Bonjour mes petites méduses arc-en-ciel!

Un petit dernier chapitre court, avant l'apocalypse... MOUAHAHAHAHAHAHAHAHNIEHEHEHEHEHE

Faut que j'arrête de me marrer, mon perso va douiller mais bon...

Merci pour vos reviews, et vos mises en follow/favs.

Et bienvenue dans ce chapitre où mon perso va devoir se... sociabiliser...

Enjoie, bande de pastèques fourbes!


Août 2013. J'ai six ans. Ou vingt-trois, si on compte mon autre vie, mais je ne me sens pas adulte. Mon évolution est figée, bloquée dans mon obsession de trouver une réponse et d'en finir. Je suis une enfant taciturne, sombre, et redoutablement intelligente. Les adultes sont mal à l'aise en ma présence, même mes parents ont fini par être contaminés. Leur affection hésitante est gênante, même pour eux. Ils ont l'impression que je leur échappe, alors qu'ils ne m'ont jamais eue. Il me sentent différente, et ça les dépasse.

J'ai grandi seule. Mes théories folles, mes recherches compulsives, n'ont pas donné de résultat probant. Je commence à être à bout de patience. Chaque jour je crois me rapprocher de la folie. J'envisage de plus en plus de laisser tomber et d'essayer de me tuer, pour voir, vais-je me réincarner à nouveau? Pourtant, je ne le fais pas, pas encore. Par crainte. Et aussi parce que ma situation pourrait être pire.

Cette semaine, mes parents m'envoient en colonie, sur un petit îlot près d'une ville côtière. Une colo d'une semaine, pour les enfants "difficiles", ou "différents". Une façon comme une autre pour les parents aisés de se débarrasser de leur progéniture pour quelque temps tout en gardant bonne conscience. Apparemment, ils pensent que fréquenter des enfants de mon âge (et issus du même milieu que ma réincarnation) pourrait m'être bénéfique. Oh, ils ne me considèrent pas comme folle ou malade. Mais il y a ce je-ne-sais-quoi en moi (enfin, moi je sais quoi, eux non) qui les met mal à l'aise et les effraie.

Moi, je ne m'attends pas à grand chose, mais après tout j'ai toujours aimé voyager, alors pourquoi pas changer d'air... Au moins j'aurai plus Mrs Winston sur le dos. Elle est gentille, mais apparemment imperméable à mon aura qui lui hurle à chaque instant "dégage et essaye même plus de me toucher connasse!" (oui, mon aura est vulgaire). Arrivée à la colo, je suis la plus jeune (mais certainement pas la plus immature). Nous sommes une quinzaine de colons, entre six et quinze ans. Deux adultes et un cuisinier sont chargés de nous encadrer. Ils nous expliquent à notre arrivée que nous allons être très libres. Des activités sont proposées auxquelles nous pouvons nous inscrire, mais sinon nous pouvons faire un peu ce qu'on veut, tant qu'on reste dans les limites du camp.

Je m'inscris à l'escalade, au jet ski (un de ces trucs que je n'aurais jamais eu l'occasion de faire dans ma première vie), mais je délaisse les activités manuelles. J'aime en faire, mais pas encadrée. Nous sommes logés dans des dortoirs de quatre, mais par chance nous ne sommes que trois filles. Je m'attribue sans hésiter la couchette supérieure du seul lit superposé de la pièce et pose mon sac sur la couchette du bas, laissant les deux gamines (l'une de onze ans et l'autre de treize) s'installer sur les lits jumeaux à l'autre bout de la salle. Elles m'ignorent, me trouvant trop petite pour leurs discussions "de grandes" et trop peu causante. Ça m'arrange, parce que je n'aurais pas la patience de leur parler.

Une fois mes affaires installées je récupère mon cahier bleu avant de rejoindre le réfectoire où nous sommes censés assister à une réunion de bienvenue. J'ai ce cahier depuis six mois déjà, et il ne me quitte jamais. J'ai couvert les pages de poèmes, surtout écrits en français, dans mon écriture encore malhabile, et surtout codée afin que je puisse être la seule à comprendre. Je l'ai bricolé pour pouvoir accrocher un stylo, et je dissimule quelques lames de rasoir dans la couverture. Autant dire que je veille de très près sur ce carnet, qui est l'un de mes deux biens les plus précieux, le deuxième étant un petit poignard volé dans le manoir d'un grand oncle et que je garde toujours accroché à ma cheville.

