J'ai tellement aimé écrire cette histoire qu'il m'a fallu très longtemps pour me décider à la publier. Cette hésitation vient en partie de ma difficulté à la laisser partir, mais aussi parce que la fin ne me satisfaisait pas à 100% et comme je refuse de poster quoi que ce soit si je ne l'ai pas écrit jusqu'au bout, ça a pris un certain temps. Je ne dis pas que c'est le cas aujourd'hui, mais j'ai 17 chapitres à publier avant l'épilogue, donc je compte là-dessus pour me décider.

Quoi qu'il en soit, sachez que cette fan fiction est terminée (allez le dire à mon cerveau) et que, quoi qu'il arrive, vous en aurez le fin mot !

Comme c'est un Drarry, il s'agit d'une fiction MxM, racontant l'histoire d'amour entre 2 hommes, donc si vous n'êtes pas confortable avec l'idée, cette histoire n'est pas pour vous.

Les personnages et l'univers appartiennent à J.K. Rowling, l'histoire et ses idées m'appartiennent. Merci de ne pas la reposter.

Je vais essayer de poster 2 chapitres par semaine, peut-être plus selon mes disponibilités et mes envies. Abonnez-vous afin d'être prévenu(e)s !

Pour finir, j'espère que vous aimerez cette histoire autant que j'ai aimé l'écrire. Laissez-moi un petit commentaire pour me dire ce que vous en pensez, vos idées et espoirs pour la suite...

.Love Is Love.

Theodora.

Juste un petit rappel : Tout commentaire haineux, homophobe et autres joyeusetés de ce genre seront systématiquement supprimées. Je n'arriverais jamais à comprendre pourquoi des personnes vont jusqu'à rechercher des fan fictions MxM juste pour le plaisir de cracher leur venin. Achetez-vous une vie ! Si ça ne vous plaît pas, ne lisez pas et laissez ces histoires à ceux qui voient l'amour comme universel. Ok, la liberté d'expression est pour tout le monde, mais la haine n'est pas tolérée. En tout cas pas ici.

Just a reminder : Any hainous, homophobic comment and everything similar will immediately be deleted. I can't even understand why people are searching for gay fanfictions just to spill their venom. Get a life ! If you don't like it, don't read it and leave those stories to people who actually think love is for everyone. Yes, free speech is allowed, but hathred certainelly isn't. Not here at least.

(Oui parce qu'ils postent même des commentaires sur des histoires dont ils ne comprennent pas la langue...)


CHAPITRE 1 – RENCONTRES FORTUITES

.

"Harry ?"

Harry sursauta légèrement et leva la tête vers son meilleur ami, le regardant s'asseoir sur le canapé en face de lui. Comme presque tous les vendredi soir depuis des années, il avait dîné chez le rouquin et sa fiancée et les deux amis avaient décidé de boire une bière ensemble avant de se quitter. Le brun accepta la bouteille fraîche et lui sourit.

"Merci, Ron. Alors ? Pas trop stressé de voir la date approcher ?"

Le rouquin haussa les épaules en souriant. "Un peu, si. Mais ça fait quatre ans qu'on attend, donc j'ai surtout hâte."

"En tout cas, félicitations, mec. Je ne suis pas sûr que j'aurais pu patienter aussi longtemps."

"Quand on est amoureux, on peut tout faire."

Harry acquiesça et avala une gorgée de sa bière. "Est-ce qu'Hermione a besoin d'aide pour la vaisselle ?"

"Non, ça va aller. Tu la connais, si on met les pieds là-dedans, elle risque de nous tuer." Cette remarque arracha un gloussement à Harry. C'était vrai, Hermione était une vraie furie en cuisine et quand l'un d'eux avait le malheur de lui proposer son aide ne serait-ce que pour remuer la sauce ou essuyer une assiette… disons seulement que ça ne se terminait jamais bien. "Au fait, je voulais te demander… en parlant d'amour, euh… Est-ce que tu sais enfin si ton mystérieux copain compte t'accompagner ?"

"Où ça ? Au mariage ? Non, pas encore."

"Oh, okay. Non parce que… tu as dit que vous seriez deux, alors…"

"Je sais. C'est juste que… je ne lui en ai pas encore parlé. Tu sais, c'est quand même deux semaines et… eh bien je veux le lui demander correctement, c'est tout. Je ne veux pas le faire flipper."

"Okay. Préviens-moi quand tu sauras alors. C'est pour les billets d'avion."

"Pour les billets, ou pour ta mère ?" La bouteille de Ron s'arrêta à quelques millimètres de ses lèvres. "Oui, je m'en doutais. Il faut vraiment qu'elle arrête, Ron. C'est ma vie et je la partage avec qui je veux."

"Je sais, mec. Ne t'en fait pas, je le sais. Mais tu la connais, rien ne pourra l'empêcher de s'inquiéter pour toi. Elle a peur que tu finisses ta vie seul."

"Est-ce que ce serait si terrible ?"

"Harry…"

Harry croisa le regard de Ron et pu y lire de l'inquiétude.

"Je suis sérieux, Ron. Je sais que vous êtes heureux, toi et Mione. Tout comme ceux qui sont en couple autour de nous, je le vois bien. Mais moi… ça ne me fait juste pas rêver la vie de famille, tout ça. Ça viendra peut-être, mais pour le moment, une histoire simple me convient parfaitement. J'aime mon boulot, ma vie, je ne me sens pas seul. Et j'aimerais que vous l'acceptiez. Tout le monde n'a pas la même idée du bonheur."

"Je sais, Harry. Et je te soutiens à cent pour cent. Mais maman… tu sais qu'elle va tout faire pour te caser pendant le mariage, n'est-ce pas ? Que ce soit avec Charlie ou avec n'importe quel mec qu'elle jugera assez bien pour toi. Alors si tu veux y échapper…"

"Je dois amener un cavalier. Je sais. Je vais lui demander."

"Alors fais vite. On part dans moins d'un mois."

"Ce qui me laisse bien assez de temps pour lui demander de passer deux semaines de rêve au paradis avec moi. Et qui sait ? Il sera peut-être l'homme de ma vie !"

Ron éclata de rire suivi par le brun et ils continuèrent à discuter des préparatifs du mariage de Ron et d'Hermione prévu dans moins un mois aux Fidji. Après quatre ans de fiançailles, ses deux meilleurs amis allaient enfin se dire oui. Franchement, Harry désespérait de les voir fixer une date alors quand ils avaient annoncé à Noël dernier qu'ils avaient enfin décidé de se marier l'été suivant, il s'était senti soulagé. Puis, Ron lui avait demandé d'être son témoin et il avait accepté, avant de découvrir que ça se passerait à l'autre bout du monde et qu'ils devraient y rester quinze jours. En soi, c'était plutôt une bonne nouvelle. Ils allaient passer deux semaines tous ensemble, avec les familles Weasley et Granger au grand complet et tous leurs amis de Poudlard, dans un cadre idyllique à profiter de la plage, du soleil et des nombreuses activités proposées par l'hôtel. Mais il y avait un hic. Et ce hic portait le nom de Molly Weasley.

Depuis qu'il avait rencontré Molly, Harry la considérait comme une seconde mère, celle qui lui avait tricoté des pulls alors qu'elle le connaissait à peine, celle qui l'avait accueilli chez lui un nombre incalculable de fois, celle qui le considérait comme un membre de sa famille depuis le premier jour. Mais faire partie de la famille Weasley venait avec un très léger inconvénient : l'hyper possessivité de la matriarche. Comme pour tous ses enfants, Molly pensait avoir un droit de regard sur la vie de Harry et, autant quand il était jeune, ça ne le gênait pas, autant maintenant, alors qu'il allait fêter ses vingt-cinq ans, c'était légèrement plus problématique.

D'abord, elle s'en était mêlée quand il s'était mis à la recherche d'une maison. Après la guerre, il se voyait mal emménager dans la maison des Black et avait décidé de la vendre avant de chercher une nouvelle maison, plus accueillante et avec moins de souvenirs. Molly avait tenu à l'accompagner pour visiter diverses propriétés, lui donnant son avis sur tout, décidant à sa place que tel ou tel endroit n'était pas fait pour lui et il avait fini par lui cacher certains de ses rendez-vous. Il avait enfin réussi à trouver la maison parfaite au bout de longs mois de recherches pendant lesquels il résidait au Terrier. Avec le recul, c'était sans doute pour ça qu'il avait mis autant de temps à trouver : Molly aimait l'avoir près d'elle.

Ensuite, elle s'était intéressée à sa vie professionnelle, insistant sur le fait qu'il serait bien meilleur professeur qu'Auror. Bon, sur ce point elle avait eu raison et Harry s'épanouissait parfaitement en tant que professeur de Défenses contre les Forces du Mal à Poudlard. Mais une part de lui regrettait de ne pas avoir tenté sa chance pour voir si ça lui aurait plu de combattre le crime. Ron, lui, avait intégré la formation des Aurors mais, après trois ans, il avait tout arrêté pour rejoindre George au magasin.

