Note de l'auteur: Bonjour, ici Dream, nouvelle histoire ! Evidemment, comme on ne me refait plus, on prend les deux mêmes et on recommence, j'ai nommé Milo et Camus. Il s'agit d'une fiction qui devait à la base être un OS, mais j'ai fini par me laisser emporter, et au final, il s'agira d'une histoire aux multiples chapitres. Normalement la longueur des chapitres devrait être légèrement plus courte que les standards de mes autres fictions, mais bon j'ai de la marge avant que ce soit considéré comme court ! Même si j'ai noté que c'est un Camilo en pairing, en fait l'histoire se focalisera essentiellement sur Milo.
Il s'agit d'une fic qui reprend des thèmes que j'ai déjà abordés dans Errance Nocturne, c'est en quelque sorte une "préquelle" (même si vous verrez que sur la temporalité globale c'est davantage une histoire complémentaire). Je ne pense pas qu'il est nécessaire de lire Errance Nocturne pour la comprendre, j'ai fait le maximum d'efforts pour que ce soit cohérent tout seul, mais si vous avez envie d'avoir l'intégralité de l'histoire, les deux sont faites pour aller ensemble. Certains évènements se rejoindront entre ces deux fics, donc je vous invite à la lire.
Warnings : J'ai mis cette fiction en rating M pour la violence et la teneur du thème global de cette fiction. Le premier chapitre est assez safe, mais je pense que le lire vous fera comprendre dans quoi vous allez vous embarquer. Ce sont les mêmes thèmes qu'Errance Nocturne qui pourront être heurtants ou dérangeants pour certaines personnes. Seront abordés de manière assez explicite les sujets concernant l'abus de substances, l'automutilation et le suicide. Si vous y êtes sensibles, je pense qu'il vaut mieux passer votre chemin.
J'espère néanmoins que tout ça ne vous a pas refroidis, et que vous aurez envie de lire ce premier chapitre. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, que vous ayez lu la première histoire ou non ! Bonne lecture à vous !
Chapitre 1 - Camus
C'était une après-midi plutôt banale pour le Sanctuaire. Une de ces journées prometteuses d'un soleil de plomb et d'un ennui profond. Cela faisait si longtemps que les chevaliers d'or gardaient leurs temples sans que jamais rien ne bouscule leur tranquillité qu'ils en oubliaient parfois la raison.
Au huitième, le gardien des lieux, Milo du Scorpion, lisait une missive, tranquillement assis dans le canapé de son salon. Malgré le manque d'évènements notables de la journée et même s'il se trouvait présentement dans la zone habitable de son temple, il portait son armure d'or, signe qu'il était en service.
Il avait l'habitude de lire des lettres informatives de son chef parfaitement inintéressantes. Le Sanctuaire était léthargique ces temps-ci, il n'y avait pas d'autre mot. C'était pourquoi les nouvelles du jour avaient retenu son attention. La raison ? Elles étaient fantasques. Dans ce courrier, le Grand Pope demandait aux chevaliers d'or de se tenir sur leurs gardes, car une personne complètement extérieure au Sanctuaire, japonaise apparemment, se faisait passer pour Athéna. Une gosse de seize ans, très riche, qui commençait disait-on, à avoir de l'influence et à recruter des chevaliers dans son coin. La missive rappelait à son destinataire son sens du devoir et son obligation d'allégeance à la véritable déesse Athéna, protégée par le Sanctuaire.
Avec de violentes menaces jointes en fin de missive en cas de tentative de désertion.
Milo haussa un sourcil en terminant sa lecture. Désertion, et puis quoi encore ? Il gardait ce fichu tas de marbre depuis ses sept ans. Quel pourrait donc être le sens d'une désertion de sa part ? Servir le Grand Pope, voilà à quoi s'était résumée sa fonction et sa vie.
Son supérieur devait réellement craindre cette personne pour proférer des menaces de ce genre aux plus hauts gradés de sa garde.
Il était vrai que le moindre chevalier d'or qui changerait d'allégeance porterait une sérieuse atteinte à la sécurité du domaine. Le précédent avec Aioros avait marqué durablement tous les esprits.
Un frappement à sa porte sortit le chevalier d'or de ses pensées. Milo se releva net de son assise, interloqué, car il venait de sentir le cosmos de la personne qui se trouvait là.
