Bonjour !
Me voilà de retour avec une nouvelle traduction ! Cette fois il s'agit d'un célèbre Dramione que j'ai adoré. Il existe déjà quelques traductions qui sont soit incomplètes soit du google traduction donc rien de satisfaisant à mes yeux. Voici donc ma version.
Je publie aujourd'hui les six premiers chapitres. J'en ai déjà quatorze d'avance (sur 36 en tout) donc je vais pouvoir publier régulièrement jusqu'à la fin si tout va bien. Je pense publier une fois par semaine, le lundi.
Il y a certaines parties en français dans le texte original, je les ai marquées en italique suivi d'un astérisque.
Je vous laisse découvrir l'histoire, attention c'est addictif !
SoleneSwann
Drago Malefoy et le mortifiant calvaire d'être amoureux
Une traduction de Draco Malfoy and the Mortifying Ordeal of Being in Love, écrite par isthisselfcare
Résumé:
Hermione vit à cheval entre le monde moldu et le monde magique, chercheuse en médecine et Guérisseuse sur le point de faire une grande découverte. Drago est un Auror chargé de la protéger de forces inconnues - pour leur plus grand déplaisir à tous les deux.
Sont inclus dans cette histoire une Hermione hyper-compétente et fougueuse, et un Drago fainéant mais quand-même dangereux. Lente agonie.
Notes de l'autrice :
C'est une histoire que je voulais lire mais qui semblait ne pas encore exister. Je me devais donc d'être le changement que je voulais voir dans le monde.
Je n'ai gardé, impitoyablement, que les bons côtés du canon de l'histoire originale - appelons ça du canon-divergent. En ce qui concerne le ton, nous sommes sur de l'humour léger accompagné de quelques moments sérieux. Mes écrits s'inspirent (et semblent d'un ridicule époustouflant en comparaison) des œuvres de Jerome K. Jerome, P. G. Wodehouse, Saki, Dickens, Thackeray et, bien sûr, de l'inimitable Jane Austen.
Il n'y aura pas de scènes de remplissage dédiées à l'ensemble des personnages de HP - je me focalise sur le fait de mettre H et D dans des situations incongrues et de voir qui sera le premier à tuer l'autre.
Bêta-lecture par la merveilleuse femme-écrivain.
Chapitre 1 - Une attaque déloyale
En tant qu'homme riche, Drago Malefoy aurait pu choisir de vivre une vie de plaisirs, d'ingérence politique et de chantage occasionnel, comme son père avant lui. Cependant, son acquittement par le Magenmagot était assorti d'une très vive recommandation au jeune Mr Malefoy de se consacrer à de louables activités telles que le Bien Commun, l'Altruisme et sa Rédemption aux Yeux du Grand Public.
Et donc, après quelques années à jeter sa gourme (ainsi que de nombreux sortilèges) sur le continent, Drago était revenu à Londres, où il n'avait fait qu'une bouchée du programme de formation des Aurors - trois années réduites à une et demi, s'il vous plait - et avait rejoint le noble service. C'était un choix de carrière stratégique pour Drago, bien sûr : être un Auror offrait juste assez d'héroïsme pour que les journaux en fassent une couverture positive, et juste assez de meurtres approuvés par le Ministère pour qu'il reste intéressé par le travail.
Drago était un excellent Auror – sûrement parce qu'avoir failli devenir lui-même un mage noir lui donnait généralement une idée assez précise de ce qui se passait dans l'esprit des sorciers et sorcières maléfiques. Le problème d'être compétent, cependant, c'est qu'on était récompensé par des cas de plus en plus complexes par la directrice du Bureau des Aurors, une certaine Madame Nymphadora Tonks.
Et donc, notre scène d'ouverture : un lundi matin, au mois de janvier. Au milieu des postes de travail vieillissant du Bureau des Aurors, Tonks assignait les missions de classe A du mois à ses meilleurs Aurors, tel un Père Noël vindicatif.
"Montjoy - tu pars pour Hethpool. Trois enfants moldus retrouvés morts, avec leur foie manquant. Cette assemblée de harpies de Stow s'est peut-être reconstituée." Un dossier contenant les éléments de l'affaire fut jeté sur le bureau de Montjoy.
"Buckley - suspicion de nécromancie et autres actes criminels, île de Man." Buckley accepta le dossier qu'elle lui tendait avec une grimace. "Tu emmènes Humphreys avec toi. Fait attention à être un bon mentor, ne la traumatise pas trop."
Tonks contourna le coin vers les postes de travail suivants. "Potter, Weasley - vous continuez à vous occuper des vampires dans les Dales, mais si vous ne faites pas plus de progrès, je vais m'en mêler personnellement. La moitié du Yorkshire va finir vidée de son sang, à ce rythme là. Goggin - un idiot expérimente le Supplice de Métamorphose sur des prostituées moldues à Glenluce. Je ne remarquerais rien si tu le ramènes avec quelques extrémités manquantes".
