Harry et Draco continuent d'en apprendre plus l'un sur l'autre et une certaine complicité s'installe.

Juste un petit rappel : Tout commentaire haineux, homophobe et autres joyeusetés de ce genre seront systématiquement supprimées. Je n'arriverais jamais à comprendre pourquoi des personnes vont jusqu'à rechercher des fan fictions MxM juste pour le plaisir de cracher leur venin. Achetez-vous une vie ! Si ça ne vous plaît pas, ne lisez pas et laissez ces histoires à ceux qui voient l'amour comme universel. Ok, la liberté d'expression est pour tout le monde, mais la haine n'est pas tolérée. En tout cas pas ici.

Just a reminder : Any hainous, homophobic comment and everything similar will immediately be deleted. I can't even understand why people are searching for gay fanfictions just to spill their venom. Get a life ! If you don't like it, don't read it and leave those stories to people who actually think love is for everyone. Yes, free speech is allowed, but hathred certainelly isn't. Not here at least.

(Oui parce que ces débiles postent même des commentaires sur des histoires dont ils ne comprennent pas la langue...)

Love, mes petits brocolis !


CHAPITRE 3 – CONFIDENCES

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"Il faudrait qu'on aille chez toi."

"Pardon ?"

"Toi, tu vas voir ma maison ce soir et en tant que petit-ami, je devrais savoir où tu vis, à quoi ressemble ton appartement, qui sont tes voisins…"

"On se voit toujours chez toi. J'habite à l'autre bout de la ville, je te rappelle."

"Tu ne veux juste pas que je vois où tu habites, n'est-ce pas ?" Voyant Draco se figer, il ajouta rapidement. "Parce que tu as peur que je vienne te harceler jusque chez toi."

Le blond se détendit sensiblement. "Exactement."

"Est-ce que tu as reçu le virement ?"

"Bon sang Potter, tu te rends compte que cette discussion part dans tous les sens ?"

"Désolé, je viens juste d'y penser."

"Oui, je l'ai reçu… merci."

"De rien. Bien, quel point est-ce qu'on peut aborder, maintenant. Notre rencontre, c'est fait, le premier baiser aussi, pareil pour le sexe… tes fleurs préférées ?"

"Quand tu mourras, je veux vraiment avoir accès à ton cerveau."

"Mais oui, mais oui. Alors, les fleurs ?"

"Les pivoines."

"Sympa. Moi, les lys. Ton plat préféré ?"

"Les sushis. Ça fait un moment que je n'en ai pas mangé, mais j'adorais ça. Sinon, à peu près n'importe quel plat français."

"Même les cuisses de grenouilles ?"

"C'est un peu une idée reçue, tu sais ? Oui, c'est une spécialité locale, mais tous les Français n'en mangent pas, loin de là, de nombreux français n'en ont même jamais mangé. Et toi ?"

"Je déteste les grenouilles. Sinon, la tarte à la citrouille de Poudlard et le gratin aux pâtes de Molly se disputent la première place. Le pays que tu as toujours rêvé de visiter ?"

"L'Islande. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m'a toujours fasciné. Malheureusement, mes parents préféraient le soleil du Sud de la France aux glaciers Islandais. Et toi ?"

"L'Australie. Je rêve d'y aller depuis que j'ai vu un reportage là-dessus il y a quelques années. Mais je n'ai pas envie d'y aller en coup de vent, le but c'est d'y aller tout l'été pendant mes vacances. Peut-être l'an prochain. Hum... qu'est-ce que je pourrais te demander maintenant... Ah oui, avec combien de personnes es-tu sorti ? Hommes et femmes."

"Je sais que je suis gay depuis mes treize ans, donc je ne suis jamais sorti avec des filles. Pour les hommes, je n'ai jamais vraiment compté. Peut-être une dizaine ?"

"Et quelle a été ta plus longue relation ?"

Une étrange lueur passa dans le regard du blond qui se mordit la lèvre. "Je suis sorti avec un Moldu pendant plus d'un an. On s'est séparé il y a deux ans."

"Pourquoi ?"

"Est-ce vraiment indispensable ?"

"Eh bien, non, mais c'est normal que ton petit-ami sache avec qui tu es sorti avant lui, non ?" Harry se sentait un peu mal de lui tirer les vers du nez comme ça, mais il était curieux. Il avait du mal à imaginer Draco Malfoy en couple avec un Moldu.

"J'ai découvert un jour qu'il me trompait depuis un moment. On vivait ensemble depuis quelques mois alors je suis parti et j'ai dû trouver un appartement en catastrophe. C'est pour ça que j'ai commencé à travailler au bar, parce que je me suis retrouvé tout seul à payer le loyer et que le café n'était plus suffisant. Il avait un bon poste dans une banque, donc c'est lui qui payait la majorité des charges avant notre séparation."

"Il est à l'origine d'une partie de tes problèmes, donc."

"Oui. Lui et le Ministère. Et toi ? Tu es sorti avec des femmes depuis la rouquine ?"

Harry éclata de rire. "Non. Ginny était... pas une erreur, je ne la verrais jamais comme ça, mais on n'aurait jamais dû se mettre ensemble. Je suis 100% gay, comme toi, sauf que j'ai mis un peu plus de temps à m'en rendre compte. Entre la guerre et Voldemort, je n'avais pas vraiment le temps de me pencher sur mes sentiments et mes désirs. Du coup, la première fois que j'ai couché avec un mec, c'était après la guerre, j'avais dix-huit ans. J'ai passé un long moment à sortir en boîte ou dans des bars pour rencontrer des mecs, pour juste expérimenter, coucher avec le plus de monde possible et c'était vraiment fun. Ensuite, j'ai commencé à enseigner à Poudlard et je n'avais plus vraiment le temps de sortir."

"Donc, tu n'as jamais eu de vraie relation."

"Non. Je n'ai jamais vraiment essayé, en fait. À part quand je suis en vacances, je passe ma vie à faire des allers-retours entre chez moi et Poudlard. Je suis tout le temps soit avec mes élèves, soit avec mes collègues, ou avec mes amis en dehors. Donc je me vois mal y ajouter un mec."

