Finding Love

Genre : Slash, Mpreg et Cross-dressing.

Disclaimer : Tout m'appartient sauf les personnages.

Univers : Saint Seiya / Batman's Univers

Couples : Bruce x Shun

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Bonne Lecture !

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Récapitulatif des âges :

-Bruce Wayne : 32

-Richard "Dick" Grayson : 13

-Jason Todd/Red Hood : 11

-Tim (Timothy) Drake/Red Robin : 9

-Alfred Pennyworth

-Shun : 20 (13 ans : Galaxian Wars + Sanctuaire / 14 ans : Asgard + Poséidon / 15 ans : Hadès + Soul of Gold (retour vie des chevaliers d'or))


Chapitre 12

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FL 12

Réunis dans la bibliothèque, Richard, Jason et Tim faisaient le point.

« Est-ce que tu le savais ? » demanda l'aîné d'un air sombre.

« De quoi ? » répliqua Jason avec irritation.

« Allez, Jay, ne fais pas l'idiot. Savais-tu que Shun était un homme depuis le début ? »

« Non », grinça Jason en se mettant déjà sur la défensive.

Tim, qui sentait une dispute s'amorcer entre ses deux frères, les interpella :

« Qu'est-ce que ça change ? Ce n'est pas comme si cela importait. Shun est là pour prendre soin de nous, pour effectuer son travail. Pourquoi son sexe devrait-il importer ? »

« C'est en quelque sorte un grand secret à nous cacher ! » s'agaça Jason. Il ne comprenait pas pourquoi Shun ne lui avait rien dit. Ils étaient amis !

« Eh bien, ce n'est pas comme si Shun était obligé de nous le dire. C'est son affaire personnelle », souligna Tim, car il ne comprenait pas le soudain illogisme sentimental de ses frères.

« Mais tu ne te sens pas un peu trahi ? Comme s'il ne nous faisait pas assez confiance pour nous le dire ? »

Quand Tim dénia de la tête, Jason se tourna avec espoir vers Dick.

« Je suis mitigé », commença à dire Richard en se recroquevillant en avant pour réfléchir. « Je ne suis pas content, mais je comprends qu'un métahumain souhaite garder son secret. Notre famille fait pareil en veillant sur Gotham et nous ne pouvons rien révéler à Shun. »

Tapotant sur le cuir, Jason soupira. Il détestait quand Dick se montrait tellement logique qu'il ne pouvait plus argumenter. Et avec Tim c'était un combat perdu d'avance.

« C'est juste trop bizarre », déclara-t-il avec dépit sans savoir que son commentaire éveillerait encore plus la curiosité du plus jeune.

« Oui. Comment est-il possible que Shun soit enceint s'il est un homme ? Les livres n'ont jamais mentionné cette possibilité. Est-ce parce que Shun est vraiment un métahumain ou plutôt parce sous certaines conditions c'est possible ? »

Richard s'éclaircit la gorge maladroitement.

« Euh, eh bien, tu vois, Tim… »

Mais Dick ne finit pas sa phrase et Tim craqua :

« Quoi ?! J'ai juste besoin de savoir comment les bébés sont arrivés dans le ventre de Shun. »

Dick rougit profondément tandis que Jason devenait livide.

« Euh, c'est, euh… compliqué. »

« Comment ça, compliqué ? » le hâta Tim. « Est-ce que Shun a utilisé une sorte de magie ou quelque chose comme ça ? Est-ce que moi aussi je pourrais avoir des bébés plus grands ? »

Parce que si c'était le cas, il devait revoir entièrement son plan d'avenir en prenant en compte ce nouveau facteur, songea sérieusement Tim.

« Assez ! » cria presque Jason en se levant soudainement. « Je n'en peux plus ! Je m'en vais d'ici. »

« Jason, attends ! » l'appela désespérément Dick, mais la porte se fermait déjà derrière son cadet.

Se sentant pris au piège quand Tim recommença à le regarder avec attente, Dick chercha frénétiquement une réponse convenable. Ses joues s'embrasèrent alors qu'il cherchait désespérément une issue, se sentant de plus en plus désemparé face à la curiosité innocente de son jeune frère.

« Tim, j'ai oublié de te le dire, mais Shun m'a dit qu'il savait faire tes cookies préférés. Je suis sûr que si tu le lui demandes gentiment, Shun pourrait en faire aujourd'hui. »

Tim plissa les sourcils en le fixant sans répondre. Dick tenta de lisser au maximum son visage masquer son malaise, priant intérieurement pour que Tim oublie sa question.

Soudain le visage de Tim s'éclaira.

« Vraiment ? Mes cookies ? C'est génial ! Je vais lui demander ! »

Dick respira un peu mieux sous le soulagement.

« N'oublie pas de lui demander gentiment, d'accord ? » ajouta-t-il quand même en espérant que Shun saurait vraiment faire des cookies.

Tim acquiesça avec enthousiasme.

« D'accord ! »

Se levant pour partir chercher Shun, Tim leva les yeux au ciel face à l'air détendu de son aîné. Il savait très bien que Richard avait tout fait pour le détourner de la conversation précédente. Il ne comprenait juste pas pourquoi tout le monde semblait si dérangé par ses questions sur l'anatomie et la grossesse de Shun. N'était-ce pas le minimum à savoir ?

Secouant la tête, Tim laissa Dick croire qu'il jouait le jeu. Après tout, Shun lui avait déjà promis de lui expliquer plus tard, et il avait vraiment envie de déguster ses cookies préférés.

Ce fut l'odeur alléchante de biscuits fraîchement sortis du four qui attira Bruce dans la cuisine. Il venait à peine de revenir d'une réunion et l'odeur flottait dans tous les couloirs du manoir. Il s'attendait à voir Alfred, mais ce fut Shun qui façonnait les gourmandises si tentantes tandis que Tim aidait en s'occupant du glaçage.