Tonks était à présent arrêtée devant le bureau de Drago. "Malefoy. Puisque tu t'en es si bien sorti avec le lunatique de Lanark la semaine dernière, je te laisse choisir ton poison."
Drago regarda Tonks avec circonspection - poison n'était probablement pas une exagération. "Quelles sont mes options ?"
Tonks laissa tomber deux dossiers sur le bureau de Drago. "Option une, un sorcier accusé d'actes inappropriés avec des trolls - un vrai régal pour les sens, celui-là. Ou, option deux, une requête du Ministre pour la protection d'une Cible de grande notoriété par un Auror."
"Des actes inappropriés ?" répéta Drago en tirant les dossiers vers lui.
"Je ne connais pas ton niveau de tolérance, mais ça m'a plutôt fait perdre l'appétit". Tonks pointa du menton le dossier de droite. "Il y a des photos, pour ta gouverne."
Drago fit l'erreur d'ouvrir le dossier des trolls. Il le referma avec une exclamation de dégoût. "Je vais prendre la mission de protection."
"D'acc," dit Tonks en récupérant le dossier des trolls et son hideux contenu. "L'enfileur de trolls ira donc à Fernsby. Fernsby ! Viens là."
Fernsby émergea d'un poste de travail plus loin. Tonks lui plaqua le dossier sur le torse. "Tu pars pour Morpeth. Il paraît que la mer du Nord est charmante à cette période de l'année."
Si Fernsby avait des réserves sur le charme d'un séjour au bord de la mer du Nord au mois de janvier, il les garda pour lui. Il valait rarement la peine de contredire Tonks.
"Rapports d'avancement sur mon bureau lundi matin", lança Tonks à l'ensemble du bureau. Un grognement d'acquiescement des Aurors suivit sa requête.
Tonks lança un regard perçant à Drago. "J'ai hâte de voir le tien, Malefoy. J'éprouve une certaine curiosité pour cette affaire - la Cible travaille sur un projet très confidentiel. Ils n'ont même pas voulu me dire de quoi il s'agissait."
Tonks retourna à son bureau, réussissant à ne marcher sur le pied d'un collègue sans méfiance qu'une seule fois.
Drago, désormais intrigué, tira le dossier vers lui. La demande de protection arrivait directement du Bureau du Ministre et Shacklebolt avait requis un audit de sécurité, des sorts de protection, toutes les mesures sorcières connues pour assurer la confidentialité du projet, une escorte, s'il vous plait, et une surveillance discrète - en somme, la totale.
Drago en était irrité d'avance – cela ressemblait beaucoup à un effort.
Et qui, je vous prie, méritait ces extravagantes mesures?
Il tourna encore quelques pages de demandes ministérielles pour découvrir, enfin, la Cible.
Et c'était cette foutue. Hermione. Granger.
Sa photo était épinglée en haut d'une brève note biographique - comme si toute personne en vie aujourd'hui ne la connaissait pas, elle ou ses cheveux. Elle regarda Drago d'un air sérieux, cligna une fois des yeux, puis quitta le cadre.
Drago saisit le dossier et se dirigea vers le bureau de Tonks. Il valait rarement la peine de la contredire, mais ce dossier méritait une tentative exceptionnelle.
"Tonks - je ne peux pas prendre celui-là. Il va falloir que tu le donnes à quelqu'un d'autre."
Tonks leva les yeux du parchemin qu'elle était en train d'attaquer avec une plume. Ses cheveux prirent une teinte mauve narquoise. "Pourquoi donc ?"
"C'est Granger. C'est elle, la Cible. Tu n'as pas vu ?"
"Et ?"
"On ne s'entend pas vraiment bien", répondit Drago dans un vaste euphémisme.
"Es-tu en train de me dire que quelques chamailleries du temps de l'école, il y a quinze ans, vont interférer avec ta capacité à mener à bien cette mission ?" demanda Tonks.
Dans la Glace à l'Ennemi derrière elle, des silhouettes ombrageuses s'étaient rassemblées, comme si elles étaient avides d'écouter la conversation.
"Nous avons un passif plutôt malheureux", déclara Drago.
"Pire qu'entre Potter et toi ?"
A ça, Drago prit le temps de réfléchir. Finalement, il répondit : "D'une certaine façon."
"Très bien", renifla Tonks. "Échange avec Fernsby. Je suis sûre qu'il ne sera que trop content d'échanger un petit job tranquille de protection contre l'aficionado des trolls."
"...N'y a t'il rien d'autre que je pourrais prendre ?"
