Disclaimer : House of the Dragon est l'oeuvre de George R R Martin et de Ryan Condal.

Résumé : Ou trente et un morceaux de la relation fraternelle entre Rhaenyra et ses demi-adelphes [Siblings' May 2024]

Note de l'auteur : Ce recueil répond au défi Siblings' May 2024 de Nanthana. Un jour, un prompt sur le thème de la fratrie.

Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : 50 nuances de fandom méconnu (39/50) + Lion : Rhaenyra Targaryen + R - Rhaenyra + Quatre aspects de… Mary Crawley (Downton Abbey) : 2/4 Sœur aînée : Écrire sur Bellatrix (Harry Potter) ou sur l'aîné d'une fratrie

La fratrie du Dragon

Serment

-Aegon... Pourquoi t'évertuer à garder cette couronne qui ne te revient pas?

Rhaenyra essaye de comprendre : son demi-frère ne l'a jamais frappée comme étant particulièrement ambitieux. Cruel, peut-être. Alcoolique, très certainement. Porté sur le sexe, oui. Un être plus fait pour l'oisiveté que pour la gouvernance. Et pourtant, alors que leur père est mort il y a quelques jours, le voilà couronné roi alors qu'elle avait été désignée héritière, qu'en vingt ans son prédécesseur n'avait rien dit ou fait pour lui retirer ce titre au profit de son adelphe.

-Tu ne crois tout de même pas qu'il t'a choisi au dernier moment?

-Traiterais-tu ma mère de menteuse, Rhaenyra?

La reine noire a un rictus.

-Non. Je ne pense pas qu'elle mente. Elle a entendu ton nom sortir de la bouche de notre père. Mais tu n'es pas le seul Aegon de la famille. Elle aura entendu ce qu'elle voulait entendre. Maintenant, réponds-moi...

-Me penses-tu assez idiot pour croire au changement d'avis inopiné d'un mourant qui ne m'a jamais aimé?

L'amertume dans la voix d'Aegon la frappe tout autant que son étonnante lucidité.

-Père t'aimait, Aegon.

Un sourire triste naît sur les lèvres de son rival.

-Non. Il a aimé l'idée d'un fils. Puis en apprenant à me connaître, il a été déçu. Je ne suis pas toi. Je ne suis pas "son seul enfant" comme il le répétait si souvent. Je ne suis pas né de ta mère. Je ne compte pas, n'ai jamais compté. A partir du moment où je suis passé aux hommes, soit il m'ignorait soit il me criait dessus. Il a eu vingt ans pour faire de moi l'héritier de son trône, ne l'a jamais fait, l'idée ne lui a même jamais traversé l'esprit, parce qu'il ne m'aimait pas, parce qu'il n'y avait que toi dans son coeur.

-Alors pourquoi?

Parce que pour une fois dans sa vie, il s'est senti aimé. La foule qui l'acclamait, qui ne connaissait rien de lui mais l'aimait malgré tout, oui, ça l'avait senti se sentir enfin désiré pour lui et non pour ce qu'il a à apporter.

Mais surtout parce qu'il est le challenge.

Sa mère le lui a assez répété.

L'un ne peut vivre tant que l'autre survit.

Et lui, il a autant à perdre qu'elle et n'a aucune raison de croire en sa clémence : quand Aemond a été éborgné, elle a suggéré la torture pour qu'il révèle d'où il tenait l'information que ses fils étaient des bâtards plutôt que de punir ledit bâtard pour avoir pris l'oeil de leur cadet.

-Parce que si je ne prends pas ta place, tu nous tueras.

Rhaenyra se fige.

-Tu tueras Helaena, Aemond, mes enfants. Tu me tueras. Tu ne laisseras personne de notre côté. Je ne suis pas une bonne personne. Mais je ne laisserai pas les miens se faire massacrer.

-Aegon... l'idée de vous tuer ne m'a jamais traversé l'esprit!

-Menteuse! Tu voulais faire torturer Aemond, tout juste éborgné, pour protéger ton mensonge à la face des hommes et des Dieux! Ton fils a handicapé mon frère et rien n'a été fait. Pire, tu as sans doute pensé que c'était bien fait pour lui.

-J'aurais pu marcher sur Port-Réal et te faire une guerre de suite. Je viens te rencontrer, parler...

-Je ne suis pas Père, Rhaenyra. Tes paroles ne me manipulent pas comme elles l'ont manipulé.

-Mais tu ne veux pas être roi.

-Non. Je n'en suis pas digne, je ne suis pas fait pour ça, je n'ai aucun goût pour le devoir.

-Et pourtant, tu honores celui que tu as envers les tiens.

-Ce que l'on fait par amour.

Elle s'approche. Il ne recule pas.

-Aegon. Je te fais le serment que je ne tuerai pas les tiens.

-Tes promesses sont vides, ma soeur. Même si tu jures que tu ne le ferais que s'il y avait trahison, ton conseil créerait des trahisons de toute pièce pour nous mettre à mort.

-Je te jure, sur la tête de mes propres enfants, que je ne vous mettrai pas à mort. Tu n'as aucune raison de me croire, de me faire confiance, je le sais. C'est terriblement triste, dans le fond, un frère incapable de faire confiance à sa soeur mais cela est de ma faute, je n'ai jamais rien fait pour me montrer digne de cette confiance. Ce que je te demande est grand, je le sais. Mais je n'ai que ma bonne foi à t'apporter.

Il n'ôte pas sa couronne.

Mais il se rapproche.

Il lui tend la main.

Peut-être est-ce assez pour faire cesser ce conflit inutile.

FIN