Chapitre 1 :

Rituel

Assis dans son lit miteux de Privet Drive, Harry attendait nerveusement, impatiemment. Il était installé dans le coin du mur, les jambes ramenés contre sa poitrine, le front enfoncé dans ses genoux alors qu'il se balançait légèrement. Il faisait nuit noire et il pleuvait à torrent, plongeant la pièce dans une obscurité totale. Et il attendait, le temps semblant avoir volontairement ralentis pour attiser un peu plus sa frénésie et sa nervosité intérieure. Il sentait cette colère qui ne le quittait plus bouillonner sous sa peau, lui donnant envie de frapper quelque chose, de tout casser, de hurler à pleins poumons. Presque deux semaines, deux semaines que Sirius était mort dans cette débâcle au Ministère. Sirius était mort, son parrain était mort, sa famille était morte et ses espoirs avec. Sirius était parti et depuis, il se sentait imploser et exploser tout à la fois.

Il était furieux, furieux contre lui même, contre sa stupidité, son impulsivité, contre sa naïveté. Par sa faute, Sirius était mort et il avait perdu ce qu'il avait de plus précieux. Depuis cette horreur, il s'était senti s'effondrer complètement. Sirius incarnait tout pour lui : quelqu'un qui se battait pour lui, qui l'aimait, qui le protégeait, qui l'écoutait, qui le conseillait... Sirius était son espoir de famille de parent, d'un avenir dans un véritable foyer, d'une échappatoire aux Dursley. Et il était mort par sa faute. Mais s'il était furieux contre lui même, il l'était encore plus contre d'autres. Contre l'Ordre d'abord, pour l'avoir tenu à l'écart, pour ne lui avoir rien dit, rien enseigné. On s'attendait à ce qu'il combatte Voldemort, à ce qu'il le tue, à ce qu'il fasse la guerre mais on ne lui disait rien, ne lui expliquait rien, ne lui apprenait rien et c'était aussi une raison de ce gâchis. Mais surtout, surtout il était en rage contre Dumbledore. Dumbledore qui lui aussi l'avait tenu à l'écart et n'avait rien fait pour le préparer à ce qui l'attendait. Il était le premier à l'envoyer contre Voldemort et le premier à ne rien faire pour lui apprendre ce qu'il avait évidemment besoin de savoir.

Dumbledore. Il ne pouvait plus voir le vieil homme. Il avait enfin ouvert les yeux. C'était pourtant si évident. L'homme se servait de lui comme d'une gentille petite arme stupide exécutant les ordres quand cela lui plaisait et comme il le disait. Et une arme n'avait pas besoin de savoir quoi que ce soit, ni d'apprendre quoi que ce soit puisqu'on se servait d'elle simplement. C'était ainsi qu'il se sentait maintenant. Comme une arme de l'Ordre, de Dumbledore et de ces hypocrites du monde sorcier, contre Voldemort. Une rage sans nom couvait en lui contre le vieil homme. Il savait pour la Prophétie et il ne lui avait rien dis, il savait pour les manipulations mentales que Voldemort pouvaient lui infliger et il n'avait rien dis. S'il l'avait fait, peut-être n'aurait-il pas fait cette erreur. Il le tenait à l'écart de l'Ordre et des actions menées, lui refusait toute information, soit disant pour que Voldemort n'apprenne rien par lui. Il était devenu suspect pour ses propres alliés à cause de ça. Mais il aurait pu lui apprendre l'occlumencie proprement bien avant, le préparer bien avant. Il y avait tellement de choses que Dumbledore aurait pu et aurait dû faire et qu'il n'avait pas fait. Comme s'opposer à sa participation au tournois, aider Sirius à être innocenté, éviter de cacher des choses comme la Pierre philosophale à l'école, dénoncer Ombrage pour ses tortures, ne pas se sauver en laissant les autres dans les problèmes… Mais non. Dumbledore ne faisait que ce qui l'arrangeait, ce qu'il voulait, comme il le voulait et tant pis pour les dégâts collatéraux. Sirius semblait être cela pour lui : un dégât collatéral. Et pour terminer d'enflammer sa rage, il lui avait refusé d'assister à l'enterrement de son parrain. Cela avait fini de le dévaster alors qu'il avait la sensation de ne pas avoir pu lui dire au revoir correctement.

La mort de Sirius avait été un choc atroce. Un choc qui avait définitivement fait éclater ses illusions, ses œillères, ce qu'il refusait de voir. Sirius avait été sa dernière perte, sa plus grande perte et il n'en n'accepterait plus aucune, jamais. Il en avait assez. Il n'en pouvait plus, tout ça devait s'arrêter, ça ne pouvait plus durer. Cette guerre, ces gens que ce soit Dumbledore, Voldemort, l'Ordre, le monde sorcier, les Dursley… Ils lui avaient tout pris, tout volé, tout caché… Et il avait fallu qu'on lui prenne Sirius pour qu'il s'en rende compte, pour qu'il réalise qu'il fallait que ça s'arrête. Il regardait les choses en face, se forçant à voir ce qu'il n'avait pas voulu voir jusque là. Cette guerre n'était même pas la sienne, il n'était même pas né lorsqu'elle avait commencé. Il n'adhérait vraiment ni à un camps ni à l'autre. Pourquoi serait-ce à lui de se sacrifier, de tout perdre pour résoudre cet enfer ? Ce n'était pas sa responsabilité. Il l'avait cru ces dernières années mais aujourd'hui, il réalisait qu'il avait été habillement poussé pour le croire. Ce n'était pas son problème. Il n'était qu'un adolescent qui peinait à s'en sortir, qui avait déjà tout perdu. Ce n'était pas à lui de régler ça et certainement pas parce qu'une femme avait fait une Prophétie ou que qui que ce soit le disait. Il ne voulait plus de cette guerre, il ne voulait plus se laisser utiliser, se laisser dicter sa conduite. Il n'y avait que trop perdu, il n'avait que trop subi, vu trop de mort, trop de douleur. Cela devait s'arrêter ou il n'y survivrait pas. Et il devait survivre, il devait vivre pour Sirius, pour Cédric, pour ses parents...

Colère, tristesse, frénésie, panique, souffrance… Tout cela le tenaillait depuis près de deux semaines. Il n'avait quasiment pas dormi, quasiment pas mangé. Il se sentait agité, énervé, stressé, instable, martyrisé par les cauchemars, prêt à fondre en larmes et en même temps, il se sentait furieusement déterminé, déterminé à changer tout ça, à faire quelque chose, à devenir son propre maître et à ne plus laisser qui que ce soit se servir de lui, l'utiliser, le prendre pour un idiot. Il voulait se construire une vie, une vraie vie qui lui convenait. Une vie avec une famille, une maison, un métier qui compterait vraiment, être lui et ne plus jamais perdre quoi que ce soit. Si d'un côté, il sentait son esprit et son cœur en vrac, pris dans un désordre cyclonique de sentiments, de pensées, de choses de toutes sortes, d'un autre, tout était clair et limpide. Très vite après la mort de Sirius, il avait su ce qu'il lui restait à faire : s'affranchir de tout ce qui l'avait influencé jusque là et prendre les choses en main, faire les choses comme il l'entendait.

La première chose à laquelle il devait s'attaquer était évidente : son lien abjecte avec Voldemort. Il devait se débarrasser de ça, de son influence, de l'espionnage potentiel et des manipulations que cela représentait. Ensuite, il pourrait réfléchir à comment gérer les choses. Il aurait l'été entier pour décider quoi faire, pour s'organiser. Mais il devait d'abord se débarrasser ce de lien pour que Voldemort ne puisse plus entrer dans son esprit et le manipuler. Il y travaillait depuis déjà un moment. Durant ses deux dernières semaines à Poudlard, il avait passé la presque totalité de ses nuits sous sa cape d'invisibilité dans la réserve de la bibliothèque à chercher un moyen, copiant toutes les pages ou ouvrages potentiellement intéressant. Il avait trouvé bien des choses sur les liens entre deux sorciers, la signification des baguettes jumelles, sur des liens de ce genre mais tout restait assez vague. Paniqué à l'idée de ne pas trouver de solution, il avait sollicité la salle sur demande, se concentrant plus que jamais sur ce qu'il voulait, ce dont-il avait désespérément besoin. Il voulait régler ça, au plus vite, frénétique et obsédé par cette idée, se sentant comme violé, possédé. Cela devait s'arrêter ou il allait devenir fou. La salle lui avait donné un livre, un livre très épais, l'air très ancien qu'il avait passé tout un week-end, nuit incluses, à parcourir.