Tonks lui jeta un regard réprobateur, souligné par ses yeux, dont la couleur changea pour une sorte de jaune dangereux, faisant penser à ceux d'un faucon. "Je viens juste d'assigner les missions du mois, Malefoy, et je ne vais pas laisser ton complexe avec Granger créer un effet domino sur toutes les missions."
"Je n'ai pas de complexe avec Granger."
"Bien. Alors tu t'en sortiras très bien. File."
Tonks fit un signe de la main et la porte de son bureau se ferma lentement, expulsant Drago.
Drago revint à grands pas à son bureau, ayant à moitié l'intention de demander de faire l'échange avec Fernsby - cependant le gargouillement d'horreur émanant du poste de travail de Fernsby fut suffisant pour le faire changer d'avis.
Très bien. Il s'occuperait du cas de Granger. Ce n'était, au moins, pas de la pornographie troll.
Drago envoya à Granger une note froidement professionnelle informant qu'il serait ravi de la rencontrer dès que possible pour discuter de la demande de protection du Ministre.
Granger lui renvoya une note tout aussi froide indiquant que cette demande était une réaction exagérée de la part du Ministre, qu'elle s'en occuperait sous peu et de ne pas en tenir compte.
Drago ne répondit pas, mais profita de son après-midi de congé au lieu d'informer immédiatement Tonks de cette heureuse tournure des choses.
Puis Granger vint tout gâcher en écrivant à nouveau, indiquant que, à sa déception, le Ministre n'avait pas changé d'avis et comptait aller au bout de son idée (disproportionnée et irrationnelle, selon elle). Drago serait-il disponible pour une réunion à neuf heures ce jeudi ? Le Laboratoire Granger. Trinity College, Cambridge.
Alors qu'il jetait la missive au feu, Drago pensa, Cambridge, évidemment. Pouvait-on s'attendre à moins de la part d'Hermione Granger ?
ooo
Ce jeudi-là, Drago arriva au Trinity College à neuf heures, horaire horriblement matinal. Le concierge à l'entrée jeta à peine un coup d'œil à ses robes - beaucoup des Moldus présents portaient de longues blouses noires - mais il lança un regard acéré à Drago lorsqu'il déclara qu'il venait voir Granger.
"Le Docteur Granger," dit le concierge. "Avez-vous un rendez-vous, monsieur ?"
"Oui."
"Votre nom ?"
"Malefoy," dit Drago.
Le concierge consulta un tableau. Il y trouva ce qu'il cherchait, apparemment, car il autorisa Drago à pénétrer dans le square verdoyant du Trinity College d'un geste de la main. ("Ce n'est pas un square, on appelle ça une cour, à Cambridge," dit le concierge à quelques touristes, mais Drago ne lui prêta aucune attention - il savait reconnaître un square lorsqu'il en voyait un.)
La lettre de Granger incluait des indications sur la façon d'entrer dans la partie sorcière du College, qui amenèrent Drago à une porte magiquement scellée à l'extrémité sud de la cour. Une plaque moldue indiquait que le King's Hall s'était autrefois trouvé ici, mais qu'il avait été détruit au seizième siècle. Drago tapota la plaque en bronze avec sa baguette, conformément aux instructions de Granger, et le King's Hall prétendument détruit apparut devant lui. Drago décida que Granger méritait un deux sur dix pour cette première évaluation des risques - au moins, les Moldus malveillants ne seraient pas capables de la trouver immédiatement. Et, sur cette pensée magnanime, il pénétra dans le Cambridge sorcier.
À neuf heures un jour de semaine, King's Hall fourmillait d'universitaires sorciers et sorcières, en route pour développer les connaissances sur la magie. Drago avait passé des années à l'Université de Paris* pour faire sa Licence d'Alchimie et son Master de Magie Martiale (spécialité Duel), mais il n'avait jamais mis les pieds dans une université britannique. Le King's Hall avait conservé son atmosphère du seizième siècle – obscur, décoré de trop de bois excessivement ouvragé et éclairé à la bougie - et son style oscillait entre pur gothique et début Renaissance.
Comme il examinait la foule devant lui (variant de studieuse à excentrique), Drago se demanda quel pourcentage de la puissance cérébrale magique de Grande-Bretagne était concentrée entre ces vénérables murs. Dans tous les cas, il y avait au moins un gros cerveau dans les parages. Un peu perdu au milieu des cinq escaliers du rez-de-chaussée, il décida de demander son chemin jusqu'à ce fameux cerveau.
"Toi là," dit Drago pointant le menton vers un jeune boutonneux. Le garçon avait l'air d'avoir environ vingt-deux ans, était sérieux et serrait un texte d'Arithmancie Théorique Avancée contre son torse.
"Oui ?" demanda le garçon.
"Je cherche Granger", dit Drago.
Le garçon fronça les sourcils. "Le Professeur Granger. Ses bureaux sont au troisième étage, avec les autres enseignants-chercheurs."
