Hello,
Je viens de subir beaucoup trop de crises cardiaques à mon goût (j'ai cru que j'avais perdu tous mes écrits, puis tout ce chapitre), voici enfin un nouveau chapitre! J'ai bon espoir de parvenir à poster un peu plus souvent dans les mois à venir, mais je ne veux pas créer de faux espoirs... Par contre, je veux teaser, parce que j'aime bien, et je vous annonce donc un chapitre crucial dans deux chapitres!
Bref, celui là, comme vous le verrez, est assez détendu, j'espère qu'il vous plaira. Il me tarde d'avoir vos retours!
Merci à celleux qui prennent le temps de reviewer, c'est pour vous que je continue à publier (plutôt que de tout garder égoïstement pour moi).
Bonne lecture!
Lorsqu'on arrive au manoir, les adultes ne tardent pas à disparaître, après que la mère d'Ewald aie souhaité la bienvenue à Arthur avant de s'excuser pour sa fatigue. Nous laissons nos chaussures dans l'entrée, et je me débrouille pour transférer la lame dans ma chaussette pendant que les autres parlent, tout en faisant semblant de ranger mes chaussures.
Ewald montre à Arthur sa chambre, située dans le même couloir que les nôtres. Celle-ci est décorée, comme de juste, d'une nuance de vert (plus pâle que dans ma chambre). Le Poufsouffle laisse échapper un soupir de contentement en s'asseyant sur le lit à baldaquins près de la fenêtre. Ewald et moi prenons spontanément possession des deux fauteuils confortables disposés près d'une table basse. Je suis fatiguée, et un peu tendue, mais malgré ça s'installe rapidement une ambiance tranquille, apaisée.
« Vous avez aimé le dîner ? » demande Arthur, premier à rompre le silence.
« C'était… Intéressant » je lâche.
« Ça m'a fait plaisir de revoir Elwin, sourit Ewald
-Le plaisir était partagé, je crois, répond Arthur. Comment ça, intéressant, Vivian ?
-J'aurais aussi pu dire instructif. Qui aurait pensé qu'un futur médicomage ne sache pas vraiment ce que sont les règles ? »
Le visage d'Arthur prend instantanément une profonde nuance de rouge, et je lâche un ricanement avant de continuer.
« Mis à part cette amusante information, j'avoue que ce sont vos grand-mères que j'ai trouvées les plus distrayantes. Elles sont toujours comme ça ?
-Oh, tu devrais les voir au Magenmagot ! Rétorque Ewald, une pointe d'amusement dansant dans ses prunelles. Elles parviennent toujours à s'envoyer des piques, y compris lorsqu'elles défendent le même projet de loi. Ce qui, je dois l'avouer, se produit assez rarement.
-Ma grand-mère m'y a amené une fois ou deux, et c'était très embarrassant pour moi. Je n'ai pas le talent d'Ewald pour rester impassible… gémit Arthur. Heureusement que je n'ai pas besoin d'y aller souvent, vu que je ne suis pas l'héritier. »
La conversation dérive ensuite sur la nourriture et le début de nos vacances respectives, jusqu'à ce qu'Arthur s'exclame :
« Au fait ! J'ai des cadeaux pour vous ! »
Il fourrage dans sa malle quelques secondes, et j'entraperçois des vêtements roulés en boule mélangés à des manuels scolaires. Il faut croire que le Poufsouffle n'est pas spécialement ordonné. Pendant ce laps de temps, Ewald invoque Jamy, et lui demande de ramener son cadeau pour Arthur. Je lui dis de prendre aussi le mien, et l'elfe disparaît quelques secondes avant de réapparaître avec nos cadeaux entre les mains. Lorsque Arthur a enfin fini de chercher, nous sommes déjà prêts pour l'échange de cadeaux. Il nous tend un petit paquet à chacun, enveloppé dans du papier rouge. Le mien contient une jolie fiole de gel douche magique (apparemment, il produit des bulles de savon lumineuses lorsqu'on l'utilise) et un paquet de pansements. Je fronce les sourcils, un peu agacée par le message que ces derniers renvoient. Inconscient de mes sentiments, Arthur m'explique qu'ils sont enduits d'une potion légèrement anesthésiante qui aide les plaies à se refermer plus vite.
« C'est très utile pour les gens qui se blessent sans personne pour lancer un sort de soin autour, ou pour les plaies un peu plus profondes. Tu prendras soin de toi, d'accord Vivian ? »
Très subtil. Je lui renvoie un sourire creux. Il est heureux qu'il ne m'aie pas demandé ce que je pense de ses cadeaux, il n'aurait peut-être pas apprécié la réponse… Je suis pas fan de cosmétiques, mais au moins les bulles lumineuses peuvent être sympa. Mais les pansements, franchement… À Ewald, il a offert quelques ingrédients de potions rares, assortis d'un petit carnet enchanté pour prendre des notes, capable de recevoir une « impression mentale » pour reproduire un dessin imaginé par l'utilisateur. Ça sonne sacrément cool, et je suis d'autant plus agacée par mon cadeau. Même si ça partait d'une bonne intention. Je me sens un peu coupable de ressentir ça, mais je n'y peux rien.
Arthur ouvre ses cadeaux à son tour, après nous avoir regardé découvrir les siens. D'Ewald, il a reçu un jeu de société assez beau, comportant des gemmes de différentes couleurs à déplacer sur un plateau pour en capturer d'autres ou définir des territoires. Apparemment, c'est une sorte de mélange entre le jeu de go, et hnefatafl. Il remercie son ami avant d'enfin déballer mon propre cadeau. Il pousse un petit cri enthousiaste en découvrant le carnet que je lui ai acheté, et une partie de mon agacement s'envole devant sa joie.