Le livre n'avait pas d'auteur, juste un sceau complexe en guise de signature. Pas d'éditeur et tellement richement décoré et orné que l'on pouvait se douter que c'était un objet unique et probablement très cher. Il était très épais, assez grand pour un livre et lorsqu'on l'ouvrait, on découvrait qu'il contenait plus de pages qu'il n'y paraissait, peut-être cinq fois plus. Le parcourir avait demandé du temps mais il s'était vite rendu compte que l'ouvrage concernait uniquement les magie de l'esprit. On y parlait légilimancie, occlumencie, empathie, télépathie et tout un tas d'autres choses dont-il n'avait jamais entendu parler. Et il avait trouvé toute une partie parlant des liens entre esprits, des plus simples jusqu'aux plus complexes. Et il avait fini par trouver une catégorie de liens puissant correspondant à ce qu'il vivait avec Voldemort. Cela reprenait leur lien et tout ce qui les connectaient entre ce fameux soir d'Halloween qui avait vu tant de magie puissante, la Prophétie semblant les rapprocher, leurs baguettes jumelles, le lien de sang existant depuis la résurrection au cimetière… L'ouvrage expliquait que l'accumulation de ce genre de choses étaient propices à la création et au développement de ce genre de lien. Un lien qui pouvait se construire tout à fait volontairement en assemblant ces éléments et qui, dans de rares cas comme le sien, pouvaient arriver par accident. La description du livre correspondait parfaitement aussi bien dans la manière dont le lien avait pu se créer que dans ses effets.

Il avait été convaincu d'avoir trouvé la réponse, euphorique en découvrant un peu plus loin des rituels pour créer ou défaire ce genre de lien et dés lors, il s'était plongé dans son étude et y avait consacré tout son temps libre, toutes ses nuits. Il avait repoussé l'idée de faire cela à Poudlard, trop près de Dumbledore qu'il ne voulait plus jamais voir mêlé à ses affaires. Dumbledore voulait l'utiliser contre Voldemort et il soupçonnait qu'il voulait quelque chose de ce lien. Jamais il ne le laisserait se mettre en travers de sa route pour s'en débarrasser. Mais le faire en dehors de Poudlard impliquait un problème majeur : la Trace et l'interdiction de faire de la magie avant dix sept ans. Il avait donc cherché des moyens de se cacher et cela avait été relativement simple en réalité. Les solutions permanentes n'existaient pas mais temporaires, il y en avait en cherchant. Et il y avait des moyens de faire ça en profitant des failles de la Trace pour ne pas être repéré. Il devait gérer la Trace et le fait de ne pas pouvoir utiliser sa baguette. Heureusement, il n'en n'avait pas besoin pour le rituel de rupture du lien et il s'assura de tout préparer pour ne pas avoir à se servir de sa baguette une fois sortit de Poudlard.

Samedi, il était rentré à Privet Drive, bien décidé à réaliser son projet au plus vite, obsédé à l'idée de se débarrasser de ça et de commencer à changer sa pitoyable vie, à reprendre le contrôle. Il avait bien du mal à tenir en place et malgré l'épuisement, une énergie pleine de colère, de détermination, de souffrance, de volonté, de frénésie et de résolution le tenait debout, son esprit focalisé sur son but et rien n'aurait pu le détourner, il avait trop perdu, trop payé, ça devait cesser au plus vite. Il était rentré chez les Dursley, quasiment prêt. Il ne lui restait plus qu'à se procurer certaines choses pour le rituel sur le Chemin de Traverse. Il attendait donc de pouvoir y aller. Les heures coulaient tellement lentement. On était dans la nuit de dimanche à lundi et il s'était promis d'être sur le Chemin à la première heure pour avancer. Il ne cessait donc de regarder l'heure, presque chaque seconde lui semblait-il.

Il en eut finalement assez, se levant d'un bond, ignorant totalement le monde qui tournait autour de lui au mouvement. Mais il se fichait de son état, il avait bien plus important à faire pour le moment et s'il l'avait fait plus tôt, alors peut-être que Sirius serait toujours là. Il ne se reposerait plus sur les autres vu le résultat. Il prendrait les choses en mains lui même dorénavant. Il attrapa le sac qu'il avait préparé, sa malle rétrécie et tout ce dont-il aurait besoin à disposition à l'intérieur. Il était déjà habillé de la seule tenue décente ou presque qu'il possédait : un jean, un tee-shirt et une paire de baskets usés, fatigués, aux mauvaises tailles mais à peu prêt potables. Il passa la grande cape noire qu'il avait prévu pour cacher entièrement son corps et il ajouta sa précieuse cape d'invisibilité par dessus. Il était absolument hors de question que qui que ce soit puisse le reconnaître pour des raisons évidentes. Que ce soit par un partisan de Voldemort qui voulait sa tête, de Dumbledore et de l'Ordre qui l'empêcheraient assurément de faire ce qu'il voulait, ou de la population qui lui causerait des problèmes comme elle savait si bien le faire.

Il prenait donc ses précautions et cela servirait immédiatement pour esquiver l'Ordre qui le surveillait. Il se demandait bien pourquoi d'ailleurs. Cela faisait des années que Dumbledore s'obstinait à dire qu'il était en sécurité derrière les sois-disant barrières de la maison, que personne ne le surveillait. On ne l'avait pas non plus gardé après le retour de Voldemort en conclusion du Tournois. Mais on le surveillait maintenant et il avait comme l'impression que ça n'avait rien à voir avec sa sécurité mais plutôt avec son lien avec le Seigneur des Ténèbres. Parce qu'après tout, il était dangereux maintenant, il se laissait manipuler, il pouvait être possédé par Voldemort et on ne pouvait pas lui faire confiance. De son avis, c'était plus à cause de cela qu'on le surveillait. Pas pour le protéger mais pour le garder à l'œil et l'épier. Mais il ne se laisserait plus faire par Voldemort, qu'on le croit ou non. Dans son état d'esprit actuel, avec sa fureur après la mort de Sirius, il se sentait prêt à donner un véritable uppercut mental au serpent s'il osait encore effleurer son esprit, lui lancer toute sa rage à la figure et plus jamais il ne se laisserait berner par ces visions. Ce qu'il aurait fait si seulement on lui avait dit que Voldemort pouvait lui montrer ce qu'il voulait à travers le lien.

Habillé, il vérifia que sa besace magique était bien cachée sous ses capes et que rien ne dépasserait, allumant un instant la lumière qui agressa ses yeux pour s'assurer que tout était bien dans le miroir fendu qu'il avait. Satisfait, il sortit une clef de son sac. Une clef issue d'un sort. Il en avait préparé plusieurs au cas où. À usage unique, elles agissaient comme un alohomora pour ouvrir une porte. Lorsqu'il avait découvert ce sort simple, il s'était dit qu'il fallait vraiment qu'il ouvre plus souvent des livres. Il devait en savoir plus, devenir meilleur et travailler dur pour changer tout ça, pour ne plus être l'ignare qu'il était. Il était bon en défense, pour l'école seulement, il l'avait réalisé comme il avait réalisé qu'il ne savait rien en réalité, qu'il ne savait pas faire grand-chose en magie. Il s'était juré que ça changerait.

Il posa la clef contre le bois de la porte comme pour ouvrir une serrure et elle se mit à briller doucement. Il entendit nettement les cadenas s'ouvrir et tomber de l'autre côté, relâchant son souffle bloqué dans l'attente d'une réussite ou d'un échec. La clef disparut et il ouvrit doucement, délicatement pour ne pas faire de bruit. Il ne perdit pourtant pas de temps, sortant, remettant les cadenas en place pour que les Dursley ne se doutent de rien. Il y avait toujours une période d'une à deux semaines où il était à l'isolement en rentrant, sans presque rien à manger et à boire et un seau en guise de pot de chambre. Les Dursley mettraient des jours à se rendre compte de son absence si jamais il décidait de passer du temps sur le Chemin et lorsqu'ils le constateraient, ils ne s'en préoccuperaient pas loin de là. C'était surtout l'Ordre qu'il devait berner. Il prit donc le chemin de l'arrière de la maison, marchant en silence, sortant discrètement. Il avait observé l'Ordre. Ils se tenaient surtout et presque exclusivement à l'avant de la maison. Il n'y avait pas de chemin de sortie visible par derrière si on ne connaissait pas les lieux. Et la pluie battante l'aiderait un peu à se cacher alors qu'il sortait dans le noir total du jardin.

Il se mit en route sur le champs, sans hésiter, caché par sa cape sur laquelle l'eau de pluie coulait sans l'imprégner. Il passa par le fond du jardin, passant à travers la haie là où il savait pouvoir le faire pour l'avoir taillé il ne savait combien de fois. Il marcha ainsi dans plusieurs jardins, ressortant finalement de l'autre côté du quartier, arrivant presque en bordure de ville. Il n'eut qu'à traverser encore deux rues pour se retrouver près des terrains vagues dans lesquels il s'engagea sans hésiter. Dés qu'il fut complètement dans le noir et à distance des maisons, il sortit son si précieux éclair de feu de son sac dont l'intérieur était magiquement agrandi. Il l'enfourcha et s'élança haut dans le ciel, ignorant royalement la pluie dont-il s'accommodait facilement. Il prit la direction de Londres, pensant un moment à Hedwige, espérant qu'elle s'était trouvée un abri. Rejoindre la capitale ne fut pas très long et il trouva facilement la zone du Chemin de Traverse, descendant pour se poser dans une ruelle discrète. De toute façon, tout était encore plongé dans le noir total et dans le contexte actuel, il n'y avait jamais grand monde sur l'allée.