Il fit de rapides enjambées à travers la pièce et ouvrit la porte d'entrée d'un geste souple.
Il découvrit derrière le visage étonnamment fermé de Camus. Milo en arqua un sourcil de surprise. D'habitude, lorsque le Verseau ressentait quelque chose de négatif, il le cachait mieux que ça. Là, son expression tendue ne laissait aucun doute quant à son humeur. De plus, son cosmos doré irradiait de colère.
« Camus ? » le salua-t-il, une question muette dans la voix.
Qu'est-ce qu'il avait pu faire pour fâcher le Verseau ? se demanda-t-il immédiatement. La dernière fois qu'ils s'étaient croisés pourtant, il ne se souvenait pas d'une conversation désagréable. Tout avait été normal.
Camus s'était absenté du Sanctuaire quelques jours depuis leur dernier échange, du fait d'une mission. Le Verseau était revenu sur le domaine définitivement il y avait peu, depuis que son disciple avait réussi à acquérir l'armure du Cygne. Il avait repris la garde de son temple, au grand plaisir de Milo, qui savourait d'avoir enfin sa présence tout près de manière quotidienne.
Milo s'effaça de l'ouverture pour laisser entrer son confrère. Camus passa sans même lui dire bonjour et s'avança jusque dans le salon. Le Scorpion haussa les épaules et ferma la porte derrière lui avant de le rejoindre, un air interrogateur au visage.
Camus ôta d'un geste gracieux son casque et le posa sur la table du séjour. Il arrangea d'un air absent sa chevelure bleu-vert.
« Milo », le salua-t-il platement.
Cette-fois ci, le ton était plus résigné, et le Scorpion le nota immédiatement.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? hésita ce dernier après un silence pesant. J'ai fait une connerie pour que tu fasses cette tête ? »
Une lueur de compréhension brilla dans les yeux bleu marine de son interlocuteur. Le visage du français se radoucit un peu.
« Non, le rassura-t-il avec plus de mesure. Non, tu n'y es pour rien. »
Milo vit Camus serrer les dents. Le onzième gardien venait de ravaler une réplique en plus. Il n'avait pas dû réussir à la faire sortir.
Le Scorpion était tout de même soulagé de ne pas être la cause évidente du problème de Camus. Voyant que son comparse ne se déridait pas, il poussa un soupir, et il rappela son armure. Toutes les pièces métalliques de sa protection divine s'envolèrent une à une et allèrent se ranger directement dans la pandora box qui trônait dans un coin de la pièce.
Tant pis pour le service. De toute façon, il pouvait réendosser son armure à sa guise en cas de problème. Il serait plus à l'aise en tenue d'entraînement de toute manière.
« Je te sers quelque chose ? fit-il en se dirigeant vers sa cuisine.
- Ce que tu as de plus fort », résonna la voix du Verseau derrière lui.
Milo fit volte-face pour observer Camus. Celui-ci avait l'air très sérieux.
« Ce que j'ai de plus fort ? releva-t-il, passablement surpris. J'imagine que tu prends la mesure de ce que ça veut dire, dans mon placard… ? Je n'arrive pas à croire que c'est moi qui te dis ça à toi, mais Camus… Il est quatorze heures. T'es sûr de ton coup ? »
La réplique eut l'air de doucher son interlocuteur.
« Bon. Un café, alors », marmonna le français.
Ce dernier fit un geste vif, et sous son ordre, toute son armure se dématérialisa et alla se reformer en totem contre un mur.
Le Verseau ne fit pas de manières et s'installa lourdement sur une chaise. De toute manière, il était plus ou moins chez lui dans le temple du Scorpion. C'était un peu comme une deuxième maison.
La commande prise, Milo hocha de la tête.
« Bon, deux cafés. J'arrive. »
Lorsqu'il revint, les deux tasses à la main, il trouva Camus dans la même posture, visiblement plongé dans ses pensées comme il l'était souvent. Ce dernier avait la fâcheuse habitude de ne pas savoir s'arrêter de réfléchir.
Milo posa le café demandé devant Camus sur la table et s'assit face à lui.
« Merci. »
Le grec avala un peu du breuvage et, voyant qu'il serait difficile que le Verseau ne parle sans y être invité, il se décida à entamer la conversation.
« Je suppose que tu veux m'en parler, commença-t-il. Tu n'es pas venu ici pour me regarder en silence.
