Bonjour !

Comment allez-vous en ce jour férié ? Le soleil brille et les oiseaux chantent ?

Avant de vous laisser avec le deuxième chapitre, je voulais vous remercier pour vos premiers retours sur cette histoire. Votre enthousiasme me fait super plaisir et comme j'ai pu le dire à certain-es d'entre veux en review, je suis très heureuse de vous retrouver. Merci pour vos reviews et vos suivis !

Vous aviez hâte d'en savoir plus, notamment sur George, le grand absent du chapitre 1, alors voici la suite.

Bonne lecture !


Réponse à la review anonyme :

Drou : Merci à toi pour ta review ! J'espère que la suite te plaira. Merci de me suivre !


Face à son miroir, Drago ferma son veston par-dessus sa chemise et lança un sort pour faire briller les boutons en or.

Par la suite, il fit de même sur ceux du col de sa veste, inspirée des tuniques militaires des hussards. Il aimait lorsque le luxe de sa tenue se voyait, que le doré contrastait avec le rouge flamboyant du tissu. Il noua autour de ses épaules sa cape, rouge elle aussi et dont la capuche était sertie d'une fausse fourrure, avant d'enfiler ses chaussures.

Une fois satisfait de son allure et de sa coiffure, il prit quelques secondes pour observer l'extérieur. Il avait la chance de vivre en haut de la plus haute tour du château de Durmstrang et si l'aspect circulaire des pièces n'était pas pratique à aménager, cela avait au moins le mérite de lui offrir une vue imprenable sur le lac et l'horizon.

Le vent semblait souffler fort aujourd'hui et un frisson le parcourut en imaginant l'air frais s'engouffrer dans ses vêtements lorsqu'il mettrait le nez dehors.

Il quitta son appartement à sept heures pile et, après quelques minutes de marche dans les couloirs froids du château, il arriva dans la salle de réception où était servi le petit-déjeuner.

Le menton relevé et le regard déterminé, Drago avança entre les tables où les élèves étaient en train de manger et répondit sobrement à chaque bonjour qui lui fut adressé. Le règlement imposait à tous ici une discipline que personne ne se risquait à bafouer. Saluer chacun des professeurs ou membres du personnel éducatif et administratif, ne jamais élever la voix sauf nécessité absolue, ou encore respecter les horaires imposés, étaient quelques-uns des nombreux points du règlement de l'école.

Et Drago, qui aimait l'ordre et la discipline, veillait au grain.

Alors qu'il passait à côté de la table des Érudits, un élève manqua à son devoir et ne le salua pas. Drago s'arrêta pour lui faire face, ses mains jointes dans son dos et le regard sévère. Une camarade de clan lui donna un coup de coude et l'élève sursauta, comme si elle l'avait réveillé d'une sieste imprévue. L'élève comprit aussitôt qu'il avait failli à sa rigueur et se leva d'un bond.

- Bonjour, professeur Malefoy.

Drago plissa les yeux, ce qui lui donna un air reptilien qui fit paniquer l'élève.

- Bon appétit, Pavlov.

Le susnommé souffla, soulagé, et Drago rejoignit la table des professeurs, le coin de ses lèvres étiré en un sourire narquois.

- Bonjour, Drago. Bien dormi ? s'enquit Svetlana Lapaïev, la professeure de Nécromancie.

- Plutôt, oui. En revanche, il faut absolument que Radko fasse quelque chose à propos des aigles qui prennent le toit de ma tour pour un nichoir.

- Radko ? Il est concierge, ne veux-tu pas demander à Aleksei, sinon ? C'est son boulot, les créatures magiques ou non.

- Peu importe. Qu'ils s'associent s'ils en ont envie, mais j'en ai assez des coups de bec dans la toiture, ça m'empêche de dormir.

- Ma porte t'est toujours ouverte en cas d'insomnie, lui proposa Svetlana avec un sourire qui ne faisait aucun doute quant à ses véritables pensées.

Drago lui renvoya un sourire poli sans insister, afin de ne pas lui donner de faux espoirs. Il avait eu le malheur de coucher une fois avec elle un soir où ils avaient tous les deux bu un peu trop de vodka et depuis, elle s'accrochait à lui comme un Botruc à sa branche, malgré ses refus.

Après avoir mangé, Drago quitta la salle de réception pour se rendre dans l'aile ouest où se trouvaient son bureau ainsi que celui du directeur. Ce fut à la porte de celui-ci qu'il frappa avant d'entrer lorsqu'on l'y autorisa.