Il rangea son balais, remis ses capes en place avant de se mettre en marche, faisant fi de ses jambes tremblantes et faibles. Il se dirigea vers Gringotts qui serait sa première visite. Il devait retirer de l'or pour ses achats. Ensuite, il ferait les magasins aussi vite que possible puis il rejoindrait un hôtel. Il n'avait pas encore décidé lequel. Le Chaudron Baveur était exclu. Trop de passage, trop de présences indiscrètes. Il avait fait des recherches sur un lieu sûr pour le rituel. Il savait que la Trace se déclenchait quand un sorcier mineur utilisait sa baguette ou simplement une baguette, faisait de la magie accidentelle ou qu'une magie puissante quelconque était détectée près d'eux. Le dernier cas ne déclenchait pas d'alerte quand cela se passait dans un lieu magique comme le Chemin considérant toute la magie à l'œuvre dans un tel endroit. C'était pour cela qu'il avait prévu de le faire ici. Il ne ferait pas de magie accidentelle et il n'avait pas l'intention d'utiliser sa baguette. Il avait prévu de quoi brouiller sa signature magique et il savait que tant qu'il ne le faisait pas devant des moldus, l'usage d'objet magique ne déclencherait rien. Donc en théorie, il n'alerterait personne. Cela n'empêchait pas la prudence et il hésitait entre deux hôtels de grand standing dont-il avait entendu parler dans les magasines sorciers à de multiples reprises, réputés pour leurs services et officieusement, pour leur discrétion avec leurs clients. Mais il savait qu'il était imprudent de croire ce genre de choses ainsi désormais. Seulement, il n'avait pas vraiment d'autre choix que de prendre un risque pour cela. Il n'avait aucun autre lieu magique vers lequel se tourner pour brouiller un peu les choses. Il opterait certainement pour celui qui était favorisé par les sangs-purs, probablement plus susceptible de se taire. Non pas qu'il avait l'intention de révéler son identité véritable.

Il réfléchit à la chose, caché dans une ruelle près de la banque alors que le soleil se levant certainement peinait à seulement montrer une lueur grisâtre derrière les nuages et la pluie. Le temps semblait encore une fois rire de lui en passant extrêmement lentement mais le porche de Gringotts finit par s'allumer, première institution à ouvrir. Il retira alors sa cape d'invisibilité à l'abri des regards, la rangeant précieusement, s'assurant que sa seconde cape le cachait bien entièrement lui et surtout son visage. Il l'avait enchanté à Poudlard avec des sorts de dissimulations, des enchantements pour ne pas attirer l'attention et des protections aussi vu le contexte. Il se mit alors en route, grimpant les marches de la banque le pas ferme et rapide alors que son empressement était toujours bien là. Mais cela, il ne s'en rendait même pas compte, focalisé sur son but. Il entra rapidement et se dirigea sans attendre vers un guichet tout en sortant sa clef dorée. Il se planta devant le gobelin se trouvant là, attendant impatiemment qu'il lui accorde son attention. Ce n'était pas le moment de se mettre à dos les gobelins s'il ne voulait pas perdre de temps, ce qu'il ferait en se précipitant ou en s'énervant avec les gobelins. Il attendit donc qu'il relève le regard vers lui avec un vague grognement.

- Bonjour maître gobelin, salua-t-il en s'efforçant de garder une voix neutre.

Il avait tendance à avoir le ton mordant et un peu agressif depuis la mort de Sirius mais il ne pouvait se permettre ça avec les gobelins.

- Je souhaiterais retirer de l'or, coffre 687, dit-il heureux qu'il soit seul dans le hall.

- Très bien, acquiesça le gobelin après avoir rapidement scruté sa clef.

Il la récupéra et la créature le mena jusqu'à l'accès aux coffres, disant quelque chose à l'un des gobelins présent dans leur langue. Celui-ci approuva et se mit en route en lui ordonnant de le suivre, ce qu'il fit sans rechigner. Il prit place dans un wagon, sentant une terrible nausée le prendre dans les presque montagnes russes qu'il fallut prendre pour atteindre son coffre. Mais ils y furent finalement et il lutta un peu pour marcher droit. Il tendit sa clef au gobelin pour qu'il ouvre, ce qu'il fit sans perdre de temps et Harry entra, sortant sa bourse enchantée pour la remplir généreusement alors qu'il lui semblait que l'or de ce coffre ne diminuait jamais. Il ne pouvait que remercier ses parents de lui avoir laissé tout cela, cet or lui assurant de pouvoir faire un départ très confortable dans la vie pour encore bien des années. Il remplissait sa bourse quand une idée lui vint :

- Maître gobelin ? Puis-je poser une question ?

- Faîte, répondit-il abruptement alors qu'il attendait à la porte.

- Puis-je… comment dire, passer un moment en privé dans mon coffre, porte fermée ? J'aurais quelques petites choses à faire.

Le gobelin ne sembla pas une seule seconde surpris ou perturbé par sa demande, l'air même habitué et blasé.

- Cela est possible si vous souhaitez faire un dépôt privé ou poser un enchantement sur votre coffre. Tout enchantement posé par vous relèvera de votre responsabilité et s'il altère les protections et enchantements de Gringotts, la banque rejettera toute responsabilité en cas de problème quelconque.

- Ce n'est pas cela. Je voudrais faire une petite chose en étant assuré d'être à l'abri de regards indiscrets, précisa-t-il. Et j'ai pleinement confiance en Gringotts pour son niveau de sécurité et de discrétion. On dit que même le Ministère ne peut voir ce qu'il se passe ici.

Il valait mieux être assez honnête avec les gobelins. Ils étaient terrifiants et il ne voulait certainement pas s'attirer leurs griefs en faisant une bêtise dans la banque.

- Dans ce cas, sachez que Gringotts loue des salles de pratiques magiques sécurisées, répondit-il sans détour et semblant là encore habitué. Des salles que personne ne peut espionner, que le Ministère lui même ne peut contrôler. Elles sont sous lois gobelines et strictement rien n'en sort, même la pire des magie ne peut y être détectée. Quelque soit vos affaires, vous pourrez les mener dans cette salle sans être inquiété par le Ministère ou qui que ce soit, dit-il en le faisant sourire sous sa cape.

- Quelles sont les conditions ? demanda-t-il.

- Ces salles sont hautement sécurisées. Vous pouvez y pratiquer n'importe quelle magie. Gringotts ne veut rien savoir de ce que vous y faîtes, vous refuse toute assistance, décline toute responsabilité en cas de problème et s'engage à garder le secret de votre passage dans ces salles en échange d'une somme à payer d'avance.

- Quels sont les tarifs ? demanda-t-il très intéressé.

- Mille gallion de l'heure, sourit sournoisement le gobelin.

C'était cher, extrêmement cher mais vu le service, cela le valait. Gringotts devait se faire pas mal d'argent grâce à ça.

- Comment on réserve ? demanda-t-il en mettant plus d'or dans sa bourse.

- Guichet principal. Demandez une réservation de salon d'enchantement.

- Combien de délai ?

- Il y a toujours un salon libre, fit le gobelin.

- Bien. Merci pour ces informations maître gobelin.

Il sortit du coffre, le laissa refermer, récupéra sa clef, reprit place dans le wagon et il fut rapidement de retour au rez de chaussé, remerciant platement le gobelin comme il le faisait toujours. Il se dirigea aussitôt vers le guichet principal, s'assurant que sa cape, qui ne devait pas bouger avec les sorts qu'il y avait mis, n'avait vraiment pas bougé malgré que le hall soit toujours vide. Là encore, il attendit que le gobelin lui accorde son attention :

- Bonjour maître gobelin, salua-t-il tout d'abord. Je voudrais faire une réservation de salon d'enchantement.

- Quand ? Combien de temps ? demanda-t-il sèchement.

- Trois heures, aujourd'hui, à dix heure et demi, répondit-il.

Cela lui laissait le temps de faire ses courses avant et s'il n'avait besoin que d'une heure pour le rituel, mieux valait prévoir un peu plus. Il voulait prendre le temps de bien faire les choses, il n'aurait pas le droit à l'erreur. Et il savait aussi que le rituel pouvait le fatiguer et lui donner un peu mal au crâne. Il préférait donc se donner un temps de récupération au cas où.

- Trois mille gallions, claqua alors le gobelin en prenant des notes. Dois-je prélever dans un coffre ou payez vous en liquide ?

- Coffre 687 s'il vous plaît, répondit-il en sortant sa clef.

Le gobelin lui jeta un bref coup d'œil curieux, sachant probablement à qui appartenait le coffre. Mais il ne dit rien, compléta un parchemin qu'il lui tendit brusquement.

- Vous devez signer ce contrat, fit-il.

