Les derniers préparatifs avant le grand départ !

Celui qui me dira que Teddy n'est pas adorable peut disparaître !

Les sentiments s'en mêlent et les deux faux amants trouvent un accord, mais sera-t-il suffisant pour apaiser les tensions ?


CHAPITRE 7 – PREPARATIFS ET CONFLITS

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Après une journée tranquille pour Harry et au travail pour Draco le mardi, ils avaient consacré le mercredi, après la matinée au café du blond, à acheter tout ce dont ils avaient besoin pour le voyage. Le départ était prévu trois jours plus tard et les deux jeunes hommes commençaient à stresser. Ils faisaient et refaisaient leurs listes respectives et avaient passé des heures à écumer les boutiques pour tout trouver. Vêtements pour toutes les occasions, maillots de bain, serviettes de plage, une nouvelle valise pour Draco, de la crème solaire, des lunettes de soleil, des chaussures de randonnées, des sandales... absolument tout y était passé. Ils avaient aussi prévu d'aller chez le coiffeur, mais avaient manqué de temps et décidé d'y aller le vendredi.

Harry aurait aimé que le blond décide de ne pas aller travailler le jeudi afin qu'ils terminent ce qu'ils avaient à faire, mais il savait qu'il s'agissait de son dernier jour au café et qu'il avait besoin d'y aller. Pour dire au revoir, pour tourner la page...

Ce n'est que vers six heures du soir qu'ils rentrèrent enfin à la maison où ils déposèrent leurs affaires avant de repartir aussi sec pour aller chercher Teddy chez Andromeda. Ils y restèrent quelques minutes à discuter puis, pressés par le petit garçon, ils retournèrent à la maison afin de démarrer leur soirée pizza-télé.

"Teddy, va te déshabiller là-haut. Draco, est-ce que tu peux faire couler son bain dans ma chambre ? Je vais appeler pour commander les pizzas. Qu'est-ce que tu veux ?"

"Peu importe, prends ce que tu aimes, je ne suis pas difficile. Ah si, sans poivrons, j'y suis allergique."

"Comme Teddy, c'est étrange."

"Pas tellement, on a le même sang, après tout."

"C'est vrai. Je vous rejoins dès que j'ai terminé, mais Teddy est habitué à prendre son bain ici, de toute façon, il va te montrer quels produits utiliser."

"Pas de problème."

Harry appela sa pizzeria préférée qui livrait à domicile, monta des verres, de l'eau et du jus d'orange dans sa chambre avant de traverser son dressing pour rejoindre la salle de bain. Il s'arrêta à l'embrasure de la porte pour observer son filleul dans son bain en grande conversation avec Draco assis sur le sol au pied de la baignoire.

"Tu sais, moi je préfère celui à la pêche, mais mamie me prend toujours celui à la framboise. Je lui dis que c'est la pêche qu'il faut prendre, mais elle oublie toujours. Parrain, lui, il a toujours du shampooing à la pêche donc je préfère prendre mon bain chez lui, mais mamie dit que je ne peux pas venir tous les jours juste pour prendre mon bain. C'est quoi ton shampooing préféré, Draco ?"

"Celui à la vanille."

En entendant ce mot, une brusque odeur de vanille envahit le cerveau de Harry. Odeur qu'il sentait sur son oreiller depuis deux jours sans pouvoir se résoudre à l'en effacer.

"C'est vrai ? Est-ce que Parrain en a un à la vanille dans sa maison ?"

"Je ne sais pas, lis sur les bouteilles, est-ce que tu vois le mot vanille quelque part ?"

Depuis la rentrée, Teddy apprenait à lire et il était tout fier de montrer comment il décryptait les mots avec, Harry devait bien l'avouer, une certaine facilité. Il était fier de l'évolution du petit garçon et de son épanouissement. Il n'y avait qu'à le regarder discuter avec Draco qu'il connaissait à peine pour comprendre que c'était un enfant heureux, ouvert sur les autres et sur le monde.

"Parrain ! Pourquoi est-ce que tu n'as pas de shampooing à la vanille ? C'est le préféré de Draco, tu sais ? Tu dois lui en acheter comme ça il sera content de prendre un bain chez toi, lui aussi et il voudra tout le temps prendre un bain ici, pas chez lui."

Harry pouffa en s'asseyant sur le sol à son tour, à côté du blond.

"Tu crois que si j'achète du shampooing à la vanille, Draco ne prendra son bain que chez moi ?"

"Oui, c'est sûr, sûr ! Parce que lui il n'a pas de mamie pour lui dire qu'il n'a pas le droit, donc il peut."

"Ce n'est pas faux, bien raisonné, Teddy. Tu entends, Draco ? Si je t'achète du shampooing à la vanille, tu devras venir prendre ton bain ici, peu importe où tu es."

Le blond secoua la tête en souriant. "Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que je me suis fait avoir ? Est-ce que Harry t'a payé pour dire ça, Teddy ?"

"Non. Parrain me donne des sous et des cadeaux à mon anniversaire et j'ai aussi des cadeaux par le Père Noël, mais c'est tout. Ah si, quand je perds une dent j'ai une pièce aussi, mais ça c'est la petite souris. Tu sais, eh bah moi j'ai une tirelire en forme de hibou et il y a beaucoup de pièces dedans ! Mamie elle dit que je pourrais bientôt m'acheter un nouveau livre, mais moi je préfèrerais un jouet. Hein Parrain que je peux choisir ?"

"C'est ton argent, mon cœur. Mais tu dois aussi écouter mamie. Et puis tu as déjà beaucoup de jouets, non ?"

"Oui. J'en ai plein dans ma chambre, tu voudras venir la voir, Draco ?"

"Si tu veux, oui."

"Mais il y en a qui étaient à ma maman. Elle était belle ma maman, tu sais ? Est-ce que tu la connaissais toi aussi Draco ? Parrain, lui, il la connaissait. Et mon papa aussi."

"Oui, j'ai connu tes parents moi aussi. Ta maman était ma cousine. Et ton papa était notre professeur à Poudlard."

"Oui." Le petit garçon baissa la tête et joua un moment avec les quelques jouets que Harry gardait dans la salle de bain pour lui. "Mamie elle m'a dit que bientôt je vais aller à Poudlard, moi aussi. Ça va être trop cool !"

Les deux jeunes hommes sourirent en l'entendant dire ça.

"Je suis sûr que tu vas aimer Poudlard. Nous, on a adoré."

"Est-ce que vous étiez amoureux à Poudlard aussi ?"

Draco s'étrangla, faisant rire le brun.

"Non Teddy, Draco et moi on n'était pas amoureux à Poudlard. On se chamaillait tout le temps."

"C'est vrai ? Pourquoi ? Vous ne vous aimiez pas ? Est-ce que tu as volé le goûter de Draco, Harry ? Parce que Freddie il a volé mon goûter l'autre fois et on s'est chamaillé après. Mamie dit que c'est pas beau de se chamailler."

"Non, tu as raison, ce n'est pas beau de se chamailler. Mais on aimait bien ça, parfois."

"Oui, ton Parrain et moi, on s'ennuyait quand on ne se chamaillait pas."

"Oui enfin, je m'en serais bien passé parfois, hein ?"

"Oh, je t'en prie, tu me suppliais presque de te jeter des sorts."

"Crétin." Souffla Harry, hilare.

"Gryffondor."

.oOo.

"On va mettre des miettes partout."

"Je nettoierais les draps." Chose que Harry était sûr de ne pas faire, car ça voudrait dire perdre l'odeur du blond qui traînait sur sa taie d'oreiller. "Teddy, tu as enfilé ton pyjama ?" Cria-t-il en direction de la salle de bain avant de se retourner vers Draco qui le regardait installer le carton de pizza sur le lit, à côté d'un saladier de pop-corn. "On fait toujours comme ça. On mange au lit tout en regardant la télé. C'est plus confortable qu'au salon. Teddy ! La pizza va refroidir !"

"C'est bon Parrain, je suis prêt. Qu'est-ce qu'on regarde ?"

"Je ne sais pas. Tu voulais regarder Lilo et Stitch la dernière fois, non ?"

"Oui, ou alors Toy Story ?"

"Tu le connais par cœur, Teddy."