Drago s'était toujours demandé comment Yasen Koslowski avait pu accéder à un tel poste. Il était fainéant, indolent et effrayé par la moindre responsabilité. Drago le soupçonnait d'avoir des liens très étroits avec leur Ministre et que c'était pour cette seule raison qu'il était devenu directeur de Durmstrang.

Du fait de cette paresse et de cette nonchalance, Drago se retrouvait souvent mobilisé pour faire son travail en plus du sien. Dans les faits, cela ne le dérangeait pas. Il en profitait même pour se faire sa place, pour se mettre en avant et prouver qu'il méritait d'être lui-même à la direction de cette école à la place de Koslowski. Cependant, la charge mentale pouvait se révéler pesante, comme en ce moment.

- Ah, Malefoy ! Vous tombez bien. J'ai reçu un courrier de la part du Ministre hier et il veut organiser une réunion jeudi prochain, avant l'arrivée des délégations de Poudlard et Beauxbâtons. Vous voudrez bien me représenter ?

Assis derrière son bureau, Koslowski semblait plus préoccupé par une carte de Chocogrenouille à ajouter à sa collection que par cette réunion qui était pourtant primordiale.

- Bien sûr, accepta-t-il néanmoins. Des consignes particulières ? Un message à passer au Ministre ?

- Non, vous avez toute ma confiance, Malefoy, vous le savez. Ah, et Azarov et Ardankine vous attendent cet après-midi dans la salle de combat. Une histoire d'arc et de flèches, je n'ai pas tout compris.

Drago hocha la tête.

- Autre chose ?

- Vous en faites déjà bien assez, mon ami !

Drago esquissa un sourire qui n'avait rien de sincère avant de prendre congé.

Si avec une telle dévotion il n'était pas directeur de Durmstrang dans les prochaines années à la place de Koslowski…

.

Drago quitta le Ministère avec un début de migraine.

La réunion avec Nikolaï Maksimov, le Ministre de la magie bulgare, pour peaufiner l'arrivée des délégations de Poudlard et de Beauxbâtons, avait été interminable. Les questions s'étaient enchaînées et elles n'avaient pas toutes été pertinentes.

Ce qui avait grandement étonné Drago, c'était l'absence de Granger et Saint-André, directrices respectives des écoles invitées. Maksimov avait prétexté qu'ils n'avaient pas besoin d'elles et ce sexisme sous-jacent n'avait pas plu à Drago. Il ne portait pas Granger dans son cœur et il connaissait à peine Saint-André, mais il n'avait pas pu laisser Maksimov les insulter de la sorte et le lui avait fait comprendre. Ce à quoi le Ministre avait répondu que Koslowski, lui, aurait été d'accord.

Ce qui ne faisait que confirmer à Drago qu'il était temps que le vent tourne pour Durmstrang.

À sa sortie du Ministère, il transplana à Tsvetengrad, près du magasin de Pansy. Lorsqu'il poussa la porte d'entrée, la clochette tinta et Pansy sortit de l'arrière-boutique, un bouquet d'anémones en main.

- Ah, c'est seulement toi ! lança-t-elle, presque déçue.

- Super, cache ta joie.

- Je croyais que c'était un client, idiot. Je suis contente de te voir. Je termine mon bouquet et j'arrive.

Drago fit comme chez lui et tira une chaise, normalement faite pour que les clients patientent, et s'assit. Il aimait bien la boutique de Pansy. C'était élégant, sobre, mais assez coloré et, évidemment, une douce odeur fleurie embaumait toujours le lieu.

- Tu as de la menthe poivrée ? lui demanda-t-il alors qu'il se massait les tempes. J'étais en réunion avec Maksimov et il m'a filé la migraine.

- J'en ai un plant derrière, viens, lui répondit-elle depuis l'arrière-boutique. Tu peux même regarder si j'ai pas un flacon d'huile.

Drago la rejoignit et s'arrêta face au plant en question. Il y en avait des dizaines d'autres, que Pansy utilisait pour préparer des huiles essentielles diverses et variées, mais il se saisit d'un flacon de menthe poivrée. Il déposa deux gouttes sur son index de la main droite, qu'il frotta ensuite contre celui de la main gauche, avant de venir masser à nouveau ses tempes. Il fit de même sur le front et la base de la nuque pour compléter le traitement.