Voilà qui était définitivement nouveau.

Bruce regarde avec fascination les mouvements doux de Shun qui se déplaçait avec confiance entre le four et le plan de travail. Il était impossible de rater son ventre saillant, surtout avec son dandinement de plus en plus présent.

Tim, entièrement concentré sur ses propres gestes, décorait méticuleusement les biscuits. Bruce ne put s'empêcher de sourire à cette vue, appréciant le fait que Tim agissait enfin comme un enfant de son âge. Puis leur rire remplit l'air alors que Shun arrivait à amuser Tim avec une tentative de givrage ratée qu'il venait volontairement de faire. Immédiatement après, Tim reprit ses glaçages de façon plus détendu, relâchant légèrement la minutie qu'il avait tant voulu mettre sur ses créations. Le cœur de Bruce se gonfla de soulagement et d'appréciation face à ces interactions. Shun prenait vraiment soin de ses garçons. Autant physiquement que psychiquement.

Au bout d'un moment, Shun remarqua sa présence et l'invita à les rejoindre. Bruce, Bruce hésita un instant, se sentant à la fois dépaysé et captivé par la présence rayonnante de Shun. Alors il s'approcha.

Shun lui plaça poche pleine de glaçage dans sa main et Bruce regarda l'objet décontenancé. Avec des mouvements incertains, il tenta de reproduire la technique de glaçage qu'il avait vu Tim faire. Malheureusement, il appuya trop fort, provoquant l'éclatement de la poche et finit recouvert d'une pluie de glaçage.

Tim figea, ne sachant pas comment réagir. Mais le rire contagieux de Shun brisa la tension.

« Je vais vous montrer comment faire », annonça Shun en tendant la main pour prendre la main de Bruce qui tenait toujours la poche de glaçage. « Il faut prendre son temps et appuyer doucement », lui expliqua Shun en lui faisant une démonstration.

Bruce ignora de son mieux la sensation de chaleur qui se répandit dans sa poitrine avec cette soudaine proximité.

Inconscient de tout cela, Shun répéta sa démonstration pour s'assurer que son patron avait bien compris. Cependant toute l'attention de Bruce était centrée sur leurs mains toujours liées. Sans pouvoir s'en empêcher, Bruce laissa son pouce frotter doucement la main de Shun et sourit lorsque le gouvernant laissa échapper un souffle frissonnant.

« Monsieur ? » l'interrogea Shun avec confusion et un léger rougissement.

« Bruce. Appelle-moi Bruce et cesse de me vouvoyer », décida Bruce en lâcha enfin la main de Shun.

S'éloignant légèrement du gouvernant, Bruce se remit à la tâche de la décoration des biscuits, comme si rien d'inhabituel s'était déroulé.

Ce fut alors Shun qui se retrouva nerveux chaque fois qu'il croisait le regard de Bruce, tandis que ce dernier semblait tout à fait à l'aise à ses côtés.

Comme pour se persuader qu'il n'avait pas rêvé Shun se piqua le ventre, recevant presque immédiatement un coup de pied en retour. C'était un développement récent qu'il avait rapidement remarqué : l'un des bébés n'aimait pas les 'interférences' et renvoyait les 'coups'.

Alors qu'ils étaient tous les trois absorbés dans leur tâche, Tim interrompit soudainement le silence.

« Shun, comment as-tu fait pour avoir des bébés ? » demanda-t-il, les yeux brillants d'une curiosité innocente.

Bruce toussa légèrement, essayant de cacher son embarras et fit semblant d'être entièrement captivé par le glaçage qu'il venait de poser.

Levant les yeux au plafond, Shun prit une inspiration profonde et rassembla son courage.

« Je pense que c'est une discussion que nous devrions avoir avec tes frères présents. Que dirais-tu de la faire une fois que nous aurons fini avec les biscuits ? »

Tim hocha la tête, apparemment satisfait, et se remit à l'ouvrage.

Shun ne fut nullement surpris quand monsieur Wayne -non c'est Bruce maintenant- prétexta un travail urgent en retard et s'enfuit de la pièce dès que le dernier biscuit reçut son glaçage.

Quand ils finirent enfin assez de biscuits pour tenir au moins une semaine, Shun essuya ses mains sur son tablier et se tourna vers Tim qui s'affairait à l'aider à nettoyer les dernières traces de pâte à biscuits.

« Tim, pourrais-tu aller chercher tes frères ? Je vais préparer du thé et nous pourrons dégouter nos biscuits. »

Tim acquiesça avec enthousiasme et partit en courant à la recherche de Richard et Jason.

Pendant ce temps, Shun prit soin de préparer le thé, ajoutant une généreuse dose de miel et une touche de citron à sa tasse, satisfaisant ainsi l'une de ses fortes envies du moment.

Quelques instants plus tard, les trois garçons arrivèrent dans la cuisine. Les yeux de Dick et de Jason s'illuminèrent à la vue des biscuits soigneusement disposés sur la table, et ils se précipitèrent pour s'asseoir sur le banc, impatients de se régaler, suivis de près par Tim.

« Merci pour les biscuits ! » s'exclama Dick, attrapant un biscuit et le croquant avec délice.

Shun sourit et distribua les tasses de thé. Après avoir veillé à ce que chacun ait sa part de gourmandise, il s'installa à côté d'eux. Il se versa une grande quantité de miel sur ses biscuits, faisant grimacer Jason, car les biscuits étaient déjà très bons et sucrés.

« Tim m'a posé une question très intéressante », déclara Shun en prenant une gorgée de son thé chaud. « Il semble qu'il soit temps de parler de certaines choses. Comme d'où viennent les bébés. »

Jason faillit s'étouffer après sa bouchée. Le biscuit ne passait pas. Tim lui tapa fortement le dos avec un plaisir quelque peu mesquin pour l'aider, tandis que Dick regardait son assiette avec une mine trahie. Ils étaient tombés dans un piège !