"Et ça ne te manque pas ?"

Harry haussa les épaules. "Pas vraiment. La vie que j'ai me satisfait pleinement. Quand je suis en manque, je sors pour rencontrer des mecs pour une ou deux nuits et ça me suffit. Et toi, ça te manque ?"

L'ancien Serpentard laissa son regard trainer au loin, sur les vastes étendues d'herbe du parc. "Je suis plutôt doué pour être seul depuis que je suis tout petit. J'y suis habitué. Mais avec Adrian... Même si j'ai eu des mecs avant lui, c'était la première fois que je me sentais vraiment bien avec quelqu'un, que j'osais penser au futur et faire des projets. Alors quand j'ai découvert qu'il me trompait, qu'il voyait quelqu'un d'autre dans mon dos... ça m'a brisé. J'ai mis des mois avant de songer à rencontrer des mecs à nouveau. Et encore quelques autres pour le faire. Ça commençait à aller mieux, puis il y a eu Trent au bar et la vidéo."

"Oui, il y a de quoi faire fuir."

"Le problème, c'est que je ne sais pas faire comme toi, aller dans un bar et coucher avec le premier venu avant de passer à autre chose le lendemain. J'ai toujours... j'ai du mal à ne pas m'impliquer, à ne pas avoir de sentiments pour la personne. Je tombe amoureux bien trop facilement et, ensuite, j'en souffre toujours. Alors, au final, je me dis que c'est peut-être plus simple d'arrêter."

"Tu ne peux pas renoncer à l'amour, Draco."

"C'est toi qui dis ça ?"

"Ce n'est pas parce que je ne suis jamais tombé amoureux que j''ai renoncé à l'être un jour. Je n'en ai pas le besoin aujourd'hui, mais je sais qu'un jour, je voudrais partager ma vie avec quelqu'un et fonder une famille. C'est mon rêve depuis toujours et je ne suis pas prêt à l'abandonner. J'ai juste envie de profiter de la vie, de ma jeunesse, à défaut d'avoir profité de mon enfance et de mon adolescence. Pour toi c'est pareil, Draco. Ce n'est pas parce que tu n'as rencontré que des connards jusque maintenant qu'ils le sont tous. Tu rencontreras le bon un jour et toi aussi tu auras le droit d'être heureux."

Les deux anciens ennemis se dévisagèrent un long moment et quand Draco détourna finalement le regard, Harry cru le voir rougir légèrement. Cela le perturba un peu. Est-ce lui qui avait fait rougir le blond ? Avait-il ce pouvoir sur lui ?

"Je suppose que tu as raison. Mais je vais être plus prudent désormais. Je ne compte plus donner mon cœur à n'importe qui."

"De toute façon, tu es en couple pour le moment, alors..."

"Je n'ai pas vu de clause d'exclusivité dans ton contrat."

"Quoi ? Mince, c'est vrai ! Est-ce que je devrais-"

"Relax, Potter. On part la semaine prochaine, je ne compte pas faire toutes les boîtes gay de la ville juste pour t'emmerder. Même si, je l'avoue, ça pourrait me faire rire de voir ta tête."

"Arrête ça, je suis en train de t'imaginer dans une boîte gay maintenant."

Au grognement du brun, Draco rejeta la tête en arrière et éclata de rire. Harry se figea tellement la vision de Draco, riant aux éclats était inattendue. Il avait l'air libre, insouciant et... beau. Harry le trouvait beau en cet instant. C'était la première fois qu'il pensait à lui de cette façon, son ancien rival, celui qu'il avait failli tuer en sixième année, mais il réalisa qu'au final, ça avait toujours un peu été le cas, Harry ne le voyait simplement pas comme ça à l'époque. Mais maintenant, depuis qu'il était devenu un homme, depuis qu'il ne portait plus ses costumes stricts et hors de prix et qu'il laissait ses cheveux blonds libres, sans trace de gel... Oui, Draco Malfoy était beau.

"Potter ? Tu es avec moi ?"

"Hein ? Ah, désolé, j'étais dans la lune. Tu disais ?"

"Je te proposais d'aller boire un truc. On pourrait continuer à discuter autour d'un café."

"Bonne idée."

Il se levèrent de concert et se dirigèrent vers un bar-restaurant situé au bord du Lac Serpentine tout en discutant. Sur le trajet, Harry ne put s'empêcher d'observer le blond avec l'impression de le voir d'un autre œil, avec un intérêt nouveau... différent. Comme si, subitement, Draco était devenu plus qu'un ancien rival qui lui venait en aide par pure nécessité.

Ils s'installèrent en terrasse et commandèrent un café pour Harry et un thé pour Draco. Il était un peu plus de seize heures et beaucoup de monde semblait vouloir profiter du soleil.

"Tu préfères le café ou le thé ?"

"Le thé. N'importe quel genre de thé. Je pourrais en boire des litres en une journée. Et toi ? Le moka qu'on prépare au café ?" Demanda-t-il avec un sourire en coin.

"J'aurais dit le café en général, mais ce n'est pas faux. Si tu étais un Animagus, quel animal serais-tu ?"

"C'est quoi cette question à la Sorcière Magazine ?"

Harry pouffa. "Quoi, c'est intéressant comme question, non ? Tu préfères que je te demande quelle est ta position préférée au lit ? En même temps, je devrais savoir ça, je pense."

"Je serais curieux de savoir pourquoi tu devrais le savoir. Est-ce que tu as l'intention de parler de notre vie sexuelle à tes amis ? Tu sais que je n'ai plus rien à perdre, donc je n'aurais pas de scrupules à te tuer."

"J'ai tellement peur, Malfoy. Alors ?"

"Quoi ? L'Animagus ou la position ?"

"Les deux ?"

"Tu n'auras jamais la réponse à la seconde question, tu en es conscient, n'est-ce pas ? Et pour la première, je ne sais pas. Tu sais comme moi que ce n'est pas au sorcier de choisir l'animal."

