Stiles regardait l'écran de son téléphone avec incrédulité non feinte. Passant la majorité de son temps seul à l'intérieur du bunker, il ne prenait plus vraiment la peine de cacher ses émotions, ce qui n'était pas vraiment une bonne chose. Oui, il était honnête avec lui-même et ne contenait rien au niveau de son faciès, ce qui économisait non seulement son mental, mais également son énergie psychique. Cependant, réenfiler un masque de neutralité s'il avait à revoir la meute s'avèrerait plus compliqué. S'il voulait être efficace, il ne valait mieux pas qu'il se relâche, mais il était épuisé, autant physiquement que mentalement. Son éviction de la meute, le harcèlement de Scott, son agression, l'absence de son père… Stiles savait qu'il était au bord du gouffre et que s'il passait le point de non-retour, il n'arriverait plus à tenir. Rester en vie pour un temps, c'était tout ce qu'il pouvait encore offrir à ces gens qu'il aimait tant. Pas que sa présence importait mais ses pouvoirs, oui.
Et de ce qu'il venait de lire, il allait peut-être devoir les user incessamment sous peu, sous quelque forme que ce soit.
De : P'tit louveteau.
Stiles, ça va pas. Je sais que c'est pas bien ce que je fais et que Scott va me trucider s'il l'apprend mais il faut que je te dise quelque chose. On peut s'appeler ?
En temps normal, l'hyperactif aurait directement refusé cette demande pour se protéger. Aujourd'hui, que lui restait-il à protéger ? Même sa dignité était morte, piétinée de sang-froid par Scott. Cette fois, il prit le temps de réfléchir. Accepter cet appel était-il une bonne chose ? Liam était gentil mais… Scott était censé l'être aussi. Le rappel de son meilleur ami et de ses actes sanglants fit naître des images fort désagréables dans l'esprit de l'hyperactif, qui resserra ses doigts sur son téléphone. Son cœur saignait, son âme saignait, certaines de ses blessures saignaient encore. Et il finit par répondre ce que ses doigts étaient capables de taper.
A : P'tit louveteau.
Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
Et puis, c'était tout. Des choses, il avait envie d'en dire, vraiment, mais il ne devait pas encourager Liam, le doux Liam, l'adorable Liam à lui parler. S'attirer les foudres de Scott n'était vraiment pas la chose à faire, surtout depuis que Stiles savait de quoi il était capable… En fait, l'hyperactif était partager : il voulait protéger le louveteau, tout autant qu'il s'en méfiait.
Etonnamment, Liam répondit plutôt rapidement et Stiles fronça légèrement les sourcils.
De : P'tit louveteau.
Pardon Stiles, je ne voulais pas te froisser. Mais vraiment, j'insiste, c'est important et je ne peux pas te dire ça par message.
Stiles faillit rire. Liam pensait l'avoir froissé ? Il était si loin du compte, si loin de la vérité ! Non, Stiles était simplement terrifié à l'idée qu'une autre de ses croyances se brise. De découvrir la face sombre d'un deuxième membre de la meute. Il voulait garder une bonne image des gens qu'il avait aimés comme sa famille. Oubliant déjà le passage de l'appel, Stiles avait peur que Liam lui propose de se voir, comme Scott. L'image des coups se fit claire et nette dans son esprit. Il ne voulait pas revivre ça. Et pourtant, il savait que ça allait arriver. Scott ne le laisserait pas tranquille comme ça. Stiles n'était pas idiot : ce n'était pas parce qu'il avait passé ses nerfs sur lui une fois qu'il allait s'arrêter. L'hyperactif avait peur de recevoir un nouveau texto de sa part, tout comme il était terrifié à l'idée de le voir débarquer au loft. S'il pouvait se défendre, il n'y aurait aucun problème. Mais Lydia faisait partie de l'équation et il ne pouvait pas accepter qu'on lui fasse du mal par sa faute. Personne n'avait à payer pour ses mensonges, sa… Trahison.