« Il est important que vous sachiez ces choses de base- »

« Je le sais déjà ! » le coupa avec vigueur Jason.

Shun leva un sourcil face à cette impolitesse.

« Alors, dis-moi, Jason, d'où viennent les bébés ? »

Jason se décomposa. Il jeta un regard paniqué vers Dick, mais ce dernier regardait scrupuleusement la table pour éviter d'être pris dans le vif du sujet.

« Quand un homme et une femme passent beaucoup de temps ensemble, surtout la nuit, ils fabriquent un bébé. »

Jason donnait l'impression d'avoir été torturé pour prononcer ces mots tellement il semblait pâle. Shun sirota tranquillement son thé, étirant le silence tendu qui avait pris place.

« C'est une bonne approche », dit finalement Shun en déposant sa tasse pour mordre dans un biscuit.

Jason et Richard se détendirent.

« Cependant, il y a bien plus que cela. Tu es un adolescent », Shun appuya son regard vers Dick, « et vous des préadolescents », cette fois son regard parcouru Jason et Tim. « Il est temps que vous sachiez les changements qui vont survenir dans votre corps ces prochaines années, ainsi que la base des interactions humaines. »

Dick eut envie de se frapper la tête sur la table. Que quelqu'un le réveil de ce cauchemar. Ce fut absolument mortifiant quand Shun leur parla d'amour, que deux personnes du même sexe pouvaient être en couple et des réactions corporelles. Autant, il avait enfin des réponses aux questions qu'il n'aurait jamais osé poser à Bruce et autant, il savait qu'il aurait beaucoup de mal à regarder les autres membres de la Young Justice dans les yeux sans rougir ces prochains jours.

Puis Shun aborda des sujets comme le respect de soi et des autres, la communication, les limites et le consentement. Les adolescents écoutèrent attentivement, comme reconnaissant l'importance de ces leçons.

« Mais toi, comment tu as fait pour avoir des bébés ? » demanda Jason à la fin des explications. Il ne perdait pas le nord.

« Ah, ça. » Shun fredonna, nullement perturbé par la question. « Il semble que ce soit une particularité que je doive à certains de mes ancêtres qui étaient Atlantes. Qui savait que certains d'entre eux pouvaient être hermaphrodites ? »

Un bruit sourd retentit et tous se tournèrent vers Dick qui s'était véritablement cogné la tête contre la table.

« Pourquoi moi ? » gémit-il alors que son esprit faisait déjà plein de scénarii en se demandant si Kaldur'ahm avait hérité de ce trait.

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« À quel point sont-ils traumatisés ? »

Bruce ne prit pas la peine de lever les yeux des documents qu'il parcourait alors que la porte s'ouvrait. Il avait reconnu la démarche dandinante dès que la porte s'était ouverte.

Shun leva les yeux vers le plafond, soupirant intérieurement face aux élans dramatiques de cette famille.

« Mes explications n'étaient pas détaillées. C'était juste assez pour leur permettre de mieux comprendre les enjeux de la puberté, et éviter des 'problèmes' quand ils seront assez grands pour se mettre e, couple. »

« Ils ne se mettront jamais en couple », s'insurgea Bruce avec protection. Il n'y avait personne d'assez digne pour avoir l'honneur de sortir un jour avec ses enfants.

Il leva les yeux, puis se figea devant la légère tension qui crispait le visage de Shun. Le cœur de Bruce manqua un battement. Il se racla la gorge, essayant de trouver les bons mots.

« Shun, assieds-toi. Je voudrais te parler de quelque chose d'important. »

Shun s'assit, son regard fixé sur Bruce, son expression mêlant curiosité et incertitude.

« Je sais que nous avons eu notre part de malentendus », commença Bruce, sa voix pleine de sincérité. "Mais je voulais t'offrir quelque chose ; quelque chose qui, je l'espère, te procurera sécurité et tranquillité d'esprit. »

Les sourcils de Shun se froncèrent légèrement, sa confusion grandissante.

« J'aimerais que tu envisages de rester ici, au manoir, même après la naissance des enfants », continua Bruce, ses paroles mesurées et sérieuses. « Tu es devenue une partie intégrante de nos vies. Tu pourrais continuer comme gouvernant si tu le souhaites, ou si tu décides d'explorer d'autres opportunités de carrière à Gotham, je veillerai à aider tes démarches et ce que tu gardes toujours une chambre ici, si tu le souhaites. »

Les yeux de Shun s'écarquillèrent de surprise, ses pensées tourbillonnantes. Il posa l'une de ses mains sur son ventre et fut récompensé par un coup de pied rapide en retour, le faisant grogner.

« Je ne peux pas imposer comme ça, » dit-il finalement, sa voix remplie d'une touche d'hésitation, car il ne voulait pas froisser son patron. « J'apprécie cette gentillesse, mais c'est trop. »

Bruce se pencha en avant, son regard intense et inébranlable.

« Shun, s'il te plaît, ce n'est pas une imposition. Le manoir est vaste, et ce serait un honneur pour nous de vous avoir ici, toi et les enfants. »

Le regard de Shun s'adoucit. Il était profondément touché par les paroles de Bruce, mais aussi déconcerté. Que gagnait son patron avec ce genre de proposition ?

« C'est beaucoup », répéta Shun, les yeux brillants, mais ne voulant pas perdre contenance. « J'ai besoin de temps pour y réfléchir. »

Quand Shun quitta le grand bureau, il eut l'impression de flotter. Son avenir devenait soudainement si lumineux. Il ne pouvait empêcher son cœur de s'emballer sachant qu'il avait non seulement trouvé un lieu de refuge, mais aussi des personnes qui se préoccupaient véritablement de lui et de ses enfants à naitre.