"Oui, je le sais parfaitement, merci. Mais qu'est-ce que toi tu aimerais ? En quel animal est-ce que tu t'imagines ?"

"Franchement ? Je n'en sais rien. Peut-être un oiseau quelconque… ou un chat."

Harry haussa un sourcil. "Je ne savais pas que tu aimais les chats."

"Je ne les aime pas. Mais les chats sont intelligents et ils passent inaperçus. Ils n'ont pas besoin de grand-chose pour survivre."

"Ils peuvent être plutôt solitaires, comme toi. Moi, je pense que je serais soit un cerf, comme mon père, soit un chien comme Sirius. Peut-être que j'essaierais un jour."

"Avec la chance que tu as, tu vas finir en serpent."

"Il y a des chances, effectivement." Harry avala une gorgée de café avant de reprendre prudemment. "Est-ce que tu as eu des nouvelles de John ?"

Le blond croisa son regard brièvement. "J'ai envoyé ma démission mercredi et il a essayé de m'appeler hier, mais j'ai bloqué son numéro. Je ne sais pas si je devrais lui répondre, je pense que ça empirerait les choses. Maintenant que je sais qu'il n'a plus la vidéo, je préfère l'ignorer."

"C'est une bonne idée. Mais je persiste à dire que tu devrais venir chez moi, juste au cas où."

"Et je persiste à dire non. Je resterais chez toi jusqu'aux Fidji et après quoi ? Tu penses qu'à notre retour, il aura disparu comme par magie ?"

"Non, mais au retour tu auras vingt-cinq mille livres sur ton compte et la possibilité de déménager. Et il ne pourra plus te retrouver. Quoi que… il sait à quel café tu travailles ?"

"Non. Enfin, pas précisément. Écoute, P- Harry, j'apprécie vraiment que tu m'offres ton aide… encore, mais je n'en ai pas besoin. Tu as raison, au retour des Fidji, je pourrais quitter mon appartement et allez vivre ailleurs mais en attendant, je suis très bien chez moi, je peux prendre soin de moi-même."

"Okay. J'arrête d'insister."

"Bien, merci. Bon, revenons à nos moutons. Tu as dit que tu rêvais d'avoir une famille, tout à l'heure. Des enfants ? Combien ?"

"Le plus possible. J'ai eu une enfance assez solitaire et je rêvais d'avoir des frères ou des sœurs pour jouer. J'ai grandi avec mon cousin, mais on était loin d'être proches. Ses parents… ils ne m'appréciaient pas vraiment."

"Oui, il y avait des rumeurs, à Poudlard concernant ta famille Moldue. Je suis désolé. Ma famille a beau ne pas être parfaite, j'ai au moins été élevé par mes parents, avec leur amour, si tordu était-il. Et je suis désolé que tu n'aies pas eu cette chance."

"Moi aussi. Tu sais, je suis persuadé que si mes parents avaient vécu, ils auraient eu d'autres enfants. C'est ça qui me fait le plus de mal. Les possibilités, ce qui aurait pu arriver, ce que ma vie aurait pu être. J'ai appris à ne pas bloquer là-dessus pour ne pas devenir fou mais, parfois, ça m'obsède."

"Il ne faut pas vivre dans le passé, pas vrai ?"

Harry hocha la tête et ils restèrent silencieux un bon moment, pensifs. Des promeneurs marchaient sur les sentiers en bavardant, main dans la main, courant après des enfants, des chiens... La journée filait à toute vitesse et, comme souvent, Harry avait l'impression de n'en être qu'un spectateur.

"Et toi, est-ce que tu veux des enfants ?" Demanda-t-il au bout d'un moment.

Draco soupira et ferma les yeux, son visage pâle tourné vers le soleil qui brillait de mille feux, ce jour-là. "J'ai toujours grandi avec l'idée que je devais donner un héritier à la famille Malfoy. C'était ma mission quasi-divine, le but ultime. Mais ensuite, il y a eu la guerre et j'ai tout perdu. Ma famille, mon nom ne veulent plus dire grand-chose et je ne suis pas sûr de vouloir le perpétuer. J'aimerais avoir des enfants, un jour, mais… j'ai peur que mon héritage familial soit trop lourd à porter pour un être innocent."

"Donc, tu t'empêcherais d'avoir des enfants, juste pour ne pas donner un héritier aux Malfoy ?"

"Je ne sais pas encore. Je dis juste que c'est un sujet sensible, pour moi. Il faut d'abord que je fasse la paix avec mon passé et celui de ma famille avant d'envisager d'avoir des enfants et de leur transmettre mon nom."

"Un nom n'est qu'un nom, tu sais ? Ce qui compte, c'est ce que tu en fais. Les Malfoy de demain n'ont pas à reproduire les erreurs des Malfoy d'hier."

"Depuis quand es-tu aussi sage, Potter ? Tu vas devoir arrêter ça, c'est bien trop perturbant. La Gazette doit se faire un plaisir d'exposer ta nouvelle intelligence en première page, non ?"

"Pas vraiment. Ça fait un moment que je ne fais plus la une de la Gazette, sauf quand ils n'ont plus rien à dire ou pour mon anniversaire."

"Je n'ai pas eu le plaisir de lire la Gazette depuis des années et ça ne me manque pas. Je me rappelle qu'après la guerre, tu étais partout. Ils pondaient des dizaines d'articles sur toi plus farfelus les uns que les autres et les gens adoraient ça."

"Moi, ça me rendait dingue. Ils ne me laissaient jamais tranquille. Je ne pouvais pas faire un pas sans me retrouver nez à nez avec un appareil photo. Ils me suivaient même jusqu'aux enterrements de mes amis. Ça a duré des mois puis, petit à petit, il y avait de moins en moins d'articles, de moins en moins de photographes, jusqu'à ce qu'ils passent finalement à autre chose. La reconstruction, les procès… J'ai enfin pu retrouver une vie à peu près normale."

"Ça te pesait tant que ça ?"