A : P'tit louveteau.
Je ne sais pas.
La réponse de Liam ne fut pas rapide, mais immédiate.
De : P'tit louveteau.
On est en danger. Laisse-moi t'appeler, s'il te plaît.
Sans le savoir, le blondinet avait fait mouche. La meute, c'était la faiblesse de Stiles. Leur sécurité, c'était ce qui comptait le plus pour lui. S'ils étaient en danger… L'hyperactif ne réfléchit plus et son doigt appuya machinalement sur la petite icône en haut à droite, un petit téléphone vert. Et puis, il hésita, se dit qu'il était sans doute en train de tomber dans un nouveau piège. Après tout, on le haïssait, on voulait sa mort et il la leur aurait bien accordée si le danger qui planait sur eux était d'une nature différente.
On décrocha tout de suite.
- Stiles ? Entendit-il.
L'hyperactif se tétanisa. Il l'avait vraiment fait, il avait appelé Liam et celui-ci avait bel et bien décroché. Que devait-il dire ? Pouvait-il encore raccrocher ?
- Stiles, tu m'entends ?
- O-ouais…
Sa voix n'était pas assurée, peut-être pouvait-on également la qualifier de faible mais il n'en avait cure. Il attendait la suite avec angoisse. Qui allait-on prendre pour cible pour le convaincre de s'offrir, cette fois ? Ou alors, si le danger dont avait parlé Liam était réel, quel était-il ? Concernait-il les Psis ? Si oui, il ne devait pas rester là à rien faire. Qu'importe la douleur, qu'importe son apparence – qu'il falsifierait au besoin –, s'il devait aller faire des rondes en secret autour du lycée, du loft, des maisons où habitaient ses amis… Oui, il pourrait le faire, tout dépendait de la mesure du danger en question. Et voilà que son cerveau était en ébullition, retrouvait une étincelle de vie à cause de la peur qu'il éprouvait pour ces gens qui étaient autrefois ses amis.
- Ecoute, je ne vais pas y aller par quatre chemins, j'imagine que tu n'as pas que ça à faire de m'écouter… Mais je suis content que tu aies accepté cet appel.
Stiles n'arrivait pas à le croire, mais il ne fit aucune remarque. Il était trop fatigué pour s'engager sur ce genre de terrain.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il simplement, essayant malgré tout de contrôler sa voix, croisant les doigts pour que Liam ne lui pose pas de question.
- En fait… Scott ne compte pas prendre en compte tes conseils.
Le rythme cardiaque de Stiles s'accéléra légèrement.
- C'était hier, et… J'ai beaucoup hésité, mais je peux pas garder ça pour moi. Stiles, il veut qu'on fonce, qu'on attaque frontalement.
La réaction de Stiles fut en deux temps. Au départ, il demeura interdit et nullement surpris. Ce qu'il entrevoyait petit à petit de Scott ne l'étonnait plus vraiment. Pour l'alpha, tout était de la faute de Stiles, comme s'il était, à lui seul, responsable de la présence de cette armée froidement sanguinaire de Psis en ville. Ensuite, Stiles ferma les yeux, las. Il se pinça l'arrête du nez, sourcils froncés.
- Ne faites surtout pas ça, finit-il par lâcher. Je sais que vous n'avez aucun conseil à recevoir d'un traître mais si vous tenez à la vie, ne faites pas ça.
Je tiens trop à vous pour vous laisser mettre votre vie en danger. Et si ça continuait comme ça, il risquait de devoir intervenir. S'il pouvait éviter de se montrer pour le moment, ça l'arrangerait, mais si Scott comptait réellement passer outre ses conseils avisés, il n'aurait pas le choix que de faire front contre son ancien meilleur ami. Et son ancienne meute. Parce que même si Liam le prévenait, il n'aurait d'autre choix que de se ranger du côté de son alpha s'il ne voulait pas être traité de traître à son tour.