Harry prit le document, lisant attentivement, sa méfiance et son manque de confiance désormais net, comme sa prudence. Le parchemin était un contrat court et clair reprenant les conditions énoncées par le gobelin à son coffre, les garanties de sécurités et de dissimulations du salon, le prix, le temps accordé. Le document ne stipulait ni son nom, ni son coffre, le rassurant. Et il y trouva en plus l'obligation de ne pas parler de ce service rendu par la banque aux autorités. Tout était sans ambiguïté et il signa avec la plume magique que le gobelin avait poussé vers lui. Il n'écrivit pas son nom comme il le faisait habituellement, ne voulant pas laisser une trace aussi évidente. Et avec la plume magique, c'était son emprunte magique qui comptait, pas ce qui était écris, une emprunte que seule les parties concernées par le contrat pouvaient vérifier. Il s'était renseigné sur les plumes magique après que Ombrage l'ait torturé avec l'une d'elle, espérant se débarrasser de la cicatrise sur sa main, contrecarrer la plume de sang. Cela n'avait servis à rien mais cela lui avait appris comment elles fonctionnaient dans ce genre de cas.

- Votre code de réservation est « bureau des test de magie personnelle 49 », dit-il. Dites cela en venant et présentez cette copie de contrat, dit-il en dupliquant le document pour lui en remettre un.

- Merci maître gobelin, dit-il en sentant qu'il en avait fini. Au revoir.

Il fit demi tour et s'en alla à grand pas, très heureux. S'il pouvait faire son rituel ici, sous la magie gobeline, alors il prenait encore moins le risque de se faire repérer. Il quitta donc la banque, de plus en plus pressé d'y être. Le temps de son passage à Gringotts, les boutiques commençaient à ouvrir sous un ciel sombre et une pluie qui ne semblait pas vouloir cesser. Ce qui l'arrangeait bien il devait l'avouer. Il n'y avait toujours pas un chat sur l'allée. Ce qui n'avait rien d'étonnant entre le temps et le contexte. Il commença par l'apothicaire passant ensuite par plusieurs magasins de fournitures magiques de toutes sortes. Prudent, il répartit ses achats sur plusieurs magasins pour passer plus inaperçu, prenant garde à ne jamais donner le moindre indice de son identité, se cachant soigneusement. Il savait que n'importe qui dans le monde magique était prompt à parler de la moindre chose sur lui, il devait être discret, tout le monde était un problème autour de lui. Il avait besoin de sel, de bougies, de plantes, d'huile, de cristaux, de craie, de potions, d'objets… Heureusement, rien n'était trop difficile à trouver. Mais il fallait beaucoup de choses et il ne perdit pas une seconde. Il y ajouta nourriture, boisson et quelques potions de soins au cas où.

Il eut le temps de passer à l'hôtel choisi avant d'aller à la banque, l'établissement situé dans une impasse au bout d'une petite rue adjacente. La façade de marbre impressionnante et luxueuse était décorée d'or, de statues, de gravures mouvantes… Une fontaine trônait sur la petite place pavée devant l'entrée, les jets d'eau défiant la gravité en faisant de grandes cabrioles. Il se dépêcha d'entrer, marchant sur le tapis rouge, ne voulant pas être en retard à la banque. Il allait réserver une chambre où il pourrait se reposer après le rituel, réfléchir en restant près du Chemin où il pourrait faire quelques courses qu'il avait en tête tout en restant loin des Dursley et de tout les autres. Il se dirigea vers la réception et s'il vit le regard critique et curieux de la réceptionniste distinguée, elle le cacha bien vite sous un sourire et une expression polie et commerciale, faisant preuve de professionnalisme.

- Bonjour, salua-t-elle. Que puis-je faire pour vous ?

- J'aimerais faire une réservation pour ce jour, pour les trois jours à venir et peut-être plus longtemps suivant l'évolution de mes affaires, dit-il platement.

Se faire passer pour un homme d'affaire était certainement le plus prudent. Cela expliquerait sa présence et vu le contexte, sa discrétion.

- Bien sûr, répondit-elle en souriant un peu plus. Que souhaitez vous ?

- Qui y-a-t-il ? Je viens ici pour la première fois.

- Nous avons de simples chambres avec petite salle de bain à partir de cent gallion la nuit. Puis nous avons bien évidemment des suites dotées de plusieurs chambres si vous le souhaitez, de salon, de bureau, de belles salles de bains, de salle à manger… Nous pouvons aménager comme vous en avez besoin si vous le désirez.

- Dans ce cas une suite avec une chambre, bureau, salle de bain et espace de vie, répondit-il.

- Je pense que la suite du dragon doré vous plaira dans ce cas. Elle est à cinq cent gallion la nuit avec les repas en restaurant ou en chambre inclus ainsi que le service postal. Cela vous conviendrait-il ?

- Oui, répondit-il.

- Quel nom ? demanda-t-elle.

- Stanislas Everart, répondit-il en donnant le pseudonyme qu'il avait imaginé.

- Votre réservation est prise en compte monsieur Everart, fit-elle. Je vous demande de nous excuser mais dans le contexte actuel, nous réclamons un acompte d'une nuit à la réservation.

- Aucun problème, je comprend, dit-il en sortant sa bourse.

Il l'ouvrit et la dame lui présenta rapidement une autre bourse de velours bordeaux brodée d'or. Il comprit facilement, se concentrant sur sa bourse pour penser au montant à sortir, la rapprochant de l'autre bourse. Les gallions voyagèrent rapidement de l'une à l'autre et la broderie changea pour inscrire le montant transmis. La réceptionniste sourit un peu plus, semblant rassurée sur sa capacité à payer un tel hôtel.

- Je vous remercie monsieur Everart, dit-elle en lui remettant un reçu. Sachez que nous disposons d'autres services que je peux vous détailler ou que vous pourrez découvrir dans les brochures de votre suite.

- Je regarderais les brochures. Je suis pressé pour le moment.

- Bien sûr. Puis-je demander vers quelle heure vous pensez prendre possession de votre suite afin que nous puissions nous assurer que tout est en ordre avant votre arrivée ?

- Je devrais être là entre treize heure trente et quatorze heure.

- Tout sera prêt, assura-t-elle. Voici votre clef, dit-elle en lui tendant l'objet. Pour accéder à votre suite, il vous faudra prendre l'ascenseur ici, dit-elle en lui pointant l'engin à droite du hall, vous rendre au troisième étage puis ce sera à droite, au bout du couloir. Le nom de la suite est indiqué sur la porte. Si jamais vous ne trouviez pas le chemin, il suffit d'interroger votre clef, elle vous guidera.

- Très bien, je vous remercie.

- C'est moi qui vous remercie monsieur. J'espère que vous passerez un bon séjour dans notre établissement et n'hésitez pas à nous solliciter au moindre besoin quel qu'il soit. Nous sommes là pour votre service.

Il acquiesça, la salua et s'en alla, reprenant la direction de Gringotts. Il y avait désormais quelques personnes sur l'allée mais en ce début de vacances, avec la pluie, un lundi matin et sous l'angoisse générale, il n'y avait clairement presque personne comparé à l'habitude. Dans le hall de la banque, il ne croisa que quatre clients qu'il ignora totalement pour se diriger vers le guichet et suivre les indications qu'on lui avait donné plus tôt. Le gobelin le conduisit alors dans une autre partie de la banque, descendant là encore en sous-sol avec un autre wagon qui glissa simplement sur une pente douce jusqu'à atteindre une impasse sombre éclairée de quelques torches. Il y avait là une place rocheuse et plusieurs portes de pierres sculptées dans les murs. Le gobelin le mena vers l'une d'elle et elle s'ouvrit après quelques signes tracés par les ongles de la créature. Harry découvrit alors une grande salle carrée semblant taillée directement dans la roche, éclairée d'un simple cristal incrusté dans le plafond irradiant de lumière blanche. Et il n'y avait strictement rien d'autre à l'intérieur.

- C'est ici, fit le gobelin. Une fois la porte fermée, personne ne pourra entrer durant le temps de votre réservation. Vous pouvez sortir quand bon vous semble et reprendre le wagon qui vous fera sortir. Gringotts ne rembourse pas le temps non utilisé si vous sortez plus tôt. Si vous dépassez le temps réservé, la salle vous mettra dehors et Gringotts prélèvera une indemnisation dans vos coffres à la hauteur du tarif d'une heure de réservation. Lorsque votre dernier quart d'heure arrivera, le cristal de lumière passera au jaune pour vous le signaler. Des questions ?

- Non, merci maître gobelin, répondit-il pressé de s'y mettre.