"Bien sûr que oui. Pourquoi ? Est-ce que tu pensais que j'appréciais ça ? L'attention du public, les articles, les photos ?"

"C'est ce que je me suis toujours dit, oui. Surtout en quatrième année, je dois dire."

"C'est ce que tout le monde pensait en quatrième année, mais je détestais ça. Tout ce que je voulais, c'était avoir une vie normale sans qu'on me dise ce que je dois faire, qui je dois être ou qui aimer. C'est ce que je veux encore aujourd'hui."

"D'où ma présence ici."

"Oui. Je ne sais pas si je t'ai vraiment remercié pour ton aide, d'ailleurs. Donc... merci, Draco."

"De rien. Il faut dire que tu sais être motivant."

"Tu parles du harcèlement, ou de l'argent ?"

"Un peu des deux, je suppose. Et puis attends avant de me remercier, il faut encore que je passe l'épreuve de ce soir."

"Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer."

"Je n'ai pas vraiment de doutes concernant Granger, elle a toujours été sensée, mais Weasley... Je devrais probablement me préparer à me prendre des coups."

"Il ne te fera rien. Je ne peux pas te promettre qu'il ne dira rien, par contre, mais je serais là au cas où. Je dois protéger mon petit-ami après tout, pas vrai ?"

"Je me cacherais derrière toi, dans ce cas. Je te laisserai prendre les coups pour moi."

"Charmant."

"Il faut bien que tu serves à quelque chose." Draco haussa les épaules et ils rirent en cœur.

Harry n'arrivait pas à croire qu'ils en étaient arrivés à rire ensemble. On était loin du Draco Malfoy de Poudlard avec qui il se battait dans les couloirs, ou encore le Draco qui l'évitait au café et au bar la semaine précédente et qui refusait catégoriquement son aide. Une question traversa soudainement les pensées du jeune homme qui ouvrit la bouche avant de pouvoir s'arrêter.

"Est-ce que tu fais semblant ?"

"Pardon ?" Draco reposa sa tasse vide et le regarda, les sourcils froncés. "Semblant pour quoi ?"

"Pour tout ça ? Est-ce que tu te forces pour être avec moi et discuter comme on le fait ? Parce que si tu penses devoir le faire par rapport au contrat et à l'argent..."

"Non, ce n'est pas le cas. Je... j'apprécie de discuter avec toi. Mon moi de quinze ans me tuerais probablement pour avoir dit ça, mais tu n'es plus le même crétin qu'avant. C'est plutôt... intéressant de discuter avec toi. Fun. Si je t'ai évité la semaine dernière et si j'ai été... désagréable, c'était avant tout un mécanisme de défense. Je ne suis plus le même qu'avant, mais je le redeviens parfois quand je me sens en danger."

"Effectivement, rien que t'entendre dire fun prouve que tu as changé. Nous sommes des adultes qui avons réussi à surmonter notre passé et notre rivalité commune pour s'entendre. Tu sais, même sans ce contrat, j'aurais aimé discuter avec toi, je pense, apprendre à te connaître. On aurait pu devenir amis."

"Parce qu'on ne le peut plus maintenant que je travaille pour toi ?"

"Si, bien sûr que si. J'adorerais être ami avec toi."

Draco l'observa un moment avant de sourire. "Moi aussi. Profitons de tout ça pour le devenir, dans ce cas."

"Ça marche. Bien, qu'est-ce que tu veux savoir d'autre ? À toi de poser les questions, maintenant."

"D'accord. Hum..." Le blond réfléchit un instant. "J'en ai une. Qu'est-ce que tu as fait de la maison des Black ? J'ai su que tu en avais hérité de Sirius."

"Je l'ai vendue après la guerre. Je me voyais mal y vivre après tout ce qu'il s'était passé. Elle était trop... lugubre pour moi."

"Je veux bien te croire. Je n'en ai que très peu de souvenirs, je devais avoir cinq ans quand ma tante est morte, mais dès que j'y repense, j'en ai des frissons. Ma mère me racontait des histoires sur cette maison, notamment sur une goule qui vivait au grenier."

"Ce n'était pas une histoire, elle y vit toujours d'ailleurs."

Le blond grogna. "Merci d'avoir donné vie à un de mes cauchemars, Potter. Mais il n'y avait pas une tapisserie représentant la famille Black quelque part ?"

"Si, dans le salon. Mais elle a disparu à l'instant où j'ai signé la vente. Je suppose que comme elle n'appartenait plus à un Black ou à un de ses héritiers, la maison l'a fait disparaître."

"Probablement, oui."

"Je sais que c'est à toi de poser les questions, mais est-ce que je peux te demander quelque chose ?"

"Vas-y."

"Est-ce que la magie te manque, parfois ?" Draco sembla pris de court par cette question. "Désolé, tu n'as pas à répondre si tu ne le veux pas."

"Non, ne t'inquiète pas, tout va bien. Ça dépend des jours, en fait. Parfois, j'oublie même que je suis un sorcier. J'oublie qui j'étais et je deviens juste Dray, un serveur Moldu qui tente de s'en sortir. Mais d'autres jours, tout mon corps me picote, je sens la magie partout autour de moi qui m'appelle, j'ai l'impression qu'elle va exploser à l'intérieur de moi."

"Ça fait longtemps que tu ne l'as pas utilisée, c'est normal."

"Je sais. Mais ces jours-là, je rêve d'avoir ma baguette pour lancer le moindre petit sort. Juste un Lumos de rien du tout me soulagerait. Mais le lendemain, c'est terminé et j'oublie à nouveau."

"Pourquoi ne pas utiliser la magie sans baguette ? Même pour des choses simples."

"Je m'en empêche. D'abord, j'ai encore la trace sur moi, le Ministère me l'a réinstaurée après mon procès et ne l'a jamais retirée et je n'ai aucune envie qu'ils me retrouvent pour un simple Reparo. Ensuite, je sais que si je réutilise la magie, je ne pourrais pas me satisfaire de quelques sorts. Et puis... je crois qu'une part de moi a peur de ne pas réussir."

