Hey hey, merci pour vos retours, n'hésitez pas à commenter ça me donne quelques idées.

Bizette

Chapitre V :

Remus, incapable de rester en place, a décidé de voler la vedette à la nuit. Il subtilise sans vergogne le tour de garde de Simeon et Sybille. Ces deux-là, tout sourires, le remercient presque. Ils avaient, semble-t-il, un rendez-vous mystique avec l'au-delà, une séance de nécromancie à ne pas manquer. L'idée de consulter les entrailles d'un porcelet pour deviner l'avenir, ça leur semblait une sortie de premier choix. Remus, lui, trouve ça d'un goût douteux, pour ne pas dire carrément barbare, surtout de la part de Simeon. Professeur de soins… Mais chacun son truc, après tout.

Le compagnon de ronde imposé à Remus, par contre, ne partage pas cette joie spontanée. Lui, c'est plutôt le genre à rentrer tôt dans ses quartiers, passer une soirée tranquille avec sa femme, et ne remettre le nez dehors que pour récolter la rosée sur les plans de géranium dentus à l'aube. Mais quand Remus lui explique que c'est ça ou sombrer dans l'obsession maladive pour la santé de son fils, Neville acquiesce, comprenant le désarroi d'un père.

Ils déambulent donc, Remus et Neville, à travers les couloirs endormis de Poudlard, les élèves étant étrangement calmes cette semaine. Mais nous ne sommes que lundi. Neville, d'habitude si peu bavard, décide de changer les idées de Remus en déblatérant sur ses plantes et ses dernières découvertes en herbologie.

Alors qu'ils longent l'infirmerie, un éclat de rire les arrête. L'horloge affiche 23h24, un lundi soir peu ordinaire. La porte s'ouvre sur une scène pour le moins inattendue : Rebecca coiffée d'un torchon sur la tête, Hermione et John partageant un fou rire sur un lit.

Ruby, en pleine imitation de Minerva avec une exagération théâtrale, lance : « Eh bien, permettez-moi de vous dire, Miss Goldstein, que vous êtes bien sotte si vous pensez pouvoir tricher aussi aisément. Mr. Jordan, retirez votre doigt de votre nez, sinon vous vous retrouverez à nettoyer les écuries des Sombrals avec le Professeur Stern. Sibylle, si jamais je découvre que vous vous adonnez véritablement à la l'ivresse et que vous buvez encore du ponch coco avant vos cours, je vous assure que je serai très tentée de vous arracher ce troisième œil dont vous semblez si fière.» Sa voix nasillarde tranche l'air, un portrait hilarant de la rigueur de McGonagall.

« Ruby, le jour où Minerva te chope, tu es finie. » raille John, un sourire en coin.

« C'est ma performance, un art. Je la double mieux qu'elle-même. » rétorque Ruby, un brin de fierté dans le ton.

Hermione, en retrait, lutte contre son hilarité, sa main peinant à contenir ses rires.

« On est à l'infirmerie ou au Tête de Sanglier ici ? » s'interroge Neville, un sourire amusé flottant sur ses lèvres. Remus, lui, a déjà le regard rivé vers le petit lit isolé au fond.

« Il va bien ?

— Il dort depuis 19h30, repu d'un potage. Il est isolé de toute lumière ou bruits. Sa fièvre a baissé à 38,6. Ton vaccin arrive demain, en hibou express de Sainte-Mangouste » assure Ruby.

« Je peux rester un peu ? » espère Remus.

« Reste avec nous, mais n'approche pas le lit, ou Rebecca t'arrachera ton 3e oeil.» plaisante John, un clin d'œil complice échangé avec sa femme.

« Pas grave, la divination et moi, ça fait deux de toute façon, » se résout Remus, un rire dans la voix.

John, sortant de nulle part un Erlenmeyer rempli, propose : « Une petite bière ? » Trois autres attendent leur sort.