Le gobelin lui fit signe d'entrer et la porte se referma derrière lui. Il sourit, excité à l'idée d'enfin se débarrasser de ce lien et il ne perdit pas une seconde. Il retira sa cape et posa son sac contre le mur. S'agenouillant, il sortit le livre obtenu à la Salle sur Demande, l'ouvrant à la bonne page avant de sortir ses fournitures une à une, souriant en constatant qu'il avait tout. Il se mit alors au travail, commençant par aller tracer à la craie magique le complexe cercle nécessaire au centre de la pièce. Il prit son temps pour le faire très minutieusement, sa détermination le remplissant d'énergie. Il lui fallut une bonne demi heure pour cela, le dessin complexe mesurant trois bons mètres de diamètre. Il prit ensuite le sel, ajoutant un autre cercle plus simple par dessus le premier. Il plaça ensuite soigneusement les divers éléments sur les dessins entre bougies, cristaux, objets et assemblement de plantes. Lorsqu'il eut terminé, il revérifia soigneusement, son grimoire dans une main, souriant au résultat fidèle aux images, descriptions et explications du livre.

Soucieux de se protéger un peu plus, il alla placer aux quatre coins de la salle les cristaux enchantés qu'il avait préparé à Poudlard pour former une barrière protectrice, de brouillage et de dissimulation. Elle ne fonctionnerait qu'une heure mais c'était amplement suffisant, le rituel en lui même ne prenant que quelques minutes. Il poursuivit allant se déshabiller, sortant une huile magique pour s'enduire le corps avec elle. Dans la magie du rituel, elle devait permettre de plus facilement transmettre l'énergie du procédé au lien intangible hors de son corps pour le briser. De son sang, il traça certaines runes spécifiques sur son front, ses mains, ses pieds et son cœur. Tout cela était loin de sa compréhension magique, le stressant alors qu'il n'y connaissait rien en rituel, en runes ou toute pratique affiliée au procédé. Il ne savait rien des cercles magiques et de tout cela, se fiant entièrement au livre mais cela valait le coup pour lui et il prenait soin de tout faire comme le grimoire le disait. Et il avait aussi confiance en Poudlard et sa magie pour ne pas l'avoir conduit à un ouvrage qui ne répondrait pas à ce qu'il voulait véritablement. Il aimait ce château le faisant se sentir à la maison et il avait confiance en lui.

Prêt, il alla allumer les bougies et les encens, enlevant ses lunettes qu'il déposa avec ses affaires à l'écart avant d'aller s'installer au centre du cercle, à genoux, toujours parfaitement nu alors que seul son corps devait être exposé à cette magie. Il prit ensuite une grande inspiration, posant ses mains sur les glyphes destinées à cela devant lui. Puis il se mit à réciter la complexe incantation qu'il avait apprise par cœur et qu'il ne comprenait pas du tout. Mais là encore il s'en fichait. Tout ce qu'il voulait était se débarrasser de ce maudit lien au plus vite. Peut-être était-ce imprudent et dangereux mais l'idée ne l'effleurait même pas dans son obsession frénétique. Il prit soin de parler distinctement, clairement, lentement, la voix égale comme le livre le disait. Il se détendit de son mieux, sachant que cela ne prendrait pas plus de dix minutes, appréhendant un peu les effets. Le livre parlait de douleur dans la tête à la rupture du lien, ce qui n'avait rien d'étonnant.

Très vite, il vit la magie s'animer. Les flammes des bougies grandirent exponentiellement, la fumée des encens se faisant épaisse et opaque, emplissant la totalité de l'espace définit par les cercles magiques. La cloche posée derrière lui tinta, les cristaux brillèrent, la craie et le sel semblèrent se faire de braise, les plantes et autres éléments se mettant à transpirer d'une magie puissante qui satura bientôt l'air, crépitant d'énergie. Les magies colorées émanant bientôt de chaque chose s'agglutinèrent progressivement juste devant son visage. Il termina son incantation et il sentit alors une douleur vive dans ses mains qui se mirent à saigner rapidement. Il ne broncha pas et ne bougea pas, sachant que cela arriverait. Son sang se mit à irradier de magie à son tour pour se mêler à la masse déjà devant lui et lorsque cela fut fait, la magie se présenta à son nez. Il l'inspira alors profondément et ce qui n'entra pas en lui vint recouvrir son corps, illuminant les runes.

Il sentit nettement la masse de magie en lui se mettre à fouiller dans tout ce qui composait son être. Il sentit la douleur commencer à arriver sous la forme de puissantes crampes provoquées par la tension magique. Il resta aussi calme qu'il pouvait alors que la magie cherchait le lien comme décrit dans le grimoire. La douleur augmenta mais il se focalisa sur son but pour l'ignorer. Il ne pouvait plus rien faire maintenant que le rituel était à l'œuvre, il ne pouvait plus reculer et il priait pour que cela fonctionne. Longuement, il se sentit scruté jusqu'aux tréfonds de son esprit puis soudain, une souffrance fulgurante explosa dans son crâne, lui tirant un hurlement de douleur. Il n'aurait pas été surpris si on lui disait qu'on venait de lui fracasser la tête avec un marteau de guerre. Les éclats de douleurs se multiplièrent au point qu'il ne réalisait plus que cela, perdu dans la souffrance, luttant pourtant, se focalisant sur le résultat qu'il voulait pour tenir le coup. Il sentit la magie s'emballer furieusement en lui et autour de lui, lui donnant l'impression de se déchaîner et il commença à craindre d'avoir fait quelque chose de travers alors que le livre ne décrivait pas une telle chose. La souffrance redoubla subitement, il eut l'impression de s'enflammer et soudain, il y eut comme une explosion. Il le ressentit ainsi, jeté au sol sans pouvoir résister mais il n'aurait su dire si c'était une explosion réelle ou un choc autre. Brusquement, la magie sembla s'abattre sur lui comme un éboulement et il eut impression d'être compressé à l'extrême. Son esprit dériva et il ne put résister, sa conscience l'abandonnant dans un puits de souffrance.

Lorsqu'il commença à reprendre conscience, tout était calme et tranquille autour de lui. Il avait atrocement froid, se sentait plus bizarre que jamais, confus, perdu. La douleur semblait décidée à s'attarder dans son corps, le faisant grimacer et gémir. Il eut tout d'abord bien du mal à comprendre ce qu'il se passait, l'esprit brumeux, les sensations étranges. Il lutta pour ouvrir les yeux, sa vision floue et il se demanda pourquoi. Il lui fallut encore plusieurs minutes pour se souvenir qu'il avait besoin de lunettes, la chose lui paraissant incongrue pour il ne savait quelle raison. Depuis quand avait-il besoin de lunettes ? Depuis toujours pourtant cela lui semblait faux. Il fronça les sourcils perdu. Il lui fallut un bon quart d'heure de réflexion laborieuse à travers sa migraine pour se souvenir de ce qu'il s'était passé et immédiatement, cela lui mit un coup de fouet dans son désir de savoir si cela avait fonctionné.

Péniblement, il se redressa, gémissant et serrant les dents aux multiples protestations de son corps. Il renonça rapidement à se lever, se traînant comme il pouvait jusqu'à ses affaires, se félicitant de ne pas avoir fait le cercle trop loin. Il attrapa ses lunettes pour les mettre de ses mains tellement tremblantes qu'il faillit planter une branche dans son œil. Dés qu'elles furent en place, sa vision s'éclaircit, restant pourtant floue. Sa première pensée fut pour les antidouleurs qu'il avait. Il peina à trouver le bon, vérifiant l'étiquette péniblement avant d'avaler le plus puissant antalgique qu'il avait. Dans la foulée, il sortit sa montre pour vérifier l'heure. Midi. Il avait donc encore une heure et demi devant lui avant de devoir s'en aller. Il n'était resté inconscient que quelques minutes et il se détendit, s'effondrant là en attendant que la potion fasse effet. Il avait l'impression que le Poudlard Express lui était passé dessus. La douleur diminua doucement, pas autant qu'il l'aurait voulu mais assez pour qu'il se sente capable de bouger de nouveau. Il se força, sachant qu'il n'avait pas la journée et qu'il ne pourrait se reposer qu'une fois à l'hôtel qu'il avait définitivement bien fait de prendre.

Il commença par fouiller son sac pour prendre une potion énergisante, espérant se donner une dose de force. Elle fut petite, mais elle fut bien là et après ce qu'il avait déjà enduré dans sa vie, il pouvait gérer cette douleur et cet épuisement. Il entreprit ensuite de retirer l'huile et les runes de sang de son corps, prenant la serviette enchantée qu'il avait prévu pour ça, s'asseyant comme il pouvait pour s'essuyer du mieux qu'il put, se rhabillant ensuite et passant sa cape pour tenter de se réchauffer alors qu'il tremblait. Il s'appuya ensuite contre le mur pour prendre une pause, sa montre posée en évidence lui permettant de surveiller l'heure. Là encore, il était heureux d'avoir prévu du temps pour se remettre. C'était plus qu'utile. Respirant laborieusement, se rendant à peine compte de cela, il ferma les yeux pour penser au rituel. C'était étrange, il ne s'était pas passé exactement comme décrit dans l'ouvrage. Le grimoire parlait de la fouille, des crampes, puis d'un mal de tête très bref et cela devait se terminer là dessus. Mais ce n'était pas ce qu'il s'était produit. Le grimoire parlait d'un simple mal de tête après, pas de toute cette souffrance, cet épuisement et cette confusion. Il espérait vraiment que cela n'avait pas mal tourné et qu'il n'y aurait pas d'effet dévastateur sur lui. Mais il n'avait pas la force d'y penser clairement, peinant à aligner deux pensées cohérentes. La seule chose qu'il voulait savoir était si cela avait marché ou non.