Mais le pire, ce que Harry avait le plus de mal à vivre, c'est que Molly pensait avoir son mot à dire concernant sa vie amoureuse. Pendant des années, elle avait pensé qu'il épouserait Ginny, comme tout le monde d'ailleurs. Mais après la guerre, Harry avait décidé de ne plus vivre pour les autres et d'assumer qui il était. Ça avait été difficile pour Molly d'accepter le fait qu'il soit gay, mais elle aimait Harry autant que ses propres enfants et l'avait rapidement accepté… avant de s'en accommoder et de l'imaginer avec un de ses fils. Charlie, en l'occurrence. Bien sûr, Harry adorait Charlie comme tous les autres Weasley, mais ils avaient rapidement mis les choses au clair entre eux : il ne se passerait jamais rien. Non seulement parce que Charlie le considérait comme son petit frère, mais surtout parce que le rouquin n'était pas intéressé par une quelconque relation amoureuse et qu'il ne le serait sans doute jamais.

Cela n'avait bien entendu pas arrêté Molly et chaque occasion était bonne pour essayer de le caser. À croire qu'elle s'était donnée pour mission de trouver l'âme sœur de Harry. Et c'était épuisant. Épuisant de toujours trouver des excuses pour ne pas simplement dire 'non' à Molly afin de ne pas la blesser et parce que, de toute façon, elle ne considérait pas un 'non' comme une réponse satisfaisante. Épuisant de garder le sourire à chaque remarque sur son célibat ou sur ses coups d'un soir. Épuisant de toujours devoir se justifier d'arriver seul au dîner de Noël ou à un anniversaire. Juste épuisant.

Parce que Harry était heureux. Et épanoui. Il n'avait pas menti à Ron juste pour le rassurer. Ce n'était pas son style. Harry aimait aller à Poudlard tous les jours pour enseigner. Il aimait rentrer dans sa jolie maison du centre de Londres tous les soirs, regarder la télévision, dîner avec ses amis, sortir pour s'amuser, rencontrer des hommes et passer une nuit, parfois plus avec eux. C'était une vie simple, bien loin du chaos et des drames du passé. Et Harry rêvait depuis des années de cette simplicité, de ce calme. Il espérait trouver l'amour un jour, comme tout le monde, mais il n'avait aucune envie de se prendre la tête et de parcourir le monde à sa recherche. S'il devait trouver l'amour un jour, il le trouverait. Il faisait confiance au destin. En attendant, il profitait de la vie et de la seconde chance qui lui avait été donnée.

Mais quand il avait su pour le mariage, il s'était immédiatement imaginé être coincé pendant deux semaines sur une île avec Molly Weasley et tous les prétendants qu'elle dénicherait pour lui et Harry avait failli faire une crise de panique. Ses craintes avaient rapidement été confirmées par Ron quand celui-ci l'avait mis en garde après avoir entendu sa mère parler avec Arthur. Elle avait l'intention d'utiliser ce séjour pour lui faire trouver l'amour à n'importe quel prix et s'il voulait y échapper, Harry devrait soit fuir l'île à la nage, soit trouver quelqu'un pour l'accompagner au mariage et faire croire qu'il était en couple et heureux de l'être. Harry adorait Molly, il pourrait tuer pour elle, mais il était hors de question qu'il la laisse diriger sa vie amoureuse.

Résultat : Il avait menti à Ron, il mentait à tout le monde depuis des mois maintenant car, à son grand désespoir, il n'avait pas de cavalier pour le mariage. Pas encore. Devant l'insistance de son meilleur ami et les regards en coin de Molly, Harry avait craqué en plein milieu d'un repas au Terrier et avait annoncé d'une voix forte et assurée qu'il avait effectivement quelqu'un dans sa vie. Quelqu'un qui l'accompagnerait au mariage. Et, non, il ne comptait pas leur révéler l'identité de cet homme, car leur histoire était toute nouvelle et qu'il ne voulait pas précipiter les choses. Sauf que ça faisait désormais trois mois qu'il ne précipitait pas les choses et tout le monde était impatient de rencontrer son petit ami, le premier avec qui il restait plus d'une semaine depuis des années ! Sauf que Harry n'avait personne à leur présenter.

Juste après sa gaffe, il s'était mis à la recherche d'un cavalier potentiel, écrivant à tous ses ex dont il pouvait se souvenir, à des amis qui accepteraient de jouer les amoureux transis le temps du voyage et qui sauraient rester discrets quant à leur arrangement, suppliant même certains de ses collègues pour qu'ils se sacrifient pour lui. Il était également sorti plus que d'habitude le week-end, espérant rencontrer un type sympa et mignon qui ferait l'affaire, mais rien. Après des mois de recherche, les vacances d'été venaient de débuter, ils partaient pour les Fidjis dans moins d'un mois et il n'avait toujours personne à présenter à ses meilleurs amis. À croire que personne n'était intéressé pour passer deux semaines tous frais payés aux Fidji avec Harry Potter.

Au fond de lui Harry savait très bien que c'était une part du problème. Il était Harry Potter et, même après sept ans, il était toujours considéré comme le Sauveur du Monde Sorcier et c'était un frein dans ses relations. Quand certains hommes fuyaient sa célébrité d'autres, au contraire, s'y intéressaient beaucoup trop. Et comme il lui serait difficile d'amener un Moldu à un mariage rempli de Sorciers, Harry était coincé. Mais il n'était pas du genre à baisser les bras, même si ça s'annonçait franchement mal.

.oOo.

Le lendemain matin, Harry se réveilla assez tard et décida d'aller prendre un petit-déjeuner tardif et de profiter du beau temps pour se balader et flâner dans les rues comme il aimait régulièrement le faire depuis le début des vacances. L'été à Londres avait quelque chose d'agréable et même de reposant quand on savait où aller.

Une demi-heure après son réveil, Harry poussa la porte d'un coffee shop qu'il connaissait assez peu bien qu'il soit à deux pâtés de maison de chez lui. Généralement, il allait dans un autre café un peu plus haut dans la rue, mais celui-ci était fermé pour une semaine de vacances, alors il devait innover cette fois-ci. Un léger tintement accueillit le jeune professeur qui balaya la salle d'un coup d'œil avant de s'avancer vers le comptoir. Il y avait du monde en ce samedi matin, ce qui n'était pas étonnant, il patienta donc tranquillement en lisant le menu. De quoi avait-il envie ? Des œufs brouillés avec du bacon ? Trop classique, il pouvait en manger tous les jours chez lui s'il voulait. Une part de carrot cake avec un café frappé à la cannelle ? Déjà plus original. Son tour arriva rapidement et Harry s'approcha un peu plus du comptoir, le regard toujours levé sur le menu.

"Bonjour."

"Hum, bonjour, je vais prendre…" C'est à cet instant que Harry baissa les yeux pour regarder le serveur qui venait de le saluer et ce qu'il découvrit le laissa bouche-bée. Ces cheveux blonds presque blancs, ces yeux gris orage inimitables, cet air hautain… "Malfoy ?" Il n'en croyait pas ces yeux, ça ne pouvait décemment pas être Draco Malfoy derrière ce comptoir, dans ce café Moldu, si ? Pas le Draco Malfoy qu'il connaissait en tout cas. Et pourtant, l'ancien Serpentard haussa un sourcil et plongea son regard dans les yeux émeraude de Harry.

"Bonjour Potter." Le salua-t-il de sa voix traînante. "Qu'est-ce que je te sers ?"

"Euh, je… Qu'est-ce que tu fais là ? Enfin, je veux dire… je vois que tu travailles mais... pourquoi ?"

"Pour gagner ma vie, Potter. Bon, est-ce que tu as l'intention de commander quelque chose ou pas ? Il y a du monde qui attend derrière toi."

"Oh ! Désolé, je…" Harry jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et, en effet, une dizaine de personnes attendaient en ligne derrière lui. Apparemment, il allait devoir remettre ses questions à plus tard. Dommage, il en avait des tas ! "Donc, je vais prendre un roulé à la cannelle avec un capuccino à la vanille, s'il te plaît."

Le blond tapota sur un écran devant lui pendant quelques secondes avant de relever les yeux vers lui. "Très bien. Autre chose ?"

"Euh, non. Merci, Malfoy."

"Ça fera huit livres quarante, s'il te plaît." Harry tira un billet de dix livres de son portefeuille et le tendit à son ancien rival en lui indiquant de garder la monnaie. "Trop aimable, Potter. Tu peux attendre sur le côté, quelqu'un va te donner ta commande."

