'être en bon état, tu devrais…
Mais Stiles les ignora, tout autant qu'il évita la main de Scott qui allait se poser sur son épaule. Son regard noir comme la nuit était rivé sur Derek qui eut l'impression que le nombre d'étoiles dans ses iris avait un peu diminué.
- Il faut que j'évalue l'étendue des dégâts, dit-il simplement d'une manière un peu robotique.
- Stiles, tu es blessé et on sait à quel point, tu dois retourner te reposer, fit Lydia en lui attrapant le bras.
- Je ne parlais pas de moi mais de Derek, rétorqua l'adolescent en rompant un peu abruptement le contact avec la jeune femme.
A nouveau, les yeux noirs rencontrèrent le regard clair. Derek fronça légèrement les sourcils mais décida d'être patient. De toute façon, il n'avait pas le cœur à s'énerver et puis… Stiles lui avait sauvé la vie, si ses souvenirs étaient exacts. Au vu de ces iris noirs comme la nuit et du fait qu'il se tienne debout, ses souvenirs ne le trompaient pas. Le doute n'était plus permis sur ce sujet-là, à ce stade.
- Stiles, tenta-t-il en s'approchant légèrement. Je vais bien. Je n'ai rien alors s'il te plaît…
- Ton cerveau a été touché, le coupa l'adolescent, il faut juste que je sache à quel point.
L'assurance de l'adolescent était étonnante, mais sans doute moins que ses paroles qui laissaient tout le monde coi. Bien vite, l'on vit des petits loups venir dans la pièce, venant d'émerger de leur sommeil. Le réveil de Stiles et sa présence faisaient du bruit.
- De quoi tu parles ? S'étonna Scott en tentant une approche, mais Stiles se déroba une nouvelle fois d'un geste imprécis et un peu brusque.
Comme s'il ne contrôlait pas entièrement son corps.
- Une seule attaque aurait pu suffire à te tuer et tu en as subi deux, lâcha Stiles en ignorant complètement Scott. Tu as forcément des séquelles.
Sa voix presque complètement monotone rappela à Derek ce faux infirmier qui avait failli les tuer à tous les deux. Autour de lui, le lycan entendit plusieurs « mais de quoi il parle ? » mais n'y fit pas attention. Parce que quelque chose venait de faire tilt dans son esprit. Stiles était clair dans ses propos et savait de quoi il parlait.
- Tu sais ce qui m'est arrivé, dit-il simplement.
Stiles ne répondit pas mais son silence fut une révélation en elle-même. A nouveau, il fit un pas en direction du loup et celui-ci percuta enfin. Stiles souffrait mais il ne montrait absolument rien. Seule son odeur et sa voix parlaient pour lui, laissaient entendre qu'il n'était pas si hermétique que ça.
- Ascenseur, taille-crayon, rédhibitoire.
Derek haussa un sourcil tandis que les autres regardaient Stiles bizarrement.
- Retiens ces trois mots, l'intima l'adolescent.
- Mais qu'est-ce que tu… Commença Derek.
- Stiles, assieds-toi au moins, le coupa Scott, vraiment inquiet pour son ami et dont le comportement était désarmant.
- Quel jour on est ? Demanda Stiles, ignorant une fois de plus son meilleur ami.
Bien que réticent à l'idée de se faire interroger sur des choses aussi simples et surtout parce qu'il ne comprenait pas vraiment pourquoi, Derek s'assit sur le canapé et finit par faire signe à Scott et aux autres de laisser tomber et consentit à répondre à Stiles. Ce dernier enchaîna sur des détails futiles, des questions non-sensibles sur son passé, celui de la meute, lui fit réaliser quelques tests visuels puis auditifs et finit par lui demander quels étaient les trois mots qu'il devait retenir. Derek répondit sans conviction, un tantinet excédé par cet interrogatoire qui, pour lui, n'avait toujours pas de sens. Tous ses mots étaient justes.
