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Concentration.
Une petite claque mentale, allez allez. Encore une heure à tenir...
... ENCORE une heure à tenir...
J'en peux plus. En fait, laissez-moi juste mourir ici. Tout mon corps réclame de mourir, actuellement. Ou alors c'est juste mon cerveau j'en sais rien... Tout c'que j'sais, c'est qu'il fait trop chaud dans cette salle. Qui a mis le chauffage à fond encore ?! À tous les coups c'est ce naze de Bellamy qui veut faire chier Kuzan...
Et bah j'peux vous jurer que ça marche pas. Ce prof est p't'être réputé pour se balader en t-shirt quand il fait -5 dehors, mais ça veut pas dire non plus qu'il a le sang chaud. Ou le sang-froid, j'sais plus. C'est quel genre de sang qu'ont les yetis, déjà ? Pas que Kuzan soit un yeti, bien qu'il en ait la taille... Et que sa capacité à avaler tout le fun qui peut m'habiter en l'espace de dix secondes chronos soit sûrement aussi dangereuse pour le cerveau qu'une rencontre avec un yeti sur un sommet de l'Himalaya.
J'dis ça, je sais même pas si y'a des yetis sur l'Himalaya...
Y'a des yetis sur l'Himalaya ?
... Pourquoi Kuzan me regarde comme ça, là... ?
- Est-ce que vous pensez que les yetis ont le moindre rapport avec Nietzche, Monsieur Monkey ?
... Petit zieutage sur ma droite : ah ouais, toute la classe me fixe. À côté de moi, Usopp me dévisage l'air de se dire que je vais encore me prendre une heure de colle, alors que je vois Nami au loin qui fait un magnifique facepalm.
- ... J'ai encore parlé tout haut, c'est ça ? Chuchoté-je à mon pote qui se tient droit comme un piquet à côté de moi.
Sûrement qu'il espère encore faire à peu près bonne figure, mais ma main à couper que Kuzan a déjà repéré les gribouillis qu'il essaie de planquer sous son cahier en scred. Ce mec a des yeux de lynx.
- Monsieur Monkey, reprend-il de son ton toujours aussi monotone, auriez-vous l'obligeance de me dire ce qui définit un « homme bon » ?
... Mon cerveau fondait y'a deux minutes, mais là il vient d'exploser. La dernière fois que j'ai écouté, on parlait de Dieu et maintenant on parle de jambon ?
D'homme-bon, pardon. Déformation stomacale.
- Hmmm... Un homme bon, j'pense que c'est le mec du self qui me met une double dose dans mon assiette quand il me voit arriver.
... J'suis tellement mort.
J'entends des pouffements étouffés et des ricanements plus assumés. Je reconnais la voix de Sanji qui a du mal à contenir son hilarité et j'aperçois Usopp qui se mord méchamment les lèvres à côté de moi. C'est bon de se sentir soutenu même dans sa débilité. Merci, les gars. J'pourrais presque verser ma larme si je sentais pas l'heure de colle que je vais me manger en pleine poire arriver dans trois... deux... un...
- Vous aimez vraiment passer vos mercredis en retenue, Monkey... Mais je vais tout de même vous accorder cette réponse. Après tout, cela reste votre point de vue sur la bonté humaine, aussi subjectif soit-il.
Je hausse un sourcil : sérieusement ?
- Mais vous n'en restiez pas moins hors sujet. Pour la peine, je serais ravi d'en savoir un peu plus sur votre avis à travers un petit commentaire argumenté. De disons... Quatre pages ? À me rendre pour mercredi prochain ?
... J'le déteste. Et je déteste aussi tous les traitres qui explosent de rire derrière moi.
Il reprend son monologue chiant et je soupire en notant bien le devoir improvisé dans mon agenda : si jamais je l'oublie, 'sûr que j'aurais le droit à trois heures de retenue minimum. Ou pire : une convocation des parents. Il m'avait menacé de ça à ma dernière connerie et j'suis pas sûr que je survivrais au courroux du paternel s'il doit se pointer une troisième fois au bahut en l'espace de deux mois. Il est laxiste avec moi, mais j'sais qu'y'a des limites à sa patience.
Mon regard revient sur la pendule au-dessus du tableau presque par automatisme : si j'vous dis qu'à peine six minutes sont passées depuis le moment où je disais que mon corps était en train de mourir, vous êtes chauds pour vous jeter par la fenêtre avec moi ?
J'renonce à écouter pour aujourd'hui de toute façon, c'est trop tard, j'suis déjà largué. Règle numéro un des cours de philo : si tu décroches plus de deux minutes, tu te retrouves à passer de Dieu à un bon jambon bien juteux et ça plait pas au prof.
Enfin, un truc comme ça.
- C'était quoi le truc avec les yetis ? Me demande soudainement Usopp à voix basse, un demi-sourire aux lèvres.
C'est pas mon meilleur pote pour rien celui-là : il en peut plus de moi et mes conneries autant que Nami, mais ça l'empêche pas de bien les kiffer la plupart du temps.