Harry voulut le remercier à nouveau, mais Malfoy avait déjà reporté son attention sur le client suivant et l'ancien Gryffondor se dirigea donc vers le bout du comptoir. Après quelques minutes, une jeune femme brune déposa sa boisson et sa pâtisserie devant lui, lui indiquant où se servir en sucre si besoin, puis Harry alla s'installer à une table libre au fond de la salle, là où il pouvait observer le comptoir sans difficulté. À la base, il avait prévu de prendre sa commande à emporter et d'aller s'installer quelque part au soleil pour manger, mais cette rencontre aussi fortuite qu'inattendue venait de lui faire changer tous ses plans de la journée.

Il ne savait pas trop bien pourquoi, mais il ressentait le besoin de rester, d'observer Malfoy et, peut-être, lui parler. Au-delà de l'incongruité de la situation, c'était principalement dû à ce qu'il avait cru déceler dans le regard gris. Il n'y avait vu ni haine, ni mépris, mais plutôt de la surprise, de l'incertitude et, il en était presque sûr, de la gêne. Malfoy était gêné de voir Harry ici ou plutôt, il était probablement gêné que Harry le voie ici, le voie travailler dans un café Moldu, à prendre les commandes et à servir des dizaines de personnes. Pourtant, il semblait aimer ça, ou c'était du moins ce que Harry avait conclu après près de deux heures à observer le blond. Pas une seule seconde il ne s'était départi de son sourire aimable, que ce soit envers les clients ou ses collègues, il avait alterné entre prise et préparation des commandes, passant d'un client à l'autre inlassablement. En tout cas s'il n'aimait pas son boulot, Malfoy en donnait vraiment l'impression.

C'est quand le blond se figea alors qu'il nettoyait des tables une fois le plus gros des clients partis, que Harry réalisa qu'il ne l'avait pas vu s'installer. Bien sûr, Malfoy n'aurait probablement pas été aussi à l'aise pendant ces deux heures en sachant Harry toujours présent dans le café.

"Qu'est-ce que tu fais encore là ?"

"Je bois mon café." En fait, sa tasse était vide depuis un long moment déjà, tout comme son assiette, mais il s'était senti incapable de se lever et de partir sans au moins échanger quelques mots avec Malfoy.

Le blond regarda machinalement l'horloge ornant un des murs du café et fronça les sourcils. "Depuis deux heures ?"

"Hum… oui ?" Malfoy soupira, essuya une dernière table et fit volte-face pour se diriger vers le comptoir. Harry se leva d'un bon et s'élança à sa poursuite. "Attends ! Malfoy !"

Le jeune barista passa derrière le comptoir, laissa tomber son éponge dans un évier et commença à dénouer son tablier. "Ellie ? Je prends ma pause."

"Okay Dray. À tout à l'heure !"

"Malfoy !" Appela Harry une dernière fois mais celui-ci disparu derrière une porte battante sans un regard pour lui.

Cela frustra Harry. Il avait besoin de savoir pourquoi Malfoy travaillait dans un café Moldu, pourquoi il avait l'air si… différent. Au-delà de la gêne dans ses yeux et de son sourire devant les clients, Harry avait aussi repéré les cernes violacés contrastant avec la pâleur de son visage ou encore la légère ride entre ses sourcils, preuve qu'il les fronçait bien assez pour être déjà marqué à vingt-cinq ans. Il voulait comprendre. Soudain, Harry eut l'impression d'être revenu en sixième année, quand il était obsédé par le blond et par ses activités qu'il pensait, à juste titre, être illicites. Après quelques minutes, il décida qu'il avait l'air suffisamment bizarre et suspect et quitta le café pour rentrer chez lui. Il n'avait plus vraiment la tête à se balader, finalement.

.oOo.

La semaine qui suivit, Harry retourna tous les jours au café, espérant pouvoir parler avec le blond mais, à chaque fois qu'il entrait dans le café, Malfoy partait en pause ou s'occupait d'autres clients. Quand il croisait son regard, il y voyait toujours cette gêne puis un soupçon d'agacement au bout de quelques jours. Le vendredi, cependant, Malfoy n'était nulle part dans le café. Harry eut beau attendre plus d'une heure à une table, il ne vit pas le blond. C'était peut-être son jour de repos ? Après tout, même Malfoy avait le droit de se reposer de temps en temps. Finalement, alors qu'il allait quitter le café, se sentant plus frustré qu'il ne le devrait, Harry vit une jeune femme s'approcher de lui. Elle portait l'uniforme du café et, après quelques secondes, Harry la reconnut comme la serveuse qui avait remplacé Malfoy le premier jour. Comment l'avait-il appelée déjà ? Nelly ? Ou Ellie, peut-être.

"Bonjour ?" Le sourire de la jeune femme était contagieux et Harry ne put s'empêcher de le lui rendre.

"Bonjour."

"Vous attendez Dray, n'est-ce pas ?"

Dray ? Était-ce comme ça que Malfoy se faisait appeler ici ? "Hum, oui. Mais je crois qu'il n'est pas là aujourd'hui, si ?"

"C'est son jour de repos, effectivement." Harry acquiesça pour la forme et se leva, prêt à partir, maintenant qu'il était évident qu'il ne parlerait pas au blond aujourd'hui. "Est-ce que je peux vous demander comment vous le connaissez ?"

Harry se figea, incertain de ce qu'il devait dire. Que leur avait raconté Malfoy ? Il risquait de lui en vouloir s'il disait trop de choses sur lui. "Euh, on a fréquenté la même école."

"Oh ! Vous étiez camarades de classe, alors !"

"Eh bien, camarades est un bien grand mot, mais... je suppose qu'on peut dire ça, oui. Est-ce qu'il travaille là depuis longtemps ?" Il s'en voulait un peu d'essayer de soutirer des informations à la jeune femme plutôt qu'en parlant à Malfoy, mais sa curiosité avait atteint des niveaux records ces derniers jours et c'était le seul moyen de la satisfaire pour le moment.

"Dray est arrivé il y a quelques semaines. Il travaillait dans un autre café vers Camden, mais il s'est fait virer pour s'être battu avec un client."

Harry haussa les sourcils. "Malfoy, se battre ? Impossible !"

La jeune femme, Ellie, Harry en était maintenant sûr, gloussa légèrement. "Je sais, ça n'a pas l'air d'être son genre. Il n'a pas voulu tout me raconter, mais d'après ce que j'ai compris il s'est battu pour défendre une collègue qui se faisait malmenée par le client en question."

"Et ils l'ont quand même viré ? Même s'il défendait quelqu'un ?"

"Oui. Je suppose que le client avait le bras long. Ou alors le patron était un connard. Mais pas ici. Mr Jones était au courant et l'a quand même embauché." Ellie observa Harry un instant. "Qu'est-ce qu'il y a entre vous ? Dray n'a rien voulu me dire, mais j'ai bien vu que votre présence le perturbait. Et puis, vous avez passé beaucoup de temps ici, ces derniers jours."

Il perturbait Malfoy ? Bizarrement, cette idée plaisait à Harry. "Je ne savais pas qu'il travaillait ici. On s'est perdus de vue après le lycée et... disons juste qu'on a des choses à régler. Je voudrais simplement lui parler, mais il m'a ignoré toute la semaine."

"Oh, croyez-moi, il ne vous a pas ignoré. Il était très conscient de votre présence. Dray est assez secret alors j'adorerais en apprendre plus sur lui, mais je pense que ce ne serait pas très correct de vous parler dans son dos."

"Effectivement." Il ignorait s'ils en étaient à ce stade, mais Harry pensa immédiatement qu'Ellie était une bonne amie pour Malfoy. Loyale. "Bon, je vais y aller. J'aurais peut-être plus de chance demain."

"Pas sûr, il y a toujours beaucoup de monde le samedi. Sinon..." La jeune femme fronça les sourcils, pensive. "vous pourriez essayer à son deuxième boulot. Il devrait y être ce soir."

"Il a un deuxième boulot ?" De plus en plus étonnant.

"Oui, comme beaucoup de monde ici. La vie est chère à Londres. Il travaille dans un bar certains soirs. J'y suis allé quelques fois, ce n'est pas loin de Covent Garden. Ça s'appelle le Cheshire. Je pense qu'il devrait y être vers cinq ou six heures."

"Très bien, j'irais peut-être ce soir, alors. Merci beaucoup."

"Je vous en prie. Dray est quelqu'un de bien, vous savez."

