Prendre ses marques

Bobby ouvrit les yeux pour découvrir le magnifique sourire de Buck.

Il était occupé à essayer d'attraper son pied. Il ne put s'empêcher de sourire, heureux de voir que tout était réel et que Buck se trouvait bien avec lui. Il posa sa main sur son ventre pour lui dire bonjour et Buck secoua les bras et les jambes, excité d'avoir enfin son attention.

Bobby s'était reposé mais pas aussi bien qu'il l'espérait.

Buck avait catégoriquement refusé de dormir dans son berceau et ils avaient alors partagé le canapé-lit du salon. Bobby n'avait eu de cesse de se réveiller en sursaut pour vérifier que Buck allait bien.

Il vérifia sa couche et vit qu'elle était mouillée.

Il se redressa et regarda l'heure. Il soupira quand il vit qu'il était à peine six heures du matin. Il comprenait mieux pourquoi son capitaine l'avait convaincu de prendre plusieurs jours, le temps de s'habituer à sa nouvelle routine avec Buck.

– Et si on te mettait les fesses au sec ? demanda-t-il en le chatouillant.

Il se leva et le prit dans ses bras pour l'emmener dans la chambre.

Il le posa sur la table à langer et le changea rapidement. Il l'habilla chaudement. Puis, il l'emmena dans la cuisine où il fit chauffer un biberon alors que la machine à café faisait son travail.

Il remarqua que Buck avait les yeux rivés sur le sapin.

Il se souvenait que la veille au soir, il avait été subjugué par les petites lumières clignotantes, qui l'avaient beaucoup amusé, avant qu'il ne s'éteigne comme une lumière entre ses bras.

Il se servit un café et récupéra le biberon, avant de s'installer à table. Il bascula Buck sur son bras et lui présenta son lait sur lequel il se jeta, comme à son habitude.

– Tu es un vrai glouton, le réprimanda-t-il gentiment.

Buck se contenta de manger, en le regardant dans les yeux.

– Je sais qu'il est tôt mais je te propose une petite balade. Tu as des tas d'admirateurs qui seraient très heureux de te voir ce matin. Ils doivent finir dans trois heures mais ils ne diront pas non à un petit déjeuner, crois-moi. Ils sont presque aussi voraces que toi.

Quand Buck eut fini, il l'emmena jusqu'au sapin qu'il brancha et termina son café alors que Buck poussait des petits cris enthousiastes. Il s'habilla rapidement, en se demandant comment il allait trouver le moyen de prendre une douche, sans que Buck ne se mette à hurler de ne plus l'avoir dans son champ de vision.

Il enfila son manteau et prit le porte-bébé.

Il avait encore neigé dans la nuit mais les rues étaient bien dégagées. Il attacha Buck dans son siège auto, puis il prit la route. Buck s'endormit en moins de dix secondes et il le récupéra quand il arriva à la caserne.

Il le glissa dans le porte-bébé ce qui lui fit ouvrir de petits yeux ensommeillés.

Il le protégea du vent glacial jusqu'à ce qu'ils soient à l'abri. Puis, il le laissa découvrir son nouvel environnement dans le silence de la caserne.

– Hey, gamin ? s'exclama soudain Ray en venant le rejoindre. On te manque déjà ?

– Salut Ray, lui sourit-il. Buck n'est pas un grand dormeur. Alors, je me suis dit qu'on allait venir vous rendre visite.

– Salut, mon pote, lui lâcha-t-il en attrapant sa petite main pour le saluer.

Buck regarda sa main dans la sienne, indécis, avant de lever les yeux sur lui.

Bobby l'encouragea du regard et Buck sourit, avant de pousser un grand cri. Il bougea les jambes énergiquement pour montrer son contentement et Ray se mit à rire.

– Et bah toi, on peut dire que tu as de la voix.

– Je crois que c'est son jeu favori, rit Bobby. Ça et squatter mon lit, plutôt que le sien.

– Il t'a déjà enroulé autour de son petit doigt, n'est-ce pas ? se moqua Ray.

– C'est le cas depuis le premier jour, admit Bobby. C'est tellement bizarre de me dire qu'il est enfin là, qu'il a le droit à un nouveau départ et je suis tellement heureux de pouvoir le lui offrir.

– Il a de la veine d'être tombé sur toi, affirma Ray. T'es un mec bien, gamin !