"Oui il est trop bien ! Et puis je suis sûr que Draco le connais pas, lui."

"Je l'ai déjà vu mais tu as raison, il est trop bien."

"Tiens, tu vois Parrain ! J'ai une idée, on n'a qu'à regarder Toy Story et après, on pourra regarder Lilo et Snich."

"C'est Lilo et Stitch, Trésor."

"C'est pareil, Parrain !"

Harry leva les yeux au ciel, attendrit. Son filleul arrivait toujours à ses fins, de toute façon.

"D'accord, on regarde Toy Story et si tu ne t'endors pas avant la fin, on regardera Lilo et Stitch."

"Je vais pas m'endormir, Parrain. Je suis grand moi !"

"Oui... on verra Teddy. Allez, installe-toi, je vais mettre le film."

Bien entendu, Teddy ne vit même pas la fin de Toy Story, tout comme Draco d'ailleurs. Quand, au générique de fin, Harry regarda le petit garçon allongé à côté de lui, il était déjà profondément endormi, son adorable visage enfoui dans la couette avec les oreilles de son doudou qui dépassaient. Puis, son regard coula vers Draco et il pouffa en le trouvant dans le même état que le petit garçon, la tête posée sur son oreiller, la bouche entrouverte. Harry attrapa son téléphone sur la table de nuit et pris plusieurs photos des deux avant de tout éteindre et de se coucher à son tour.

Harry n'eut aucun mal à s'endormir cette nuit-là en sachant Teddy et Draco à ses côtés.

.oOo.

Le soleil brillait déjà quand Harry se réveilla le lendemain matin. Il mit quelques secondes à comprendre pourquoi il était presque au bord du lit au lieu d'être au milieu comme d'habitude et la réponse lui sauta aux yeux quand il tourna la tête pour tomber nez à nez avec Teddy, étalé en étoile par-dessus les draps. Il retint un éclat de rire. Son lit était plutôt grand, suffisamment pour deux adultes et un enfant, en tout cas, sauf si l'enfant en question était du genre turbulent. Ce qui était le cas de Teddy Lupin. Harry ne comptait plus le nombre de nuits où il avait été réveillé par les coups du petit garçon en pleine nuit et celle-ci en faisait partie, car il se rappelait clairement s'être pris un bras dans le nez et un pied sur le genou. Il avait pris l'habitude de ne pas garder sa baguette sous son oreiller les nuits où Teddy dormait avec lui, juste au cas où. Inutile de réagir par instinct et de lui jeter un sort.

Alors qu'il roulait sur le côté pour regarder son filleul, il repéra deux yeux gris rieurs de l'autre côté du lit.

"Toi aussi tu es à un cul de tomber ?" Chuchota-t-il en direction de Draco.

"Oui, j'ai mal aux abdos à force de me retenir." Harry pouffa. "Il est trop mignon quand il dort. Par contre... Je crois qu'il m'a mis un coup de poing cette nuit."

"Pareil. Et il m'a dégommé le genou en plus. Je ne sais même pas comment il a atterri au-dessus des draps alors qu'on est toujours dessous."

"Est-ce qu'il est toujours comme ça ?"

"La plupart du temps, oui. Andromeda le retrouve souvent par terre dans sa chambre, ou allongé tête-bêche. Il paraît que sa mère était comme ça aussi. Quelle heure il est ? Est-ce que tu dois aller bosser ?"

"Il n'est pas encore huit heures, j'ai le temps ne t'inquiète pas, je commence à onze heures."

"D'accord. Pour ce soir, je passe te chercher pour six heures ?"

Comme prévu, Harry accompagnait Draco au café tous les matins et retournait le chercher tous les soirs, ce qui exaspérait visiblement le blond, mais il ne disait généralement rien, conscient qu'il s'agissait plus de rassurer Harry qu'autre chose. Et qu'il n'avait pas le choix, surtout.

"Je peux rentrer tout seul, tu sais ? Le café est à peine à dix minutes."

"Je suis plus tranquille de ne pas te savoir seul, c'est tout. Stressé pour ton dernier jour ?"

"Un peu. Nostalgique, surtout. J'aimais bien travailler là, Ellie et l'équipe vont me manquer."

"Tu n'es pas obligé d'arrêter, tu sais ?"

"Harry..."

"Oui, je sais, désolé. Allez, je vais aux toilettes rapidement, puis j'irais préparer le petit déjeuner. Je me préparerais plus tard."

"Je vais monter me préparer aussi. Est-ce qu'on laisse Teddy tout seul ?"

"Oui, il est habitué et puis il ne devrait pas tarder à se réveiller. C'est d'ailleurs étonnant que ça ne soit pas déjà le cas."

Une heure plus tard, ils étaient tous les trois installés dans le patio pour manger leur petit-déjeuner. Teddy dévorait les gaufres préparées par Harry tout en discutant encore et encore, faisant rire les deux adultes. Harry adorait ces matins où il avait Teddy, mais aujourd'hui, c'était encore plus spécial grâce à la présence de Draco. Ça lui donnait un aperçu de ce que pourrait être sa vie avec une famille à lui, un mari, des enfants... Car il voulait des enfants, il en avait toujours voulu et même si, pour le moment, il voulait surtout profiter de la vie, la présence de Teddy ravivait toujours ce désir. Comme souvent dans ces moments, Harry se demanda à quoi ressembleraient ses enfants et pour la première fois, ce ne sont pas des petits bruns aux yeux verts qu'il imagina, mais des blonds aux yeux gris.

Il en renversa son café de surprise et jura en sentant la brûlure sur sa jambe.

"Mince ! Est-ce que ça va, Harry ?"

Draco se leva de sa chaise et se précipita vers lui avant de poser une serviette sur sa cuisse pour absorber le liquide et, il l'espérait, la douleur. Harry ne répondit rien, les yeux rivés sur la main du blond sur lui, si proche de son entrejambe. Il ne s'attendait pas à ça, tout comme il ne s'attendait pas à la vague de désir qui le submergea. Heureusement, la présence de Teddy l'empêcha de s'abandonner aux sensations de son corps et de faire une bêtise. Il se redressa, posa sa tasse sur la table basse et attrapa la serviette des mains de Draco.

"C'est bon, je vais le faire. Merci Draco."

"Mais ça va, tu ne t'es pas brûlé ?"

"Non, non, tout va bien. C'était chaud sur le coup, mais je n'ai plus mal."

"Okay."

Draco retourna à sa place, dubitatif et ils reprirent leur conversation, bien que Harry soit moins concentré et investit. Il n'arrêtait pas de se repasser la scène dans son esprit. Draco accourant vers lui, sa main fine sur lui, le désir qui avait coulé sous sa peau. Il pensait aussi à ce qui aurait pu se passer si Teddy n'avait pas été là. Est-ce que Harry aurait agi de la même façon ? Est-ce qu'il l'aurait laissé faire ? Est-ce que Harry lui aurait pris la main pour la guider vers... Il secoua la tête. Ce n'était vraiment pas le moment de penser à ça ! Il ne manquerait pas qu'il ait une érection en présence de son filleul ! Et en présence de Draco ! Oui, ça aussi ç'aurait été une mauvaise idée... n'est-ce pas ?

Oui, bien sûr que ça l'était. Il devait absolument repousser ce genre de pensées. Les choses étaient déjà suffisamment compliquées, inutile de les empirer avec des sentiments !

Après le petit déjeuner, Harry et Teddy se préparèrent tandis que Draco rangeait, puis ils quittèrent la maison pour aller tranquillement vers le café où ils déposèrent Draco avant de continuer la balade pour Teddy et Harry. Un peu avant midi, il raccompagna le petit garçon chez sa grand-mère chez qui il resta déjeuner, puis il rentra avec dans l'idée de commencer sa valise. Au final une fois chez lui, il trouva un hibou perché à sa fenêtre, une lettre de Trevor Hicks accrochée à sa patte lui demandant de se présenter au Ministère dans la journée.