Non, il ne le savait pas vraiment. Ou, en tout cas, ce n'était pas le souvenir qu'il avait de Malfoy. Harry se contenta de hocher la tête et quitta enfin le café. Sur le trottoir, le brun réfléchit à toute vitesse. Certes, il était curieux, mais devait-il pousser le vice jusqu'à aller dans ce bar ? S'il avait une excuse pour avoir fréquenté le café toute la semaine, il n'en avait aucune pour le bar qui n'était pas du tout près de chez lui. Mais, après tout, Malfoy ne le savait pas, ça. Il pouvait très bien inventer un mensonge. Ou il pouvait aussi être honnête et dire à Malfoy ce qu'il venait de raconter à Ellie. Qu'il voulait lui parler, régler certaines choses du passé... et qu'il lui dise pourquoi il travaillait dans un café et un bar Moldus.

Sa décision était prise, il irait ce soir au Cheshire afin de parler au blond. Peut-être que l'ambiance du bar délierait sa langue. Mais cela signifiait qu'il ne pourrait pas aller dîner chez Hermione et Ron comme d'habitude. Harry soupira et regarda sa montre. Il était déjà près de midi, il décida donc de rejoindre la zone de transplanage la plus proche vers le Chemin de Traverse afin d'inviter son meilleur ami à déjeuner pour lui parler.

Bizarrement, Harry n'aborda pas le sujet Malfoy avec Ron. Il ignorait pourquoi, mais ça devait avoir un lien avec la sixième année et à quel point il avait eu l'air dingue à l'époque. Il savait ce que Ron allait penser de tout ça, qu'il était à nouveau obsédé par le blond. Et c'était vrai. Seulement cette fois, il ne pensait pas qu'il préparait un mauvais coup, au contraire, il était de plus en plus persuadé que quelque chose clochait avec Malfoy et qu'il avait besoin d'aide. De la sienne ? C'était peu probable, ou en tout cas, il ne l'accepterait jamais. Mais s'il en apprenait plus, Harry pourrait par contre lui trouver l'aide dont il avait besoin. Comme Blaise, par exemple, ancien Serpentard et petit-ami de Neville avec qui Harry avait rendez-vous le lendemain pour organiser l'enterrement de vie de garçon de Ron.

Les deux amis parlèrent par contre beaucoup du mariage à venir et c'est là que Harry réalisa qu'il n'y avait pas pensé depuis une semaine et avait encore moins trouvé un cavalier. À cause de Malfoy, il venait de perdre une semaine complète de recherches ! C'est donc légèrement furieux contre lui-même et un peu contre le blond que Harry rentra chez lui deux heures plus tard, bien décidé à se faire beau pour la soirée à venir. Quitte à être dans un bar, autant en profiter pour draguer et se dénicher un cavalier !

.oOo.

Cette idée fut un peu mise à mal quand Harry arriva devant le Cheshire vers dix-neuf heures. Le bar n'avait pas l'air horrible mais pas méga accueillant non plus. Disons qu'il n'était certainement pas très gay friendly et qu'il allait devoir chercher un cavalier ailleurs. Le jeune homme entra tout de même dans le bar, jeta un coup d'œil à la ronde et, ne voyant pas le blond, il décida de s'installer dans l'un des box du fond. Son plan était de la jouer discret, d'observer Malfoy sans que celui-ci le remarque et de ne se montrer que quand il serait sûr de pouvoir lui parler sans qu'il se sauve.

Harry sourit à la jeune femme qui vint prendre sa commande, lui demanda une bière et se laissa aller contre le siège rembourré en cuir. Une fois son verre en main, il lança un léger sort de dissimulation et commença sa phase d'observation. Il ne voulait ni être dérangé ni attirer l'attention sur lui. L'attention de Malfoy. Parce que si celui-ci repérait Harry dans son bar, il y avait toutes les chances qu'il prenne la fuite comme au café. Et il en était hors de question !

Ce n'est qu'au bout d'une demi-heure que Malfoy fit enfin son apparition pour aller se poster derrière le comptoir. Entre temps, une dizaine de personnes étaient entrées dans le bar, certains prenant possession des quelques tables, d'autre s'asseyant sur les hauts tabourets du bar. Harry les avait observés un par un, mais aucun n'avait trouvé grâce à ses yeux. Ils étaient tous soit trop vieux, ou trop jeunes – quel genre de bar acceptait de servir des ados, sérieusement - et, dans l'ensemble, bien trop hétéros. Le genre hétéro macho qui lui cracherait volontiers dessus s'ils savaient qu'il était gay. Ça riait aux blagues graveleuses des uns et des autres, ça draguait la gentille serveuse qui ne devait certainement plus rougir depuis des lustres, ça se tapait dans le dos quand leur équipe de rugby préférée marquait à la télévision... bref, des mâles dans toute leur splendeur.

Mais quand Malfoy apparut, quelque chose dans l'air sembla changer et Harry se redressa, attentif et l'oreille tendue. Il scruta d'abord le visage fermé de Malfoy, mais n'y décela pas grand-chose, à part peut-être du dégoût quand un autre homme apparut à son tour derrière le bar. Plus âgé, plutôt costaud et une barbe de trois jours cachant la moitié de son visage, l'homme n'inspirait rien de bon à Harry, surtout quand il posa sur le blond un regard... lubrique.

"Salut patron ! Bah alors, vous étiez passé où, toi et le petit ?"

"On faisait l'inventaire. Tu sais c'que c'est !" Dit le patron avec un clin d'œil à peine dissimulé, déclenchant des rires gras le long du bar en bois sombre.

"Ouais, l'inventaire. On y croit !"

"Dis-donc, vous le faites souvent l'inventaire !"

"Bah oui, il faut aller bien en profondeur pour ne rien oublier, hein Dray !"

Harry ignora les rires qui redoublaient et faillit s'étrangler quand il vit le regard sombre de Malfoy se poser sur les hommes. On aurait dit à la fois une coquille vide prête à s'effondrer sur lui-même et un animal sur le point de se jeter sur sa proie. Le blond ne répondit rien et se mis à essuyer des verres avec un torchon dont la couleur semblait loin d'être celle d'origine.

Une multitude de choses passa dans l'esprit de Harry, le laissant imaginer tous les scénarios possibles expliquant ce qu'il venait de voir et, peu importe comment il tournait ça, ça ne lui plaisait absolument pas. Les rires gras de ces hommes qui semblaient en savoir un peu trop, le regard franchement pervers et même cruel que le patron posait sur Malfoy, la tête baissée de la jeune femme qui avait servi Harry quelques minutes auparavant... et Malfoy. Il ne l'avait jamais vu comme ça et, pourtant, il l'avait observé pendant des années. Il ne l'avait jamais vu pâle à ce point, ni cette colère qui avait envahi son regard, la contraction de sa mâchoire, ses doigts fins serrés autour du verre... Le blond semblait bouillir de l'intérieur, prêt à exploser et à anéantir tous ceux présents. Pourtant, il ne disait rien et se contentait d'essuyer verre après verre tout en ignorant les commentaires des hommes qui continuaient de ricaner.

Le self-control de Malfoy impressionna Harry. S'il avait été à sa place, il est fort probable qu'il aurait éliminé tout le monde sur le champ avant de se servir une bonne bière.

Ce petit manège dura plus d'une heure, Malfoy troquant régulièrement son torchon pour un plateau quand une table demandait à être servie, manipulant les verres pleins avec une dextérité que Harry ne lui connaissait pas. C'est pendant cette heure que Harry remarqua une différence majeure entre le Malfoy du café et celui du bar : ici, il ne souriait pas. Alors qu'au café il semblait tout le temps enjoué et accueillait les clients avec le sourire, dans ce bar, il arborait un visage fermé et froid, distant, se contentant de prendre les commandes et d'échanger avec sa collègue de temps en temps. Il n'avait en aucun cas l'air heureux d'être là, tout semblait être une corvée et Harry pouvait presque voir l'âme du blond tenter de s'échapper par l'une des fenêtres crasseuses.

Quand, aux alentours de vingt-et-une heure, une partie des clients du bar s'en alla pour être remplacés par d'autres, Malfoy sembla se détendre légèrement, échangeant même quelques mots avec certains clients. Ce qui était flagrant, c'est que dès que le patron s'approchait ou adressait la parole à Malfoy, celui-ci se tendait à nouveau et se renfermait encore plus. Il était donc clair que le problème venait de cet homme et pas vraiment des ivrognes du bar. Cette nouvelle constatation suffit à convaincre Harry qu'il se tramait quelque chose et qu'il devait intervenir, même si cela risquait de mettre le blond en rogne. Oui, en fait, ce n'était probablement pas une bonne idée d'intervenir, s'il voulait avoir une chance d'enfin parler avec le blond.

Harry soupira. Qu'était-il sensé faire, au juste ? Rester là à le regarder sans rien faire ? Ce n'était pas vraiment dans sa nature, mais il savait aussi que c'était probablement ce que Malfoy souhaitait. Il n'avait jamais été du genre à laisser Harry se mêler de ses affaires.