« L'infirmière Lancedragon ?! Trop bien ! Merci Vivian, je l'adore ! »
Bon, après ça je me vois contrainte de subir une explication de cinq minutes sur les effets de la carte dans Dominaris, ainsi que sur toutes les cartes avec lesquelles elle synergise. Mais Arthur a l'air de sincèrement aimer mon cadeau, et ça me réchauffe le cœur.
Sur ces entrefaites, Ewald s'esquive pour aller dire bonne nuit à sa mère. Je suis un peu mal à l'aise de rester seule avec Arthur. Je n'ai pas été très réglo avec lui, et avant ma tentative de suicide il ne voulait même plus me parler. En plus, j'ai réalisé ce soir que je le connaissais vraiment mal : je ne savais même pas qu'il avait un frère! Néanmoins, je n'ai pas le temps de trouver d'excuse pour partir, moi aussi, parce qu'il prend la parole.
« Je suis content d'avoir enfin rencontré la mère d'Ewald. Elle a l'air très gentille.
-Elle l'est, je souris. En tout cas, elle a fait de son mieux pour que je me sente à l'aise ici.
-Contrairement à lady Easton, je me trompe ? »
Le changement de sujet m'arrange, étant donné que je ne sais pas ce qu'Arthur sait exactement de la mère d'Ewald. Je réponds avec franchise :
« Je ne sais pas trop sur quel pied danser avec elle.
-Comment ça ?
-La plupart du temps, on dirait que ma présence l'indiffère, au mieux, ou l'exaspère. Sauf que juste après, elle fait une remarque qui pourrait passer pour un compliment, ou elle dit à sa fille de m'offrir des vêtements de sang-pur ! »
Arthur rigole un peu, puis reprend un air sérieux.
« C'est vrai que son comportement m'a un peu surpris. Je ne l'ai pas rencontrée très souvent, mais la seule personne que je l'avais entendue complimenter jusqu'à présent, c'était Ewald, et jamais en sa présence. Enfin, sans vouloir te vexer, je crois que c'était surtout pour embêter ma grand-mère.
-C'est aussi l'impression que j'ai eue » je soupire.
Nous restons quelques instants dans un silence un peu plus confortable, avant que je demande, un peu hésitante :
« Tu es proche de ton frère ? »
Arthur a l'air un peu surpris, hausse les épaules, puis répond :
« Il est beaucoup plus âgé que moi, on a pas beaucoup passé de temps ensemble, vu qu'il est entré à Poudlard avant que je ne sache parler… Mais on discute davantage ces derniers temps, c'est souvent très intéressant ! Pourquoi cette question ?
-Je ne savais même pas que tu avais un frère. »
Je me mordille la lèvre, incertaine d'avoir envie de dire la suite, mais je le poursuis quand même :
« Je n'ai jamais vraiment pris le temps de te connaître. »
Et je le pense vraiment. Une part de moi se sent coupable, même si je connais les raisons qui m'ont poussée à ne pas poser trop de questions. On est censés être amis. Même quand j'allais mal, dans mon ancienne vie, j'avais pris le temps de m'intéresser à ceux qui m'entouraient, même si ça me servait aussi à détourner l'attention de moi. Alors qu'Arthur, je l'ai surtout traité comme un insecte agaçant.
« Tu as toute la vie pour apprendre à me connaître ! C'est pas comme si j'allais disparaître dans les jours à venir… Et toi non plus ! »
Toute compassion que j'aie pu éprouver pour Arthur fond comme neige au soleil. Il ne peut pas me lâcher avec ça ? Je ne prends néanmoins pas la peine de commenter, ça ne servirait à rien. C'est lui qui reprend la parole, après m'avoir laissé le temps de le faire.
« Je parle peu souvent de mon frère, de toute façon. Comme je te disais, on se voit très peu. Il est souvent bien occupé avec sa charge d'héritier. Mon père préfère s'occuper de la gestion des domaines et ma mère délègue à Elwin la plupart des décisions familiales. Il est doué pour ça, et ma grand-mère cherche à le pousser encore davantage. Toute la famille veut en faire un grand politicien.
-Ça fait beaucoup de pression, non ? »
Arthur a un petit rire nerveux.
« Honnêtement, je ne sais pas. Je n'arrive pas à me le représenter, et je suis bien content qu'il soit là. Il ne se plaint jamais en tout cas, et je crois qu'il aime ça. Il est très ambitieux. Il était à Serpentard, comme grand-mère.
-Ça veut dire quoi pour toi, qu'il soit héritier ? Je ne suis pas vraiment familière des mœurs des sang-purs. »
Ça m'intrigue depuis quelques temps, déjà, et je me demande qu'est-ce que ce rôle implique, exactement. Ewald lui-même est, si j'ai bien suivi, l'héritier de deux familles sorcières, ce qui a probablement eu un gros impact sur sa construction et explique sans doute beaucoup de son comportement.
« Hmmm… Ça veut principalement dire que je n'aurai sans doute jamais de décisions importantes à prendre pour ma famille, sauf si Elwin meurt ou m'en délègue la responsabilité. Lorsqu'il sera officiellement Lord Clifford, c'est lui qui gérera la fortune familiale, même si une certaine part m'est réservée. J'ai le droit de siéger au magenmagot, mais pas de voter pour notre famille. Pour lui, c'est un devoir, même si c'est encore ma mère qui vote. Si je décide d'épouser Cian, je devrai lui demander l'autorisation, si nos parents ne sont plus de ce monde. »
Il doit me voir froncer les sourcils, car il enchaîne très vite :
« Ne t'inquiète pas, c'est surtout symbolique de nos jours, pour l'apparat, même si il refusait ça ne m'empêcherait pas de me marier ! C'est juste une tradition.
