Chapitre 2

Si la première heure d'avion se déroula dans le plus grand calme, malgré les tentatives de Sam pour tirer les verres du nez à Zemo sur leur destination, la seconde fut beaucoup moins reposante. Hermione commença à se contorsionner dans son sommeil, gémissant faiblement de douleur. Dans une salle bondée personne ne l'aurait entendu, ici le fugitif et les deux « super-collègues » n'avaient que ça à observer.

— Ved'ma. Ved'ma réveille-toi c'est un mauvais rêve, lui murmura Bucky.

Accroupis près d'elle avant même que Sam n'esquisse un geste, l'homme caressa son visage du bout des doigts. C'était tellement bizarre de sa part. Tellement… Affectueux ? Sam donnerait sa main à couper qu'il y avait plus entre la louve noire et le loup blanc que ce qu'ils admettent.

— Que lui prend-il ?

— Cauchemars. C'était comme ça aussi avant.

Bucky ne définit jamais le « avant » mais ses gestes parlaient pour lui. Comme un remake de film Sam observa la réaction violente de la femme à son réveil, sa baguette se logea contre la gorge de son ami et Zemo manqua d'échapper un cri terrifié.

— Oh ! Jamie pardon, s'excusa Hermione lorsque la réalité refit surface.

— Avec les années j'aurai dû apprendre à ne jamais réveiller une sorcière à cran.

Le cul par terre, Bucky accepta la main tendue de son assaillante.

Comment parvenait-elle à le mettre au sol avec une telle agilité ? songea Sam. Elle était une adolescente soldate, se rappela-t-il, survivre était tatoué au fer brûlant dans sa mémoire.

Sans demander son avis, le super-soldat s'assit à la place de la sorcière. Il la regarda avec de tels yeux ! Hermione sut immédiatement ce qu'il voulait d'elle mais ne pouvait s'y résoudre.

— S'il te plaît…

Non ! Elle hurlait dans son esprit. Où était-il les six derniers mois ? Pourquoi n'était-il pas revenu vers elle, au moins pour lui dire « Hey Ved'ma j'ignore si tu le savais mais je suis vivant ». Il ne fit rien de tout ça. Et maintenant il la voulait contre lui ? Utiliser les battements de son cœur pour calmer le sien ? Hermione n'avait aucune chance face à ses yeux bleus, face à sa légère moue, un soupir à fendre l'âme s'échappa de ses lèvres.

— Juste cette fois, grogna-t-elle de mauvaise humeur.

Tendue, elle s'installa sur ses genoux. Il ne fallut pas plus de quelques secondes à son corps pour se réhabituer à ce rituel familier, à la décontraction immédiate de ses muscles, sa tête penchant irrémédiablement vers l'arrière pour reposer sur l'épaule du brun. Malgré leur passif Hermione se sentait en sécurité ici. C'était la première fois depuis les cinq longues dernières années à lutter pour la survie de son peuple, pour sa propre survie alors que les extrémistes tentaient chaque jour de l'abattre, qu'elle allait si bien. Même sa maison délabrée ne lui procurait pas un tel sentiment de plénitude. La sorcière devrait se taper sur les doigts pour ses pensées.

— Qu'est-ce que c'était ? lui demanda alors Bucky.

— Le manoir, tu penses trop fort.

Une compréhension tacite découla entre eux, ni Sam ni Zemo n'y comprenaient grand-chose et à vrai dire ils n'étaient pas sûrs de vouloir le faire. À croire qu'elle lisait dans sa tête en permanence, il suffisait que Bucky pense à ce jour pour qu'elle cauchemarde de leur maudite rencontre. Jamais il ne se pardonnerait d'être resté les bras ballants alors qu'on la torturait.

— Bon où est-ce que vous avez prévus de nous amener Zemo ? changea de sujet Falcon voyant son coéquipier passer inconsciemment ses deux bras autour de la taille de la sorcière.

Il la serra contre lui, portant le poids réconfortant de son corps contre le sien. Il nota la tension de ses épaules, une tension qui en quelques secondes s'évapora. Affalée contre lui, Hermione posa une main sur les siennes, dessinant de petit cercle distrait sur sa peau.

— Madrepoor.

— Madrequoi ?

— Ça ne t'arrive jamais d'écouter Sam ? le piqua la sorcière.

— Le repère des pirates au dix-huitième siècle, depuis c'est resté un endroit pour les criminels, précisa Bucky.

Son menton piquait l'épaule d'Hermione alors que le groupe parlait des détails de leur expédition dans l'antre des malfaiteurs. Ce geste anodin et oh combien naturel rappelait à la femme les deux belles années qu'ils passèrent au Wakanda, sans Thanos, sans ennemis, juste eux et la tribu des rivières. À présent Hermione n'était même pas sûre que Ramonda accepte son retour aux pays, James avait fait évader Zemo ! L'assassin du roi T'Chaka !