Finalement, Harry décida d'agir quand même. Il se leva et se dirigea vers le bar, son verre vide à la main avant de le poser devant le blond qui nettoyait des verres. Encore.

"Est-ce que je pourrais avoir une autre bière, s'il te plaît ?"

Il l'entendit soupirer et se retint de sourire quand Malfoy leva le visage vers lui. "Pas de s- Potter ?"

"Salut, Malfoy."

"Qu'est-ce que... Laisse-moi deviner. Tu passais dans le coin et tu as eu envie d'une bière ? Et mon bar se trouvait là juste par hasard ?"

"Non. En fait, je voulais te voir."

L'honnêteté du brun laissa Malfoy interdit un instant avant qu'il se reprenne et secoue la tête.

"Pourquoi ? Je ne veux pas te parler, Potter. Ça n'était pas clair, toute cette semaine ?"

"Oh, donc tu m'évitais bien, je ne suis pas dingue."

Malfoy ricana. "Qu'est-ce que tu croyais au juste ? Que je disparaissais comme par magie au moment où tu rentrais dans le café ? Je n'ai aucune envie de te parler. Point."

"Et donc, je ne peux pas avoir une autre bière, si j'ai bien compris ?" Demanda Harry avec un sourire prudent alors que, du coin de l'œil, il vit le patron s'approcher lentement d'eux, faisant se tendre Malfoy encore une fois.

"Y a-t-il un problème, ici ? Est-ce que tu refuses de servir un client, Dray ?"

Le ton menaçant dans la voix de l'homme était évident et même Harry en frissonna alors que Malfoy prenait une profonde inspiration.

"Non. Bien sûr que non, John." S'il avait pu cracher le prénom de son boss, il ne s'y serait probablement pas pris autrement. Sa haine pour l'homme était évidente et presque automatiquement partagée par le Survivant. "Blonde ou brune ?"

"Blonde. Toujours." Répondit Harry avec un clin d'œil et Malfoy marqua un temps d'arrêt avant d'aller remplir le verre.

Bon, après réflexion, le clin d'œil était probablement de trop et pouvait donner l'impression que... quoi ? Que Harry flirtait avec lui ? Ridicule, bien entendu, mais la confusion était compréhensible. Quoi qu'il en soit, ça suffit au patron du bar pour se pencher vers lui en lui faisant son plus beau sourire de pervers.

"Vous savez, s'il vous manque de respect, dites-le-moi, je saurais le remettre dans le droit chemin. Sauf, bien sûr, si vous voulez le faire vous-même. Je suis sûr qu'on pourra trouver un terrain d'entente."

Le sang de Harry se glaça dans ses veines à ces paroles. Est-ce que ce type venait réellement d'insinuer ce qu'il pensait qu'il venait d'insinuer ? Il plongea son regard dans les yeux noirs devant lui et, sans vraiment s'en rendre compte, il laissa son esprit s'insinuer dans celui de l'homme, lentement, sans forcer. Même en se contentant d'effleurer la surface, il était évident qu'il n'avait rien d'un enfant de cœur et, en creusant un peu, Harry pu entrevoir le vice de cet homme. Et le danger qu'il représentait pour Malfoy.

Quand celui-ci posa violemment le verre devant lui, renversant un peu de liquide ambré sur la surface en bois du bar, Harry sursauta allègrement et quitta l'esprit du patron pour regarder le blond devant lui.

"Ta bière, Potter." La lueur agacée dans son regard ne laissait aucun doute sur ses pensées. Il savait parfaitement ce que Harry était en train de faire et il n'approuvait absolument pas.

Avec un sourire à peine désolé, Harry regarda à nouveau l'homme et haussa les épaules. "Ne vous inquiétez pas pour ça, John. J'ai certainement bien plus manqué de respect à Dray depuis qu'on se connaît que l'inverse. Par contre, on peut trouver un terrain d'entente, effectivement. Même si je ne suis pas certain qu'on ait le même point de vue sur la question. Mais on peut essayer, je suis très curieux d'entendre ce que vous entendez par le remettre dans le droit chemin et je ne suis certainement pas le seul." Il avala une longue gorgée de sa bière sans jamais lâcher l'homme du regard et pu voir la compréhension envahir ses yeux, suivie par la gêne et un soupçon de... peur ? "Maintenant si vous n'avez pas d'autres propositions, excusez-moi, mais Dray et moi avons des choses à nous dire." Dit-il avant d'enfin détourner le regard pour le poser sur un Malfoy semblant hésiter entre rire et fuir.

Le patron pris encore une bonne minute avant de s'éloigner et quand il fut suffisamment loin pour ne pas les entendre, Malfoy balança son torchon sur son épaule et posa ses deux mains à plat sur le bar, plantant un regard gris furieux sur le brun qui buvait tranquillement sa bière.

"Putain, c'était quoi ça, Potter ?"

"Comment ça ? Je discutais avec ton patron, rien de plus."

"Tu discutais ? Bon sang, tes menaces étaient à peine voilées. Et ça t'amuse de t'introduire dans l'esprit des gens comme ça ?"

"Je ne dirais pas que ça m'amuse, non. Mais c'était trop tentant pour ne pas le faire. Et puis, comme je sais pertinemment que tu ne vas rien vouloir me dire, il fallait bien que je trouve des réponses quelque part."

Le visage de Malfoy devint soudain encore plus pâle que d'ordinaire et la terreur envahi ses yeux. "Qu'est-ce que... tu as vu quoi, exactement ?"

"Pas grand-chose. Et suffisamment." Harry se contenta de cette réponse évasive et observa le blond. Il n'était pas allé assez loin dans l'esprit de John pour savoir ce qu'il s'était passé exactement et il n'avait pas l'intention de le faire. Quoi qu'il en pense, cela ne regardait que Malfoy. Cependant, la réaction de l'ancien Serpentard était largement suffisante pour qu'il en tire ses propres conclusions. "Qu'est-ce qu'il t'a fait, Malfoy ?"

"Je..." Il regarda nerveusement de l'autre côté du bar où le patron était parti se réfugier et ses mains se crispèrent sur le bar. "Ce n'est pas... Putain, Potter. Pourquoi faut-il toujours que tu te mêles des affaires des autres ?"

"Je n'avais pas prévu de le faire. C'est toi qui as refusé de me parler toute la semaine. C'est tout ce que je voulais, Malfoy. Parler. Mais là... Je n'ai aucune envie de m'en mêler, c'est ta vie et ce sont tes affaires, mais ce type... toute la cruauté qu'il a en lui... tu ne devrais pas rester ici."

Malfoy renifla et secoua la tête. "Parce que tu crois vraiment que j'ai le choix, Potter ? Mon boulot au café couvre à peine la moitié de mes dépenses. Je sais très bien qui il est et ce dont il est capable, mais je n'ai pas le choix. J'ai besoin de ce boulot."

"Mais pourquoi ici ? Il y a suffisamment de bars et de cafés dans notre monde. Au moins tu éviterais ce genre de pervers."

"Il y a des pervers partout, Potter. Même dans notre monde. Et d'ailleurs, ce n'est plus mon monde depuis longtemps."

"Malfoy..."

"Tu devrais y aller. J'ai d'autres clients à servir."

"Je ne vais nulle part. Tu sais à quel point je peux être tenace, alors si tu ne veux pas me voir débarquer tous les jours au café et au bar, tu ferais mieux de me parler."

"Je n'ai pas pour habitude de céder aux menaces."

"Ce n'en est pas une. Sérieusement, Malfoy ! C'est si compliqué de t'asseoir avec moi pour prendre un verre et discuter ? Encore une fois, je n'ai pas l'intention de me mêler de tes affaires. Je veux juste parler. Point."

Il pouvait presque voir les rouages tourner dans la tête de Malfoy.

"Je termine à vingt-trois heures trente, si tu peux attendre jusque-là... Mais juste le temps d'un verre, Potter. Pas plus."

"Okay, je t'attendrai."

Et c'est ce que Harry fit. Pendant les deux prochaines heures, ils se contenta de boire tranquillement sa bière, perché sur son tabouret tout en regardant parfois la télévision d'un œil distrait ou observant Malfoy évoluer derrière le comptoir et dans la salle. Depuis qu'il s'était rapproché et fait connaître, l'attitude du patron avait changée, il restait à distance de Malfoy, jetait des regards en coin à Harry qui, de temps en temps, levait sa pinte vers lui avec un petit sourire en coin. Il savait qu'il ne devrait pas le provoquer, que ça ne pouvait, à la longue, qu'attirer des ennuis à l'ancien Serpentard, mais il avait du mal à s'en empêcher, c'était plus fort que lui.