-Vous avez beaucoup de traditions plus ou moins stupides, vous les sang-purs. » je lâche.
Arthur agite les bras devant lui en signe de dénégation avant qu'un sourire malicieux éclaire son visage.
« Heureusement que ni lady Easton, ni ma grand-mère ne sont là. Tu baisserais gravement dans leur estime. »
Je ricane, mais lui balance quand même un coussin pris sur le fauteuil d'Ewald pour le faire taire.
C'est pour ça que lorsque le Serpentard arrive dans la pièce, Arthur est recroquevillé, mort de rire sur son lit alors que je le tabasse à coup d'oreiller ayant juger que le premier n'a pas servi de leçon. Il hausse un sourcil distingué devant la scène et je lâche mon coussin d'un air innocent. Je dois être vraiment fatiguée pour m'être laissée aller ainsi. Ni Arthur (qui reprend péniblement son sérieux), ni moi ne commentons la scène et Ewald renonce à comprendre.
Je profite de son arrivée pour aller prendre une douche. Je viens de me souvenir que j'avais sommeil, et aussi deux lames toujours dissimulées à des endroits stratégiques. Je me débarrasse de celle qui était dans ma poche en récupérant des vêtements propres dans ma malle. Pour la deuxième, ça risque d'être plus compliqué. Je suis forcément surveillée par un elfe de maison et je ne peux pas me permettre de faire quoi que ce soit de suspect. Si Ewald pense qu'il y a le moindre risque que je sois armée, il lancera un accio et ce sera fini. Du coup, je marche vers la salle de bain avec la lame pour me tenir compagnie. Bien sûr, Ewald m'attend devant la porte.
« Tu n'avais pas besoin d'abandonner Arthur pour moi, tu sais ?
-Je me suis dit que tu préférerais que je vienne seul. »
Certes.
« J'aurais préféré que tu ne viennes pas. » je réplique néanmoins.
« On reparlera de tes préférences le jour où je pourrai être certain que tu survives à ta douche. » répond Ewald.
Il me le dit sans hostilité, et je ne prends pas la peine de répliquer. J'ai un peu mauvaise conscience en sentant la lame contre ma cheville, mais dans le même temps je ressens une certaine fierté à le berner.
Je me douche rapidement. Ma fatigue augment et je suis trop consciente de la présence d'Ewald. Notre connexion est ouverte, comme d'habitude, et j'essaie de ne pas trop lui transmettre mes ressentis. Je suis toujours agacée par la remarque de la grand-mère d'Arthur quant à mon absence de baguette, et j'ai un reste du sentiment d'abandon que j'ai ressenti en le voyant discuter avec le frère d'Arthur sans rien m'expliquer tout à l'heure. J'hésite à me couper, mais vu mon humeur j'ai peur d'abuser. Je ne suis pas sûre qu'il ne le remarquerait pas, si je perdais le contrôle. Il devient beaucoup trop perspicace à mon goût dans ce domaine. Je ne peux pas prendre le risque de perdre mes lames.
Un peu tardivement, je me souviens que je dois laisser mes vêtements sales sur le sol pour que les elfes de maison s'en occupent, et je n'ai pas de poches dans mon pyjama. En désespoir de cause, je décide de dissimuler la lame sur ma langue, après quelques tests. J'arrive à parler, c'est juste un peu risqué. Moins en tout cas que de chercher à la cacher dans ma main jusqu'à arriver dans ma chambre.
Le trajet vers celle-ci s'effectue en silence, par chance. Ewald semble plongé dans ses pensées, et j'imagine qu'il y a de quoi. J'aimerais lui dire quelque chose, je suis sûre qu'il pense à sa mère, mais je ne sais pas vraiment quoi. Et puis, ce serait de la provocation que de tenir une conversation avec lui tout en lui dissimulant la lame. J'aime cette idée. Elle plaît à mon esprit fou, à la partie de moi que tout cela amuse, qui a fait de mes pulsions autodestructrices un jeu. Mais je ne jouerai pas ce soir.
Une fois dans ma chambre, je prétexte devoir ranger mes cadeaux pour glisser ma lame dans ma malle. Ewald propose de rejoindre Arthur, mais je décline l'invitation. Ils vont sans doute jouer au Dominaris, très peu pour moi. Et je n'ai pas très envie de discuter non plus, même si j'ai l'impression que peut-être je devrais parler à Ewald. Si j'y réfléchis, probablement à Arthur aussi, il y a tellement de non dits entre nous, je l'ai tellement repoussé… Mais même si ça me fait éprouver un reste de culpabilité, ce n'est pas le moment. Le Serpentard me souhaite une bonne nuit et me laisse tranquille. Je devrais être contente, mais je ressens une sensation de rejet, alors même que c'est moi qui ai décidé de m'exclure, et qui ne lui ai rien dit alors qu'il prenait du temps pour moi. Bon, pour me surveiller, certes. Mais je suis assez lucide pour savoir que c'est moi même qui m'exclus, ici.