« Allez, juste un, » capitule Remus. « Neville ? »

Neville, l'esprit déjà à mi-chemin entre le devoir et la tentation, accepte : « Si on reprend notre ronde dans 15 minutes. J'aspire à mon lit avant 2h. »

Il s'avance vers le lit, l'œil malicieux. « Fais-moi une place, Madame Snape. » Hermione se décale, son regard lançant des éclairs vers celui qui ose encore se prétendre ami.


Hermione traverse cette semaine comme un fantôme, esquivant chaque regard, chaque question, surtout celles de Severus. Chaque fois qu'il l'interroge, « Ça va ? », elle a envie de se dissoudre. Ses yeux, putain, ces yeux qui la scrutent, comme s'il pouvait voir à travers elle. Elle se noie dans le travail, distribuant des montagnes de devoirs écrits. C'est simple, elle corrige sans cesse, évitant ainsi de penser à autre chose. Une stratégie d'évitement parfaitement orchestrée.

Mais il y a les repas dans la grande salle, un véritable champ de mines. Solution ? Les cuisines, où les elfes de maison deviennent ses compagnons de déjeuner improvisés. Les couloirs des professeurs, normalement un lieu de rencontres fortuites, deviennent un no man's land qu'elle traverse à des moments calculés, quand elle est sûre de n'y croiser âme qui vive.

Hermione avance à grands pas dans les couloirs de Poudlard, mais Peeves, le fléau, n'a pas l'intention de la laisser tranquille. « Alors, professeur Granger, on murmure dans les couloirs que vous avez ensorcelé le cœur du Severus. Faut-il vous appeler Madame Snape maintenant ? » La voix aussi aiguë qu'irritante, résonne dans le couloir vide.

« Tu radottes, Peeves. Tout le monde me l'a déjà faite, celle-là… » Hermione tente de garder son calme, son pas s'accélérant dans l'espoir de semer le poltergeist.

« Mais dis-moi, quand vas-tu enseigner "L'art de conquérir des cœurs de batraciens" ? Il paraît que tu as réussi un tour de maître avec Snape. Quelle potion as-tu donc utilisée ? » Peeves, insatiable, poursuit ses railleries, volant autour d'elle avec une agilité agaçante.

« Déjà mieux, mais franchement, tu ne veux pas aller embêter quelqu'un d'autre ? » Hermione grogne, ses joues rosissant de frustration, alors qu'elle tente d'échapper à cette confrontation.

« Eh, Hermione, j'ai entendu dire que tu étais la nouvelle potion préférée de Severus. Il doit vraiment aimer tes ingrédients ! » Peeves éclate de rire, trouvant son propre humour infiniment divertissant.

Hermione lève les yeux au ciel, son exaspération atteignant des sommets. « Ta créativité en matière de harcèlement laisse à désirer. Trouve-toi un nouveau hobby. » Mais ses paroles semblent n'être qu'un encouragement pour le poltergeist, qui prend un malin plaisir à la titiller davantage.

Les couloirs de Poudlard semblent se rétrécir sous le poids des insinuations de Peeves. Hermione, désormais résolue à trouver refuge auprès du seul être capable de mettre fin à cette torture, songe sérieusement à convaincre le Baron Sanglant de l'accompagner.

« Au moins, avec le Baron, les couloirs retrouveraient un semblant de paix », dit-elle, menaçant Peeves, ce qui semble suffire pour le faire fuir.

« Ta potion doit être spéciale pour capturer le cœur de Snape ! » Crit-il en partant.

« Si seulement il existait une potion pour rendre Peeves muet. », marmonne-t-elle, reprenant sa marche, les échos de la voix de Peeves résonnant encore dans sa tête.

Elle doit trouver une solution, une vraie. Mais elle préfère se réfugier dans son travail, dans les devoirs des élèves, dans la magie des mots et des chiffres sur le papier. C'est là qu'elle trouve un semblant de paix, loin des rumeurs, loin des regards curieux, loin de Severus et loin de Peeves.