En deux heures par contre, Harry eut largement le temps de repenser à tout ça, à la situation de Malfoy, à ce qu'il avait vu dans l'esprit du patron, à la peur dans le regard gris... Même s'il n'avait rien vu de vraiment explicite, ça ne faisait aucun doute pour Harry : ce John était dangereux et ce qu'il attendait de Malfoy était plutôt clair. Il voulait lui nuire et pas de la plus belle des manières. Il attendait quelque chose de lui, des faveurs et ça rendait Harry fou de rage.

Quand Draco disparu dans ce qui devait être la réserve, Harry le suivit du regard avant de fixer le patron, le défiant mentalement de seulement oser le suivre. Ce qu'il ne fit pas, bien heureusement. Quelques instants plus tard Draco, débarrassé de son tablier, se servait une bière et entraînait Harry vers une des tables du fond, loin des regards et des oreilles.

"Merci d'accepter de me parler, Malfoy."

"Comme si j'avais le choix." Renifla le blond avant d'avaler une longue gorgée de bière. C'était étrange de voir Draco Malfoy boire de la bière. Harry le voyait plutôt boire du vin ou encore un whisky très cher. Mais, encore une fois, beaucoup de choses semblaient avoir changées chez Malfoy.

"Désolé, si j'ai l'air d'un harceleur, mais te voir travailler dans ce café... et maintenant ici ? Qu'est-ce qu'il s'est passé, Malfoy ?"

"Tu veux dire, qu'est-il arrivé au petit aristocrate plein aux as pour qu'il s'abaisse à servir les Moldus pour survivre ? Beaucoup de choses ont changées après la guerre, Potter."

"Mais tu as été gracié." Et ce, grâce à lui mais, ça, Harry ne l'ajouta pas.

"Oui, je l'ai été. Mais pas aux yeux de tout le monde. On nous a tout confisqué après les procès, le manoir, la plupart de notre fortune... Mère est partie vivre en France, mais moi, on m'a interdit de quitter le pays, alors j'ai essayé de trouver du travail, mais on m'a dit non partout en me crachant au visage et en me menaçant. Alors quand j'ai failli me retrouver à la rue, j'ai décidé de tenter ma chance du côté Moldu. J'ai trouvé un boulot dans un café, puis ici et ça m'a permis de payer mon loyer, de manger. Ensuite, j'ai été renvoyé du café mais, heureusement, j'ai rapidement été engagé dans l'autre."

"Le café où je t'ai vu l'autre jour."

"Oui, celui-là."

"Pourquoi as-tu été viré de l'autre endroit ?" Grâce à Ellie, Harry connaissait déjà la réponse, mais il ne voulait pas le lui dire et mettre la jeune femme dans une position difficile.

Malfoy soupira et fronça les sourcils, le regard perdu dans son verre de bière.

"Une histoire stupide. Un type a tenté d'agresser une de mes collègues. Je l'ai repoussé un peu violemment et je l'ai peut-être un peu menacé. Mais ce crétin était le beau-frère du patron, donc je me suis fait virer."

"Tu avais le droit de défendre ta collègue."

"Oui, mais pas sans conséquences, apparemment. Je suis resté en contact avec certains de mes collègues et, apparemment, le type a recommencé avec une autre fille qui est allé porter plainte. Il y a eu une enquête et le patron du café a dû rendre des comptes. Ça m'a un peu consolé, je dois dire. Mais, franchement, je n'ai pas perdu au change, Mr Jones est un bon patron."

"Pas comme John, n'est-ce pas ?"

Malfoy haussa les épaules. "Je n'ai aucune envie de parler de ça."

"Je ne te forcerais pas à me dire ce qu'il se passe ici si tu ne le veux pas. Même si j'aimerais t'aider, je te connais suffisamment pour savoir que tu préfèrerais t'arracher les deux yeux plutôt que de me laisser faire."

"Et pourquoi est-ce que tu voudrais m'aider, au juste ? Tu t'ennuies tant que ça dans ta petite vie bien rangée, Potter ?"

"Crois-moi, j'ai plus important à faire que de papoter avec toi. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Je sais qu'il se passe un truc et ça me rend dingue de rester là à regarder les choses se passer."

"Ton complexe du héros a refait surface, à ce que je vois."

"Malfoy..."

"Même si ça ne te regarde pas, Potter, je vais bien. Je gère la situation."

"Vraiment ? Ce n'est pas l'impression que tu m'as donnée, tout à l'heure. Ce type... Il veut clairement te faire du mal et je ne suis même pas sûr que d'avoir un public l'en empêche longtemps." Le regard qui passa dans les yeux gris conforta Harry dans son idée. "Qu'est-ce qu'il a contre toi, Malfoy ? Qu'est-ce qu'il te veut ?"

"Tu... je ne..." Malfoy baissa la tête et frissonna. "Il a une vidéo. De moi et... d'un autre homme, dans la réserve."

"Un homme qui t'a fait du mal ?"

"Non. On était... ça faisait quelques temps qu'il venait au bar et on discutait toujours pas mal tous les deux. Et puis un soir, alors que j'étais de fermeture, il est resté pour un dernier verre et on est allé derrière pour s'embrasser. Et puis il m'a demandé plus et je l'aimais bien alors... mais je n'ai pas entendu John entrer dans la réserve et prendre une vidéo. J'ai compris après qu'ils étaient de mèche, tous les deux. Je me suis juste fait avoir comme un bleu, mais depuis il me fait chanter. J'ai toujours réussi à le repousser, mais il devient... plus insistant."

Harry avait les doigts serrés autour de son verre. "Qu'est-ce qu'il te menace de faire ?" Demanda-t-il d'une voix difficilement maîtrisée. Comme il rêvait d'aller foutre son poing dans la tronche de ce type.

"De me virer, pour commencer, mais aussi de diffuser la vidéo sur internet. J'ai vraiment besoin de ce job et il connaît du monde alors, entre lui et la vidéo, je ne pourrais bosser dans aucun autre bar."

"Cet enfoiré..."

"Je n'ai pas besoin de ta pitié, Potter."

"Ce n'est pas de la pitié. Je suis en colère contre ce type qui t'utilise comme ça, mais aussi contre le Ministère qui t'a mis dans cette situation. Tu as été jugé et acquitté, tu devrais pouvoir vivre dans notre monde librement. C'est tout sauf de la pitié, crois-moi ! Dès demain, j'irais voir-"

"Tu ne vas aller voir personne, Potter. Absolument personne, tu m'entends ? Je n'ai besoin ni de ta pitié, ni de ton aide. Je vais bien et ce qui se passe dans ma vie ne te regarde en rien. Tu en as faits bien assez comme ça."

"Qu'est-ce que tu veux dire ? Est-ce que tu m'en veux d'être intervenu pendant ton procès et de t'avoir évité Azkaban ?" Le blond resta silencieux, mais son visage fermé et ses mâchoires serrées en disait long. "Je ne l'ai pas fait par charité, Malfoy. Et encore moins par pitié. Je l'ai fait par devoir et pour la justice. Ta mère m'a sauvé la vie et, par extension, a sauvé le monde sorcier. Et toi... tu n'as tué personne et, comme moi, tu étais un gamin perdu. Peu importe ce que tu as l'air de croire, tu ne méritais pas de finir ta vie dans une cellule. Et je n'ai pas l'intention de m'excuser pour ça. Ce pour quoi je devrais m'excuser, par contre, c'est d'avoir tourné le dos à tout ça aussi rapidement, sans m'assurer que tout se passerait bien pour toi."

"Ce n'était pas à toi de faire ça."

"Non, effectivement. Mais vu mon expérience personnelle avec le Ministère, j'aurais dû me douter qu'ils allaient faire de la merde."

Une lueur d'amusement passa sur le visage pâle de l'ex-Serpentard, faisant presque frissonner Harry. C'était étrange de voir Malfoy être amusé par lui.

"Peu importe, on ne revient pas en arrière. Et puis, je dois avouer que le monde magique ne me manque pas vraiment. La magie, oui. Mais pas le reste. Le monde Moldu a ses bons côtés."

"Tu as découvert la télé, hein ?"

"Entre autres, oui. Internet, aussi. Et les téléphones portables. Très pratiques, ces textos."

"Tu as un portable ?" Harry haussa les sourcils de surprise et se tortilla pour extirper un téléphone de la poche intérieure de sa veste. "Moi aussi ! C'est quoi ton-"

"Oh, non ! Même pas en rêve, Potter. Il est hors de question que je te donne mon numéro. Tu me harcèles déjà suffisamment comme ça, je ne vais pas te donner les moyens de le faire encore plus."

"Tu exagères, Malfoy." Pouffa Harry. "Mais plus sérieusement, j'aimerais t'aider. Dis-moi ce que je peux faire."

"Rien."

"Malfoy..."

