Tout en s'en allumant une, s'étant trouvé un parc qu'il ne connaissait pas près du café, il se plongea de nouveau dans ses pensées.

Il avait commencé à fumer il n'y a pas si longtemps, même si maintenant ça devait bien faire une année ou deux. Il avait commencé en Première, sans se rendre vraiment compte des effets de la dépendance et de la dégradation de sa santé. Bien sûr il avait connu, à l'époque, les dangers de la cigarette et de la nicotine, ses parents ne le lâcheraient pas s'ils savaient. Mais, maintenant qu'il se rendait compte de sa dépendance, il n'avait plus ou pas encore le courage d'abandonner. De s'enlever ça. La cigarette lui permettait de tenir, même s'il n'avait pas vraiment vécu des choses horribles, lui ça l'avait touché ces événements. Certains souvenirs se rappelaient encore à lui en cauchemars.

Avoir trouvé un job le satisfaisait beaucoup. C'était une première étape de franchie, car même s'il ne restait pas longtemps là-bas, retrouver un travail serait bien moins difficile avec une première expérience sur son CV.

Finissant sa cigarette, il se redressa et tout en continuant à réfléchir, il partit en direction de la gare, où se trouvait le bus pour retourner chez lui.

Il était bientôt midi et les rues étaient bien plus bondées. Le blond n'imagina même pas le monde qui devait se presser dans le petit café. Rien qu'en imaginant l'idiot de serveur à la tête d'algue débordé à cause de l'affluence, un sourire naquit sur les lèvres de Sanji.

Cet idiot aurait pu lui plaire, sincèrement physiquement, il était totalement son type, musclé comme pas possible (de ce que Sanji avait pu voir, c'est à dire pas grand chose) faisant sa taille voire le dépassant un peu et bronzé comme sortant d'une sieste au soleil (ce qui était clairement impossible dans cette ville, il ne faisait presque jamais soleil, en témoignait sa propre peau si blanche qu'on pouvait facilement le croire malade).

Mais malheureusement pour cet idiot (qui allait passer à côté de quelque chose car, oui, sortir avec Sanji était quelque chose), il avait la personnalité la plus merdique que Sanji avait vu de toute sa vie. 'Fin, qui attaquait verbalement un potentiel nouveau collègue ? Personne ! Et puis même ! Qui attaquait verbalement quelqu'un sans raison tout court ?

Son sourire s'était maintenant envolé, laissant place à une mâchoire serrée, la colère et l'indignation coulant dans ses veines. Cet idiot allait bien voir s'il allait se laisser faire. Il ne pourrait s'en prendre qu'à lui même quand il aurait la semelle de Sanji imprimée sur le visage.

Cette image était d'ailleurs très satisfaisante et pour calmer son excitation et son impatience, il la garda en tête tout le long de son retour en bus jusque chez lui.

Une fois de nouveau devant la porte d'entrée de sa maison (qu'elle ne serait plus dans peu de temps), la réalité le rattrapa. Ayant un travail, il fallait qu'il trouve un appartement, de préférence l'un de ceux qu'il avait déjà trouvé, et qu'il annonce à sa famille qu'il partait. Même s'ils ne pouvaient rien faire pour changer sa décision, Sanji redoutait déjà leur réaction. Son père n'était pas réellement doué pour la douceur et sa femme, la belle-mère de Sanji, ne faisait que soutenir tout ce que disait son père, en toute circonstance.

Une longue semaine était à prévoir. Un nouveau travail, de nouveaux collègues, une famille en colère et une recherche d'appartement à gérer. Allait t-il seulement y survivre ? Il poussa un long soupir et poussa la porte d'entrée qui était ouverte, signifiant que l'un des membres de sa famille était rentré. Fini la tranquillité, retour à la réalité.

Il se déchaussa et monta à l'étage, où se trouvait sa chambre où, une fois à l'intérieur il s'empressa de fermer à clé la porte. Il n'aimait pas laisser ouvert, s'il le faisait, il fallait qu'il s'attende à ce que ses frères viennent l'embêter sitôt rentrés des cours.

Nous n'étions qu'en début d'après midi, il n'avait pas encore mangé et comme personne n'était chez lui, rien n'était prêt. Louper un repas ne lui ferait probablement pas de mal. Mieux valait ne pas manger du tout plutôt que de gaspiller des ingrédients, ce qui arriverait à coup sûr si l'un de ses parents rentrait alors qu'il n'avait pas finit de cuisiner et qu'il le voyait en train de faire un plat.

Après tout, « Cuisiner, laisse le aux femmes et aux travestis ! ». Et encore, travesti c'était seulement lorsqu'il y avait d'autres personnes pour entendre, sinon c'était plutôt « PD », « Sale gay » et autres réjouissances. Il arrivait à se consoler avec le fait qu'il partirait bientôt, lorsqu'il aurait trouvé un appartement décent avec un loyer où ne passerait pas l'entièreté de son salaire.

En parlant de salaire- Sanji alla chercher les papiers que lui avait donné Luffy- enfin son patron. Il les avait posés sur son bureau, ne voulant ni les perdre ni les abîmer.

Il commença donc à lire les (trente ?!) feuilles et après lecture consciencieuse, à les signer. Son contrat était plutôt commun, de ce qu'il connaissait en tout cas, il devait être disponible pour des heures supplémentaires contre lesquelles il toucherait une prime, le salaire en lui même était bon, un peu meilleur que le salaire moyen pour les serveurs (oui, il s'était un peu renseigné avant l'entretien, ce qui d'ailleurs avait été une énorme perte de temps vu l'entretien en question).

Il n'avait vraiment aucune raison de refuser ce travail, comme si (enfin) la chance lui souriait.

Rangeant précautionneusement le contrat et autres papiers dans une pochette en plastique (mieux valait prévenir que guérir comme le disait si bien le dicton). Plus qu'à attendre le lendemain sans trop stresser et tout irait bien. Il passa le reste de son après midi à chercher des appartements.