Bien sûr, il y alla immédiatement et passa plusieurs heures dans le bureau de Hicks à discuter des nouveautés dans l'affaire. Apparemment, plusieurs plaintes avaient été déposées contre John dans le monde Moldu de la part d'anciens employés. Tous jeunes, tous vulnérables et dans une situation difficile. Certaines plaintes évoquaient simplement des chantages, mais d'autres parlaient d'agressions, de viols, de menaces... D'après Hicks, une enquête discrète était en cours depuis un long moment, mais la discrétion de l'homme et la difficulté qu'avaient ces jeunes à porter plainte et témoigner la rendaient compliquée et, pour l'instant, ils tâtonnaient. Pourtant, les faits étaient graves. Bien plus graves que ce que Harry avait envisagé, ce dont il se rendit compte en lisant le dossier de l'enquête Moldue. A priori, il ne s'agissait pas seulement des plaintes de ces jeunes, mais tout ça semblait cacher une tout autre affaire impliquant de la prostitution forcée et un trafic d'êtres humains.

Sur le chemin du café un peu avant six heures, Harry marchait au radar, la tête pleine des photos et des informations remplissant le dossier. S'il avait toujours eu conscience de la menace que posait John, Harry réalisa pour la première fois à quel point Draco avait été en danger ; à quel point il l'était encore. Les enquêteurs n'avaient aucune preuve concrète, ce qui les empêchait d'arrêter John, mais ils étaient persuadés qu'il faisait partie d'un réseau criminel de prostitution et de trafic humain. Tout ce qui leur manquait, c'était une preuve, un témoin ou même une simple raison de l'arrêter pour un interrogatoire.

Harry avait longuement parlé avec Hicks au sujet de Draco. Que savait-il exactement ? Pouvait-il avoir été témoin de quelque chose ? Si oui, accepterait-il de témoigner ? Il ne pouvait s'empêcher de vouloir protéger le blond, mais s'il s'avérait qu'il savait quelque chose... mais même sans lui, les souvenirs de Harry, son témoignage, ainsi que ce qu'il avait vu au bar représentaient une raison pour interroger John. Maintenant il comprenait mieux pourquoi John voulait à tout prix faire taire son ancien employé. Il n'avait même pas dit à Draco qu'il avait vu Robards et Hicks le lundi et qu'il leur avait parlé de lui et à la simple idée de lui en parler, il en avait des frissons.

À l'approche du café, il ne put s'empêcher de scruter les environs et les visages, se demandant si l'un ou l'autre des passants travaillait pour John et attendait Draco. Il put vraiment respirer une fois dans l'établissement, avec le visage souriant de Draco en visuel. Celui-ci terminait de nettoyer une machine à expresso tout en discutant avec Ellie et un autre employé dont Harry ne connaissait pas le nom.

"Regarde, ta moitié est là, Dray !"

Harry leva les yeux au ciel en souriant. Avec l'omniprésence du brun ces derniers jours, les collègues de Draco avaient rapidement supposé qu'ils étaient ensemble et comme aucun d'eux n'avait réellement démenti, c'était devenu une évidence pour eux.

Draco l'accueillit avec un sourire et lui proposa un café en l'attendant ainsi qu'une part de tarte destinée à la poubelle, ce qu'il accepta. Une vingtaine de minutes plus tard, ils quittaient tous deux le café après un dernier au revoir à l'équipe.

"Est-ce qu'on a le temps de rentrer pour que je me change ?"

"Bien sûr, Hermione et Ron ne nous attendent pas avant sept heures, tu as même le temps de te poser."

"Si je me pose, je m'endors." Blagua le blond. "Comment s'est passé ta journée ? Teddy était content ?"

"Très. J'ai déjeuner avec lui et Andromeda et il n'a pas arrêté de parler de toi. J'ai aussi été acheter des fleurs pour Mione et..." Harry hésita à continuer. Devait-il lui en parler maintenant alors qu'ils allaient passer la soirée chez ses amis ?

"Et quoi ? Harry ?"

"Je suis allé au Ministère."

Il le sentit se tendre à ses côtés. "Vraiment ? Pourquoi ?"

"Trevor Hicks m'a envoyé un hibou. Il... il travaille au Bureau de Coopération Sorciers-Moldus et c'est lui qui gère le dossier de ton agression."

"Je ne savais pas qu'il y avait un dossier d'ouvert."

"Oui, il l'est depuis lundi. Robards, le Chef du Département des Aurors m'a convoqué lundi après ce qu'il s'est passé et j'y suis allé pendant que tu étais au café. Je lui ai tout raconté et-"

"Tout ? Tu veux dire que tu lui as dit pour moi ?"

"Gawain est un ami et je lui fais entièrement confiance, Draco. Si tu veux garder l'anonymat, il ne dira rien. Tout comme Trevor. Lui, c'est un ami des Weasley, de Fred et je lui fais aussi confiance. Je lui ai donné mes souvenirs de dimanche soir et j'ai flouté ton visage. Ils sont les deux seuls à savoir que tu es impliqué."

Draco soupira. Ils étaient devant chez Harry qui les fit entrer avant de monter directement au salon.

"Aujourd'hui, il voulait me voir pour me parler. Il semblerait que les Moldus enquêtent déjà sur John. Il y a eu quelques plaintes contre lui mais elles n'ont rien donné car il n'y avait pas de preuves et les jeunes refusaient de témoigner."

"Pas étonnant, tu as vu comment il fait, il avait probablement quelque chose pour faire pression sur eux aussi."

"C'est ça. Mais il y autre chose. John est soupçonné de faire partie ou de diriger un réseau criminel de prostitution et de trafic d'êtres humains."

Toute couleur quitta le visage de Draco. "Q-quoi ?"

"Ils pensent qu'il ne faisait pas que faire chanter et agresser ses employés. Tu sais, quand tu m'as parlé de ce qu'il t'avait dit, à propos de rendre service à certains de ses amis ? J'y pense depuis tout à l'heure et je n'arrête pas de me demander ce qui aurait pu t'arriver. Et si je ne t'avais pas vu au café ? S'il avait toujours la vidéo de toi ? Et si tu avais craqué ou qu'il avait réussi à te forcer ? Tu pourrais très bien être une de ses victimes, maintenant, tu pourrais faire partie de ce réseau et personne n'en saurait rien."

Harry ne se rendit compte qu'il tremblait que quand le blond le prit dans ses bras.

"Harry, respire. Je vais bien, tu vois ?"

"Mais ça aurait pu-"

"Ce n'est pas le cas, je vais parfaitement bien. Tu t'en es assuré. De toute façon, on part dans deux jours à l'autre bout du monde et dès qu'on revient, je quitterais Londres."

"Ne t'en vas pas. Reste à Londres, avec moi."

"Harry..."

"Je sais, j'avais juste besoin de te le demander, c'est tout. Je l'aurais regretté, sinon. Mais je sais que tu dois partir, rien ne te retient ici, pas vrai ?"

Ils restèrent silencieux. Sans le quitter du regard, Draco avança légèrement son visage avant de s'arrêter à quelques centimètres de celui de Harry, attendant visiblement quelque chose. Le brun savait parfaitement ce qu'il attendait et s'il aurait dû ne pas craquer et reculer, il fit exactement le contraire, refermant la distance entre eux et posant ses lèvres sur celles de Draco. Il sentit le blond soupirer de soulagement et ça l'encouragea à approfondir le baiser rapidement, léchant ses lèvres pour demander l'accès à sa bouche. Les mains fines de Draco agrippèrent les bras de Harry alors que celui-ci les enveloppait autour de sa taille. Il aimait autant sentir le corps du blond contre le sien que ses lèvres qui le rendaient fou à mesure que les minutes passaient.

Finalement, et alors qu'il pensait ne jamais pouvoir se détacher de lui, Draco mit fin au baiser et se recula.

"Je dois... aller me préparer."

"Draco." Les yeux gris n'osaient pas croiser les siens.

"On ne devrait pas faire ça, Harry."

"Je sais, mais je n'arrive pas à résister."

"Moi non plus. Ça ne doit pas aller plus loin."

"Je sais." Alors que le blond reculait pour monter dans la chambre d'amis, Harry l'en empêcha. "Non, en fait je ne sais pas. Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas aller plus loin ? Qu'est-ce qui nous en empêche ?"

"Je te l'ai déjà dit."

"Est-ce que c'est uniquement à cause de ça ? Parce que tu as peur de trop t'impliquer ? Parce que tu as du mal à ne pas avoir de sentiments ?"