- Je sais, je… J'ai voulu lui dire. Il n'a pas voulu m'écouter. Il pense que tu veux nous nuire pour te venger de ton éviction de la meute.
Stiles rouvrit les yeux d'un coup et son soupir de découragement fut audible.
- Je me fiche d'avoir été viré de la meute, je ne peux en vouloir à personne. Je suis le seul responsable de mes mensonges. Mais comment on peut être aussi con pour penser une chose pareille ? Laissa-t-il échapper par inadvertance avant de s'en rendre compte. Oh merde, je…
- Ne t'inquiète pas, répondit Liam en riant doucement, je suis complètement d'accord avec toi.
Stiles se figea à l'entente du rire du louveteau et sa gorge se serra. Depuis combien de temps ne lui avait-on pas parlé gentiment, normalement, depuis combien de temps n'avait-on pas ri en sa présence ? Elle n'était que téléphonique certes, mais tout de même. L'image d'un Derek au bunker avec lui se rappela à son esprit. L'ancien alpha s'était à chaque fois montré cordial malgré sa trahison et semblait n'avoir jamais trahi le secret concernant sa localisation. Stiles avait encore des doutes, oui, mais force était de constater qu'encore personne n'avait déboulé dans son antre alors que cela faisait déjà plusieurs jours que le loup-garou était venu. Chassant son trouble quant à la bonne humeur apparente de Liam et de cette cordialité qu'il avait, Stiles décida de recentrer le sujet :
- Qu'est-ce que Scott compte faire précisément ?
C'était un peu culoté de sa part de demander ça, mais il devait essayer. Il voulait protéger sa meute de cœur.
- Il veut nous faire faire des rondes. Apparemment, les Psis, ça se repère à leur odeur fade et à leur attitude de robot alors… Il nous a dit de faire des rondes et de les tuer quand on en trouve.
Liam fit une pause.
- Pour être honnête, je… Je ne le reconnais plus. C'est pas normal qu'il… Veuille tuer des gens. Je veux dire, normalement il fait tout pour éviter le meurtre et je pense pas que la solution à un massacre soit un autre massacre.
- Il est juste…
Monstrueux.
- … Tendu.
Pourquoi le défendait-il ? Certainement pas parce qu'il mettait ses actes sur le dos de la situation qui lui faisait perdre ses moyens, non. Il faisait ça pour Liam. Parce qu'il était un peu plus jeune, plus fragile et qu'il avait besoin, en ces temps troubles, d'être rassuré. Honnêtement, prononcer ces mots lui faisait tout aussi mal que les blessures que Scott lui avait infligées volontairement. Ça le tuait. Mais Liam devait être sacrément désemparé pour faire appel à lui alors qu'il n'était rien d'autre qu'un parasite, un traître qui leur avait menti pour sauver sa vie ainsi que celle de son paternel. Alors, il le rassurait comme il le pouvait, même s'il mentait pour cela. Et puis, lui aussi était désemparé : jamais il n'aurait pu s'attendre à recevoir un message, un appel, pour l'informer de la situation. C'était un appel à l'aide, on le contactait lui, dans le secret, parce que Scott prenait les mauvaises décisions.
- Ouais, je sais, mais… On est tous tendus et on a du mal à comprendre tout ce qui se passe. Et pourtant, on est pas dominés par des envies de meurtre, on… On ne voit pas les choses sous un angle forcément violent. On sait que si on doit se battre, on le fera, mais… Il nous a appris à ne pas tuer, à éviter le plus possible de se retrouver dans des situations de ce genre. Pourquoi… Pourquoi il vrille, comme ça ?
