C'est à nous.
Titre du 23/06/2022 : C'est à nous
Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)
Y : Yara Greyjoy
Yara Greyjoy
Jaime Lannister & Yara Greyjoy (Game of Thrones)
Deux cent vingt septième baiser : Un baiser entre deux femmes
Sansa Stark/Yara Greyjoy
Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas
Prénom 67 : Marina
Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert
Quatre aspects de… Bilquis (American Gods) : Métier : Écrire sur une prostituée ou quelqu'un qui a une entreprise
UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT
137) 100 façons d'écrire du drama
257) 50 nuances de personnages LGBT
14 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, duos improbables, le défi des baisers, ships rares, cassons les préjugés, elles ont dit, Sarah & son cerveau, quatre aspects, UA Challenge, 100 façons, 50 nuances)
Et normalement voilà le dernier chapitre de cette longue et interminable fic, youhou !
Il sera probablement très long par rapport aux autres (soit ça soit je couperai et y en aura un de plus.)
Édit : Et j'ai réussi à tout faire tenir en un chapitre et à finir cette fic que je me traîne depuis presque cinq longues années ouais vive moi youhou !
Yara Greyjoy connaissait l'effet que pouvait avoir la fin d'une malédiction sur quelqu'un, sur les habitants d'une ville qui s'en retrouvaient d'un seul coup enfin libérés.
La vague de magie qui traversait tout le monde, sans exception, la fin du mensonge, le retour des souvenirs, la douleur, la peine, mais aussi la joie et le soulagement, la sensation d'être enfin redevenu soi-même après tant de temps passé à être quelqu'un d'autre.
Du moins, en théorie.
En regardant les sept saisons de Once Upon a Time, elle avait pu assister à de nombreuses fins de malédiction, à beaucoup d'instants de retrouvailles et malgré leurs répétitions, elle avait été émue aux larmes à chaque fois.
Parce qu'alors, elle pensait à sa propre situation, aux siens et au moment tant attendu où elle vivrait enfin la même chose que les personnages contenus dans l'écran devant elle.
Et cet instant, elle y était enfin, après tout ce temps, tous ces efforts acharnés pour emporter la victoire qui semblait pourtant hors de portée.
Et la théorie n'était rien face à la pratique, se dit-elle alors qu'elle était traversée par cette vague, comme tous les autres et qu'elle se sentait complète à nouveau, comme jamais elle ne l'avait été depuis son arrivée en France.
Contrairement aux autres, elle ne retrouverait aucun souvenir perdu, aucune identité oubliée, mais comme eux, elle allait enfin être réunie avec sa famille.
Sansa, Theon, sans parler de tous ceux à qui elle avait pu s'attacher durant les sept années de guerre contre les marcheurs blancs à Westeros ou depuis son arrivée à Kintzheim.
Elle n'avait plus à hurler dans le vide désormais, elle pouvait enfin être entendue, être comprise et oh que de souffrances il lui avait fallu traverser et endurer pour en arriver là, cette arrivée dans ce monde qu'elle ne connaissait pas, Dunkerque et la solitude, puis sa quête pour retrouver cette ville invisible, lutter pour rester, pour briser cette malédiction qui semblait sans remède…
Mais enfin, c'était terminé.
Cersei avait perdu.
Et elle avait gagné.
§§§§
C'était comme si son crâne allait exploser d'une seconde à l'autre.
En réalisant que Brienne était réveillée, qu'elle respirait de nouveau et qu'elle était bien consciente, qu'elle était vraiment là, de retour, alors qu'il avait cru la perdre pour toujours, qu'elle le regardait, sans doute au moins aussi confuse et perdue que lui, en comprenant qu'il ne rêvait pas, Jaime sourit.
Et puis il eut l'impression de recevoir un mur entier de briques sur la tête.
Les souvenirs.
Tout lui revint d'un seul coup, bien trop vite, bien trop de choses, bien trop de…
Il était Jaime Lannister.
Il était un chevalier, il était né à Westeros, il était noble, il s'était battu contre les marcheurs blancs, il…
Oh.
Il connaissait la femme devant lui, et son nom n'avait jamais été Esgred Miller ça il le savait bien, il s'était suffisamment battu à ses côtés durant ces sept années de guerre pour avoir retenu son nom véritable.
Et.