Il y avait un sort dans le grimoire pour déterminer si oui ou non on avait un lien quelconque avec qui ou quoi que ce soit. Il était décris comme puissant et capable de détecter le mieux caché des liens. Il était revenu positif la première fois qu'il l'avait fait pour essayer. Il priait pour qu'il revienne négatif cette fois. Se sachant caché du Ministère ici, il sortit sa baguette pour le lancer, le sortilège pourtant simple manquant de lui faire tourner de l'œil dans sa fatigue. Seulement, cela passa complètement en arrière plan alors que la réponse se faisait négative le faisant sourire très largement et rire un peu alors que ses nerfs lâchaient. Il avait réussi, plus de lien avec Voldemort. Il fouilla de nouveau son sac pour trouver son petit miroir, souriant encore lorsqu'en regardant son front, il constata que sa cicatrice légendaire avait disparu. Il laissa tomber son bras lourd, se sentant soulagé. Il autorisa son esprit embrouillé et épuisé à dériver, se reposant un moment, sortant de l'eau et quelques biscuits pour grignoter lentement et se donner un peu de force pour tout ranger et rejoindre l'hôtel.

Lorsqu'il ne lui resta plus qu'une demi heure et après une heure de récupération, il lutta pour se lever, s'appuyant contre le mur, ses genoux tremblants atrocement peinant à le soutenir. Il respira profondément, prenant son temps pour finalement parvenir à rester debout. Il fit prudemment quelques pas, se secouant pour se reprendre. Encore un effort et il pourrait aller dormir, tout son être ne désirant que cela à cet instant. Il commença ensuite à rassembler toutes ses affaires éparpillées dans la salle, reprenant ce que le rituel n'avait pas consumé. Cela fait, son sac de nouveau sous sa cape alors que la lumière de la salle était passée au jaune depuis un moment, il sortit un dernier objet de son sac. Une sphère de verre pleine d'eau. Il avait su qu'il devait prévoir quelque chose pour effacer les traces du rituel et il avait trouvé dans un vieux livre de la réserve à Poudlard. Si le rituel qu'il venait de pratiquer était complexe et puissant, c'était une magie classée comme légère et vaporeuse parce qu'elle visait l'esprit. Elle s'effaçait facilement. Le seul endroit où elle laisserait des traces ineffaçables était son propre corps et son propre esprit. Il jeta la sphère au sol, elle se brisa et un raz de marée d'eau enchantée, purificatrice, inonda les lieux en une seconde avant de disparaître totalement sans laisser une marque d'humidité. Et avec elle, les traces de magie, de brûlés, de sels, d'encens, de craies, de sang… s'envolèrent, rendant la salle aussi intacte qu'il l'avait eu au début.

Cela fait, satisfait, il se concentra sur le fait de regagner l'hôtel pour dormir. Il se cacha soigneusement dans sa cape, rabattant la capuche et il sortit de la salle, un gobelin attendant là certainement en vu de la fin de son temps de réservation. Il eut l'air satisfait qu'il sorte à l'heure, lui ordonnant sèchement de reprendre le wagonnet. Marchant prudemment pour se tenir droit, ne rien laisser paraître et ne pas s'effondrer, il s'exécuta, le gobelin grommelant sur sa lenteur. Il fut bientôt dans le hall et il n'attendit pas pour se mettre en marche, respirant profondément, calmement pour maîtriser douleur, malaise, faiblesse et confusion. Heureusement, il arriva à l'hôtel sans s'effondrer même s'il sentait que ça n'allait pas tarder. Il entra, fut salué joyeusement par le personnel qu'il croisa. Il suivit les instructions qu'il avait reçu pour trouver sa suite et lorsque sa concentration défailli, il usa de la clef pour se laisser conduire. Il trouva finalement la fameuse suite, entrant, refermant à double tour derrière lui. Il fit un rapide tour de l'endroit et s'il ne réalisa rien du décor ou de ce genre de chose, il s'assura qu'il était bien seul, que les accès étaient bien fermés. La chambre trouvée, il posa son sac près du lit, se débarrassa de sa cape noire pour se recouvrir de sa cape d'invisibilité, se déchaussant dans un réflexe avant de d'effondrer sur le matelas et de se laisser sombrer dans le sommeil se battant avec lui depuis un bon moment.

Ce fut un rayon de soleil chatouillant son visage à travers sa cape qui commença à le réveiller. Groggy, perdu, il mit un moment à ouvrir les yeux, se demandant un moment où diable il se trouvait en regardant le riche décor étranger autour de lui. Il réfléchit, se blottissant sans réfléchir dans les oreillers et draps divinement doux sous lui. L'idée de plonger sous la couette lui vint alors qu'il avait froid et mal un peu partout mais il l'oublia totalement lorsqu'il se souvint de ce qu'il s'était passé et où il était. Confus et embrouillé, il se força à ouvrir vraiment les yeux et à se réveiller, sa bouche sèche réclamant de l'eau, son corps et surtout sa tête criant pour un antidouleur. Il finit donc par bouger, se redressant péniblement en serrant les dents, se sentant terriblement bizarre. Sa cape d'invisibilité glissa de son corps et il ferma les yeux à la lumière qui l'atteignit, aveuglé, son mal de tête battant dans ses tempes. Se souvenant qu'il avait laissé son sac juste à coté, il étendit le bras pour l'attraper, s'asseyant et le tirant près de lui. Il fouilla pour trouver un anti douleur, l'avalant avec une grimace avant de se laisser retomber dans les oreillers, fermant les yeux le temps que le remède agisse.

Il soupira en sentant la douleur diminuer, relevant les paupières pour regarder autour de lui. Il était dans la magnifique chambre de sa suite, richement décorée dans des ton crème, or et brun clair, des ornement en dragon doré présent un peu partout, les dessins voyageant sur les murs paresseusement. C'était magnifique, jamais il ne s'était retrouvé dans un tel endroit. Mais il aimait, il aimait beaucoup et il sourit, prenant encore quelques minutes pour reprendre ses esprits. Il se sentait tellement étrange et il se demanda si c'était un effet du rituel. Il avait du mal à réfléchir, confus. Mais il se dit que tout reviendrait rapidement à la normale. Pour l'instant, il avait mal partout, il se sentait épuisé, lourd, il avait soif et faim, se sentait sale aussi alors qu'il n'avait pu se laver chez les Dursley, l'huile et le sang du rituel terminant de lui donner une affreuse sensation de saleté. Vu la magnifique chambre, il était bien tenté par la salle de bain. Dans un tel lieu, il y aurait assurément une baignoire et un bain chaud était très tentant. Il sortit d'abord sa montre, fronçant les sourcil en voyant qu'il était neuf heure, du matin certainement vu le soleil. Cela voulait dire qu'il avait dormi plus de dix huit heures d'affilé, l'étonnant alors qu'il n'avait pas dormis ainsi depuis très longtemps.

Doucement, il se leva, vacillant terriblement, se tenant au grand lit à baldaquin si confortable où il s'était couché. Il regarda autour de lui, se demandant quelle porte menait à la salle de bain. Il se dit que la grande double porte de la pièce devait être l'entrée de la chambre, ce qu'il confirma rapidement alors qu'elle était à moitié ouverte, dévoilant un salon salle à manger très attrayant de l'autre côté. Il se dirigea donc vers l'autre petite porte de la pièce, souriant en y trouvant bien une salle de bain de marbre blanc et de dorure. Il décida rapidement qu'il allait profiter à fond de son séjour ici où tout était beau et confortable, propre et agréable. Il y avait en effet un grand bain et des produits d'hygiènes, des sels de bains à disposition. Il ouvrit l'eau, réglant la température pour emplir le bain. Curieux, il ouvrit et sentit les sels de bains, versant un peu de celui qui sentait comme des herbes fraîches dans l'eau, se disant que ça serait agréable. Le bain coulant, il se débarrassa des loques lui servant de vêtements avant de se glisser prudemment dans le bain, soupirant de bonheur à l'eau fumante le réchauffant agréablement. Il s'enfonça dans la baignoire, fermant les robinets lorsqu'il eut de l'eau jusqu'au menton. Puis il ferma les yeux, se reposant.