"Merci," lança Drago, se demandant combien de fois encore on allait le corriger à propos du titre de la si précieuse Granger.
Il monta les escaliers et traversa des couloirs où il repéra une variété de choses intéressantes : des salles de classe, de pause, de lecture, des bureaux, une apothicaire, un café, et ce qui se révéla être un petit zoo. Enfin, il arriva devant une porte sur laquelle était simplement écrit, "GRANGER. Sonnez pour appeler".
Vous voyez ? Là. Pas de titre pompeux.
Drago sonna pour appeler.
Puis il regarda par l'étroite fenêtre qui jouxtait la porte et faillit tourner les talons, car le laboratoire de l'autre côté semblait résolument moldu, il avait dû prendre un mauvais chemin, sauf qu'il était écrit "GRANGER" juste là.
Un Être vêtu d'une blouse d'un blanc éclatant et d'un étrange couvre-visage translucide répondit à son appel.
"Je peux vous aider ? demanda l'Être.
"Je cherche Granger", répondit Drago.
"La Guérisseuse Granger ne reçoit que sur rendez-vous," dit l'Être, avec une posture plutôt rigide. "Est-ce qu'elle vous attend ?"
"Oui," répondit Drago, ajoutant un titre de plus à la liste de plus en plus ridiculement longue.
"D'accord", dit l'Être avec ce qui était probablement un regard suspicieux, mais Drago ne pouvait pas voir avec ces espèces de lunettes. "Son bureau est au fond à droite."
L'Être s'écarta pour le laisser passer. À sa voix, Drago était maintenant relativement certain qu'il s'agissait d'une femme humaine, mais son accoutrement rendait toute certitude impossible. Quoi qu'il en soit, Drago était entré. Son évaluation initiale des mesures de sécurité de Granger tomba à un bon un sur dix.
Ça lui faisait plaisir de donner à Granger une mauvaise note bien méritée ; ça lui faisait moins plaisir de penser au travail que ça impliquerait pour remettre la sécurité à niveau.
Il frappa à la porte du bureau.
"Entrez," fit la voix de Granger. Un voyage dans le temps – piquante, guindée, impatiente.
Drago entra dans le bureau. Granger était assise derrière un bureau bien rangé, bien que surchargé.
Ils se regardèrent l'un l'autre dans un moment absolument gênant, chose à laquelle Drago, à présent Auror parfaitement qualifié et plutôt dangereux, n'était plus habitué – et peut-être que, à en juger au pli mécontent de sa bouche, Granger non plus.
Le temps guérit toutes les blessures, mais entre lui et Granger, il y en avait vraiment beaucoup à soigner, et à cet instant, les quinze ans qui les séparaient de l'époque où ils avaient été des enfants se battant dans les camps adverses d'une guerre semblaient un temps trop court. Drago ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il lui avait directement adressé la parole, et il savait avec certitude qu'il ne s'était jamais retrouvé seul dans une pièce avec elle.
Granger se leva pour le saluer avec la démonstration d'éloquence suivante : "Malefoy."
"Granger," dit Drago avec la même éloquence.
Elle fit un geste indiquant la chaise de l'autre côté de son bureau. Alors qu'il s'approchait, Drago vit qu'elle le jaugeait du regard. Les yeux de Granger passèrent de ses cheveux à son visage, à l'insigne d'Auror sur son torse, et descendirent le long de ses robes noires jusqu'à ses bottes.
Voyant qu'ils se dispensaient des politesses, Drago n'eut aucun scrupule à l'observer en retour : les cheveux (une masse de boucles empilée haut sur sa tête), le visage (plus mince, plus sévère que dans ses souvenirs), la même étrange cape blanche que l'Être, le jean noir (tellement moldu), les baskets informelles.
Drago ouvrit la bouche pour faire quelques vagues remarques en introduction – à propos de Cambridge, ou Potter et Weasley, ou autres futilités du genre - mais Granger alla droit au but.
"Ceci est une totale perte de temps et de ressources pour le Bureau des Aurors."
Ce manque de finesse était tellement typique de Granger. Certaines choses ne changeaient pas.
Drago s'installa dans sa chaise. "Donne-moi un peu plus de munitions et je pourrai plaider auprès de Shacklebolt pour qu'il retire sa demande. Je n'ai pas plus envie d'être ici que toi."
Granger pinça les lèvres. Drago se demanda quand McGonagall avait transplané dans la chaise de Granger, et où était passée Granger.
"Très bien," dit finalement Granger. "Il y a deux semaines, j'ai informé Shacklebolt de mes progrès sur un certain projet de recherche. Un projet de recherche qui n'est pas sous la responsabilité du Ministère, ni financé par celui-ci, d'ailleurs. Je partageais ce que je pensais être une bonne nouvelle avec un mentor et ami de longue date - qui se trouve être le Ministre de la Magie. Apparemment, la nouvelle était trop bonne. Shacklebolt a eu peur des répercussions, car le projet aura des conséquences pour une certaine partie de la population."