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Je dors mal et très peu. Je pense à trop de choses à la fois, et mon ventre est douloureux. Je sens les mots s'agglomérer derrière mes lèvres closes, et j'ai envie de pleurer. Je me retiens, néanmoins, de peur que les elfes n'alertent Ewald. Je n'ai pas envie de le déranger. Je n'ai pas envie qu'il me demande ce qu'il y a, alors que je ne le sais pas moi-même. Ça fait mal d'avoir des amis. Ça fait mal de savoir que je les blesse autant. J'en ai marre d'être un poids. Mais ça fait mal aussi de ses sentir mise de côté, même si ce n'est pas volontaire. Ça me rappelle mon autre vie, en particulier un souvenir où depuis la file d'attente du self j'avais vu Quentin manger avec Florian et Élias, et que Quentin avait rit à gorge déployée. Il avait l'air tellement heureux que je m'étais sentie très seule. Il ne riait pas comme ça avec moi. J'avais hésité à rejoindre leur table. Je n'apportais rien de bon.
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J'ai dû finir par m'endormir, car lorsque j'ouvre les yeux il fait jour. Je me dégage de mes draps pleins de transpiration, et je respire profondément. Ma tête tourne un peu à cause de la fatigue, j'ai une furieuse envie de me couper, mais à part ça tout va bien. Je m'habille rapidement sous les draps et ne résiste pas à l'envie de glisser une lame dans ma poche. Je la dissimule dans un paquet de mouchoir pour éviter qu'elle ne tombe par mégarde, le tout en restant sous les draps bien entendu.
J'arrive au salon à peu près en même temps qu'Arthur, qui a encore l'air tout ensommeillé. Ewald et sa mère sont déjà en train de manger, tranquillement, et je m'assois à côté du Serpentard en les saluant. La mère d'Ewald me fait passer un verre de lait machinalement, tout en demandant à Arthur ce qu'il aime manger au petit-déjeuner. L'ambiance est paisible, chaleureuse. Ewald a l'air un peu fatigué, et je me demande jusqu'à quelle heure il a discuté avec Arthur, hier.
« Il fait un temps splendide ce matin, je pensais aller entretenir un peu le jardin, répond Rosemary en réponse à une question de son fils que je n'ai pas entendue.
-La neige ne gêne pas ? » je demande, intriguée
« Non, je vais surtout vérifier que les plantes aillent bien, et lancer quelques sorts. Il y a des rituels plus efficaces à certaines périodes de l'année, et je pensais utiliser la trame de celui de Yule pour tisser quelques variations. »
Arthur prend un air intéressé :
« Vous faites de la magie verte dans votre jardin ? Grand-mère dit toujours que ce serait bon pour les plantes, mais elle n'a jamais de temps, et ce n'est pas trop la tasse de thé de mes parents.
-Ah, c'est dommage. J'ai vraiment l'impression de ressentir les connexions avec les plantes depuis que j'ai commencé, et le jardin s'embellit d'année en année… Je dois avoir un ou deux livres sur le sujet, je pourrai te les prêter pour tes parents, si ça les intéresse vraiment. » elle se tourne vers Ewald, et lui demande : « Tu pourrais peut-être lui montrer un peu le jardin ce matin d'ailleurs.
-J'y pensais justement, sourit le Serpentard. Enfin, si ça te tente, Arthur.
-Carrément !
-Tu viendras avec nous, Vivian ?
-Je pense, oui. » je réponds.
Sortir me fera probablement du bien.
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Quinze minutes plus tard, tout le monde a fini de manger et de s'habiller, et nous nous retrouvons à la porte du manoir. La mère d'Ewald est déjà sortie s'occuper du jardin, et Ewald nous guide à travers les allées désormais familières pour moi, commençant par nous montrer les parties proches de la dépendance de sa grand-mère, plus sauvages, avant de se diriger lentement vers les parcelles entretenues par sa mère.
Sur le chemin, je demande à Arthur à quelle heure ils se sont couchés, parce qu'il n'a toujours pas l'air très réveillé. Je regrette bien vite d'avoir posé la question, car il commence à me raconter par le menu la partie de Dominaris qui les a tenus éveillés jusqu'au matin, et je n'arrive pas à l'arrêter.
« Et là, il a joué une crypte des ténèbres pour contrecarrer mon destrier Lancedragon, mais j'avais un combo en main, avec la pierre-qui-transcende-l'obscurité, et…
-Arthur. » je le coupe
« Oui ?
-Tu as conscience que je n'ai pas la moindre idée de ce que font ces cartes, non ?
-T'inquiète, je vais t'expliquer !
-C'est vraiment pas nécess- »
Arthur me coupe en se lançant dans des explications encore plus alambiquées, et je renonce à l'interrompre. Il me fatigue trop. Nous n'avons hélas pas encore rejoint la mère d'Ewald, mais je place tous mes espoirs en elle : peut-être que parler de magie verte fera oublier à Arthur de me torturer ?
Je sens un frôlement discret à la frontière de mon esprit. Je lève la tête vers Ewald, qui marche de l'autre côté d'Arthur. Je m'ouvre à notre lien.
« J'ai pitié de toi. » fait-il, et je sens son amusement.
Je vois qu'il me tend discrètement ma baguette dans le dos du Poufsouffle, toujours en train de pérorer sur l'efficacité du combo qu'il a utilisé contre le Serpentard. Je la prends par réflexe, incertaine de ce que compte faire Ewald. Est-ce qu'il veut que je lance un sort à Arthur pour le faire taire ? Je serais pas contre, notez bien.
« J'espère que tu te souviens des sorts que je t'ai montrés hier ! »
Je le vois pointer discrètement sa baguette vers une branche de sapin chargée de neige sous laquelle Arthur s'apprête à passer.
« Dispersion ! »
Je me jette de côté, et avant qu'Arthur n'aie le temps de réagir Ewald lance son sort (un informulé), faisant ployer la branche, la débarrassant de la neige qui la couvrait. Arthur pousse un hurlement surpris, disparaissant un instant sous le nuage blanc. J'en profite pour former maladroitement des boules de neige à la baguette, morte de rire.
