Salut les gens!
Bienvenue dans ce nouveau chapitre comportant une ellipse temporelle! Ma SI grandit enfin (un peu). En espérant que ce chapitre, bien que court, vous plaise^^
Le prochain devrait être plus long.
Merci titietrominet27 et lolipop62150 pour vos reviews! J'ai pas répondu parce que je ne veux pas spoil, mais c'était sympa à lire.
ENJOIE!
À la lumière du matin, je me dis que j'ai eu tort de m'inquiéter. Mes coupures, qui me semblaient hier si nombreuses et assez profondes, sont déjà presque effacées. Je suis surprise, mais ça m'arrange. Je devais juste être fatiguée... Je me débrouille tout de même pour m'habiller avant l'arrivée de ma... génitrice, pour m'assurer qu'elle ne voie rien. La journée se passe sans encombre. Les semaines qui suivent aussi, même si je me coupe encore à de nombreuses reprises. Mais grâce à ça, je tiens le coup.
En revanche, mes recherches visant à comprendre ma résurrection n'avancent pas vraiment. Même si les adultes autour de moi commencent à me considérer comme une enfant extrêmement mature et précoce, ma liberté de mouvement est quasi-inexistante. Personne ne s'attend à me voir utiliser l'ordinateur, ou plongée dans un livre sur le bouddhisme.
Vient le moment où il est question de m'envoyer à l'école. Je tiens une journée, puis refuse d'y remettre les pieds. C'est ainsi que je commence à prendre des leçons avec un précepteur, payé par mes parents. Je cache bien sûr l'étendue de mes connaissances, mais pas complètement. Je développe mon vocabulaire en anglais, je commence à apprendre l'espagnol, que je n'avais jamais appris mais toujours voulu apprendre. Mon précepteur a pour consigne d'aller vers les domaines qui m'intéressent. Mon corps apprend à écrire, et c'est un vrai soulagement pour moi de pouvoir recommencer à créer des poèmes, que je brûle inévitablement pour ne pas que quelqu'un ne les découvre, d'autant que j'écris beaucoup en français, langue que je ne suis pas supposée connaître.
Les cicatrices se multiplient sur mon corps comme les jours et les nuits de ma seconde de vie. La douleur, compagne fidèle, met la sourdine, étouffée par la routine mais ne s'affaiblit pas vraiment. Et me dire que mourir ne me tuera pas forcément ne fait que renforcer ma sensation d'étouffement. Je suis prisonnière dans ma tête, prisonnière de mes souvenirs.
Une douleur nouvelle s'ajoute d'ailleurs rapidement à celles des souvenirs mille fois ressassés. Quentin me manque. Alors que je grandis seule, je pense souvent à lui. Culpabilité, amour, regrets, douleur du rejet. Avec lui, j'avais déjà du mal à tenir. Et à présent, seul le silence m'habite. Je suis insensible à tout, sauf à la souffrance. J'ai perdu mes sentiments à nouveau, et à vrai dire c'est un soulagement. Pourtant, quand je pense à lui, alors le vide en moi prend presque sa forme, celle de nos souvenirs heureux. Des fois je préférerais presque penser à Jérémie. Une fois que j'ai trouvé le mot de passe de l'ordinateur je passe de nombreuses heures à rechercher son nom, et celui d'anciennes connaissances, affamée de la moindre bribe d'information. Je ne trouve pas grand-chose, à part le numéro de fixe de ses parents, car il est assez discret. Je ne me souviens pas de son numéro de portable, et cela m'épargne de longues heures à me torturer l'esprit pour savoir si je l'appelle ou pas, juste pour entendre sa voix. La tentation me prend, évidemment, d'appeler chez ses parents. Mais je n'y cède jamais et je sais qu'il vaut mieux pour nous deux que je n'essaye jamais de reprendre contact.
Malgré tout, je vis des moments que je dois bien accepter comme supportables, à défaut d'être joyeux. J'ai commencé très tôt l'escalade, j'en fais régulièrement dans un gymnase de l'autre coté de la ville. J'aime me concentrer sur le mur, et être en hauteur. Je me sens presque plus à l'aise dans les airs. C'est aussi le seul moment où je fréquente des humains autres que Mrs Winston, mon précepteur ou mes parents. Je ne me lie à personne, et je suis la plus jeune du cours, mais je crois que quelque part ça me fait quand même du bien. J'exploite mon âge apparent pour aller explorer des chantiers, maisons abandonnées ou juste escalader des bâtiments. Je me fais prendre une ou deux fois, parce que je prends plus de risques que je l'aurai fait avec mon apparence originelle, mais je peux me le permettre, parce qu'il me suffit de pleurer un peu et d'avoir l'air perdu pour m'en sortir. Je trouve assez jeune un moyen de sortir en douce par la fenêtre en utilisant une corde et une poignée autobloquante que j'ai volés à l'escalade. J'aurai préféré les acheter, mais je n'ai pas d'argent. Alors, je considère ça comme un emprunt en attendant d'avoir les moyens d'en acquérir. J'apprends aussi à skier, mes parents m'amènent avec eux en Autriche, quand ils ont compris que j'aime le sport. Le sport… D'une part j'aime la fatigue physique, ressentie d'autant plus dans mon corps d'enfant, et d'autre part je souhaite forger mon corps, peu importe le temps que je l'habite, pour pouvoir le maîtriser, grimper, voler… Rêve d'un contrôle parfait de mes mouvements, de souplesse et d'harmonie dans mes gestes, loin du chaos de mon esprit.
« Survivre n'est pas vivre, tu ne dois pas te contenter d'exister » Pourquoi il est pas content de ça déjà ? Je croyais qu'il voulait pas que je meure, tout ça. Je fais ce que je peux. Il me faut du temps… Ou bien peut-être qu'il a raison, et que ça sert à rien. Et si je ne peux pas vivre, je peux tout aussi bien mourir. « Je tiens à toi » Pourquoi ? Je ne lui apporte rien… Et je sais pourtant qu'il m'est cher. Pourquoi je dois encore m'attacher aux gens ? Pourquoi à chaque fois je me fais avoir ?
-Extrait d'un carnet d'Aurore Berger, quatre mois avant sa mort.-
Voilààààà, c'est tout pour cette semaine. Grâce à mon timing de tarée je crois que le chapitre le plus important de cette première partie va tomber pour Noël... Pas sûre que ça soit un bien xD
Voilà, laissez moi des mots doux (aussi connus sous le mots de reviews), et à bientôt!
Signé: Une théière originale.