Ayant le reste de la soirée libre, il alla péniblement jusqu'à sa chambre en maugréant contre les escaliers et se dirigea vers sa salle de bain attenante. Il n'avait qu'une envie : se laisser aller dans un bain relaxant pour apaiser la fatigue et les tensions de ces dernières heures. Son dos et ses pieds lui faisaient vivre un vrai calvaire après être resté debout si longtemps.

Il remplit la baignoire d'eau tiède, laissant la vapeur monter et remplir la pièce.

Il commença à enlever ses vêtements et se contenta de les pousser du pied dans le coin, car il n'y avait aucune chance qu'il puisse se pencher pour les ramasser. Il demandera de l'aide à Alfred plus tard.

Conscient de son ventre, il se glissa doucement dans la baignoire grâce à la barre d'équilibre et soupira alors que l'eau et la mousse l'enveloppèrent.

À sept mois de grossesse, ses jumeaux savaient certainement comment se dégourdir les membres, frappant ses reins, ses côtes ou n'importe quel organe se trouvant à leur portée. Au mois maintenant ils étaient tranquilles.

Le poids de sa grossesse pesait de plus en plus sur lui, tant physiquement qu'émotionnèrent. Il lui était de plus en plus difficile de rester de marbre à certains moments. Shun ferma les yeux, essayant de trouver du réconfort dans le calme du moment, mais son esprit était un tourbillon de pensées et d'émotions contradictoires. Richard, Jason et Tim s'étaient taillé une place spéciale dans son cœur, leur rire et leur innocence apportant de la lumière dans sa vie même dans les jours les plus sombres. Maintenant, il se sentait tout aussi responsable envers ses enfants à naitre, qu'envers les trois jeunes garçons qu'il avait appris à aimer.

L'invitation à rester au manoir l'avait pris par surprise, mais il ne pouvait nier l'attrait d'un environnement aussi stable et favorable.

Alors que l'eau chaude opéra sa magie en apaisant ses muscles endoloris, Shun s'autorisa à se détendre complètement. Fermant les yeux, il laissa son esprit vagabonder, imaginant les rires et la joie qui pourraient remplir les couloirs et les jardins tandis que les enfants Wayne et les siens grandissaient ensemble protégés du monde extérieur et du Sanctuaire.

Pourtant, Shun ne pouvait s'empêcher de ressentir un sentiment de culpabilité l'envahir. Culpabilité pour les moments de faiblesse où ses émotions menaçaient de déborder, culpabilité pour les fardeaux qu'il portait de son passé. Il avait toujours été celui laissé pour compte, abandonnée par ceux qui lui tenaient le plus à cœur. D'abord par Ikki, qui ne revenait qu'en temps de crise, puis par son ex-amant, dont les promesses d'amour étaient devenues poussière. Est-ce que sa vie ici pourrait vraiment fonctionner sur le long terme ?

Shun prit une profonde inspiration, essayant de repousser ses pensées négatives. Les paroles de monsieur Wayne résonnaient dans son esprit, lui rappelant qu'il n'était pas seul, qu'il avait une place ici au manoir. Un endroit où il était écouté, où il avait sa place.

Avec un profond soupir contentement, Shun frotta d'un air endormi la peau trop tendue de son ventre. L'un des bébés se pressa directement contre sa paume en étirant le ventre dans son mouvement. Shun gémit. Il était trop tôt pour que la pause soit finie. Un coup assez fort chasse l'air de ses poumons alors que les jumeaux semblaient se lancer dans un combat l'un contre l'autre.

« Je ne sais pas si ce sont les gènes d'Aiola ou ceux qui ont transformé Ikki en furie, mais si vous ne vous comportez pas, je vais me mettre à chanter », les menaça-t-il faussement, bien conscient que sa voix était loin d'être mélodieuse lorsqu'il s'essayait au chant.

Étrangement les tortillements à l'intérieur de lui se calmèrent.

« Bons petits », les félicita Shun.

Le moment du bain était sacré après tout.

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OoOoO

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Dans les jours qui suivirent, il y eut quelques changements au manoir.

La première était que Bruce semblait faire une priorité de s'assurer que Shun était bien installé et surtout qu'il ne s'épuisait pas. Il avait tenté de faire en sorte que Shun ait plusieurs jours de congé dans la semaine afin de se reposer, mais le gouvernant lui avait carrément fermé la porte au nez à cette annonce. Bruce avait dû le rassurer qu'il pourrait toujours passer du temps avec les enfants, mais qu'à la place des congés, Shun pouvait avoir plus d'heures libres pour éviter un surmenage. Shun n'en avait pas été content, mais il avait accepté face à la réalité de sa fatigue de plus en plus présente.

Le deuxième grand changement fut le déménagement de Shun vers une chambre se trouvant au même étage que le reste de la famille. Même s'il avait fini par véritablement aimer sa précédente chambre, Shun avait été soulagé de ce « déménagement ». Au moins maintenant, il pouvait faire le tour des chambres des garçons pour le mettre au lit, sans avoir à affronter plusieurs escaliers.

Ayant déjà dit 'bonne nuit' à Tim et à Jason, Shun frappa doucement à la porte de la chambre de Richard.

« Dick, puis-je entrer ? »

La porte s'ouvrit et immédiatement Shun repéra l'expression inquiète de l'adolescent avant que ce dernier se reprenne et qu'il lui sourit comme si tout était normal.

« Bonne nuit Shun. Je vais bientôt aller dormir après avoir révisé. À demain », dit rapidement Dick en forçant un ton enjoué.

Mais Shun ne le laissa pas l'écarter si facilement.

« Est-ce que tout va bien ? »

Richard cligna des yeux et sourit.

« Ouais. »

« Et en réalité ? » le relança Shun, nullement dupe, en repoussant les cheveux de Dick qui tombaient sur son visage.

Dick continua à sourire, mais finit par grimacer devant le regard persistant de son gouvernant.