« Merci » je transmets à Ewald, hilare.
Arthur ne reste pas longtemps inactif. Il émerge de la poussière neigeuse, un éclat que je ne lui ai jamais vu dans les yeux.
« Oh, tu vas me le payer Ewald ! »
C'est le moment que je choisis pour lui lancer une boule de neige qui atterrit pile dans son col, un coup de maître que je n'aurais pas pu faire exprès même en essayant. Arthur glapit.
« Vivian ! Traîtresse !
-Dis moi encore des mots doux ! » je hurle, avant de me cacher courageusement derrière un sapin. J'ai eu raison, car le Poufsouffle a repris ses esprit et une boule de neige arrive comme un boulet de canon, s'écrasant sur le tronc à quelques centimètres de mon visage. Je dois avoir l'air surpris, parce qu'Arthur crie :
« Ha ! Ne me sous-estime pas, j'ai eu un grand-frère ! »
Et là dessus, la bataille est lancée. Le tronc ne me protège pas longtemps, car Arthur utilise un sort qui fait prendre des trajectoires courbes à ses projectiles. Ewald reçoit aussi sa part de boules de neige. J'arrive à lancer quelques boules, parce que le Serpentard fait un bon boulot de distraction, mais heureusement qu'il est là. Je n'aurais jamais pensé qu'Arthur soie si… Terrifiant à la bataille de boules de neige. Il enchaîne sort sur sort, et semble capable de contrôler la trajectoire de trois boules à la fois. Même une fois que j'ai compris qu'un finite bien ciblé permet de faire retomber une boule au sol, je n'ai pas le temps d'en lancer assez pour me protéger efficacement. C'est la première fois que je vois Ewald en difficulté dans une activité qui ressemble à du duel. Oh, il esquive beaucoup, tout en restant conscient de son environnement (ce qui lui permet d'éviter qu'Arthur retourne des branches d'arbre contre lui). Mais lui aussi se fait toucher, et j'ai l'impression qu'il n'est pas aussi efficace qu'Arthur dans le contrôle des boules de neige.
Néanmoins, tout se passe à peu près bien jusqu'à ce que j'entende un cri surpris. La bataille s'arrête d'un coup, parce que ce n'est ni Arthur, ni Ewald, ni moi qui avons crié. La mère d'Ewald est là, sur le chemin, la moitié d'une boule de neige coulant encore sur sa joue. Ewald se précipite vers sa mère, l'air inquiet.
« Maman, ça va ? »
Arthur bafouille un :
« Je suis désolée madame, je ne voulais pas... »
La mère d'Ewald arrête son fils d'un geste avant qu'il n'aie pu l'atteindre.
« Je vois comment on m'accueille. Vous n'allez pas vous en tirer avec des excuses, ça non ! »
Ewald pâlit, et je me sens mal. La pauvre ! Elle n'avait pas besoin de ça ! Trois arbres se secouent brutalement, recouvrant de neige chacun de mes compagnons et moi même, et je révise mon jugement. La brute ! Qu'avons nous fait ?
Là où Arthur était terrifiant à gérer plusieurs boules de neiges à la fois, la mère d'Ewald est au niveau supérieur. Elle utilise la magie sans baguette et sa connexion aux plantes alentour pour les faire se secouer sur nous, et c'est effrayant de n'avoir nulle part où se cacher. Les glapissements désespérés d'Ewald sont parmi les sons les plus drôles qu'il m'aie été donné d'entendre, et ça ne m'aide pas à me défendre. La mère d'Ewald semble partager mon opinion, car elle rit, à gorge déployée (ce qui la rend d'autant plus flippante). Finalement, Rosemary semble penser qu'elle s'est suffisamment vengée, car elle passe à des attaques plus conventionnelles (ou peut-être est elle fatiguée?). Néanmoins, elle reste tout à fait douée en création et lancer de boules de neige. Arthur semble hésiter à l'attaquer, et il se forme entre eux une alliance temporaire, tandis qu'Ewald et moi reprenons le Poufsouffle pour cible principale. Du moins, c'est le cas jusqu'à ce que le Serpentard m'envoie une boule de neige dans la nuque.
« Hé ! » je fais, indignée
« Toujours surveiller ses arrières ! » crie mon ami, et la bataille dégénère à nouveau. Seule contre trois (même si les trois en question se mettent aussi sur la gueule), je n'arrive plus à suivre le rythme et finis par lancer mes boules de neige à la moldue, ce qui me réussit mieux même si mes mains sont très vite gelées. Poussant un juron, je réalise qu'il faut simplement que je me lance un sort chauffant, et je me réfugie derrière un arbre pour le faire. J'y parviens de justesse, juste avant que l'arbre ne se soulage de sa neige sur moi, et je pousse un nouveau juron. J'ai vu Ewald pointer sa baguette vers mon arbre.
Dès lors, je décide de me venger et prends le temps de réfléchir à une stratégie. Je pourrais peut-être lancer le sort pour faire glisser les pieds sur lui pour qu'il tombe ? Je sais que ce n'est pas forcément fair play, mais il le mérite. Je guette une ouverture, et lance le sort alors qu'il envoie deux grosses boules de neige vers sa mère. C'est à ce moment là que tout se précipite. Une vague de froid me heurte et je tombe par terre, me retrouvant ensevelie sous la neige. À en juger par les bruits autour de moi, je ne suis pas la seule. Lorsque j'émerge de l'amas de neige au-dessus de moi, je constate qu'Arthur et Ewald ont subi le même sort. Seule la mère d'Ewald est épargnée, et elle regarde un point derrière moi avec un air presque choqué. Je me retourne, et découvre la grand-mère d'Ewald, quelques pas derrière moi, qui arrive clairement de son manoir. Ewald est le premier à réagir, toujours au sol, l'air un peu sonné.