— Nous serons sous couverture. James vous devrez vous faire passer pour l'homme que vous avez cessé d'être, Sam vous serez un homme très pimpant nommé Conrad Mac alias Smilling Tigers, j'ai de quoi vous habillez sur place.

— Pourquoi je n'aime pas ce ton, murmura-t-il.

— Quant à miss Granger…

— Je serais moi.

— Ved'ma tu ne peux pas y aller comme ça ! s'indigna Bucky.

— Je suis ma propre couverture James, on me connait bien là-bas l'aurais-tu oublié ?

— Elle a raison, miss Granger s'est rendue bien populaire la dernière décennie, plus encore durant les cinq dernières années. Certaines de vos relations pourraient nous être utiles Mme « l'ex-Ministre ».

— J'en doute. Les miens me recherchent pour un quiproquo administratif, cracha-t-elle.

Il fut facile pour Hermione d'éviter le regard de James, elle se contenta de s'affaler davantage contre lui et déclarer :

— Dormez un peu messieurs, nous avons quelques heures de trajets devant nous.

— On peut savoir ce que tu y fabriquais à Madrepoor ? l'interrogea plutôt Sam.

« On peut savoir ce que tu faisais avec les sorciers tout court ? » s'insurgea mentalement Bucky ayant le souvenir poignant d'une jeune femme haineuse envers son propre monde, envers ses propre amis, qui se battait à chaque instant pour ne serait-ce avoir un contact avec les derniers membres de la communauté magique tenant à elle.

— Recherche d'information, capture de fugitif, meurtre souvent. Uniquement des pourritures, précisa-t-elle devant l'air éberlué de l'américain. D'autres fois c'était bien plus officiel, redressement économique, entretient politique, j'agissais comme je le devais devant la situation… chaotique. James laisse-moi me lever.

Non.

James Buchanan Barnes, le prévient-elle sévère.

S'il te plaît reste, je dormirais très bien là poupée.

Devant son petit air triste et épuisé Hermione pinça les lèvres, vaincue. Son cerveau lui criait de ne pas s'attacher à nouveau, de rester loin du soldat mais son cœur… Il refusait d'émettre le moindre mouvement pour s'éloigner.

Je ne bouge pas.

Un soupir agita Hermione et si Sam n'avait pas eu quelques notions de français, il l'aurait attribué à une réplique tout à fait Buckiest du sergent. Seulement Falcon avait fait des années de langue et si lorsque les deux personnages parlaient vite il n'y comprenait rien, ici il n'y avait pas grand-chose à écouter. La sorcière s'installa un peu mieux, laissant le super-soldat sous elle le plus à l'aise possible, et sortit de son sac un épais grimoire.

Il ne fallut pas plus d'une demi-heure pour qu'elle le rejoigne aux pays des rêves sous l'étroite surveillance de Sam. Si les deux « colocataires » dormaient, il était hors de question qu'il en fasse de même.

— Bon maintenant que miss Granger a posé son sortilège de silence, avez-vous des questions Sam ?

— Pourquoi y répondriez-vous ?

— Bien que vous voir vous débattre avec le passé de vos amis est fortement amusant, je me sens d'humeur charitable.

— Qu'est-ce que vous savez sur Hermione ? demanda immédiatement Sam.

Elle l'intriguait, et pas seulement du au fait qu'elle semblait proche du soldat bionique ronchon, miss Granger fut ministre, miss Granger joua un rôle dans une guerre alors qu'elle était adolescente, miss Granger cauchemardait comme tout ancien soldat. Mais Sam nota pire encore, sur les cinq dernières années c'était peut-être la première fois que la sorcière dormait si bien. Les traits détendus de son visage lui offrait dix années de jeunesse. Inconsciemment, ses mains trouvèrent celle de Buck et les garda contre elle.

— Miss Granger est une héroïne de guerre récompensée par « l'ordre de Merlin première classe », c'est la plus haute distinction dans son monde. Sinon… Pas grand-chose, mentit Zemo. Si ce n'est qu'après la désertion du soldat d'hiver elle est partie à sa poursuite, la retrouvée et s'est placée entre nous lorsque j'ai tenté de le tuer quelques mois avant Vienne.

— Elle était avec lui durant ses années de cavale alors… songea Sam à voix haute.

— Peut-être. Je ne pourrais vous en dire plus.

— Bon, soyez sage en tout cas. Je détesterais devoir les réveiller parce que vous faîtes du zelle, cette femme est effrayante.