- Maintenant que j'ai répondu à toutes tes questions, tu pourrais me faire le plaisir d'aller te reposer ? Lui demanda-t-il, légèrement excédé.
Savoir qu'il restait debout à l'interroger alors qu'il sentait sa souffrance et que c'était également le cas de tous les loups présents l'agaçait fortement. Il fallait qu'il se repose, prenne le temps de guérir et arrête de faire le fou. Il était grièvement blessé et ne devait pas se lever, marcher, comme il le faisait actuellement. Mais Stiles avait beau avoir l'air différent de d'habitude, il gardait ce côté têtu qui avait causé plus d'une discorde entre eux.
- Il m'en reste une dernière, l'informa l'adolescent.
- Stiles, tu as mal, arrête, finit-il par dire d'une voix ferme.
Derek s'était assez rapproché pour le saisir par les épaules. C'était assez rare qu'il le touche mais là, il ne savait pas quoi faire pour le faire changer d'idée. Il était inquiet, réellement. Voir ce visage profondément impassible ne le rassurait pas le moins du monde, en plus de ne pas lui plaire. Ses souvenirs tournant en boucle dans sa tête, il en avait totalement oublié le reste de la meute autour d'eux, qui n'osait pas parler et assistait à cet échange étrange. D'un côté, Derek était inquiet et ça se sentait et de l'autre, Stiles restait totalement indifférent à ses propres blessures. Malgré son air neutre, l'on sentait sa préoccupation pour Derek et chacun se souvenait de ce qu'il avait dit. Il avait parlé du cerveau du loup et chacun se demandait comment il pouvait savoir ça. Certains avaient quelques hypothèses, sans se douter qu'ils étaient bien loin de la réalité.
- Tout va bien, lui assura l'hyperactif en se reculant, rompant à nouveau le contact.
Sans même laisser à Derek ou qui que ce soit le temps de le contredire, Stiles se pencha douloureusement et attrapa un livre qui trônait sur la table basse, cachant plus ou moins efficacement ses grimaces. Lorsqu'il se redressa, il montra la couverture à Derek.
- Lis-moi le titre, lui intima-t-il sans hésiter.
Et c'est là que ça coinça. Parce que Derek ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Alors, il la referma, plissa légèrement les yeux. Son air concentré surprit tout le monde, surtout que ça faisait déjà une dizaine de secondes que Stiles lui avait fait cette demande étrange. Et Derek n'avait toujours pas répondu. Pourtant, les lettres étaient grosses et bien visibles, argent sur jais, dans une police tout à fait compréhensible. Chacun vit le loup de naissance froncer progressivement les sourcils, comme s'il ne comprenait pas ce qu'il lisait. Comme si les mots lui étaient étrangers. L'air embêté puis confus, Derek se rapprocha de Stiles et lui prit doucement le livre des mains. Il plissa d'autant plus les yeux, pensant sans doute que ça changerait quelque chose, qu'il distinguerait mieux les lettres. Il les voyait mais là n'était pas le problème.
- Derek, tout va bien ? Lui demanda Isaac, commençant lentement mais sûrement à s'inquiéter.
D'un geste et sans même le regarder, Derek lui mit un stop, pour lui signifier de se taire, ce qu'il comprit très bien. Le bouclé eut l'air perdu mais s'enfonça dans l'autre canapé, près de Malia. Il n'aimait pas l'odeur qu'il commençait à sentir et il semblerait que la coyote non plus, vu la manière dont elle reniflait et dont elle fronçait les sourcils.
Derek était perdu. Il n'avait toujours pas lu ce putain de titre.
- Derek ? Fit Scott d'un ton peu assuré sans pourtant quitter Stiles des yeux.
