* Chapitre 30. Funérailles *
* Manoir familiale des Fedovir *
Dans la nuit qui avait suivit la mort du père de famille, Lana en tant que matriarche avait ordonné aux serviteurs de préparer la cérémonie des funérailles de son père, elle avait fait déplacer dans le plus grand secret Mirena, Jason ainsi que Sasha, elle avait également demandé à sa belle-sœur d'emmener Imran avec eux au cottage de la famille Kemenov. Seul Vladmir était resté pour être auprès de son épouse, il ne la quittait jamais, restant à ses côtés en toute occasion, Lana avait trouvé le testament de son père, où se trouvait ses dernières volontés, un mot l'accompagnait précisant que le testament ne devrait être ouvert et lu qu'au premier anniversaire de la mort de feu Lord Fedovir. Quand Léna avait vu le mot, elle n'avait pas compris pourquoi son père avait demandé d'attendre un an avant l'application de ses volontés, mais elle avait plié devant le regard de glace de sa jumelle. L'aîné des filles Fedovir ne comprenait pas encore l'importance qu'avait eu leur père dans la vie de ses sœurs, elle avait été élevée majoritairement par sa mère pour devenir comme elle, bien que depuis la naissance de sa propre fille Léna avait commencé à ouvrir les yeux sur ce qu'était réellement sa mère, elle n'avait pas reçu assez l'affection de son père, pour contrecarré l'emprise de Mélina sur elle. Lana avait fait prévenir le conseil de Loria, tandis que la nouvelle du décès de Lord Grayson Fedovir, se répandait comme une traînée de poudre dans la capitale de Solaris.
Lana avait rejoint ses sœurs ainsi que Marcus et Vladmir pour le déjeuner dans la salle à manger, elle portait une robe simple en velours noir, elle s'installa à sa place habituel laissant la chaise où son père s'asseyait vide. Vladmir lui tendit une lettre que son propre père Nikolaï avait écrit, Lana la parcourut des yeux, avant de regarder son mari les yeux brillants d'une étincelle que Léna ne put réussir à déchiffrer. La jeune matriarche donna la lettre à Alicia qui la lut sans pouvoir empêcher un sourire d'apparaître sur ses lèvres, quand la petite fille rendit la lettre à celle qu'elle considérait non pas comme une sœur mais comme une mère, elle demanda :
- Est-ce que nous allons vivre ici ?
- Alicia, ce n'est pas correct dit Léna en s'offusquant.
- Ce n'est pas à toi que je m'adresse grande sœur répondit simplement la plus jeune.
Léna allait répliqué quelque chose, mais la voix de Lana résonna comme un couperet dans le silence qui s'était installé, coupant le souffle à l'aîné tandis que Vladmir regardait attentivement le combat qui était en train de se jouer sous ses yeux.
- Non, nous n'allons pas vivre ici dit la voix de Lana, qui n'avait pas touché à son assiette.
- Où allez-vous vivre si ce n'est pas dans le manoir familiale de notre famille ? Questionna Léna surprise.
- Nous vivrons là où nous avons vécu pendant presque un an dans notre demeure à Galaad dans le royaume du Nord répondit la voix atone de Lana.
- Pourrais-je voir Alistair ? Demanda en souriant Alicia.
- Qui est Alistair ? Demanda Marcus qui regardait la scène devant lui en étant sur ses gardes, il se doutait que malgré le rapprochement de son épouse avec sa jumelle cela risquait de ne pas durer avec le comportement parfois douteux de Léna en raison de l'éducation de sa mère.
- Il s'agit de l'un de mes frères, Alicia et lui ont le même âge répondit Vladmir sans quitter sa femme des yeux.
- C'est complètement inapproprié enfin ! S'exclama Léna stupéfaite par les agissements de ses sœurs.
- En quoi est-ce inconvenant Léna ? Alicia suit les mêmes cours qu'Alistair, elle découvre de nouvelles choses chaque jour, elle joue avec des enfants de son âge, elle reçoit l'affection qu'elle n'a jamais eu de sa propre mère ! Notre père a donné son accord quand il m'a demandé de m'occuper de l'éducation de notre sœur et il était fier de ce que j'avais entrepris ! Craqua Lana en regardant fixement sa jumelle.
- Cela va à l'encontre de tout les principes que notre mère nous a enseigné ! Cela va à l'encontre de toutes les traditions du royaume du Sud ! Répliqua Léna.