« Grand-mère ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Ça vous apprendra à vous en prendre à ma fille. » fait elle, faussement sévère. Un fin sourire, surprenant, lui transforme le visage.
« Vous devriez voir vos têtes. » ajoute-t'elle avec un ricanement, avant de soupirer.
« Je pensais me joindre à vous pour le repas, je compte sur vous pour être plus présentables dans dix minutes.
-Bien entendu, Lady Easton. Désolé du dérangement. » fait Arthur, penaud.
Je ne m'excuse pas. Je suis certaine qu'elle s'amuse comme une folle, et Arthur ne marche pas. Il court. La vieille dame entraîne sa fille par le bras, après l'avoir séchée d'un sort. Je n'entends pas ce qu'elles se disent, mais elles s'inclinent l'une vers l'autre en poursuivant leur route et j'ai l'impression qu'elles se moquent de nous. Ça ne me dérange pas, j'ai passé un bon moment.
« Et bien, j'imagine qu'on ferait mieux de se dépêcher, sourit Ewald. Bon sang Arthur, je ne savais pas que tu étais aussi doué. Il faudra que tu m'expliques comment tu peux être aussi bon alors que tu n'as pas de talent pour le duel !
-Tu sais, si tu me vexes je pourrais bien te refaire une démonstration pour m'assurer que tu as bien pris acte de ma supériorité !
-Pitié, non ! » fait mine de supplier Ewald, se redressant enfin de la neige, saisissant la main secourable de son ami Poufsouffle. « Je reconnais ton talent, tu... » ses pieds dérapent sur la neige, et il se retrouve au sol dans une position qui manque singulièrement de dignité. Oups. J'avais oublié mon sort de patinage. J'éclate de rire, suivie par Alphonse. En fait, je rigole tellement que je ne remarque qu'Ewald ne s'est relevé que lorsque son ombre passe sur mon visage.
« Vivian ? » me demande-il d'un ton très calme. Trop calme. Je sens le danger une seconde avant qu'il me demande :
« Tu aurais une idée de qui m'a lancé ce vilain sort de patinage, peut-être ? Il me semble que ce n'est pas très fair play dans une bataille de boules de neige… »
Je glapis dignement (si si je vous jure), et renonce à nier.
« Si on parle de fair play, on devrait peut-être parler de ta mère. La magie naturelle, c'était pas dans le deal ! »
Chose surprenante, mon ami rigole.
« Elle m'a traumatisé. » Lâche Arthur, qui a repris un peu de son sérieux. « Pourtant, j'ai déjà accidentellement envoyé une boule de neige sur MA mère, et c'était déjà assez effrayant.
-Je ne l'avais jamais vu rire comme ça... » soupire Ewald, l'air attendri. Je le sens profondément ému. « Je ne regrette rien. ». Je lui souris, sachant ce qui se cache derrière ses mots, soulagée qu'il semble avoir oublié mon sort de patinage. Je déchante vite néanmoins, car il reprend.
« Bien, nous devrions nous dépêcher si nous voulons être à l'heure pour manger. Vivian, rends moi ta baguette quand tu seras séchée. Et ne crois pas que j'aie oublié ta sournoiserie. Ton heure viendra. »
Un frisson parcourt ma colonne vertébrale, à moins que ça ne soit de la neige fondue. Je me dépêche de m'exécuter et abandonne ma baguette à contrecœur, sans faire de commentaires. Je sais que ce serait inutile, et je n'ai pas envie de rappeler le sujet de mon suicide à Arthur. Je n'ai vraiment pas besoin d'une discussion avec lui.
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Le repas se passe dans une ambiance détendue, sauf pour Arthur. Toujours persuadé d'avoir déçu ou offensé la grand-mère d'Ewald, il a l'air de s'être assis sur une fourmilière. Il s'excuse au moins trois fois, lui donnant du lady Easton à tout va, jusqu'à ce qu'elle lui dise sèchement :
« Enfin, jeune homme, cessez de vous excuser. Vous êtes assez vieux pour savoir ce qu'est l'humour, tout de même, non ? Il n'y a aucun mal. Ma fille n'a pas besoin de moi pour la défendre. »
Le Poufsouffle émet un son étrange de soulagement qui présente des similitudes étranges avec le bruit d'un ballon qu'on dégonfle, et la vieille dame continue.
« Rosemary m'a dit que vous vous intéressiez à la magie naturelle ? Si vous le souhaitez, je pourrai vous présenter nôtre salle de cérémonie. Il ne sera pas dit que j'ai terrorisé le meilleur ami de mon petit fils. »
Arthur accepte l'invitation avec empressement et je dissimule un sourire amusé. Ewald fait de même au moment où je croise son regard. Je me sens joyeuse et détendue pour la première fois depuis la chasse aux lucioles, et mon sourire est presque sincère.
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Je passe une bonne partie de l'après-midi à lire dans ma chambre tandis qu'Arthur accompagne la grand-mère d'Ewald dans la salle à l'émeraude. Ewald passe quelques temps avec moi, puis rejoint sa mère. Tout est paisible. Cet apaisement est presque douloureux pour moi. Quelques griffures discrètes, faites sous la couette, me soulagent un peu. Au bout d'un moment, les garçons viennent me chercher pour aller tester le jeu de société reçu par Arthur à Noël dans le salon. Le jeu est très intéressant, mêlant beaucoup de stratégie à la diplomatie et à un soupçon de chance, et je ne me débrouille pas trop mal. Nous enchaînons deux ou trois parties, et commençons à vraiment à nous habituer au jeu, lorsqu'un elfe de maison fait son apparition.