"Quelles conséquences ?" demanda Drago. "Quelle partie ?"
"Je préfère ne pas en parler, comme j'ai espoir que ton implication n'ira pas plus loin que cette réunion. Shacklebolt réagit de manière excessive. Je lui parlerai à nouveau cette semaine et je le persuaderai que me mettre sous surveillance d'un Auror n'est absolument pas nécessaire."
"Protection d'un Auror," corrigea Drago. On n'assignait pas de missions de surveillance à deux balles aux Aurors de son calibre, merci bien.
"Appelle ça comme tu veux," dit Granger.
"Shacklebolt a ses défauts, mais réagir de manière excessive n'est pas l'un d'entre eux." dit Drago. (Il n'y avait pas beaucoup de sympathie entre le Ministre et lui, mais il y avait un certain respect.)
"Non, ce n'est pas une de ses propensions. C'est pour ça que j'ai été surprise – consternée, même – par sa décision d'impliquer ton service."
"Est-il possible qu'il n'exagère pas ?"
Le regard que lui lança Granger était résolument peu amical. "Non."
"Tu ne penses pas que ce - cette avancée, ou cette découverte - que tu as faite t'expose à un nouveau risque ?"
"Pas pour le moment. Premièrement, personne n'est au courant de ma découverte, à part Shacklebolt lui-même et - à des degrés divers - mon personnel, en qui j'ai une confiance implicite. Et deuxièmement, même si j'ai fait une avancée, je n'ai pas encore complètement résolu le problème. Ça prendra encore au moins un an de travail. Je ne vais pas être à la une de la Gazette du Sorcier à appâter les meurtriers demain matin."
Le sourcil de Drago se leva. "Shacklebolt pense que tu vas te faire assassiner ?"
"Il pense - probablement à raison - que tout le monde ne sera pas ravi de ma découverte."
Drago décida qu'il devait parler à Shacklebolt. Peut-être serait-il moins évasif que Granger et révélerait quelque chose d'utile à l'Auror qui lui était assigné. Il se rendit compte qu'il était vraiment curieux, à présent, de connaître la nature de cette Formidable Découverte.
Il formula soigneusement sa question suivante. Il ne voulait pas dénigrer l'hérédité de Granger (Dieu l'en préserve ; il était déjà sur la corde raide à ce niveau-là), mais il y avait des choses qu'elle ne savait peut-être pas, en tant que née-moldue. "Est-il possible que Shacklebolt ait connaissance de certains penchants ou de certains parti-pris du monde des sorciers, dont tu n'aurais pas conscience et qui pourraient être la source de son inquiétude ?"
Granger prit une inspiration, de cette façon qui montre que l'on cherche à rassembler ce qu'il nous reste de patience. "Si je te disais que j'ai résolu la faim dans le monde, ou autre chose de tout aussi merveilleux, est-ce que tu t'inquiéterais des actions d'une poignée d'opposants ?"
"Un seul opposant serait suffisant pour exécuter une chercheuse bienfaisante, surtout une qui protège son laboratoire avec un charme de verrouillage au rabais et un peu grillage à poules."
L'un des genoux de Granger se mit à s'agiter. Cela lui fit penser à un chat bougeant sa queue d'agacement.
"Alors, c'est vrai ?" demanda Drago.
"C'est vrai quoi ?"
"Que tu as résolu la faim dans le monde."
"Rien d'aussi grandiose. C'était un exemple."
"Où est-ce que tu consignes tes découvertes ?" demanda Drago.
C'était maintenant au tour de Granger de hausser le sourcil, ce qui constitua son unique réponse.
Drago désigna d'un geste la pièce autour de lui et le laboratoire de l'autre côté de la porte. "J'ai déjà identifié une douzaine de points de vulnérabilités - et c'est seulement ce que j'ai vu dans les cinq minutes qu'il m'a fallu pour venir jusqu'ici. Si je cherchais vraiment, je pense que j'en trouverais d'autres"
"Ah oui ?"
"Oui."
Voir Granger lui faire un sourire narquois était - quelque chose. Cependant, il s'effaça rapidement. "Si nous parlons de sécurité physique, je n'ai pas vraiment eu de raison de l'améliorer au delà des mesures habituelles jusqu'à récemment. Je peux t'assurer que je suis capable de protéger mon laboratoire avec bien plus qu'un charme de verrouillage - et de garder mes données en sécurité."