- Qu'a pu dire ou faire notre cher Ministre pour te filer mal à la tête ? demanda Pansy tout en serrant un morceau de raphia à la base de son bouquet pour le maintenir.

- J'étais seul en réunion avec lui pour peaufiner l'arrivée des délégations de Poudlard et Beauxbâtons, expliqua Drago, les yeux clos et massant toujours sa nuque. J'ai eu le malheur de le reprendre quand il a dit que la présence de Granger et Saint-André était inutile car je trouvais ça sexiste et il m'a argué que Koslowski, lui, aurait été d'accord. Tu m'étonnes, on ne fait pas plus sexiste que ce type.

- Qu'est-ce que je suis fière que tu sois mon meilleur ami quand tu tiens ce genre de discours !

- Qui devrait être un discours universel.

- Je sais, mais tu as malheureusement eu la preuve aujourd'hui que pas tout le monde pense comme toi.

- Saint-André ne me fait ni chaud ni froid et même si je ne porte pas Granger dans mon cœur, je ne vais pas dénigrer leur travail. À moins qu'elles aient été pistonnées pour avoir leur poste, ce dont je doute, elles méritent leur place.

Drago se rinça les mains pour se débarrasser de l'odeur et des résidus de menthe poivrée sur ses doigts.

- Et du coup, tout est prêt pour recevoir les délégations ? s'enquit Pansy. Le 1er octobre approche, mine de rien.

- À Durmstrang, en tout cas, oui. Toute l'aile ouest a été aménagée pour eux. Elle a été divisée en deux de façon à ce que chaque école ait son quartier. On a créé des dortoirs, un espace privé pour les accompagnateurs et une salle commune où les élèves pourront se retrouver.

- Je crois que j'aurais adoré vivre une expérience de ce genre, à l'époque, rêva Pansy alors qu'elle mettait son bouquet dans l'eau.

- Tu parles, même dans un contexte favorable, Dumbledore n'aurait jamais ramené des gens comme nous. Il aurait embarqué ses chouchous de Gryffondor uniquement. Et peut-être quelques Serdaigle et Poufsouffle, histoire de passer pour quelqu'un de tolérant, mais nous ? Jamais.

- Laisse-moi rêver, bon sang !

Elle accompagna sa remarque d'une légère tape sur son bras en passant à côté de lui.

- Tu dînes à la maison, ce soir ? proposa Pansy.

- Non, je vais devoir rentrer au château. Il faut que je fasse un compte-rendu à Koslowski.

Drago en soupira d'avance.

Qu'est-ce que ça pouvait l'agacer de faire le hibou entre Koslowski et le Ministre ! Il était impatient de débuter cette expérience du Tournoi des Trois Sorciers autant qu'il était impatient qu'elle se termine. Après ça, il allait pouvoir passer la seconde dans son plan pour prendre la place de Koslowski. Après tout ce qu'il s'apprêtait à faire pour ce Tournoi et tout ce qu'il avait déjà fait, il aurait suffisamment de matière pour démontrer qu'il était plus que temps que le vent tourne et qu'il prenne les rênes de cette école.

Il embrassa Pansy sur la joue pour la saluer et, alors qu'il allait poser sa main sur la poignée pour sortir, la porte de la boutique s'ouvrit sur une grande blonde qu'il ne connaissait que trop bien.

- Tatiana, la salua-t-il avec froideur.

- Oh ! Salut Drago, je ne m'attendais pas à te voir.

- Dans la boutique de ma meilleure amie ? C'est vrai que c'est surprenant.

Tatiana se pinça les lèvres et ajusta la lanière de son sac sur son épaule.

- Hum. Pansy a dû te le dire, d'ailleurs, mais… Je vais me marier.

Avec un culot que Drago aurait pu apprécier si cela n'avait pas été à ses dépens, elle tendit sa main gauche devant elle afin qu'il puisse voir le bijou qui ornait son annulaire. Les goûts et les couleurs étaient propres à chacun, mais Drago trouvait cette bague affreuse. Elle était grossière et mal sertie. Peut-être n'était-il pas objectif, mais s'il était amené à demander une femme en mariage un jour, ce ne serait pas avec une telle immondice.

- Toutes mes félicitations, lui dit Drago sans en penser un mot. Pansy, tu pourras faire livrer un bouquet à Tatiana et son futur époux de ma part, le jour J ?