« Jamy est venu dire au jeune maître que son invité serait là dans cinq minutes. Fredy est allé prévenir maîtresse Rosemary.
-C'est parfait Jamy, merci beaucoup. Tu as fait du bon travail. Tu peux y aller. »
L'elfe s'incline bien bas avant de disparaître, et je demande à Ewald :
« Qu'est-ce qu'il se passe ? Qui est-ce que tu attends ?
-Une dernière surprise pour Noël. »
Je tourne la tête vers Arthur, qui n'a pas l'air surpris.
« Comment ça ? Qu'est-ce que vous avez encore comploté ?
-Tu le sauras dans cinq minutes. » sourit le Serpentard.
« Arthur ?
-Ne t'inquiète pas, je suis sûr que tu vas aimer ! »
C'est précisément ce genre de phrases qui m'inquiète, mais je garde mes pensées pour moi. Qu'est-ce qu'ils ont prévu ? Je n'arrive pas vraiment à imaginer. Bientôt, la mère d'Ewald nous rejoint, semblant prête à accueillir le mystérieux invité. Je n'ai pas le temps de lui tirer les vers du nez que déjà les flammes de la cheminée deviennent vertes, livrant le passage à Alphonse, qui trébuche plus qu'il ne sort de la cheminée. J'ai une montée de satisfaction égoïste : je ne suis pas la seule à ne pas réussir à rester digne en Cheminette !
« Bonjour à tous ! » lance le nouvel arrivant d'une voix joyeuse.
« Alphonse ? Tu n'étais pas censé fêter Noël avec ta famille ? Je demande, méfiante
-Surprise ! Et je te ferais remarquer que Noël, c'était hier. Aujourd'hui, c'est le jour du kidnapping ! »
Je n'ai pas le temps de demander d'autres explications, car Al' salue la mère d'Ewald amicalement, avant de s'adresser à nous tous :
« Je vous laisse préparer vos affaires pour deux jours, ok ? Prenez un sac à dos si vous pouvez.
-On va où ? » je demande, partagée entre la méfiance et l'espoir d'atterrir dans un endroit moins surveillé
« Je ne sais pas si je devrais te le dire, c'est censé être une surprise... » fait Alphonse d'un ton taquin qui m'agace un peu.
« Et je suis déjà très surprise. Maintenant, si tu souhaites que moi aussi je te surprenne, je t'en prie, continue dans cette lancée. Mais tu risques de ne pas aimer le résultat... » je réponds, d'un ton à la fois menaçant et léger. Al' déglutit, et semble considérer ses options. Ewald le regarde d'un air amusé, Arthur semble penser que j'exagère, et la Rosemary… Rosemary a l'air de trouver la situation amusante.
« On va en France, sourit Alphonse. Surprise ! Mes grands-parents nous attendent pour le repas du soir, et ils mangent assez tôt donc vous feriez mieux de préparer vos affaires rapidement !
-On va chez tes grands-parents ? Ils habitent où ? Et euh, c'est des sorciers ?
-Ils habitent vers Chartres, et oui, c'est des sorciers. »
Je dissimule mon soulagement. Chartres, je n'y suis jamais allée, ce n'est pas vers chez moi, je ne risque pas trop d'y croiser des gens que j'ai connus, et aucun lieu ne me rappellera mon passé. Al' a dû se dire que ça me ferait plaisir de revoir mon pays d'origine, je suppose. Je ne sais pas trop quoi en penser. Mais une chose est sûre, ce sera sans doute plus facile d'échapper à la vigilance de mes amis là bas qu'ici. Et mes compétences en français pourront peut-être même m'aider à m'échapper. Bref, je suis Arthur qui remonte dans les étages pour préparer ses affaires, laissant derrière Al' et Ewald discuter avec Rosemary. J'imagine qu'Ewald était au courant, en tant que responsable officiel de ma sécurité, et qu'il a déjà fait sa valise…
Arthur marche vite, comme s'il était nerveux, ou pressé de partir. Je le rattrape, pestant intérieurement contre mes jambes trop courtes, et je lui demande :
« Tu le savais, qu'on partait en France ?
-Oui » répond-il avec un sourire « Tu es contente ? »
Je hausse les épaules
« Ça va faire bizarre, je pense. Tu es déjà allé en France ? »
Arthur a l'air un peu soulagé par ma réponse, et je me demande ce qu'il redoutait. Que je ne veuille plus y remettre les pieds, peut-être ?
-Oui, une fois ou deux, toujours du côté sorcier, quand mes parents avaient des déplacements à faire pour le boulot. Mais je suis toujours allé à Paris.
-Je déteste Paris. J'y suis allée une fois, avec ma famille, et qu'est-ce que ça pue ! C'est sympa, côté sorcier ?
-J'ai beaucoup aimé ! C'est drôle comme deux capitales sorcières peuvent se ressembler, tout en dégageant une ambiance complètement différente ! Les gens portent des tenues sorcières hyper modernes, sans qu'on puisse dire pour autant qu'elles ne sont pas traditionnelles. Oh, et ils fond des barbes à papa magiques qui sont incroyables. Il y a quelques vendeurs sur le chemin de traverse, mais ils n'arrivent pas à la cheville des français !
-Les vêtements et la bouffe… Dur de faire plus cliché ! » je taquine Arthur qui rigole avant de m'abandonner devant ma chambre, parce qu'on est arrivés à notre étage.