"Ne pas réussir à quoi ? À utiliser la magie ? C'est impossible, Draco. La magie fait partie de toi, ce n'est pas le genre de chose qu'on peut oublier. Si tu veux... je sais que tu m'as déjà dit non, mais je pourrais t'accompagner au Ministère et-"

"Non, Harry. C'est ça ma vie, désormais. Je te remercie de vouloir m'aider, mais je ne retournerais pas dans l'autre monde. J'y ai trop souffert."

"Parce que ce monde ci ne t'as pas fait souffrir, peut-être ? Adrian ? Trent ? John ?"

"Si, bien sûr que si, mais ce genre de souffrance est... humaine. Je ne risque pas de me faire lapider à chaque coin de rue simplement parce que j'ai l'indécence d'exister."

"Je te comprends Draco, crois-moi, je déteste juste être impuissant."

"Tu ne l'es pas, tu m'aides en ce moment-même. L'argent que je vais gagner en faisant semblant d'être ton petit-ami va me permettre de changer beaucoup de choses." Harry ne répondit rien et Draco en profita pour poser une nouvelle question. "Qu'est-ce qu'on devrait leur dire à ce sujet ?"

"Quel sujet ?"

"Pour moi, est-ce qu'on devrait dire à tes amis que je ne fais plus partie du monde magique ? Que je n'ai plus de baguette et que je travaille dans un café Moldu ?"

"Pour la baguette, je ne sais pas, mais pour le café, c'est un peu la base de notre rencontre."

"Pas faux."

"Pour le reste, à toi de décider à quel point tu veux parler de ta vie. Si tu veux cacher certains éléments, ça ne me pose pas de problème. On peut dire que c'était ton choix, ce qui en soit est un peu vrai, même si tu as été poussé à faire ce choix."

"Je crois que je préfère être honnête. Je n'ai rien à cacher. À part notre faux couple, bien sûr."

"D'accord. Je te laisserai répondre à ce genre de question." Harry regarda sa montre. "Il est déjà plus de cinq heures."

"Vraiment ? Je n'ai pas vu le temps passer."

"Moi non plus. On devrait peut-être commencer à y aller, je dois terminer de préparer le dîner."

"Okay, je te suis."

Ils remontèrent l'allée vers la sortie du parc en silence, chacun méditant sur les différentes discussions qu'ils avaient eu pendant ces deux heures. Ça avait été une bonne idée de se retrouver plus tôt pour parler, de cette façon, Harry avait l'impression que leur relation paraîtrait plus naturelle. C'était en tout cas ce qu'il ressentait. Il semblait mieux comprendre le blond, désormais et ça lui donnait encore plus envie de l'aider. Il décida donc que, ce soir, il serait le meilleur petit-ami possible face à ses amis afin de ne pas laisser le moindre doute dans leur esprit. Ils devaient repartir convaincus que Draco et lui étaient un vrai couple. Et pour ça, il n'y avait pas trente-six mille solutions : il devait y croire et après ces quelques heures passées avec lui, il était sur la bonne voie.

En quelques minutes, ils étaient hors du parc et sur Upper Brook Street. Harry les fit tourner à droite sur Park Street avant de s'arrêter quelques mètres plus loin devant une élégante maison de briques.

"Voilà, c'est chez moi."

Draco sembla étudier la façade quelques secondes avant de hocher la tête et de le suivre vers la porte. Quand il l'ouvrit, ils débouchèrent sur une entrée étroite aux hauts murs blancs et au carrelage à damiers.

"Viens, je vais te faire visiter. Voici la salle à manger." Ils entrèrent dans une pièce sur la droite avant de continuer vers la cuisine communicante. "Et la cuisine." Puis, il le guida jusqu'à une petite cour intérieure derrière la cuisine avant de revenir dans le couloir et au pied de l'escalier.

"C'est quoi, un patio ?"

"Patio, cour intérieure, appelle-ça comme tu veux. Moi, c'est là que je prends mon petit déjeuner hiver comme été. Grâce à la verrière, j'ai l'impression d'être dehors. Je te montre les étages."

"Tu as combien de chambres ?"

"Trois." Ils arrivèrent au premier et Harry le conduisit dans un grand double salon baigné de lumière grâce aux trois grandes fenêtres donnant sur la rue. Les murs d'un doux vert pastel étaient apaisants et se mariaient à la perfection avec le parquet gris clair et le mobilier moderne et confortable de la pièce. "Voici le salon et, là-bas, il y a des toilettes. Et aussi un petit balcon qui donne sur le patio."

"Est-ce que c'est toi qui as décoré cette maison ?"

"Pas totalement, non. Une partie était déjà si bien décorée que j'ai tout laissé en état et, pour le reste, j'ai fait appel à Parkinson."

Le blond tourna la tête vers lui si rapidement que Harry aurait pu jurer avoir entendu sa nuque craquer.

"Parkinson ? Est-ce que tu parles de Pansy ?"

"Oui. C'est l'une des meilleures dans son domaine alors je n'ai pas hésité longtemps avant de faire appel à elle. Et je n'ai jamais regretté."

"Elle est devenue décoratrice d'intérieur ? Je ne savais même pas que ce domaine l'intéressait."

"Oui, eh bien elle est douée. Ce salon est son œuvre. J'avais peur qu'elle me propose quelque chose de trop... guindé, mais elle a parfaitement compris ce que je recherchais."

"Je suis d'accord, je trouve que cette pièce te ressemble un peu. C'est chaleureux et apaisant."

"Donc, tu me trouves chaleureux et apaisant ?" Demanda Harry avec un sourire en coin.

Draco leva les yeux au ciel. "Bref. La suite ?"

"Ma chambre est au-dessus et les deux autres au dernier étage."