"Parfait," dit Drago. "Tu n'as qu'à faire ça. Je reviendrai dans quelques jours faire un test d'intrusion. Si tu réponds aux exigences requises - et si tu mets en place les mesures additionnelles que je pourrais recommander - nous pourrons peut-être convaincre Shacklebolt que tes recherches et toi êtes en sécurité, et nous pourrons mettre toute cette affaire derrière nous."
Ce défi fut lancé avec - et c'était louable, pensa Drago - juste un soupçon d'arrogance.
Le regard de Granger se durcit : le défi était entendu, et relevé. "Très bien. Et quand ce test d'intrusion aura-t-il lieu ?"
"Je ne vais pas prévenir," dit Drago en se levant. "Penses-tu qu'un véritable danger préviendrait ?"
"Parfait," dit Granger en se levant à son tour. Le sarcasme durcissait le tranchant de ses mots. "J'adore les surprises."
Ils ne se serrèrent pas la main et elle ne le raccompagna pas à la porte.
ooo
Drago prévit un rendez-vous avec le Ministre de la Magie plus tard cette semaine-là. Il passa devant l'assistante du ministre au visage amer d'un pas nonchalant le jour prévu; se demandant qui avait pissé dans son bol de Pixie Puffs.
Shacklebolt fut aussi réticent que Granger avec les détails de sa découverte, mais insista auprès de Drago sur l'importance de la sécurité de Granger le temps qu'elle mène à bien son projet, dans l'intérêt de toute la communauté des sorciers. Son discours fut à la fois très pompeux et extrêmement vague.
Le seul point positif était que Shacklebolt tirait une satisfaction évidente à voir que c'était Drago qui était chargé de cette mission. "Je sais que les coups bas ne vous feront pas froid aux yeux, Malefoy, si des individus malveillants venaient à s'en prendre à elle."
Drago accepta le compliment déloyal d'une fausse révérence. "Vos mots me font chaud au cœur, Monsieur le Ministre."
Shacklebolt lui rendit sa révérence d'une inclinaison de la tête. Puis il s'assombrit. "Elle pourrait améliorer la vie de centaines - de milliers - de gens."
"Et pourtant, ni elle ni vous ne me direz en quoi consiste ce projet. Elle vous a fait faire un foutu Serment du Secret avant de vous révéler quoi que ce soit ?"
Shacklebolt leva les mains, ne répondant ni dans un sens ni dans l'autre, donnant ainsi sa réponse à Drago.
"Elle y a pensé, bien sûr," dit Drago en jetant une poignée de poudre de Cheminette dans l'âtre de Shacklebolt. "Cambridge."
Ça y était. Elle avait eu assez de temps pour se préparer.
ooo
C'était lundi, tard le soir. King's Hall était silencieux. Drago supposa que Granger était absente, en train de dîner ou de malmener des étudiants innocents. Il se tenait devant l'entrée de son laboratoire, tapotant sa baguette sur son menton d'un air pensif. Cependant, avant qu'il n'ait lancé le moindre sort de détection ou commencé à fouiner, Granger apparut à l'angle du couloir.
"Malefoy," dit-elle, l'air un peu décoiffé et essoufflé. Drago mit de côté cette arrivée opportune pour l'analyser plus tard. Elle était trop intelligente pour que ce soit une coïncidence - et pourtant, il n'avait pas lancé le moindre sort qui aurait pu trahir sa présence.
Granger avait délaissé ses vêtements moldus pour une robe verte de Guérisseuse. Elle avait l'air à la fois agacée et impatiente, et confirma aussitôt ces deux éléments en demandant : "C'est l'heure de ton fameux test, n'est-ce pas? Ça va durer combien de temps ?"
Drago n'apprécia pas le ton de sa voix, qui laissait entendre que c'était une affaire de plusieurs heures. "Ça va dépendre de tes protections - je pense à un quart d'heure tout au plus."
Le sourcil de Granger se haussa devant l'arrogance de sa répartie. "Bien. Je sors d'une garde aux urgences et je suis complètement claquée."
Elle agita sa baguette et, dans une impressionnante démonstration de Métamorphose (non pas que Drago ait montré de signe qu'il était impressionné), elle transforma l'une de ses épingles à cheveux en une chaise de bois verni, sur laquelle elle se percha pour l'observer.
Ça ne gênait pas Drago d'avoir un public, surtout quand il s'apprêtait à démanteler méthodiquement toutes les tentatives dudit public pour l'empêcher d'entrer, et à lui enseigner un peu de modestie.
Drago reporta son attention sur la porte. "Les urgences ? Je croyais que tu étais une chercheuse."
"L'hôpital est en sous-effectif chronique. Je fais des gardes à Sainte Mangouste pour donner un coup de main. Ça me permet de ne pas perdre mes compétences en Guérison."
"Bien aimable de ta part."
"Mm."