- Non. »
Camus avala un peu de café avant de reposer la tasse sur la table d'un geste rageur.
« Mon disciple m'a trahi », prononça-t-il sur un ton dur.
Sa voix exprima parfaitement sa colère et sa tristesse. Le Verseau semblait prêt à lancer une tempête de neige dans le modeste salon du Scorpion à la moindre incartade.
« Ton disciple t'a… répéta bêtement Milo.
- TRAHI, oui, explosa pratiquement Camus. Trahi ! »
Le grec en aurait eu un mouvement de recul s'il avait été moins gradé.
« Comment ça, ton disciple t'a trahi, ne comprit pas le Scorpion. On parle bien de Hyôga ?
- Tu m'en connais un autre ? » trancha la voix du Verseau.
Milo ne jugea pas bon de lui répondre par l'affirmative. Ce n'était pas le moment de retourner le couteau dans la plaie.
Camus sembla se rendre compte de la teneur de ce qu'il venait de dire, puisqu'il rajouta d'une voix plus triste :
« Evidemment, Hyôga. »
Le Scorpion ne comprenait pas trop ce qu'il venait d'entendre. Vu la tête que faisait Camus, l'heure était grave. Milo connaissait le gosse de loin, et il savait à quel point le onzième gardien y tenait. Et à priori, la relation entre eux avait évolué de manière très positive.
« Hyôga … ? Qu'est-ce qu'il a fait ? s'enquit Milo avec une certaine méfiance. Tu es sûr que c'est de la trahison ?
- Oui, c'est de la trahison, lui confirma la voix amère du mentor. Des plus claires. Hyôga a tourné le dos au Sanctuaire. »
Camus porta la tasse de café à sa bouche et en but un peu, dans une tentative faire passer la peine qu'il devait ressentir à prononcer ces paroles.
« Ça n'a aucun sens, déclara Milo. C'est ridicule, il vient à peine d'obtenir son armure. Et tu me dis qu'il a tourné le dos au Sanctuaire ? Il n'a pas travaillé tout ce temps pour tout gâcher comme ça, quand même… Ce serait complètement idiot.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise, fit Camus en secouant la tête. Le Grand Pope vient de m'en donner la preuve formelle.
- Pardon ? Tu étais chez le Grand Pope ? s'effraya Milo.
- Oui, et je n'ai pas les mots pour te décrire la honte que j'ai pu ressentir devant lui. »
Un frisson désagréable parcourut l'échine du Scorpion à l'idée. Le Grand Pope n'était pas un être tendre, surtout par les temps qui courraient.
« Attends… Il ne t'a pas retiré ton titre, quand même ? l'interrogea précipitamment Milo.
- Non, mais je l'aurais mérité, grinça Camus. Il faut croire que de toute façon, je n'ai pas réussi à assurer ma propre succession. Qui d'autre me remplacerait, aujourd'hui ? »
Le Scorpion ne sut quoi dire face à la réplique cinglante de son interlocuteur. Camus pouvait être dur envers lui-même, mais dans ces circonstances, il le trouvait carrément cruel.
« Camus… qu'est-ce que tu racontes, fit Milo en se levant et en posant une main sur son épaule. Bien sûr que tu mérites ton armure. Personne d'autre ne la mérite plus que toi. »
Le Verseau apposa machinalement une main sur la sienne, visiblement abattu. La nouvelle de la trahison devait être terrible pour lui. Il avait tant donné pour l'éducation de son disciple, son dernier disciple, que ce retournement de situation devait lui faire l'effet d'un coup de poignard.
Le grec savait que le français prenait son rôle et ses responsabilités énormément à cœur. Sans aucun doute que la culpabilité devait lui ronger l'esprit. Même si Hyôga avait fait son choix de son propre chef, Camus s'en blâmait tout de même.
« Ce n'est peut-être pas personnel, tu sais, se hasarda Milo. Peut-être qu'il ne cherchait pas à te blesser toi.
- Avec Hyôga, tout est systématiquement personnel, c'est bien le problème, grogna le maître trahi. S'il y a bien une chose que j'ai essayé de lui faire comprendre, c'est bien de ne pas tout tourner ainsi. Mais il faut se rendre à l'évidence, il en est incapable.
- Tu as essayé de lui demander pourquoi ?