— Je tiens à ma vie merci.

Bucky détestait l'idée de mettre un pied à Madrepoor, surtout s'il devait se faire passer pour le soldat d'hiver. Pire encore, Hermione était coincée entre Sam et lui à l'arrière d'une voiture, elle revêtait une tenue qu'il ne lui connaissait pas : un pantalon de tailleur noir, une chemise rouge sang accompagnée d'une cape de la même couleur, elle avait relevé ses cheveux dans un chignon de boucle et laissait apparaître un tatouage magique de louve courant paresseusement de la peau de son cou à ses bras. Ce dernier il le connaissait bien.

Heureusement Sam lui fit un semblant de conversation, Ved'ma était encore en colère contre lui pour la libération de Zemo puis sans doute de sa demande incongru dans l'avion. Mais qu'y pouvait-il ? Buck n'avait pas aussi bien dormit depuis six mois, et alors c'était dans un siège d'avion avec un poids sur les genoux, un poids qu'il avait choisi, un poids qu'il souhaitait plus que tout. Pourquoi avait-il été si lâche ? Aller à Baltimore ou décrocher son téléphone ne lui aurait pas couté bien cher ! Il se le demandait toujours. En retournant immédiatement auprès d'elle Bucky aurait évité bien des soucis, leur relation serait comme avant et elle ne l'ignorait pas royalement. Il doutait très sérieusement que lui offrir un nouveau couteau réussirait à lui rendre le sourire cette fois-ci.

La musique entêtante résonnait partout, déterminée Hermione marcha fièrement et roula des hanches. Son principal atout aujourd'hui résidait en sa beauté, plus les gens parlaient, plus ses connaissances viendraient à sa rencontre.

— C'est le soldat de l'hiver qui est avec lui ? nota un truant lorsqu'ils pénétrèrent dans un bar.

— Putain c'est la Ministre sorcière, Hermione Granger, frissonna d'effroi un autre.

Avec grâce Hermione fit virevolter sa cape, James essaya tant bien que mal de ne pas grogner devant l'ordre russe de Zemo.

— Bonsoir messieurs. Je savais pas que tu venais Smilling Tiger, lança le barman à Sam. Salut Granger.

— Max, acquiesça-t-elle, comme d'habitude s'te plaît.

— On a un petit changement de plan, on vient parler affaire avec Selby, avoua Zemo alors que « Max » préparait la commande de la dame.

Bucky l'observa du coin de l'œil, concentré sur la situation. Ved'ma était assise sur le tabouret de bar, une jambe par-dessus l'autre alors qu'elle feignait un visage digne des plus grands joueurs de poker, elle scrutait l'ensemble des allées et venues avec minutie. Quand elle passait en mode « mission », il lui était impossible de l'en faire sortir, elle ne le regarderait pas avant la fin du travail.

— Comme d'habitude ? demanda Max à Sam.

— Yep.

Merde, Sam ne s'attendait sûrement pas à une mixture pareille ! Hésitant il but son verre cul sec dans l'espoir que cela en efface le goût. Des tripes de serpent ? Burk !

Hermione préférait ne pas être à sa place, à côté de ça le polynectare devait gouter comme de la guimauve. Avant qu'elle ne le repère parmi la foule, un élégant homme s'assit près d'elle et colla sa baguette contre sa cuisse, un sourire narquois apparut sur le visage de la sorcière.

Zemo, Sam et Bucky assistaient bien malgré eux à cette scène bien étrange. Sam hésita d'ailleurs à sortir les armes.

— Je me demandais quand ta tête de serpent allait sortir de sa cachette Nott.

— Tu sais bien que je suis toujours là où tu m'attends le moins chérie, tu t'es trouvée des chiens de garde pour assurer ta protection contre Potter ?

Hermione tourna enfin la tête vers son voisin, un rire sur les lèvres, sa gorge exposée, son comportement laissa ses « super-collègues » sur leurs gardes.

— Ne rigoles pas avec ça, il te cherche vraiment.

— Regarde-toi un peu ! Tu as quatre garde du corps à toi tout seul, plus la magie et tu me dis que moi j'aurais besoin de protection ? Théo si Potter arrive à décuver de ses cinq dernières années d'alcoolisme peut-être qu'il aura assez de cran pour sonner à mon adresse, s'il survit à mes pièges. En attendant voici mes collègues Smilling Tiger, Zemo ex-duc de Sokovie et fugitif, ainsi que le soldat d'hiver. On a besoin d'info.

Mr Nott s'étouffa avec son verre de whisky et regarda Ved'ma comme si elle était devenue folle. Ses yeux ne cessaient de faire des allers-retours entre Bucky et elle, et franchement l'homme n'en était pas ravi : avait-il quelque chose sur le visage ?