Après quelques sorts de détection, Drago fut bien obligé de l'accorder à Granger - elle avait fait ses devoirs. Pas vraiment une surprise, bien sûr. Les enchantements de protection qui gardaient désormais la porte de son laboratoire étaient nombreux, plutôt complexes, et bien jetés.
Drago se mit au travail, non sans la taquiner un peu. "Le Charme du Cridurut ? Vexant."
"J'ai appris à travailler en partant du plus petit dénominateur commun," répondit-elle sèchement.
Les charmes anti-intrusion basiques qui suivirent furent défaits de quelques coups de baguette. Le Salveo Maleficia était un bon échauffement. Puis Drago passa aux choses sérieuses : Foribus Ignis, Custos Portae, un Confundus extrêmement sensible, dirigé droit vers sa tête, n'apparaissant qu'après avoir défait les deux autres sorts, un Maléfice Aveuglant tout à fait sournois, juste ajouté par méchanceté, un Sortilège de Crâne Chauve décidément bien peu fair-play, et un Confringo sur la poignée de la porte elle-même, pour quiconque serait assez stupide pour la toucher.
Drago désarma ce dernier - opération certes délicate qui le fit suer - en se disant qu'au moins, s'il se faisait exploser le visage, il y avait une Guérisseuse pas loin qui serait en mesure de l'aider.
La porte se déverrouilla. Ça ne lui avait pris que quatre minutes. Et pourtant, Granger ne semblait pas impressionnée.
Drago ouvrit la porte pour révéler - un mur de pierre.
"Très drôle," dit Drago.
Son visage ne laissa rien paraître de son trouble, mais il venait de perdre son temps sur un leurre absolument parfait. Il donna un coup de baguette sur le mur un mètre plus loin et la véritable porte du laboratoire apparut.
Granger haussa les épaules. "Il faut bien que mon personnel puisse entrer. Ce ne sont pas des experts en neutralisation des protections, mais ils s'en sortent avec le Finite Incantatem."
Drago entra dans le laboratoire pour poursuivre son expertise, la nuque plutôt raide. Le public rendit à la chaise sa forme d'épingle à cheveux et le suivit.
"D'ordinaire, j'aurais insisté sur le port des EPI, conformément aux protocoles du laboratoire de Trinity," dit Granger. "Mais nous avons déjà tout rangé. Je ne pense pas que tu pourras te blesser sur quoi que ce soit."
Une fois de plus, Drago n'apprécia pas le ton de sa voix qui, cette fois, suggérait que dans le cas contraire, il aurait pu se tuer par mégarde.
Il ignora les surfaces stériles blanches et en acier qui occupaient la majeure partie de l'espace et se dirigea vers les étagères et les armoires de l'un des côtés du laboratoire, qui semblaient un endroit plausible pour le stockage des données d'un laboratoire en activité. Cependant, leur contenu bien organisé était inutile - c'était principalement de la littérature scientifique moldue, incluant certaines des propres publications de Granger. Des mots sans aucune signification sautaient aux yeux de Drago : cytokines, anticorps monoclonaux, récepteurs antigéniques chimériques, lymphocytes T...
"Je sais que l'objectif de ce test est de voir jusqu'où tu peux aller et ce que tu peux découvrir de mes recherches - mais je te prie de remettre les choses à leur place," s'éleva la voix de Granger, ses mots marqués par l'irritation.
Drago, le dos tourné, s'autorisa à lever les yeux au ciel - un texte était déplacé d'un demi-pouce. Il le repoussa en place. Il agita sa baguette en direction de l'ensemble de la collection pour détecter une trace de Métamorphose ou de sortilège de dissimulation, mais il n'y en avait pas. Puis il appliqua systématiquement la même méthode sur le reste du laboratoire, cherchant des cachettes, des compartiments secrets ou - comme l'irritation le gagnait - toute trace de magie, quelle qu'elle soit. Il n'y avait rien de magique, excepté le contenu des diverses fioles et tubes à essai répartis en groupes bien ordonnés le long des paillasses du laboratoire.
"Si je volais ça et que je les faisais analyser, qu'est-ce que je découvrirais ?" demanda Drago.
La lueur de son sortilège éclairait les fioles en question. Granger s'approcha d'elles et les pointa du doigt. "Lymphocytes T gamma delta. Antigènes MART-1, Tyrosinase, GP100, Survivine. Toutes de provenance magique, ce qui explique pourquoi ton sort les détecte, mais sans rien d'autre de remarquable."
"Je vois," dit Drago qui ne voyait rien du tout.
"Je ne sais pas qui mènerait ton analyse hypothétique, dans le cas où ceci serait dérobé pour découvrir ce sur quoi je travaille, mais je dois te dire que très peu de gens au Royaume-Uni seraient capables d'en tirer des conclusions significatives."
