L'HÉRITAGE NON DÉSIRÉ
Chapitre 1
Cette histoire se déroule immédiatement après le départ du Mandalorien, Din Djarin, et de son petit compagnon, Grogu, de la planète Tatooine, après que Boba Fett y ait restauré l'ordre.
Bordure extérieure, à un parsec de Tatooine
DIN DJARIN
Le Chasseur Naboo ralentit enfin sa course et repassa en vitesse de croisière. Derrière lui, dans l'ancienne baie destinée à un astrodroïde, Din Djarin entendit Grogu rire aux éclats. Lui-même ne put s'empêcher de sourire derrière son casque.
_ Alors, petit ? Tu es content ?
L'enfant roucoula joyeusement. Depuis qu'ils se connaissaient, Din Djarin arrivait de mieux en mieux à comprendre les petits cris, les sons et les roucoulements émis par l'étrange petit être.
_ Dis-moi, que faisons-nous ?
_ Hun ? Fit l'enfant avec une intonation interrogative.
_ Nous pourrions nous diriger vers Nevarro ? Cara Dune et Greef Karga seraient ravis d'apprendre que nous voyageons de nouveau ensemble. Au passage, je pourrais voir s'il y a une nouvelle proie à trouver, avec une prime à la clé.
L'enfant fit un son neutre.
_ En même temps, j'avoue que je m'interroge sur ta présence.
Grogu fit un petit grognement.
_ Non ! Je ne suis pas fâché que tu sois là. J'en suis heureux. Tu sais, je ne pensais plus te revoir. Ça me fait vraiment plaisir.
Le petit poussa un petit pour signifier qu'il était aussi heureux.
_ J'aimerais juste comprendre, continua Din Djarin. Luke Skywalker avait l'air d'un bon maître. Contrairement à Ahsoka Tano, il était prêt à t'entraîner. Pourquoi a-t-il changé d'avis ? L'explication de Peli Motto n'en était pas vraiment une. En y réfléchissant, ce n'est pas surprenant de ça part. Mais, il n'en reste pas moins que ton renvoi par le Jedi fait que je me pose des questions.
_ Hun ?
_ Est-ce qu'il n'était pas content de toi ? Je sais que tu peux être remuant, mais il avait l'air d'être doué de patience et de calme… A-t-il remis en doute tes capacités ?
L'enfant grogna doucement.
_ Je sais que je n'y connais rien, mais moi, je te trouve exceptionnel, petit. Vraiment.
_ Aaah ! Fit joyeusement le petit.
Din Djarin soupira. Il ne savait pas quoi faire. Grogu roucoula de nouveau. Le Mandalorien se tourna un peu pour apercevoir le petit être vert derrière lui.
_ Gaaa ? Demanda l'enfant.
_ Ce serait bien qu'on trouve un vrai moyen de communiquer… commenta le Mandalorien.
L'enfant roucoula doucement.
_ Tu n'as pas l'air de pouvoir parler. Mais, je pourrais peut-être essayer de t'enseigner un autre langage que la langue commune. Le Mando'A est assez complexe. Le Hutt a un vocabulaire très chargé et la prononciation est parfois délicate. Et, pourquoi pas le dialecte des Tuskens ? Il est essentiellement gestuel, assortis de quelques vocalises. Ça pourrait être une idée…
L'enfant roucoula de nouveau.
_ En même temps, peu de personne comprennent les Tuskens. Les gens ont beaucoup de préjugés contre eux et ne font pas d'effort pour les comprendre. Ce serait bien que tu puisses parler avec d'autres personnes… Tu imagines si on arrivait à Mos Eisley et que tu te mettais à raconter à Peli Motto ce que tu avais vu ? Elle en serait bouche-bée et ce ne serait pas un mince exploit que de réussir à la faire taire, fit-il en riant.
Grogu ria de bon cœur.
_ On pourrait commencer par aller vers Gala, à la frontière avec la Bordure Médiane. Cette planète se situe sur l'ancienne route parlementaire. Avant l'Empire, c'était une zone riche sur le plan culturelle. Une fois, j'y suis passé pour chasser une proie. J'ai entendu parler d'une lune artificielle. Officiellement, cette lune fait partie de la Bordure Extérieure, mais elle bénéficie de l'influence de la Bordure Médiane et de l'ancienne voie spatiale. On y trouverait un centre de documentation qui, selon les dires, serait presque aussi fourni que la grande bibliothèque de Coruscant. L'endroit n'ayant qu'une valeur intellectuelle, les pillards ne s'y sont jamais intéressés et ils ne l'ont pas attaqué. On devrait pouvoir y trouver de quoi d'apprendre à communiquer.
Bordure extérieure, Asusoddia, lune artificielle de la planète Gala
DIN DJARIN
Dans les rues d'Asusoddia, le Mandalorien avançait vers le centre de documentation et repérant les lieux et les éventuelles complications. Grogu était sagement installé dans son sac à bandoulière, dissimulé par le pan de sa cape.