Remus débarque dans le ventre de Poudlard, tel un lutin sorti de nulle part, juste derrière Hermione. « The missing bride bonsoir… » balance-t-il, tranchant le silence comme la fourchette dans une tourte de la professeur d'arithmancie.

Elle se retourne d'un bond, ses yeux étincelants de colère. « Remus, tu n'as pas un fils à dorloter, des élèves à surveiller, ou quelqu'un d'autre à emmerder, je suppose ? » Sa voix, saturée de sarcasme, laisse transparaître un fond de fatigue. Son sourire, forcé, ne trompe personne, surtout pas Remus.

Adossé avec désinvolture à un comptoir, il lui rend un regard amusé. « Je suis le dernier des Maraudeurs encore en vie, très chère missing bride. Donc, non. Je m'ennuie prodigieusement.

— Peeves, c'est toi ? Tu as finalement réussi à posséder un être humain ? Félicitations ! » Il n'est pas vexé par la pique, contrairement à ce qu'aurait voulu la Gryffondor.

« Tu rends les choses pires, tu sais. Severus est insupportable en ce moment. » Adopte t-il, un ton plus sérieux, comme s'il cherchait à établir une connexion d'inquiétude mutuelle.

« Et je refuse de porter la responsabilité à propos de mon cher mais néanmoins simple collègue. » Elle a les bras croisés, et affiche une défense impénétrable, son regard défiant Remus de répliquer.

« Ah vraiment ? Si je te répétais ce que Peeves lui a dit ce matin, tu réaliserais à quel point cela te concerne… » Remus lâche, avec un sourcil levé, visiblement intrigué par les tours de Peeves et leur effet sur la positive-attitude d'Hermione.

« Quel est le problème de cette école, franchement ? Vous ne pouvez pas vous occuper de vos culs plutôt que du nôtre ? » Elle est sur le fil du rasoir de l'exaspération, balance ça comme on lance un gant de duel, ses yeux scintillant de frustration pure.

« Du nôtre ? Vous partagez un cul ? La rumeur était donc exacte ?

— Tu sais très bien ce que je veux dire. Me cassez pas les couilles.

— Ô Hermione, je suis un pauvre veuf, épargne mes oreilles de tes vulgarités.

— Le veuvage est une excuse pratique, hein ? Arrête de te cacher derrière. Le jour où tu retrouveras Tonks, prépare-toi à une leçon de morale. » Impitoyable, elle enfonce sa fourchette dans sa tourte comme si elle était l'incarnation de Peeves, Remus, Voldemort et Biggins.

C'est tragique, mais je respire encore. Bref... Tu ne penses pas qu'il faudrait au moins lui clarifier les choses ? Parce qu'il navigue en pleine brume. » Hermione décide que cette petite fouine de loup garou est un ami acceptable pour Severus, mais un vrai boulet pour elle.

« Et alors ? De toute façon, est-il vraiment au courant de la rumeur ? » Hermione hausse les épaules, comme si ça lui passait au-dessus.

« Oh, c'est moi qui le lui ai dit.

— Et qu'a-t-il répondu ? » Hermione, soudain toute ouïe, se penche vers la conversation.

« Ah, tu t'intéresses maintenant ? » Sourit-il plein de malice.

« Remus, coupe court et crache le morceau. » Presse t-elle, son réservoir de patience fuitant.

« Il m'a juste insulté, rien de plus…

— Qu'a-t-il dit

— Qu'il ne fallait pas croire aux rumeurs, blablabla. Que j'étais un doux rêveur, trop porté sur les histoires à l'eau de rose. Il fait l'autruche. Oh, Hermione, rassemble ton courage, ton esprit combatif, ton fier destrier, et va donc délivrer le sombre Prince de son tourment infernal. » Remus achève, un sourire taquin aux lèvres.