"Oui. Je croyais que tu comprenais."

"C'est le cas, mais ça ne m'empêche pas de trouver ça complètement con."

Draco ne regarda, agacé. "Je croyais qu'il ne devait rien y avoir de sexuel entre nous ? Tu l'as ajouté toi-même dans le contrat. Tout comme tu y as indiqué que tu ne ferais rien qui me mette mal à l'aise."

Harry resta interdit. Alors tout ça n'était qu'à propos du contrat et rien d'autre ? Tout ce qu'ils faisaient depuis des jours, toutes ces conversations, les baisers, la soirée de la veille avec Teddy... c'était uniquement pour respecter le contrat. Cette réalisation frappa Harry de plein fouet. Ce qu'il ressentait, ou ce qu'il pensait ressentir depuis quelques jours avec Draco n'avait pas lieu d'être. Si le blond était là avec lui, s'il avait accepté de vivre chez lui, de le suivre au bout du monde, c'était simplement pour l'argent. Il s'en voulu d'avoir été aussi bête et remercia le ciel de se rendre compte de tout ça maintenant. Il le savait pourtant, c'était le deal depuis le début, mais il s'était laissé prendre au jeu et, heureusement, il n'avait pour le moment que des sentiments confus, dont il n'avait pas su quoi faire jusqu'à présent, rien d'autre. Désormais il savait : rien. Il ne devait rien en faire puisqu'il était à priori le seul à se questionner sur ses sentiments.

"Je suis désolé de t'avoir mis mal à l'aise." Murmura-t-il en détournant le regard, les mâchoires serrées. Il se retint de dire que c'est Draco lui-même qui avait initié ce baiser puisqu'après tout, il l'avait juste fait pour le bon déroulement du contrat.

"Harry..."

"Je vais aller prendre une douche moi aussi. On doit partir d'ici une demi-heure."

"Attends."

Mais Harry alla s'enfermer dans sa chambre sans un dernier regard pour le blond. Alors que l'eau chaude coulait sur son corps, il se força à se calmer. Pour le bien de la mission, il devait se reprendre. Ce n'est pas à Draco qu'il en voulait, mais à lui-même. Il aurait dû être plus prudent et ne pas s'impliquer autant, il aurait dû savoir que Draco ne penserait pas à lui comme ça.

Comme quoi, d'ailleurs ? Qu'est-ce que Harry ressentait au juste ? De l'amour ? Non, il en était bien loin. Du désir ? Peut-être un peu, surtout quand le blond souriait ou riait, ou quand il l'avait embrassé contre le mur du garage des Weasley le jour de son anniversaire, mais ce n'était pas le sentiment dominant. Il ressentait de l'affection pour lui, de l'intérêt, un besoin de prendre soin de lui et de découvrir qui il est. Inconsciemment, Harry avait des attentes concernant cette relation, pas forcément amoureusement, mais il espérait pouvoir aller plus loin avec lui, apprendre à le connaître et, surtout, faire partie de sa vie. Il n'imaginait pas ne plus voir le blond et être loin de lui après seulement deux semaines, alors qu'est-ce que ce serait à leur retour des Fidji ?

Harry devait se blinder, il devait arrêter de penser que chaque discussion avec Malfoy, chaque regard ou chaque baiser les mènerait plus loin. Draco avait un plan qui ne l'incluait pas et il devait accepter ça. Il n'était ni en mesure de faire ce choix à sa place, ni de s'imposer. Son seul devoir était de faire en sorte que tout se déroulerait au mieux et qu'à la fin, Draco serait libre de faire ce qu'il veut. Et pour ça, Harry devait à tout prix agir normalement.

Après un long moment, Harry décida qu'une fois sorti de sa douche, tout redeviendrait comme avant cette discussion et la seule différence serait qu'il ne s'impliquerait plus autant, qu'il n'aurait plus autant d'attentes, quel qu'elles fussent. Ses états d'âmes et ses doutes ne devaient pas pénaliser Draco et leur relation, aussi fausse soit-elle.

Quand il redescendit au salon, Draco était prêt et l'attendait. Il vit à son regard qu'il allait lui parler de ce qu'il s'était passé et Harry leva la main pour l'arrêter.

"Draco, je suis désolé pour tout à l'heure. Tu avais raison, c'était déplacé de ma part. Inconsciemment, je me suis laissé emporter par tout ça et j'ai oublié qu'on avait un contrat. Mais ça n'arrivera plus, c'est promis."

"Harry, ce n'est pas... c'est moi qui devrais m'excuser, je... merde !"

"Hey," Harry s'approcha de lui et posa une main sur son bras "tout va bien, rien n'a changé entre nous, ne t'inquiète pas. Ça m'a éclairci les idées et j'en avais besoin."

"Mais je ne veux pas que tu croies que je n'ai pas... aimé t'embrasser, parce que si. C'est juste que je ne peux pas me permettre d'impliquer des sentiments là-dedans, tu vois ?"

"Oui, parfaitement." Parce qu'il allait partir. Et quand on part, on ne s'encombre pas des choses inutiles, surtout des sentiments. "Allez, on devrait y aller ou on va finir par être en retard."

.oOo.

"Attends, je croyais qu'on avait une villa rien qu'à nous ?"

"C'était ce qui était prévu, mais il y a eu un problème et il en manquait une, donc on a dû vous mettre dans une villa de deux chambres." Expliqua Ron tout en servant la salade préparée par Hermione. "On s'est dit que ça ne vous dérangerait pas de la partager."

Harry sentit plus qu'il ne vit Draco se tendre à ses côtés. Tout le début de la soirée s'était passé à merveille, ils avaient parlé du départ prévu deux jours plus tard, des derniers préparatifs et de l'organisation du mariage. Mais en abordant la problématique du logement, les deux faux petits-amis avaient eu une assez désagréable surprise. Alors qu'il était prévu qu'ils logent dans une villa privative avec une chambre, leur permettant de s'étaler et, surtout, de dormir pour l'un dans la chambre et pour l'autre dans le salon, ce que le futur marié venait de leur annoncer changeait tous leurs plans. S'ils devaient partager leur villa avec un autre couple, cela signifiait qu'ils allaient devoir dormir ensemble. Dans le même lit.

Harry avait beau essayer de faire bonne figure, sa discussion avec Draco quelques heures plus tôt ne cessait de lui revenir en tête. Comment étaient-ils sensés dormir ensemble après tout ça ? Malgré les bonnes résolutions prises pendant sa douche, dormir pendant deux semaines dans le même lit que Draco n'allait pas lui simplifier la tâche. Et pourtant... il devait voir ça comme dormir avec un ami. Comme lorsqu'il partageait le dortoir avec ses camarades de Gryffondor, ou sous la tente avec Ron et Hermione lors de leur chasse aux Horcruxes. Ça n'était pas si différent, après tout. Cependant, une petite voix ne cessait de lui souffler que, si, c'était totalement différent, parce que Harry n'avait jamais désiré Ron ou Hermione, ni aucun de ses camarades de dortoir. Et, malgré toute sa bonne volonté, il désirait Draco. Il s'en rendait de plus en plus compte depuis leur discussion.

"Qui sera dans l'autre chambre ?" Il pria pour que ce soit quelqu'un de pas trop chiant et avec qui il s'entendait bien, parce que deux semaines, c'est long !

"Neville et Blaise. C'est ce qui nous semblait le plus logique, vu que vous les connaissez tous les deux."

En entendant ça, Harry se retourna vers Draco pour jauger sa réaction, mais celui-ci ne laissa rien paraître. Harry se promis de lui en parler plus tard afin de savoir ce qu'il pensait réellement de leurs futurs colocataires mais aussi du fait de devoir partager un lit.

"Au fait Harry, est-ce que tu voudras bien t'occuper de Crackers en rentrant ? C'est Bettie, notre voisine qui doit s'en occuper les deux premières semaines, mais elle part ensuite chez son fils et on ne veut pas le laisser seul jusqu'à notre retour."

"Oui, bien entendu."