Léna continuait à remettre en question les choix que Lana avait fait concernant Alicia, combien une fille de son rang ne devait pas être à proximité de garçon et encore moins suivre les mêmes cours, elle parlait également que maintenant que leur père était mort, ses sœurs devraient vivres dans le manoir familiale.
- Silence ! Dit la voix glaciale et pleine de magie de Lana.
L'aura de Lana était si froide que Léna se tut à la seconde où l'ordre avait agi sur elle, elle voulut regarder sa sœur dans les yeux mais ne réussit pas à le faire, alors que Lana se levait, la température de la pièce baissa de plusieurs degrés. La jeune femme se déplaça jusqu'à son aîné qui était assise, elle posa deux doigts sous le menton de sa sœur, lui faisant relever la tête, pour croiser son regard. Faisant agir sa magie de matriarche sur sa jumelle, elle dit dans un murmure qui résonnait dans la tête de Léna mais également dans toute la pièce :
- Tu n'as rien à me dire sur ce que j'ai fait, ni sur ce que je ferais dans le futur, car je le fais pour assurer la continuité de ma famille, la lettre de mon beau-père contenait une invitation pour ta propre famille, je pensais vous laissez le choix… Finalement vous ne l'aurez pas, vous viendrez avec nous vivre à Galaad jusqu'au jour où nous devrons revenir ici pour entendre les dernières volontés de notre père… Est-ce que c'est assez clair Lady Léna Fedovir épouse Darerine ?
- O… Ou… Oui… Matriarche cela est parfaitement clair… bégaya Léna, en espérant ne plus déclencher la fureur de sa matriarche sur elle.
- Bien… souffla Lana, en lâchant le visage de sa sœur.
Marcus sortit de la pièce raccompagnant son épouse éprouvé par l'aura de la matriarche dans leur chambre où se trouvait leur fille en train de dormir, tandis que Alicia souriait d'un sourire plus vrai que quand son aîné était là, la petite fille adorait voir Lana à l'œuvre. Elle savait que sa matriarche serait la meilleure pour redorer le nom de la famille Fedovir, Alicia sentait au plus profond d'elle même que de grandes choses allaient arrivés, en sortant à son tour de la pièce, elle se jura d'être toujours là pour ceux qu'elle aimait comme des parents. Vladmir rejoignait Lana près de la cheminée éteinte, quand elle se tourna pour le regarder, il sut à travers leur lien, que sa femme n'avait envie que d'une chose, que les funérailles ait lieu pour pouvoir rentrer chez eux à Galaad. Il sentait aussi qu'elle souhaitait prié leurs mères Magie et Nature, le jeune homme avait le sentiment que sa jeune épouse étouffait dans la capitale, ne pouvant vivre comme elle le souhaitait, Lana était en vérité une fille du Nord bien plus que du Sud.
* Veille des Funérailles *
Quand Anton ouvrit la porte du manoir pour trouver Mélina Ivanov sur le seuil il crut à un mauvais rêve mais la voix de la femme qui avait tué son maître lui assura que ce n'en n'était malheureusement pas un, il la conduisit dans le salon des invités. Dans la pièce se trouvait Léna ainsi que Marcus, personne d'autre ne se trouvait là, Mélina fit semblant d'être triste quand elle parla :
- Ma pauvre enfant, perdre ton père si jeune est si dramatique…
- En effet ça l'est mère dit Léna en restant assise là où elle était.
- Ne me salues-tu pas ? Questionna Mélina en abandonnant les faux-semblants.
- Les jours précédents ont étés éprouvants… répondit Léna en fixant sa mère des yeux.
- Oui, bien sûr je n'en doute pas, surtout depuis que tu es matriarche déclara Mélina en souriant sombrement.
Des bruits de pas firent se tourner Mélina vers la porte, l'aura glaciale de sa deuxième fille fit vaciller la femme, Lana portait une autre robe simple réaliser avec du satin, de la couleur du deuil, le pouvoir s'échappait par tous les pores de sa peau. La jeune femme fixa celle qui avait été sa mère des yeux avec une telle intensité que Mélina baissa les yeux, la voix de sa fille résonna dans le silence :
- Cela fait longtemps… Mère…
- En effet ma fille, cela fait longtemps répondit mécaniquement Mélina.