À la réunion de bienvenue, je découvre les autres colons. Outre mes deux colocataires il y a des cousins, Arthur et James Clifford (dont la famille fait partie de l'aristocratie anglaise) respectivement âgés de douze et treize ans, une espèce d'épouvantail gothique de quinze ans et une poignée d'autres à qui je ne prête même pas attention âgés de huit à quatorze ans. Nous suivons docilement nos moniteurs qui nous font faire le tour du camping quatre étoiles, nous indiquant les limites. Outre ce territoire, nous sommes autorisés à descendre à la plage en contrebas si nous sommes en groupe, mais pas à nous baigner. Il y a une piscine dans le camping que nous sommes autorisés à utiliser librement si nous réussissons un test de natation concocté par les moniteurs. Je décide de passer le dit test de dès que possible, et d'ignorer les consignes en ce qui concerne « rester en groupe pour descendre à la plage ». Je vais pas me mêler à ces gamins.

Enfin, peut-être vaguement aux plus grands, si c'est absolument nécessaire.

Par chance, dès le début d'après-midi, on peut faire le test, que je réussis sans difficulté. En effet, j'ai appris à nager très tôt, et l'escalade a donné un peu d'endurance à mes muscles d'enfant. En me rhabillant, je me dis que ce corps n'est pas si mal. En bonne santé, musclé sans outrance (je tiens à ne pas détruire ce corps en faisant trop de sport), fin sans être maigre (ça aide d'être déjà consciente de l'importance d'un régime sain à trois ans), bronzé. Des yeux verts, des cheveux noirs et raides coupés court, qui ressemblent à ceux de mon ancien corps, sauf en ce qui concerne la couleur. Des cicatrices, aussi, mais plutôt discrètes. Mon corps en pleine croissance les efface vite. Heureusement d'ailleurs, je n'aurais pas pu toutes les dissimuler pour toujours et les excuses "C'était un chat" ou "Je suis tombée dans les ronces" ont des limites.

Les premiers jours de camp se déroulent tranquillement. On fait de l'escalade, et je me retrouve en trinôme avec les cousins Clifford, James étant le seul à part moi à savoir grimper. Comme je suis trop légère pour l'assurer, par contre, c'est à son cousin Arthur de s'en charger. Il est un peu étrange, d'ailleurs. Il paraît dérouté par ce qui l'entoure, et arrête pas d'échanger des chuchotements avec son cousin. À part ça, les deux garçons me sont plutôt sympathiques, surtout James, qui est assez casse-cou, et qui malgré une réticence due à mon âge apparent finit par se lancer dans des défis avec moi. Qui tiendra la tête sous l'eau le plus longtemps? Qui grimpera en haut du mur les yeux fermés le plus vite? Qui fera le plongeon le plus stylé à la piscine? Arthur ne lâche pas James d'une semelle, et s'essaye aussi à nos défis après que je lui aie fait remarquer que même une gamine de six ans pouvait les relever.

Le troisième jour, alors que je traîne sur la plage, ayant échappé à la vigilance toute relative de nos moniteurs, je vois un phare qui a l'air abandonné. Il n'y a personne autour, à part les cousins. J'hésite un instant avant de les interpeller. Bon gré, mal gré, je les convaincs de me suivre. Je ne fais pas ça parce que je les aime bien, même si ça joue un peu. C'est surtout pour éviter qu'ils racontent tout aux moniteurs. On marche pendant une bonne dizaines de minutes avant d'atteindre notre but. Le phare mesure une trentaine de mètres de hauteur, et avec ma taille d'enfant c'est d'autant plus impressionnant. Il est constitué de vieilles pierres, un peu descellées. On tourne autour du bâtiment, et je repère une fenêtre cassée, toute petite, à deux mètres du sol. Arthur me fait la courte échelle, et je me glisse dans l'ouverture, me coupant au passage au bras sur un éclat de verre.