« J'ai juste un concours de maths demain. Si l'équipe gagne, nous allons être qualifiés pour le tournoi national et je suis… Je suis juste un peu nerveux », l'informa-t-il avec hésitation, comme si Shun allait être bouleversé par son aveu.

« C'est normal. Une compétition reste quelque chose d'assez éprouvant pour les nerfs. Quel que soit le résultat, tu as travaillé dur pour te préparer, et je ne doute pas que tu feras de ton mieux. »

« Mais que se passe-t-il si je fais une erreur ? Et si je déconne ? »

« L'erreur est humaine, Dick. Même les personnes les plus qualifiées commettent parfois des erreurs. Ce qui compte, c'est la façon dont tu vas t'adapter et gérer ces moments. »

« Et si je ne suis pas assez bon ? Et si je perds le tournoi ? » paniqua de plus en plus Dick. « C'est juste… Je ne veux décevoir personne, surtout pas Bruce. »

Shun s'assit à côté de lui sur le lit, puis ouvrit les bras. Richard se pencha avec lenteur, comme peu sûr de ce qui allait se passer. Il poussa un couinement lorsque Shun l'enveloppa dans un câlin aussi serré qu'il le pouvait avec son ventre arrondi. D'abord tendu, Dick commença à se blottir progressivement. Il se pencha plus sur Shun, sentant le confort et la tendresse qui lui manquaient depuis le décès de ses parents, et soupira joyeusement.

« Je comprends ton inquiétude, mais tu dois te rappeler que Bruce t'aime inconditionnellement, peu importe le résultat d'un concours. Il sera fier de toi que tu gagnes ou non. Malgré son côté affectif constipé, son soutien envers toi reste indéfectible. »

Dick, qui s'était mis à sourire en entendant quelqu'un oser dire que son père était « constipé », se blottit encore plus contre Shun.

« Merci de me le dire. Je ferais de mon mieux quoi qu'il arrive. »

« C'est l'esprit. Maintenant, repose-toi, et demain, montre-leur de quoi tu es capable ! »

Dick hocha la tête et s'éloigna avec quelque regret de Shun.

« Bonne nuit, Dick », lui dit Shun en l'embrassant sur le sommet de la tête.

Dick se figea face à cette affection avant de sourire plus largement.

« Bonne nuit, Shun. »

Alors que Shun quitta la pièce, il poussa un profond soupir. C'était Bruce qui aurait dû avoir cette discussion avec son fils bouleversé. L'homme était-il seulement conscient de la pression dans laquelle s'enfermait Richard ?

Mis à part le rassurer, Shun savait qu'il ne pouvait vraiment pas faire grand-chose pour Dick. C'était à son père de faire ses preuves.

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OoOoO

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Lorsque la porte de la bibliothèque s'ouvrit bien plus tard dans la soirée et que Bruce entra dans la pièce, Shun somnolait sur le canapé. En se redressant, Shun dévisagea son patron, remarquant son air fatigué. À croire que cet homme ne dormait jamais assez.

« Doit-on reporter à demain ? » demanda-t-il avec sollicitude.

Bruce secoua la tête avec lassitude.

« Bonsoir, Shun », dit-il en venant la rejoindre et en s'asseyant sur l'un des fauteuils face au canapé.

Le troisième changement majeur survenu dans le manoir était que Bruce se faisait un devoir d'assister tous les soirs à une rencontre avec Shun afin de se tenir à jour concernant ses enfants.

« Bonsoir, M. Wayne », répondit Shun en bâillant. Son patron était bien en retard ce soir. Normalement, il aurait déjà été au lit à cette heure-ci.

« Bruce », répondit automatiquement ce dernier.

« Bonsoir Bruce. »

Bruce hocha la tête en souriant d'approbation. Puis il se mit à fixer le gouvernant pendant un long moment.

Shun se retint de se tortiller en se demandant ce que son patron voyait.

« Est-ce que j'ai quelque chose sur le visage ? »

Bruce secoua la tête et préféra se diriger vers un autre sujet. Il se concentra alors sur un point qui le préoccupait toujours : ces enfants.

« Est-ce que les garçons ont été sages ? »

Shun lui sourit immédiatement.

« Aussi calme que toujours. Le manoir serait bien trop silencieux sans leurs tribulations. »

Bruce pencha la tête en arrière contre le dossier, levant une main lasse pour se frotter le front.

« Quand ils sont avec moi, ils ne se comportent jamais ainsi. Je crois que ne suis pas bon avec les adolescents. Ce matin, Richard ne m'a pas dit bonjour. »

Et c'était justement la première chose qui avait alerté Shun que quelque chose n'allait pas. Dick était toujours le premier à saluer son père -après Alfred, bien sûr- et là, le garçon avait à peine reconnu la présence de Bruce, trop immergé dans ses livres pour réviser.

« Richard est un bon garçon. Il faut être patient avec lui. Et sa compétition compte beaucoup pour lui. »

« Quelle compétition ? » demanda Bruce avec une confusion sincère. Dick participait à tellement de compétition que même lui perdait le compte. « Est-ce un tournoi de gymnastique ou académique ? »

« Académique. Il a un important marathon de mathématiques demain », répondit Shun. « Cela le rend extrêmement nerveux. »

« Il n'a pas à l'être. Richard est bien meilleur », souligna Bruce avec incompréhension. Son fils était toujours au minimum parmi les cinq premiers chaque fois qu'il participait à une compétition. Et même parfois face à des concurrents plus âgés. Richard n'avait donc aucune raison plausible d'être inquiet.

« Richard est un jeune adolescent qui fait de son mieux pour cacher ses doutes. Il est l'ainé d'une famille très médiatisé et sait que l'on attend beaucoup de lui. Il ne viendra pas demander de l'aide ou du soutien, mais cela ne signifie pas qu'il n'en a pas besoin. »

Bruce se crispa, mais hocha la tête face à l'air scandalisé de Shun.