Et les choses n'auraient pas dû se passer comme ça, jamais ils n'auraient dû perdre la mémoire, jamais ils…
Son esprit avait beau être encore confus à cause de toute la masse d'information qu'il devait traiter, il se souvenait bien d'une chose.
Cersei était responsable.
Elle les avait trahis, elle avait menti, elle avait comploté avec Petyr Baelish, Roose et Ramsay Bolton, et elle…
L'effroi s'empara aussitôt de lui alors qu'il posait par réflexe sa main sur sa poitrine.
Son cœur…
Elle…
Elle lui avait enlevé son cœur !
Elle le lui avait arraché de la poitrine, grâce à une magie dont il ne savait rien, qui ne venait probablement pas de leur monde, qu'elle avait sans doute subtilisée parmi tout ce que ce fameux lutin dont Mélisandre leur avait parlé avait donné à la prêtresse rouge avant de repartir vers son propre monde.
Alors c'était pour ça ?
Ce creux, ce vide dans la poitrine, cette sensation de ne plus rien ressentir, de n'être rien de plus qu'une coquille vide, d'être sous son contrôle, tout ça c'était de sa faute ?
Tout ça parce que…
Parce qu'elle avait refusé de le laisser partir.
Parce qu'il était tombé amoureux d'une autre.
Il avait aimé Cersei, autrefois, passionnément et profondément.
Mais maintenant qu'il connaissait toute la vérité, il le savait, il n'éprouverait plus jamais rien pour elle, hormis de la colère, de la haine, et de l'indifférence.
En voyant son geste, Yara lui sourit.
« Ne vous en faites pas pour ça…
Il se tourna vers elle, sa main toujours plaquée contre son torse.
Il battait.
Son cœur battait à nouveau, comme avant, là, dans sa poitrine, comme s'il était bel et bien à sa place, mais…
Était-ce réellement le cas ?
Après tout, ils étaient dans un autre monde, loin de Westeros, un monde où la magie n'existait pas, où l'absence de battement de cœur dans un corps ne signifiait rien d'autre que la mort pure et simple de son occupant, alors peut-être que…
Peut-être que ce battement qu'il croyait entendre était faux et qu'il ne faisait que résonner dans le vide.
Peut-être qu'il n'avait toujours pas récupéré son cœur en fin de compte.
Mais elle venait bien de lui dire de ne pas s'inquiéter, pas vrai ?
De quoi parlait-elle, de ça ou d'autre chose, comment aurait-elle pu savoir au juste ?
- Yara… Je…
Il ne savait même pas par quoi commencer, quoi lui dire.
Elle avait été seule.
Elle était restée seule, dans un monde inconnu, tentant de s'en sortir sans la moindre connaissance, et elle avait réussi à les retrouver même si personne ne lui avait indiqué le chemin, ne lui avait dit où aller.
Cette femme qu'il pensait dangereuse, presque une criminelle, était en réalité une putain d'héroïne.
Elle s'était échappée, elle avait pu fuir la malédiction, mais ça ne voulait pas dire que son sort avait été plus enviable que le leur.
Bien au contraire.
Elle n'avait pas oublié, mais ça signifiait pas qu'elle n'avait pas souffert, elle s'était battue contre le monde dès l'instant où elle avait débarqué en ville et ils n'avaient rien vu.
Jaime savait que ce n'était pas de leur faute, que seule la malédiction était responsable, mais il ne pouvait pas s'empêcher de s'en vouloir.
S'ils avaient prêté attention à ses paroles, les choses auraient été bien différentes…
- Je vous l'ai rendu vous savez. Votre cœur.
Il sursauta.
- Quoi ?
- J'ai… beaucoup espionné la ville après mon arrivée, et j'ai appris ce qu'il s'était passé… ce qu'elle vous avait fait. Alors j'ai cherché où votre cœur pouvait se trouver, je m'en suis emparé et… je vous l'ai rendu.
Et ce sans qu'il ne se rende compte de rien, ce qui était… tout simplement terrifiant.
Mais elle l'avait aidé, elle l'avait remis à sa place, et…
Alors c'était pour ça qu'il avait eu l'impression de revivre après cela, qu'il avait réalisé qu'il n'aimait plus Cersei, qu'il s'était rapproché de Brienne, parce que la fer-née avait fait ce qui lui semblait juste.
En réalité, Yara Greyjoy l'avait sauvé bien avant que la malédiction ne soit brisée.
- Merci.