Drago sentit la fausse modestie dans ces mots ; par très peu, elle voulait dire personne - je suis entourée d'idiots et je suis la seule capable de donner un peu de sens à ces échantillons aux noms barbares.
"Et ceux-là ?" demanda Drago en désignant des fioles plus grandes et d'aspect plus familier le long de la rangée du fond.
"Tes analystes hypothétiques découvriraient une Sanitatem parfaitement préparée", dit Granger. "C'est une potion de guérison," ajouta-t-elle, bien inutilement.
"Une trouvaille d'une importance capitale, dans le laboratoire d'une Guérisseuse," répondit Drago, son agacement virant au sarcasme.
La bouche de Granger eut le plus petit des rictus - de l'amusement, rapidement réprimé.
Drago réprimait également son émotion, mais dans son cas, c'était de l'exaspération. Elle l'avait mené en bateau avec les protections de la porte, sachant qu'il n'y avait rien de réellement utile dans le laboratoire lui-même, à moins d'avoir une douzaine de doctorats en poche pour réussir à assembler les indices.
Mais elle devait bien enregistrer ses résultats quelque part - elle était trop méthodique et méticuleuse pour qu'il en soit autrement..
Drago se tourna alors vers un coin du laboratoire qu'il avait naturellement ignoré. C'était l'endroit le plus moldu de toute la pièce - un bureau d'angle encombré de brillantes boîtes de lumière. Granger aurait tout aussi bien pu y avoir jeté un sort de Détourne-Regard. Était-ce le cas ? Non, ses sorts de détection ne révélaient rien. C'était un effet d'une habitude bien intégrée chez lui - ses yeux se détournaient presque naturellement du non-magique, du Tout à Fait Banal, du Terriblement Moldu. Il faudrait qu'il y prenne garde - c'était une faiblesse, clairement.
Il se dirigea vers le bureau. Et, pour la première fois depuis que Drago était entré dans le laboratoire, Granger s'anima vraiment et parut intéressée par ses actions. Enfin il tenait quelque chose.
"Des ordinateurs," dit Drago, tirant un lointain souvenir du cours d'Études des Moldus.
"Bien joué," dit Granger, du ton avec lequel on félicite un enfant particulièrement lent qui a identifié correctement une vache.
Drago la gratifia d'un regard noir. Son visage était impassible, mais ses yeux la trahissaient - elle était curieuse de voir ce qu'il allait faire ensuite.
Et, bien sûr, il n'avait pas le moindre foutu indice sur quoi faire à partir de là, à part ensorceler les ordinateurs pour qu'ils obéissent - mais d'après ses souvenirs, ces appareils n'étaient pas doués de conscience. Il se tenait devant les boîtes lumineuses, sur lesquelles des lignes monotones se déplaçaient dans des formes aléatoires.
" ...J'aurais besoin de faire venir un Né-Moldu," dit finalement Drago.
"Oh, oui, ce serait un bon début ", dit Granger. Elle regarda ses ongles. "Tu auras besoin d'en trouver un qui soit également un bon hacker. Je ne suis pas sûre qu'il y en ait beaucoup parmi les sorciers, mais il y en a peut-être un ou deux au Royaume-Uni."
"Un hacker."
"Oui," dit Granger, n'offrant pas plus d'explication sur ce terme barbare.
"Si - comme je le soupçonne - tes découvertes se trouvent dans ces choses - qu'est-ce qui m'empêcherait, moi, un méchant, de tout détruire et de mettre fin à tes recherches dans la foulée ?" demanda Drago.
Granger haussa les épaules. "Cela n'aurait aucune d'importance. Tout est sur le cloud."
"Le cloud."
"Oui. J'en aurais pour le prix de l'équipement, c'est tout."
"Donc un mage noir lambda, qui viendrait avec de mauvaises intentions, n'aurait rien de particulier à découvrir ici."
"J'ai bien peur que non," dit Granger.
"Les sorts de protection sur la porte étaient un jeu amusant. Merci de m'avoir fait perdre mon temps."
"Je voulais voir si tu étais aussi doué qu'on le dit."
Drago lui jeta un rapide coup d'œil, curieux de savoir qui était ce on, parce qu'il aimait s'entendre dire qu'il était doué.
Granger ne lui donna pas ce plaisir.
"J'avais d'autres idées de sorts et autre," dit-elle, faisant un geste vers la porte, "mais je n'ai pas eu le temps."
"Donc, pas de preuve de dissimulation, aucune trace écrite, des ordinateurs, des clouds..." Drago regarda Granger. "Si j'étais un méchant à la recherche d'informations, qu'est-ce que je ferais ensuite ?"
Granger le regarda d'un air inquisiteur. "Qu'est-ce que tu ferais ?"
"Je m'en prendrais à toi," dit Drago.
Il leva sa baguette et, une fraction de seconde plus tard, son sort la frappa en pleine poitrine.