« Et Jason ? » interrogea-t-il.

Shun soupira de nouveau. Il espérait qu'au moins son discours avait été entendu par son patron. Peut-être devrait-il faire un gâteau pour Dick afin de permettre au garçon de décompresser dès qu'il rentrera de sa compétition.

« Jason fait le dur, mais il reste très sensible. Il veut avoir l'impression d'appartenir quelque part, mais il ne sait pas où il s'intègre. Peut-être que tu pourrais essayer de l'aider à se sentir plus chez lui ici ? »

Bruce acquiesça à nouveau.

« Je vais prendre cela en compte. Et Tim ? Il est tellement mature que je ne sais quoi penser. »

« Tim est un enfant intelligent, mais il est aussi très prudent. Il a besoin de contrôler son environnement afin de se sentir en sécurité et ce n'est qu'après qu'il tente de s'ouvrir aux autres sur ses ressentis. Il serait bien passé plus de temps avec lui, de faire des choses qu'il aime pour qu'il s'ouvre à toi », termina Shun en se frottant le ventre.

L'un des bébés lui donnait des coups de pied. Lorsqu'il reporta son attention sur son patron, Shun vit que celui-ci fixait son ventre.

« Je… Je dois y aller », déclara Shun en rougissant. Il tenta de se relever, mais rien ne se passa.

Immédiatement Bruce se leva pour l'aider, mais Shun écarta les mains tendues vers lui. Il saisit le bras du canapé et tenta un autre essai, sans succès. Pourquoi ce canapé était-il aussi moelleux ?

« Laisse-moi t'aider », proposa à nouveau Bruce.

Shun gémit de frustration, mais s'agrippa quand même aux mains de son patron qui le remit debout avec une facilité déconcertante.

« Je vais finir par bouger comme une baleine échouée », murmura Shun en se dandinant légèrement alors qu'il quittait la bibliothèque.

Bruce se mordit la langue pour ne pas montrer qu'il l'avait entendu et surtout ne pas lui dire à quel point il trouvait cela adorable.

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OoOoO

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Le lendemain, Shun se retrouva fort surpris lorsque Bruce vint le chercher alors que les garçons étaient déjà à l'école.

« Nous sommes attendues aujourd'hui. »

« Pour aller où ? », l'interrogea Shun avec suspicion. Cela lui était étrange de voir son patron dans une tenue décontractée.

Les lèvres de Bruce se contractèrent presque imperceptiblement, ce qui pour lui était un signe d'amusement plutôt évident.

« C'est une surprise », répondit-il en guidant Shun vers une voiture moins tape-à-l'œil qu'Alfred avait garée près de l'entrée.

Comme un parfait gentleman, il l'aida à s'installer. S'assurant que Shun était à l'aise avant de fermer la porte puis de faire le tour de la voiture afin de s'installer derrière le volant. Shun regarda l'action avec confusion, surtout lorsqu'Alfred qui restait au manoir leur fit signe d'au revoir avec un sourire fier.

Le trajet en voiture fut silencieux alors qu'ils traversaient les rues de Gotham City. Enfin, la voiture s'arrêta devant un bâtiment d'apparence semblant assez huppée.

Bruce gara la voiture et sortit rapidement, se précipitant aux côtés de Shun pour l'aider à sortir. Une fois redressé, il lui offrit son bras, et Shun accepta avec gratitude, s'appuyant légèrement contre lui pour ne pas chuter à cause du chemin dallé en pierres anciennes.

Alors qu'ils s'approchaient de l'entrée, une femme se précipita vers eux.

« Monsieur Wayne ! » cria-t-elle, la voix pleine d'admiration. « Quelle agréable surprise de vous voir ici. C'est un honneur de vous avoir dans notre école. »

Shun regarda le bâtiment avec un nouveau regard. C'était donc une école. Y avait-il un problème avec l'un des garçons ?

De son côté, Bruce fit poliment un signe de tête au principal, mais continua à marcher, ne permettant à aucune distraction d'interrompre son objectif.

L'inquiétude que commençait à ressentir Shun se dissipa dès qu'ils arrivèrent près d'un auditorium. Il prit alors le pas, obligeant Bruce à accélérer alors qu'ils entraient dans la salle et s'installaient sur les sièges du fond.

Dick se tenait nerveusement sur l'estrade, attendant le top départ de son concours de mathématiques. Alors que ses yeux balayèrent la pièce, il se figea un instant alors qu'il apercevait Shun et Bruce.

Avant qu'il ne sache comment réagir, Shun le salua de la main, son expression remplie de fierté et d'encouragement, tandis que Bruce lui fit un signe de tête discret. Ressentant un mélange de surprise et de plaisir, Dick sentit sa confiance lui revenir. Il était prêt.

Les yeux fixés sur Dick et son soutien indéfectible, Shun observa avec grande attention cette compétition. C'était la première fois qu'il en voyait une, ainsi que la première fois qu'il entrait dans une école.

La compétition était longue et fastidieuse. Il y avait tellement de chiffres énoncés que sa tête lui tournait, mais Dick se débrouillait remarquablement bien. Bruce se penchait occasionnellement vers lui, lui chuchotant quelques explications quand il remarquait la confusion de Shun. Les seules interruptions qu'ils eurent furent quand Shun eut besoin de faire pipi.

Alors que la compétition touchait à sa fin sur une égalité qui n'allait pas permettre à leur équipe de se qualifier, Dick regarda une fois de plus le public, cherchant à se rassurer. Shun tira sur l'épaule de Bruce jusqu'à ce que celui-ci l'aide à se lever. Dick rayonna de joie quand ils se mirent à l'applaudir. Leurs bravos résonnant dans la salle et rejoignant ceux des autres spectateurs.