- Son cosmos m'est inaccessible. De toute évidence, c'est un choix personnel. »
Milo fit quelques pas dans la pièce et alla se saisir de la missive qu'il avait été en train de lire.
« Je viens de recevoir des nouvelles un peu bizarres, commença-t-il en lui montrant le papier. Une personne qui se fait passer pour Athéna est en train de rassembler autour d'elle des chevaliers. Ne me dis pas que…
- Si. Et la trahison est bien plus profonde que tu ne le crois. »
Milo pencha la tête sur le côté. Camus but encore un peu de son café avant de continuer.
« Tu viens d'apprendre la nouvelle, mais moi, ça fait quelques jours que je suis au courant. Le Grand Pope n'avait pas envie que ça s'ébruite, probablement à cause du risque que représente cette personne… Mais il m'a chargé d'envoyer mon disciple dans une mission précisément pour l'arrêter. »
Le Verseau ne put contenir une grimace à l'idée de ce qu'il racontait.
« C'est secret défense, mais cette fausse Athéna, elle organise des combats entre chevaliers pour sélectionner elle-même son élite. J'ai ordonné à Hyôga d'aller là-bas éliminer toutes les personnes qui risqueraient de rejoindre ses rangs.
- Elle organise des combats ? répéta un Milo qui n'en revenait pas. Elle ose sacrifier des chevaliers d'Athéna pour son propre bénéfice ?
- Et Hyôga, au lieu de mener sa mission à bien, a préféré rejoindre son camp », termina Camus sur un ton glacial.
Il y eut un silence dans la pièce. Les nouvelles étaient terribles. Milo n'en revenait pas qu'un gosse, qui adorait son maître à ce point, puisse lui tourner le dos sans prévenir. Cette personne devait avoir une emprise réellement dangereuse pour que l'élève de Camus ne décide de rejoindre son camp.
« Qu'est-ce que j'aurais dû faire ? s'interrogea le Verseau à voix haute. Qu'est-ce que j'aurais dû lui dire ? En tant que maître, c'est moi qui suis responsable. Si je n'ai pas pu apprendre la loyauté à mon élève, je ne vaux guère mieux que lui.
- C'est regrettable, mais il a fait son choix, lui répondit sombrement Milo. Il aura de la chance s'il s'en sort en vie.
- Le Grand Pope a mobilisé une cohorte de chevaliers d'argent pour éliminer la menace, et bien que je n'en éprouve aucune joie, je ne peux que te rejoindre là-dessus. »
Camus poussa un soupir résigné.
« Et si ce n'est pas eux qui le tuent, je serai forcé de le faire moi-même. »
Milo ne sut quoi répondre. Il connaissait bien les lois du Sanctuaire et il savait que malgré le gâchis que devait ressentir son frère d'armes, il ne pouvait que le rejoindre.
« C'est étonnant que le Grand Pope ne t'en ait pas donné l'ordre lui-même, confirma le Scorpion. En général, ce sont des choses qui se règlent entre maître et disciple.
- Il m'a ordonné de rester au Sanctuaire pour garder mon temple, l'informa Camus. Pour l'heure, je suis coincé ici. Même si dans un élan de désespoir, je voulais le faire changer d'avis, il me serait impossible de le trouver moi-même. »
Milo alla se rassoir face à son invité, songeur.
« Le Grand Pope… il a peur, analysa-t-il. Dans mon courrier, il y avait des menaces… un peu ridicules je trouve, mais il les a écrites. Pour que je ne déserte pas. Je suppose que tout le monde a dû en recevoir des similaires. Et s'il veut que tu restes ici, c'est qu'il craint quelque chose.
- Cette femme l'effraie, c'est évident, fit le Verseau en hochant de la tête.
- Mais c'est qui, au juste, cette fausse Athéna ? Qu'est-ce qu'il se passe pour qu'il panique comme ça ? Ça ne lui ressemble pas. D'habitude, il donne l'impression de tout savoir et de tout maîtriser.
- Je n'en sais pas grand-chose de plus que toi. Apparemment, elle est la fille d'un riche mécène du Sanctuaire. C'est elle qui a repris sa fondation à sa mort. Je suppose que le pouvoir lui a monté à la tête, puisqu'elle s'imagine qu'elle peut piloter toute seule l'entièreté du navire.