- Bien sûr. Quoi donc ? demanda-t-elle en entrant dans son jeu.

- Des roses, jaunes de préférence.

Tatiana se raidit tandis que Pansy pouffait.

- Tu n'es qu'un égoïste, lui lança-t-elle. Tu ne peux pas être heureux pour moi ?

- Alors que tu m'as trompé à tour de bras pendant six mois ? Non, désolé, je ne peux pas. Ah et, Pansy, si avec le bouquet tu peux ajouter un petit mot pour avertir le futur époux, tu serais un amour.

Drago offrit à Tatiana son plus beau sourire, celui rempli de sournoiserie et de mauvaises intentions. Celui qu'il réservait à ceux qui lui avaient fait du mal.

Tatiana déglutit et eut le bon goût de ne rien ajouter. Elle leva fièrement le nez et fit claquer le talon de ses escarpins jusqu'au comptoir où se trouvait Pansy.

Drago ricana et, après avoir salué son amie, quitta la boutique pour de bon.


Ce n'était qu'une question de secondes, George le savait.

Cinq… quatre…

Son fils faisait le cochon pendu sur une structure de l'aire de jeux et il aurait parié tous ses Gallions que quelque chose allait mal tourner.

Trois… deux…

Ce qui le rassurait, c'était qu'il n'était qu'à quelques petits centimètres du sol et qu'une chute ne lui ferait pas grand-chose. Le sol, d'ailleurs, était protégé par un sortilège de coussinage qui minimisait les potentiels dégâts.

Un…

Bingo. En voulant accrocher sa main pour se redresser, Fred lâcha sa prise et tomba par terre dans un bruit sourd qui fit bondir George, dont l'instinct paternel était toujours aux aguets.

Il guetta les pleurs, les cris, les gémissements de douleur, mais rien ne vint. Son fils était toujours allongé par terre, immobile, et le cœur de George s'emballa.

Alors qu'il allait courir jusqu'à lui pour lui porter assistance, Fred bondit sur ses deux pieds pour effrayer sa sœur qui passait près de lui. Roxanne hurla de peur et se précipita vers son père qui l'accueillit dans ses bras.

- Papaaaa, sanglota-t-elle en serrant ses petits bras autour de son cou.

- C'est rien, princesse, la rassura-t-il avant d'embrasser ses cheveux bouclés. Fred t'a seulement fait peur, tout va bien.

- C'est pas gentil…

- Il ne fait pas ça pour être méchant, il aime juste te taquiner, expliqua-t-il. Tu pourras toujours lui faire peur à ton tour une autre fois.

Roxanne renifla avant de lever ses grands yeux bruns vers son père. La lueur malicieuse dans son regard larmoyant le fit aussitôt sourire.

- Je peux ?

- J'ai même deux ou trois techniques à t'apprendre si tu veux.

- Merci, papou, t'es le meilleur !

Roxanne l'embrassa sur la joue avant de descendre de ses cuisses pour retourner jouer, tout chagrin vite oublié.

George regarda ses enfants encore quelques minutes avant qu'il soit l'heure pour eux de partir. Après avoir observé avec attention Fred qui voulait absolument descendre le toboggan pour la vingt-huitième fois depuis qu'ils étaient arrivés, ils quittèrent l'aire de jeux tous ensemble.

- Qu'est-ce que vous préférez avant de rentrer, une glace ou une crêpe ?

- Une glace ! s'exclama Roxanne en sautillant, sa main accrochée à celle de son père.

- Une crêpe ! s'écria Fred en même temps que sa sœur.

- Nooon, pas une crêpe, papaaaa, rechigna la plus jeune.

- Mais moi je veux une crêpe au chocolat, pas de la glace. C'est dégueu.

- Non, c'est pas dégueu ! contra Roxanne qui lâcha la main de George pour se mettre face à son frère. La glace à la fraise, c'est la meilleure glace !

George poussa la porte de chez Fortarôme alors que ses enfants continuaient de se chamailler. Il croisa le regard amusé de Tobias, petit-fils de feu Florian Fortarôme et nouveau propriétaire de la boutique, derrière le comptoir.

- Bonjour, le salua-t-il. Tu vas bien ?

- Ça va et toi, George ? Ça a l'air sportif, cet après-midi !

- Avec eux, toujours. On va prendre une boule de glace à la fraise dans un cornet, une crêpe au chocolat et un café allongé, s'il te plait.