— Putain de merde Granger, préviens-moi d'éviter les adjectifs taquins si ton mec est dans la pièce.

— Ce n'est pas mon mec.

— Oui c'est bon on a compris, vous êtes pas ensemble mais vous agissez comme un couple marié depuis quarante ans, nargua Sam devant la jalousie montante de son ami.

Nott passait désormais un bras autour des épaules d'Hermione pour narguer son « rival », celle-ci se laissait faire, habitué au contact du serpentard. Décidément la sorcière avait un type, décida Sam : les grands bruns.

Théodore Nott n'avait rien en commun avec Bucky si ce n'est ce détail, il avait des yeux noirs à en transpercer l'âme, un sourire manipulateur (le même qu'affichait Ved'ma), un maintient et une tenue criant à la richesse.

— De quoi as-tu besoin princesse déchue ? Je doute que tu te sois déplacée jusqu'ici pour prendre une cuite… Même si ce ne serait pas la première fois.

Hermione leva les yeux aux ciels, après toutes ses années son camarade de bibliothèque l'appelait toujours ainsi. Théo' et elle étudiaient souvent ensemble à Poudlard, avant que tout ne devienne trop compliquée, avant qu'elle ne doive oubliéter ses parents et partir à la chasse aux Horcruxes. Depuis ils étaient restés amis et son soutient politique fut très apprécié. À présent ils étaient tous les deux des parias. Elle plus que lui. Son « problème administratif », et être née-moldus n'arrangeait pas ses affaires vous le concevrez.

— Trouve-moi tout ce que tu peux sur les nouveaux supers-soldats qui sévissent en Europe et s'ils ont un lien avec notre monde. Mon portable est joignable.

— Ma secrétaire t'appellera, acquiesça Nott.

— Et Nott… Comment est-ce qu'il…

L'homme arrogant coupa Ved'ma au milieu de sa phrase, levant la main de sa cuisse dans un avertissement.

— Ne demande pas, ça te fera plus de mal que de bien.

Bucky cacha la profonde haine qu'il éprouvait pour cet homme à cape, ce fameux Nott. D'une part il osait caresser la cuisse de sa sorcière, puis il lui donnait ce visage impassible, cette « pokerface » qui camouflait une profonde détresse. Si Sam nota l'envie de Bucky d'attraper la sorcière, la balancer sur son épaule et sortir de la pièce en courant, il ne l'affirma pas à voix haute. Le regard qu'il partagea avec Zemo s'en chargea.

— Tu l'as vu, déglutit-elle. Dis-moi Théo, j'en ai besoin.

— Ouai, Bill me l'a passé le mois dernier, ton ancienne copine s'amuse à le punir pour les bêtises de son frère. Ils vont l'oubliéter Mione. Je ne sais pas quand, ou comment, mais c'est inévitable. Il ne dort pas, ne mange pas, hurle après toi et se bat sans arrêt. J'essaie de terminer le dossier au plus vite.

L'homme ne la regardait plus, il salua vaguement les collègues d'Hermione, scruta l'âme du soldat d'hiver et ordonna à ses gardes de le suivre : la patronne avait donné une mission alors il l'effectuerait, au moins pour atténuer un millième de sa douleur.

Pas plus de trois minutes plus tard, Ved'ma engloutit un autre verre sans espoir d'être ivre. Son regard était perdu dans le vague, loin dans le passé. Si loin que pas même ses amis ne parviendraient à la ramener sur terre.

« Combien de temps passa-t-elle à arpenter seule l'Angleterre à la recherche de ses amis ? Hermione n'en savait rien. Chaque jour elle se redécouvrait, que ce soit dans une lutte acharnée avec un sanglier (la bête la chargea en sentant sur elle la présence d'un prédateur), sa course plus rapide et agile qu'elle ne l'eut jamais été, son estomac nouvellement sans fond. Sa vue améliorée lui permettait d'avancer dans le noir. Elle n'avait aucune idée de sa destination finale, ni même d'où ses pas la menait, ce dont elle était certaine en revanche c'était d'avoir gagné une partie d'Angleterre qu'elle ne pensait pas exister.

L'endroit était magnifique.

Malgré les nuages et la pluie, malgré le froid et le vent, des champs de fleurs s'étendaient partout à l'horizon. Elles dégageaient un parfum envoutant. La verdure était partout. Les oiseaux chantaient dans la forêt annexant le terrain dégagé.