« Beau discours, poli jeu de mot. Mais ça ne change rien. Je ne suis pas responsable de ces rumeurs.

— Peut-être, mais c'est toi qui lui fais un grand écart. Alors, vas-y et lance-lui un 'je ne veux pas nourrir la rumeur, bébé » Remus lance l'idée avec un clin d'œil malicieux.

« bébé ? » Hermione lève un sourcil, entre amusement et scepticisme.

« Certainement. Dans ma tête, c'est comme ça que tu l'appelle. » Remus ne peut s'empêcher de rire de son idée.

« Tu vis dans une fantaisie charmante, Remus. » Un sourire se fraye un chemin sur le visage d'Hermione, malgré elle.

« Je suis un phénomène charmant. Toutes les belles-mères m'adulent. Dommage que la mienne soit morte. »


Severus concentre toute son attention sur les retours de la commission concernant son projet de loi pour le Magenmagot. Ce dernier vise à mettre un terme aux malversations et aux pots-de-vin dans le financement des campagnes électorales. Il aurait dû recevoir les retours d'ici deux semaines. Mais Severus est Severus. Il a besoin que ce soit finit pour passer à autre chose. Et dans l'état où il est, Monsieur le Rapporteur pour la loi sur la clarté des financements de campagne électorale de 2008 n'a aucune patiente pour un rédacteur de compte rendu un peu trop lent. Severus, exploitant l'autorité que lui confère son poste à Poudlard, un ordre de merlin et sa grosse voix pour obtenir une dérogation et les recevoir plus tôt. Maintenant il a besoin de ça. Il n'a pas envie de remettre le nez dans ses recherches.

Severus n'a guère l'habitude de délaisser ses recherches en potions, habituellement menées dans son laboratoire jouxtant la salle de cours et sa réserve. Mais dans le labo, il y a le grand tableau d'ardoise, qu'il utilisait jadis pour ses calculs de formules et de dosage. Cependant, l'avènement d'Internet, la découverte de la programmation et l'usage de logiciels de haute précision ont révolutionné ses méthodes de travail.

Il n'est pas dépourvu de compétences en mathématiques, loin de là, mais ses connaissances se bornent à une curiosité naturelle et à l'apprentissage autodidacte, solidifié par une licence en mathématiques obtenue par correspondance dans les années 80. À ses yeux, l'ordinateur surpasse de loin ses capacités, offrant une précision et une efficacité inégalées.

Une potion n'a pas le droit à une grande marge d'erreur.

Ces dernières années, le sanctuaire de Severus, son laboratoire, ne lui appartient plus exclusivement. L'espace est désormais « partagé », en grande partie, avec Hermione. Certes, elle dispose d'un bureau adéquat pour ses cours dans sa propre salle de classe, mais son ambition déborde les limites d'une simple pièce. Elle aspire à un laboratoire dédié à ses expérimentations arithmétiques, un besoin que Minerva, malgré sa compréhension, n'a pu satisfaire.

Face à l'intransigeance de Hermione, refusant d'effacer ses précieux calculs chaque soir pour laisser place aux leçons du jour suivant, Severus, avec sa mansuétude peu coutumière, lui a offert un coin de son territoire, ainsi que l'usage de son tableau délaissé.

Interrogez-le, et jamais il n'admettrait que son laboratoire lui manque. L'absence d'Hermione laisse un vide bien plus pesant que la présence de ses équations sur l'ardoise. Habituellement, le laboratoire vibre d'une atmosphère chaleureuse : Hermione y trône parmi les vapeurs de sa tisane au gingembre, un pot de miel à peine fermé et des shortbread éparpillés, témoins silencieux de longues heures de concentration partagée.

Mais hier soir, dans une tentative voilée de la croiser, Severus a trouvé le laboratoire figé dans le temps : les calculs immuables sur le tableau, la théière égouttée près de l'évier, le miel scellé et aucun shortbread en vue, sans parler de l'absence d'Hermione. Il a attendu, l'œil sur l'horloge, jusqu'à 23 heures.