Son meilleur ami avait beau sembler stable et garder cette pose plus ou moins droite, le voir debout alors qu'il n'était pas censé pouvoir se lever le rendait malade intérieurement. Il n'avait qu'une envie : qu'il se rallonge et dorme. Mais Stiles était têtu et, pour le coup… Imprévisible. Scott avait soudainement cette impression qu'il ne devait pas le contrarier. Alors, il surveillait, guettait le moindre signe de faiblesse, même si son odeur était claire. Derek avait raison : il avait mal mais ne disait rien pour autant. Il ne montrait rien de ce qu'il ressentait, restait de marbre et c'était beaucoup trop étrange. Scott continuait donc de garder un œil sur lui, prêt à le rattraper au moindre signe de perte d'équilibre. Il sentait que ça allait arriver, parce que le visage de Stiles avait beau avoir l'air neutre, il se crispait de plus en plus, comme si l'hyperactif forçait. Forçait quoi ? Scott n'en savait rien. Il y avait beaucoup trop de zones d'ombres dans cette histoire et autant dire qu'il ne comprenait pas grand-chose.
- Je… Commença Derek, très peu sûr de lui.
Plus les secondes passaient, plus son visage d'ordinaire fermé et froid se décomposait. Il n'y arrivait pas et il était en train d'en prendre conscience. Les membres de la meute, installés à différents endroits de la pièce, ne pouvaient que constater son changement brutal d'attitude et commençaient réellement à s'en inquiéter. Même Peter arborait une moue soucieuse.
- Les lettres… Je les vois, je les reconnais, mais…
- Mais tu n'arrives plus à lire, termina Stiles, monotone.
Derek posa le livre et leva les yeux vers Stiles, perdu. En cet instant, il était impossible pour le loup de porter son masque habituel. Il était réellement confus, ne comprenait pas pourquoi ensemble, les lettres ne faisaient plus sens, pourquoi ça ne marchait pas. Et puis, la colère afflua presque d'un coup. Stiles savait trop de choses et ce n'était pas un hasard. Il allait lui demander plutôt sèchement pourquoi est-ce que ça lui arrivait mais se retint lorsqu'il vit que la plupart des étoiles blanches dans ses yeux avaient disparu. Il n'en restait plus beaucoup et Derek n'avait aucune idée du pourquoi ni du comment. Cette fois, il ne se posa pas la question : il savait ne pas être en train de rêver.
- Tu ne sais plus lire ni, par extension, écrire, lui dit simplement l'adolescent d'une voix moins assurée qu'auparavant.
- Comment tu sais tout ça ? Intervint soudainement Jackson d'un ton plutôt sec. Tu savais que ça lui arriverait, n'est-ce pas ? T'es même pas surpris !
En réalité, Stiles l'était un peu, mais il ne le montrait simplement pas. Il restait concentré et c'était difficile. Ses réserves d'énergies étaient largement amoindries et il en consommait beaucoup depuis qu'il s'était levé pour sortir de cette chambre. Faire tenir son propre corps debout en utilisant la télékinésie n'était pas quelque chose de simple à maîtriser, encore moins à faire. Parce qu'un corps inanimé était un corps lourd, plus difficile à contrôler et à lever. Ce qui était encore plus complexe était de rester concentré sur sa tâche sans trop se laisser happer par les émotions qu'il ressentait. Ce qui l'avait poussé à descendre, c'était son inquiétude pour Derek, parce qu'il savait ce qu'il avait subi. Derek aurait dû mourir avec ce qu'il s'était reçu dans la tête. Mais il était en vie. Et Stiles, qui s'était brusquement rappelé de ce fait à son réveil, s'était dit qu'il ne pouvait pas se permettre de se reposer tant qu'il n'aurait pas vérifié si tout allait bien.
Mais tout n'allait pas bien.