Il y a longtemps déjà qu'Hermione sentit les protections magiques autour de l'endroit. Puissante. Infranchissable. Du moins pour une personne n'ayant pas subit l'abandon, la torture, l'expérimentation. Hermione ignorait ce que le docteur fou lui avait injecté, mais elle se sentait plus forte, le soir sa magie l'enveloppait dans un cocon réconfortant et la protégeait de tout. Même des insectes. Ils brûlaient instantanément à son contact.

Elle passa les protections des heures auparavant, après une brève halte dans un village moldus. Personne ne la connaissait ici. Les manges-morts ne la trouveraient pas, sa signature magique changea trop en l'espace des derniers jours pour qu'ils puissent la suivre.

Au loin, elle aperçut une vieille bâtisse de bois décrépit, quelqu'un y travaillait sans doute à l'aide d'une baguette car elle nota un mouvement. Incertaine, Hermione essaya d'envoyer sa magie en reconnaissance, sans y parvenir, travailla sur ses yeux jusqu'à ce qu'il lui donne une image claire. Alors elle tomba à genou. Tenant son bras invalide contre elle, elle hurlaa de toutes ses forces pour que l'homme l'entende.

Remus !

Il n'eut pas le temps de la prendre dans ses bras, ni de lui murmurer des paroles réconfortantes, car à peine eut-il posé les yeux dans les siens qu'Hermione sombra dans l'inconscience.

Tu crois qu'elle en est devenue un ? demanda une voix lointaine.

Je ne crois pas, la plaie n'est pas noirâtre et boursoufflée comme l'était la mienne.

Cette voix, celle de son professeur, Hermione la reconnaîtrait entre milles autres. Sa magie dans son infini bonté l'avait dirigé dans la seule direction possible, vers une signature qu'elle savait être une sécurité à ses yeux : un adulte en qui elle donnait toute confiance.

Merlin Remus que lui ont-ils fait ? Je n'ai jamais vu ça.

Torture, crachota la brune en ouvrant péniblement les yeux.

La lumière agressa ses sens. Une poigne forte la força à rester couché mais étonnement Hermione passa outre et se releva. La chambre dans laquelle elle était installée était petite et confortable, les panneaux de bois censé être des murs tombaient un peu en ruine mais les draps du lit baignaient de chaleur et la fenêtre luisait de propreté. Un luxe comparé aux derniers mois.

Dans une chaise à bascule le visage inquiet de Tonks apparut. Elle posait distraitement ses mains sur le ballon de foot qui lui servait de ventre. Et près d'elle Remus était assit au bord du lit, humidifiant son front fiévreux.

Tu ne devrais pas te lever Hermione, la sermonna-t-il.

Je devrais être morte, mais j'ai pris l'habitude de ne pas faire ce que l'on attend de moi.

Fatigué, l'homme lui sourit tendrement et essuya encore un peu de sang sur son visage.

Que s'est-t-il passé ? demanda Tonks.

Alors Hermione leur raconta tous sur les derniers mois, de la mission folle de Dumbledore à l'étrange soldat sous impérium, elle n'oublia rien. Sa confiance envers les Lupin était bien plus grande qu'en n'importe qui d'autre sur la planète à cet instant. Ronald et Harry l'avaient abandonné. Ils étaient partis. N'essayaient même pas de la sauver en titillant les protections du manoir Malfoy. Ses parents ne se souvenaient plus de son existance, loin d'ici en Australie. La brune n'avait plus qu'eux. Les Lupin.

Fenrir t'a touché Hermione ? Nous avons besoin de le savoir pour la suite, argumenta Remus.

Sa femme était partie se reposer dans leur chambre, laissant un peu d'intimité au professeur et son élève. Hermione était peut-être jeune à l'époque mais pas dupe, chaque lendemain de pleine lune elle apportait un chocolat chaud au professeur Lupin, avec des friandises spécialement envoyé par ses parents. En retour Remus passait du temps avec elle, la protégeait des moqueries, agissait comme le grand-frère qu'elle n'avait jamais eu. Et elle l'adorait son grand-frère de fortune.

Il m'a griffé mais n'était pas transformé, et… Je ne crois pas que mes nouvelles capacités soient du à lui. Ce docteur a fait une expérience sur moi Rem, je me souviens de la douleur, beaucoup de douleur. James me tenait pour ne pas que je tombe, son bras métallique sur ma peau fiévreuse et je suis tombée, j'ai fermé les yeux. Quand je me suis réveillée, Narcissa et James me soignait du mieux qu'ils pouvaient, ils m'ont aidé à m'échapper et à brûler les recherches du Docteur.

Tuer serait le mot plus exact, mais l'homme n'avait pas besoin d'apprendre son crime. Remus voyait encore en elle une innocente à protéger.

C'est tout ce que je voulais savoir. Repose-toi petite louve, tu es à la maison maintenant.