Ils grimpèrent la prochaine volée de marches, débouchant dans la suite parentale constituée d'une chambre au murs beige et avec le même parquet gris que dans le salon, de longs rideaux gris entouraient les trois fenêtres, puis le dressing, bien trop immense pour le peu de vêtements que possédait Harry et enfin la salle de bain avec double-vasque, une baignoire et une vaste douche à l'italienne dont la fenêtre donnait sur la cour intérieure, au-dessus de la verrière. Le blond ne dit rien, se contentant d'observer les pièces les unes après les autres. Enfin, Harry le conduisit au troisième et dernier étage où se trouvaient deux autres chambres avec chacune sa salle de bain, l'une avec baignoire, l'autre avec douche.

"Si tu veux, tu peux poser tes affaires dans l'une de ces chambres. Je ne sais pas si tu veux te rafraichir, prendre une douche… avant de te changer."

"Pourquoi ? Est-ce que je pue ?"

"Non, bien sûr que non. Je veux juste dire de te mettre à l'aise."

"Détends-toi, je blague. Mais merci, je vais peut-être prendre une douche avant qu'ils arrivent, je dois leur faire bonne impression."

"Ils te connaissent, tu sais ? Pas besoin d'en faire des caisses."

"Justement, ils me connaissent. Du moins, ils connaissent celui que j'étais avant, alors je veux qu'ils voient qui je suis maintenant et que j'ai changé."

"Ils le verront, crois-moi. Tu devrais prendre tes marques dans la maison, histoire d'avoir l'air de venir ici régulièrement. Moi, je retourne dans la cuisine terminer le dîner."

"Est-ce que tu as besoin d'aide ?" Draco posa son sac au pied du lit d'une des deux chambres et suivit Harry dans les escaliers.

"Tu cuisines ?"

"Oui, un peu. J'ai dû m'y mettre quand j'ai commencé à vivre seul. Je me débrouille... je crois."

Harry éclata de rire. "Si personne n'est encore mort, c'est que tu t'en sors sûrement. J'ai prévu une poule au pot, pour ce soir. Est-ce que tu aimes ça ?"

"C'est Français, donc oui. Mais est-ce que tu vas avoir le temps de cuisiner ça ? Ils arrivent dans une heure."

"Ne t'inquiète pas, j'ai commencé à tout préparer ce matin. Il ne reste plus qu'à réchauffer la viande dans la sauce et à préparer l'accompagnement. J'ai prévu du riz et des brocolis."

"Est-ce que je peux préparer le riz ? Il y a une recette que j'aime bien faire."

"Bien sûr, vas-y."

Ils entrèrent dans la cuisine et Harry montra les ustensiles au blond au fur et à mesure qu'il les demandait. Pendant qu'il préparait son riz, Harry se mit à laver le brocoli puis à le découper en petits bouquets avant de les faire cuire dans l'eau bouillante. Ça ne lui pris que quelques minutes et, quand il eut terminé, il s'adossa au comptoir pour observer Draco. C'était assez étrange de le voir s'afférer en cuisine. À vrai dire, Harry avait toujours pensé qu'il n'avait probablement jamais mis les pieds dans une cuisine et c'était probablement vrai au temps de Poudlard. Mais aujourd'hui, il était évident que le blond savait ce qu'il faisait. Au bout d'un moment, il devina qu'il préparait en fait une sorte de risotto, vu la consistance presque crémeuse du riz.

"Où est-ce que tu as appris cette recette ?"

"Ma mère."

"Vraiment ?" S'il n'imaginait pas Draco aux fourneaux, il en était de même pour Narcissa Malfoy. Dans l'esprit de Harry, la cuisine du manoir était le territoire des Elfes de Maison où aucun membre de la famille n'avait dû mettre les pieds un jour.

"Oui. Elle aimait cuisiner quand j'étais petit, je la regardais faire pendant des heures. Ça rendait mon père dingue, parce que c'était le boulot des Elfes mais, au final, il félicitait toujours ses plats. Ça fait partie des bons souvenirs."

"À quoi a ressemblé ton enfance ?"

"Assez solitaire. Je suis fils unique, comme tu le sais et les seuls amis que j'avais étaient les enfants des amis de mes parents. Mais même eux, je ne les voyais que rarement. Poudlard a changé ma vie de ce côté-là. Du jour au lendemain, je suis passé des grandes pièces vides du manoir aux couloirs bondés d'élèves surexcités. C'était le paradis pour moi. Enfin... sauf quand je te croisais, bien sûr." Harry ricana sans pour autant lui répondre. "Mais à part ça, j'étais un enfant heureux, je pense. J'ai grandi avec l'amour de mes parents et, avec le recul, je m'estime chanceux. Je n'ai jamais manqué de rien, j'ai été bien éduqué, on passait la majorité de nos vacances en France... Même si mon père était plus distant parce que... eh bien, c'est un Malfoy, ma mère était très différente. On était très proches elle et moi, on passait des heures à jouer dans le jardin, elle me courait après et je riais aux éclats, ou on jouait à cache-cache dans le manoir... J'ai énormément de bons souvenirs de cette époque. La seule chose que je regrette, ce sont les choix de mon père. C'est ça qui a tout gâché au fil des années."

"J'aurais aimé rencontrer ce petit garçon, il a l'air bien différent de celui avec qui j'ai grandi à Poudlard. On aurait pu être amis."

"Oui, on aurait pu, si je n'avais pas été un tel crétin. Tu sais, en grandissant j'ai entendu tellement d'histoires sur toi et comment tu avais détruit le Seigneur des Ténèbres, j'étais à la fois fasciné et terrifié par toi. Donc, quand j'ai compris qu'on était de la même année et qu'on allait faire notre rentrée ensemble, je me suis juré d'avoir l'air... cool, de te montrer que j'étais un Malfoy, un Sang-Pur et que je méritais d'être ton ami. Sauf que tu n'avais rien à voir avec celui que j'avais imaginé, tu étais juste un gamin normal élevé par des Moldus horribles, ce que j'ignorais."

"Tu as été déçu." C'était un fait, pas une question.

"Oui et non. J'ai surtout été pris de cours, parce que tu étais avec Weasley et qu'on m'avait toujours appris que leur famille n'était pas digne de nous, des Sangs-Purs. Alors je me suis demandé pourquoi tu préférais être avec lui, plutôt qu'avec moi qui faisait tout pour être le parfait Sang-Pur."