Il ne fit pas attention au temps passant, profitant du bain, son empressement retombé avec la réussite du rituel. Maintenant, il avait tout l'été pour voir ce qu'il allait faire et il envisageait sérieusement de rester dans cet hôtel un moment. Il serait tranquille ici pour réfléchir, tranquille et confortable. L'eau le réchauffant la potion agissant contre ses douleurs, il se détendit, somnolent, toujours aussi confus. Pourtant, il n'arrivait pas à s'en inquiéter. Il sortit finalement de l'eau passant un épais peignoir mis à disposition, ajoutant les pantoufle assorties, soupirant de bien-être à cela. Son idée suivante, automatique, fut de trouver à boire et à manger et il se souvint qu'il pouvait avoir ce qu'il voulait dans sa chambre. Seulement, il ignorait comment faire. Il décida alors de faire le tour de sa suite magnifique et spacieuse, trouvant un début de solution sous la forme de documents explicatifs sur l'hôtel posés en évidence sur la table. Il s'y assit lourdement, entreprenant de lire, la chose difficile avec sa concentration défaillante, sa fatigue et ses maux de têtes persistant. Mais il trouva finalement son bonheur. Pour commander à manger, il lui suffisait de prendre le menu enchanté et de passer son doigt sur ce qu'il souhaitait commander comme pour le surligner. Le repas apparaîtrait alors dans les minutes suivantes sur sa table sans que quiconque ne vienne le déranger.

Souriant, il attrapa alors le menu, l'ouvrant à la catégorie petit déjeuner. Il n'avait pas énormément mangé ces derniers temps mais il avait faim maintenant et son rituel fait, il arrivait à penser à autre chose. Il lut le vaste choix proposé et il opta finalement pour des toast, des œufs brouillés et une salade de fruits auxquels il ajouta un thé, réclamant aussi une cruche d'eau fraîche. Pour patienter, il survola les brochures pour voir ce qu'il y avait et comment les choses fonctionnaient ici. Et il fut ravi de voir qu'il pouvait avoir presque tout ce qu'il voulait sans quitter sa suite et sans que personne ne vienne le déranger, tout apparaissant directement ici. Il en profita d'ailleurs pour commander des journaux de la même façon. Il n'eut pas a attendre très longtemps pour voir trois plateau d'argent apparaître sur la table. L'un avec la nourriture, le second avec le service à thé et l'eau et le dernier avec les journaux. Souriant, il s'installa pour manger, commençant par un peu d'eau fraîche soulageant sa gorge sèche comme le parchemin. Puis il commença à manger, tout se trouvant être délicieux. Il vit le service à thé se mettre en mouvement de lui même pour préparer la boisson, une tasse et sa soucoupe flottant vers lui une fois prêt.

Il mangea tranquillement avec l'impression que ses idées commençaient à s'éclaircir. Rassuré, se disant qu'il devait juste attendre que les effets du rituel se dissipent et peut-être que son esprit s'habitue, il termina tranquillement son repas, se sentant mieux ensuite. Cela fait, il se dit qu'il était tant de s'habiller, retournant à son sac. Il grimaça à l'idée de remettre les vêtements venant des Dursley. Plus aucun d'entre eux n'était portable, s'ils avaient été portables un jour. Il opta alors pour les seuls autres vêtements qu'il avait et qu'il pouvait passer : sa chemise blanche et son pantalon noir de costume issus de sa tenue achetée pour le bal du Tournois. Il lui fallait vraiment d'autres vêtements et il essaierait d'aller en acheter sur le Chemin lorsqu'il se sentirait de sortir. Habillé et toujours vaseux, il regagna le salon non sans avoir placé sa baguette sur son avant bras. Il alla se blottir dans un fauteuil moelleux, décidé à passer le reste de la matinée à laisser son esprit s'éclaircir.

Ce fut pourtant bien difficile et il fut rapidement évident qu'il aurait besoin d'un peu de temps pour retrouver toutes ses idées. Mais dans un sens, ce n'était pas surprenant. La rupture d'un tel lien était sûrement un choc pour l'esprit. Après avoir prit un succulent petit déjeuner, il eut l'excellente surprise de voir Hedwige venir taper du bec à sa fenêtre. Il alla lui ouvrir joyeusement, veillant à ne pas être vu. Un magnifique perchoir apparut dans le salon à son entrée et il se dit qu'un tel hôtel était vraiment appréciable. Il vint y déposer sa chouette un peu ébouriffée, la caressant avec joie. Puis se souvenant qu'il avait vu quelque chose sur les brochures de l'hôtel à propos des messagers et il alla les regarder à nouveau. Il sourit en voyant qu'il pouvait demander des friandises et de la nourriture pour familier, commandant immédiatement quelque chose pour sa meilleure amie. Il passa un moment à s'occuper d'elle, ravi de voir qu'une sorte de gros nichoir était apparus dans un coin calme de sa chambre. C'était un perchoir couvert d'une grande pièce de velours rouge foncé. Le tissus semblait posé sur une structure invisible prenant la la forme d'ogive d'une grande cage à hibou. Et cela faisait un nichoir douillet où Hedwige fut ravie d'aller se réfugier pour dormir, le faisant sourire avec douceur. Il détestait être séparé d'elle l'été sans pouvoir savoir ce qui lui arrivait et si elle allait bien. Mais il préférait cela à l'idée de la garder deux mois enfermée dans une cage.

Hedwige installée, il retourna au salon, réfléchissant malgré sa confusion persistante. Que faire maintenant ? Il n'avait pas réfléchit si loin, obsédé à l'idée de se débarrasser de ce fichu lien. Il ne savait qu'une chose : il voulait reprendre sa vie en main, ne plus se laisser berner, manipuler, ne plus se faire avoir. Il voulait être capable de se protéger vraiment et de protéger les siens, pour ne plus perdre qui que ce soit. La première chose qui lui venait naturellement était donc de se mettre à un sérieux entraînement en défense, en duel, au combat… Avec tout les mangemorts et Voldemort lui courant après, cela semblait plus qu'urgent et il trouvait aberrant que l'Ordre et Dumbledore lui ait refusé cela l'année dernière parce qu'il était soit disant trop jeune. Mais son âge n'arrêterait certainement pas ses ennemis et il aurait été naïf de se reposer sur les autres pour sa protection. Il voyait bien ce que cela avait donné. Alors il apprendrait, il s'entraînerait quoi qu'en disent les autres.

Il ne laisserait plus non plus les autres, Dumbledore ou l'Ordre, lui dicter ce qu'il avait à faire. Il apprendrait pour ne plus se laisser avoir ainsi si bêtement. Il voulait s'affranchir des Dursley aussi et il se demandait si le concept d'émancipation existait dans le monde magique. De toute manière, s'il décidait de passer l'été ailleurs, comme dans cet hôtel, les Dursley ne s'en plaindraient pas et peu importe ce qu'en dirait les autres. Il ne croyait pas en ces barrière autour de la maison de sa tante, il ne se sentait pas en sécurité là bas, très loin de là et les traitements abusifs et violents des Dursley n'en n'étaient pas la seule raison. Si on refusait de le laisser aller chez les Weasley ou au Square avec les autres l'été, il se trouverait d'autres endroits en prenant les précautions de discrétion qui s'imposeraient. Il faudrait aussi qu'il en sache plus sur la magie de protection pour assurer sa sécurité.

Quand à la guerre, il ne voulait pas la faire, il ne voulait pas être pris là dedans parce que les autres le disaient. Pour lui, ils s'étaient plus trouvés une raison pour ne pas admettre leur lâcheté et ne pas affronter Voldemort. Ce n'était pas son affaire. Il apprendrait à se battre et à se défendre au cas où on l'attaquerait mais pour le reste, ce serait sans lui. Sa priorité était sa vie et ce qu'il voulait maintenant garder ce qui était important pour lui et obtenir ce qu'il voulait : une maison, un travail qui lui plairait, une famille… Il ne restait que deux ans à Poudlard et il était temps qu'il se concentre sur son avenir comme on était censé le faire à son âge, comme ses parents et Sirius l'auraient voulus.

L'idée principale était donc de se recentrer sur lui même, sa protection, son avenir. Il voulait apprendre pour mieux comprendre les choses et savoir quoi faire. Il passa ainsi les jours suivants dans une somnolence et une confusion qui s'estompaient très lentement. Il s'occupa d'Hedwige, profita de l'excellente nourriture de l'hôtel et passa la majorité de son temps à cogiter, peinant à aligner des pensées cohérentes et poussées. Il savait ce qu'il voulait faire, grossièrement, mais il ignorait par où commencer. Peut-être avec des livres déjà… Ce qu'il pouvait peut-être déjà faire, de manière plus simple, plus concrète et plus immédiate était de s'offrir enfin un peu plus de confort dans la vie. À commencer par des vêtements corrects, des affaires correctes. Il commença donc une liste, décidant de profiter de son séjour sur le Chemin pour faire cela discrètement. Il pourrait aller faire les magasins tôt puisqu'il était là et l'hôtel mettait à disposition un descriptif complet du Chemin, de chaque commerce, de ce qu'on y trouver et de leurs horaires. On pouvait même commander et se faire livrer directement ici moyennant finance. Il hésitait encore entre y aller lui même ou commander sous pseudonyme pour plus de sécurité. Ainsi, le personnel de l'hôtel ferait les achats et il les paierait avec sa note.