Lana s'approcha de cette femme qu'elle considérait comme folle et dangereuse, elle s'arrêta à quelques centimètres d'elle, son nez touchant presque celui de celle qui lui avait donné vie, la jeune femme dit doucement :
- La mort de mon père n'étant pas naturelle, je peux vous assurez que si la moindre preuve me mène à vous, vous pouvez vous considérez comme morte Lady Mélina Ivanov répudié de la famille Fedovir…
- Tu ne peux rien me faire, ta sœur aîné est la matriarche à présent ! Rétorqua Mélina avec une étincelle de folie dans les yeux.
- En aucune façon, puisque le testament de notre père ne sera lu qu'au premier anniversaire de sa mort et nous avons accepté toutes les trois cela déclara Lana en fixant la femme devant elle.
- Qu… Quoi ?! Vous n'avez pas fait cela Léna ? Demanda Mélina en se tournant vers son aîné stupéfaite.
- Nous l'avons fait acheva Léna en hochant la tête vers sa sœur.
- Sortez du manoir et revenez uniquement demain pour les funérailles de notre père et de votre ancien seigneur-mari Lady Ivanov souffla la voix glaciale de Lana, faisant agir sa magie sur celle qui fut sa mère.
- Je vais vous laisser, je me sens épuisée d'un coup, je reviendrais demain pour les funérailles… dit Mélina la voix atone avant de partir rapidement en-dehors du manoir familiale.
Lana allait sortir de la pièce quand la voix de Marcus la fit se tourner vers sa sœur et lui, elle les regarda fixement, ses yeux brillants d'une flamme glaciale dans ses yeux gris, elle fit signe qu'elle écoutait.
- Comment est le royaume du Nord ? Demanda Marcus en regardant la sœur de son épouse.
- Vous verrez cela vous même répondit Lana d'une voix détachée.
- Comment allons-nous expliqué au conseil et à la famille de Marcus que nous partons pendant un an ? C'est insensé ! s'ahurit Léna en fixant sa sœur qu'elle avait de plus en plus de mal à comprendre.
- Le conseil est prévenu depuis hier que pour sceller de nouveaux accords commerciaux pour la famille Darerine vous partez dans le royaume du Nord avec Alicia et moi qui continuerons à faire des accords en attendant la lecture des dernières volontés de notre père répondit Lana en sentant une colère froide prendre place dans ses veines.
- Es-tu si heureuse de quitter le royaume où nous sommes nées ? Demanda Léna sans savoir ce que cette question allait déclencher chez sa sœur.
- Tu n'imagines pas à quel point vivre à Galaad à été salutaire pour Alicia, la vie est différente entre là-bas et ici, Galaad est notre maison, nous ne sommes pas étouffés par des traditions absurdes et un conseil avide de pouvoir… Nous sommes libres plus libres que vous ne l'avez jamais été… répondit Lana en laissant sa magie sortir par vagues à travers son aura rendant mal à l'aise le couple devant elle.
Lana sortit de la pièce sans être retenue cette fois-ci, elle marcha tranquillement jusqu'à sa chambre, une fois dans la sécurité de la pièce, elle s'assit sur le bord de son lit, laissant les larmes rouler sur ses joues. La jeune femme avait mal dans tout le corps, tout ce qu'elle souhaitait c'était pouvoir hurler au monde la douleur que la perte de son père lui procurait, mais elle ne pouvait pas le faire ici, pas avec le conseil et la cérémonie du lendemain, elle devait rester forte encore un peu pour sa famille.