Il dit ces mots, rajustant la couverture sur son corps alors que ses yeux papillonnaient de fatigue. Voilà ce que cela donnait de traverser les pays jusqu'en Irlande en 5 jours, blessée et sans manger.

Merci grand-frère

Je ne vais pas y arriver ! hurla Tonks agrippant la main d'Hermione de toutes ses forces (ayant déjà cassé celles de Remus).

Appelle Andy, ordonna la jeune sorcière soutenant l'auror jusqu'à son lit.

Tonks perdit les eaux deux jours après l'arrivée d'Hermione. C'était terrifiant. Honnêtement, elle ne se souvenait pas de tout ce qu'il se produit le jour là. Elle savait avoir invoqué de l'eau chaude et des linges propres, avoir aidé Tonks à trouver une position confortable, guider une Androméda Tonks terrifiée par l'accouchement de sa fille unique, terrifiée de la perdre après la mort de son mari une semaine plus tôt.

Hermione garda tout le monde calme, vraiment calme, car à peine Remus passa-t-il par la porte de la chambre qu'une sensation de bien être le traversa. La magie flottait dans l'air alors que la jeune sorcière et Andy aidait à mettre au monde le petit Lupin.

Hermione vit Remus déposer les fournitures sur la table de chevet et le laissa la remplacer auprès de Tonks, à quatre pattes sur le sol.

Écoute ton corps Tonks, il sait faire ça, les femmes mettaient au monde des enfants bien avant l'existance de la magie, tu peux le faire, l'encouragea Hermione.

Cinq heures interminables plus tard, le petit Edward Remus Lupin naquit. Ce fut une naissance rapide, pour un premier bébé.

Hermione, l'appela Tonks fatiguée et allongée dans son lit.

Oui ?

Remus et moi voulons que tu sois la marraine de Teddy.

Quoi ? Mais je suis peut-être…

Ils le savent chérie. Les expérimentations ont déréglé ton organisme, nous l'avons tous sentit aujourd'hui et c'est ça qui nous a permis de ne pas sombrer dans la panique. Je te dois beaucoup aujourd'hui Hermione Granger, déclara Androméda tenant dans ses bras le bébé emmailloté.

Nous avons confiance en toi. Tu as survécu à Lestrange, tu as sauvé les garçons chaque année, si quelqu'un peut prendre soin de notre enfant si nous mourrons c'est toi, nota Remus. Et puis… Tu es ma petite sœur non ?

Le sourire aux lèvres pour la première fois depuis des mois, Hermione sentit des larmes couler sur son visage. Des larmes de joie. Elle avait à nouveau une famille.

C'est d'accord. Par la magie j'accepte Edward Remus Lupin comme mon filleul. »

Hermione revient brutalement de sa rêverie, avalant un énième verre présenté par Max. Elle sentait la colère de James d'ici, il la refoulait et la remplaçait par un visage sans émotion mais elle le sentait. Il ignorait de qui Nott parlait et ça le rendait fou.

Bucky devait se conformer. Il ignora la douleur. Il joua le jeu. Ved'ma avez refait sa vie avec un autre, il le savait, mais pouvait-il lui en vouloir ? Non certainement pas. Un élan de colère le traversa, une colère contre lui-même. Il ne la méritait pas, il n'avait aucun droit de s'agacer.

Un type louche s'approcha de leur groupe, attirant l'instinct entraîné des soldats, et annonça :

— J'ai un message du patron, vous êtes pas le bienvenue Zemo.

— Je ne viens pas pour PowerBroker, mais s'il y tient il peut venir discuter avec moi.

— Qu'est-ce qu'il lui est arrivé, il est passé chez le coiffeur ? demanda le sou fifre en désignant la nouvelle coupe de Bucky.

— Et toi à ta gueule ? On lui a roulé dessus ? piqua Hermione.

Elle était peut-être fâchée contre James mais elle refusait d'entendre un tiers se moquer de lui. Sam pouffa si fort qu'il manqua de recracher son verre par le nez.

— On veut rencontrer Selby, peux-tu nous arranger ça, demanda poliment Zemo.

L'homme déguerpit devant le regard méchant des deux améliorées, il n'avait aucune envie de se mettre Mme la Ministre à dos. Personne ne voulait ça.

— Qui est Power broker ? demanda Bucky.

— Pour tout royaume il faut un roi, on a plus qu'à prier pour qu'il nous oublie.À Madrepoor il fait office de juge, de jury et de bourreaux. Soldat attaque, ordonna Zemo en russe lorsqu'une main se posa sur son épaule.