Si Stiles s'était trouvé près de Liam en cet instant, sans doute aurait-il arrêté de cacher ses dons empathiques. Le désespoir du louveteau était flagrant et il ne devrait pas en être arrivé là, à ce stade de réflexion, tout comme il ne devait pas avoir à douter de son alpha et de son revirement. Scott merdait, c'était clair et net mais ça, Stiles ne pouvait pas le dire. Il n'en avait pas le droit. Alors oui, s'il était là, à ses côtés, il se serait saisi de ses émotions négatives et les aurait absorbées sans autre force de procès, libérant ainsi temporairement Liam de son désespoir. Il pourrait réfléchir plus clairement et parler de cela avec les autres membres de la meute, ce qui s'avèrerait bien plus efficace que de lui raconter tout ça à lui, le traître.
- Ecoute, c'est un alpha, il a simplement du mal à gérer toute cette pression qui s'accumule sur ses épaules.
Stiles maîtrisait sa voix comme il pouvait et essayait de faire en sorte que son mensonge ne se voit pas trop. Scott était un enfoiré, un connard de première parfaitement conscient de ses actes et ce n'était que depuis la révélation des origines et de l'identité de Stiles qu'il montrait son visage. Toutefois, l'hyperactif devait s'efforcer de le défendre, pour le bien de la meute. Oui, Scott était un mauvais alpha mais dans le cas présent, le leur enlever ne ferait que causer leur perte. La meute se devait d'être unie, faire front commun contre l'envahisseur. Ou du moins, front commun pour survivre. Parce que Stiles ne les laisserait pas affronter ses congénères.
- Laisse-lui du temps, continua-t-il, et ça ira mieux. Tu retrouveras le Scott d'avant.
Si Liam s'était trouvé à côté de lui à ce moment-là, il aurait entendu les ratés dans son cœur.
- Par contre, sa stratégie est mauvaise. En faisant ça, il va juste vous envoyer à l'abattoir, mais il n'en a pas conscience.
Il s'en fout. Scott ne devait sans doute avoir aucune considération pour condamner ainsi les membres de sa meute sans aucune forme de regret. Si Stiles était un peu parano – et encore, pas besoin de l'être pour penser ça –, il aurait pu penser que le latino faisait cela pour se venger de lui. Si Liam ou quelqu'un d'autre de la meute mourrait, Scott lui ferait assurément porter le chapeau, crierait au complot, irait accuser Stiles de ces morts. L'hyperactif fronça légèrement les sourcils avant que la douleur ne le rattrape et le fasse grimacer. Et si c'était exactement ce que Scott cherchait à faire ?
- Alors qu'est-ce qu'on…
- Vous allez y aller, le coupa Stiles. Faites ce que Scott vous dit.
- Quoi ? Mais…
- Je serai là. Si tu m'informes de là où vous vous trouvez, je pourrai vous surveiller de loin et vous aider en cas de besoin. Si je suis là, il ne vous arrivera rien. Scott vous a mis dans la sauce et si vous lui désobéissez, il ne va pas aimer. Tu as bien vu comme il est tendu en ce moment alors mieux vaut ne pas le provoquer. Si tu veux que tout se passe bien, si tu veux que tout le monde rentre chez soi indemne, il va falloir que tu me renseignes.
C'était risqué, mais il n'avait pas le choix que de proposer cela. Oui, il aurait aimé éviter que la meute se mette au-devant de la scène, mais Scott en avait décidé autrement, sans doute pour le pousser à agir. Et c'était ce qu'il ferait. Encore une fois, Stiles allait lui obéir, à la différence qu'il savait exactement quoi faire pour éviter que le moindre mal soit fait à ses anciens amis.
Au bout du fil, Liam ne parlait plus. Sans doute devait-il être perdu, complètement désemparé, déchiré entre sa loyauté pour son alpha et sa raison, qui le poussait à demander conseil au traître qu'il était.
Il fallait qu'il arrive à le convaincre. Et pour cela, il était prêt à quelques concessions.