"Rentre chez toi, Potter et oublie-moi. Oublie ce bar, oublie le café, je n'ai pas besoin de ton aide. Tu l'as dit, tu as des choses plus importantes à faire que papoter avec moi."

Harry resta interdit et regarda le blond se lever et se diriger vers le bar pour y laver son verre vide, sous le regard orageux du patron. Il fallut quelques secondes au brun pour réagir, mais il finit par se lever et marcher lui aussi vers le bar.

"Dray..." Il se rappela de justesse de l'appeler par le nom qu'il utilisait visiblement à la fois au café et au bar. Il ignorait si c'était important, mais se disait qu'il pourrait marquer des points en le faisant.

"Nora ? Tu donneras sa note à Potter ? Moi j'y vais. À demain."

"Pas de soucis, à demain Dray, bonne soirée."

Harry hésita à lui courir après, mais quand Malfoy disparu dans la réserve, il n'eut d'autre choix que de régler ses verres avant de quitter le bar, la sensation du regard brûlant et méchant du patron ne le quittant pas un seul instant. Une fois dans la rue, Harry soupira et attendit. Malfoy allait bien devoir sortit à un moment donné, non ? À moins qu'il ne décide de transplaner pour l'éviter, bien sûr. Harry jura et fit quelques pas sur le trottoir. Il était en colère contre lui-même, il s'en voulait d'avoir fait fuir Malfoy, d'avoir trop insisté et, en plus de lui avoir donné l'impression qu'il avait plus important à faire ce qui, tout bien réfléchi, était faux.

Parce que depuis qu'il avait mis le pied dans ce bar, son problème de cavalier avait clairement été relégué au second plan. Il se fichait d'avoir quelqu'un à emmener au mariage, ou de devoir subir Molly et ses prétendants pendant deux semaines, ça paraissait complètement dérisoire, désormais. Ce qui, ce soir, était important aux yeux du jeune professeur, c'était de trouver un moyen pour aider Malfoy, même si celui-ci ne le voulait pas. Le problème majeur était ce bar. Malfoy devait quitter ce boulot pour son bien, mais il paraissait clair qu'il ne le ferait pas de lui-même. Il avait trop besoin d'argent. Et puis il y avait le problème de la vidéo et du chantage...

Harry soupira en descendant le long de la rue vers le point de transplanage le plus proche. Il y avait sûrement quelque chose qu'il pouvait faire. Effacer la vidéo était assez facile, mais il restait la réputation du patron qui empêcherait certainement le blond de retrouver du travail de sitôt. L'idéal serait que Harry trouve un boulot pour Malfoy, quelque chose de suffisamment bien payé pour lui permettre d'arrêter de travailler au bar, ou qu'il aille malgré tout voir Kingsley afin de réclamer un meilleur traitement pour le blond, mais il était évident pour Harry que non seulement Malfoy n'accepterait pas, mais qu'en plus il lui en voudrait à mort.

Alors qu'il s'arrachait déjà mentalement les cheveux à la recherche d'une solution, Harry repéra une file d'attente de l'autre côté de la rue et un insigne en néon rose indiquant le nom d'une boîte de nuit gay qu'il connaissait de réputation. Pendant un instant, le jeune homme envisagea d'y entrer histoire de se défouler et de rencontrer de potentiels cavaliers, mais l'image de l'ancien Serpentard restait collée à sa rétine. Il était clair qu'il n'arriverait pas à se concentrer sur autre chose ce soir.

Puis, juste comme ça, une lumière s'alluma dans son esprit et ce qu'il devait faire devint évident. Qu'il pouvait être con ! La solution à ses deux problèmes était sous son nez et il ne s'en rendait compte que maintenant ! Harry faillit sauter de joie là, sur le trottoir, tellement il était soulagé et extatique, mais un soupir d'agacement l'en empêcha.

"Merlin, tu me suis vraiment, hein ?"

Harry sursauta et tourna la tête vers Malfoy qui arrivait derrière lui.

"Quoi ? Hey, je te signale que je suis devant toi. Techniquement, c'est toi qui me suis."

"Tu vas vraiment jouer sur la sémantique, Potter ? Qu'est-ce que tu fous là ?"

"Je rentrais chez moi. Et toi ? Je pensais que tu avais transplané pour m'éviter."

"Je ne... non, je préfère rentrer à pied." Quelque chose disait à Harry que ce n'était pas l'entière vérité, mais il n'insista pas. "Et toi ?" Le regard gris glissa vers la boîte, faisant comprendre à Harry la question silencieuse.

"J'avais l'intention de transplaner au premier point de transplanage, mais je crois que je l'ai dépassé depuis longtemps. J'étais dans mes pensées. Et non, je n'avais pas l'intention d'entrer dans cette boîte."

"Tu fais ce que tu veux de tes nuits, Potter. Maintenant, excuse-moi, mais je commence à sept heures au café demain matin."

"Attends, j'ai eu une idée et je voulais t'en parler ! Je crois que-"

"Pas maintenant, Potter." Dis Malfoy d'une voix lasse, tout en dépassant Harry.

"Je sais, mais peut-être demain ? À quelle heure est-ce que tu termines ?"

"Sérieusement, Potter..."

"Attends, c'est vraiment important, d'accord ? Je te demande juste de m'accorder une heure demain pour t'expliquer mon plan et si même après ça tu n'es pas intéressé, je te promets de te laisser tranquille. Tu n'entendras plus jamais parler de moi !"

Le blond l'observa un instant de ses yeux fatigués et finit par soupirer.

"J'avoue que c'est tentant d'avoir une chance de ne plus jamais te voir. Je prends généralement ma pause vers dix heures. Tu auras vingt minutes, pas plus."

"Je serais là, merci Malfoy !"

Harry regarda son ancien rival disparaître dans la nuit et regarda sa montre. Bien, il avait un peu plus de dix heures pour peaufiner son plan.

.oOo.

Harry poussa la porte du café à neuf heures trente le samedi matin, à la fois motivé et stressé. Il commanda un café allongé et des gaufres à la fraise qu'Ellie lui servit avec un sourire et un clin d'œil et il s'installa à une table près de la vitrine, observant à la fois les passants pressés du matin et le comptoir. Malfoy avait l'air bien plus détendu que la veille et s'il avait légèrement levé les yeux au ciel en le voyant, il n'avait rien dit et avait pris sa commande d'une voix aimable sinon enjouée.

Un peu avant dix heures, Harry le vit échanger quelques mots avec Ellie avant de disparaître par la porte de service et de réapparaître quelques instants plus tard sans son tablier, une tasse à la main et une pâtisserie dans l'autre. Harry voulu lui faire un signe avant de se raviser, décidant que le blond avait largement eu le temps de voir où il s'était installé, il se contenta donc de le regarder approcher et s'asseoir devant lui avec un léger sourire.

"Qu'est-ce que tu as pris ? Ça sent bon !"

"Un chausson aux pommes."

"Et ton café ? J'ai hésité à prendre un moka, mais j'ai penché pour le classique."

"De quoi est-ce que tu voulais me parler, Potter ? Tu n'as que vingt minutes, je te rappelle."

"Oui, désolé. En fait, après hier soir, j'ai beaucoup réfléchi et j'ai eu une idée pour t'aider.

"Je te l'ai déjà dit, je n'ai pas besoin de ton aide."

"Eh bien, techniquement, ce n'est pas vraiment de l'aide à proprement parler. Je voulais te proposer un boulot."

Un silence s'étira entre eux, Harry attendant que Malfoy réagisse alors que celui-ci attendait visiblement qu'il lui dise que c'était une blague.

"Attends, tu es sérieux ?"

"Oui, bien sûr que je suis sérieux. Hier, quand je t'ai dit que j'avais plus important à faire, ce n'était pas vraiment exact. Ça n'avait rien de réellement important, c'est juste un problème que je dois régler depuis un moment déjà et auquel je n'ai pas vraiment pu penser de toute cette semaine."

"La faute à qui ?"

"Je sais, merci. Quoi qu'il en soit, je crois que, justement, tu pourrais m'aider pour régler ce problème et, en même temps, ça devrait également pouvoir t'aider. Tu vois, au final, c'est toi qui vas t'aider, pas moi."

"Tu as toujours été aussi tordu, Potter ? Ou c'est à cause de la guerre ?"

"La guerre, probablement. Mais sans rire, c'est parfait, en fait ! Ça résout tous mes soucis et ça pourrait te permettre de partir du bar."

"Tu oublies la vidéo."

"Ce n'est pas un réel problème et tu le sais. Un coup de baguette et je m'en débarrasse."

Malfoy pencha la tête sur le côté et fronça les sourcils. "Et si tu me disais plutôt quel boulot tu voulais me proposer ?"

"Ah, oui. Tu sais peut-être que Ron et Hermione vont se marier ?"

"Bien entendu, ça a fait les gros titres à la télé."