Bucky ne réfléchit pas deux fois et attaqua, replonger dans son « rôle » était facile, trop facile que cela ne devrait. Hermione demanda un nouveau verre, but, et fit un croche pied à un assaillant d'« Atout » avec un magnifique clin d'œil.

Derrière toi soldat.

POM ! L'inconscient essayant de l'attaquer par derrière se retrouva la face contre le bar complètement sonné.

— On peut dire qu'il s'est très vite remit en condition. Stop soldat, ordonna Zemo.

Sam déglutit, il aurait très bien vécu sans voir Bucky péter un fusible comme ça. Qui pouvait lui garantir que les mots déclencheurs étaient réellement désactivés maintenant ? Que le soldat d'hiver était définitivement mort ? Ved'ma apparemment. Car elle écrasa son pied si fort qu'il pensa avoir un os cassé.

Max revient, non surprit par le bordel dans son bar.

— Selby vous attend.

— Enfin ! J'ai bien cru avoir le temps de commencer un autre verre, la prochaine fois je demanderais une carte de fidélité.

— Personne ne t'oblige à boire Hermione, la rembarra Sam. Ça va ? demanda-t-il à Buck.

— Ouai, grogna celui-ci.

Visiblement il n'allait pas bien, son pauvre cerveau réfléchissait à cent à l'heure. Quoi qu'il essaye de faire, qu'importe les séances de psy, il aurait toujours cette part de lui qui correspondait au soldat d'hiver. Ça l'effrayait. Et pour couronner le tout Zemo essayait de le vendre.

— Donnez-moi vos infos sur le sérum des super-soldats, et je vous offre celui-là, avec les mots-clefs qui permettent de le contrôler bien sûr. Il fera tout ce que vous voudrez.

— J'ai bien fais d'attendre avant de vous tuer. Le sérum est ici à Madrepoor, produit par le Docteur Nagel.

— Et où se trouve-t-il ? demanda Hermione debout au garde à vous et sans aucune émotion sur le visage.

— Votre tête met familière.

— Vous croyez ? ironisa-t-elle.

— Quoi qu'il en soit les brides d'informations sont gratuites, en totalité cependant… Inutile de vous fatiguez vous ne le trouverez jamais.

Malgré son masque d'occlumencie Hermione sentait une pointe d'inquiétude surgir de ses tripes, Zemo touchait James avec tant de désinvolture, elle avait la furieuse envie de lui encastrer le crâne dans la table en verre. Un téléphone portable se mit alors à sonner, peut-être était-elle maudite car Sam dû répondre sous l'attente de Selby et ses chiens de garde.

— Prenez l'appel, sur haut-parleur.

Le regard de Sam exprimait une pure panique alors qu'il répondait totalement hautain et hors de son comportement actuel à une dénommée Sarah.

— « Tu planes ou quoi ? demanda la femme dans le téléphone. Excuse-moi Sam je vais devoir te rappeler ».

— Sam ? Qui est Sam ? Tuez…

Selby n'eut pas le temps de finir sa phrase, Hermione lui sauta dessus et lui dévissa la tête du cou avant que n'importe qui ait le temps de dire Quidditch. Les hommes de Selby se mirent à tirer dans tous les sens mais pas avant qu'une balle en provenance de l'extérieur ne touche Selby, quiconque se trouvait dehors tentait de les aider.

— Tout le monde va croire que c'est nous, gémit Sam.

Fière, Hermione relâcha le corps de la femme tandis que les garçons s'occupèrent des autres assaillants. Discrètement elle appuya sur sa blessure, elle pouvait sentir le métal de la balle logée entre ses côtes, heureusement elle apposait toujours un sortilège protecteur sur ses vêtements, il interdisait l'accès aux corps étrangers près de ses organes vitaux.

— Alors tirons-nous de là le plus vite possible, proposa Zemo.

— Ved'ma dépêche-toi ! l'interpella Bucky alors qu'il lui tenait la porte pour sortir.

— Avance James.

Consciente du ton involontairement sec de son ami elle serrait les dents, ils n'avaient pas le temps de s'attarder sur une blessure, tous les téléphones portables des moldus commencèrent à biper donnant un prix sur leur tête. Des fusillades débutaient partout.

— À terre ! cria Zemo.

Avant qu'elle ne puisse annoncer un sort, un corps lourd la fit rouler sur le sol là où une rafale de balle tenta de l'abattre. Ses iris dorés croisèrent un océan en pleine orage. Le souffle court, tête et corps se mirent à l'ouvrage.

— Tu es blessée, s'inquiéta-t-il touchant du bout des doigts le sang à travers sa chemise. Je suis désolé.

Ses yeux éprouvaient une grande tristesse.

— J'irais bien, le rassura-t-elle.