"Parce que tu pensais que c'est ce que je voulais, ce que j'étais."

"Tu avais détruit le mage noir le plus puissant au monde à seulement onze ans et tu étais à la fois craint et détesté par mon père et tous ses amis donc oui, dans mon esprit de petit garçon, tu étais forcément un sorcier déjà accompli et puissant. Sauf que tu n'y connaissais rien. J'ai eu le sentiment qu'on m'avait menti toute ma vie, que tu étais une sorte... d'arnaque. Comment un gosse aussi banal et n'y connaissant rien en magie pouvait être aussi connu ? Une partie du ressentiment que j'avais pour toi à l'époque venait de là."

"Et l'autre partie ?"

"Parce que tu étais un vrai crétin." Leur rire résonna dans la cuisine. "Et toi, ton enfance ?"

Harry regarda la pendule accrochée au mur. "On en parlera une autre fois, si tu veux bien. Il est plus de six heures, on devrait aller se préparer et, ensuite, il faudra mettre la table. Je vais laisser le riz au chaud avec le reste." Harry jeta un sort de stase sur les plats puis ils montèrent se préparer dans les étages.

Sous la douche, le brun laissa son esprit divaguer comme il le faisait souvent sauf que, cette fois-ci, ses pensées se concentrèrent sur l'autre jeune homme se préparant à l'étage du dessus. Il repensa à ce qu'il lui avait raconté, au petit garçon courant dans le jardin et se cachant dans un grand manoir vide, hurlant de rire quand sa maman le trouvait. Ça lui faisait mal au cœur de penser que ce petit garçon n'existait plus, que la vie et les erreurs de son père lui avaient coûté cette liberté et cette joie de vivre. Puis, il pensa au jeune homme du présent, à son regard agacé d'il y a une semaine dès qu'il poussait la porte du café, à sa frustration de devoir s'en remettre à lui et, enfin, à son rire dans le parc ou dans la cuisine juste quelques minutes plus tôt. Il l'avait trouvé beau alors et, plus les heures défilaient, plus ils passaient du temps ensemble et plus il le pensait.

Ils s'étaient énormément livrés l'un à l'autre aujourd'hui, plus que Harry n'aurait jamais cru se livrer à quelqu'un qu'il avait détesté auparavant, mais le Draco qu'il découvrait au fil des heures lui plaisait de plus en plus. C'était facile de lui parler, ça semblait presque naturel et Harry avait du mal à y croire, mais il aimait parler avec lui. Comment pouvaient-ils être aussi à l'aise l'un avec l'autre malgré leur passé commun ? C'était comme une nouvelle rencontre, comme s'ils recommençaient tout à zéro en oubliant Poudlard, leur rivalité et tout le reste et, franchement, c'était tout ce que Harry désirait en cet instant. Dans un sens, il sentait que c'était ce que Draco voulait, recommencer à zéro. Et il avait raison, ça simplifiait considérablement les choses entre eux.

Il en voulait plus. Il voulait découvrir le vrai Draco, découvrir ce que la vie lui avait caché, ce qu'il aurait pu voir plus tôt, s'il n'avait pas été un gosse banal et si Draco n'avait pas été Malfoy.

Tout en pensant à Draco, à son visage souriant et libéré qui l'avait tant perturbé dans le parc, Harry senti une douce chaleur se répandre dans son bas ventre et il failli crier de surprise. Merlin non ! Il en était hors de question ! Il ne pouvait pas, il ne devait pas désirer Draco. À cause du plan, à cause du contrat, à cause de leur passé... Il ne pouvait pas faire ça. Il ne voulait pas être le connard qui profite de sa position pour parvenir à ses fins. Il ne voulait pas désirer Draco et que celui-ci se sentir obligé de faire quoi que ce soit avec lui.

S'il devait se passer quelque chose, et c'était loin d'être le cas pour le moment, ça ne devait pas être maintenant, pas alors que Harry le payait pour être avec lui. Il avait déjà décidé que, si tout se passait bien, il essayerait de rester proche de Draco, de devenir son ami car il avait apprécié sa compagnie ces derniers jours. Mais de là à devenir plus que des amis ? À voir. À cet instant en tout cas, l'idée ne semblait pas le rebuter autant qu'il l'aurait cru.

En sortant de la douche, Harry s'habilla rapidement et se sécha les cheveux d'un coup de baguette avant de redescendre à la cuisine pour finir de préparer le repas. Il était en train de disposer des toasts sur des assiettes quand Draco entra dans la cuisine. Harry releva machinalement la tête vers lui et se figea, totalement pris de court. Les cheveux blonds de Draco étaient encore humides et légèrement désordonnés et ses joues étaient rouges après sa douche. Il portait un pantalon noir assez simple mais qui lui allait comme un gant et, par-dessus, une chemise grise dont les deux premiers boutons étaient défaits. Entre sa tenue, ses cheveux humides et ses pieds nus sur le carrelage de la cuisine, Harry n'avait qu'un mot pour le décrire : sexy. Le brun avala difficilement sa salive puis remarqua que le blond se balançait nerveusement d'un pied sur l'autre.

"Est-ce que ça va ?"

"Hum... j'ai oublié d'apporter mon sèche-cheveux. Est-ce que tu en aurais un à me prêter ?"

Harry résista à l'envie de lui dire de rester comme ça et se contenta de hocher la tête. "Oui, dans ma salle de bain là-haut. Il doit être dans un des placards sous les lavabos."

"Okay, merci." Marmonna-t-il avant de disparaître à nouveau.