Mais non, de simples remerciements ne suffiraient pas après tout ce qu'elle avait fait pour eux, sans elle, les choses seraient restées les mêmes, auraient stagné sans qu'ils ne puissent y faire quoi que ce soit.
Sans qu'ils ne parviennent une seule seconde à comprendre ce qui pouvait bien clocher dans leurs vies.
Alors il franchit la distance qui le séparait et la serra dans ses bras.
- Je vous remercie infiniment Yara. Les mots… ils ne seront sans doute jamais suffisants pour exprimer notre gratitude, tout ce que nous vous devons… à vous et à vos amis.
Marina et tous ces gens avec qui Yara passait du temps, tous ceux qui avaient pu l'aider dans son entreprise, notamment en ce qui concernait les tests ADN, est-ce qu'ils savaient la vérité eux aussi, est-ce qu'ils se souvenaient ?
Ou bien est-ce qu'ils s'étaient contentés de la croire, de la suivre, de lui faire confiance, de faire un saut dans le vide malgré tous les risques et les conséquences ?
Si oui alors Jaime ne pouvait que les trouver admirables.
- Je vous l'avais dit, non ? Lui répondit-elle, malicieuse, malgré les larmes qui coulaient sur ses joues. Je vous l'avais dit et pourtant vous ne m'avez pas écouté. Mais j'avais raison. Depuis le tout début.
- J'aurais dû je le sais.
- Nous aurions sans doute tous dû le faire, intervint Brienne avant d'essayer de se relever.
Aussitôt, son petit-ami se rapprocha d'elle et ils se sourirent tendrement, débarrassés pour de bon des brumes de l'oubli qui les avaient séparés pendant si longtemps.
Même si malgré tout, malgré ça, ils avaient réussi à se retrouver avant même de se souvenir de qui ils étaient l'un pour l'autre.
Ça leur avait juste pris un peu de temps.
La jeune femme haussa les épaules.
- Je ne sais pas ce que j'aurais fait à votre place. Si j'avais perdu la mémoire et que tout me disait que rien ne cloche. Si j'aurais été aussi courageuse que Lancel ou Myrcella. Si j'aurais accepté de croire.
Peut-être pas.
Peut-être qu'elle se serait laissée sombrer, comme d'autres, sans le moindre espoir de changer une vie qui ressemblait plus à une prison qu'autre chose.
- Et… poursuivit-elle, je n'étais pas seule. On m'a aidée. Sans Marina je ne sais pas ce que je serais devenue. Sans compter que… les habitants de Kintzheim se sont réveillés pour certains. Ils ne se sont pas souvenus mais ils ont tout fait pour changer leur vie du mieux qu'ils pouvaient. Ils se sont battus. Et je suis fière d'eux.
Theon, Sansa, Vère, tant d'autres qui avaient décidé de vivre au lieu de seulement survivre.
- C'est grâce à vous, déclara Brienne, alors… merci. Merci Yara.
- Je suis tellement désolé, poursuivit Jaime, désolé que vous ayez dû en passer par là, désolé de ce que ma sœur… De ce qu'elle vous a fait. Elle a fait de notre vie un enfer, mais la votre n'a pas été épargnée non plus.
- Non, en effet. Mais c'est fini maintenant, pas vrai ? Lança-t-elle sur un ton faussement joyeux qui ne dupa absolument personne.
Non ce n'était pas fini, c'était loin d'être terminé.
Parce que même faux, leurs souvenirs étaient toujours là.
Parce que certaines des blessures causées par la malédiction ne s'effaceraient sans doute jamais vraiment.
Parce que pour guérir, ils avaient besoin de temps et qu'ils n'en étaient encore qu'au début.
Parce que la joie de retrouver ce et ceux qu'ils avaient perdus ne changerait rien aux deux années qu'on leur avait volées.
- Je vais vous laisser, leur dit Yara en souriant, je pense que vous avez des tas de choses à vous dire et moi je… J'ai bien envie de visiter la ville, de savourer ma victoire. »
Ils lui sourirent une fois de plus avant de tourner leur attention l'un vers l'autre et elle sortit.
Oh comme il lui tardait de serrer de nouveau Theon et Sansa dans ses bras !
§§§§
Certains en ville ne s'étaient jamais perdus.
D'autres se connaissaient déjà, s'étaient déjà retrouvés, entre-temps, malgré l'oubli, Vère et Sam, Ned et Catelyn, elle-même et Sansa, et d'autres.