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Alfred observait. Il voyait jour après jour les bénéfices que la présence de Shun apportait pour la famille et comment chacun s'accrochait à Shun en retour, que ce soient les enfants que Bruce. Il avait aussi constaté que Shun se détendait plus facilement dans ce cocon familial qui se mettait en place. Alfred se demandait si tous ses protégés avaient remarqué qu'ils changeaient petit à petit, pour le mieux.

Après avoir fini de s'assurer que le manoir était en sécurité, Alfred remonta vers l'étage abritant les chambres de toute la famille. Il dépassa une zone en travaux, là où Bruce avait décidé d'installer un nouvel ascenseur au cas où Shun aurait besoin d'accéder aux étages supérieurs.

Shun avait maugréé, affirmant qu'il n'avait pas besoin d'utiliser l'installation maintenant que sa chambre était au premier étage. Bruce avait juste répliqué que s'il voulait un ascenseur chez lui, alors il y aurait un ascenseur chez lui. C'était assez ironique quand on savait qu'il y avait déjà un ascenseur ici, menant à la Batcave. Shun avait semblé vouloir dire quelque chose, mais avait préféré se taire.

Frappant à la porte de la chambre de Shun et obtenant une réponse, Alfred entra. Sans surprise, Shun était affalé sur un fauteuil, profitant de quelques heures de calme avant le retour des garçons qui étaient à l'école.

« Ce n'est pas grand-chose, mais cela vous aidera à vous relever plus facilement », dit-il d'emblée en tendant une canne finement ouvragée.

« Merci, Alfred », le remercia Shun en prenant le bâton.

Entre son ventre grossissant sans fin et son dandinement de plus en plus prononcé, il avait du mal à garder son équilibre. C'était aussi pour cela qu'il évitait son lit et préférait le fauteuil pour ses siestes. Se relever du lit devenait un défi qu'il préférait éviter.

« Ils sont réveillés », soupira-t-il en retenant une grimace.

Alfred leva un sourcil face à cette étrange remarque puis posa son regard vers le ventre bombé du jeune homme.

« C'est normal qu'ils soient actifs. L'inverse serait préoccupant », lui rappela Alfred, les lèvres légèrement incurvées vers le haut.

Shun rit faiblement en se frottant le ventre de sa main libre. Il déposa la canne contre son siège puis tendit son autre main vers le majordome. Alfred tendit la sienne, persuadé que Shun quémandait son aide pour se relever. C'est pourquoi il resta surpris quand Shun attrapa sa main et la guida pour qu'il la pose sur son ventre. À peine une seconde plus tard, Alfred sentit un puissant mouvement sous sa paume qui le fit sourire.

« Il me reste trois mois et ils sont déjà impatients de pouvoir bouger comme ils le souhaitent. »

Comme pour confirmer ses dires, l'un des jumeaux lui donna un violent coup dans la vessie qui le fit pâlir.

« S'il te plaît, Alfred, aide-moi à me lever. Je dois vraiment aller aux toilettes », demanda Shun en gémissant.

Alfred l'aida promptement et quitta la chambre dès que Shun entra dans sa salle de bain. Dès qu'il fut assez loin, Alfred sortit un ancien téléphone portable d'une des poches de son uniforme et composa l'un des numéros qu'il connaissait par cœur.

« J'ai besoin d'une faveur », annonça-t-il directement quand on interlocuteur répondit.

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OoOoO

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« J'ai apporté de la nourriture. »

Bruce leva les yeux de ses papiers pour voir Shun entrer dans son bureau, la canne qu'il avait depuis une semaine à la main et poussant une desserte de l'autre.

« De la nourriture ? »

« Oui. Tu as manqué l'heure du déjeuner, alors j'ai demandé à Alfred de te préparer un plateau », explique Shun en avançant dans la pièce quand Bruce ne s'insurgea pas de sa présence.

« Ce n'est pas la peine. Je mangerai plus au diner. »

« Non », rejeta immédiatement Shun. Il avait l'impression que Bruce était constamment submergé de paperasse, bien que ça ne devrait pas le surprendre puisque l'homme gérait Wayne's Entreprise.

« Tu donnes l'impression que je ne me nourris pas. »

« C'est le quatrième repas manqué cette semaine et le fait qu'Alfred ne s'en inquiète pas montre une certaine tendance. »

Shun réussit d'une manière ou d'une autre à soulever le plateau et à le déposer devant Bruce sans rien renverser. Les papiers importants ne l'avaient pas fait dévier de son objectif, obligeant Bruce à s'empresser de dégager l'espace.

« Bon appétit. »

« Tu ne vas pas abandonner, n'est-ce pas ? »

Bruce eut sa réponse quand Shun s'installa confortablement sur la chaise face à lui et attendit.

« D'accord, je vais manger », déclara Bruce en prenant les couverts.

S'il pensait que son accord aurait fait partir Shun, il découvrit rapidement que ce n'était pas le cas. Shun le regarda manger comme un faucon. Cela dura de longues minutes, où Bruce eut presque l'impression d'être un enfant se faisant silencieusement réprimander, avant que le jeune homme se détende à nouveau. Bruce plissa les yeux en voyant Shun s'emparer de son dessert -une salade de fruits- et la manger. Il ne dit rien, car la dernière fois que Shun avait été interrompu dans sa quête inconsciente de nourriture -dans une autre assiette que la sienne-, il s'était excusé les larmes aux yeux pour son « vol » de repas. Cela avait été l'un des repas les plus embarrassants qui s'étaient déroulés dans la salle à manger. Bruce, totalement confus, n'avait pu que frotter le dos de Shun pour essayer de le calmer, tandis qu'Alfred le réprimandait joyeusement pour avoir fait pleurer une personne enceinte. Les enfants n'avaient pas été en reste, blâmant leur père comme s'il avait commis l'irréparable. Alors non, même s'il aurait voulu profiter de son dessert, il ne dira rien. Jamais plus, il ne voulait vivre cet embarras.