Depuis quelque temps, le monde magique est en émoi autour d'une découverte intrigante : une variation sur le gène STC2 semble influencer les capacités magiques d'un sorcier. Hermione, toujours à la pointe de l'innovation, a décidé de plonger dans cette question, cherchant à déterminer si l'impact de cette variation génétique sur les pouvoirs d'un individu peut être mesuré précisément. Sa quête sort des sentiers battus de l'arithmancie traditionnelle. Et c'est en grande partie pourquoi Minerva refuse d'agrandir ses quartiers, bien qu'elle ait faillit craquer.

Lorsque Hermione a présenté son projet à Severus, lui demandant de l'espace dans son laboratoire, il répondit ceci : « Tu veux que je te fasse de la place pour que tu cherches des Midi-chloriens ? ». Évidemment, il lui a accordé l'espace demandé, rebaptisant son projet de recherche « la quête des Magie-chloriens » et lui attribuant le surnom de Qui-Gon Jinn. Dans cette dynamique, Severus, de plus en plus impliqué, se plaisait à parler tel Yoda. Comprendre toujours ne peut Hermione, jamais Star Wars elle n'a vu. De cela, choqué est Severus.

La solitude du laboratoire sans Hermione, avec pour seule compagnie les ombres de ses recherches, ne pesait pas du tout sur Severus. Non. Jamais. C'est pas son genre.

Ce n'était pas tant l'absence physique qui le troublait, mais plutôt le silence. Lui qui aime tant le silence, ne le supporte plus dans son labo.

Lorsque Hermione est présente, le bruit de la craie grattant l'ardoise résonne avec l'intensité d'un marteau-piqueur. On assiste parfois au spectacle d'une calculatrice projetée contre le mur dans un accès de colère. Et puis, il y a cette expression particulièrement hermionesque : "Fils de chenille de mercredi de purée de cornemuse". Cela n'a aucun sens. Absolument aucun. Elle lui avait expliqué que l'objectif était de ne pas enseigner aux élèves plus de jurons qu'ils n'en connaissaient déjà.

Et du coup, là, c'est le silence.


Hermione, le cœur battant, retient son souffle derrière le pilier, espérant échapper au regard perçant de Severus. Les couloirs de Poudlard, habituellement si familiers et réconfortants, lui semblent soudain hostiles et imprévisibles. Sa poitrine se soulève rapidement sous l'effet de la panique, tandis qu'elle se maudit intérieurement pour son manque de préparation. Comment avait-elle pu se retrouver dans une telle situation ? Seule, non accompagnée, et à la merci d'un éventuel face-à-face avec lui.

Les pensées d'Hermione s'embrouillent, cherchant désespérément une excuse plausible pour son comportement lundi dernier, qui avait sans doute alimenté les murmures et les regards en coin. Elle aime Poudlard sinon elle n'y serait jamais revenue. Mais, Poudlard, à trop d'oreilles qui trainent et trop d'avis sur tout. Et maintenant, elle était prisonnière de l'un d'eux.

Hermione jette un coup d'œil prudent autour du pilier, ses yeux scrutant la zone pour repérer Snape. Il semble absorbé par un parchemin qu'il vient de sortir de sa robe, ses sourcils froncés en signe de concentration. Saisissant l'occasion, elle fait un pas en arrière, cherchant à s'éclipser discrètement sans attirer son attention.

Cependant, au moment où Hermione commence à reculer, son corps heurte quelque chose – ou plutôt quelqu'un. Ce n'est définitivement pas un mur, la texture est bien trop souple, et il y a une chaleur humaine indéniable. Le cœur d'Hermione s'emballe une nouvelle fois, tandis qu'elle rentre instinctivement la tête dans ses épaules, se préparant au pire. Lorsqu'elle se retourne, ses yeux s'élargissent sous l'effet de la surprise.