Harry leva les yeux au ciel mais se sentit un peu bête d'avoir si rapidement oublié la situation de Malfoy. "Désolé, j'avais oublié. Quoi qu'il en soit, ils se marient cet été et je suis le témoin de Ron."

"Félicitations." Dit le blond de sa voix monotone.

"Merci. Et donc, le mariage se déroule aux Fidji, on part dans deux semaines et-"

"Aux Fidji ? Weasley et Granger ? Eh bah..."

"Quoi ? Tu ne t'attendais pas à ça venant d'un Weasley ?" Demanda Harry avec une pointe d'agacement. "Ron a pris la suite de Fred au magasin et les affaires fonctionnent très bien. Et puis Hermione a un très bon poste au Ministère, maintenant, donc..."

Malfoy haussa les épaules. "Je suppose que nos situations financières se sont inversées, n'est-ce pas ?"

"Je suppose, oui."

"Et donc ? Quel est ce boulot que tu voulais m'offrir ? Garder ton chien pendant que tu te dores la pilule en vacances ?"

"Je n'ai pas de chien. Et non, je voulais plutôt te proposer de venir te dorer la pilule avec moi, en fait."

Un nouveau silence tomba sur leur table. Le visage du blond était complètement impassible, ce qui fit frissonner Harry.

"Tu te fous de moi, Potter ?"

"Euh... non ?" Quand Malfoy fronça les sourcils, Harry sut qu'il devait s'expliquer en urgence s'il ne voulait pas se prendre le chausson aux pommes du jeune homme au visage. "Je sais que ça peut te sembler dingue, dit comme ça, mais laisse-moi t'expliquer. Je n'ai personne dans ma vie, tu vois, et ça me va très bien. Ma vie me satisfait pleinement comme elle est, j'enseigne à Poudlard, j'ai acheté une maison après la guerre, je vois mes amis presque toutes les semaines et les paparazzi m'ont presque enfin lâché la grappe. Bref, je suis heureux." L'ancien Serpentard leva les yeux au ciel. "Oui je sais, désolé. Quoi qu'il en soit, ça ne me pose aucun problème de ne pas avoir de cavalier au mariage de mes deux meilleurs amis, ni à eux d'ailleurs. Mais le problème, c'est Molly."

"Weasley mère ?"

"Oui. Je l'adore et je l'ai toujours considérée comme une seconde mère, mais... comment dire..."

"Elle t'étouffe."

"Euh... oui, voilà. Comment tu as deviné ?"

"Il ne faut pas être un génie. N'importe qui ayant déjà rencontré Mme Weasley l'aurait deviné."

"Oui, j'imagine. Bref, j'ai bien tenté de lui faire comprendre depuis des années que je suis très heureux comme je suis, il faut toujours qu'elle insiste et qu'elle trouve un moyen de me caser avec n'importe qui. Que ce soit son propre fils ou le cousin de la voisine de la sœur d'une amie. Franchement, c'est pesant. À chaque anniversaire, Noël, ou autre réunion de famille, j'y ai le droit. Et dès que je dis non, parce que je dis toujours non, c'est un drame."

"Elle s'inquiète pour toi."

"Oui, je le sais très bien et je l'adore pour ça, mais elle peut s'inquiéter sans pour autant vouloir contrôler ma vie, non ? Et respecter ma décision quand je dis ne pas être intéressé ! Ça me rend dingue et, même si je l'aime comme une mère, je vais finir par craquer et ça ne sera pas beau à voir. Voilà pourquoi je cherche quelqu'un à amener au mariage, parce que je n'ai aucune envie de craquer là-bas et de gâcher le mariage de mes amis en lui disant ses quatre vérités."

"Donc, tu veux quoi ? Que je joue les faux-petits amis ?"

"Oui. Enfin... j'espérais pouvoir rencontrer quelqu'un et être dans une relation au moment du mariage, mais j'ai tout essayé et je n'ai trouvé aucune autre solution. Et puis je me suis dit que je pouvais t'engager pour m'y accompagner. On passe deux semaines au paradis, Molly me laisse tranquille parce qu'elle nous croit ensemble, le mariage se déroule sans accros et, toi, tu n'auras rien à payer pendant le voyage et je te verserais un salaire suffisant pour que tu sois tranquille un bon moment sans avoir à retourner travailler au bar."

"Potter..."

"Je sais que ça doit te paraître dingue, mais c'est une bonne solution pour tous les deux. Toi, tu as de l'argent et des vacances tous frais payés, ce qui ne sera pas du luxe, je pense, et moi j'ai l'assurance d'être tranquille et de ne pas avoir à briser le cœur de la femme qui m'a accueilli comme son fils. C'est gagnant-gagnant."

Draco ferma les yeux et soupira. "C'est cruel de me prendre par les sentiments, Potter. Vraiment cruel."

"Je sais, désolé. Mais je sais que tu ne me laisseras pas t'aider autrement, donc autant t'offrir un boulot."

"Un boulot qui consiste à jouer au parfait petit-ami à ton bras pendant deux semaines, au milieu de rouquins et de Gryffondors qui n'hésiteront pas à me juger à chaque instant ?"

"En fait, il y aura aussi des Moldus du côté des Granger..."

"Franchement, ce n'est pas vraiment ce qui me pose problème. Rien que la partie petit-ami à ton bras suffit à me donner envie de fuir. On se déteste, Potter. On ne sera jamais crédibles en tant que couple !"

"Justement, c'est nous, Harry Potter et Draco Malfoy. Personne ne s'attend à nous voir collés l'un à l'autre ou à nous faire des mamours toutes les trente secondes. Ça ce serait bizarre. On aura juste à discuter sans se prendre la tête et à être... un peu plus proche. Et puis je me fiche de ce qu'ils pensent. Tout ce que je veux, c'est que Molly me laisse tranquille."

"Je ne sais pas, Potter, je-"

"Draco ? On a besoin de toi, s'il te plaît."

Les deux jeunes hommes relevèrent la tête vers une collègue du blond qui s'était rapproché de leur table sans qu'ils s'en rendent compte. Harry regarda par-dessus l'épaule de Malfoy et se rendit compte qu'en effet, la queue devant le comptoir s'était considérablement allongée.

"D'accord, j'arrive Maya." Dit le blond avant de se lever, son café à moitié bu et son chausson aux pommes intact dans les mains. "Désolé, Potter, il faut que j'y aille."

"Attends !" Harry se leva à son tour et sorti une carte de la poche arrière de son jean. "Tiens, c'est mon numéro de portable. Réfléchis à ma proposition et appelles-moi dès que tu as pris ta décision, okay ?"

"Je ne pense vraiment pas que..."

"Penses-y simplement, d'accord ? De mon côté je te laisse tranquille. Pas de pression."

Draco regarda la carte dans sa main un instant, puis hocha la tête et retourna prendre son poste derrière le comptoir, laissant Harry finir son café et sa gaufre en silence.

Pendant les jours qui suivirent, Harry s'efforça de ne pas penser à Malfoy et encore moins à ce qu'il allait faire dans l'éventualité où le blond refuse sa proposition. Parce que ce n'était pas possible qu'il refuse, n'est-ce pas ? Qui dirait non à des vacances gratuites et à un bon salaire ? Peut-être aurait-il dû aborder l'aspect financier ? Lui donner le montant qu'il pensait le payer ? Enfin... si seulement il pensait à un montant en particulier.

Combien payait-on un ancien ennemi pour qu'il joue les petits amis au juste ? Il devait clairement prendre en considération la perte de salaire du blond sur ses deux semaines d'absence, ainsi que ses services. Services qui seraient... Il n'en avait aucune idée. Être à ses côtés pendant le séjour, les repas en famille et le mariage, participer aux activités avec lui, peut-être partager une danse ou deux... Bizarrement, imaginer faire tout ça avec Draco Malfoy ne lui paraissait pas si désagréable que ça. Il avait même un peu hâte de voir la tête des autres quand... si ça arrivait.

C'est finalement le Lundi soir, alors que Harry regardait un vieux film sur son canapé, une bière à la main, que son portable vibra, annonçant l'arrivée d'un nouveau message. Il attrapa le petit appareil et lu les quelques lignes envoyées par un numéro inconnu, fébrile.

Potter,

C'est d'accord, mais je veux un contrat en béton.

Je ferme le café demain. Rdv devant à 18h30.

DM.

Un frisson d'excitation parcourut Harry alors qu'il tapait une réponse rapide.

Super ! J'y serais.

À demain

HP.

Puis, il se leva, éteignit la télévision et fila s'enfermer dans son bureau afin de rédiger un contrat en béton pouvant satisfaire un Malfoy.


Alors ? Que pensez-vous de cette mise en bouche ?

On se retrouve très vite pour le second chapitre !

Theodora.