- Comment est-ce qu'elle n'est pas déjà morte, dans ce cas ?
- Tous les chevaliers qui ont voulu l'affronter se sont rangés de son côté, ou sont morts, visiblement. »
Un air à la fois sombre et intrigué passa sur le visage de Camus.
« Il paraîtrait même qu'elle a réussi à mettre la main sur l'armure d'Aioros, et qu'elle l'aurait promise en récompense de son tournoi ridicule.
- L'armure du Sagittaire… Je croyais qu'on l'avait perdue, s'avança Milo, surpris.
- Il faut croire qu'elle refait surface au pire moment possible, et dans les mains de l'ennemi. »
Milo haussa les épaules.
« Aioros était un traître, ne l'oublie pas. Et si sa volonté s'était transmise à son armure ?
- Je ne connais pas assez le sujet pour te répondre. Pour ça, il faudrait que tu consultes Mû.
- Tu sais très bien qu'il est aux abonnés absents depuis des années maintenant. C'est à se demander dans quel camp il est vraiment, celui-là aussi. »
Il y eut un silence réflexif entre eux. Un sentiment de malaise profond tordait les tripes du gardien des lieux. Un évènement qui aurait dû être anecdotique prenait de plus en plus d'ampleur. La trahison de Hyôga se rajoutait à toutes ces interrogations. Tous les mystères du Sanctuaire semblaient avoir envie de revenir à la lumière d'un seul coup, et le chevalier d'or savait que ça n'augurait rien de bon. D'ailleurs, il pouvait sentir que Camus, au-delà de la tristesse qu'il devait éprouver vis-à-vis de son disciple, le ressentait lui aussi.
Il en avait connu des missions concernant des mécènes qui d'un seul coup, prenaient toutes leurs aises avec le Sanctuaire. Toutes avaient fini en bain de sang et sans accroc. Cette jeune fille de seulement seize ans semblait leur résister et c'était encore inexplicable.
« J'ai échoué », conclut seulement Camus, de la tristesse dans la voix.
De la colère passa dans les yeux de Milo. La culpabilité infondée du français commençait à lui courir.
« Camus, tu ne peux pas t'attribuer tous les malheurs du monde, ça suffit.
- Il s'agit de mon disciple, bien sûr que j'en suis responsable, ne se démonta pas le Verseau.
- Il est grand. Il a son armure. S'il a désobéi, c'est sa faute, pas la tienne, trancha le grec. Il n'a plus cinq ans, que je sache !
- L'un de mes disciples est mort et l'autre est un traître, que veux-tu que je tire comme conclusions de moi-même ?
- Aucune. Ce sont des évènements malheureux, c'est tout. »
Le français croisa simplement les bras sur son torse, mécontent.
« Tu as le droit d'être en colère, il t'a trahi, continua Milo, autoritaire. Ça mettrait n'importe qui en rogne. Il se prendra la correction qu'il mérite. Tu lui as enseigné tellement de choses, tu n'aurais rien pu faire de plus. »
Camus ne répondit rien. Il se leva de sa chaise et fit les cent pas, nerveux. Milo le rejoignit et posa ses mains sur ses épaules pour arrêter son manège.
« S'il le faut, tu peux me confier sa punition et je m'en occuperai, proposa plus doucement le Scorpion. Je voudrais t'éviter la peine.
- Non, refusa le français en secouant la tête. Si je dois régler mes comptes, je le ferai moi-même. »
Milo comprenait. Il connaissait bien Camus, il savait bien que la proposition ne recevrait pas d'approbation, mais il était toujours là pour soutenir le Verseau.
« Si ça peut te consoler, je ne te trahirai jamais, moi.
- Je sais, je ne pourrais jamais douter de toi. »
Sans rien dire, Milo passa les bras dans le dos de Camus et le prit contre lui. L'intéressé se blottit sans ménagement dans les bras du Scorpion. Milo était un être profondément droit. Il avait toujours eu confiance en lui, et désormais, il était tout ce qu'il lui restait.
« Je ne pourrai jamais te remercier assez pour ta loyauté, déclara sincèrement le onzième gardien. Et pour… pour tout le reste.
- Tu sais bien qu'on forme la meilleure équipe, toi et moi, lui répondit l'hôte des lieux avec un sourire encourageant. Toujours. »
Camus acquiesça en lui rendant un maigre sourire. Il ne devait pas vraiment avoir le cœur à ça, mais la présence de Milo lui réchauffait le cœur. Surtout au milieu de cette tourmente.