Les enfants, dont l'attention était étrangement divisée entre leur dispute et ce que leur père disait, cessèrent aussitôt de se chamailler lorsqu'ils comprirent que le souhait de chacun avait été exaucé.

- Ça marche. Allez vous installer, je vous apporte tout ça.

Après avoir payé, ils trouvèrent une place au fond de la boutique, dans un coin calme pour éviter de déranger les autres clients. Tobias leur apporta leur commande en quelques minutes.

Rapidement, la bouche de Fred fut auréolée de chocolat et les doigts de Roxanne tout collants à cause de la glace, mais George n'en avait cure.

Les disputes entre ses enfants étaient anecdotiques comparées aux moments de complicité. Fred ne rechignait jamais à aider Roxanne lorsque celle-ci était trop petite pour quelque chose. Et Roxanne était la première à suivre son grand frère dans ses bêtises enfantines.

Ils étaient sa plus belle réussite et George adorait être témoin de tous ces instants-là. Il était fier. Fier d'eux, de leur évolution, de leur famille. Nostalgique, aussi, et peut-être un peu triste. Il avait parfois l'impression de se revoir avec son propre frère. Bien que ses enfants ne soient pas jumeaux et que deux ans les séparent, ils avaient des comportements similaires à ceux qu'il avait pu avoir avec Fred.

Oui. Nostalgique et triste.

- Papou ? l'appela Roxanne, ses mains tendues vers lui dans un appel à l'aide silencieux.

Cela eut au moins le mérite de le tirer de ses pensées qui glissaient dangereusement.

Il l'aida à s'essuyer à l'aide d'une serviette et fit de même avec la bouche de son fils. Il utilisa ensuite un Récurvite pour parfaire le nettoyage.

- Ça va être l'heure d'y aller, les monstres.

Les lèvres de Roxanne s'affaissèrent sous la déception et Fred croisa ses bras sur son torse d'un air boudeur.

- Déjà ? murmura Roxanne, la voix tremblotante.

- Oui, princesse, déjà. Maman nous attend.

Elle baissa la tête, peu convaincue.

- Finissez votre verre d'eau et on y va.

Si Roxanne obéit, Fred poussa son verre en regardant son père dans les yeux avec un air de défi. George sourit face à cette provocation enfantine et n'insista pas.

Ils sortirent de la boutique et George prit une main de chacun de ses enfants. Après s'être assuré que tout le monde était prêt pour le transplanage, il se concentra et ils apparurent quelques secondes après devant un petit cottage à Flagley-le-Haut.

Il poussa le portillon qui délimitait le terrain et ses enfants coururent sur le petit chemin pavé au milieu de la pelouse parfaitement taillée. Ils toquèrent à la porte de leur petite main et elle s'ouvrit sur Angelina.

Comme à chaque fois, le cœur de George se serra. Même si son histoire avec Angelina était terminée depuis presque un an maintenant, il n'arrivait pas à ignorer le flot de souvenirs qui se rappelait à lui dès qu'il croisait son regard.

- Maman ! s'écria Roxanne en courant dans les jambes de sa mère.

Fred fit de même, avec un peu plus de retenue, avant de revenir vers son père. George s'accroupit pour être à sa hauteur. Il passa sa main dans les petites boucles brunes sur le sommet de sa tête et Fred grimaça. Il n'aimait pas trop ça, mais il était pourtant le seul qu'il laissait faire.

- On se revoit dimanche prochain, mon cœur ?

Fred hocha la tête sans grande conviction avant de serrer son père aussi fort que ses petits bras le lui permettaient.

- Je t'aime, chuchota George à son oreille. Sois sage avec maman et chez les Petits Sorciers aussi, d'accord ?

- Promis, papa.

Après un dernier baiser sur son front, Fred fila à l'intérieur de la maison et George put partager un moment tendre avec sa fille pour lui dire au revoir. Une fois seul avec son ex-femme, George enfonça ses mains dans les poches de son jean.

Cela faisait un an qu'ils étaient séparés, six mois qu'ils étaient officiellement divorcés, et même s'ils se voyaient tous les dimanches pour la garde alternée des enfants, l'ambiance était toujours tendue entre eux.

- La semaine s'est bien passée ? lui demanda Angelina.

- Parfait, comme d'habitude.