À la mort de Pattenrond trois ans après la guerre, Hermione avait été inconsolable, clamant qu'elle ne prendrait plus jamais d'animal de compagnie parce qu'il était trop dur de les perdre, jusqu'à ce que Ron lui offre Crackers, un adorable petit chaton blanc, pour son anniversaire quelques mois plus tard. Elle en était immédiatement tombée amoureuse et, même s'il avait du mal à l'admettre, Ron aussi. C'était une boule de poils énergique et terriblement collante, mais Harry adorait s'en occuper quand le couple devait s'absenter.

"Vous restez combien de temps en Australie ?" Demanda Draco.

Après le mariage, le couple avait décidé de prolonger leur voyage de Noces en Australie, rien que tous les deux.

"Deux semaines. On aurait voulu rester plus longtemps, mais je ne peux pas m'absenter plus d'un mois du travail, pareil pour Ron à la boutique. Je vais faire le stock de nourriture, tu n'auras rien à prévoir, Harry. Est-ce que tu aimes les chats, Draco ?"

"Je préfère les chiens, personnellement. Je trouve les chats sournois."

"Ah ! Merci ! Tu vois Mione, il n'y a pas que moi." S'exclama Ron en désignant le blond.

"Mais tu adores Crackers !"

"Bien sûr que je l'adore, mais je ne lui confierais pas ma vie. Ça se voit dans ses yeux qu'il préfèrerait me bouffer au lieu de m'aider si je faisais un malaise."

"Si ça arrive un jour, je crois que je ne lui en voudrais même pas."

Tout le monde éclata de rire quand Crackers entra dans la pièce en miaulant, ses yeux de félin calculateur rivés sur Ron.

.oOo.

Il était près de deux heures du matin quand Draco et Harry revinrent chez ce dernier. L'un comme l'autre avait un peu trop bu, bien que Draco soit un peu plus sobre que le brun, c'est donc lui qui aida Harry à monter les escaliers jusqu'à sa chambre où il s'affala sur le lit encore tout habillé.

"Ne t'endors pas, Potter, tu dois te déshabiller."

"Peux pas… Dormir…"

Draco soupira en secouant la tête avant de lui retirer ses chaussures une à une, suivi par ses chaussettes et, après une hésitation, son pantalon. Quand Harry se retrouva en T-shirt et boxer, il l'aida à se glisser sous la couverture et allait quitter la chambre quand Harry lui attrapa le bras et le tira vers lui. Draco se figea quand le brun enfoui son nez dans ses mèches blondes et inspira à fond.

"Tu sens bon. Comme sur mon oreiller. J'aime bien m'endormir avec ton odeur."

"Harry…"

"J'essaie, tu sais ? J'essaie si fort de ne rien ressentir, de faire comme si c'était juste pour le contrat, mais je n'y arrive pas. Je ne sais pas ce que je ressens ou même si je ressens quoi que ce soit, mais j'ai envie d'en savoir plus, de passer du temps avec toi, de te découvrir… je ne veux pas me réveiller le dernier jour et me dire qu'on n'a pas pu profiter à fond de cette… expérience parce qu'on avait peur, ou à cause du contrat et de l'argent. Parce que ce n'est pas que ça pour moi, tu vois ?"

"Ce n'est pas aussi simple, Harry."

"Si, ça l'est. On va passer les deux prochaines semaines ensemble, est-ce qu'on ne peut pas en profiter ? Juste laisser les choses se dérouler naturellement et… voir où ça nous mène ? Je ne sais ni ce que je ressens, ni ce que je veux, mais j'ai vraiment envie de le découvrir. De te découvrir. Je m'en voudrais si je n'essaie pas."

Draco soupira. "Harry, ce n'est pas une bonne idée. Je pourrais facilement tomber bêtement amoureux de toi et… enfin tu sais, ce n'est pas possible, parce que je m'en vais. Alors c'est mieux s'il ne se passe rien, ça nous évitera de souffrir."

"Est-ce que ce serait si terrible de rester ? Toi et moi, on serait bien ensemble."

"Harry, je te demande de respecter mon choix s'il te plaît."

"Je sais, mais… Merlin… écoute, je sais que tu dois partir et, crois-moi, même si ça me fait mal, que ça me rend triste de ne plus pouvoir te voir tous les jours, je respecterais ta décision. Mais, pour le moment… tu es là avec moi. Et je n'ai franchement pas envie de passer les deux prochaines semaines à te regarder de loin et à m'empêcher de me rapprocher de toi parce que tu vas partir. Même quand tu ne seras plus là, rien ne nous empêche de garder le contact. Il y a le téléphone et je pourrais transplaner pour venir te voir. On pourra rester… amis, non ?"

Draco resta silencieux un long moment avant de soupirer de nouveau, puis de sourire.

"Rester amis ? J'ai pourtant l'impression que ce n'est pas tout ce que tu veux, si ?"

"Je te l'ai dit, je ne sais pas ce que je veux, ni ce que je ressens. Par contre, je sais que je veux que tu fasses partie de ma vie. Et si on n'est qu'amis, alors ça me suffit."

"Je ne sais pas si je le pourrais."

"Tu ne le sauras pas si tu n'essaies pas, Draco. Faisons un truc. Toi et moi, on décide de profiter à fond de ce voyage ensemble, de faire ce qu'on veut, ce qui nous fait envie, sans obligations, sans conséquences et, surtout, sans penser à après. Et, si ça devient trop compliqué pour l'un d'entre nous, on le dit à l'autre sans attendre. De cette façon, quand tu partiras, il n'y aura ni frustration, ni regret et on pourra être… juste amis, comme prévu."

"Tout ce qui nous fait envie ? Qu'est-ce que ça implique, au juste ?"

"Je n'en sais rien, je n'ai pas encore travaillé sur les détails. Mais… disons que si l'un a envie d'embrasser l'autre, ou de juste discuter toute la nuit, d'aller prendre un bain de minuit à poil ou… autre chose, il le dit et si l'autre en a envie lui aussi…"

"On le fait."

"Oui."

"Sans engagement ?"

"Sans engagement."

"Et sans sentiments ?"

Harry l'observa un moment. "Oui, sans sentiments."

"Je ne sais pas si j'en serais capable."

"Moi non plus, mais on ne le saura pas si on n'essaie pas." Répéta le brun. "On s'en voudra si on ne vit pas… ce truc à fond. Moi, je m'en voudrais, en tout cas. Ça n'a rien à voir avec le sexe, ce n'est pas ce que je demande, ou… c'est juste… nous, faisant ce qui nous semble bien, ce qui nous rend heureux."

"D'accord, mais… si je veux qu'on arrête ou si ça va trop loin…"

"Dis-le-moi. Si ça devient trop dur, on arrête. Confiance et honnêteté. Il n'y a que comme ça que ça fonctionnera."

Draco sourit alors que Harry baillait.

"Je te croyais trop bourré pour avoir ce genre de conversation profonde."

"Je ne suis pas bourré."

"Oh, alors tu as fait semblant pour que je t'aide à te déshabiller, c'est ça ?"

"Tout à fait. Alors… amis ?"

"Oui, pour le moment."

"Bien, alors est-ce que, en tant qu'ami, tu veux bien rester dormir avec moi ?"

"Quoi ? Pourquoi ? Les amis ne dorment pas ensemble."

"Si. Et puis, on va devoir partager un lit aux Fidji, alors autant s'entraîner, non ?"

"Pourquoi est-ce qu'un de nous ne pourrait-il pas dormir dans le salon ?"

"Parce que le salon est commun aux deux chambres de la villa. Je te laisserais tout expliquer à Blaise et Neville quand ils verront ça."

"Oui, je vois. Draco se redressa et retira ses propres chaussures, puis son pantalon avant de se glisser dans le lit à côté de Harry. "C'est juste parce que je suis trop fatigué pour monter, okay ?"

"Okay." Harry le regarda poser la tête sur le second oreiller, face à lui et sourit. "Merci, Draco."

"De rien. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, ni que ça va fonctionner, mais tu as raison, on le regrettera si on n'essaie pas. Et..." Draco attendit que Harry ferme les yeux, déjà à moitié endormi, avant de terminer dans un soupir, "moi aussi j'ai envie que tu fasses partie de ma vie."

.oOo.