Ça lui faisait bizarre de se trouver dans un tel endroit. S'il n'avait pas su qu'il était dans la Bordure Extérieure, il aurait eu un doute. C'était animé, mais ça n'avait pas l'animation des marchés et des bazars qu'il avait été amené à fréquenter dans sa carrière de chasseur de prime. Bien entendu, il avait aperçu quelques boutiques alimentaires et des restaurants plus guindés. Cependant, les conversations de la foule tournaient plus autour du dernier ouvrage rédigé par une Tholothienne et de la pièce de théâtre mise en scène par un Mon Calamari et interprétée par des Nautolans et des Quarrens. Bien que ces trois espèces soient toutes issues des milieux aquatiques, il était bien connu qu'elles avaient du mal à cohabiter, alors de là à jouer un spectacle ensemble…
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Il pénétra dans le centre de documentation. Le bâtiment était immense. Il se dirigea vers un comptoir d'accueil et demanda son chemin à un droïde protocolaire. Il se rendit dans la zone d'apprentissage et fut accueilli par une Mirialane.
_ Peu de visiteurs, de notre centre, se présentent, ici, armés tel que vous l'êtes.
Din Djarin ne répondit rien et suivit la femme. Il était habitué aux questions indiscrètes des gens. Que ce soit parce qu'il était chasseur de prime, étranger ou Mandalorien.
_ Nous voici au rayon de l'apprentissage des formes de communication. Que cherchez-vous précisément, Mandalorien ?
_ Une forme de communication essentiellement non verbale, mais qui pourrait être comprise par un grand nombre.
_ C'est pour comprendre une proie ? Demanda la femme.
De nouveau, Din Djarin ne répondit rien.
_ J'ai beaucoup lu sur les chasseurs de prime. On raconte que les meilleurs sont capables de se mettre à la place de leur gibier et de penser comme lui. Pour anticiper ses réactions. Je m'étais toujours demandée comment cela était possible. J'ai toujours pris les chasseurs pour des êtres sans loi et sans culture. Il semblerait que je me sois trompée… Ainsi donc, vous vous cultivez et vous vous renseignez. On pourrait donc vous classer dans les professions intellectuelles…
Il tourna la tête vers la femme.
_ Navrée, j'ai la fâcheuse tendance à classer et cataloguer tout ce que je voie.
C'était mieux qu'elle pense qu'il soit en chasse, plutôt qu'en recherche pour éduquer un enfant d'une espèce inconnue. Et, elle n'avait pas tout à fait tort. Il aimait connaître les comportements de ses proies.
_ Pourriez-vous m'en dire plus sur ce que vous cherchez ? L'espèce, par exemple ?
Même s'il savait de quelle espèce faisait partie Grogu, il n'en parlerait certainement pas. Il avait suffisamment voyagé pour savoir que cette espèce devait être rare. Et, la rareté attirait l'attention. Ça, il voulait l'éviter.
_ Il comprend le Basique, dit alors le Mandalorien.
_ Il comprend la langue commune, mais il n'utilise pas de vocabulateur ?
Encore une fois, il resta silencieux.
_ Oh ! J'ai compris, dit la femme. Il vous faut seulement interprétation du Basique en langage des signes.
Il ne savait pas que la langue commune pouvait être traduite en langage gestuelle, mais c'était une bonne idée.
_ C'est ce qu'il me faut, répondit-il alors à la femme.
_ Quel format d'apprentissage souhaitez-vous ?
_ Qu'avez-vous à me proposer ? Demanda-t-il, ne sachant pas à quoi elle faisait référence.
_ Nous avons quelques ouvrages imprimés, en provenance du Noyau. Ils sont assez onéreux et encombrants. J'imagine qu'un chasseur a besoin de se mouvoir facilement et ne doit pas être chargé… Je vous propose une tablette d'apprentissage.
La femme lui montra une tablette numérique qu'on pouvait voir dans certaines écoles. L'objet était aplati et devait peser un kilogramme.
_ Autre avantage de ce format et que vous pourrez le réutiliser pour apprendre autre chose. On y télécharge un contenu, pour apprendre une autre langue par exemple. Selon les modèles, vous avez plusieurs capacités de stockage. Vous pouvez ainsi posséder un terminal pour étudier plusieurs domaines.
Ça aussi, c'était une bonne idée. Il choisit une tablette à grande capacité et demanda qu'y soit télécharger un manuel de la langue commune, avec un module vocal et un module d'écriture, et son équivalent langue des signes. Il prit aussi un lexique avec des définitions. La Mirialane s'éclipsa pour préparer sa commande. Din Djarin resta dans le rayon des ouvrages d'apprentissage. Il s'assura que personne ne faisait attention à lui, souleva un peu sa cape et chuchota en direction de Grogu.
_ Qu'en penses-tu, petit ? C'est un bon début, non ?