- Super. Je te les dépose dimanche prochain en début de soirée, ça te va ? On sera toute la journée chez mes parents pour l'anniversaire de mon père.

- Pas de problème. Tu leur passeras mon bonjour.

Angelina hocha la tête, ses dents qui mordillaient sa lèvre inférieure témoignaient de son malaise. George était - en partie - rassuré de ne pas être le seul pour qui cette situation était toujours inconfortable. Il espérait, malgré tout, qu'ils arriveraient à dépasser ça un jour.

Car le pire, dans tout cela, c'était qu'il n'y avait aucune animosité entre eux. Ils s'étaient séparés d'un commun accord, chacun reprochant des choses à l'autre qui avaient fait qu'ils ne s'aimaient plus, mais ils ne se détestaient pas.

- Il faudra qu'on se voie dans le mois pour discuter de comment va se passer cette année, dit George.

- Ah oui, c'est vrai, se souvint Angelina.

- Si tu as le temps, dimanche, quand tu laisseras les petits, tu pourras rester.

Angelina hocha la tête.

- OK, ça me va.

- Super. Bon, bonne soirée Angie.

George serra les dents quand le surnom lui échappa. Cependant, son ex-femme lui renvoya un sourire serein pour lui faire comprendre qu'il n'y avait pas de malaise à avoir.

Après un signe de la main et un baiser envoyé aux enfants qui les regardaient par la fenêtre, George transplana sur le Chemin de Traverse pour rentrer chez lui.

.

Derrière son bureau, George commençait à perdre patience.

Cela faisait une heure, montre en main, que le président du club officiel de Bavboules, Nigel Wolpert, lui expliquait pourquoi ils avaient dû changer un composant du liquide qui se trouvait dans les boules. Ce n'était pas qu'il s'en fichait, mais il ne comprenait pas qu'on puisse épiloguer pendant autant de temps sur un tel sujet.

- Nigel, excuse-moi de te couper, mais viens-en au fait, s'il te plait, lui demanda-t-il gentiment avec une familiarité qu'il se permettait puisqu'il avait côtoyé Nigel à l'époque de l'Armée de Dumbledore.

- Oui, c'est vrai, pardon. À la base, je venais pour te demander ce qu'il en était de la subvention du Ministère qui nous permettrait de payer le déplacement jusqu'à Bogota pour le TIB. Le Tournoi International de Bavboules.

- Ah, oui, alors attends.

D'un geste nonchalant de sa baguette, George fit venir à lui une grosse pochette qui contenait tout le courrier revenu signé le jour-même, notamment les demandes de subventions. Celle du club de Bavboules était en haut de la pile et comportait le sceau officiel du Ministre ainsi que la mention "approuvé".

- Voilà, mon bon Nigel, dit-il en lui tendant le parchemin. Acceptée par le Ministre et effective à partir de la date de validation, soit aujourd'hui.

- Merci, George. Grâce à toi, nous pourrons partir pour la Colombie l'esprit tranquille.

- Et ramenez-nous le trophée ! l'encouragea-t-il avec un enthousiasme qu'il était loin de ressortir.

Il était peut-être chauvin, mais les Bavboules ne l'intéressaient que très peu.

Après un échange de sourire, Nigel quitta son bureau et laissa George seul avec ses pensées.

Qui aurait pu croire qu'il deviendrait le directeur du Département des jeux et sports magiques ? Pas lui, en tout cas.

George avait toujours cru qu'il serait l'heureux propriétaire d'une boutique de farces et attrapes jusqu'à ce que sonne l'heure de sa retraite. Il se voyait même racheter Zonko, à Pré-au-Lard, pour ouvrir un deuxième magasin.

Et pourtant, quelques années plus tôt, la réalité l'avait frappé de plein fouet.

Il n'était plus heureux. Cette boutique, c'était leur rêve à Fred et à lui. Ce n'était pas que le sien. Il avait cru qu'il pourrait faire vivre l'âme de son frère entre les murs de Weasley, farces pour sorciers facétieux, mais cela n'avait duré qu'un temps. Passer toutes ses journées dans cet endroit lui faisait plus de mal que de bien. Il voyait Fred partout et c'était devenu invivable.

Cette impossibilité de faire son deuil avait eu raison de son mariage avec Angelina, mais aussi de sa carrière professionnelle.

Alors il avait pris une décision radicale, aussi douloureuse que salvatrice. Il avait confié son magasin à Ron qui souhaitait - à ce moment-là - abandonner ses études d'Auror, et il avait cherché une carrière diamétralement opposée à celle d'entrepreneur.