Quand Harry ouvrit les yeux le vendredi matin, la première chose qu'il sentit fut sa vessie prête à exploser, puis vint la désagréable impression qu'un troupeau de Veaudelunes lui était passé et repassé sur le crâne toute la nuit. Harry essaya de bouger, histoire d'aller se soulager et avaler une potion, mais c'est là qu'il sentit autre chose : son corps était bloqué sous quelque chose. Avec un grognement, Harry ouvrit un œil, puis l'autre afin de voir ce qui l'empêchait de bouger et son cœur rata un battement. Il lui fallut une bonne minute avant de comprendre pourquoi Draco l'enlaçait comme un ours en peluche, toujours profondément endormi.

Une fois les souvenirs de la veille plus clairs dans son esprit, Harry sourit et se détendit, profitant du sommeil du blond pour l'observer tout son saoul. Draco était beau quand il dormait, peut-être encore plus que quand il était éveillé. Il semblait détendu et innocent, totalement inconscient du monde qui continuait de tourner au-dehors. Harry pouffa quand le bel endormi fronça le nez et ses sourcils pâles alors qu'il resserrait ses bras autour du brun, avant de soupirer et d'enfouir son visage dans le cou de Harry. Si, jusque-là, il avait trouvé tout ça adorable, sentir le souffle chaud de son ancien rival contre la peau sensible de son cou était une tout autre histoire.

"Merde." Marmonna Harry alors qu'il sentait son membre réagir à la situation.

Se réveiller avec Draco dans son lit, son corps enroulé autour du sien et, maintenant, avec sa bouche contre l'une des zones les plus sensibles de son corps... la réaction était naturelle, mais encore un peu plus et Harry allait se retrouver avec un très gros problème sous les draps.

Délicatement, Harry essaya de se dégager de l'étreinte du blond et finit par réussir et sortir du lit, alors que Draco gémissait sans pour autant se réveiller.

Quand le brun revint de la salle de bain, Draco avait bougé dans son sommeil et était maintenant allongé sur le dos, les draps repoussés à ses pieds et son T-shirt remonté sur son torse, dévoilant la peau pâle et sans défaut de son ventre.

Harry déglutit. Il avait eu l'intention de retourner se coucher en revenant des toilettes, il était encore tôt après tout, mais la vision devant lui le fit réfléchir. Il ne valait mieux pas tenter le diable car, à cet instant précis, Harry trouvait Draco plus désirable que jamais. Il n'allait pas lui sauter dessus, bien entendu, ce n'était pas son genre, mais il était sûr de ne pouvoir empêcher son corps de réagir à la situation et à la proximité du blond. Pourtant, s'ils devaient partager un lit pendant le voyage, il devait s'y habituer dès maintenant, c'est d'ailleurs l'argument qu'il avait avancé la veille pour convaincre Draco de rester avec lui mais, aujourd'hui, à la lumière du jour, il n'était plus si sûr que ce soit une bonne idée. Il désirait Draco, oui, mais il ne voulait pas le brusquer, ni le mettre mal à l'aise.

S'il se rappelait correctement de leur discussion de la veille, Draco et lui s'étaient mis d'accord pour ne plus se prendre la tête et pour se laisser aller, explorer leur relation en toute confiance et sans aucune attente de l'un comme de l'autre. Ils ne voulaient pas se bloquer, se frustrer et s'empêcher de vivre ces deux semaines à fond. Cependant, Harry savait qu'il ne devait pas y avoir de sentiments impliqués, car Draco allait partir quoi qu'il arrive et ni l'un ni l'autre ne devait souffrir de tout ça.

Mais qu'en était-il du désir qu'il ressentait à cet instant ? Ce n'était pas une question de sentiments. Ce n'est pas parce qu'il désirait Draco qu'il était amoureux de lui. Non, ça n'avait rien à voir et, pourtant, Harry ne put se résoudre à répondre à ce désir. Il avait dit la veille que ce n'était pas une question de sexe et il ignorait les attentes de Draco de ce côté-là mais, dans tous les cas, il était hors de question que Harry lui impose son désir si ce n'était pas ce que le blond souhaitait.

À cet instant, Harry décida de le garder pour lui et de laisser les choses évoluer naturellement pendant les deux semaines qu'ils passeraient ensemble et, si le blond souhaitait aller plus loin sans pour autant s'impliquer émotionnellement, alors pourquoi pas.

Juste comme ça, une nouvelle interrogation vint à l'esprit de Harry : et lui ? Était-il capable de coucher avec Draco sans avoir de sentiments ? Et, surtout, sans souffrir le jour de son départ ? Pour le moment, il n'en était pas certain et ça le conforta dans sa décision d'attendre s'il ne voulait pas que leur relation en pâtisse et que Draco fasse partie de sa vie quoi qu'il arrive.

Au lieu de se recoucher, Harry descendit les deux étages jusqu'à la cuisine et s'adonna à la préparation du petit déjeuner qu'il monta un quart d'heure plus tard sur un plateau. Quand il ouvrit la porte de la chambre, Draco s'étirait comme un chat dans le lit.

"Salut, bien dormi ?"

Draco bailla et acquiesça avant de le regarder, repérant le plateau dans ses mains.

"Qu'est-ce que c'est ? Est-ce que tu m'apportes le petit-déjeuner au lit ?"

"Oui." Voyant la mine dubitative du blond, Harry hésita. "Non ? Désolé, je me suis dit que ce serait une bonne idée pour commencer notre dernière journée à Londres."

"Si, c'est sympa. Ça fait longtemps qu'on n'a pas fait ça pour moi."

"Eh bien, ça fait également longtemps que je n'avais pas fait ça pour quelqu'un, donc... à vrai dire," Harry déposa le plateau sur le lit avant de s'asseoir aux côtés du blond. "je ne suis même pas certain de l'avoir déjà fait."

"Ravi de partager une de tes premières fois." Draco écarquilla les yeux, semblant se rendre compte de ce qu'il venait de dire et se leva en marmonnant qu'il devait aller aux toilettes.

Harry ricana mais ne fit aucun commentaire quand il revint au lit et il lui servit une tasse de thé tandis que le blond attaquait les pancakes qu'il avait préparés.

"Tu as bien dormi ?" Lui demanda Draco, la bouche pleine.

"Oui. Et toi ? Est-ce que je fais un bon oreiller ?"

"Hein ? Pourquoi ?"

Harry pouffa. "Pour rien."

"Potter..."

"Quoi ? Si ça peut te rassurer, sache que je n'ai pas pris de photo."

"Tu... Je..." Draco grogna. "Tu es impossible. Je nierais tout en bloc si on m'interroge, de toute façon."

"Mais oui. Il ne me faut qu'une pensine pour te mettre dans la merde, Malfoy."

"Harry ?"

Les deux jeunes hommes sursautèrent en entendant la voix de Ron l'appeler depuis le salon. "En-haut !" Ils échangèrent un regard curieux, mais aucun ne bougea quand le rouquin entra dans la chambre.

Celui-ci marqua un temps d'arrêt en les voyant ainsi, partageant un petit-déjeuner dans le lit du brun, mais il se repris assez vite.

"Ron ? Est-ce que tout va bien ?"

"Non ! J'ai complètement oublié d'aller chercher les alliances hier alors j'y suis allé ce matin, mais le vendeur vient de me dire qu'il ne les avait plus. Dis-moi que c'est toi qui es passé les chercher, je t'en supplie !"

Harry hésita un instant à le faire poireauter, mais il se dit que c'était cruel de lui faire ça avec tout le stress qu'il avait déjà à la veille du départ.

"Oui, Ron, c'est moi qui les aie. Je suis passé devant la boutique hier et j'en ai profité pour les récupérer. Relax."

"Merci Merlin." Ron se laissa tomber au pied du lit en soupirant de soulagement. "Je me voyais déjà enterré vivant par Hermione. Tu aurais dû me le dire."

"Je te l'ai dit."

"Hein ? Quand ça ?"

"Hier soir. Mais tu devais être trop bourré pour t'en souvenir."

Draco pouffa, le nez dans sa tasse de thé.

"Oh. Oui, j'imagine. Hum..." Son regard passa du brun au blond. "Okay, bon, je vais vous laisser, alors." Il toussota. "Désolé de vous avoir dérangé pendant votre... petit-déjeuner." Il se leva et leur fit un salut avant de disparaître dans l'escalier. "Merci Harry !"

"De rien ! Bonne journée !" Après quelques secondes, les deux faux amants éclatèrent de rire.