- Ecoute, je sais que ça te paraît gros et que tu as peur. Je te comprends : mon espèce est terrifiante et si Scott sait que tu me parles, il va te taper sur les doigts. De mon côté, je ne t'encouragerais pas à me parler plus si… Si tu ne m'avais pas dit tout ça. Mais là, c'est nécessaire. Si vous foncez sans mon aide, vous êtes fichus et je ne dis pas ça pour te faire peur. Je suis honnête. Tu ne sais pas de quoi peut être capable un Psi et ce que je vous ai montré n'était qu'un échantillon. C'est mon espèce, je connais l'étendue de leur puissance, tout comme leurs capacités. J'ai des boucliers mentaux, je peux leur faire face. Pas vous. C'est pas bien ce que je vais te demander, je le sais mais… Mais il va falloir que tu me fasses confiance, une dernière fois.
Ces trois derniers mots lui serrèrent le cœur. C'était un rappel de la fin de leur relation amicale, comme celui de sa fin à lui qui approchait peu à peu. S'il devait effectivement intervenir, il risquait de devoir utiliser ses flammes et ça, ce serait bon pour la meute, mais pas pour lui.
Son côté X était vicieux. Bien qu'il faisait de lui un être à part et exceptionnellement puissant, ce n'était rien de plus qu'un cadeau empoisonné et ça, il le savait depuis toujours.
Au bout du fil, il entendait à peine le souffle légèrement irrégulier de Liam, qui devait sans doute être en train de stresser. C'était clair et net, Stiles savait qu'il était sincère depuis le début et qu'il lui faisait part de ses réelles craintes : le louveteau n'avait, de toute façon, jamais su mentir.
- Je sais pas, lâcha enfin Liam, je… J'ai envie mais Scott…
- Il n'en saura rien. Liam, je peux vous aider et jamais je ne prendrais le risque de mettre des bâtons dans les roues à Scott si ce n'était pas important. Vous ne pourrez pas tous avoir la chance qu'a eue Derek, vous pourriez ne pas survivre. Et même dans le cas où vous surviviez à une attaque télépathique ou autre, la M-Psi de la dernière fois ne pourrait peut-être pas vous soigner, tout simplement parce qu'elle a obtenu tout ce qu'elle voulait de moi et que vous n'avez rien qui l'intéresse. Elle est excellente, mais chez les Psis, c'est comme ça : si tu veux quelque chose, tu dois y mettre le prix et ce n'est pas forcément de l'argent.
Il était clair. De toute façon, c'était la seule chose à faire. Il sentait qu'il pouvait arriver à convaincre Liam, ce n'était qu'une question de temps.
- Tu n'aurais rien à faire à part me dire où vous seront vos rondes, quand, et où vous trouverez des Psis. Je peux même me démerder pour te filer un téléphone avec une carte prépayée, si tu veux être sûr que Scott ne trouve aucun échange avec moi dans le tien. D'ailleurs, après notre conversation, tu penseras à effacer nos messages et notre appel de ton registre.
Il entendit Liam soupirer. C'était une décision difficile à prendre et il en était conscient, mais il ne devait pas le lâcher, pas maintenant qu'il le tenait. Comme énoncé précédemment, il était prêt à faire des concessions. Voici la première.
- Pour être honnête, je pourrais très bien choper ces informations moi-même et directement dans ta tête, mais je ne le ferai pas.
Un blanc. Puis :
- Co-comment ça ?
- Je suis un Psi, Liam. Notre domaine de prédilection, c'est le mental. Chaque être, humain ou Psi, possède sa propre signature psychique. Toi, en tant que loup, tu verrais plutôt ça comme une odeur. Je connais la tienne, je connais celle de Lydia, d'Isaac, de Derek, de tous les autres. J'ai été proche, très proche de vous.
Sa gorge se noua.
- J'ai tissé des liens avec vous, continua-t-il en essayant de ne pas montrer sa tristesse de repenser à cela. Ces liens, je… Sur le plan psychique, ils sont visibles. J'y ai accès, parce que, dans un sens, ils ne sont pas brisés. Et ces liens mènent vers vos esprits.