L'enfant hocha la tête joyeusement.
Deux femmes Twi'leks arrivèrent en papotant. Din Djarin referma alors sa cape.
_ Tu sais ce que tu veux ? Demanda la Twi'lek à la peau verte.
_ Une jolie histoire, avec de gentilles créatures et de beaux paysages, répondit la Twi'lek à la peau bleue. Ma mère m'a dit que c'était important de lire à son enfant, le soir avant de le coucher. Il paraît que ça facilite l'endormissement et l'imagination. Elle m'a aussi dit que ça pouvait donner envie à l'enfant de lire par lui-même pour connaître la suite de l'histoire.
_ Si j'avais su ça pour les miens, je l'aurais fait. C'est si difficile d'apprendre aux petits de lire et écrire ! Se plaignit la Twi'lek verte. Les droïdes enseignants ne font pas preuves d'assez d'entrain pour réveiller la curiosité des enfants.
Le Mandalorien se rapprocha des femmes et parcourut les étagères de livres imprimés, du regard. Il en attrapa un, au hasard, et le feuilleta. Décidément, il avait été bien inspiré en venant ici. Il était venu avec le vague désir d'avoir un support pour apprendre à Grogu à communiquer et il allait partir avec plusieurs excellentes idées. Il posa le livre et en pris un autre, pour le feuilleter à son tour.
_ Votre commande est prête, dit la Mirialane, dans son dos.
Il reposa le livre et pris le sac tendu par la femme.
_ Le paiement se fait à la sortie. Vous faut-il autre chose ?
_ Non merci. Je crois que les deux femmes, là-bas, ont besoin de conseils, dit-il.
_ Merci pour votre vigilance, répondit la conseillère. J'y vais de ce pas. Et, merci d'avoir fréquenté notre établissement. Revenez quand vous voulez.
Din Djarin fit un signe de tête et regarda la femme rejoindre les deux autres. Il se retourna vers les étagères. Un livre d'histoire pour Grogu serait une bonne chose. Mais, quel livre ?
_ Ah ! Fit la Twi'lek bleue, de façon répugnée. Qui voudrait lire des histoires de grenouilles à son enfant ?
_ Quelle drôle d'idée ! Commenta la Twi'lek verte.
« Moi, ça m'intéresse » pensa Din Djarin.
_ Les espèces aquatiques et marécageuses apprécient ce genre d'ouvrage. Vous venez de la planète Ryloth, n'est-ce pas ? N'y a-t-il pas des jungles là-bas ?
_ Des jungles ? S'exclama la Twi'lek bleue.
_ Il y en a quelques-unes, mais elles sont hostiles et remplies d'insectes agressifs et d'amphibiens venimeux, dit la première femme.
_ Personne n'y va jamais, compléta l'autre.
_ Je suis navrée de cette méprise. Je n'ai jamais quitté cette lune. Je ne vois la galaxie qu'à travers ces ouvrages, répondit la Mirialane en désignant les étagères.
_ Ce sont des choses qui arrivent, répondit la Twi'lek verte.
_ Dans ce cas, je peux peut-être vous conseiller autre chose ? Nous avons des livres d'histoires qui se passent dans des mondes chauds et secs. Est-ce plus proche de votre milieu d'origine ?
Les deux clientes opinèrent du chef.
_ Dans ce cas, je vous y conduis.
Les deux Twi'leks approuvèrent. Din Djarin observa la femme bleue poser le livre qui l'avait fait s'exclamer. Il attendit le départ des trois femmes avant de se diriger vers l'étagère. Il prit le bouquin et le feuilleta. C'était une histoire courte sur une grenouille des marais qui rêvait de visiter une planète volcanique.
Grogu remua dans son sac en couinant. Il commençait à perdre patience et voulait sortir. C'était déjà miraculeux qu'il soit resté sage si longtemps.
Din Djarin souleva sa cape. L'enfant n'était clairement pas une créature aquatique : pas d'ouïe, ni de branchie, pas de main ou de pied palmés et il ne semblait pas avoir besoin d'un fort taux d'humidité pour être bien. Il devrait être d'une espèce marécageuse. C'était assez cohérent : de petites griffes, de petites dents de carnassier et une couleur de peau qui pouvait se fondre dans un milieu marécageux. De plus, connaissant ses goûts alimentaires, une histoire de grenouille lui plairait sans aucun doute. Cependant, ce livre-là était trop court.
Presque aussitôt qu'il eut posé le petit livre, Din Djarin aperçut un ouvrage assez épais. C'était un recueil d'histoires courtes et illustrées, pour enfant, dont les protagonistes étaient des serpents, des grenouilles, des lézards, des insectes et des œufs qui ne voulaient pas éclore. Tous au goût, quel que soit le sens du terme, de Grogu.
Le Mandalorien prit le recueil et se dirigea vers la sortie pour payer ses achats.
à suivre