Minerva se tient là, les bras croisés, un sourcil arqué dans une expression qui oscille entre l'agacement et l'interrogation. "Oups." lâche Hermione, sa voix teintée d'un mélange de gêne et d'appréhension. Elle cherche désespérément quelque chose à dire, une excuse plausible pour expliquer sa présence précipitée et sa manœuvre d'évasion maladroite. Face à elle, la directrice, dont le regard perçant semble vouloir faire un trou au laser à travers sa tête. Minerva est un sniper. Hermione sait qu'elle doit choisir ses mots avec soin, consciente que la moindre parole pourrait ajouter une couche supplémentaire de merde, au gros tas de merde déjà présent.

« Oups ? Je t'ai connu plus éloquente, Hermione. » La voix de la directrice, teintée d'une légère réprimande, résonne dans le couloir désert. Hermione tente de se reprendre, cherchant désespérément à masquer son embarras par une conversation anodine.

« Minerva ! Comment allez-vous ? Ça fait quelques jours que je ne vous avais pas vu… »

— Étrangement, quand vous jouez à cache-cache dans le château, on vous croise peu, effectivement…

Hermione, se raccroche à la première excuse qui lui vient à l'esprit.

« Oh j'ai juste pas mal de travail avec les élève rien de prémédité, je… »

— 21h dans mon bureau, Hermione. »

La sentence tombe, inéluctable. Elle acquiesce, résignée.

« Bien, Minerva. »

Alors que Minerva s'éloigne, elle réalise pleinement qu'elle est dans la bouse de dragon jusqu'au cou.


Severus déambule dans les couloirs, sa cape noire ondulant derrière lui, se sentant étrangement proche d'Albator dans ces moments. Interrogez-le, et il réfutera avoir jamais visionné cette série. Cependant, une exploration minutieuse de ses souvenirs vous révélerait quelques épisodes visionnés en catimini, tard dans la nuit, après être rentré de missions pour Dumbledore ou Voldemort.

Une petite rafle, une rapide douche, un épisode d'Albator, et allez hop au dodo Annick.

Les torches accrochées aux murs projettent une lumière vacillante qui danse sur son visage, accentuant les traits durs de son expression. Il n'a pas faim, une sensation qui accompagne souvent ses périodes de profonde réflexion ou de frustration. L'idée de courir dans le parc lui traverse l'esprit, mais l'heure avancée et la probabilité élevée de rencontrer des élèves le dissuadent.

Severus déteste les interruptions, surtout celles causées par les élèves, qu'il considère généralement comme des punaises. Une belle grosse floppée de punaise, qu'il ne peut vraiment pas écraser, ça puerait pour lui.

Sa démarche est rapide, presque fébrile, alors qu'il se dirige vers l'infirmerie, non pas poussé par un besoin de soins, mais par le désir —inavoué— de discuter avec Rebecca. Il n'a pas pris le temps de parler avec l'infirmière depuis un moments, malgré les stocks de potions qu'il a préparés pour elle lors de nuits blanches récente.

Severus, dès l'instant où son regard balaie l'intérieur de l'infirmerie, sent une tension s'installer en lui. Le rire clair d'Hermione, mêlé à celui, plus grave, de Lupin, frappe ses oreilles comme un sortilège de confusion. La jalousie, une émotion qui devient bien trop coutumière ces dernier temps, s'insinue en lui avec une aisance déconcertante.

Il traverse l'espace avec une détermination froide, faisant semblant de n'avoir remarqué ni Hermione ni Lupin. Son cœur, qu'il imagine d'ordinaire aussi inébranlable que les murs de Poudlard, se serre douloureusement.