Tellement de personnes séparées de ceux qu'elles aimaient ou qui avaient oublié à quel point elles aimaient ceux qui se trouvaient à leurs côtés.
Ça n'avait rien de juste.
Alors, les voir tous se retrouver, se rappeler, savoir qu'ils n'étaient plus seuls, qu'ils étaient aimés, que leur enfer avait pris fin, voir la joie dans leurs yeux, leurs larmes de soulagement, voir que tout ce qu'elle avait fait n'avait pas été en vain…
C'était largement suffisant pour lui donner envie de sourire et de rire aux éclats.
§§§§
C'était réel.
La pensée frappa aussitôt Lancel Lannister alors que ses souvenirs reprenaient leur juste place, que tout prenait sens, l'attitude de sa cousine, la venue d'Esgred ou plutôt de Yara et de Marina à Kintzheim, tout était vrai.
La malédiction, Westeros, les marcheurs blancs, l'oubli.
Depuis le début, elle n'avait jamais cessé de dire la vérité.
Et enfin leurs efforts payaient, enfin ils…
Ils étaient libres.
Libre de la malédiction, libre des marcheurs blancs, comme ils auraient toujours dû l'être si le Sort noir n'avait pas été trafiqué de cette façon.
Le combat était terminé.
Et lui, dans cette histoire, il avait gagné une petite-amie merveilleuse.
Malgré l'horreur de la situation, il ne put s'empêcher de se trouver plutôt chanceux.
§§§§
Elle se souvenait de la fumée violette.
Elle se souvenait de son désespoir en apprenant la vérité, ce qui allait leur tomber dessus, ce que sa propre mère avait fait, elle se souvenait avoir prié pour ne pas être séparée de Shireen.
Ce vœu avait été exaucé au moins, mais elle ne pouvait pas en dire autant du reste.
Elle était restée avec les siens, mais que dire de tous ceux qui s'étaient retrouvés seuls ?
Elle n'avait aucune sympathie pour les Bolton ou pour Littlefinger avant que toute cette histoire ne commence.
Mais désormais, maintenant qu'elle savait la vérité, qu'elle se souvenait de tout, toute l'affection qu'elle pouvait encore conserver pour sa mère venait tout juste de s'évanouir pour de bon.
Elle la haïssait.
Par les Sept, comme elle la haïssait !
§§§§
Son père.
Stannis Baratheon était son père biologique, l'homme qui l'avait élevée, sa famille, les tests avaient eu raison, il était…
Est-ce que c'était pour ça la tristesse dans ses yeux à chaque fois qu'il la regardait ?
Est-ce qu'il savait depuis tout ce temps ?
Est-ce qu'il se souvenait ?
Est-ce qu'il avait toujours su la vérité et n'avait rien pu dire parce que personne ne l'aurait cru ?
Si oui alors il avait dû tellement souffrir, se sentir tellement seul.
Elle voulait courir jusqu'à lui, le serrer dans ses bras, lui dire qu'elle l'aimait.
Quant à sa mère…
Selyse était différente dans ce monde, elle avait changé, en mieux, elle ne pouvait pas le nier, mais…
Mais Shireen se souvenait d'une femme froide, d'une mère qui ne lui avait presque jamais donné le moindre amour, avec elle, les choses seraient plus compliquées de toute évidence.
Mais elle avait l'intention d'essayer malgré tout.
Un nouveau monde permettait de nouvelles opportunités et de nouvelles perspectives, surtout maintenant qu'ils avaient retrouvé la mémoire, pas vrai ?
§§§§
Quand Shireen se jeta dans ses bras en l'appelant papa pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté Westeros, Stannis aurait voulu pouvoir faire face à Cersei et la regarder droit dans les yeux, la railler, lui dire qu'il avait retrouvé sa fille alors qu'un de ses fils était devenu un monstre et que ses deux autres enfants allaient désormais la détester.
Il avait réussi, il avait tenu bon, jusqu'au bout, il avait récupéré sa famille, et sa fille se rappelait enfin de lui.
La douleur était toujours là, mais il savait que la sensation d'impuissance qu'il ressentait avant la fin de la malédiction avait disparu pour toujours.
Parce que sa fille était de nouveau dans ses bras.
Que pouvait-il bien demander de plus ?
§§§§
Mélisandre sourit, apaisée.
Il ne lui restait plus beaucoup de temps, maintenant que la malédiction était brisée.