Buck choisit ce moment pour donner de la voix et Bobby cacha ses larmes d'émotion dans son rire.

– Et ouais, toi aussi, t'es d'accord. Ton tuteur est un mec bien et il va prendre bien soin de toi. Et ensuite, quand tu seras grand et fort, tu viendras nous rejoindre ici.

– Oui et bien ça on verra, le coupa Bobby.

– Oh allez gamin, ce petit est fait pour être pompier. Il l'a dans le sang.

De nouveau, Buck poussa un cri en gigotant avant de rire. Bobby se renfrogna quand Ray se joignit à lui. Il n'avait pas forcément envie que Buck suive un jour ses pas. C'était un métier qu'il adorait mais il n'en était pas moins dangereux.

Il voulait mieux pour ce petit.

– Pourquoi personne ne m'a prévenu qu'on avait une nouvelle recrue ? s'amusa le capitaine en apparaissant, suivi par tous ses collègues curieux.

Buck s'agita en criant, apparemment heureux d'être le centre de l'attention.

Malgré tout, il s'accrocha à son doigt comme pour s'assurer qu'il ne disparaitrait pas. Bobby déposa un baiser sur le sommet de sa tête pour le rassurer et, immédiatement, il leva les yeux sur lui pour lui sourire.

Cet enfant était un véritable bonheur.

– Comment s'est passé la première nuit ? demanda Dana.

– On tâtonne, admit Bobby. Mais on va finir par trouver nos marques.

– Est-ce que tu es venu pour nous faire le petit déj ? demanda Robbins, récoltant une claque derrière la tête de Mike, immédiatement imité par Sacha. Aïe ! Mais quoi ?

– Il n'est pas de service, le réprimanda Ray.

– Désolé, les gars, s'excusa-t-il. Mais je ne décide pas sur ce coup-là. Buck n'a pas l'air décidé à me lâcher. Il refuse de me quitter des yeux depuis hier.

Dana se pencha vers Buck et lui tendit simplement les mains.

Buck leva les yeux vers lui, comme pour lui demander la permission.

Bobby le détacha du harnais lentement, pour voir sa réaction. Buck se laissa faire quand Dana le récupéra pour le prendre contre elle mais il ne quitta pas Bobby des yeux.

Ils retournèrent vers la cuisine et Bobby savait que Buck ne le lâchait pas du regard. Dana essayait d'attirer son attention, en lui rappelant qu'il était juste là et qu'il n'allait pas s'envoler mais Bobby n'était pas sûr que cela convaincrait bébé Buck.

Il s'installa aux fourneaux heureux de l'ambiance de cette famille choisie.

Il se tourna vers Buck lorsqu'il l'entendit éclater de rire. Mike et Sacha faisaient les clowns, faisant rire son bébé aux éclats. Buck se calma le cherchant du regard et Bobby lui fit une grimace. Buck lui fit son merveilleux sourire, avant de reporter son attention sur les pitreries de ses collègues.

Bobby cassa les œufs et commença à les battre.

– Ce gamin est complètement fou de toi, affirma Ray.

– Crois-moi, c'est réciproque.

– Je suis content pour toi, gamin.

– Merci Ray.

– Et tu sais que vous pouvez venir autant que vous voulez tous les deux ? Le Cap est déjà complètement gaga.

Il lui montra leur capitaine, à présent, accroupit devant Buck et s'amusant à cacher ses yeux, avant de les lui montrer. Buck avait flanqué ses doigts dans sa bouche et avait un petit rire fatigué.

C'était beaucoup d'agitation pour lui.

Il le vit commencer à gigoter, en se frottant les yeux. Il bailla et se tordit le cou pour essayer de voir ce qu'il faisait. Bobby s'essuya les mains et récupéra le porte-bébé en se dirigeant vers lui.

Buck tendit les bras immédiatement et il le récupéra pour le mettre dans le porte-bébé. Il le harnacha alors que Buck se pressait contre lui.

– La nuit a été un peu compliquée, expliqua-t-il.

– Il ne t'a pas lâché, n'est-ce pas ? s'amusa Dana.

– Pas une seconde, sourit-il. Il refuse de me lâcher des yeux. J'ai essayé de le mettre dans son berceau une fois endormi mais il a hurlé dés qu'il s'est aperçu que je n'étais pas dans la pièce avec lui.

– Il va s'habituer.

– Je sais, affirma-t-il en embrassant le sommet de son crâne. On a tout le temps.