J'atterris à l'intérieur sans trop de dommages, mais un peu déséquilibrée. Il fait assez sombre, mais j'arrive à distinguer quelques débris au sol, et à me diriger vers la porte. Une barre la bloque, que je retire, puis j'essaye d'ouvrir. La porte bouge un peu, mais tient bon. Je suis trop faible. Arthur et James me demandent ce qu'il se passe, et je leur dis d'enfoncer la porte. Je m'écarte un peu, et après une hésitation ils essaient, sans trop de conviction. La porte cède presque immédiatement et les garçons me rejoignent. Pendant qu'ils s'habituent à l'obscurité, je me dirige vers l'escalier à demi en ruines qui monte vers les étages. Je m'y engage sans trop hésiter, et les autres me rejoignent non sans avoir un peu protesté. « Dangereux »... Si ils savaient...

Il y a une salle à mi-chemin du sommet, dont le plancher de bois vermoulu ne paraît pas fiable. Heureusement, je suis légère. Je recommande aux autres de rester collés aux murs, et m'engage la première dans la salle. Arthur attrape mon bras, et demande

« On ne devrait pas s'arrêter là ? Ça n'a pas l'air solide…

-Fais ce que tu veux, fais-je en me dégageant. Moi, je continue, la vue doit être belle au sommet. »

Il n'insiste pas, se contentant de lever les yeux au ciel, et les deux cousins me suivent. Le sommet du phare est un peu effondré, et le haut de l'escalier est un tas de décombres. La lampe est cassée, tout comme les vitres qui devaient protéger du vent les personnes qui travaillaient ici par le passé. Je m'approche du bord, heureuse du vent qui siffle dans mes oreilles. Je ressens presque l'appel du vide, je me souviens de quand j'avais peur de sauter. Je n'ai rien senti en m'écrasant au sol, en mourant. Ou je ne me souviens plus. Je pense que ça m'a guérie de l'appréhension spontanée que je ressentais, avant, à l'idée de sauter dans le vide sans qu'il y aie de l'eau en dessous. La vue porte loin. Une exclamation catastrophée d'Arthur me tire de mes pensées.

« Vivian, tu saignes ! » Il montre mon bras et effectivement, il y a une belle entaille dessus. Je me souviens de quand je me suis coupée en entrant. Je hausse les épaules.

« C'est rien, je survivrai.

-Il faut te soigner !

-T'inquiète, tu verras quand j'aurai nettoyé à l'eau de mer, c'est pas grand chose ».

Arthur semble sceptique, mais ne dit rien. James hausse les épaules en me traitant d'entêtée, mais je crois les avoir involontairement un peu impressionnés. Nous restons encore quelques minutes en haut avant de redescendre prudemment. Nous ressortons en essayant de remettre la porte correctement pour ne pas qu'on voie que le phare est libre d'accès.

Je nettoie ma blessure à la va-vite tout en échangeant quelques plaisanteries avec les cousins. Ils ne sont pas super matures, mais je fais avec, et ils semblent oublier mon âge supposé, ce que j'apprécie. Je refuse le moindre bandage, préférant laisser la coupure à l'air libre. Elle a arrêté de saigner de toute façon. Je dis aux cousins de raconter que je suis tombée sur un rocher pointu si quelqu'un pose une question. Nous arrivons juste à temps pour le repas, que nous partageons, assis à la même table. Je décide qu'Arthur et James feront des passe temps décents pour le reste de la colo. Et puis, peut-être que je réussirai à découvrir ce qu'ils cherchent à cacher ? Des secrets d'ados, sans doute. Mais mon instinct me souffle que ces gamins sont intéressants.

Danser avec les nuages

Aller gravir le ciel

Enlacer ses mirages

M'enivrer de son miel

S'éveiller dans la nuit

Quitter les lieux clos

M'enfuir ou je puis

Ne pas éclater en sanglots

Étoiles froides et brillantes

Vide intersidéral et béant

Obscurité rassurante

Me fondre avec le néant

-Extrait d'un carnet d'Aurore Berger, 14/10/06-


Voilà, j'espère que ça vous aura plu^^

Que sont ces secrets cachés par les cousins? Vivian serait-elle humaine?

Vous trouverez des réponses, et bien plus encore, en attendant les chapitres suivants!

Revieeeeews?

à la prochaine,

Singé: Un poulet dévergondé