Elle avait toujours su en un sens, malgré son esprit embrouillé, malgré l'oubli, malgré son corps vieux et fatigué, bien trop âgé, elle dont la jeunesse s'était envolée quand elle avait sacrifié ce qu'il lui restait de sa magie et elle avait essayé de les aider même si ça n'avait pas vraiment servi à grand-chose.
Ils avaient réussi au moins, ils avaient gagné, tout était fini.
Tout est bien qui finit bien.
Elle allait enfin pouvoir se reposer.
§§§§
Dans d'autres circonstances, Petyr aurait été heureux de revoir Catelyn.
Mais pas là, pas avec cette froideur et cette glace dans ses yeux alors qu'elle le toisait d'un regard empli de mépris et de haine, maintenant qu'elle avait retrouvé ses souvenirs et qu'elle savait ce qu'il lui avait fait.
Quand elle le gifla, il ne put pas se dire qu'il ne s'y attendait pas.
§§§§
Il avait une sœur.
Il l'avait toujours su mais désormais c'était différent.
Tous les souvenirs qu'il pouvait avoir de Yara n'étaient plus un mensonge, il se souvenait des îles de Fer, de leur enfance, de leurs retrouvailles, de Westeros, de Winterfell, des marcheurs blancs, de Port-Réal, de la guerre et de tant d'autres choses.
Elle l'avait sauvé.
Sa grande sœur l'avait sauvé bien avant même qu'il ne sache que c'était elle, qu'il ne sache qui elle était et il sourit.
Il n'aurait sans doute pas assez de toute une vie pour la remercier pour ça.
§§§§
Winterfell, son enfance, ses parents, ses frères, sa sœur, son demi-frère (qui était en fait son cousin ? Elle ne savait plus si c'était la vérité ou un mensonge), la neige, et tout ce qui avait suivi.
Tout était en train de revenir.
Ned Stark était bel et bien son père, son intuition ne lui avait pas menti, et elle avait eu raison de faire confiance à Esgred.
Non.
Yara.
Elle s'appelait Yara, Yara Greyjoy, Yara qui pendant près de deux ans les avait perdus, puis les avait retrouvés, et oh elle avait dû voir la femme qu'elle aimait souffrir sans pouvoir lui dire qui elle était ou à quel point elle l'aimait.
Elle ne savait pas ce qu'elle aurait fait si elle avait été à sa place, si les rôles avaient été inversés, elle aurait aimé ne pas avoir à se poser cette horrible question.
(Elle aurait aimé que sa petite-amie ne soit pas obligée de mentir à tout le monde, de cacher son cœur brisé et ses larmes derrière un masque d'indifférence.)
Toute cette douleur, toute cette souffrance, tous ces sacrifices…
Oh comme Sansa comprenait maintenant tellement de choses qu'elle n'avait jamais vues jusque-là.
Quand elle la retrouva puis la serra contre elle avant de l'embrasser, elle mesura pour de bon l'ampleur de ce que Cersei Lannister leur avait arraché, de ce qu'elle et ses alliés leur avait volé, de ce qu'elles leur avaient repris, malgré eux.
Et lorsque la farouche fer-né fut réunie avec ce frère qu'elle avait passé tant de temps à vouloir sauver, qu'elle le serra lui aussi dans ses bras, jamais la louve n'eut autant la sensation en la voyant qu'elle était sur le point de se briser en mille morceaux tel du verre.
§§§§
Une bonne sœur.
Tyrion ne savait pas s'il devait rire ou au contraire pleurer.
La malédiction avait fait de Shae une bonne sœur.
Voilà pourquoi ils n'avaient pas pu être ensemble, c'était pour ça qu'il avait l'impression que l'univers le détestait, que Cersei faisait tout pour lui gâcher la vie.
Parce que c'était la vérité.
Mais il penserait à tout cela plus tard, d'abord il avait mieux à faire.
Il devait retrouver la prostituée, à tout prix.
Une voix emplie d'émotion le coupa dans ses pensées avant même qu'il n'ait eu le temps de bouger ou de sortir de chez lui.
« Bonjour mon lion. »
Elle était là.
Elle était là, ici et maintenant, elle était vraiment réelle, et sa maudite sœur n'était pas parvenue à lui ôter ça, et il lui sourit à travers ses larmes.
« Bonjour Shae. »
Ils s'embrassèrent comme s'ils ne s'étaient jamais quittés, et aux yeux du nain, c'était la plus belle des victoires possibles.