« Je voulais aussi te parler de Jason. Il ne se sent pas bien », l'averti Shun dès que Bruce posa ses couverts, son repas terminé.

« Qu'est-ce qui ne va pas avec Jason ? Il n'est pas à l'école ? »

« Non. Il a de la fièvre. Alfred l'a vérifié et normalement il ira mieux après s'être reposé. »

« Bien. »

« Bien ? »

Bruce regarda Shun avec incompréhension. Pourquoi répétait-il ce qu'il venait de dire avec autant de doute dans la voix ?

« Jason n'aime pas être seul. Je pense que ce serait mieux s'il avait quelqu'un qui restera à son chevet. »

« Shun, j'apprécie ton inquiétude, mais tu es enceinte de sept mois. Il n'est peut-être pas sûr pour vous de vous exposer à des maladies potentielles. »

Shun fit la moue.

« Je comprends, mais Alfred est occupé. Il doit faire les courses avant d'aller chercher Dick et Tom à la fin de leurs cours. Quel autre choix ai-je ? »

Bruce hésita, prenant en compte les maigres options qu'ils avaient.

« Shun, j'apprécie ton inquiétude pour Jason, et cela signifie beaucoup pour moi. Mais en tant que père, c'est ma responsabilité de prendre soin de lui quand il ne se sent pas bien », se décida-t-il.

Shun soupira, comme non convaincu. Son visage avait une expression peinée qui inquiéta encore plus Bruce.

« Tu ne peux pas risquer des complications à ton stade de grossesse. Surtout si c'est un virus. Je prendrais soin de Jason », lui assura Bruce avec détermination.

Shun hocha la tête et reprit sa canne pour se relever de son siège. Il ramassa la vaisselle et la mit sur la desserte.

« D'accord, je te fais confiance Bruce. »

À peine la porte se referma derrière lui que Shun ne put plus contenir le large sourire satisfait qui marquait ses lèvres. Voilà une bonne chose de faite.

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OoOoO

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Quand Bruce entra dans la chambre de Jason, la pièce est faiblement éclairée. Jason était allongé dans son lit, le front couvert de sueur et le visage rouge de fièvre. Il se tournait et se retournait sans cesse, murmurant de manière incohérente. Si Alfred ne lui avait pas confirmé que Jason irait bien, Bruce s'en serait profondément préoccupé.

Il attrapa un chiffon humide sur la table de chevet et le plaça doucement sur le front de son fils. Les yeux de Jason s'ouvrirent, mais restèrent vitreux et flous.

« Shun... c'est toi ? »

Bruce leva un sourcil, perplexe, mais si cela pouvait soulager l'enfant, il n'y avait rien de mal à jouer le jeu. Il prit place à côté de Jason, feignant un sourire chaleureux.

« Je suis ici pour prendre soin de toi. »

L'esprit délirant, Jason lui fit un sourire tremblant, mais sincère. Bruce se demanda depuis combien de temps il n'avait pas vu Jason agir si chaleureusement envers lui.

« Tu sais, Shun, mon père est... quelque chose d'autre. »

Le cœur de Bruce sauta un battement. Heureusement qu'il n'avait pas laissé Shun aller au chevet du garçon.

« Oh, dis-moi ? » l'encouragea-t-il tout de même, curieux d'entendre les pensées non filtrées de Jason.

« Il est toujours si sérieux et maussade. Un vrai con. Mais je sais qu'il se soucie de moi. Un peu. »

Bruce cacha un petit sourire, touché par ces paroles.

« Je vois. Et qu'en est-il de tes frères ? »

« Ah, Tim. C'est lui le plus intelligent. Il est terriblement doué pour tout aussi. Dick sait comment vous faire sentir mieux, même lorsque vous êtes au plus bas. Mais il est une douleur dans le cul tellement il est tellement extraverti et charmant envers tout le monde. »

Bruce sourit de fierté. Si seulement Jason pouvait être aussi sincère en temps normal.

« Et toi ? » demanda-t-il avec un sourire avant d'ébouriffer doucement les cheveux du plus jeune.

Jason couina un peu face à l'action.

« Moi ? Je suis un ange dans cette maison de fous. »

Bruce lutta pour réprimer le rire sarcastique qui menaçait de lui échapper en entendant cette affirmation.

« Est-ce vrai ? »

Jason hocha mollement la tête avec un sérieux indubitable.

« J'ai entendu Alfred dire qu'avant-hier tu avais volontairement détruit des vases dans l'aile est, près de la bibliothèque où s'était endormi Tim. »

La dispute qui avait suivi avait été mémorable. Jason devint encore plus rouge alors que la fièvre et son embarras se mêlèrent.

« Tim exagère. Il n'avait qu'à ne pas y dormir à dix heures du matin. Il devrait me remercier de l'avoir réveillé. » Il s'arrêta et se mit à regarder vers la porte comme s'il craignait que quelqu'un surgisse. « Ne le dis pas à Alfred. »

Bruce lui adressa un large sourire.

« Je te le promets. »

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A suivre !

Voilà un chapitre bien long (7289 mots). Je n'en voyais plus la fin mais j'adorais écrire leurs interactions embarrassantes.

Selon vous, ça valait le coup ?

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Côté reviews anonymes

Merci à :

AliNoro : J'ai l'impression que chaque nouveau chapitre devient ton préféré (et j'en suis bien fière). J'aime le drama avec une résolution dans le même chapitre car j'ai bien compris que cette fic était un refuge douillet pour certains.

My Mangakats : Alors que penses-tu de cette avancée relationnelle ? Bon après, autant Bruce et Shun se protègent par craintes des relations et ne voient rien. Je vais finir par lancer Alfred sur eux pour leur donner du mon sens, en effet. Big up pour la chute du prestige de Superman (parce qu'il le vaut bien !)

Compso : Heureuse que tu nous rejoigne. J'espère que cette suite est aussi bien que tu l'attendais.

A bientôt !