Une autre chose qu'il lui faudrait acheter serait une nouvelle baguette. Il savait maintenant que la sienne échouerait face à Voldemort et à sa baguette jumelle à la sienne. Il devait en avoir une seconde au cas où il se retrouverait face à lui. Pour cela, il devrait y aller lui même. Il avait demandé les catalogues des magasins qui en avait à l'hôtel et il passait le temps où il n'arrivait vraiment pas à se concentrer à les feuilleter tranquillement, ajoutant ceci ou cela à sa liste. Mais ce qui obsédait son esprit était surtout de trouver comment se protéger, s'assurer un avenir et surtout faire en sorte d'être indépendant.

Ce matin là, il se réveilla avec une impression très étrange, toujours un peu brumeux. Il avait fait un rêve étrange, un rêve qui parlait de lord, de seigneurs magiques, de grosses chevalières, d'anciens manoirs... Il avait vu des images d'endroits et d'objets qu'il n'avait jamais vu. Il avait rêvé d'étranges blasons, attiré par l'un d'eux arborant une tête de lion rugissant. Il se demanda d'où cela lui venait alors qu'il n'avait jamais entendu parler de ce genre de chose. Pourtant, une insistante curiosité s'était installée, presque incontrôlable et empressée. Son premier geste fut donc de prendre le document qui répertoriait les livres présents dans la bibliothèque de l'hôtel ainsi que leurs sujets. Comme expliqué sur le document, il écrivit son mot clef, « lord », pour obtenir la liste des livres parlant du sujet, peu enclin à lire entièrement la longue liste de titres et leurs descriptifs. Un seul livre ressorti et il le demanda sur le champs.

Il décida d'aller prendre une douche en attendant qu'il arrive, s'installant ensuite à la table pour commander un petit déjeuner non sans être passer voir sa chouette qui avait passé une partie de la nuit dehors à chasser ou à se dégourdir les ailes certainement. Et Harry avait sourit lorsqu'elle était revenue et avait passé le reste de la nuit perchée au dessus de lui sur la tête de lit, comme veillant. Le livre arriva avec son petit déjeuner et il le prit avant le reste. C'était un livre d'histoire magique sur le Royaume Unis semblait-il. Une sorte d'édition de présentation visiblement, parfaite pour les clients étrangers de l'hôtel qui passaient ici et qui avait envie d'en savoir plus sur le pays. Ce fut en tout cas son impression en regardant l'ouvrage et ses premières pages, son sommaire. On y parlait du Ministère et de Poudlard parmi bien d'autres choses. Mais il chercha avant tout quelque chose sur les lord et les seigneurs magiques sujets de son rêve.

Il trouva finalement. Il n'y avait que quelques pages dans un livre pourtant assez épais. On y expliquait que le Royaume Unis avait depuis des temps immémoriaux, des lords. Quarante neuf lignées, quarante neuf titres de noblesse transmis de génération en génération dans des familles de sangs-purs à la base bien que les statuts aient évolué avec le temps pour certaines. N'ayant jamais entendu parler d'une telle chose, il lut avidement, se demandant comment il avait pu rêver d'une chose dont-il ignorait tout et qui s'avérait pourtant exacte. Les lords avaient longtemps été au sommet de la société magique du Royaume-Unis, bien avant qu'on l'appelle ainsi, bien avant que la communauté magique s'organise vraiment. Les lords s'étaient chargés, il y avait longtemps, de gérer le monde magique du pays, de maintenir la paix, de protéger… Avec le temps, et alors que les choses évoluaient et s'organisaient, ils avaient été à la tête du pays, puis avaient participé aux gouvernement, faisant les lois, veillant dans presque tout les domaines. Pourtant, ils avaient perdu peu à peu leurs pouvoirs pour une raison non expliquée dans l'ouvrage. Cela au profit de ce qui était le Ministère aujourd'hui. Il était écris que les titres existaient toujours aujourd'hui, que chacun d'eux donnait le droit au lord de siéger au Magenmagot et de faire entendre sa voix au gouvernement. On disait aussi que si certaines avaient tout perdu, la plus part étaient de très riches familles d'influence dans le domaine des affaires bien souvent, dans la société.

Harry fut surpris de voir que les lord avaient un statu particulier dans le monde magique, un statu hérité de leur sang et visiblement un rôle à jouer en politique et en économie. Ce n'était pas rien et il était évident que ces lords avaient du pouvoir. Il se demanda pourquoi il n'en n'avait jamais entendu parler alors que manifestement, c'était une chose très importante même à l'heure actuelle. Pourquoi ne l'apprenait-on pas à l'école ? D'ailleurs, on n'apprenait pas grand-chose sur le fonctionnement du Ministère ou des institutions officielles à l'école, les droits même les plus basiques. La chose le titilla un peu pour il ne savait quelle raison, cela ne l'ayant jamais trop intéressé. Mais il voulait savoir maintenant, savoir comment les choses marchaient.

Il fut un peu surpris de lire que c'était les gobelins qui, depuis des siècles, étaient garant des passages de titre à l'héritier légitime, qui faisaient respecter les règles en matière d'héritage noble, que c'était eux qui pouvaient officialiser un titre et le passer à l'héritier cela même si le lord en place n'était pas d'accord. Cela lui sembla étrange mais il se dit que pour une institution aussi ancienne que semblait être ces lords, il devait y avoir de nombreuses règles et lois particulières. D'après le livre, un héritier se devait d'aller réclamer son titre aux gobelins lorsque leur prédécesseur mourrait ou se retirait et les gobelins s'assurait le la légitimité de la chose avant d'officialiser cela.

Harry fut déçu lorsqu'il arriva au bout des quatre petites pages, se jurant d'acheter un livre sur le sujet. Seulement, cela passa au second plan lorsqu'en tournant la page, il découvrit une liste des familles nobles du pays. Curieux et intrigué il lut, se disant qu'il pouvait être important de savoir quelles familles comptaient des lords histoire de ne pas se faire d'ennemis visiblement importants et puissants. Il parcourut donc la liste écrite dans l'ordre alphabétique, stupéfait de reconnaître plusieurs noms de certains élèves de Poudlard ou qu'il avait entendu ici et là. Abott et Avery furent les premiers qu'il reconnut. Il s'arrêta sous la surprise en arrivant au nom des Black mais en y pensant, vu ce qu'il savait de la famille de son parrain, ce n'était pas si surprenant. Elle était ancienne, de sang-pur et très attachée au monde magique traditionnel. Il tomba ensuite sur Croupton, Flint et Gaunt. Il ne connaissait pas ce dernier pourtant, il lui disait quelque chose, comme une insistante impression qu'il devrait savoir sans parvenir à mettre le doigt dessus. Greengrass venait ensuite, puis Goldstein, Lestrange, Londubat, Macmillan, Malfoy, Nott… Il s'arrêta de nouveau, totalement ahuris lorsqu'il tomba sur son propre nom. Il lut et relut, peinant à intégrer l'information. Les Potter étaient nobles ? Les Potter avaient un titre de lord ?! Pourquoi ne lui avait-on jamais parlé de ça ?! Si c'était vrai, il pouvait devenir lord et il avait probablement plus qu'on ne lui avait dis.

Perdu encore plus qu'il ne l'était déjà avec le rituel, il se demanda ce que cela voulait dire. Il relut les quatre pages sur les lords, cherchant à travers le livre s'il n'y avait pas d'autres mentions. L'index lui fournis bon nombre de page qu'il alla lire et où l'on faisait référence à ce qu'avait pu faire les lords dans le passé. Des lois, des accords internationaux, de grands projets… Il découvrit qu'ils avaient joué un rôle important dans la mise en place du secret magique et dans bien d'autres choses. Certaines étaient fantastiques, d'autres un peu moins mais tout semblait toujours fait dans l'intérêt du monde magique. Et s'il était l'un d'eux, s'il pouvait devenir l'un d'eux, il pourrait avoir un vrai rôle dans ce monde. L'idée était plaisante. Trouver une place, une place léguée par cette famille qu'il n'avait jamais pu connaître et dont-il pourrait peut-être faire briller le nom et l'héritage grâce à cela, lui rendre hommage. Il aimait vraiment cette perspective, se promettant d'y réfléchir. Et ce fut ce qu'il fit toute la journée sans pouvoir s'en empêcher.

Il chercha dans les catalogues, parmi les livres disponibles dans les librairies du Chemin mais il ne trouva rien si ce n'était des livres d'histoire générale comme celui qu'il venait de lire. Il resta perplexe, se demandant pourquoi il n'y avait rien. Au final, il semblait que sa seule piste pour avoir une réponse était de s'adresser aux gobelins. Si c'était eux qui géraient cela, eux à qui il devait réclamer le titre Potter, alors il irait et il verrait ce qu'il se passerait. Au pire, les gobelins lui riraient au nez. Il se décida donc pour une visite à la banque le lendemain. Cela faisait trois jours depuis le rituel et il avait l'impression qu'il avait presque retrouvé tout ses esprits, plus lucide et plus concentré en fin de journée. Il pouvait faire cela.