Une nouvelle rasade de balle s'envola dans leur direction, elles se suspendirent dans les airs soudainement : une puissante bulle bleue enveloppa les deux super-soldats. Debout, Bucky proposa sa main à Hermione qui l'accepta sans hésiter, à travers elle tout son être pétillait de magie. C'était comme une brûlure très agréable. Une brûlure familière.

Les armes rebondissaient sur le bouclier, Hermione marchait avec arrogance, un sourire malin au coin des lèvres. Certains assaillants étouffèrent un cri en la reconnaissant. Personne ne souhaitait se mettre l'ex-ministre sorcière à dos, même pour 1 million de dollar, sa réputation la précédait.

— Pourquoi n'es-tu pas revenu à la hutte ? lui demanda-t-elle alors qu'ils courraient pour rattraper Sam et Zemo.

— J'avais obligation de rester sur le territoire américain pour la durée de mon traitement psychiatrique.

— Toi tu vas chez un psy ? Putain James tu es le pire patient que j'ai jamais eu et j'avais la magie pour te soigner, cette femme est une sainte !

— Bon les amoureux on discutera plus tard, on a d'autre chat à fouetter. Trop stylé ton bouclier invisible Hermione, tu crois que tu pourrais nous en donner ?

— C'est magique abruti, je le produis moi-même. Où est Zemo ?

Deux tirs précis mirent soudainement fin à la vie de deux types que les soldats ne virent pas, Zemo sortit alors de l'ombre essayant pathétiquement d'imiter le tournoiement de cape d'Hermione. Snape serait tellement fière de voir que seul sa plus fidèle élève parvenait à reproduire son mouvement de cape !

— Ici… On dirait que vous avez un ange gardien, messieurs dame.

Bucky allait répliquer une phrase bien sentit lorsqu'un nouvel ennemi s'approcha, revolver en l'air. Il sentait déjà le bouclier invisible de la louve noire devant eux, qui que ce soit Hermione était prête à le recevoir avec les honneurs.

— C'est mon jour de chance je crois, votre arme Zemo ! déclara une blonde familière.

— Sharon ?

— J'ai tout perdu par votre faute.

— Sharon attendez quelqu'un a recréé le sérum de super-soldat, on a besoin de lui pour le retrouver, tenta Sam.

— Ce qui explique ce bordel, et la mort de Selby.

— Sharon qu'est-ce que vous faîtes là ? demanda plutôt Bucky.

Pendant que la blonde émettait son petit spitch, Hermione se força à ne pas lever les yeux au ciel. Quelle dramaturge ! Si ce n'était pas Sam qui la retenait par le bras, elle serait partit depuis bien longtemps. La pauvre chérie n'avait plus de contact avec sa famille… La sienne l'avait jeté dehors ! Son pays tout entier d'ailleurs l'avait jeté dehors… Elle n'était pas une si mauvaise ministre pourtant.

— J'ai un appart dans la ville haute, vous y serez en sécurité, annonça-t-elle.

— Excusez-moi messieurs mais je crois que vous oubliez un détail, les interpella Hermione alors qu'ils avançaient tous les trois comme des béliers dans la direction indiquée.

— Ah oui. Sharon, Hermione. Hermione, Sharon, c'est bon on peut y aller ? demanda Sam.

— Non.

D'ordinaire Bucky suivrait le plan de Ved'ma, parce que Ved'ma a toujours un plan, mais là elle était blessée et une minuscule étincelle de jalousie vrillait son regard. Il s'abstient de tout commentaire, lui-même se retient de cogner Nott une demi-heure avant cela.

— S'il te plaît Ved'ma… Ma louve,… On doit y aller, pour te soigner au moins.

— J'arracherais la balle avec mes dents s'il le faut, je ne lui fais pas confiance.

— Ok, d'accord, nous ne te le demandons pas. Fais-moi confiance.

La tentation de se fracasser la tête contre un mur vient à Sam, et à Zemo s'il en croyait son regard, les deux super-soldats finiraient par les tuer avec leur relation « platonique ». Sharon, elle, se contenta d'observer l'étrange scène devant ses yeux. Le Soldat d'hiver toucher du bout des doigts la joue de cette inconnue. Une inconnue vachement familière d'ailleurs… Une inconnue qui passait à la télé, qui avait joué un rôle majeur dans l'harmonisation du monde après le snap et qui fut chassée de son pays dès le retour de l'ancien dirigeant. Hermione Granger.

Bonjour, bonsoir, bon week-end! Comment trouvez-vous ce chapitre ? Intéressant n'est-ce pas ? On en apprend un peu plus sur le passé d'Hermione après sa torture :) N'hésitez pas à commenter. Prenez soin de vous, bisous.

Ericaly.