« Ça va le faire, Camus, conclut Milo. Tu es un grand chevalier, et lui, un idiot. Et puis tu sais… Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. On ne sait jamais ce qu'il peut se passer.
- Toujours aussi optimiste, releva l'intéressé, attendri. Qu'est-ce que je ferais sans toi ?
- Il faut bien, confirma le Scorpion avec un rire. Je n'en mènerais pas large sans toi non plus, tu le sais bien. Tu m'as tiré de plein d'ennuis.
- Et je le referais sans hésiter. »
Pris d'un élan de romantisme, Milo s'avança et embrassa son amant secret. Camus en frémit, mais lui rendit, intérieurement charmé de l'initiative.
Lorsque Camus se recula, il poussa un soupir de regret.
« Milo… Je dois y retourner, l'informa-t-il. Je voulais que tu sois au courant de tout ça… Au cas où. Il faut que j'aille garder mon temple.
- Tu as raison, je devrais y retourner aussi, confirma le gardien du huitième temple.
- Et, Milo… »
Camus s'interrompit. Sans un mot, toute son armure vint le recouvrir à nouveau, s'ajustant parfaitement à la moindre courbe.
Le Verseau se pencha jusque sous l'oreille du Scorpion.
« Viens à mon temple, ce soir, lui chuchota-t-il. Fais-moi oublier… »
Milo en fit un sourire amusé. La sensualité secrète de son amant le fit frissonner.
« Je viendrai. »
Camus fit un signe de tête pour le saluer. Il fit volte-face et sortit des appartements d'un pas vif.
Milo rappela lui aussi son armure, une fois Camus parti. Celui-ci le laissait toujours sur un petit nuage rien que par sa présence. Maintenant revêtu de toute sa gloire de chevalier d'or, il sortit au soleil, sur le parvis de son temple. Après tout, il avait un devoir de gardien à assurer.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Milo, anxieux, qui venait de voir Camus remonter les marches qui menaient à son temple.
- Ce que j'aurais dû faire depuis un moment, lui confia le Verseau, la voix brisée. C'est fini, Milo. »
Le cœur du Scorpion rata un battement.
« Fini ? répéta-t-il d'une voix sourde.
- Il n'était pas prêt, il n'aurait jamais pu être prêt, chevrota la voix de Camus. C'est terminé. Il repose dans un cercueil de glace… dans le temple de la Balance. »
Il y eut un silence froid. Milo vit une larme couler silencieusement sur le visage de son amant.
« Peut-être qu'un jour, il se réveillera, et qu'il comprendra. »
Le Scorpion ne sut quoi répondre, hébété. Effectivement, il ne ressentait rien qui venait du temple d'en dessous. Hyôga était sans doute mort. Intransigeant comme il l'était, Camus ne lui aurait laissé aucune chance. Même s'il était visiblement détruit par l'acte qu'il venait de commettre.
« Camus, je suis désolé, fut tout ce que Milo trouva à lui dire.
- Ne le sois pas. Son sort était sans doute scellé depuis longtemps. »
Le Scorpion acquiesça, sombre. Camus fit mine de passer, mais Milo l'attrapa dans une étreinte farouche. Il n'aimait pas la tournure que prenaient les évènements. Le Verseau, secoué, lui rendit comme il put.
« Tu as fait tout ce que tu as pu pour lui. »
Camus acquiesça. Il se dégagea à regret de l'étreinte.
« Je dois aller garder mon temple, Milo, le temps presse. Hyôga n'était pas seul. Il y a d'autres cosmos dangereux, plus bas.
- Je les sens, oui. »
Camus considéra son amant un instant de plus.
« Tiens-toi sur tes gardes, Milo, lui demanda-t-il avec grand sérieux.
- Ce sont des bronzes, Camus, lui rappela Milo, sûr de lui. Je pourrais les réduire en miettes en un claquement de doigt.
- Je sais. Mais fais attention à toi.
- C'est promis. Fais gaffe à toi aussi. »
Le Verseau posa un tout petit baiser rapide sur les lèvres du Scorpion avant de tourner définitivement les talons.
« A plus tard, Milo.
- A plus tard, Camus. »