- J'sais plus, réponds-je avec un petit sourire. Sûrement que Kuzan a une tête de yeti ou un truc du genre.
Il se marre quand je me mets à imiter notre prof. Heureusement qu'il est occupé à écrire des hiéroglyphes au tableau, sinon j'serais fini : il pourrait croire que j'insulte son intelligence. J'le sais pourtant que j'suis sur la sellette, mais j'peux pas m'en empêcher. Mon cerveau est incapable de rester calme plus de cinq minutes. Sanji dit que j'suis un fichu hyperactif, mais ma mère m'a toujours répété que j'étais juste plus énergique que les autres gosses de mon âge.
J'la soupçonne d'être un peu gaga de moi, des fois.
Je propose un pictionary improvisé à Usopp pour passer le temps, ce qu'il accepte de suite. Je sais que la philosophie l'ennuie encore plus que moi et pourtant c'est l'un des plus littéraires de notre groupe. Je sais aussi que j'vais encore perdre lamentablement à cause de mon tout de même incroyable coup de crayon. C'est quand même fou que personne ne voit jamais où je veux en venir... Je sais que je respecte pas forcément les proportions, mais c'est quand même vachement plus lisible quand on s'embrouille pas avec les détails, nan ? Chopper me dit que mes traits sont carrément pas aux bons endroits des fois. Et moi j'dis qu'il a besoin de lunettes. Ça irait bien avec son cerveau de surdoué-qui-a-deux-ans-d'avance-et-qui-est-quand-même-premier-de-la-classe, tiens.
Ça me donne envie de l'embêter. J'prépare une boulette à lui balancer pendant qu'Usopp s'applique sur son dessin. J'attends que Kuzan se retourne vers le tableau pour me mettre à viser, mais là je croise le regard meurtrier de Zoro. Beuh. Depuis quand il pionce pas en philo, lui ? J'esquisse un coup de tête pour lui demander tacitement ce qu'il a, et comme le frère de cœur qu'il est pour moi, il reçoit immédiatement mon message télépathique et me répond de la même manière en me désignant le prof d'un geste du menton. J'crois qu'il en a ras le bol aussi que je passe mes mercredis après-midi au bahut, lui aussi...
... Ça m'empêchera pas d'atteindre le pansement bleu sur le nez de Choppy. J'reprends ma courte concentration et amorce mon geste, quand deux coups secs sont frappés à la porte avant qu'elle ne s'ouvre.
J'récupère ma place vitesse grand V tel un innocent ninja en voyant Sengoku rentrer. 'Manquerait plus que le dirlo lui-même me choppe directement en train de faire une connerie, tiens.
L'ensemble de la classe se lève comme un seul homme pour le saluer et il esquive un geste rapide pour nous inciter à nous rassoir. J'vois Kuzan qui le regarde de travers : apparemment son passage était pas prévu.
- Monkey D. Luffy ? Appelle-t-il alors que je me fige sur ma chaise.
Oh bon sang. Qu'est-ce que j'ai encore fait... ?
Il m'attrape du regard tout de suite et esquisse un petit geste pour m'inviter à le suivre.
- Suis-moi, s'il te plait. Et prends tes affaires avec toi.
Houla, ça pue encore plus, ça... Je m'exécute pendant que mon cerveau travaille à mille à l'heure : est-ce qu'il sait que c'est moi qui ait mis le pétard dans les toilettes du troisième... ? Ou alors c'est la patate que j'ai mis à ce crétin de Charlos la semaine dernière ? Pour ma défense, il avait pas à mettre une main aux fesses à cette petite Seconde aux cheveux verts ! Il s'prend pour un dieu, j'le fais redescendre, normal non ?
Usopp a l'air de me demander ce que j'ai bien pu faire pour mériter un aller-simple chez Sengoku, mais il devrait savoir aussi bien que moi que la possibilité de réponse à cette question est infinie... Je me lève alors que le silence de la classe est palpable et hyper gênant et j'tombe sur les yeux épuisés de Zoro et Nami et ceux inquiets de Sanji et Chopper.
Ils ont peur que j'me fasse virer pour de bon à force, peut-être. 'Sont choux.
Et ils ont p't'être pas tort, en plus...
J'envoie un pouce levé plein de détermination à l'ensemble de la classe avant de refermer la porte derrière moi et de suivre le dirlo dans le couloir. Il est silencieux comme une tombe et j'me rends compte que c'est la première fois que je le vois venir chercher un élève lui-même. D'habitude, quand des gens sont convoqués pour X raison, c'est plutôt les pions qui se bougent jusqu'aux classes.
... Parle le vieux s'te plait, t'es en train de me faire flipper, là.
- ... Est-ce que j'suis dans la merde ? Tenté-je timidement en oubliant même d'y mettre les formes.
Il m'esquisse un regard en coin et j'ai même le droit à un petit sourire. Rien d'autre. Youpi. Hyper rassurant.