§§§§
Yara Greyjoy défia Ramsay et Roose Bolton du regard en souriant.
Ils avaient échoué.
Ils n'étaient pas parvenus à la vaincre, à la détruire, à la briser et encore moins à la tuer.
Malgré tous leurs efforts.
Et même si elle s'était retrouvée seule, elle n'avait pas abandonné, elle s'était battue, jusqu'au bout, assistée de Marina, de Lancel, de Stannis, de Myrcella, de Talisa et d'autres même s'ils ne s'en étaient pas toujours rendus compte.
Mais c'était fini.
Pour de bon, terminé, et par moments, elle n'arrivait pas à croire au fait d'avoir réussi à les battre tant ça semblait inespéré, tant ça ne ressemblait à rien d'autre qu'à un rêve.
Même en les voyant se faire arrêter, le père, le fils ainsi que Littlefinger et Cersei, elle avait encore la crainte de se réveiller et de réaliser d'un seul coup que rien de tout ça n'était jamais arrivé, pire encore, qu'elle se trouvait encore à Dunkerque et qu'elle n'avait jamais trouvé le chemin pour Kintzheim.
Mais elle avait confiance.
Un jour, cette sensation disparaîtrait totalement et la chute de ces monstres n'était que la première étape.
§§§§
Quand ils l'emmenèrent, Jaime n'eut pas un regard pour elle.
Cersei n'aurait pas dû en être surprise, après tout ce qu'elle avait fait, c'était plutôt logique.
Elle avait joué et elle avait perdu.
Quand on joue au jeu des trônes soit on perd, soit on meurt.
Ici elle n'était plus à Westeros, elle survivrait probablement, mais ça ne changeait rien à sa défaite.
Le regard moqueur et le sourire narquois et triomphant de Yara Greyjoy furent les seules choses qui l'accompagnèrent jusqu'au bout.
Maintenant, elle le savait plus que jamais.
Elle n'aurait pas dû faire l'erreur de la sous-estimer.
§§§§
Quelques mois plus tard.
En ce début de mois de septembre 2019, il faisait encore beau.
Le soleil brillait dans un ciel bleu paré de quelques nuages, et le temps était radieux.
De même que la majorité des habitants de Kintzheim, dont Yara faisait évidemment partie.
Vivre dans un monde sans marcheurs blancs, où les choses étaient bien sûr compliquées et dures, était bien mieux, cela, elle ne pouvait pas le nier.
Surtout maintenant que la malédiction était brisée, que les monstres ne pouvaient plus leur faire de mal et qu'ils étaient libres d'aller où ils voulaient, de voyager, de quitter la ville, le pays, voire le continent.
Ils pouvaient aller où ils voulaient, faire ce qu'ils voulaient, être qui ils voulaient, même s'ils devaient cacher leur véritable identité au reste du monde.
Et c'était tout simplement merveilleux.
Pouvoir être réunie avec sa petite-amie, partir avec elle dans d'autres endroits, organiser des sorties en amoureuses, découvrir cet univers qu'elles ne connaissaient principalement qu'en théorie, tout cela l'emplissait de joie.
Lentement, elle guérissait de ses blessures, de sa douleur, les cauchemars s'éloignaient petit à petit grâce à Sansa, à Marina et à ses autres proches.
Elle n'oubliait pas, elle n'oublierait sans doute jamais.
Mais elle les remplaçait avec de nouveaux souvenirs, bien plus joyeux et heureux.
Comme ce jour-là.
Ce jour où sa meilleure amie, Marina Leszczynska allait se marier avec Lancel Lannister.
Le jour dont elle avait tant rêvé et qui enfin se réalisait, un jour qui, Yara le savait, était entièrement à la hauteur de ses espérances.
Quand ils se dirent oui puis s'embrassèrent, Yara se mit à sourire tout en serrant la main de Sansa dans la sienne.
Elle pensa à la bague dans sa poche, à la demande qu'elle lui ferait bientôt, elle qui n'aurait jamais pu avoir le droit de l'épouser si elles étaient restées à Westeros.
D'ici peu, ce serait bientôt leur tour, dans un futur proche.
Et ce futur, la jeune femme ferait absolument tout ce qui était en son pouvoir pour le rendre le plus beau, serein et merveilleux possible.
Comme elle l'avait toujours fait.
FIN.