Derek présentait effectivement des séquelles, plutôt mineures par rapport à ce qu'il avait subi, toutefois handicapantes pour la vie quotidienne. Ça craint, se dit Stiles avec effroi sans que son visage n'en prenne la marque, surtout lorsqu'il eut l'impression que le monde se déformait légèrement sous ses yeux. Il était réellement épuisé et ne devrait effectivement pas être capable de se lever. La preuve en était que son corps était complètement hors service et que son esprit se fatiguait à le faire bouger à sa convenance. Si l'on ajoutait à cela que sa dernière purge était extrêmement récente… Stiles n'avait plus le choix, il devait se reposer. Mais avant ça, il devait partir. Derek avait failli mourir par sa faute, pas question qu'il entraîne qui que ce soit en plus dans cette histoire. Autrement, la meute aurait des problèmes et c'était loin d'être ce qu'il voulait. Une fois dehors et dans un endroit sûr, il pourrait non seulement se reposer, mais également chercher un M-Psi pour régler le problème de Derek.
Pour toutes ces raisons, Stiles commença à avoir du mal à tenir debout. Alors il ne fallait absolument pas qu'il laisse ses émotions l'affaiblir. Parce qu'en cet instant, c'était ce qu'elles faisaient et il s'empêchait un maximum de réagir et ce, depuis le début. Il ne devait pas faire attention aux mots de Jackson, à son ton sec, au regard suspicieux ou perplexe d'une grosse partie de la meute et aux reproches qui risquaient de suivre. Ça le perturbait et il ne devait pas se déconcentrer, pas pour l'instant. Il devait tenir encore un peu, le temps d'informer Derek qu'il pourrait bientôt retrouver ses capacités perdues et de s'en aller.
- Qu'est-ce que tu nous caches ? Renchérit Malia en se levant, des éclairs dans les yeux.
- Jackson, Malia, arrêtez, leur intima Scott.
Les deux concernés avaient totalement oublié l'état physique de Stiles. En réalité, beaucoup y faisaient moins attention, tant Stiles se tenait droit et restait impassible. Il arrivait à faire illusion, du moins un peu.
- Je trouverai quelqu'un qui… Qui pourra t'aider, articula-t-il.
Parler devenait progressivement difficile, voilà pourquoi l'hyperactif n'était plus vraiment bavard et mesurait ses mots. Il disait l'essentiel. Son cœur commençait sérieusement à s'emballer dans sa poitrine et sa vue ne s'en portait pas vraiment mieux. Il repoussait un peu trop ses limites et son corps, tout autant que son esprit, allaient le lui faire payer d'ici très peu de temps, il le savait. Ils étaient en train de lui dire stop, de l'arrêter de force. Mais ce n'était pas le moment. Stiles devait partir, se trouver un endroit. Il n'avait pas le choix. Il voulut marcher jusqu'à la porte du loft, dire qu'il devait s'en aller. Il le voulut vraiment. Cependant, rien ne lui obéit et il se sentit perdre pied d'un seul coup. Le monde tanguait trop. Le contrôle de son être tout entier lui échappa.
Scott fut le premier à réagir. Lui qui ne quittait pas Stiles des yeux avait vu les prémisses de ce qui allait suivre. Alors il se leva d'un bond et rattrapa son meilleur ami qui allait s'effondrer avant même que quiconque ne le remarque. Ça s'était passé si vite que personne n'avait eu le temps de réagir. Ce n'était pas surprenant : en tant qu'alpha et plus particulièrement True Alpha, Scott avait des réflexes un peu plus développés que ses congénères. Même Derek, loup de naissance de son état, n'aurait pas pu aller aussi vite, surtout en étant confus comme il l'était actuellement. Néanmoins, la meute finit par s'animer et accourir, reprenant pied avec la réalité.
La vie sembla quitter Stiles alors qu'il s'effondrait dans les bras protecteurs de son meilleur ami qui hurla son nom à s'en décrocher les cordes vocales. Il n'était plus qu'une poupée de chiffon cassée, désarticulée.
Stiles était ailleurs, perdu dans un monde psychique sombre et parsemé d'étoiles ternes au différentes nuances argentées, bien pâles dans ce ciel presque noir. La sienne était trop colorée pour son bien.
Et elle brillait encore.