"C'était quoi, ça ?"

"S'il n'avait pas eu l'air aussi paniqué, j'aurais pu croire que c'est Hermione qui l'a envoyé."

"Pourquoi est-ce qu'elle aurait fait ça ?"

"Pour voir si on était ensemble, ou pour nous surprendre au lit."

"Je croyais qu'elle n'avait plus de doutes ?"

"C'est le cas. Mais Hermione Granger est un mystère. Même pour moi. Celui qui pourra prévoir ce qu'elle fait n'est pas encore né."

Ils continuèrent de manger en silence, mais Harry sentait le blond nerveux à ses côtés. Alors qu'il était à deux doigts de lui demander ce qui n'allait pas, Draco le devança.

"À propos d'hier, tu pensais ce que tu as dit ?"

"Oui. Pour ce dont je me souviens."

"Tu n'as pas peur que ça parte en live ? Que ça ruine tout ton plan ?"

"De quoi ? Qu'on soit plus proches ? Qu'on décide de juste vivre le moment sans penser à l'après, sans chercher à comprendre ce que ça veut dire ? Non, je ne pense pas que ça ruine quoi que ce soit, au contraire. On n'en sera que plus naturels."

"Tu as probablement raison."

"Est-ce que ça te met mal à l'aise ? Parce que si c'est le cas-"

"Non. Au contraire, c'est très bien. Je ne veux juste pas que ça complique les choses entre nous quand on devra mettre fin à tout ça."

"Détends-toi, Draco. Il faut qu'on arrête de vouloir mettre des mots sur absolument tout, sur notre relation, sur nos sentiments ou... l'absence de sentiments. Plus on cherchera à comprendre ou à contrôler les choses, moins on pourra les vivre et plus se sera difficile à la fin.

"Oui, vu comme ça."

"Mais j'insiste, Draco. Parle-moi. S'il y a quoi que ce soit, si tu es mal à l'aise ou... parle-moi."

Draco l'étudia un instant puis hocha la tête avant de se remettre à manger.

Après le petit-déjeuner, ils firent leur toilette et s'habillèrent, puis Harry décida de faire un peu de rangement et de ménage en prévision du grand départ. Il eut beau dire à Draco que ce n'était pas nécessaire, le blond insista pour l'aider et, à deux, la maison fut rapidement nickel. Puis, un peu avant onze heures, ils allèrent à leur rendez-vous chez le coiffeur avant d'aller récupérer leurs costumes chez le tailleur. Au lieu de rentrer chez Harry, cependant, ils décidèrent de déjeuner au restaurant, puis d'aller flâner à Hyde Park pour profiter du soleil et de leur dernier après-midi à Londres. Finalement, il était près de six heures quand ils rentrèrent et, comme ni l'un ni l'autre n'avait envie de faire à manger, ils commandèrent des sushis pour le plus grand plaisir du blond. C'est ainsi qu'ils terminèrent leur soirée à déguster leurs sushis côte à côte dans le canapé, riant et commentant le film que le brun avait choisi.

Après manger, ils discutèrent un moment dans le salon en buvant une bière, Harry lui racontant ses six mois de formation d'Auror, puis ses premières années en tant que professeur et Draco lui donnant un peu plus de détails sur sa vie après la guerre et ses difficultés à trouver sa place dans ce monde presque inconnu.

Il était un peu plus de vingt-trois heures quand ils décidèrent de monter se coucher vu la journée qui les attendait le lendemain. Harry débarrassa la table du salon d'un coup de baguette tandis que Draco s'étirait, révélant une partie de son ventre au brun. Quand il remarqua que Harry ne se levait pas pour monter, il lui jeta un coup d'œil et le trouva immobile sur le canapé, les yeux rivés sur son ventre avec un air triste sur le visage.

"Harry ?"

"Hein ?" Harry leva les yeux vers son visage et le regarda, un peu perdu. "Pardon, quoi ?"

"Est-ce que ça va ?"

"Oui, je pensais à... Désolé. On va se coucher ?"

"Harry." Draco lui attrapa le bras quand il passa devant lui.

"Quoi ?"

"Parle-moi. Qu'est-ce que tu as en tête ?"

"Rien, ne t'en fait pas."

"Hey." Il l'arrêta encore une fois et le força à le regarder. "Tu m'as dit que je devais te parler quand ça n'allait pas, eh bien ça marche dans les deux sens. Si on veut que ça fonctionne, tout ça, on doit communiquer."

"Je sais, désolé. C'est juste... ne t'en fait pas, ce n'est rien de grave."

Draco soupira. "Harry..."

"Non, vraiment, laisse tomber."

"Comment peux-tu exiger de moi que je te fasse confiance, que je m'ouvre à toi, si toi tu ne le fais pas de ton côté ?"

"Je te fais confiance."

"Non. La preuve." Le blond commençait à s'énerver, ses sourcils étaient froncés et ses yeux gris semblaient plus sombres, orageux.

"Draco..."

"Si tu me faisais confiance, tu me dirais ce qui t'es passé par la tête tout de suite, parce que ça a eu l'air de te rendre triste et... Dis-le-moi. Peut-être que je peux faire quelque chose ?"

"Non, tu ne peux pas."

"Putain, Potter..."

"Je me disais juste qu'on avait passé une super journée et que... j'avais aimé me réveiller à tes côtés, t'apporter le petit-déjeuner au lit, aller se promener et regarder la télé avec toi en mangeant. Même notre discussion... C'est si facile, si naturel. Alors... je me demandais juste pourquoi ça ne pourrait pas continuer après. Après notre retour. Peut-être que si-"

"Mais putain, Potter !" La violente réaction de Draco fit sursauter Harry qui eut un léger mouvement de recul. "Tu m'écoutes quand je parle ou pas ? Je t'ai dit que je ne changerais pas d'avis. Ma décision est prise, je pars dès notre retour. Il n'y a plus rien pour moi ici et je n'ai aucune envie de rester pour vivre dans la peur constante que John me retrouve et me fasse payer. J'en ai assez de tout ça, je veux repartir de zéro. Ailleurs."

"Je l'ai bien, compris, crois-moi. Je ne suis pas suffisant pour te faire rester et c'est ok. Je sais que je ne représente rien d'autre pour toi qu'un employeur et-"

"Ce n'est pas ce que j'ai dit."

"Si. C'est exactement ce que tu as dit : il n'y a plus rien pour toi, ici."

"Harry... mais merde, à la fin. C'est ma vie et je prends mes décisions pour moi, pas pour toi ou qui que ce soit d'autre. J'apprécie le temps qu'on passe ensemble, j'aime parler avec toi et... tout le reste, mais..."

"Mais ce n'est pas suffisant."

"Suffisant pour quoi ? Pourquoi est-ce que je resterais, Harry ? Pour que tu continues à m'aider ? Parce qu'on s'entend bien ? Pour que tu puisses me baiser ?"

Harry ne put arrêter sa main avant qu'elle s'abatte sur la joue de Draco et il le regretta instantanément.

"Merde. Draco, je..."

"Je vais me coucher."

"Attends ! Je suis désolé. Draco !" Il ne le suivit pas alors que le blond montait jusqu'au troisième étage. "Putain..."

Quel con. Il avait agi par réflex, sous la colère causée par les paroles de Draco mais celui-ci n'avait pas entièrement tort : il n'avait aucune raison de rester car Harry, seul, n'en était pas une. Il ne pouvait pas risquer sa vie et tout ce qu'il avait pour ses beaux yeux et pour des sentiments qui n'étaient même pas là. Cependant, il exagérait. Il avait été trop loin. Jamais Harry ne lui demanderait de rester parce qu'il voulait le mettre dans son lit. C'était absurde et totalement injuste. Peu à peu, la colère monta en lui. Comment pouvait-il penser ça de lui ? Après tout ce qui s'était passé ces derniers jours, il pensait vraiment que Harry était un enfoiré qui voulait juste le baiser ? Pensait-il réellement que Harry faisait tout ça par intérêt ? Qu'il lui avait proposé ce contrat, qu'il l'avait aidé avec John, proposé d'emménager chez lui et qu'il l'emmenait à l'autre bout du monde uniquement parce qu'il avait envie de son cul ? C'était injuste et complètement faux !