- Mais ça veut dire que tu peux…
- Oui, techniquement, je peux me servir de ce lien pour aller dans ta tête et prendre les informations dont j'ai besoin en piochant directement dans ton esprit. Je sais le faire, j'en suis capable.
Nouveau silence, pesant. Liam accusait le coup, sans doute comme il le pouvait. L'honnêteté, la carte de Stiles, était à double tranchant.
- Mais je ne le ferai pas.
- Comment… Comment je pourrais savoir que tu ne l'as pas déjà fait ?
- Tu l'aurais senti. Même un non-Psi peut détecter une intrusion dans son esprit. Tu aurais perdu le contrôle de ta tête, tu aurais mal, tu serais détruit. Il est possible de s'introduire dans l'esprit de quelqu'un sans lui faire de mal, seulement si cette personne te l'autorise clairement, si elle a véritablement confiance en toi. Autrement, ce n'est pas possible.
- Et si… Et si tu me manipulais ? Et si t'avais déjà pris les informations que tu voulais ?
- Dans ce cas, pourquoi je te parlerais d'un téléphone prépayé et de ta coopération ? Si je pouvais vraiment te prendre ces infos sans que tu t'en rendes compte, pourquoi je te demanderais de m'aider à me renseigner ? Si je pouvais te manipuler de cette manière, je n'aurais à t'informer de rien et je ferais mes bails en secret.
Désormais, Stiles doutait de la réussite de son bébé plan. Liam était sceptique et c'était on ne peut plus compréhensible. Si l'hyperactif se disait qu'il pouvait compter sur son inexpérience et sa naïveté pour glaner ces quelques renseignements, cela ne s'avérait pas aussi réussi qu'il l'imaginait. Encore une fois, il comprenait. Les révélations par rapport aux Psis étaient récentes et si l'on combinait cela avec la découverte forcée des origines de Stiles… Liam ne pouvait décemment pas lui faire confiance comme ça, directement et aveuglément.
Après tout, il était le traître, l'imposteur, celui qui s'était protégé au détriment des autres.
Il tenta néanmoins quelque chose et ouvrit son cœur. Il ne voulait pas mentir, il ne voulait plus mentir. Il n'en avait plus la force.
- Ecoute, Liam. Tout ce que je veux, c'est vous aider. Quand je… Quand je sais ce qu'ils peuvent faire, je ne peux pas rester sans rien faire. Je ne vous ai pas aidés comme je l'aurais dû avant et je le regrette, sincèrement. Mais je voulais protéger mon père, protéger la seule famille qu'il me reste. Sans me révéler, on était safes, tous les deux. On n'avait pas le choix. Maintenant, tout est foutus : on est des fugitifs, on peut pas sortir sans avoir la boule au ventre, on peut plus vivre normalement. J'essaierai de faire en sorte que mon père s'en sorte, il risque un peu moins que moi. Mais moi, je vais mourir, Liam. Ce n'est plus qu'une question de temps.
Jusque-là, tout était vrai, il allait simplement devoir non pas mentir, mais ne dire qu'une partie de la vérité. Il crevait d'envie de parler, d'avouer qu'il ne lui restait pas énormément de temps, qu'il était désespéré à l'idée de, peut-être, disparaître trop tôt. Manifestement, ce n'était pas tout de suite. Il pourrait vérifier, voir où il en était, mais était terrifié de voir les choses en face.
- Ils vont me rattraper un jour où l'autre, parce que je ne me terre pas aussi souvent que je le devrais, parce que je suis venu plusieurs fois au loft, parce que je suis pas assez prudent. Ils m'auront, Liam. Dans tous les cas, je mourrai. Tu n'as rien à perdre à me renseigner. Tout ce que je veux, c'est vous protéger. Fais-moi confiance une dernière fois Liam, juste une dernière fois.
