Bonjour, bonsoir à tout le monde!
Merci pour les reviews que j'ai pu lire, et merci pour les mises en follow et fav.
Voici un nouveau chapitre, qui justifie pleinement le rating M sur la fic. Je préfère insister, parce que je sais que ce sera pas au goût de tout le monde. J'estime ce genre de chapitre nécessaire, et essentiel à la fic, et à la compréhension du personnage. Et c'est pas le pire qu'il y aura, déso pas déso.
Bref, en espérant vous retrouver entiers à la fin, bonne lecture.
Lorsque Mrs Winston me met enfin au lit, j'attends quelques minutes pour être sûre qu'elle ne reviendra pas avant de me laisser enfin me souvenir. Je revois d'abord mon enfance, je revois mes parents, mes vrais parents. Ils s'aimaient quand j'étais jeune. Ils m'aimaient, ils aimaient Jérémie. Mon frère. Connard. Connard. Penser à lui propulse mes pensées dans le temps, passant à tout allure mes souvenirs de vacances à la plage, de camping, de colo, d'école, de collège. Tout. Si vite. Et lui. Si faux. Il a même pu gâcher le passé. Chaque seconde en sa présence, même si elles avaient été joyeuses, salies par sa trahison. « Tu étais heureuse, oui, mais vois ce qui est venu après. Vois. ». Et je vois. Je me souviens. Je me recroqueville. L'impuissance. L'incompréhension. Être comme paralysée, incapable d'agir. Est-ce même réel ? Oui, c'est trop moche pour être un rêve. Même si c'est surréaliste. « Arrête. Arrête. Arrête. Arrête. ». Litanie enfermée dans ma tête qu'il n'a pas pu entendre et qui n'aurait rien changé. Les larmes enfin, quand il est parti, quand j'ai réalisé.
Dans mon lit à Londres, je suffoque. J'ai encore peur. J'essaye de me mordre, mes dents sont trop jeunes, ça ne me soulage pas. J'essaye de taper sur le mur à côté, mais je suis si faible. Je n'arrive pas à me calmer. Je me recroqueville encore plus, je m'enserre aussi fort que possible. Je mets la tête sous l'oreiller pour étouffer mes pleurs. Mais je sais toujours pleurer silencieusement. On oublie pas ses réflexes. Ce que mon corps n'a pas encore appris, mon esprit le sait.
Je me souviens. La solitude, au début. L'incompréhension. Je n'ai jamais parlé à Jérémie de ce qu'il s'était passé. On a fait comme si de rien n'était. Je l'ai haï. Le contact physique me révulsait. Je me suis isolée. Et surtout, je me suis haïe. J'ai commencé à me couper, ça m'aidait à m'apaiser. À me canaliser. J'étais de glace. J'agissais comme si rien ne m'atteignait, comme si je n'avais besoin de personne. Et de fait, rien ne m'atteignait, j'étais bien trop au fond, bien trop emprisonnée par ma douleur. Et puis, six mois plus tard, il est mort dans un accident de voiture. Mort banale. Et mon père à l'enterrement qui ne voulait pas savoir. Qui voulait pas m'écouter. Mes parents qui se sont déchirés. Mon père qui est parti vivre loin. Les marques toujours plus nombreuses, toujours plus profondes, sur mes bras, mes jambes, mon ventre. Ça m'allait. C'était ma façon de tenir, et d'expier. Et puis, j'ai rencontré Quentin. Penser à lui me fait oublier le reste pour ouvrir un vide énorme dans ma poitrine. Comme si il n'y avait rien. Tellement vide ! Je manque d'air. Il a tout fait pour m'aider. Il a pris le temps, il a tout appris de moi. Il m'a laissée marcher à mon rythme. Il a pris soin de moi. Et je suis morte ! Je l'ai perdu. Je l'ai perdu. Je l'aimais tellement. La douleur, la douleur est toujours là. Mais je l'avais déjà perdu avant. Trop lente à guérir, trop sombre, trop de coupures, trop de douleur. Pourquoi il aurait continué à se soucier de moi ? J'étais un poids. Il devait être joyeux. J'aurais dû mourir. Pourquoi je vis encore bordel ? Pourquoi ? Pourquoi… J'avais eu besoin de lui, je l'ai appelé avant de le faire. De me tuer. Mais il ne pouvait pas s'occuper de moi. J'ai bien fait d'avaler le poison. J'ai bien fait de sauter du toit. J'ai bien fait de le débarrasser de moi. Il peut être heureux maintenant. Il peut être libre. Et moi, il faut que je m'assure de mourir pour de bon. Il faut que je me renseigne. Je trouverai les réponses.
J'arrive pas à me concentrer, j'ai trop mal. Il faut que je me coupe. Ça ira mieux après. Je me lève. J'essaye de me déplacer vers la salle de bain, mais je ne suis pas très discrète, enfant comme je suis. Pourtant, j'atteins mon but sans réveiller qui que ce soit. Je réfléchis, fais demi-tour. Je me faufile dans le bureau de mon père, et à l'aide de sa chaise escalade le bureau. Je trouve son cutter. Je cherche les lames de rechange. Prendre le cutter pourrait se voir. Enfin, je les trouve et essaye de laisser tout dans l'état où je l'ai trouvé. Je récupère des mouchoirs, et je retourne dans ma chambre. Je n'arrive plus à me contenir. Je prends la lame et trace vite des traits de feu sur mes bras de mes mains maladroites. Encore. Encore. Encore. La douleur me soulage. La douleur me brûle. Mais la douleur m'est vitale. Je me calme néanmoins assez vite, comme sortant du brouillard. Je suis un enfant de trois ans putain ! Comment je vais dissimuler ça ?
« Certains paradis sont des mirages
Parfois tu te perds au détour d'un virage
Tu ne reconnais plus ton propre visage
Tu te retournes pour observer ton sillage
Quand ai-je donc perdu ma voie ?
Pourquoi fallait il que je me confie à toi ?
J'aurais mieux fait de suivre ma loi
Plutôt que d'écouter l'espoir auquel tu crois »
-SMS envoyé par Aurore Berger à Quentin Lemage le 05/08/06-
Voilà voilà. Assez embrouillé, peut-être, mais plein d'informations et d'indices. Il me tarde de voir vos réactions, pour ceux qui me les écriront.
Sur ce je vous laisse, et vous dit à la prochaine (bonne nouvelle, encore un chapitre aussi court, puis ça va se rallonger un peu!)
Signé: un panda ninja