Harry savait que s'il ne relâchait pas la pression rapidement, il allait débarquer dans la chambre d'amis pour dire tout ce qu'il pensait au blond et que tout cela finirait mal. Il n'était déjà pas certain que le blond allait vouloir partir avec lui le lendemain, alors s'il laissait libre court à sa rage… Sans réfléchir, Harry alla se changer et sorti de chez lui moins de cinq minutes plus tard. La façon la plus efficace qu'il connaissait pour se détendre, c'était d'aller courir. Il passa donc l'heure suivante à sillonner les rues de Londres encore bien fréquentées malgré l'heure tardive, ne s'arrêtant que quand il se senti épuisé et à bout de force et, quand il referma enfin la porte de sa maison derrière lui, il était entièrement détendu. Il se servi un grand verre d'eau dans la cuisine, puis un deuxième et commença à gravir l'escalier avec l'intention d'aller prendre une douche et d'aller se coucher.

"Harry ?"

Une petite voix l'interpella depuis le salon et le brun se figea.

"Draco ?" Il jeta un coup d'œil prudent par la porte, découvrant le blond debout au milieu du salon plongé dans l'obscurité. "Tu ne dors pas ?"

"Je…" Quelque chose dans ce simple mot alerta le brun. Son ton, le tremblement de sa voix… Il entra dans le salon, les sourcils froncés.

"Tout va bien ?" Visiblement, ce n'était pas le cas car, malgré le peu de lumière, il pouvait deviner le visage défait de son ancien ennemi. "Draco ?"

"J'ai entendu la porte d'en bas et j'ai cru… Tu étais parti."

La compréhension frappa le jeune homme brun. "Oh, je vois. Je suis juste allé courir." Puis, voyant que Draco ne réagissait pas et restait planté là, sans rien dire, Harry se rapprocha encore, ce qui lui permis de discerner les tremblements de son corps. "Hey." Il posa une main sur son bras et plongea son regard dans les yeux gris devant lui. "Je suis désolé, j'aurais dû te laisser une note ou autre. J'étais juste… énervé et je savais que courir m'aiderai à me calmer, alors…"

Draco pris une grande inspiration qui semblait être la première depuis des heures. "Je…" Il toussota et baissa la tête. "Je comprends, désolé."

"Non, c'est moi qui suis désolé. Draco…" Il soupira et alla s'asseoir sur le canapé, grognant quand ses jambes fatiguées se rappelèrent à lui. Il regarda le blond qui sembla comprendre et vint s'asseoir à côté de lui. "Je n'aurais pas dû réagir comme ça et te frapper. C'était… j'étais en colère à cause de ce que tu as dit et-"

"Et tu avais raison, j'ai été horrible."

"Ça ne me donnait pas le droit de te gifler. Je ne suis pas comme ça, Draco, ça ne me ressemble pas de…" Harry souffla, sentant la tension revenir dans son corps. "Ce que tu as dit m'a blessé. Vraiment. Parce que je n'arrive pas à croire que tu puisses penser ça de moi, que je veux juste te mettre dans mon lit, te… baiser. Parce que ça n'a rien à voir. Est-ce que je ressens du désir pour toi ? Oui, clairement. Est-ce que j'ai l'intention de succomber à ce désir ? Non. Ou, en tout cas, pas si tu ne le veux pas et certainement pas parce que je te paye." Une vague de dégoût le traversa à cette pensée et il secoua la tête pour chasser les images qui l'envahissaient. "Je ne suis pas un enfoiré. Et pour le reste… Je te l'ai dit l'autre jour, je ne suis pas là pour contrôler ta vie. Tu as décidé de partir, c'est ton choix et je dois le respecter, même si c'est compliqué. Mais… pourquoi est-ce que tu refuses l'idée qu'on continue à se voir ? Qu'on continue à être proches ? Même si ça ne fait pas longtemps, on a réussi à construire une relation… d'amitié malgré notre passé. Certes, c'est une amitié assez peu conventionnelle, mais ça reste de l'amitié. Et je refuse de perdre ce qu'on a, de te perdre juste parce que tu t'en vas. Je ne demande rien d'autre que ton amitié, Draco. Et je déteste perdre des amis."

Pendant toute sa tirade, Draco l'avait observé sans broncher, une partie de son visage éclairée par les lumières de la rue, mais ce n'était pas suffisant pour permettre à Harry de deviner ce qu'il pensait. Après un long moment de silence, cependant, Draco pencha la tête sur le côté et sourit, surpris.

"Tu me désires ?"

Harry ricana. "C'est tout ce que tu as retenu de ce que je viens de dire ?"

"Non." Le blond se rapprocha de lui sur le canapé et posa ses mains de chaque côté du visage de Harry. Elles étaient fraîches sur ses joues encore rouges de sa course. "Mais c'est tout ce dont j'ai envie de parler, pour le moment."

Quand il posa ses lèvres sur celles de Harry, celui-ci soupira. Bien sûr, tout n'était pas réglé entre eux, ils en étaient loin, mais Draco avait raison, le reste pouvait attendre encore un peu. À mesure qu'ils s'embrassaient, Harry se détendit visiblement et finit par enrouler ses bras autour de la taille du blond, le rapprochant un peu plus de lui et approfondissant le baiser. Il réclama l'entrée dans la bouche de Draco, le faisant gémir quand il l'obtint.

Au bout de longues minutes, les deux faux amants se séparèrent en haletant légèrement.

"Désolé." Commença Draco avec un sourire pas désolé le moins du monde. "Je n'aurais pas dû faire ça, je sais, mais j'en avais envie."

"C'est bon, ne t'en fais pas. Je n'ai pas l'intention de me plaindre pour le moment."

Draco gloussa, ses mains descendirent sur le torse de Harry qu'un T-shirt humide recouvrait. "Tu es plein de sueur."

"Je sais, il faut que j'aille me doucher."

"Okay, je vais te laisser alors, je retourne me coucher."

"Dans mon lit ?"

"Je… d'accord."

Lorsque Harry sorti de la douche un peu plus tard, Draco dormait déjà, allongé sur le côté droit du lit. Ou c'est du moins ce qu'il croyait puisque dès qu'il se glissa sans bruit à ses côtés, l'autre homme ouvrit les yeux, le fixant.

"Je suis désolé." Murmura Draco. "Pour tout. Je n'aurais pas dû te dire ça, surtout que je ne le pensais pas. Je sais bien que tu ne fais pas tout ça pour… le sexe. Et puis même si… je te fais confiance, Harry. Et je crois que c'est un peu ça qui me fait peur. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas fait confiance à quelqu'un, que je n'ai pas tenu à quelqu'un suffisamment pour craindre de le perdre."

"Tu ne me perdras pas, Draco. Pas de ma volonté, en tout cas."

"Je sais. Mais c'est pour ça que je suis si réticent à l'idée de continuer à te voir après mon départ. Parce que j'ai peur d'être encore plus attaché à toi et que ça devienne… trop dur. Pour toi comme pour moi. Je n'ai plus envie de souffrir, tu comprends ?"

"Je ne veux pas te faire souffrir. Au contraire."

"Je sais. Mais je… j'ai peur que si-"

Harry l'interrompit d'un baiser rapide, mais profond. "Tu ne dois pas avoir peur. Pas avec moi. Parce que je ne permettrais pas que tu souffres. Je suis le Survivant, j'ai tous les pouvoirs."

"Crétin."

"C'est vrai, pourtant. Personne ne souffrira dans cette histoire, parce qu'on va faire en sorte que tout se passe bien. Pour le mariage comme pour après. Tout ce que je veux, c'est continuer à te voir et, de mon côté, je respecterais tes choix et tes… désirs." Ce dernier mot fit rire Draco qui se rapprocha de lui avant de poser la tête contre le torse du brun qui l'enlaça par réflex.

"D'accord. Je vais te faire confiance, Harry."

"Parfait. Merci."

Harry embrassa le haut de son crâne et se détendit, sentant le sommeil l'envahir petit à petit. Il se doutait que les deux prochaines semaines allaient avoir des hauts et des bas et que la séparation qui suivrait ne serait simple pour personne mais lui aussi devait être confiant. Confiant en Draco et en l'avenir.


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