Petit mot de l'auteure : je suis partie sur l'idée du "coup de bol" pour celui là


Jour 2 : Coup

Contexte : Un an après Birth of Livai


Quand Erwin déposa depuis lui un thé noir parfumé aux framboises, Livai décréta que trop, c'était trop. Sa patience était vraiment parvenue à un stade critique. D'un geste rageur, il laissa donc ses points s'abattre sur la table.

- Ca suffit !

- Le thé ne te plaît pas ? s'étonna-t-il.

- Bien sûr que si ! C'est bien ça le problème !

Là, Erwin eut l'audace de paraître perdu. Livai se senti obligé d'expliciter sa pensée :

- Il y a deux semaines, tu m'as proposé un pain aux raisins. C'est ma pâtisserie préférée. J'ai pensé que c'était un coup de bol de ta part. Sauf que la semaine dernière, rebelote ; tu m'as laissé la place près de la fenêtre, car tu as dit que c'était celle que je préférais. Je me suis dit que c'était étrange que tu saches ça, mais bon. Sauf que hier, tu demandes aux cuisines de faire des lasagnes pour mon anniversaire. Déjà, d'où tu sais que c'était mon anniversaire ? Et ensuite, comment tu sais que j'aime ça ? Et maintenant, ce thé super spécifique ? Non, vraiment, ça ne va pas du tout !

- Je suis désolé, mais je ne vois toujours pas le problème, répondit Erwin. N'en fait pas toute une histoire, c'est...

- Le problème, c'est que ça fait des années que tu bosses avec tes seconds, et t'es pas fichu de retenir ce qu'ils ont mangé la veille. Alors que moi, tu sais tout ! Je suis super vexé !

Erwin cligna plusieurs fois des yeux, avant de froncer les sourcils :

- En quoi c'est vexant que je m'intéresse à tes goûts ?

- Parce que ça montre que tu ne me fais toujours pas confiance ! explosa Livai. Ça fait un an que j'ai rejoins le Bataillon, pourtant tu m'espionnes autant qu'à mon arrivée, comme si j'étais toujours le même gamin perdu qui voulait ta peau !

Là, Livai pensait que la situation ne pouvait pas être plus vexante pour lui. Il s'aperçut qu'il se trompait lorsque Erwin éclata de rire.

- J'oublie à quel point tu peux être aveugle, articula-t-il entre deux respirations rieuses.

- Donc tu admets m'espionner ! Et tu n'as même pas...

- J'ai confiance en toi, tu sais, le coupa Erwin. Plus qu'en quiconque. Alors si j'ai noté ces informations, ce n'est pas parce que je t'espionne. C'est parce que tu me plais.

Dire que Livai ne sut pas quoi répondre à cela était un euphémisme. Erwin... Erwin avait confiance en lui ? Et il lui plaisait ?

Voyant son trouble, le blond lui sourit, avant de lui adresser une petite tape sur l'épaule.

- Quand tu auras reprit tes esprits, on en reparlera. D'ici là, bois ton thé, ça serait dommage qu'il refroidisse.

Une part de lui eut envie de lui balancer à la figure, histoire qu'il comprenne ce qu'il risquait à lui donner des ordres. La partie la plus calme de lui-même lui fit néanmoins remarqué qu'il s'agissait en réalité plutôt d'une attention gentille et prévenante. Et son cœur, quant à lui... son cœur était juste touché par les mots qu'il venait d'entendre. En somme, Livai était en proie à un beau bordel intérieur. Il prit alors la résolution de faire payer Erwin à un moment d'être à l'origine de tous ces émois bien superflus. Mais d'ici là, il allait profiter du thé.

Et peut-être un peu de la présence d'Erwin à ses côtés.