Trouvant refuge dans le bureau désordonné de Ruby, Severus saisit l'occasion pour canaliser son inquiétude en s'attelant à l'ordre ambiant. Il s'emploie à ranger et à trier, remplissant les étagères avec une minutie qui confine à l'obsession. Néanmoins, son esprit vagabonde loin de cette tâche, captivé par la scène qui se déroule derrière la glace sans tain. Hermione, Lupin, et Teddy s'y affichent dans une composition qui ressemble à un tableau de famille, une scène à laquelle il se sent étranger. Il se convainc qu'il doit cesser de nourrir des sentiments pour les femmes d'autrui, c'est d'un ridicule consommé.

L'arrivée soudaine de Ruby par la cheminée ne parvient pas à le détourner de ses pensées. « Je ne m'attendais pas à te voir. Besoin de quelque chose ? » demande-t-elle, en se débarrassant de la poussière sur son tablier. Le regard de Severus dérive de nouveau vers la glace, où le trio continue de rire. Dans leur bonheur simple il ne voit que ses propres insécurités.

« Non, je devrais y aller. »

Il claque la porte derrière lui avec un peu plus de force qu'il ne l'aurait voulu. Chaque pas l'éloigne physiquement de l'infirmerie, mais ses pensées restent bien coller à sa semelle.

« Bordel. » marmonne-t-il à l'encontre de sa propre personne. Severus est bien conscient de ses réalisations, de sa position respectée au sein de la communauté magique. Maître de potion de grade 6, enseignant chercheur renommé, membre influent du Magenmagot... Son expertise s'étend bien au-delà du simple domaine des potion, englobant la défense contre les forces du mal, ainsi que des connaissances avancées en mathématiques et en chimie moldue. Ces accomplissements ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat d'années de dévouement, de sacrifices et d'une discipline de fer.

Et pourtant, malgré toutes ces années à bâtir une forteresse dans sa tête, à se convaincre de l'inutilité des émotions face à la logique et à la raison, il se trouve ébranlé par une simple scène à l'infirmerie. « En une semaine, je perds la boule. » se reproche-t-il, la réalisation de sa propre vulnérabilité le frappant avec une intensité désarmante.

Il se sent idiot, trahi par ses propres sentiments, par cette jalousie qui s'est emparée de lui sans avertissement.

« Je suis foutu. » se dit-il, mais pas de la manière dont il l'entend habituellement. D'habitude il se le dit avant de se retenir d'étrangler quelqu'un. Et jusqu'ici, depuis la guerre il n'a étranglé personne. Une preuve de l'existence d'un dieu sur terre.

Non, cette fois-ci, il se dit qu'il a perdu tout bon sens. Oh, il a déjà maté des pépètes, même dragué quelques-unes. Et s'il a réussi à conclure, c'est essentiellement parce qu'il savait très bien que ces femmes ne voulaient pas de lui plus qu'une nuit. Mais une femme qu'il respecte, qu'il trouve intelligente, et belle. Il n'en a pas rencontré des tas. Ne vous méprenez pas, des hommes qu'il respecte, il en a rencontré encore moins. Ce truc qui gâche tout — en bon égocentrique qu'il est — c'est lorsque ces femmes le considèrent comme un être humain. Pas une foutue machine à tuer, à obéir ou à brasser. Alors là, il est foutu. Lily croyait voir un garçon gentil que la vie avait abîmé. Pire encore, Hermione a l'air de voir un humain abîmé par des humains.

Peut-être était-il amoureux de son ego ? Ce serait plus facile à gérer qu'un autre être humain qui ne veut pas de lui.


Hermione, le cœur lourd et l'esprit tourmenté, les fesses vissées dans le fauteuil en face de celui de la directrice, attend.

« Vous souhaitiez me voir, Minerva ? »

Minerva, le dos droit comme une baguette, la regarde fixement, les yeux brillants d'une lueur qui ne présage rien de bon. Sa voix, lorsqu'elle parle, est teintée d'une déception mêlée d'inquiétude.

« Inutile de tergiverser, Hermione. Quelle est l'origine de ce désordre indescriptible ?

— À quel désordre faites-vous référence exactement ?