Arrivée devant ma malle, je commence par sortir un sac à dos que j'ai pensé à amener, et j'y mets des vêtements de rechange, ma trousse (et une lame) ainsi qu'un carnet. Je regrette un peu mon carnet bleu, que j'ai brûlé lors de ma tentative de suicide, mais j'espère bientôt disparaître, moi aussi. Je rajoute deux trois trucs qui me tombent sous la main, et je ressors de ma chambre. J'hésite à descendre sans attendre Arthur, mais je décide finalement d'aller voir comment il s'en sort. Je ne regrette rien : Lorsqu'il me voit, il me demande d'un ton plaintif si je vois sa paire de chaussettes orange quelque part. Il n'est arrivé que hier soir, et sa malle est déjà dans un chaos complet, le genre que j'associe plutôt à plusieurs mois de sédentarité. J'aperçois un coin du carnet que je lui ai offert hier sous une pile hétéroclite de plumes et de sous vêtements, dont, par chance, les fameuses chaussettes oranges qu'il cherchait. Je les lui montre et il me remercie, embarrassé :
« Je m'y suis pris un peu tard pour ranger ma malle en rentrant de Poudlard, et pour préparer ce dont j'avais besoin pour ici… En plus j'ai la mauvaise habitude d'utiliser des accios pour sortir les affaires dont j'ai besoin, mais comme je ne sais pas où est passé mon encrier, je ne peux pas le faire pour l'instant. Je n'ai pas envie de me retrouver avec de l'encre partout dans ma malle !
-Bien sûr... » je réponds, l'air probablement aussi sceptique que je le suis.
Marrant qu'un bordélique comme lui soit ami avec Ewald qui est un tel maniaque de l'ordre. Enfin bon. Arthur finit par parvenir à remplir la besace qu'il a amené (et qui a l'air de contenir plus d'objets qu'elle ne devrait pouvoir contenir), et nous redescendons ensemble. Ewald sourit en nous voyant arriver, et remarque :
« Tu as fait vite, Arthur. »
Le Poufsouffle rougit un peu, et admet :
« Vivian m'a aidé. »
Le vert et argent a un petit rire, vite coupé par Alphonse qui saute sur ses pieds avec entrain :
« Vous êtes prêts ? »
Lorsque nous répondons par l'affirmative, la mère d'Ewald prend la parole :
« Très bien, suivez-moi dehors, votre portauloin vous attend.
-Merci beaucoup madame ! » répond Al'
Je vais découvrir un nouveau moyen de transport sorcier. Ô joie. J'avoue que j'appréhende un peu, car pour l'instant seuls les balais ont trouvé grâce à mes yeux. En parlant de ça, je réalise que je n'ai pas pensé à emporter le mien, et je regrette un peu. Si on passe notre temps du côté sorcier, on aura peut-être l'occasion de voler un peu, et il risque de me manquer. Et même sans ça, ç'aurait été un bon atout pour m'enfuir.
La mère d'Ewald nous guide jusqu'à un banc près de la mare, où nous attend un des elfes de maison avec un trousseau de clé a l'air ancien.
« Vous avez déjà pris un portauloin ? »
Alphonse et moi répondons par la négative, et Rosemary explique :
« Vous allez tous devoir entrer en contact avec le portauloin en même temps, au moins l'un de vous devra le tenir fermement. Avec votre main libre, accrochez-vous les uns aux autres, c'est plus sûr. À l'atterrissage, pensez à vous éloignez des autres avant de rendre le contenu de votre estomac, si ça doit arriver ! »
Encourageant. Nous suivons les instructions de la mère d'Ewald, qui nous prévient que le portauloin partira dans deux minutes. Nous nous assurons que nos sacs sont bien installés, et nous saisissons le trousseau de clés. Ewald, bien sûr, se place à côté de moi et me donne la main, avec fermeté. Nous attendons un certain temps, et je commence à avoir un peu froid à rester immobile dans la neige. Je suis un peu excitée à l'idée du voyage, et en même temps j'appréhende un peu. La mère d'Ewald s'éloigne prudemment de nous. Et, juste au moment où je commence à vraiment trouver le temps long, et à me demander si le portauloin va vraiment fonctionner, je sens qu'on commence à tournoyer. Tout devient flou. J'entends un « Yeeehaaa ! » enthousiaste et surpris échapper à Alphonse, et la main d'Ewald serrer la mienne. Nous sommes partis.
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« J'ai toujours voulu voyager. Peut-être parce que mes parents sont très casaniers, peut-être parce que je me suis toujours sentie à l'étroit, jamais à ma place. Voyager a toujours été un rêve qui à présent est devenu une nécessité vitale. Partir, pour laisser derrière moi mon passé. Partir, comme si je pouvais y échapper, comme si je pouvais oublier. Me noyer dans des milliers d'autres existences, aller de découverte en découverte, respirer de nouvelles odeurs, entendre des langues que je ne comprendrais pas. Partir comme une seconde chance. Partir, et ne dépendre que de moi-même. Tracer ma propre route avec autant de confiance que les sillons sur mes bras. Aller de lieu en lieu où personne ne me connaîtra, et en changeant me découvrir quelqu'un d'autre. »
-Extrait d'un carnet d'Aurore Berger, conservé par Quentin Lemage après sa mort-
Alors, vous avez aimé ce chapitre? J'ai adoré écrire la bataille de boules de neige! Quels sont vos pronostics pour le voyage en France? Vous pensez que ça va bien se passer?
Merci d'avance à celleux qui laisseront des reviews et des follows/favs, à la prochaine!