- Entrez ! lança-t-il d'une voix forte, invitant ainsi la personne à pénétrer dans son bureau ce qui coupa court à ses pensées nostalgiques.

- Bonjour, George.

- Salut, Hermione, comment vas-tu ?

- Maintenant que la rentrée est passée, je suis beaucoup plus sereine, dit-elle en l'étreignant pour le saluer.

- Tu m'étonnes. Tu veux un thé ? Un café ?

- Pourquoi pas un thé. Je te remercie.

Ils échangèrent des banalités pendant que George préparait deux tasses de la boisson. La discussion se fit plus sérieuse par la suite.

- Quel est donc l'objet de ce rendez-vous ? lui demanda Hermione qui serrait la tasse chaude entre ses mains. Tu es si mystérieux que je commence à être inquiète.

- Voyons, Hermione, tu me connais.

- Oui, justement, pouffa-t-elle, et c'est ça qui m'inquiète.

- Tu n'as pas de soucis à te faire. Du moins, si tu es prête à me supporter pour les mois à venir.

Le sourire de George se fit énigmatique et cela fonctionna vu le froncement de sourcils de son amie.

- Tu peux être plus précis ?

- On m'a proposé d'être ton bras droit pour le Tournoi des Trois Sorciers et d'être le deuxième accompagnateur de la délégation de Poudlard.

George ne put empêcher une certaine fierté de le gagner.

On lui avait si souvent reproché sa position, arguant qu'il n'avait pas l'étoffe d'un directeur et que ce n'était pas avec des blagues et des Boîtes à Flemme qu'il allait diriger tout un Département, que prendre part à un tel projet était une vraie revanche sur tous ces médisants.

Pourtant, il s'avérait être un directeur efficace. Du fait de son passif professionnel, il possédait un sens du management et des responsabilités qui faisaient de lui quelqu'un de sérieux à ce poste. Et il avait également un atout indéniable : du bagou.

- C'est génial ! s'exclama Hermione. J'avais peur qu'on me colle quelqu'un que je ne connais pas ou que je ne supporte pas. Je suis tellement contente que ce soit toi.

- Je dois t'avouer que tu as de la chance. C'était soit moi, soit notre cher, tendre et adoré directeur du Département de la coopération magique internationale, ironisa-t-il.

- En d'autres mots, ton frère.

George mima un vomissement avant de rire.

- Tu préférais vraiment être en compagnie de Percy ?

- Oh que non, rit-elle. Je suis contente que tu m'accompagnes. Tu es jovial, bienveillant et drôle, les enfants vont t'adorer.

- J'espère. Je t'avoue que je suis assez excité par le projet.

- Je te comprends, tu vas pouvoir sortir de ce bureau.

- Oh ça, je le fais, dit-il. Et heureusement, d'ailleurs, parce que je serais devenu fou si j'avais dû user le cuir de mon fauteuil avec mes fesses. Non, je bouge, je voyage, j'ai des missions extérieures, mais ça faisait longtemps que je n'avais pas pris l'air.

- Ça ne va pas être trop compliqué avec les petits ? s'inquiéta Hermione.

George prit quelques minutes pour lui expliquer comment il s'était arrangé avec Angelina. Son ex-femme aurait la garde complète des enfants durant cette période, tout en ayant la possibilité de les confier à Molly si le besoin de souffler un peu se faisait ressentir. George, quant à lui, profiterait des moments de calme entre deux tâches pour rentrer en Angleterre afin de voir ses enfants et qu'ils ne se sentent pas délaissés.

Ils convinrent d'une date afin de se revoir pour organiser plus en détails le voyage et George nota dans son agenda de se rendre à Poudlard pour examiner les candidatures des élèves qui souhaitaient concourir au titre de champion.

Hermione prit congé par la suite et George put passer à ses autres rendez-vous.


Et voilà !

J'espère que vous aimez autant papou-George que moi et mes bêtas. Que pensez-vous de son choix de carrière ? Je suppose que ça étonne, mais est-ce que ça vous parait intéressant ? Je ne pouvais pas l'envoyer à Durmstrang sans raison valable... ahah.

Et Drago ? Fidèle à lui-même ? A ce que vous aimez de lui ?

J'ai hâte de lire vos reviews.

Du love, à mercredi !