On arrive enfin à son bureau et il m'invite à y rentrer comme si j'étais le PDG de je sais pas trop quelle entreprise multimilliardaire. Surprise, y'a déjà une personne qui nous attend : une grande nana aux longs cheveux roses et au regard strict. J'suis quasiment sûr que je l'ai déjà croisé plusieurs fois dans le bahut mais impossible de la replacer.
- Luffy, tu connais Madame Hina ? Me demande Sengoku tout en s'installant à sa chaise en face de nous.
- Nous ne nous sommes jamais rencontrés, me devance l'intéressée en me détaillant avec une profondeur qui me met encore plus mal à l'aise que je ne l'étais déjà. Je suis la psychologue de l'établissement.
- Ah... Ok, réponds-je avec ma meilleure argumentation.
C'est bon, j'ai que dix-sept ans et j'suis en tête-à-tête avec le directeur et la psy de mon lycée pour une raison inconnue. M'en demandez pas trop, non plus.
- Luffy... Reprend Hina d'une voix douce qui tranche avec ses yeux autoritaires. Je suis réellement navrée que nous devions nous rencontrer dans des circonstances pareilles... Nous t'avons fait venir car nous avons une mauvaise nouvelle à t'annoncer...
Mes sourcils se froncent malgré moi alors que plusieurs scénarios font leur petit bonhomme de chemin dans mon cerveau. Ça sent pas bon du tout là, on est d'accord... ? Pourquoi j'ai l'impression, que cette journée est sur le point de partir en couille ?
- Il n'y a malheureusement pas de bonne ou de mauvaise façon de te dire ça... Continue-t-elle alors que mon rythme cardiaque commence à accélérer dangereusement. Je vais être directe et je vais te demander d'être fort Luffy, d'accord ?
Je déglutis, incapable de répondre quoi que ce soit. J'veux juste qu'elle arrête de faire durer ce suspens de merde. Qu'elle crache ce qu'elle a à dire, et mainten-
- C'est à propos de tes parents. Ils ont eu un accident.
Mon souffle se coupe et je suis quasiment sûr que mon cœur a arrêté de battre.
Papa... Et maman ?
- Ils n'ont pas survécu, Luffy. Je suis désolée.
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- System of a Down – Lonely Day -
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Et bonjouuuuuuuuuuuuur tout le monde ! Bienvenue dans ce AceLu dans lequel je ne peux apparemment encore pas m'empêcher de torturer notre Luffy d'amour... ! (j'vais pas du tout dire que c'est pour son bien, mais promis il va aussi lui arriver plein de trucs cools... :D)
Bon, j'aime apparemment bien faire des prologues hyper courts mais c'est certainement pour mieux vous ennuyer avec mes incroyables explications après \o/ alors c'est parti !
Cette fic est rating M pour cause de langage vulgaire (oh !), scène explicites de sexe (sisi j'vous jure), citation de drogues en tout genre (ne nous en approchons pas de trop près comme certaines personnes de cette fic, les amis... (comment ça je fais pas crédible de dire ça ?)) et surtout pour le sujet trèèèès délicat qu'est l'inceste.
Les personnages appartiennent à Oda-Sama et je voudrais (un tout petit peu) m'excuser auprès de lui pour ce que j'en fais.
Le style que j'utilise dans cette fic est... Un test, dirons-nous. Un parti pris peut-être (je ne m'appelle pas Jordan de Top Chef, c'est faux (omg personne va comprendre cette référence *fuit*)) mais pour explication, j'ai beaucoup tâtonné pour trouver le bon style, le bon ton et tout le tralala de cette fic que j'ai en tête depuis un petit moment déjà, et sûrement que mes lectures sur ce fandom m'ont un peu influencé, mais je me suis laissée tenter par ce style cru et pas des plus élégants. Nous verrons bien où cela va nous mener ! En tout cas, sachez que je prône une chose pour cette fic, c'est du chill ! Du chill, du posay (comment ça c'est la même chose ?) et du fluff. Ui, on va essayer de faire du joli fluff, parce que ça fait grave du bien en fait (mon deuxième prénom, c'est Obvious).
[Edit 2023 : ça ne sera pas siiiiii posay et chill que ça... Attendez vous à beaucoup de drama, finalement. Déso pas déso.]
Alors si je vous ai tenté de suivre cette aventure avec moi, j'espère que nous allons faire un bon bout de chemin ensemble !
En tout cas merci de vous être aventuré ici et à très vite (plus précisément à dimanche prochain :D) !
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Cette fic a une playlist dédiée !
Chaque chanson est le titre de l'épisode et reste plus ou moins dans le même thème que son chapitre dédié (du moins, on essaie...). FFnet ne permettant pas les liens intertextes dans les fics, je vous laisse aller la trouver sur mon profil !
Je préfère néanmoins prévenir que cette playlist est mise à jour à mesure de l'écriture, sur laquelle j'ai une certaine avance par rapport à la publication. Mais ce n'est pas comme si un titre de chanson pouvait vraiment spoiler... je ne pense pas... si ?
Enjoy !