Harry écouta le bruit de ses pas s'éloigner dans l'escalier et secoua la tête. Bon sang, s'il commençait à réagir comme ça dès le premier dîner, il n'était pas sorti de l'auberge. Franchement, d'où sortaient ces sentiments ? Pouvait-il vraiment appeler ça ainsi, d'ailleurs ? Parce qu'il était presque sûr de ne pas avoir de sentiments pour Malfoy. Du moins pas des sentiments amoureux, en tout cas. Alors peut-être était-ce du désir ? Là aussi, ça lui paraissait tellement absurde. Désirer Draco Malfoy ? Et pourtant, ce qu'il avait ressenti plus tôt dans le parc et aussi à l'instant même... Ce devait être à cause de la situation. Oui, il se prenait un peu trop au jeu et comme il n'avait pas été avec un autre homme depuis un bon moment... Il devait se détendre, ce n'était qu'un rôle après tout. Il devait jouer l'attirance, pas la ressentir.

Harry se reconcentra tant bien que mal sur sa tâche. Hermione et Ron seraient là dans vingt minutes, et il n'avait pas envie d'être à la bourre. Quand il se précipitait, il faisait des erreurs. Il était en train de monter les toasts au salon quand il tomba nez à nez avec Draco sur le palier du premier étage. Le blond se figea et Harry mis quelques secondes à comprendre, jusqu'à ce qu'il remarque le regard du jeune homme posé sur les assiettes volant devant lui. Bien sûr, Draco vivait sans magie depuis des années et, pour ce qu'il en savait, c'était potentiellement la première fois qu'il y était confronté depuis un long moment. Tout à coup, Harry ressenti sa magie flotter autour de lui et se demanda ce que Draco devait ressentir. Comme quelque chose de familier qui lui manquait ? Comme une agression ?

"Draco ? Ça va ?"

"Hein ? Oui, bien sûr. Est-ce que tu as besoin d'aide... pour autre chose ?"

"Je voulais juste déposer ça sur la table basse, on va prendre l'apéritif ici. Mais il faut mettre la table en bas, si tu veux."

"D'accord. Où sont les assiettes ?"

"Dans la cuisine. Les placards en hauteur à gauche du four. Je te laisse fouiller."

Draco se contenta de hocher la tête et continua sa descente tandis que Harry faisait atterrir les assiettes sur la table basse. Il en profita pour choisir une bouteille de vin blanc dans sa réserve personnelle et la déboucha d'un mouvement du poignet avant d'hésiter alors que l'air légèrement choqué et mal à l'aise du blond lui revenait en mémoire. Il retourna au rez-de-chaussée où Draco déposait quatre assiettes blanches sur la table de la salle à manger.

"Est-ce que ça te dérange que j'utilise la magie ?"

"Pardon ?"

"La magie. Tout à l'heure tu avais l'air... est-ce que ça te met mal à l'aise ?"

"Oh, je... je n'en sais rien. Je crois que j'ai été surpris, en fait. Ça fait des années que je n'ai pas vu quelqu'un utiliser la magie. Mais non, ça ne me dérange pas."

"Non, parce que si ça te gêne, ou... je ne sais pas, si c'est désagréable, dis-le-moi et je l'utiliserais moins. Ça ne me fera pas de mal de faire certaines petites choses sans magie."

"Pourquoi est-ce que ce serait désagréable ?"

Harry haussa les épaules et alla récupérer des couverts dans la cuisine. "Je n'en sais rien. J'imagine que sentir la magie après toutes ces années doit être bizarre. Donc si ça l'est trop-"

"Non, ça ne l'est pas. Je ne suis juste plus habitué, c'est tout."

Harry aurait pu se contenter de ça et continuer normalement, mais il crut discerner une pointe de tristesse dans la voix de Draco et devina que, si ce n'était pas une sensation désagréable, ça n'en restait pas moins difficile pour lui de voir Harry faire de la magie alors que lui ne le pouvait pas. Après tout, la magie faisait partie de leur vie et de leur être tout entier. En être privé devait donc être très difficile à vivre. Il décida donc qu'à partir d'aujourd'hui, il limiterait l'utilisation de la magie en présence de Draco.

"Est-ce que tu as déjà essayé d'utiliser la magie sans ta baguette ?" Demanda-t-il sans vraiment y réfléchir. Oui, la magie fait partie d'eux donc, baguette ou non, elle était toujours en Draco autant qu'en Harry.

"Pas depuis un moment. Je n'ai jamais été très doué pour faire de la magie sans baguette donc il y a peu de chances que j'y arrive aujourd'hui. Et puis..."

"Tu as peur de perdre le contrôle ?" Il ne savait pas d'où ça lui venait, mais Harry avait le sentiment que c'est ce que le blond ressentait à cet instant.

"Oui, un peu."

Harry l'observa en silence quelques secondes, puis hocha la tête pour lui signifier qu'il comprenait et qu'il ne comptait pas insister sur le sujet.

"Je pense que la table est prête. On devrait monter au salon pour les attendre." Draco le suivit avant de s'asseoir sur le canapé à ses côtés, visiblement nerveux. "Stressé ?"

"Légèrement. Toi ?"

"Aussi. Ils ont beau être mes meilleurs amis, j'angoisse à l'idée de les voir. J'ai peur de faire une gaffe."

"On doit rester naturels, Harry. Si on essaye trop, ça se verra et on aura l'air louches."

"Tu sais que si on reste naturels, on va passer la soirée à se chercher des poux."

Draco pouffa et Harry fut satisfait de le voir se détendre légèrement. "On s'est plutôt bien entendu aujourd'hui, non ? Et on ne jouait pas la comédie."

"C'est vrai, tu as raison. À ce propos, j'ai passé un très bon après-midi et j'ai vraiment apprécié discuter avec toi."

Quelque chose passa dans les yeux gris et alors que Draco ouvrait la bouche pour lui répondre, des flammes vertes illuminèrent la cheminée et, quelques secondes plus tard, Hermione et Ron firent leur entrée dans le salon.

Harry se leva pour les accueillir, le ventre légèrement noué, tandis que le blond faisait de même avec quelques secondes de décalage.

"Salut Harry ! Tiens, j'ai apporté du vin."

Harry sourit au rouquin qui lui tendait une bouteille et le pris dans ses bras. Au moment où il le sentit se tendre contre lui, il comprit qu'il avait repéré Draco.


Oups... le début des problèmes ?