— Allons, ne jouons pas à ce jeu. Cela ne te ressemble guère.

— Entre la rumeur de la semaine dernière, tes absences à tes propres cours, ton évitement systématique de la salle des professeurs et de la Grande Salle... Et maintenant, tu prends tes repas avec Winky dans les cuisines ? Sans mentionner cette nouvelle rumeur qui circule. »

Hermione, prise au dépourvu, ne peut s'empêcher de demander :

« Une nouvelle rumeur ?

— Apparemment, toi et Severus avez mis un terme à votre relation. »

Le soupir d'Hermione est presque audible, une expression de lassitude face à l'absurdité de la situation.

« Cela au moins remet certaines choses à leur place. Mais... »

Minerva, cependant, n'est pas du genre à laisser les choses en suspens.

« Pourquoi n'as-tu pas tenté d'en discuter avec lui comme l'adulte que tu sembles être depuis ton onzième anniversaire ? »

— Comment savez-vous que nous n'en avons pas discuté ?

— Parce que tu te retrouves à faire une crise de panique sur des pirates, tu dines avec des elfes de maison, Severus a retiré cinquante points à Serpentard ce matin… Et Remus est venu m'en informer en personne. »

Hermione ne peut s'empêcher de murmurer :

« Ce traître...

— Il a bien fait. La situation atteint des proportions ridicules parce que vous agissez tous deux de manière enfantine, surtout de ta part. Je ne te reprocherai pas ta crise de panique, cela serait injuste. Chacun a ses faiblesses. Mais se livrer à une sorte de jeu de cache-cache depuis cinq jours, c'est indigne de toi.

— Hormis la crise de lundi, je m'occupe de mes cours et de mes rondes.

— Bravo, Hermione. Tu accomplis donc le strict minimum pour lequel tu es rémunérée. Devrais-je te féliciter pour cela ? Est-ce que l'on félicite un poisson de savoir nager ? » L'ironie dans la voix de Minerva la mord.

« Non, effectivement.

— Mais peux-tu m'expliquer pourquoi une simple rumeur enfantine peut vous affecter, toi et Severus, à ce point ? Vous êtes de mes professeurs les plus stables émotionnellement. De vraies pierres tombales. Et ce n'est pas la première fois qu'une rumeur te concerne, que ce soit en tant qu'élève ou en tant que professeur. Pourquoi cette fois-ci tout semble s'effondrer ? Et Severus est dans le même état. Sache que j'ai l'intention de lui parler également. Je suis beaucoup de choses, mais pas injuste. J'attends donc tes explications.

— Je ne sais pas, Minerva. Je... Je regrette profondément ce qui se passe ces derniers jours. Je vais tâcher de me reprendre. Veuillez accepter mes excuses les plus sincères.

— Hermione, je vais être tout à fait directe avec toi. Il est impératif que tu résolves cette situation. Si Severus atteint son point de rupture, c'est tout Poudlard qui prend feu. Ce mois-ci a déjà été suffisamment chaotique : entre John qui néglige ses responsabilités pour se consacrer à son mariage, Rebecca qui transforme l'infirmerie en un semblant de taverne — et ne prétends pas ignorer de quoi je parle —, Siméon qui s'adonne à la nécromancie avec Sybille, en violation totale des lois de Grande-Bretagne. Sans parler des problèmes d'alcoolisme de Sybille, de Remus qui surréagit pour un cas de varicelle, de Penelope et Neville qui sont pratiquement absents, sans oublier Aurora qui menace de démissionner à la moindre demande. Penses-tu vraiment que j'ai que cela à faire, de jouer les thérapeutes de couple entre toi et Severus ? Quelle sera la prochaine étape ? Miss Teigne qui revient d'entre les morts ? Est-il envisageable que le corps enseignant commence à agir avec la maturité attendue de leur part, plutôt que comme des élèves ?

— Mais, Minerva... Severus et moi ne sommes pas un couple.

— Plait-il ? »