— Cinq points pour Serpentard.
Le professeur McGonagall le regarda par-dessus ses lunettes. Deux élèves seulement ont réussi à changer leur allumette en épingle : Rose Weasley, qui a eu le droit à un petit sourire – si l'on peut appeler sourire le mouvement presque imperceptible effectué par les lèvres de la stricte Ecossaise – et lui-même, Scorpius Malefoy. La sèche directrice des gros nuls sapés dans des couleurs infâmes (il n'y peut rien, le rouge ne lui convient pas au teint le choixpeau était d'accord avec lui : mieux valait toujours être réparti dans une maison dont on pouvait porter les couleurs sans avoir l'air ridicule) n'avait même pas pris la peine de faire une remarque sur la magnificence de sa métamorphose. Quel mauvais goût !
— Tu me montres comment tu fais ?
L'insecte. S'adresser à lui sur ce ton ! Scorpius serra les dents et pris le parti d'ignorer le dégoût que lui inspirait Potter à côté de lui. Potter à côté de lui. Aucun de ses camarades n'avait daigné réclamer le siège à sa gauche, si ce n'est cet halluciné. On ne voulait pas être associé aux Malefoy et on lui faisait savoir.
L'un de ses chers camarades lui envoya une boulette de parchemin dans les cheveux. La rage brûlait ses intestins. Ce n'est peut-être pas une expression lexicalisée, il trouvait que c'était quand mal pas mal. Il ressentit pour la première fois l'envie de mettre fin aux jours de quelqu'un. Il ne savait pas quel sang de bourbe avait osé s'en prendre à sa possession la plus chérie, mais il était dans la nature des Serpentard de se venger. Le seul individu qu'il exclut de la liste de ses cibles était le petit moucheron à ses côtés peut-être qu'avec l'aide de Karl, son coiffeur, et d'Aristide, son tailleur, il pourrait en faire une personne fréquentable.
— Reprenons les bases, cher Potter ! Ton mouvement de baguette est ridicule. Regarde-moi, et fais tout comme moi. C'est en imitant la perfection que l'on peut s'améliorer, après tout.
Albus Potter était ravi. Aurait-il perdu de sa joie s'il avait aperçu le sourire purement diabolique qui ombrageait le visage de Scorpius Hypérion Malefoy ?
Qui vous dit qu'il ne l'a pas vu ?
Madame Pince les fixe. Les fixe. Les fixe. Les fixe. Comme tout le monde depuis le déjeuner. C'est dingue, vous mangez avec le fils de Harry Potter sans l'insulter (à peine), et tout le monde décide de vous fixer. On n'a plus le droit d'être affilié à des Mangemorts et de passer un peu de temps avec un abruti de descendants de Gryffondor débiles !
S'ils savaient, ces connards…
Albus Potter était ravi de l'aider à défoncer la gueule des putains de sang-de-bourbe qui lui ont détruit sa magnifique coiffure. Et quel meilleur endroit que la bibliothèque afin de planifier un mauvais coup ? Il va bien finir par trouver le sortilège permettant d'énucléer autrui. Il est sûr que ce sort existe sa tante lui a montré en l'utilisant sur l'un des paons albinos du manoir. Peut-être devrait-il s'introduire dans la Réserve ?
— Au lieu d'arracher les yeux des autres, tu penses pas qu'on pourrait juste leur balancer des bombabouses ? Mes oncles travaillent dans les farces et attrapes, ils en ont mis pleins dans ma valise.
Quel manque de subtilité ! Et cet ahuri est un Serpentard…
— Très bonne idée, Cheveux moches. Vite, au dortoir !
Parfois, la force brute est le meilleur moyen de faire comprendre aux individus microcéphales qu'ils lui sont inférieurs. S'allier à Albus Potter lui apparaît comme de plus en plus comme une excellente idée. Mais quelle idée naissant sous son sublime crâne blond pourrait être autre chose qu'excellente ?
Le bruit des explosions, aux oreilles de Scorpius, prend des airs de symphonie. Seule fausse note : la voix de crécelle de son partenaire tant pis, il n'aura qu'à lui apprendre à rire de manière agréable. Tout le monde ne naît pas avec les qualités ontologiques d'un Malefoy.
Les autres Serpentard prendront la peine de réfléchir avant de lui briser ses royales noix.
Les autres Serpentard vont comprendre combien ils lui sont inférieurs.
Les autres Serpentard vont lui sucer les boules.
Les autres Serpentard vont faire pas mal de trucs avec ses couilles, vous trouvez pas ?
Et puis, le Moche et lui ont juste balancé des bombabouses dans les dortoirs et la salle commune, soit des bombes puantes. Manque de raffinement dans la vengeance, il en convient. Son excuse : il n'est qu'un bébé première année qui n'a pas encore appris le sort d'énucléation. Vous vous demandez comment il a fait savoir qu'il était l'auteur de cette blague merdique ? lui aussi.
Mais c'est pas de sa faute ! C'est celle du laideron. Lui n'a pensé qu'à la vengeance, la mort, la destruction, le sang, les larmes, la sueur des vainqueurs, l'odeur des cadavres en putréfaction, les jolies filles qui ouvrent en grand leur chemise pour présenter leur poitrine imposante au vainqueur, qui se saisit de sa plume afin de signer son nom sur ses groupies reconnaissantes.
Résultat : aucun des élèves de la meilleure maison de Poudlard ne va pouvoir se rendre dans son dortoir ce soir. Ouais, trop bien les sacs de couchage dans la Grande Salle ! Et Scorpius se retrouve seul dans un coin. Certes, Potter est avec lui dans son coin.
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