* Jour des Funérailles *
Tandis que les serviteurs accueillaient les gens qui étaient venus rendre un dernier hommage à leur ancien maître, Lana se préparait avec l'aide de Inès, elle avait déjà enfiler sa robe, celle-ci était noire avec des perles brodés sur le buste et le devant des manches qui touchaient ses mains. Elle portait des chaussures noires à talons haut, Inès coiffait ses cheveux tandis que Lana revoyait tous les souvenirs qu'elle avait avec son père, une larme roula sur sa joue qu'elle essuya d'un geste. Quand Inès eut eut terminé et la laissa seule avec ses pensées, elle fixa son reflet dans le miroir plein pied, le chignon qu'Inès lui avait fait était parfait, et allait très bien avec la tenue de deuil, la porte de la chambre s'ouvrit sur Vladmir accompagné d'Alicia qui portait une robe noire avec des ballerines. Le jeune homme embrassa le front de sa belle épouse, avant de sortir rejoindre les serviteurs devant le manoir, se glissant parmi les gens déjà arrivés, Lana prit la main de sa petite sœur dans la sienne, la guidant pour rejoindre le hall d'entrée où se trouvait Léna avec son mari et leur petite fille. Une certaine effervescence morbide régnait devant le manoir familiale, le conseil était arrivé quelques instants plus tôt mais l'arrivée de Mélina Ivanov ancienne épouse Fedovir habillé d'une robe bleu marine en velours avec l'intérieur de ses manches de couleur rouge pourpre avait semé le plus grand trouble. Personne n'avait fait attention à l'arrivée des trois sœurs sur les marches menant à la porte d'entrée, Anton claqua dans ses mains si fort que tout les gens se turent en découvrant les filles de feu Lord Grayson attendre le silence. Léna inclina la tête vers le majordome, qui lui même fit signe aux embaumeurs d'amener le corps de Lord Fedovir préparer sur un linceul de bois et recouvert d'un voile noir. Les embaumeurs se placèrent au bout de la haie d'honneur que fit la foule, Léna s'avança la première avec sa famille, s'inclinant une dernière fois devant le corps de celui qui fut son seigneur et père, avant de s'écarter prenant place près du conseil.
Lana ne lâcha pas la main de Alicia, qui aurait normalement dû marcher seule, mais la jeune femme sentait à quel point sa jeune sœur était effrayée, elle avança avec elle, les gens sentant l'air ambiant chargé en une chose mystérieuse baissèrent la tête. Une fois arrivé au bout de l'allée, Alicia lâcha la main de sa sœur, pour faire une révérence dont son père aurait été fier s'il avait été encore en vie, la petite fille souffla :
- Au revoir père…
Alicia se recula laissant la place à Lana, la jeune femme s'avança lentement, avant de s'arrêter et de faire une révérence qui dura plus longtemps que celle de ses sœurs, plus la révérence était longue plus elle démontrait la relation qui liait le père et sa fille. Les femmes laissèrent leurs larmes couler alors que les hommes affichaient leur tristesse face à ce que l'on imposait à ses enfants qui étaient si jeunes. Quand Lana se redressa de sa révérence, elle souffla :
- Tu me manque papa…
La jeune femme se recula reprenant la main de sa sœur dans la sienne, elle fixa Léna qui les rejoignit pour suivre la procession des funérailles de leur père, les embaumeurs firent le tour de la ville avec la foule marchant derrière eux. Ils arrivèrent rapidement au cimetière à l'extérieur Est de la capitale, ils posèrent le linceul sur un bûcher en bois dressé pour l'occasion, l'un des embaumeurs tandis une torche enflammée en direction des trois sœurs Fedovir. Voyant que Léna ne l'a prenait pas alors qu'elles avaient convenu que c'était son rôle en tant qu'aîné plongea Lana dans une fureur glaciale qu'elle réprima juste à temps. La jeune matriarche s'empara de la torche à regrets, elle s'avança lentement, en songeant qu'elle n'aimait vraiment pas le pouvoir du feu rouge. Elle abaissa la torche, faisant s'embrasser le bûcher funéraire de l'homme qui avait été un père aimant et doux, mais aussi naïf et aveugle, Lana sentit la main de Alicia prendre la sienne, elle regarda le visage en larmes de sa petite sœur. Elle la colla contre elle alors que les flammes faisait disparaître celui qui avait été le dirigeant de la famille Fedovir jusque là, la jeune matriarche sentait à présent pleinement la magie de sa famille parcourir ses veines sans aucun partage avec qui que ce soit, elle sentait également son lien de mariage devenir encore plus fort. Contrairement à son père, Lana avait appris ses enseignements à la perfection, elle comprenait parfaitement les jeux de la politique ainsi que ceux des accords commerciaux, mais surtout elle était avertie sur les dangers que certains membres de sa famille représentait pour le futur, et contrairement à son père qui était aveugle et ne croyait pas en la vengeance.
Elle était très loin de l'être, et elle croyait en la vengeance, après tout elle était bien plus une fille du royaume du Nord qu'une fille du royaume du Sud, elle ferait tout pour sauvegarder sa famille peut importe le prix.
